Chapitre 34: Décembre (6)
La sonnerie de téléphone brisa le calme ambiant. Andromède décrocha aussitôt, embarrassée. Elle oubliait toujours de le mettre en silencieux, ce qui était problématique quand ils se trouvaient au milieu d'une cité infestée d'ennemis.
Le numéro de Synetelle s'affichait à l'écran. Elle espérait au moins que c'était important.
- Oui ?
- Julia et sa fille Camille sont mortes tuées par Rachelle, déclara Synetelle de but en blanc.
Andromède écarquilla les yeux. La subtilité n'avait jamais été le point fort de Synetelle.
- Comment ça ? s'étonna-t-elle. Pourquoi elle aurait fait ça ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
Le reste du Conseil des Cinq, Philéas, Heather, Peter et Andromeda se tournèrent aussitôt dans sa direction. Il suffisait de voir ses sourcils froncés pour comprendre que quelque chose n'allait pas.
- Met le haut parleur, lui intima Etan.
Andromède s'exécuta. La voix de Synetelle parvint aux oreilles de tout le monde.
- Tout le Conseil est là ? demanda cette dernière sans pour autant attendre de réponse. Enfin, je disais que Rachelle avait tué sa mère et sa sœur.
Le silence se déposa sur le groupe comme un voile épais. Seule Andromède avait déjà eu le temps d'encaisser l'information.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Philéas, sans doute le plus affecté par la nouvelle en tant qu'ancien collègue de Julia.
- Qui sont ces personnes ? s'enquit Heather. Elle ne font pas partie de l'Ombre, n'est-ce pas ?
- Wow, c'est quoi tout ce monde ? s'étonna Synetelle.
- Longue histoire, marmonna Evangeline.
Andromède expliqua brièvement qui étaient Julia, Camille et Rachelle à l'intention des trois élèves de l'académie Calléor, puis reprit le fil des paroles de Synetelle avant d'être totalement larguée.
- D'après mon supérieur, dit Synetelle, Rachelle serait en réalité la réincarnation d'Aletheï Rosenwald, un Chevalier assez dérangé d'esprit. Ce qui explique malheureusement les deux meurtres.
Etan fronça les sourcils. Le souvenir d'une lointaine conversation lui revint en mémoire. Andromède sembla s'en remémorer également.
- Mais ça n'explique pas comment Rachelle est devenue une réincarnation, et encore moins où elle s'est enfuie, poursuivit Synetelle.
- Tu veux que l'on te prévienne si on l'aperçoit ? demanda Tomas.
- Immédiatement, confirma-t-elle. Si vous pouviez également mettre au courant le reste de l'Ombre, ce serait aimable.
Sans attendre de réponse de leur part et sans les saluer, elle coupa la conversation.
- Si seulement tu étais toi-même aimable, marmonna Tomas. Etan, on va prévenir Synabella ?
Etan jeta un regard à la dérobée vers Andromède.
- Tu peux t'en charger avec Evangeline, s'il te plaît ? demanda-t-il.
Tomas acquiesça, bien qu'il ne comprit pas vraiment ce refus. Aussitôt, Etan et Andromède s'éloignèrent du groupe et s'assurèrent que personne ne pouvait les entendre.
- C'est Eloïse, déclara Andromède.
Eloïse qui avait transformée Rachelle et Camille en mages rouges par accident en voulant leur sauver la vie. De fait, Eloïse qui était responsable de la situation et des deux morts qui l'accompagnaient.
Etan acquiesça.
- Mieux vaut passer cela sous silence auprès des autres pour le moment, murmura-t-il. De toute façon, je pense que cela va finir par se savoir.
Andromède se retourna légèrement vers le reste du groupe. Tomas et Evangeline étaient tout deux au téléphone avec Synabella et le groupe au Chao Ming. A côté d'eux, Jeremy et Philéas se tenaient en retrait, à écouter la conversation des trois magiciens de l'académie Adénora Calléor.
- Il y a quelque chose qui ne colle pas, reprit Andromède, jouant nerveusement avec une mèche de cheveux bleus. Eloïse nous avait bien précisé les effets secondaires du sortilège de magie rouge qu'elle avait jeté sur les jumelles, or la réincarnation ne s'y trouvait pas. Dans ce cas, elle n'est pas responsable de l'état de Rachelle et il y a un autre coupable, non ?
Etan passa une main sur sa joue, préoccupé. Ses doigts effleurèrent son début de barbe avant de retomber le long de son corps.
- Je ne sais pas, admit-il.
Le flou avait un côté terrifiant.
◊
Cela faisait plusieurs heures que les magiciens étaient partis en exploration pour détruire les points de saturation envahissant Lille. Tous les groupes étaient revenus, à l'exception d'un seul : celui composé d'Eloïse, Miranda et Victorien.
- Vous savez ce qui les retient dehors ? demanda le chef des chasseurs de magiciens à Orage.
Elle haussa distraitement les épaules. Une façon simple pour éviter de fournir une réponse.
- Ils savent ce qu'ils font, ajouta-t-elle néanmoins.
Vincent l'analysa à travers ses épaisses lunettes avant de se détourner. Elle ne dirait rien, insister ne servait pas à grand chose.
Trois chasseurs de magiciens déboulèrent dans le grand réfectoire en courant, l'obligeant à focaliser son attention ailleurs. L'expression collée à leurs visages n'annonçait rien de bon.
- Nous avons repéré un groupe de magiciens suspect à l'extérieur. Ils se promènent autour du bâtiment, sans doute pour l'analyser, dit l'une d'elle.
Vincent se tourna aussitôt vers les magiciens regroupés dans un coin de la pièce.
- Encore de vos alliés ? demanda-t-il.
- Impossible, répondit Jefferson en se levant, bientôt suivi par d'autres membres de l'Ombre. Je viens d'avoir des nouvelles de nos autres amis. Ils ne se trouvent pas sur Terre et n'ont pas l'intention de s'y rendre.
- Vos ennemis, donc.
- J'en ai bien peur, effectivement.
Vincent se détourna d'eux pour rejoindre Orage, qui était tout sauf surprise. Au contraire, il semblait qu'elle s'y attendait.
- Ils cherchent la gamine, c'est ça ?
Orage acquiesça silencieusement.
- C'est pour ça que le groupe n'est pas revenu, comprit Vincent en serrant la mâchoire.
- Ils savent ce qu'ils font, répéta-t-elle.
- Mettre en danger une centaine de personnes pour en sauver une seule ?
Orage lui jeta un regard oblique presque désolé, mais résolu malgré tout.
- Il faut savoir où placer ses intérêts. Des choix s'imposent.
Elle lui avait expliqué la situation délicate dans laquelle ils se trouvaient tous. Brièvement, certes, mais de façon suffisante pour qu'il puisse la comprendre et réagir en conséquence.
Pendant une seconde, elle douta que cela soit en vain, mais Vincent finit par soupirer avant de se tourner vers ses troupes.
- Dix d'entre vous pour leur expliquer que ce qu'ils cherchent n'est pas là. Armés.
- Je vous accompagne, déclara Orage. Vous aurez besoin de magiciens de votre côté. Et surtout, je peux parlementer avec eux.
Elle se tourna vers les autres magiciens.
- Scatach, Lanehaërt, Lanehäden et Rory, voulez-vous bien m'accompagner ?
Pour toute réponse, ils traversèrent la salle pour la rejoindre. Si elle avait les avait choisi eux, ce n'était pas sans raison et ils le comprenaient parfaitement.
- Gardez vos chasseurs dissimulés, poursuivit Orage, cette fois à l'intention de Vincent. Si les ennemis les voient, ils pourraient le prendre comme une provocation.
Le chef des chasseurs de magicien accepta à contrecœur. Orage fit alors signe aux quatre magiciens de la suivre pour sortir de l'établissement.
Une fois dans la cour, Scatach l'attrapa par le bras.
- Je suppose que tu auras besoin de ma magie défensive.
- Oui. Je sais qu'au moindre soucis, tu sauras réagir.
Elle s'adressa ensuite aux jumeaux, qui la talonnaient.
- Vous êtes des Chevaliers. Même chose de votre côté : au moindre soucis, vous devrez user de vos capacités au mieux.
- Et moi ? s'interrogea Rory, perplexe. Pourquoi je suis ici ?
- Tu es un Madrigan qui se débrouille bien. Et je ne pouvais pas emmener Zéro à cause de son passif avec les laboratoires.
- Je vois. Je le remplace.
Il ne savait pas s'il devait s'en sentir vexé ou honoré.
Les magiciens atteignirent la sortie de l'établissement. Ils traversèrent la grille d'entrée, puis s'immobilisèrent en jetant des regards méfiants aux alentours. Les chasseurs s'étaient dissimulés dans le hall, prêts à intervenir en cas de besoin.
Finalement, un groupe de magicien se dessina à l'horizon. Anthéon le menait, suivit par trois employés. Parmi eux, Raven, la Phoenix d'ombre, qui semblait sur la défensive. Son regard perçant presque vide de toute émotion la rendaient particulièrement lugubre.
- Mahendra, quelle surprise, se moqua Anthéon en se plantant à trois mètres d'Orage.
La magicienne lui renvoya un sourire amer.
- Je sais ce que vous venez faire ici, déclara-t-elle. Ce n'est pas la peine.
Raven s'avança d'un pas, son œil amélioré braqué sur elle comme un avertissement.
- Victorien n'a pas pris la peine de se déplacer ? demanda Anthéon en les observant. Voilà qui me déçoit.
Orage esquissa un sourire plein de ressentiment et d'insolence. D'un seul coup, une agressivité impressionnante se dégageait de chaque fibre de son être.
- Il n'est pas là, annonça-t-elle. Eloïse non plus.
Anthéon plissa les yeux, une lueur de défi brillant dans ses iris bleu sombre.
- Comment peut-on être sûr de ce que tu affirmes ? Tu es connue pour être une excellente menteuse et manipulatrice, Mahendra.
- Question de bon sens, cingla-t-elle. On savait que vous viendriez et on n'allait pas vous la servir sur un plateau.
L'air d'Anthéon, déjà maussade, s'assombrit encore. Raven s'avança d'un pas supplémentaire, sur le point de se transformer en Phoenix et à démarrer les hostilités.
Derrière Orage, Scatach serra les poings, prête à étendre ses boucliers autour d'eux comme une seconde peau protectrice.
- Nous ne sommes pas sortis pour nous battre, reprit Orage. Simplement pour parlementer. Vous perdez votre temps et votre énergie. Eloïse n'est pas là.
- Laisse-moi deviner, Victorien l'a amenée jusque chez son grand ami le Seigneur Chen ? Prévisible, venant de sa part.
- Où qu'ils soient, qu'est-ce que ça change ? le coupa Orage. Être ici ne vous apporte rien.
Anthéon esquissa un sourire énigmatique avant de se reculer de quelques pas. Orage se surprit à penser qu'il ressemblait de plus en plus à Kaladria, ce qui était loin d'être un bonne chose.
La seule similitude qu'elle voulait percevoir entre eux était leur mort. Malheureusement, Anthéon était un spécimen plus futé et résistant qu'il ne semblait au premier abord.
Le sous-estimer était une grossière erreur qu'elle avait cessé de commettre.
- Nous verrons bien jusqu'où vous penserez maîtriser la situation, déclara-t-il platement. Nous avons encore beaucoup de surprises en réserve.
◊
Eloïse traversa la Porte des Mondes en dernière. Devant elle, Miranda et Victorien parcouraient déjà les rues bondées du Chao Ming.
- Vous pourriez au moins m'attendre, marmonna-t-elle en sachant très bien qu'ils ne l'entendaient pas.
Elle suivit leurs pas en vitesse en essayant de ne pas se faire engloutir par la foule. Heureusement, Victorien détonnait suffisamment dans cet endroit plein de cheveux blancs pour qu'elle ne le perde pas de vue.
Si elle se référait à l'itinéraire qu'ils empruntaient, alors ils se rendaient au temple du Chao Ming.
Eloïse courut sur quelques mètres pour rattraper Victorien.
- Je rêve ou tu veux négocier notre protection avec le Seigneur Chen ?
Il posa les yeux sur elle.
- C'est le plus sûr, indiqua-t-il.
- Sauf qu'il refuse obstinément d'aider quiconque dans cette guerre, tu crois qu'il fera une exception pour toi ?
- Oui. Parce que la raison est différente et que nous sommes amis.
Eloïse fronça les sourcils.
- Depuis quand tu es amis avec ?
- Bien avant ta naissance.
Victorien reposa son regard devant lui. Eloïse, elle, reprit ses distances en soupirant. Elle ne prononça plus un mot jusqu'à ce qu'ils arrivent au temple de la cité.
Ils furent accueillis dans le lieu par un robot de maintenance qualifiant Miranda et Victorien de mage noirs indésirables.
- Je dois parler au Seigneur Chen, leur indiqua calmement Victorien.
- Le Seigneur est occupé et ne pourra pas vous recevoir pour le moment. Je vous prie de repasser plus tard. Si vous persistez, je suis dans le regret de vous informer que nous devrons demander aux gardes de vous chasser.
Victorien marmonna quelques mots en Madrigan.
- Dites-lui que c'est important, insista-t-il. Il me connaît.
- Je vous prie de ne pas persister, dit le robot.
Eloïse s'avança vers lui en voyant que la situation n'évoluait pas.
- Je suis une élue, dit-elle. Est-ce que vous pourriez accéder à notre demande ?
Le robot l'analysa silencieusement.
- Vous êtes également une humaine. Les humains ne sont pas tolérés sur la surface de Thélis.
- Mais je suis surtout une élue, répéta Eloïse. Nous devons voir le Seigneur Chen et c'est important.
- Si vous continuez à insister, des gardes seront appelés pour vous chasser.
- Mais on ne demande pas grand chose, juste que vous préveniez votre Seigneur que nous sommes là ! Même s'il est occupé, ça ne prendra qu'un instant de le mettre au courant de notre présence, bordel !
Le robot resta silencieux.
- Nous allons voir ce que nous pouvons faire. Restez ici un instant je vous prie.
Il s'éloigna rapidement, ses cheveux synthétiques fouettant l'air derrière lui.
- Machines de merde, marmonna Eloïse.
Miranda posa une main sur son épaule, un sourire au coin des lèvres.
- Tu m'as l'air sur les nerfs, toi. En tout cas, ce petit numéro était très mignon.
- Ne te moque pas de moi, s'il te plaît.
- Loin de là mon intention, je sais très bien que ces machines sont capricieuses. Mais tu as vraiment l'air énervée.
- La fatigue, je suppose. C'est pas important.
Miranda haussa les sourcils, mais n'insista pas. Le robot revint dans leur direction après des minutes qui leurs semblèrent interminables.
- Je vais vous conduire dans un petit salon du temple, indiqua-t-il. Il semble que de vos connaissances s'y trouvent.
Les magiciens voulurent poser des question quant à ces fameuses connaissances, mais le robot se retourna avant qu'ils n'en aient l'occasion. Ils le suivirent sans échanger un mot.
Le trajet fut assez rapide. Après deux étages gravis et quelques couloirs traversés, le robot s'arrêta devant une petite porte blanche et l'ouvrit pour les laisser entrer. Pendant un instant, les nouveaux venus et les magiciens déjà présents se dévisagèrent, surpris.
- Tiens, dit le premier ministre en se tournant vers eux. Je vois que nous avons de la compagnie supplémentaire.
Il dirigea son regard vers Victorien, mais ce dernier avait les yeux tournés dans la direction opposée. Lui et Anthropa se fixaient silencieusement, sûrement aussi étonnés l'un que l'autre pour une raison qui échappait à tout le monde.
La magicienne légendaire se leva d'un bond pour le rejoindre, délaissant Synabella, et lui saisit le bras d'une poigne inexistante.
- Est-ce qu'elle va bien ? demanda-t-elle.
Victorien se rembrunit presque aussitôt.
- Je ne sais pas répondit-il.
Il se dégagea d'un geste mesuré et s'éloigna d'Anthropa, qui le dévorait pratiquement des yeux. Il y eut un moment de flottement.
Eloïse se tourna vers Miranda.
- C'était un peu étrange, non ?
- Oh que oui, répondit la mage noire. J'aurais quelques petites questions qui nécessitent des réponses.
A ces mots, elle s'éloigna pour rejoindre Victorien. Eloïse resta seule, plantée debout à l'entrée du petit salon. Eden vint la saisir par le bras pour la tirer d'embarras.
- Ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas croisées, dit-elle. Alors comme ça, tu as visité le continent voisin ?
- Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de me promener où je voulais, tu sais. Plutôt l'inverse.
Eden tira une chaise pour qu'Eloïse s'installe dessus et reprit sa place aux côtés de Lucas.
- Les légendes sur Ifraya sont vraies ? demanda Eden.
- Euh... quelles légendes ?
- Oh, c'est vrai, j'ai tendance à oublier que tu es humaine.
- C'est pourtant pas un détail sans importance.
- Humaine ? s'immisça Anthropa, intriguée.
Elle se plaça derrière Eloïse et saisit des mèches de ses cheveux pour les analyser. Elle retombèrent sur ses épaules dans un rideau blanc.
- Je suis humaine, oui, indiqua Eloïse.
Anthropa l'incita à se lever pour l'observer plus en détail. Elle la fit tourner sur elle-même, regarda ses yeux avec attention et pinça ses joues en esquissant une moue amusée.
- J'avais entendu parler de toi, dit-elle, l'humaine avec des pouvoirs. Quelles mutations génétiques tu as dû subir pour rester vivante ?
- Pardon, quoi ? Aucune, je crois. Enfin, je suis juste humaine.
- Non, répondit Anthropa, toujours souriante. S'il n'y avait eu que ça, tu serais morte. Humain et magicien ne sont pas compatibles. Pas du tout du tout.
- Je ne comprends pas, avoua Eloïse. A part un morceau de pierre Alpha dans le crâne, je n'ai rien subi.
Anthropa fronça les sourcils, visiblement perplexe.
- Un morceau de pierre Élémentaire dans le crâne ? C'est dangereux, il aurait fallu le placer ailleurs. Et juste avec ça, tu serais morte. Tu ne l'es pas.
Anthropa se tourna vers Victorien, comme si elle se doutait parfaitement qu'il détenait toutes les réponses.
Eloïse se demanda comment ils se connaissaient.
- Seigneur des Ombres, dit Anthropa, quelles mutations elle a dû subir ?
Victorien hésita avant ouvrir la bouche. Eloïse s'attendit à ce qu'il réponde aucune, mais elle fut bien loin du compte.
- Beaucoup, répondit-il.
- Tu vois ! s'exclama Anthropa à Eloïse. Sinon tu serais morte, c'est évident. Est-ce que tu as des problèmes pour maîtriser ta magie ?
- Victorien, tu plaisantes ? l'ignora Eloïse.
Ce fut au tour du premier ministre de s'immiscer dans leur conversation, un sourire moqueur collé au visage.
- Oh, crois-moi, il ne plaisante pas. Je l'ai aidé.
- Alors on a des comptes à régler, s'agaça-t-elle.
Elle voulut rejoindre le mage noir, mais Anthropa lui pinça les joues pour l'empêcher de bouger.
- Non. Je dois t'entraîner à utiliser tes pouvoirs. Tu es si intéressante et bizarre !
Victorien reprit la parole et Anthropa se figea aussitôt. Son air de fascination revint prendre possession de son visage.
- Je répondrais à tes questions quand Ilyann sera présent, déclara-t-il.
Eloïse serra les doigts sur les manches de son pull jusqu'à ce que les jointures ne deviennent blanches. Elle se détourna pour rejoindre Eden et tâcha de recouvrer un air neutre.
Toujours la même rengaine.
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