Chapitre 4: Novembre (3)

En arpentant les couloirs du palais de la Cité, il était possible de croiser n'importe qui.

Andromède et Evangeline avaient déjà fait face à des magiciens présents dans le but d'assassiner les membres du gouvernement – rapidement maîtrisés, cependant.

Quand le Conseil avait encore compté la présence d'Etan au gouvernement, ils avaient croisé la route de représentants d'Everland, de Caméone et de Romée.

Et toujours aujourd'hui, même réduit au nombre de quatre, ils apercevaient régulièrement les prisonniers retenus en dessous du palais se rendre à leur procès.

Plus rien qui n'arpentait ces couloirs ne les étonnaient.

Jusqu'à ce qui Philéas ne croise leur route alors qu'ils finissaient leur journée de travail.

Bien évidemment, Evan avait mis l'Ombre au courant de la véritable allégeance du magicien. Les quatre membres du Conseil se mirent donc sur la défensive dès que la chevelure blanche aux racines platines se dressa devant eux.

- Qu'est-ce que tu fais ici? Demanda Tomas.

- Je viens éclaircir les choses, leur dit Philéas. Elles ne sont pas ce qu'elles paraissent.

- Elles sont pourtant assez claires, rétorqua Evangeline. Tu jouais double jeu.

- Pour les bonnes raisons. J'ai toujours cherché à vous aider et je le fais toujours. S'il vous plait, écoutez-moi.

Les quatre magiciens n'étaient pas d'humeur à négocier. S'occuper de la paperasse du gouvernement à longueur de journée avait tendance à les mettre de mauvaise humeur.

- Je pense qu'il faudrait l'écouter, dit Etan, surgissant dans le couloir.

Ses quatre camardes le regardèrent les yeux écarquillés.

- Etan? S'étonna Tomas. Qu'est-ce que tu fais ici?

- Philéas est venu me trouver avant vous. Aparemment, nous devons nous entretenir avec le premier ministre. Il a des choses à nous dire.

- Tu penses que nous devons le suivre? Demanda Evangeline.

- Je pense, oui. Andromède?

La Lysirienne avait mis Etan au courant de son entrevue avec le ministre et donc de son opposition aux laboratoires. C'était sûrement pour cette raison que le magicien avait accepté de suivre Philéas. Et aussi pour cela qu'il demandait son avis à la jeune fille.

- Je te suis, dit-elle.

Etan lui sourit avant de reporter son attention sur ses trois autres camarades.

- J'en suis, dit Jeremy.

Evangeline et Tomas semblaient quand à eux moins décidés. Ils se jetèrent des regards pour savoir quoi faire.

- Très bien, dit Tomas. Je vous accompagne.

- Et toi, Eva? Demanda Etan.

- Puisque vous le suivez tous, alors moi aussi, se résigna-t-elle.

Philéas laissa échapper un léger sourire presque imperceptible. C'était une première victoire.

- Venez, dit-il.

Et il les conduit à travers les couloirs jusqu'au bureau du premier ministre comme s'il connaissait les lieux par cœur. En réalité, ce n'était que l'une de ses premières visites au palais.

Le magicien toqua rapidement à la porte du bureau du ministre. Ce dernier lui ouvrit et fit entrer les magiciens en vitesse. Le premier ministre retourna ensuite derrière son bureau pour régler quelques petites choses.

Les membres du Conseil des Cinq restèrent aussi fixes que des statues. Même s'il étaient venus de leur plein gré, ils ne se sentaient pas du tout à l'aise en compagnie du dirigeant.

- Bien, fit le ministre en quittant son bureau. Il est largement temps d'éclaircir les choses. Vous avez été assez induits en erreur.

- Ah oui? Dit Evangeline. Vous allez nous dire que dans l'histoire vous êtes en fait le gentil, c'est ça?

- Evangeline Joly, répondit le ministre. Je vois que tu es toujours fidèle à toi-même. Dans ce monde, rien n'est noir ou blanc, plutôt gris. Je ne suis pas un "gentil", pas plus que l'Ombre ne l'est. Je suis simplement opposé aux laboratoires, à leurs idées et ce qu'elles risquent de provoquer. Je ne fais que les contrer depuis le début.

- Vraiment? S'étonna-t-elle. Provoquer une guerre entre deux peuples, envoyer du poison sur Terre, faire kidnapper des élus, tuer la reine, c'est être contre les laboratoires?

Le ministre laissa échapper un léger sourire.

- Je n'ai pas provoqué la guerre entre les Madrigans et les Lysiriens, ils l'ont provoquée eux-même. J'admet avoir pris part aux débats, mais uniquement en tant que Madrigan.

- Vous, un Madrigan? S'étonna Evangeline.

- A demi, effectivement. Pour ce qui est du reste, je provient de la population Astréienne.

Evangeline fronça les sourcils. Le ministre sembla assez fier de son effet. Il poursuivit.

- Les Madrigans et Lysiriens se sont entre-tués, je n'ai fait que profiter de la confusion pour éliminer ceux associés aux laboratoires. La liste est bien plus courte que vous semblez le penser. Pour ce qui est de la neige sur Terre, j'en suis effectivement à l'origine, mais les cibles premières n'étaient que des chasseurs de magiciens s'intéressant un peu trop à une certaine humaine possédant des pouvoirs.

- Pourquoi ne pas simplement les assassiner, dans ce cas? Demanda Tomas. Cela aurait fait beaucoup moins de victimes.

- C'est ce que tu penses? Alors laisse-moi te contredire. Assassiner des chasseurs de magiciens ne ferait qu'en ramener de nouveaux. Les faire tuer d'un virus est une solution bien plus discrète et dissuasive. Déjà, ils devaient se douter que la neige était due à de la magie. Ils sont donc venus l'observer. Puis la neige a fondue, répandant le virus et les contaminant par la même occasion.

- Mais vous avez contaminé une ville entière, fit remarquer Etan. Eloïse au passage. Vous avez failli la tuer.

- Ce n'était pas mon intention, mais je ne pouvais pas prévoir que vous aviez convenu de la faire rester sur Terre. Après les menaces que je lui avait envoyées, je pensais qu'elle serait allée se réfugier au AMI. Quand à la contamination de la ville, j'ai fait pression sur le AMI pour qu'ils fabriquent un vaccin car je savais que M. Anaxagoras, leur cher directeur, n'aurait de toute manière rien fait. Je n'en ai simplement pas fourni aux chasseurs de magiciens.

- Mais ça n'a pas fonctionné comme prévu, fit remarquer Evangeline.

- Ce n'était pas l'idée la plus brillante qui soit, au contraire, je l'admet, dit le ministre. Mais contrairement à ce que tu penses, cela a parfaitement fonctionné. Parmi la cinquantaine de victimes recensées, plus d'une vingtaine étaient des chasseurs de magiciens.

- Cela fait quand même une trentaine d'innocents morts.

Le premier ministre laissa de nouveau échapper un sourire en coin. Visiblement, le Conseil des Cinq cherchait un moyen de l'accabler.

- Trente personnes ce n'est rien. Si les chasseurs de magiciens étaient restés, le nombre de victimes aurait été plus élevé.

Cette fois, Evangeline ne trouva rien à redire.

- Pourquoi vous avez dit à Eloïse qu'elle était la cible principale du virus? Demanda Jeremy.

- Pour que vous me preniez pour un ennemi, dit simplement le ministre. Il ne fallait pas que les laboratoires pensent que je collabore avec vous, sinon, ils m'auraient surveillé. Grâce à la haine que vous me portiez, j'avais le champ libre pour agir dans l'ombre.

- Et c'est également pour ça que je ne passais pas beaucoup de temps chez l'Ombre, ajouta Philéas. Le traître recherché par le AMI, vous pensiez que c'était Jerome, mais c'était moi. J'ai volé la Clé de l'Esprit et la pierre Oméga pour que vous m'acceptiez. C'est également moi qui ait placé les dossiers de HR et HY dans le Centre et dans la salle des archives. Comme je suis un agent technique, ils ne se sont pas beaucoup intéressés à moi. Il me suffisait de faire profil bas.

- C'est pour ça que tu étais si bien renseigné sur l'emplacement des Pierres Élémentaires au AMI, comprit Tomas.

- Quand le Seigneur des Ombres est venu nous voler la pierre Béta, pendant la mission au AMI, il ne m'a pas tué uniquement parce qu'il savait que je vous aidais, poursuivit Philéas. Tous les dossiers que vous avez trouvés au AMI, c'est parce que j'ai fait en sorte que vous mettiez la main dessus. Sans moi, vous n'auriez sûrement jamais découvert l'existence du projet Alpha.

Le Conseil des Cinq resta silencieux. Finalement, Philéas était bien loin d'être le traître qu'ils s'étaient imaginés. Il était même un allié précieux.

- Pour ce qui est de l'épisode de l'arrestation des élus, ce n'était pas de ma faute, reprit le premier ministre. J'ai certes au départ profité de la situation, mais ce cher Victorien m'a bien fait comprendre de rester à l'écart. J'ai donc renvoyé Leredy Weber, le ministre à l'origine de ces arrestations, pour qu'elles cessent.

- J'ai rencontré M. Weber, dit Etan. J'ai du mal à croire qu'il puisse être à l'origine de cela.

- Je ne suis pas coupable, Etan. Étant moi-même un élu, cela ne serait pas très logique que je cherche à les tuer, tu ne crois pas?

- Vous, un élu?

- Absolument. Leredy Weber cherchait à m'éliminer. Il a convenu de monter ce plan pour que je me fasse exécuter. Malheureusement, cela s'est retourné contre lui. J'ai d'ailleurs entendu dire qu'il avait rejoint la Résistance. Méfiez-vous de lui.

Le Conseil des Cinq ne possédait pas énormément de relations avec la Résistance. Il valait mieux demander à Synabella ou aux Magiciens Seconds s'ils étaient au courant des agissement de M. Weber. Ou simplement interroger sa fille, Cara.

- Et pour la reine? Demanda Evangeline. Vous allez nous dire que vous ne l'avez pas non plus tuée? Que c'était quelqu'un d'autre?

- Je ne l'ai pas tuée. Personne d'autre ne l'a fait. Il ne s'agit pas d'un meurtre mais d'un suicide.

- Quoi? S'exclama la blonde. Mais...

- Anaïs venait de découvrir les agissements des laboratoires. Elle n'a pas supporté l'idée d'avoir financé des expérimentations sur cobayes vivants et a plié sous la pression. J'ai essayé de l'en empêcher.

Même si l'Ombre n'était pas certaine que le premier ministre puisse être l'assassin de la reine, ils s'étaient persuadés qu'il s'agissait bel et bien d'un meurtre. Jamais un suicide ne leur était venu à l'esprit.

- Bien évidemment, je ne m'attends pas à ce que vous me croyiez sur parole, dit le ministre. C'est pour cela que je vous ai ramené des preuves de ce que j'avance.

Il se rendit en vitesse vers son bureau et saisit une pile de papier soigneusement rangée. Le ministre la tendit ensuite à Etan. Le magicien saisit le paquet et feuilleta rapidement son contenu.

- Que dirais-tu de retourner travailler au gouvernement avec tes camarades? Lui demanda le premier ministre.

Etan releva la tête vers lui. Evidemment, il le voulait. Il se sentait coupable de les laisser y aller chaque jour sans lui.

- Cela serait une bonne initiative, effectivement, répondit-il. Mais je peux savoir pourquoi vous me faites cette proposition?

- Il vaut mieux que votre groupe soit au complet. Et puis tu es le sous-chef de l'Ombre, et avec la montée en puissance des laboratoires, que vous le vouliez ou non, nous allons devoir faire équipe pour les affronter.

Heather était totalement absorbée par sa lecture. Deux plis sur son front, entre ses sourcils, témoignaient de sa concentration. A côté d'elle, Eden jouait avec une plume, lançant des sorts dessus à l'aide de sa baguette dès qu'elle s'approchait trop près du sol.

- Tu peux arrêter? Demanda Heather sans même lever le nez de sa lecture. C'est agaçant.

Eden soupira. Elle lança un dernier sortilège sur la plume, qui cette fois-ci s'embrasa de flammes vertes avant de se décomposer en milliers de particules couleur de l'herbe.

- C'était quoi cette soudaine pulsion de se rendre à la bibliothèque? Demanda-t-elle. Tu sais bien que Cara l'a déjà fouillée.

- Je te l'ai dit, il fallait que je vérifie quelque chose. Par rapport au vol de la baguette d'Anthropa.

- Tu crois pouvoir trouver le coupable?

Heather sembla relire une phrase plusieurs fois. Ses yeux noirs restaient fixes sur la page du livre. Son visage avait légèrement blanchi.

- Oui. Je dirais même que je l'ai trouvé.

Eden s'en étonna. Ce n'était pas dans les livres que la réponse allait être inscrite.

- Super, dans ce cas là on peut aller rejoindre Peter et Lucas pour les en informer. Qui est-ce?

- Anthropa Holloway.

La blonde manqua de s'étouffer en avalant sa salive.

- Tu plaisantes? Elle est morte il y a au moins mille ans!

Heather ne répondit pas, ses yeux relisant encore et toujours la même page.

- Heather, s'impatienta Eden. Elle est morte.

- Il est possible qu'elle ne le soit pas.

- Comment ça?

La brune referma délicatement l'ouvrage qu'elle tenait entre ses mains, ayant trouvé tout ce qu'elle souhaitait à l'intérieur.

- J'ai lu au moins cinq livres sur elle pour être sûre de ne pas me tromper. Il est clairement stipulé sa date de naissance, mais jamais la date de sa mort. Les travaux qu'elle produisait augmentaient, jusqu'à ce qu'elle disparaisse subitement de la surface de Thélis. Plus personne n'a eu de ses nouvelles, et elle a été présumée morte.

- Sûrement parce qu'elle l'était.

- Non, Eden. Tu te rappelles le cas de la professeure Rivière?

La blonde ne pourrait pas l'oublier. Son mollet non plus, orné d'une jolie cicatrice en forme de crocs. Au moins pour le moment, dans l'attente d'un nouveau professeur, elle était exempt de cours de sorcellerie.

- On n'arrivait pas à trouver d'informations sur elle parce qu'elle venait d'un autre continent, Ifraya. Il est facile de disparaître de la surface de Thélis – ou plutôt d'Eole – simplement en changeant de continent. Parce que personne ne va aller chercher plus loin que les mers qui nous entourent.

- Je l'admets, concéda Eden, mais ce n'est pas logique. Les magiciens peuvent vivre longtemps, certes, mais le record est de sept cent ans. Deux mille, c'est irréaliste.

Heather tapota du bout de ses doigts la surface de l'ouvrage posé devant elle.

- Je sais qu'avant qu'elle ne disparaisse, Anthropa produisait beaucoup de travaux surréalistes, mais il y a quelque chose de vraiment étrange. Le dernier qu'elle a produit a pour thème l'immortalité. Après, plus rien.

- Là, c'est du grand n'importe quoi, fit remarquer Eden. S'il y avait un moyen de se rendre immortel, tu ne crois pas que nos scientifiques l'auraient déjà trouvé?

- Je ne pense pas. Anthropa Holloway était un génie absolu. Elle a imaginé la création des Pierres Élémentaires, et personne n'a réussi à comprendre comment en fabriquer, même deux mille ans après. Pourtant, beaucoup de personnes s'y essayent. Il pourrait en aller de même pour le principe d'immortalité.

- Tes arguments ont beau être valides, j'ai du mal à y croire.

- Eden, dit Heather. La baguette d'Anthropa faite de métal lumière ne peut être utilisée que par sa créatrice. Tu as vu aussi bien que moi que la fille l'a utilisée. Et puis elle avait des cheveux roux, exactement comme Anthropa.

- La couleur des cheveux ne veut rien dire.

- Mais après tout ce que je viens de t'énoncer, l'histoire de la baguette devrait suffire.

Eden ferma les yeux un instant. Elle avait du mal à croire que le génie d'Anthropa, aussi grand soit-il, ai pu découvrir le principe de l'immortalité. Pourtant, les preuves étaient là.

- Admettons qu'elle est toujours vivante, dit la blonde, à quoi ça nous avance?

- On cherche à créer le courant Sigma, mais qui de mieux que celle qui en a eu l'idée pour nous guider?

- Tu veux retrouver Anthropa? S'étonna Eden.

- Elle ne peut pas être bien loin, affirma Heather. Alors pourquoi pas?

Cara gardait un air soucieux depuis plusieurs jours, juste après que son père lui ait rendu visite. Elle ne savait toujours pas si elle devait l'écouter et quitter l'Ombre, ou bien ignorer son avertissement en restant.

Synabella, assise à côté d'elle, ne semblait pas apercevoir sa préoccupation, pourtant bien visible sur ses traits. La jeune fille avait autre chose en tête.

- Cara, dit-elle, je vais partir pendant un moment.

La blonde releva la tête vers elle d'un bond. Synabella faisait également partie de la Résistance. Partait-elle à cause de même avertissement?

- Comment ça? Pourquoi?

- Je vais au Chao Ming. Ils ont une grande bibliothèque qui pourrait nous aider pour les recherches sur Sigma et les magiciens légendaires. Maître Chen ne pourra jamais me le refuser à cause de cette charmante Clémence.

Cara se détendit un peu. Synabella ne semblait pas être au courant de cette histoire de traître.

Pourtant, elle était toujours celle qui obtenait les informations avant les autres. Espionner était un réel talent chez elle, et grâce à sa mémoire d'élue, aucun détail ne pouvait lui échapper. Elle n'oubliait jamais.

- Dis-moi, il ne se passe rien chez la Résistance en ce moment? Demanda Cara.

- Non, pourquoi donc cette question?

- Mon père ne me parle pas vraiment de ce qu'il fait et ça m'inquiète un peu, mentit-elle. Je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose.

- Aucun soucis sur ce point, affirma Synabella. En ce moment il règne un calme plat presque surréaliste.

Quelque chose n'était pas logique. Si le père de Cara était au courant qu'il y avait un traître parmi la Résistance, pourquoi leurs dirigeants – les parents de Synabella – ne le savaient-ils pas?

- Quelque chose ne va pas? Demanda Sy.

- Je réfléchis, dit Cara.

Et si le départ temporaire de Synabella était une opportunité à saisir? Quelque chose dans l'attitude de son père rendait Cara perplexe. Elle avait besoin de prendre du recul.

- Dis-moi Sy, serait-il possible que je t'accompagne au Chao Ming?

La magicienne réfléchit.

- Pourquoi pas, décréta-t-elle. Un peu de compagnie ne serait pas de refus.

Cara soupira intérieurement de soulagement. Elle venait sûrement de trouver le compromis idéal. Elle n'aurait pas à quitter l'Ombre, simplement à s'en éloigner un moment, et, par la même occasion, suivait les conseils de son père et prenait ses distances avec eux.

Sans le savoir, Synabella venait de lui résoudre un dilemme épineux.

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