Chapitre 32: Octobre (3)

Naya n'avait pas été difficile à convaincre, finalement. Même si elle croyait à moitié à l'histoire racontée par Eden et Andromeda sur la magie dans le ciel. Tant que personne ne touchait à sa précieuse baguette, ça ne la dérangeait pas plus que ça de faire ce qu'on lui demandait sans se poser trop de questions.

Eden et Andromeda avaient amené la jeune sorcière jusqu'au point de rendez-vous convenu avec les autres magiciens qui participaient à l'opération, dans le quartier Fantôme de la Cité. Là au moins, ils seraient tranquilles pour opérer.

Au dessus de leurs têtes, la magie sombre qui stagnait dans le ciel flottait au gré du vent, de la même façon que les nuages. Naya plissa les yeux pour l'observer.

- Donc c'est vraiment ma baguette qui peut l'enlever ?

- C'est ça, confirma Synabella. Il faut juste y accrocher une sorte de réservoir à magie.

Synabella fit signe à Etan, qui se tenait derrière elle en compagnie d'Evan et de Vénérios, de lui montrer la clé d'Anthropa. Naya fronça les sourcils, pas très impressionnée.

- Ce petit truc, un réservoir à magie ?

- Eh bien, oui, confirma Etan.

- C'est supposé se fixer sur ta baguette, ajouta Synabella.

Naya hocha la tête. Après avoir échangé un bref regard avec Eden et Andromeda, elle sortit la fameuse baguette de l'étui fixé à sa jambe, puis l'agita devant tout le monde avec un grand sourire collé au visage.

- Vous savez qu'elle a appartenue à la magicienne légendaire Anthropa Holloway ? La classe, non ?

Synabella contint son agacement avec une retenue qu'Eden ne lui connaissait pas et répondit par un sourire encourageant.

- Oui. La clé aussi a été faite par Anthropa Holloway. Raison pour laquelle ça s'emboîte.

- Vraiment ? C'est marrant ça, qu'elle ait créé des trucs pour absorber la magie. Et que ma baguette y soit liée. La vendeuse ne me l'avait pas dit.

- C'est très peu documenté.

- Oh, je vois. Et alors, je dois faire quoi ?

- Assembler les deux, pour commencer.

Etan vint donner la clé à Naya et lui dit de regarder sur la baguette là où les deux pouvaient s'emboîter – il ne se risqua pas à la toucher, vu comme la sorcière avait l'air protectrice à son encontre. Naya trouva sans difficulté, et quand elle enfonça la clé dans le manche de la baguette, un petit clic retentit. Elle se tourna vers Eden et Andromeda pour leur montrer, ravie.

- Vous aviez raison, ça marche vraiment. Trop drôle.

- On n'allait pas te faire venir pour rien, répliqua Andromeda, gênée.

- Oh, on sait jamais. Je me demandais si vous m'ameniez à l'écart pour me frapper et voler ma baguette.

Andromeda entrouvrit la bouche sans rien répondre, à la fois stupéfaite et outrée. Eden, elle, décida d'adopter le calme de Synabella et se contenta de lui adresser un sourire maladroit.

- Si tu pensais qu'on te voulait du mal, pourquoi tu es venue ?

- Pour vérifier. Je savais que je vous battrais en combat dans tous les cas.

- Ah.

Eden n'en était pas certaine, elle, surtout quand ils étaient six face à elle, qui n'avait pas du tout fini son cursus scolaire à l'académie Calléor. Mais bon, elle pouvait le penser si ça lui faisait plaisir.

- Et maintenant, reprit Naya, je fais quoi ?

Là intervenait la partie plus technique, parce que Synabella n'était pas sûre de son coup. Elle se passa une main sur le menton, pensive.

- Commençons simple. Si tu utilises de la magie, qu'est-ce que ça fait ?

Naya projeta sa magie dans la baguette. Les pierres de lune qui la sertissaient s'illuminèrent d'un éclat blanc. En apparence, rien ne se produisit.

- Je crois que j'ai senti un truc, expliqua néanmoins Naya.

- C'est à dire ?

- C'est comme si ça avait un peu vibré. La clé, je veux dire.

- Je crois que j'ai vu la magie du ciel s'affaisser un peu, s'immisça Vénérios, les yeux rivés en hauteur.

Il était resté discret, jusque là. Mais comme tout le monde se méfiait de lui même s'il faisait maintenant partie de l'Ombre, il n'osait pas trop intervenir en temps normal.

- Je crois que je l'ai vu aussi, confirma Evan.

Naya, intriguée, se décida à le refaire, mais avec la baguette pointée vers le ciel. Le déplacement de la magie fut cette fois flagrant. Il se rapprochait lentement de la baguette, comme aimanté, mais avec une force insuffisante.

- Et en utilisant plus de magie ? énonça Eden. Ça va peut-être fonctionner.

Naya s'y attela, mais le résultat ne fut pas flagrant. La magie était descendue de plusieurs mètres et s'était compactée en direction du quartier Fantôme, mais l'attraction était toujours insuffisante.

Beaucoup de gens à la Cité, voire sur tout le continent, devaient se demander ce qui se passait.

- Et si on allait plus en hauteur ? proposa Vénérios.

- Bonne idée, concéda Synabella. L'idéal serait en haut d'un immeuble.

Il y en avait un à proximité, mais qui ne comptait que trois étages. En revanche, un second, près de la limite avec le quartier Électrique, devait en compter dix, voire plus. Ça ferait l'affaire.

- Allons-y, décréta Synabella, ne perdons pas de temps.

Au moins, Naya avait l'air de bien s'amuser. Elle se rapprocha d'Andromeda pour passer son bras libre sous le sien, en se réjouissant de s'être fait une nouvelle amie et de partir à l'aventure avec. Eden les observa avec consternation tout en étant ravie que ça se passe si bien. Naya était quelque peu présomptueuse, mais pas méchante. Elle-même aurait été bien plus hésitante à leur rendre service, si elle avait été à sa place.

De toute manière, il était prévu que Vénérios lui efface la mémoire après tout ça, juste par précaution. Il ne manquerait plus que Naya aille crier sur tous les toits que c'était grâce à elle si la magie du ciel avait disparue, et qu'elle en dévoile bien trop.

Il leur fallut dix minutes de marche pour arriver à l'immeuble convoité, et cinq pour monter sur le toit, onze étages plus haut. Après autant d'escaliers, Eden, qui n'était pas une grande sportive, avait les cuisses en feu et le souffle court.

D'ici, la magie du ciel semblait beaucoup plus proche. C'était assez anxiogène.

- Donc je recommence, c'est ça ? vérifia Naya.

- C'est ça, confirma Synabella.

- On t'admire, ajouta Eden en levant les pouces.

Synabella lui donna un coup de coude dans les côtes comme pour lui dire qu'elle en faisait trop. Eden ne regretta rien, même si elle avait mal au ventre, maintenant.

Quand Naya leva sa baguette en l'air, cette fois-ci, les volutes sombres furent attirées avec plus de facilité. Elles tourbillonnèrent autour du toit en même temps qu'elles s'abaissaient, et ce jusqu'à former une masse sombre au dessus d'eux, qui masqua la lumière du jour. Naya, même si elle esquissa un mouvement de recul, tâcha de rester en position, son bras libre couvrant son visage pour se protéger du potentiel danger.

La magie toucha le bout de sa baguette. Pendant un court instant, il sembla que le ciel s'immobilisa, avant de se transformer en une véritable tempête. La magie stagnante fut attirée avec tant de vélocité vers la baguette qu'Eden, les cheveux projetés en arrière, sentit ses yeux piquer et n'entendit plus rien d'autre que les bourrasques de vent.

Tout ceci risquait d'attirer des curieux jusqu'à eux. Eden espérait qu'ils pourraient vite se faire la malle.

Le ciel se vida peu à peu de ses couleurs sombres jusqu'à redevenir grisâtre. Lorsque la dernière once de magie traversa la baguette de Naya, le silence revint, assourdissant.

Les magiciens étaient tous aussi échevelés les uns que les autres.

- Ça a marché ! s'exclama Naya.

Eden leva les yeux au ciel et contempla avec admiration le temps nuageux qui l'aurait déprimée quelques semaines plus tôt. Elle avait oublié ce que ça faisait, de ne plus le voir constellé de noir et de rouge.

- Efficace, commenta Synabella. Eh bien, il ne restera plus qu'à faire pareil sur Terre et on se sera débarrassés du problème.

- Sur Terre, vraiment ? demanda Naya. J'y suis jamais allée. Je savais pas qu'il y en avait là aussi.

- C'est uniquement à proximité relative de la ville de Lille. Le reste est épargné.

- D'accord. Et vous voulez faire ça maintenant ?

Synabella acquiesça. Tant qu'à faire, autant s'en occuper rapidement.

Alors qu'ils s'apprêtaient à redescendre du toit, un magicien surgit de la cage d'escalier à toutes jambes. Etan et Vénérios, les plus proches, esquissèrent un mouvement de recul. Evan plissa les yeux, presque certain de le reconnaître.

- Philéas ? s'étonna-t-il.

Ce fut au tour de Philéas de froncer les sourcils. Ce dernier avait l'air différent de d'habitude. Ses cheveux, normalement blancs, étaient plus longs et désormais blond platine. Quant à sa tenue, elle ressemblait à celles que les chasseurs de prime portaient sous leurs capes.

Voilà des semaines que personne à l'Ombre ne l'avait vu – depuis le renversement du AMI, à vrai dire. Philéas leur avait annoncé qu'il prendrait un peu de recul par rapport à tout ça, pour se concentrer sur son travail d'infirmier, puis avait plus ou moins disparu.

- Evan ? dit-il à son tour, décontenancé. C'est vous qui avez fait ça ?

- Oui, c'est nous. Qu'est-ce que tu fais ici ?

- J'ai remarqué que la magie du ciel bougeait. Je suis allé voir ce qui se passait.

S'il était là, d'autres gens n'allaient pas tarder. Naya se rapprocha d'Andromeda et d'Eden, qui n'aspiraient qu'à partir.

- Tu es arrivé vite, commenta Evan, confus.

- Je me suis dépêché. Écoutez, vous ne devriez pas rester là.

Philéas avait l'air inquiet et jetait des regards partout autour de lui.

- Oui, ça va attirer les curieux, confirma Evan. On comptait partir.

- À moins qu'il ne se passe autre chose ? vérifia Etan, suspicieux.

Philéas pinça les lèvres et ferma les yeux un court instant. Il chercha ses mots.

- Mettez-vous à l'abri quelque part, dit-il finalement.

- Oui, oui, tu nous caches quelque chose, s'agaça Synabella. Pas la peine de nous le jeter au visage comme ça. Dis ce que tu sais, qu'on en finisse. Autrement, on ne bouge pas.

La magicienne croisa les bras, pas décidée à partir. Eden, outrée, sentit ses jambes la démanger. Si quelqu'un de leur connaissance annonçait qu'ils étaient en danger, elle préférait le croire et se mettre en sécurité, même si cela se révélait plus tard être un mensonge.

Philéas, qui devait penser la même chose, se résigna à faire ce que Synabella demandait.

- Il y avait une possibilité pour que Pyros lance des attaques aujourd'hui, avoua-t-il. Du mouvement a été repéré il y a peu. C'est pour ça que je suis venu jusqu'ici, je pensais que c'était eux.

- D'accord, acquiesça Synabella. Alors premièrement, pourquoi tu es venu ici si tu supposais que c'était Pyros, et deuxièmement, comment tu es au courant d'une potentielle attaque ? C'est le genre d'informations qui ne circule pas en dehors d'une cercle très restreint de personnes.

- Ce n'est ni le moment, ni l'endroit pour ça.

- Si, justement, ça te mets la pression. Pas le temps d'inventer un mensonge. On t'écoute.

Synabella pencha la tête sur le côté pour lui rappeler qu'elle ne comptait pas bouger. Enfin, Philéas capitula.

- J'ai mes informations du premier ministre. Je travaille pour lui.

- Tu... articula Evan, ahuri. Quoi ?

- Les laboratoires l'ont découvert le jour du renversement du AMI. C'est surtout pour ça que je me suis effacé. Je vous expliquerai plus tard, mais retenez que je suis de votre côté. Est-ce qu'on peut partir, maintenant ?

- On peut, confirma Synabella.

Elle se mit en route vers les escaliers en invitant tout le monde à la suivre. Naya demanda à Eden qui étaient les laboratoires, et cette dernière fut ravie que Vénérios soit en leur présence. Elle bredouilla une réponse à moitié incohérente.

Un éclat de magie fusa droit sur elles. Eden ne comprit pas ce qui se passa et n'eut pas le temps d'écarter Naya de sa trajectoire. La magie s'écrasa sur l'épaule de la sorcière et la force de l'impact la projeta au sol. La baguette d'Anthropa Holloway roula hors de sa portée.

- Non ! s'écria Naya, horrifiée.

Elle se releva d'un bond et s'empressa d'aller la ramasser. Eden fut trop surprise pour la retenir. Sa première réaction n'aurait-elle pas dû être de chercher qui avait attaqué ?

- À terre ! s'écria Philéas.

Personne ne l'écouta. Evan et Vénérios avaient les yeux rivés vers l'horizon à la recherche de l'assaillant, Eden et Andromeda étaient figées sur place, et Synabella analysait les environs pour convenir d'un plan.

Un second éclat de magie traversa l'air et toucha Naya en plein dos au moment où elle ramassa la baguette d'Anthropa, un peu trop proche du bord. La sorcière n'eut pas l'occasion de comprendre ce qui se passait. Une seconde, elle était sur le toit. La seconde, elle en chutait dans un cri.

Eden, choquée, se boucha les oreilles pour ne pas entendre le moment où elle tomberait par terre. À moins qu'elle n'ait réussi à prévenir sa chute avec sa magie ?

Synabella lui saisit le bras, ainsi que celui d'Andromeda, et les traina vers la cage d'escaliers, où Etan, Evan, Vénérios et Philéas s'étaient précipités.

- On doit récupérer la baguette, indiqua Synabella. Vite.

- La baguette ? répéta Eden comme si elle n'avait pas compris. Tu penses à la baguette avant de penser à Naya ?

- Oui. J'ai mes priorités, tu as les tiennes, c'est super. On a besoin de la baguette et de la clé.

Eden se dégagea de sa prise et se rapprocha d'Andromeda, au cas où. Les magiciens dévalèrent les escaliers à toute allure. Avec un peu de chance, quiconque les avait attaqués s'était montré. En espérant que ce ne soit pas Pyros, comme Philéas soupçonnait.

Peut-être était-ce un simple malentendu et un chasseur de prime de la Cité avait fait ça. Eden n'y croyait pas – ils auraient d'abord choisi le dialogue, surtout sachant que trois d'entre eux portaient l'uniforme de l'académie Adénora Calléor – même si elle aurait préféré.

Philéas les fit s'arrêter au rez-de-chaussée de l'immeuble et leur conseilla d'attendre que la Cité envoie des renforts. Synabella passa outre ses recommandations pour aller récupérer la baguette. Si au départ, elle partit seule, les autres ne tardèrent pas à la rattraper.

- Tant qu'à se mettre dans la mouise, autant le faire tous ensemble, hein ? marmonna Eden.

Ils contournèrent l'immeuble pour arriver vers la zone où Naya était tombée. Ils la trouvèrent allongée au sol, ses longs cheveux blancs et ses vêtements imbibés de rouge.

Elle ne s'était pas rattrapée.

- Lâchez la baguette, lança Synabella.

Un magicien, couvert par la cape de velours rouge sombre qui caractérisait les chasseurs de prime de Pyros, la tenait entre ses mains et l'observait avec attention. Il tourna sa capuche dans la direction de Synabella, puis, d'un geste à la poigne renforcée de magie, brisa la baguette en deux. Il récupéra la clé d'Anthropa qui y était emboîtée, la fourra dans sa poche, et jeta le reste à côté du corps de Naya.

- Je l'ai lâchée, rétorqua-t-il.

À ces mots, il s'élança vers Synabella, qui l'évita en se jetant contre la façade de l'immeuble. Avant que le chasseur de prime ne puisse tenter quoi que ce soit d'autre, Vénérios se transforma en Phoenix, lui fonça dessus et l'assomma avec une trombe d'eau compacte en plein visage. Il récupéra la clé d'Anthropa et s'empressa de la rendre à Synabella, qui s'en saisit sans un mot.

- Tu pourrais dire merci, fit remarquer Vénérios. Je t'ai fait gagner du temps.

- Je pourrais, oui, acquiesça-t-elle.

Synabella fourra la clé à l'intérieur de son gant droit pour être certaine de ne pas la perdre. Vénérios, après un soupir, laissa tomber l'idée d'argumenter elle avec – surtout en sachant qu'il voulait se faire bien voir par l'Ombre.

- Allons-y, décréta Philéas. Vite.

- Mais... Et Naya ? demanda Andromeda.

Les magiciens risquèrent un regard vers le corps sans vie de la sorcière, qui gisait dans une flaque de sang. Eden se maudit de ne pas l'avoir retenue lorsqu'elle s'était éloignée.

- La Cité la retrouvera, répondit Philéas. Il s'en occuperont. Je suis désolé.

Andromeda hocha lentement la tête et suivit le groupe, qui s'élança hors du quartier Fantôme pour rejoindre son voisin, le quartier Électrique. Philéas les traina dans le premier lieu public qu'il trouva pour qu'ils s'y réfugient – en l'occurrence un magasin alimentaire –, alors que de plus en plus de magiciens en provenance de Pyros faisaient leur apparition dans les rues.

Vu comme ceux qui se trouvaient déjà à l'intérieur s'étaient réfugiés dans les rayons du fond, ils n'étaient pas les seuls à être venus ici pour trouver un abri. D'ailleurs, d'autres magiciens entrèrent après eux.

- Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Vénérios.

- Les courses, je suppose, ironisa Synabella. On est au bon endroit.

Vénérios lui renvoya un regard noir.

- Je vous laisse ici, annonça Philéas. Je dois retourner au palais.

- Quoi ? s'indigna Evan. Tu nous dois des explications sérieuses, je te signale. Tu es un traître.

- Evan, je te promets que je suis de votre côté, tout comme Armändo Alavès.

- Alors parle.

Philéas poussa un soupir.

- Plus tard, promit-il. Je dois partir. Et vous ne me reverrez pas avant un moment.

Il n'attendit pas que quiconque lui réponde et quitta le magasin en courant. Synabella et Etan, conjointement, retintent Evan avant qu'ils ne parte à sa poursuite.

- Mais... bredouilla ce dernier.

- Une chose à la fois, trancha Synabella. Déjà, on va trouver un autre abri. Contactez qui vous pouvez dans l'Ombre et demandez où ils sont. On ira chez le plus proche.

Pas question qu'ils restent ici au milieu de oreilles indiscrètes. Il fallait qu'ils discutent.

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