Chapitre 8: Août (3)
La cité avait répondu et accepté leur demande dans l'heure. Astras n'avait pas tardé à suivre, de même pour Caméone, Mestrine, Romée et Galinée.
Le soulagement avait immédiatement envahi Jerome. Comme Synabella lui avait dit, les cités qui finançaient le AMI avaient accepté de reverser leurs fonds aux agents qui avaient été éjectés du quartier général et étaient maintenant dispersés à travers le continent. Ceux qui n'avaient plus de logements allaient être temporairement hébergés et les missions seraient affiliées incessamment sous peu.
Les problèmes de logistique étaient encore énormes, mais c'était un bon début.
Pour le moment, Jerome logeait dans l'appartement d'Eelis Philomenna à Mestrine. Ils n'avaient cessé de ressasser tout ce que Synabella leur avait raconté à propos des laboratoires du Phoenix.
Tout s'était déroulé sous leurs yeux, et pourtant, ils n'avaient rien vu venir. Enfin, Jerome avait remarqué le comportement étrange du AMI envers Eloïse, mais il n'aurait jamais pu imaginer que les raisons étaient aussi affreuses.
Les traîtres ne méritaient pas tout ce qu'ils possédaient.
Synetelle et Geoffrey s'étaient joint à eux, aujourd'hui, pour parler de logistique. Jerome avait proposé à Synabella de venir également, mais elle était déjà très occupée et ne pouvait pas se déplacer.
En cas de problème, il pourrait toujours l'appeler, même s'il voulait éviter de la déranger trop souvent. Chez elle, la mauvaise humeur arrivait vite.
- Astras a proposé de faire construire une nouvelle infrastructure pour que nous puissions nous installer quelque part, indiqua Eelis.
- ... Ils ont les moyens de financer ça ? répliqua Synetelle, dubitative.
- Pas un bâtiment aussi grand que l'ancien quartier général, mais avec l'aide de toutes les cités, ça doit être faisable.
- Pour ça il faudrait déjà que tout le monde soit d'accord, marmonna Geoffrey. Non que je ne crois pas au bon vouloir de tous les dirigeants, mais si on veut une infrastructure au niveau de l'ancienne, même en plus petit, ça va coûter extrêmement cher.
- J'avoue que je n'ai pas envie de travailler dans une cabane en bois, ajouta Synetelle.
- On discutera avec les dirigeants si on peut, promit Jerome. On fait vraiment de notre mieux, mais on déjà beaucoup de choses à gérer et eux aussi.
- Vu comme c'est le chaos sur bien des aspects, ça se comprend, oui.
Entre ça, les provocations des laboratoires et la guerre avec Pyros et le Futuro, tout le monde avait bien du souci à se faire. Sans compter que depuis que la magie rouge et noire avait envahie le ciel, les gouvernements s'acharnaient à affirmer à la population que tout irait bien, sans même savoir si c'était vrai.
- On devrait juste laisser mourir cette fichue idée de reconstruction et reprendre l'ancien quartier général, dit Geoffrey. Hors de question de me laisser marcher dessus par ces gens.
- Si seulement c'était aussi simple... grommela Synetelle.
- C'est sûr que c'est bien plus évident que de demander de l'argent à des cités qui vont dire non, surtout pour un projet de construction qui va durer des mois.
L'attente dans l'incertain risquait d'encore plus mettre à mal les agents qui se trouvaient dans un entre deux désagréable. Geoffrey n'avait pas tort, ce n'était pas une solution qui allait fonctionner. Surtout que pour financer la construction, si le projet était accepté, il faudrait sans doute suspendre les salaires de tout le monde pendant un temps.
Ils ne pourraient pas vivre.
- Ce que je veux dire, se corrigea Synetelle avec agacement, c'est qu'il y a encore un sacré paquet de monde, là-bas. Ce n'est pas avec notre abondance d'agents techniques qu'on va réussir à les déloger.
- Il reste une bonne partie des agents de terrain de notre côté, indiqua Eelis. Plus que d'agents techniques, à vrai dire.
- Oui, sauf que c'est toujours celui qui est attaqué sur son propre terrain qui a l'avantage. Ils peuvent nous battre en étant moins nombreux et moins entraînés.
Peut-être que tous connaissaient le AMI comme leur poche, mais les traîtres avaient tout le temps du monde devant eux pour poser des pièges et établir une stratégie de défense.
Il leur faudrait soit être bien plus nombreux, soit plus malins. Synetelle ne voyait pas comment l'un ou l'autre était possible.
- Alors au lieu de demander de l'argent aux cités, on leur demande des chasseurs de prime pour nous aider, proposa Geoffrey. Solution économique, ça va leur plaire.
- Pas s'ils en ont trop qui se font tuer, argua Synetelle. Jauger les bénéfices et les risques.
Jerome, lui, aimait cette idée. Les chasseurs de prime étaient formés avec l'élite, souvent plus doués en combat que les agents de terrain du AMI – en magie, par contre, ils étaient en dessous, mais il y avait une raison pour laquelle les chasseurs de prime et le AMI étaient considérés par beaucoup de cité comme étant complémentaires.
Un mélange des deux pourrait être à leur avantage.
- J'essaierai d'en parler avec Synabella, déclara Jerome, voir ce qu'elle en pense.
En tout cas, c'était maintenant certain, il leur faudrait reprendre le AMI aux mains des traîtres d'une façon ou d'une autre.
◊
Quand ses parents voulaient lui annoncer une nouvelle importante, Mila ne savait jamais trop à quoi s'attendre. Elle espérait simplement qu'ils avaient retenu la leçon et qu'ils ne comptaient pas retourner une seconde fois à Lyon.
Elle quitta sa chambre – ou tout du moins celle qu'Eloïse avait abandonnée, elle ne savait pas si elle pouvait la qualifier de sienne – et descendit les escaliers jusque dans le salon, où elle y trouva ses parents, installés sur le canapé bleu sombre.
Les Vandeuvre étaient sortis en famille, aussi aujourd'hui, Mila y était seule avec ses parents.
Trop inquiète pour s'asseoir, l'adolescente se posta face à eux et se tritura nerveusement les doigts. Pitié, que ce ne soit pas quelque chose de grave, et pitié, si c'était une décision, qu'elle soit raisonnable.
- Ma puce... commença sa mère. Tu restes debout ?
- Je préfère, acquiesça Mila.
- Bon, comme tu veux. Tu as dû comprendre que ton père et moi avons quelque chose d'important à t'annoncer.
Ils lui avaient envoyé un SMS qu'elle aurait qualifié de stressant pour qu'elle descende à base de "il faut qu'on parle", donc oui, le message était bien passé. Ne pouvaient-ils pas cracher le morceau tout de suite, qu'ils en finissent ?
- Vous n'allez pas divorcer, quand même ? s'inquiéta Mila.
Ses parents se disputaient très rarement, mais après tout, elle ne connaissait pas tous les détails de leur relation. Et si la situation actuelle avait créé de la tension entre eux ?
Sa mère, surprise, laissa échapper un rire.
- Non, pas du tout. Ça n'a rien à voir.
- On sait que la situation actuelle est très compliquée, particulièrement pour toi, lui dit son père. On a décrété que pour ta sécurité, nous ferions mieux de déménager à Lille.
Mila laissa échapper un soupir de soulagement. Enfin une décision cohérente.
- Pour l'instant, les Vandeuvre vont continuer à nous loger généreusement, reprit son père, mais dès qu'on pourra, on cherchera un appartement où s'installer, si possible dans ce quartier.
- On t'a inscrite au lycée que fréquentent Lysandre, Garance et Alexandre, ajouta sa mère. Comme on ne sait pas combien de temps va durer cette... Situation, on préfère abandonner Lyon et prévoir les prochaines années ici.
- Et pour votre travail ? demanda Mila.
- J'ai réussi à être mutée à Lille par mon entreprise, raison pour laquelle on a décidé de t'annoncer la chose maintenant. Pour ton père, tout n'est pas encore réglé, même si on a des pistes. Pour l'instant, il retournera à Lyon en semaine et reviendra à Lille pour le weekend.
Mila acquiesça, l'esprit soudain traversé de mille pensées. Les années à venir, est-ce que cela signifiait qu'elle devrait forcément aller à l'université ici ? Si les projets que les laboratoires avaient pour elle n'avaient pas été stoppés d'ici là, elle le supposait.
Ça faisait tout de même trois ans. Cette histoire ne durerait quand même pas aussi longtemps ?
Mila tacha de faire taire son angoisse naissante. Le côté définitif de tous ces changements avait de quoi lui faire tourner la tête. Il leur faudrait presque refaire l'entièreté de leur vie, même si cela faisait déjà plusieurs mois qu'ils s'y attelaient. Simplement, il lui semblait qu'ils venaient de quitter un état d'entre-deux pour prendre une décision qui équivalait presque à un point final.
Adieu, leur ancien appartement. Adieu, tous ses amis, dont certains qu'elle connaissait depuis l'école primaire. Adieu, toutes ses anciennes habitudes, dont les promenades au centre ville et les séances de natation du mardi soir.
Mais tout cela, elle le laissait tomber pour sa propre sécurité.
Et ses parents, cette histoire ? Ils devaient bien plus souffrir de la situation qu'ils ne le laissaient paraître. Oh, ils trouvaient des solutions aux problèmes, mais cela ne les avait pas empêché de laisser une grosse partie de leur vie derrière eux.
Bon sang, qu'avait-elle de si spécial pour que les laboratoires en aient ainsi après elle ?
- Ça va bien se passer ? demanda Mila à ses parents.
Devant son air de chien battu, les parents de la jeune fille se levèrent du canapé pour la prendre dans leurs bras.
Ça, au moins, c'était quelque chose qui ne changerait pas.
- Bien sûr que tout ira bien, promit son père. Les Vandeuvre nous aident et les magiciens sont de notre côté.
Mila savait néanmoins que ce n'était pas une assurance infaillible.
◊
La forêt de Phalempin s'étendait à perte de vue devant Eloïse.
La destination était venue à elle plutôt naturellement. Quand Caleb était venu lui rendre visite dans son rêve ce jour là, en lui proposant un entraînement à la magie, Eloïse n'avait pas eu envie de refuser. Même si ce n'était pas la réalité, cela pouvait lui permettre de jauger un peu mieux son niveau, elle qui ne l'avait affronté qu'une seule fois, et aussi de voir si l'augmentation de ses pouvoirs pourrait lui donner l'ascendant.
Caleb lui avait demandé de choisir un lieu extérieur comme terrain d'entraînement. Eloïse avait donc jeté son dévolu sur une forêt. Et la seule qu'elle connaissait bien, en dehors de celle qui bordait le nord de la Cité, c'était celle de Phalempin, où elle s'était rendue de nombreuses fois en étant enfant.
Même si, elle l'admettait, beaucoup de détails étaient flous ou devaient être le fruit de son imagination. Sa mémoire de l'époque n'était pas aussi précise que celle qu'elle possédait actuellement, alors il avait fallu combler énormément de trous.
- Ça ressemble un peu à la forêt qui borde la Cité, je me trompe ? demanda Caleb en observant les environs.
- ... C'était pas exactement cette forêt précise que j'imaginais, mais bon, les arbres restent des arbres.
- Tu pensais à un lieu sur Terre ?
- Oui, pas très loin de chez moi. Mais il faut croire que j'ai fait un mélange.
- C'est normal si tu ne t'en rappelles pas assez bien.
Au moins la tentative était louable. Caleb, qui ne connaissait pas Phalempin, n'était de toute façon pas disposé à pinailler sur les détails.
Eloïse s'avança entre les arbres et sentit les feuilles et les branches craquer sous ses pieds. Au dessus de sa tête, les feuilles bruissaient, portées par un faible courant d'air. Quand elle inspirait, un odeur de humus venait se glisser dans ses narines.
Tout était si réel. Et, elle devait le reconnaître, cela avait un côté apaisant. Dommage pour elle, le but de la séance n'était certainement pas de se reposer.
Eloïse aurait simplement voulu comprendre pourquoi Caleb était venue la trouver pour un entraînement à la magie, proposition sortie de nulle part. Quand elle lui avait posé la question, il avait fourni une réponse tout sauf satisfaisante, comme souvent.
- Qu'est-ce que je gagne, si je te bats ? demanda-t-elle.
Caleb esquissa un sourire moqueur.
- Si jamais ça se produit, ce dont je doute, nous en discuterons. Pour le moment, ne pense pas à une quelconque rétribution.
- Et pour le combat, il y a des règles ?
- Magie uniquement, peu importe le type. Essences magiques autorisées, mais j'aimerais autant ne pas me faire transpercer par un pic de cristal, je te prie.
- C'est noté.
Eloïse n'avait de toute façon pas eu pour objectif de lui faire des trous dans le corps. Des entraînements à la magie, elle en avait fait un bon paquet dans l'équipe Alpha et plus régulièrement avec Maximilien. Personne ne blessait ses camarades, ou alors involontairement.
Savoir retenir ses coups était également une preuve d'une bonne maîtrise de sa magie.
Eloïse avisa les troncs qui s'élevaient eu dessus de sa tête et établit une stratégie approximative. Si elle arrivait à l'immobiliser, elle pourrait considérer le combat comme étant gagné. Il faudrait juste qu'elle s'accroche, parce que ça allait être tout sauf simple.
- Allons-y, lança Caleb. L'entraînement commence.
Il n'en fallut pas plus à Eloïse. Elle s'éloigna du Phébéien à toutes jambes pour se réfugier derrière un arbre, puis concentra ses pouvoirs pour créer deux avatars de magie, dont l'enveloppe bleu translucide était la plus basique possible. Ce genre de sortilège demandait beaucoup de concentration alors Eloïse n'allait pas s'embêter à en plus leur donner une apparence réaliste. Tant qu'ils fonçaient dans le tas à sa place, c'était parfait.
D'un geste de la main, elle leur commanda de trouver Caleb et de l'attaquer de front. Ensuite, elle récita un sortilège sur ses mains et ses pieds pour les rendre adhésifs à n'importe quelle surface et s'affaira à grimper dans l'arbre qui la dissimulait.
Elle monta à dix mètres de hauteur, puis avança au bord d'une branche, le regard rivé sur le sol en contrebas.
Caleb était entouré par les deux avatars, qui se déplaçaient autour de lui dans des mouvements identiques, mais à quelques secondes d'intervalle – trop complexe de leur donner des ordres différents. Le magicien bougeait à peine et repoussait leurs coups de flashs de magie, qui altéraient peu à peu l'intégrité des avatars, dont l'enveloppe était couverte de zébrures. Tant pis, ils n'étaient qu'une distraction temporaire.
Eloïse posa sa main sur le tronc et laissa sa magie glisser contre l'écorce pour rejoindre les arbres voisins à des hauteurs différentes. Elle se prépara à attaquer quand Caleb leva la tête pour planter son regard dans le sien. Il esquissa un sourire moqueur.
Une déflagration de magie s'échappa de son corps et réduisit les avatars à un tas d'étincelles qui s'évaporèrent dans l'atmosphère. Eloïse, d'un geste de la main, forma les fils de magie qui s'élancèrent depuis les arbres jusque Caleb pour entourer ses bras, ses jambes et son buste.
Le magicien, pas spécialement impressionné, se mit à tirer dessus. Eloïse serra les dents, lança vers lui davantage de fils et s'obligea à ne rien lâcher et à tenir bon.
Retenir Caleb était presque comme traîner un poids incroyablement lourd en haut d'une montagne. À savoir, cela demandait bien plus de force qu'elle n'en avait et sa volonté seule ne suffisait pas.
Caleb prit une inspiration, puis d'un geste si simple que c'en était presque insultant, brisa tous les fils. Eloïse n'eut pas le temps de choisir son prochain angle d'attaque. Son estomac se retourna.
Avant qu'elle ne comprenne ce qui se passait, elle chuta. Sauf que ce n'était pas vers le sol, mais plutôt dans le ciel.
Caleb avait inversé la gravité.
Eloïse heurta trois branches dans des grognements de douleur avant de se rattraper à l'une d'elle de justesse. Elle se hissa dessus à la force de ses bras et observa les alentours à la recherche de Caleb, qu'elle avait perdu de vue dans sa chute.
La forêt ainsi à l'envers avait de quoi lui retourner le cerveau. Elle avisa le sol au dessus d'elle et, enfin, le repéra. Il s'approchait d'elle à grande vitesse, grimpant de branche en branche à l'aide de sa magie aussi naturellement que si cela avait été un escalier. Il était plus agile que sa grande taille ne le laissait supposer.
Dommage pour lui, Eloïse ne voulait pas lui laisser l'occasion de la rattraper. Elle ferma les yeux et se concentra sur l'environnement autour d'elle.
Qu'il puisse inverser le décors, soit. Sauf qu'il s'agissait du rêve de la magicienne, donc elle était celle à avoir le contrôle total dessus.
Quand elle rouvrit les yeux, la forêt avait disparue. À la place, elle se trouvait au centre de l'une des salles d'entraînement à la magie du AMI. Celle qui était couverte de miroirs du sol au plafond.
Caleb, qui avait été pris au dépourvu en plein mouvement, retomba sur ses pieds et tourna sur lui-même, surpris. L'infinité de ses réflexions l'imitèrent, ce qui donna l'impression à la pièce entière de tanguer.
- J'avais dit un lieu extérieur, rappela-t-il.
- Oui, et ça a été fait, répliqua Eloïse.
- C'est une simple pièce carrée, il n'y a pas de défi.
- Oh, crois-moi, les miroirs sont un véritable enfer.
Caleb n'avait pas l'air très enjoué par son choix. Eloïse aurait voulu lui dire que cet endroit contenait le record d'agents ayant vomi à l'intérieur. Elle n'en eut pas le temps, puisqu'elle sentit comme un tiraillement lointain et familier.
Il ne voulait quand même pas changer le décors ?
- Attends, tu veux nous emmener où ? demanda-t-elle.
- Ailleurs, répondit-il, à l'extérieur.
- Certainement pas.
Il n'était pas habitué à combattre ici, contrairement à elle, qui y avait passé un sacré paquet d'heures. S'il y avait bien un endroit où il n'aurait pas l'ascendant, c'était ici. Était-ce pour ça qu'il voulait partir ? Où alors tenait-il à avoir un endroit extérieur pour avoir plus d'espace ?
Eloïse ne voulait pas le savoir. Elle voulait rester ici et gagner ce combat. Aussi, tandis qu'il s'apprêtait à changer le décors, elle l'en empêcha. Elle repoussa ce tiraillement qui devenait de puis en plus prenant et le réduisit au néant.
Du moins, c'était ce qu'elle aurait fait si seulement Caleb n'avait pas résisté. Et, comme elle l'avait constaté par le passé, il était fort. Très, très fort. Le tiraillement revint, plus fort encore, et Eloïse crut que la réalité allait changer une nouvelle fois pour les guider vers un lieu qui lui serait sans doute inconnu.
Hors de question. Elle n'allait pas en plus lui laisser gagner ce combat là. Eloïse, sans trop savoir comment, retint le changement avant qu'il ne se produise. Elle sentit ses pouvoirs bouillir en elle, et alors que Caleb préparait un nouvel assaut, elle poussa avec ce qui lui semblait être toute sa puissance. Ses muscles se crispèrent, le sol trembla sous ses pieds et un bruit sourd désagréable emplit ses oreilles jusqu'à faire disparaître tout le reste.
Eloïse se réveilla en sursaut et roula de son lit pour heurter le sol, le souffle court. Il lui fallut un instant avant de comprendre que le rêve avait disparu, Caleb avec lui. Lentement, elle se redressa et regarda l'heure sur son téléphone : quatre heures vingt du matin.
Elle s'était réveillée d'elle-même, n'est-ce pas ? Quand elle avait poussé sa puissance contre lui ?
Jusque là, c'était soit Victorien, en usant de magie rouge, soit Caleb lui-même qui l'avaient faite se réveiller d'un rêve comme celui-ci.
Devait-elle considérer ça comme une victoire ?
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