Chapitre 13: Novembre (11)

Quatre silhouettes encapuchonnées traversèrent les couloirs du palais d'Astras pour rejoindre l'accès au souterrain le plus proche. Sous couvert de l'ombre qui les entourait, l'un d'eux lança un sortilège afin de pouvoir traverser le sol.

- Je passe en premier vérifier la voie, dit-il.

Ainsi, il sauta à travers le cercle de concentration tracé au sol pour être englouti sous terre.

L'une des silhouettes, à la voix féminine, se tourna vers le plus petit du groupe.

- Allez-y, votre Altesse, je passerai ensuite.

Il hocha la tête et passa à travers le sol pour rejoindre la première silhouette. Les souterrains, sombres, étaient pour le moment leur meilleure chance de s'en sortir.

- Votre Altesse?

Une lampe torche s'alluma et l'obscurité se changea en une étrange clarté orangée, qui faisait bouger les ombres des deux hommes sur les parois pleines de racines et des pierres de courant comme des créatures prêtes à bondir sur eux.

- Je vais bien, indiqua-t-il.

Il y eut une minute de flottement sans que les deux autres magiciens ne descendent dans le souterrain. Aaron commença à s'inquiéter.

- Vous pensez que Osla et Aran ont rencontré des soucis?

Un troisième corps tomba dans la galerie au même moment. La jeune femme se réceptionna gracieusement sur ses pieds, tenant son bras blessés de sa main libre.

Le prince – ou plutôt roi – d'Astras alla à sa rencontre.

- Osla, vous allez bien?

La jeune femme hocha la tête.

- Des chasseurs de prime du Futuro nous ont surpris. Ils m'ont tiré dans le bras et ont tué Aran.

Ainsi, la garde rapprochée du prince Aaron ne se réduisait plus qu'à deux chasseurs de prime. Certes, les meilleurs de la cité, mais ils étaient trop peu nombreux pour défendre leur souverain en cas d'attaque. Il leur faudrait redoubler de prudence. Les souterrains n'étaient pas surs.

- Il nous faut avancer, dit Pieren, le deuxième chasseur de prime.

Il prit les devant du petit groupe, torche en main. Aaron et Osla restèrent côte à côte.

- Vous êtes sûre que votre bras va bien? s'enquit-il.

- Ça va aller, je vous assure. Il vaut mieux vous occuper de vous plutôt que de moi.

Aaron inspira lentement. Elle avait raison. Les prochains jours risquaient d'être intenses.

L'alliance Pyros-Futuro les avaient pris par surprise. Leur armée n'avait pas été à la hauteur. Les palais avait été envahis. Le roi et la reine d'Astras tués. La garde rapprochée d'Aaron avait tout juste réussi à lui sauver la vie.

Lui qui n'était encore que le prince il y a quelques dizaines de minutes était désormais le roi d'une cité prise d'assaut. Lui qui avait encore des parents quelques instants plus tôt était désormais orphelin. Aaron avait à peine dix-huit ans. Il ne se sentait pas prêt à assumer toutes les responsabilités qui lui tombaient dessus.

Osla posa une main sur son épaule. Elle était pleine de sang à cause de la blessure, mais Aaron ne s'en soucia pas. Il s'en voulait plutôt de voir qu'elle avait été blessée pour lui. Et que l'un des membres de sa garde était mort pour sa sécurité. Il ne se sentait pas plus important que n'importe qui à Astras.

- Il faut vraiment faire quelque chose pour votre bras, Osla, insista-t-il.

- Dès que nous aurons trouvé un lieu sûr. Je vais m'en sortir, ne vous en faites pas.

Aaron jeta un regard à Pieren, marchant fièrement devant lui. Il avait dû être grandement touché par la mort d'Aran, son camarade depuis plus d'une dizaine d'années. Mais il n'en montrait rien, fidèle à son rôle. Aaron l'admirait. Il aurait aimé garder autant de sang froid. La seule raison pour laquelle il ne s'effondrait était parce qu'il ne réalisait pas encore ce qui venait de se produire. Tout était trop soudain. Il s'imaginait encore ses parents en train de rire gaiement ensemble, pas de baigner dans une flaque de sang après s'être fait tirer dessus à de nombreuses reprises.

- Peut-on faire un pause? demanda Aaron, secoué.

Osla serra un peu plus fort son épaule pour lui donner du soutient. Elle aussi se montrait inébranlable alors qu'elle avait perdu un ami quelques minutes plus tôt.

- Il y a une voûte dans quelques mètres, dit Pieren. Nous n'aurons qu'à nous installer là-bas.

Aaron acquiesça. Sa tête lui tournait.

Leurs pas se réverbéraient sur les parois rocheuses comme s'ils n'étaient pas trois mais bien plus nombreux. Comme si le roi, la reine et Aran se trouvaient avec eux.

Sous la voûte, les racines d'un arbre semblaient vouloir atteindre le sol rugueux. A leur extrémité, des pierres d'une multitude de couleurs étaient suspendues dessus comme autant de gouttes d'eau cristallisées.

Aaron s'installa dans un coin pour réfléchir, seul.

Il devait entrer en contact avec les Magiciens Seconds au plus vite. Il devait trouver Célèste, même s'il était trop tôt.

Elle était officiellement devenue reine d'Astras.

La Terre ressemblait à un véritable champ de bataille, remplie d'ombres qui sautaient sur tout ce qui bougeait.

Lanehaërt en élimina une à coup de magie rouge. Même si celle-ci était faite en magie noire et donc destructible bien plus facilement, elle n'avait pas l'envie de faire des distinctions entre les deux types d'ombres. C'était une perte de temps.

Ainsi, elle continua d'avancer en compagnie de Lanehäden. Ensemble, ils détruisaient toutes les créatures qui se trouvaient sur leur passage.

Il leur fallait trouver Mila, s'assurer qu'elle allait bien et que les laboratoires n'avaient pas profité de cette occasion pour s'emparer d'elle. Car si Michaël était présent sur place, il ne pourrait pas tout gérer s'il était seul.

Les jumeaux arrivèrent devant l'enceinte du lycée. Ils ressentaient une forte concentration de magie rouge et noire à l'intérieur. Aucun doute que leur coup de main serait le bienvenu.

- Mais vous êtes des Magiciens Seconds! s'exclama une voix enfantine derrière eux.

Lanehaërt se retourna. Bien évidemment, elle était la seule à l'avoir entendue. Elle interpella tout de même son frère par télépathie. Il se tourna immédiatement.

Zéro et Scatach s'approchaient d'eux, l'un accompagné d'un air maussade et l'autre un grand sourire aux lèvres.

- Vous pouvez me rappeler vos noms? demanda Scatach.

- Lanehaërt, et voici mon frère Lanehäden. Si je me souviens bien vous êtes Zéro et Scatach?

- C'est bien ça, confirma-t-elle. Qu'est-ce que vous faites ici?

- Nous cherchons une fille qui est élève ici.

Scatach passa un bras sur les épaules de Zéro, qu'il repoussa aussi sec.

- C'est amusant, nous aussi, dit-elle, peu affectée par sa réaction. On devrait poursuivre le chemin ensemble.

Lanehaërt consulta son frère par télépathie, qui approuva. A quatre, ils seraient bien plus forts. Surtout avec Zéro, qui avait la réputation d'être un excellent magicien auprès de l'Ombre.

Scatach s'avança joyeusement vers le portail du lycée et l'ouvrit d'un sortilège.

- Allons-y! dit-elle en levant le poing.

Elle poussa le portillon et s'avança sur les dalles avec assurance.

Le bateau filait lentement vers Ifraya. Bien trop lentement au goût de Miranda.

- Les inventeurs auraient dû faire des progrès techniques dans le domaine de la navigation au lieu de s'amuser à faire des téléphones en verre, se plaint-elle.

Victorien garda les yeux rivés vers l'océan aux reflets argentés. Le ridicule moteur du bateau ne leur était pas d'une grande aide. Mais ils n'avaient pas pu trouver mieux.

Pour l'instant, ils n'avaient fait que la moitié du trajet. Un peu plus d'une journée de passée à attendre sans rien faire. Et une fois sur Ifraya, il leur faudrait ensuite traverser une partie du continent par un moyen inconnu. Car Növa-Léig se trouvait bien loin de la côte.

La technologie sur Ifraya était à peu près aussi avancée que la navigation l'était sur Eole. Autant dire qu'ils ne trouveraient ni arches ni Portes des Mondes. Le cheval serait sans doute la meilleure alternative, bien qu'elle ne soit pas extrêmement rapide non plus. Les magiciens d'Eole était bien trop habitués au confort de leurs transports instantanés pour passer autant de temps à rejoindre une autre parcelle de terre. Cela ne faisait qu'augmenter la tension d'un cran.

- Caleb n'a pas intérêt à avoir touché un seul de ses cheveux s'il veut éviter de finir fondu dans du métal, dit Miranda.

Victorien tourna le regard vers elle, tout à coup bien sérieux.

- Nous devons éviter Caleb, dit-il. Si tu croises sa route tu es morte. Il est bien plus puissant que tu ne le penses.

- Plus que toi?

Victorien se crispa.

- Bien plus que moi, admit-il.

Et cela l'agaçait grandement. Car s'il voulait l'éviter dans le meilleur des cas, rien n'excluait qu'il puisse le croiser durant le sauvetage d'Eloïse. Et Caleb ne la laisserait pas partir.

Seulement, personne ne pouvait lui tenir tête. Pas même le Seigneur des Ombres, pourtant réputé pour être l'un des magiciens les plus puissants de Thélis. Plusieurs décennies plus tôt, un spécialiste en magie avait même souhaité le voir intégrer la liste des magiciens légendaires. Proposition immédiatement refusée étant donné qu'il s'agissait d'un mage noir.

Sur Ifraya, Caleb était déjà considéré comme un magicien légendaire, même s'il ne l'était pas sur le papier. Cela était en majorité dû à ses origines, le nom Anaxagoras représentait pratiquement celui d'un dieu. Mais sa puissance jouait beaucoup également.

Miranda tapota nerveusement la coque de l'embarcation de ses ongles. Elle en avait assez de rester dans ce bateau. Elle voulait agir, se battre, faire couler le sang. Montrer une bonne fois pour toute aux ennemis qu'ils ne reculeraient pas devant leurs menaces. Qu'ils triompheraient et leurs feraient payer tout ce qu'ils avaient fait depuis la création du projet Alpha.

Elle tourna la tête lorsque Victorien s'écarta vivement, se dirigeant vers la cabine. Rory, Felicia et Célèste s'y trouvaient, en compagnie d'une partie de la famille de celle-ci.

Miranda s'élança à sa suite et lui saisit le bras. Il semblait vraiment à cran depuis le jour de l'enlèvement. Sûrement parce que les choses se précipitaient. Et qu'il était le seul ici à avoir une idée approximative de comment cette histoire se finirait.

- Détends-toi, lui souffla-t-elle. Ce n'est pas en hurlant sur le père de Célèste que le bateau avancera plus vite.

- Mais au contraire. Ce bateau pourrait aller bien plus vite. Il suffit d'être persuasif.

- Victorien.

Il planta son regard dans le sien. Miranda remonta son bras jusqu'à son épaule et l'attira vers elle pour l'embrasser. Il se décrispa et passa les bras dans son dos.

- Ça va mieux? demanda-t-elle en s'écartant.

L'ombre d'un sourire moqueur passa sur le visage de Victorien.

- Bien mieux, effectivement.

Et ils repartirent à leurs embrassades tandis que le bateau continuait de filer à travers les flots argentés.

Lysandre fut plutôt facile à trouver. Il était en plein milieu de la cour du lycée en compagnie de Mila et Michaël, qui repoussait les ombres de son mieux. Lysandre l'aidait par moments, mais il semblait épuisé. Il n'était pas habitué à utiliser énormément ses pouvoirs et son corps n'était pas habitué à fournir autant d'efforts.

Eugénie soutint Margaux seule alors que Vénérios allait donner un coup de main aux deux magiciens. A coup de magie rouge, les quelques ombres présentes purent être éradiquées. Temporairement, du moins.

- Merci, lui dit Michaël.

- Pas de problème, répliqua Vénérios.

Il tourna la tête vers Lysandre pour s'assurer qu'il allait bien, mais croisa le regard surpris de Mila avant. Elle recula d'un pas.

Eugénie s'approcha du groupe, Margaux toujours aussi léthargique qu'avant.

- C'est un ennemi, lui dit Mila, fais attention.

- Il est de notre côté, l'informa Michaël.

L'adolescente fronça les sourcils.

- Comment ça? Après tout ce qu'il a fait?

- Ce n'était pas par choix, lui dit Vénérios.

Eugénie regarda ce qui se passait sans comprendre. Puis Margaux commença à glisser de son emprise, ce qui coupa court à la discussion. Michaël s'avança pour la rattraper et l'allongea au sol, faute de pouvoir faire beaucoup mieux.

- Qu'est-ce qu'elle a? demanda-t-il.

- Des ombres aux yeux rouges l'ont attaquée, expliqua Eugénie.

- Infection à la magie rouge, confirma-t-il. Il faudrait un Chevalier ou un mage rouge pour la soigner, sinon elle risque de mourir.

Lysandre s'avança, peu sur de lui.

- Je suis un mage rouge, dit-il.

- Mais tu ne maîtrises pas tes pouvoirs. Tu risques de faire pire que mieux. Vénérios?

Le magicien remit ses lunettes en place sur son nez, alors qu'elles manquèrent de tomber au sol.

- Je n'ai jamais pu terminer ma formation de Chevalier étant donné que j'ai quitté les laboratoires bien avant, indiqua-t-il, mais je peux toujours essayer.

Il s'accroupit et posa une main sur le front de Margaux. Un instant de concentration et il la retira dans un sursaut.

- Je ne vais pas y arriver. C'est trop complexe à réaliser pour moi.

Un pli soucieux se forma sur le front de Michaël. Ils ne pouvaient pas la laisser mourir ainsi.

Le Madrigan redressa la tête vers l'entrée du lycée en sentant de nouvelles sources de magie venir en leur direction.

- Il y a des magiciens, dit-il. Quatre.

Vénérios tourna la tête dans la direction qu'il indiquait, sourcils froncés.

- Je ne sais pas comment tu fais pour les repérer si facilement. Je ne perçois rien.

Les quatre silhouettes entrèrent dans la cour. Deux se démarquaient par leur grande taille et leur chevelure pareille à de la cendre. Lanehaërt et Lanehäden. Les deux autres étaient plus petits, surtout la fille, qui marchait joyeusement à côté de son camarade dont un œil était dissimulé derrière ses cheveux. Zéro et Scatach.

- Tu as trois Chevaliers sous la main, dit Vénérios à l'intention de Michaël.

Il fallut une seconde aux quatre nouveaux venus pour les apercevoir en plein milieu de la cour. Et à peine quelques unes de plus pour que Scatach ne s'élance vers Margaux.

- Qu'est-ce qu'il lui est arrivé? demanda-t-elle.

- Infection à la magie rouge à cause des ombres, lui expliqua Michaël.

Scatach regarda soucieusement le corps étendu de Margaux, puis se retourna rapidement.

- Zéro! cria-t-elle. J'ai besoin de toi!

Le magicien accéléra le pas sans poser de questions.

- Retire lui le surplus de magie rouge s'il te plait.

Zéro s'accroupit à côté de Scatach, non sans la pousser pour faire plus de place, puis posa sa main au niveau des clavicules de Margaux. Le visage de la jeune fille se teinta d'une grimace de douleur lorsqu'il commença à extirper la magie, mais celle-ci s'estompa rapidement. Zéro, en revanche, resta particulièrement crispé, les veines de son bras devenues d'un rouge presque noir. Il le rejeta en arrière et une fumée sombre s'en échappa, pour ensuite se dissiper dans l'air. Zéro se décontracta et Margaux ouvrit les yeux.

- Ça va? lui demanda Scatach.

Margaux cligna plusieurs fois des yeux, avant de hocher la tête et de se redresser légèrement. Scatach l'aida à se remettre debout.

Lanehaërt s'approcha de Mila pour s'assurer que tout allait bien de côté. Elle approuva, tout en se remémorant l'ombre qui avait tenté de l'étrangler. Avec les jumeaux en sa compagnie, ce genre de scénario ne se reproduirait plus. Elle se demandait tout de même quelle était la fonction de cette clé autour de son cou pour que des créatures de magie ne cherchent à s'en emparer.

- On ne peut pas rester à découvert de cette façon, dit Lanehaërt. On doit s'abriter quelque part et sécuriser l'endroit avec un sortilège.

- On peut aller chez moi, dit Lysandre. C'est tout près et il y a de la place.

Et même si son père était censé travailler, il devait s'assurer que rien ne lui était arrivé.

Mila et Eugénie pensèrent d'un seul coup à leurs parents. Eux aussi devaient avoir eu droit à des attaques. Après tout, la magie dans le ciel s'étendait sur pratiquement toute la région nord de la France.

- Sinon on peut aller chez Orage, proposa Scatach. Enfin, chez Margaux. C'est juste à côté aussi. Puis il y a beaucoup d'armes et de matériels de magie.

Zéro approuva l'idée d'un hochement de tête, rapidement suivi par les jumeaux Edrae-Navitski et Michaël. Ils avaient grandement besoin de moyens de défense.

Margaux trouva légèrement vexant que Scatach propose son lieu de vie comme abri, mais savait pertinemment qu'elle l'aurait fait si la petit magicienne ne l'avait pas devancée. Elle approuva également.

- La majorité l'emporte, dit joyeusement Scatach, allons-y.

Zéro la foudroya du regard.

- Il ne t'arrive jamais de prendre quelque chose sérieusement?

Elle posa son doigt sur la bouche du Madrigan, ce qui eut le don de l'énerver un peu plus. Un clin d'œil à son intention, puis elle prit la tête du petit groupe comme elle semblait aimer faire. Zéro passa une main sur son visage d'agacement et partit à sa suite, bientôt imité par les autres. Margaux se soutenait de nouveau à Eugénie, Mila posait un doigt nerveux sur le collier en dessous de son pull, Lysandre envoyait un message à son père dans l'espoir qu'il lui réponde, et Michaël, Lanehaërt et Lanehäden fermaient la marche.

Le logement occupé par Margaux se trouvait à peine à quelques rues du lycée. Il ne leur fallut que cinq minutes et huit ombres éliminées pour y parvenir.

Margaux ouvrit la porte et invita tout le monde à entrer. Heureusement, elle avait fait le ménage la veille. Comme si inconsciemment elle avait su qu'une horde de magiciens viendraient envahir son logement – ou du moins le logement gentiment prêté par Orage.

Scatach et les jumeaux partirent en quête des armes et des livres de sorts, pendant que les autres s'installèrent timidement dans le salon.

- Vous les magiciens, vous savez pourquoi des ombres maléfiques sont apparues comme ça? demanda Eugénie.

- Les laboratoires, répondit Vénérios.

- Ils avaient prévu de le faire à un moment donné, confirma Zéro.

En tant qu'anciens des laboratoires, ils étaient sûrement ceux qui en savaient le plus.

- Tu étais au courant et tu n'as rien fait? demanda Margaux.

Zéro haussa son sourcil visible. Il trouvait la question particulièrement stupide.

- Ce n'est pas aussi simple que ça de les empêcher d'agir. Sinon tu penses bien qu'on aurait déjà gagné.

Margaux croisa les bras, prête à répliquer qu'elle n'y connaissait rien à leurs histoires. Mais Michaël la coupa avant qu'elle n'ait pu en placer une.

- Qu'est-ce qu'ils cherchent à faire avec, au juste?

- Ça fait partie du projet Alpha il me semble, dit Vénérios. Je n'en sais pas beaucoup dessus, ou du moins rien sur la partie concernant Eloïse, mais je sais que ce projet inclut une guerre de territoires.

Michaël fronça les sourcils.

- Ils veulent prendre possession de la Terre?

- A commencer par cette ville, confirma Zéro. Ils vont ensuite s'étendre sur le reste du pays, et ainsi de suite.

- Mais qu'est-ce que ça leur apporte de faire ça? La Terre est un territoire neutre.

- Justement. La Terre n'a jamais signé les traités intermondes. Techniquement, Thélis est en droit de l'attaquer. Et je présume qu'ils veulent le pouvoir.

- C'est ridicule, commenta Michaël.

- Ce n'est pas comme si leurs agissements avaient quelconque sens depuis le début, grommela Zéro.

- Et comment ils comptent envahir le territoire? Ce ne sont pas des ombres qui vont les faire triompher.

- Ils ont une armée, indiqua Vénérios. Du moins, ils en lèvent une. Zéro et moi devions en faire partie.

Zéro grimaça. Il n'aimait pas qu'on le lui rappelle.

- Les Phoenix qui ont vaincu leur paire sont censés être commandant d'un groupe de magiciens, de même pour le projet Iota et le projet Gamma s'il est mené à bien.

- Leur armée est nombreuse? demanda Mila d'une petite voix.

Elle savait que les laboratoires s'en prendraient sûrement à elle s'ils attaquaient la Terre, même si elle ne savait toujours pas pour quelle raison. Et elle n'était pas rassurée à la simple idée que Vénérios ait pu rejoindre les rangs de l'Ombre, lui qui aurait dû faire partie de ces gens et qui l'avait kidnappée il y a quelques mois à peine.

- Aucune idée, avoua Vénérios. Seuls les supérieurs ont ce genre de détails, et encore. C'est une affaire compliquée.

- Mais toi et Maximilien ne faites plus partie de l'armée, dit Michaël, donc vous n'avez pas à vaincre votre paire.

- Les laboratoires nous veulent sans doute mort parce qu'ils ne voient plus d'utilité en nous. Ils vont sûrement ordonner à nos Phoenix paire de nous abattre quand même.

Si Vénérios était plus fort qu'Anabelle, ce n'était pas le même rapport de force entre Raven et Maximilien. Michaël ne souhaitait pas voir celle qui avait un jour été sa sœur gagner le combat, pourtant, s'il y avait affrontement, Maximilien ne le gagnerait sans doute pas.

- Il faut trouver un moyen de signer les traités intermondes, dit-il.

- Bonne chance, marmonna Zéro.

Les dirigeants humains n'avaient pas de porte parole chez les magiciens, ce qui réduisait à néant leur chance de signer ces fameux traités. Et malheureusement, personne ne pouvait se porter volontaire pour endosser ce rôle.

- Au fait, Michaël, reprit Zéro. Puisque l'on parle de ta sœur, le Phoenix d'ombre, il serait bien de t'informer d'une chose.

Michaël tourna la tête vers lui, se retenant de lui faire une réflexion comme quoi sa sœur était décédée il y a plusieurs années. Et que la Raven actuelle n'était qu'un pion jetable des laboratoires. Comme tous leurs magiciens, d'ailleurs. Vénérios et Zéro en étaient la preuve.

- Qu'est-ce qu'il y a?

- C'est elle qui a envoyé les ombres ici.

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