Chapitre 29: Septembre (12)

Eloïse n'en revenait toujours pas d'avoir été incluse dans toute cette histoire, qui plus est au dernier moment. Une heure plus tôt, elle n'était au courant de rien.

Elle avait été contrainte de venir, d'une part parce qu'elle avait une bonne connaissance des lieux après y avoir passé des années – quelqu'un du AMI devait obligatoirement faire partie de chaque groupe pour servir de guide –, et d'autre part parce que Victorien refusait de la laisser seule dans un moment pareil. Avec une grosse partie de l'Ombre concentrée sur la reprise du quartier général aux dissidents, il avait peur que les laboratoires n'en profitent pour s'en prendre à elle.

Tout ça, elle le concevait sans souci. Ce qu'Eloïse ne comprenait pas, en revanche, c'était pourquoi Victorien avait insisté pour prendre part à l'affrontement sachant que cela pouvait la mettre en danger.

- Tu n'as aucun lien avec le AMI, fit-elle remarquer. Tu y gagnes quoi ?

Victorien jeta un bref regard dans sa direction.

- Tu te retiens de me poser la question depuis qu'on est partis, c'est ça ?

- Oui.

Leur groupe était sans doute le plus petit de ceux qui avaient été envoyés sur place, puisqu'ils n'étaient que trois. Eloïse pour les guider, Ilyann pour la surveiller, et Victorien pour faire tout le travail.

À cause de leur taille et puisqu'ils devaient faire particulièrement attention à Eloïse, ils avaient été envoyés au premier étage, dans une zone déterminée comme faiblement occupée.

- On n'était pas obligés de participer, insista Eloïse devant son silence. Vraiment pas.

- J'y tenais, répondit Victorien.

- Pourquoi ? Il y a plein d'autres magiciens sur place.

- Et plus il y en aura, moins nous aurons de pertes. Tout ceci concerne les laboratoires. Je préférais venir.

Eloïse leva les yeux au ciel. Autour d'elle, les murs blancs et le sol de linoléum gris du AMI, où leurs pas résonnaient faiblement, lui rappelaient des bons comme des mauvais souvenirs – davantage les mauvais, d'ailleurs. À quand remontait la dernière fois qu'elle était venue ici ? Janvier ? Février ?

- Je suis venue pour te faire plaisir et parce que tu avais besoin de quelqu'un qui connaissait les lieux, dit-elle. Moi, je n'avais pas envie.

Et, à son humble avis, Ilyann non plus, mais elle ne voulait pas parler à sa place. Il pouvait très bien lui donner tort.

- Tu comptes te plaindre tout le long ? demanda platement Victorien.

- Je ne sais pas. Tu comptes donner une réponse honnête ?

Visiblement pas, puisqu'il garda le silence. Ilyann poussa un soupir.

- S'il vous plaît... Ce n'est pas le moment.

- J'essaie de rester concentré, confirma Victorien. Eloïse, on en discutera plus tard.

- Bon... maugréa-t-elle.

Eloïse se passa un main sur le front, en proie à un mal de tête désagréable. Cela faisait une semaine qu'elle s'était réveillée de ses cinq jours de sommeil, après qu'Isidorh s'en soit pris à elle. Une semaine que la douleur à son crâne venait et partait au gré de ses envies. Et surtout, le bourdonnement qui était apparu à ce moment là ne l'avait pas quittée, même si la plupart du temps, Eloïse oubliait son existence. La fatigue qui l'avait assaillie diminuait de jours en jours, mais elle aurait préféré se reposer que de participer à l'assaut du AMI, ça, c'était une certitude.

Ilyann se rapprocha d'elle et se pencha vers son oreille.

- Nous avons été ajoutés à la mission officieusement, lui chuchota-t-il. Je ne sais pas pourquoi Victorien rechigne à te le dire.

Eloïse fronça les sourcils.

- Vraiment ? Mais pourquoi ?

- Les effectifs de notre côté sont moins nombreux que prévu, apparemment. Comme les dissidents ont l'avantage du terrain, il nous fallait le plus de gens possible pour y prendre part. Des chasseurs de prime supplémentaires sont arrivés ce matin. Victorien en a eu vent et a décrété que sa présence pourrait être bénéfique pour éviter des pertes. Si les cités y perdent trop dans cette histoire, elles seront plus difficiles à convaincre de nous aider contre les laboratoires à l'avenir.

- Oh, murmura Eloïse.

- Il n'avait pas prévu de se battre, à l'origine, conclut Ilyann. Et il ambitionnait encore moins de te traîner là-dedans. Mais tous les autres agents étaient déjà disséminés dans des groupes et il nous fallait un guide. Ça ne laissait que toi. J'ai promis à Victorien que je resterai avec toi tout du long.

Bon, ça expliquait beaucoup de choses, surtout si Victorien ne voulait pas la laisser seule pendant qu'il était ici. Au moins Ilyann était-il honnête avec elle.

Mais les cités du continent accepteraient-elles vraiment de prendre part à la lutte contre les laboratoires un jour ? Après tout, ça ne les concernait pas. Jusque là, c'était avant tout l'Ombre ou des magiciens comme Victorien ou Ilyann qui géraient tout dans leur coin.

À moins qu'ils n'aient appris qui avait orchestré la chute du AMI et qu'ils considèrent leur menace comme bien réelle.

Même si, pour l'instant, Eloïse ne ressentait pas de menace particulière en avançant dans le quartier général. Cela faisait bien vingt minutes qu'ils parcouraient l'aile ouest du premier étage et ils n'avaient croisé absolument personne. Et ce n'était pas faute d'avoir fait des détours et d'être entrés dans absolument toutes les salles qui avaient croisé leur chemin.

Ils parvinrent à un croisement, qui menait vers trois nouveaux couloirs. Victorien, qui marchait en tête, s'arrêta.

- Où vont ces couloirs ? demanda-t-il.

- Vers des bureaux d'agents techniques, répondit Eloïse. On est au premier étage, il n'y a que ça.

Elle détailla en précisant où ils pouvaient se rendre ensuite, selon celui qu'ils emprunteraient. Victorien l'écouta sans l'interrompre. Finalement, il se décida à aller à gauche.

- Tu connais le moindre couloir par coeur, on dirait, remarqua-t-il.

- J'ai travaillé ici longtemps. Ça te surprend tant que ça ?

- Je ne pensais pas que c'était à ce point.

- Je suis une élue, j'ai une mémoire photographique, rappela-t-elle.

Eloïse savait que même certains agents qui étaient arrivés avant elle ne connaissaient pas les lieux comme elle le faisait. Elle était étonnée que cela lui soit enfin utile – quand elle travaillait encore au AMI, elle s'aventurait très peu en dehors du rez-de-chaussée, du troisième et du cinquième étage.

Une exclamation de surprise retentit dans le couloir voisin. Victorien se figea et Ilyann passa un bras sur les épaules d'Eloïse, par précaution. Ils tendirent l'oreille. Il s'en suivit un échange entre deux personnes. Eloïse avait déjà entendu leurs voix, mais n'arrivait pas encore à mettre de visages dessus. Visiblement, Victorien et Ilyann étaient aussi confus. Ce dernier fronça les sourcils, envahi par la réalisation.

- Jivan ? lança-t-il.

La conversation voisine prit fin. Les ombres au pied de Victorien s'agitèrent, prêtes à bondir sur quiconque s'approchait de trop.

- Ilyann ?

Il y eut des bruits de pas, puis deux silhouettes apparurent au bout du couloir, toutes deux vêtues de vestes de Madrigan – la première turquoise foncé, la seconde vert forêt. Jivan Samahel et Salem Van Elden, les pères respectifs de Eden et Rory. Victorien se détendit.

- Vous êtes seuls ? s'étonna-t-il. Où est passé le reste de votre groupe.

Le danger écarté, Ilyann lâcha Eloïse. Les nouveaux venus se joignirent à eux.

- C'est ce qu'on essaie de déterminer, répondit Salem. Où sommes nous ?

- Aile ouest du premier étage, répondit Victorien.

- Donc nous sommes descendus de six étages.

- Il s'est passé quelque chose ?

Salem hocha la tête tout en guettant les environs.

- Il semblerait qu'un magicien avec l'essence magique de la téléportation se promène à travers le bâtiment pour séparer les groupes, expliqua Jivan. J'ai à peine eu le temps d'attraper le bras de Salem quand il est apparu à côté de moi.

- Il nous a déposés ici, puis a disparu tout aussi vite, ajouta Salem. Faites attention.

- Au moins, nous sommes tombés sur vous, ce n'est pas plus mal.

Victorien n'avait pas l'air réjoui de les croiser, plutôt l'inverse. Eloïse le comprenait. Si les ennemis séparaient les groupes et amenaient les magiciens dans les étages les moins dangereux, cela mettait les autres en difficultés et les désorganisait. Après, il était logique que tout ne se passe pas comme prévu, même si elle le déplorait. Les dissidents se défendaient comme ils pouvaient.

- Eloïse, ne t'éloigne pas d'un centimètre, lui lança Victorien.

- C'était pas dans mes plans, répondit-elle.

Des fois, elle se demandait ce que Victorien s'imaginait pour lui dire des choses pareilles. Qu'elle tenterait de leur fausser compagnie à la première occasion ? Depuis le début, elle ne faisait que les suivre et leur indiquer le chemin.

Vexée, Eloïse garda cependant le silence – ce n'était pas le moment de se disputer avec Victorien pour si peu. Leur groupe, Jivan et Salem en plus, reprit son chemin. Ils restèrent silencieux pour ne pas se laisser surprendre par des bruits anormaux.

Il y eut un flash de lumière. Une personne apparut aux côtés de Victorien. La seconde suivante, ils avaient tous les deux disparu. Eloïse, qui avait à peine eut le temps de comprendre ce qui se passait, saisit le bras d'Ilyann.

- C'est le téléporteur, déclara Salem. Faites attention.

Soit il avait accidentellement emporté le meilleur magicien du lot, soit il était renseigné sur leurs identités. Eloïse préférait sincèrement que ce soit la première option, même si elle penchait plutôt pour la seconde.

Le magicien réapparut devant eux, cette fois accompagné de trois personnes, qu'il déposa dans le couloir avant de s'éclipser de nouveau.

À partir de là, tout s'enchaîna très vite. Les nouveaux venus les attaquèrent frontalement. Des sphères de magie furent lancées dans leur direction et Eloïse tira Ilyann sur le côté pour qu'ils les esquivent. Pendant ce temps, Jivan et Salem répliquèrent en créant un champ de force qui sépara le couloir en deux. D'un geste conjoint, ils le projetèrent sur les magiciens, qui ne purent l'éviter. Puis quelqu'un saisit Ilyann par le col de sa veste et l'écarta d'un geste brusque. Eloïse n'eut pas le temps de se retourner qu'une main saisit son épaule. Elle sentit sa tête tourner et le couloir changea complètement.

Elle était désormais au cinquième étage.

Eloïse ne laissa pas le temps au téléporteur de faire quoi que ce soit de plus. Avant qu'il ne s'éclipse de nouveau, elle leva son bras, chargea ses pouvoirs dans sa main, puis lui tira un rayon de magie en plein crâne. Tous les deux s'effondrèrent sur le linoléum, le magicien parce qu'elle l'avait assommé, et Eloïse à cause du recul de son tir qu'elle avait mal anticipé.

Elle reprit son souffle et se redressa sur les genoux. Son bras était douloureux, aussi elle devait y être allée un peu fort. Au moins ils étaient débarrassés de lui.

Les ordres étaient de faire le maximum de prisonniers, mais celui-là, n'était-il pas plus simple de le tuer ? S'il se réveillait, il continuerait à semer le chaos dans leurs rangs.

À moins que... Eloïse jeta un oeil aux alentours. Elle était à un couloir de la salle attribuée à l'équipe Alpha. Il y avait sans doute des bracelets coupe-magie à l'intérieur, à moins que les dissidents ne les aient volés. Elle repoussa son mal de crâne de plus en plus envahissant et s'élança jusqu'à la salle, en vérifiant que personne ne se trouvait aux alentours. Par chance, ce n'était pas le cas.

La salle était ouverte, mais vide. Cela signifiait qu'un groupe de son camp devait être passé par ici. Si Salem et Jivan avaient croisé leur route plus tôt, peut-être Eloïse pourrait-elle se greffer à un autre groupe le temps de retrouver le sien – sans elle, ils auraient des difficultés à se reprérer. Un coup de chance pourrait même la mener à Victorien, même si elle doutait que le téléporteur envoie deux personnes au même endroit.

Eloïse fouilla dans le local qui se trouvait au fond, où étaient rangés les armes et le matériel réservé à l'équipe Alpha. Elle chassa tant bien que mal le sentiment désagréable que lui inspirait sa présence ici. Elle pensait ne jamais y remettre les pieds, maintenant qu'elle en avait fini avec le AMI, mais il fallait croire que l'univers en avait décidé autrement.

Ses doigts se refermèrent autour d'un bracelet coupe-magie, qu'elle fourra dans sa poche. Eloïse trouva également des cordes à sauter, qui n'étaient certes pas faites pour ligoter quelqu'un, mais qui feraient parfaitement l'affaire. Ensuite, elle s'empressa de retourner vers le magicien, qui n'avait pas bougé, toujours étalé au sol. Elle fixa le bracelet à son poignet, attacha ses mains derrière son dos et ses chevilles ensemble, puis le traina dans la pièce la plus proche pour l'y enfermer. Comme ça au moins, un de ses camarades aurait moins de chance de venir le secourir.

Eloïse prit quelques instants pour se reposer avant de partir en quête d'un autre groupe. Sa tête bourdonnait de plus en plus fort et elle se sentait épuisée du peu qu'elle avait accompli. Elle s'adossa contre un mur, à l'abri dans la pièce, et se laissa glisser contre le sol. Sur le moment, elle se demanda même si elle serait capable de se relever. Sa tête tournait et elle fut gagnée par la nausée.

Eloïse vérifia son téléphone, mais n'avait pas de réseau. Les dissidents avaient fait en sorte de limiter leurs échanges au possible. Elle n'avait pas non plus emporté le cristal de communication directe que Victorien lui avait donné à une époque.

Elle n'allait quand même pas attendre ici que quelqu'un la retrouve, si ?

Eloïse ?

L'intéressée sursauta quand la voix retentit dans son esprit, presque trop bruyante. C'était bien le moment pour que Caleb s'invite. Elle se décida à l'ignorer.

Eloïse, je sais que tu m'entends. Tout va bien ?

Son mal de crâne se fit plus fort. Des points blancs constellèrent sa vision. Elle avait froid.

Eloïse ? insista Caleb.

Ne pouvait-il pas se taire ? Eloïse essaya de bloquer sa voix, mais n'y parvint pas. Elle voulut se relever, mais là aussi, elle en fut incapable. Du sang s'échappa de son nez. Le monde tangua autour d'elle.

Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Ce n'était quand même pas Caleb qui faisait ça ?

- Ce n'est pas moi.

Eloïse sursauta. Elle se rendit compte qu'elle était allongée au sol. D'un geste vif, elle se redressa sur ses jambes, puis observa les alentours : toujours la même pièce – une salle d'entraînement, vide de contenu – sauf que tout ceci n'était pas la réalité. Maintenant, Eloïse était familière avec la sensation qui l'envahissait quand Caleb lui parlait en rêve, et le voir debout face à elle ne faisait que lui confirmer qu'elle était inconsciente. Voilà pourquoi elle avait brusquement arrêté de se sentir mal.

- Pas toi ? répéta-t-elle.

- Ce n'est pas moi qui te mets dans cet état. C'est ce que tu pensais, n'est-ce pas ?

Eloïse fronça les sourcils, abasourdie.

- Attends. Tu lis dans mes pensées ?

- Non. Mais je viens souvent te voir quand tu te sens mal, alors je suppose que tu fais des liens qui n'ont pas lieu d'être.

- Tu sais, Caleb, il y a un moment donné où je vais partir du principe que tu me mens dès que tu affirmes quelque chose.

- Parce que tu préfères faire confiance à Victorien ? répondit-il, surpris.

Elle leva les yeux au ciel. Après le contexte dans lequel ils s'étaient croisés la dernière fois, elle avait de moins en moins envie de l'écouter parler.

- C'est une vraie question ? asséna-t-elle. Et pourquoi tu amènes Victorien dans la conversation ? Je parlais de toi.

Sa véhémence le prit quelque peu au dépourvu. Eloïse se frotta les tempes, agacée.

- Je dois me réveiller. Si tu veux vraiment me rendre service comme tu l'affirmes continuellement, aide-moi au moins à faire ça.

- Ce n'est pas aussi simple, argua-t-il.

- Quoi ?

- Je ne peux pas juste te réveiller comme ça.

Par contre, il pouvait s'inviter dans ses rêves sans aucun souci et parler dans sa tête. Eloïse n'était pas sûre qu'il dise la vérité.

- Donc ce n'est pas toi qui m'a endormie ? vérifia-t-elle.

- Eloïse, tu t'es évanouie, ça n'a rien à voir. Tu ne vas pas bien.

Ça, elle l'avait remarqué. La magicienne alla se rasseoir contre le mur et ferma les yeux pour se concentrer. Il fallait qu'elle se réveille. Elle était sur un champ de bataille, même si elle n'avait vu personne avant de s'évanouir.

Cependant, elle eut beau y mettre toute sa volonté, elle resta ancrée de le rêve. Quand elle rouvrit les yeux, Caleb était accroupi face à elle, à un mètre de distance. Ainsi, ses longs cheveux blonds, presque blancs, frôlaient le sol.

- Je ne peux pas te réveiller, dit-il doucement. Je suis désolé.

Eloïse ne prit pas la peine de lui répondre. Elle hésita même à partir de la pièce pour le semer, mais ce serait gaspiller son énergie pour rien. Il la rattraperait sans souci, et cela incluerait sans doute de changer l'environnement dans lequel ils se trouvaient.

Un vive douleur la transperça de part en part, aussi vite disparue. Le rêve s'effaça. Eloïse ouvrit les yeux brutalement et manqua de se cogner la tête contre le mur sur lequel elle était assise. L'air sentait la magie rouge, même si en faible quantité.

Victorien était posté face à elle, l'air furieux. Il expira lentement en la voyant éveillée.

- Ça fait près de deux heures que je te cherche, dit-il en veillant à ne pas hausser le ton.

Eloïse cligna plusieurs fois des yeux le temps de reprendre ses esprits.

- Deux heures ? répéta-t-elle. Ça fait deux heures que je suis là ?

- Oui. L'affrontement est fini. On a gagné. Les soldats et chasseurs de prime rassemblent les dissidents qui sont toujours en vie pour les emmener en prison.

Eloïse avait du mal à croire qu'elle avait passé tant de temps évanouie. Dans son rêve, il lui semblait que quelques minutes à peine s'étaient écoulées. Pour cette raison, elle eut du mal à intégrer la nouvelle de leur victoire.

Victorien se déplaça légèrement pour désigner le magicien allongé au sol derrière eux, ligoté avec des cordes à sauter.

- C'est toi qui a fait ça ? demanda-t-il.

Eloïse hocha la tête.

- Ça nous a rendu service, reconnut-il. Même si j'aurais préféré que tu ne sois pas mêlée aux affrontements.

- Alors il ne fallait pas m'emmener, râla-t-elle.

Victorien lui renvoya un regard courroucé, qu'elle ignora. Eloïse s'appuya contre le mur pour se relever, et, étonnement, n'eut pas de mal à tenir sur ses jambes. Elle se sentait beaucoup mieux que tout à l'heure, même si elle avait toujours mal au crâne. Elle frotta le sang qui avait séché contre ses narines.

Victorien releva à son tour.

- Que s'est-il passé ? l'interrogea-t-il.

- Je me suis sentie mal, répondit Eloïse. On peut en parler ailleurs ? Je n'aime pas être ici.

D'abord hésitant, il finit par acquiescer.

- Très bien, on en reparlera plus tard. En espérant que tu n'omettes pas de détails.

Ce fut au tour d'Eloïse de le foudroyer du regard. Ce n'était pas en lui parlant comme ça qu'elle aurait envie d'être honnête.

En cet instant précis, cependant, il y avait une autre personne qui agaçait Eloïse encore plus. Et qui n'aurait pas aimé qu'elle raconte tout à Victorien, surtout si c'était pour prendre son parti.

- Tu sais quoi ? marmonna-t-elle. Ce type m'a téléporté à l'écart, je l'ai assommé, trainé ici après l'avoir incapacité, et je me suis évanouie. Caleb en a profité pour me parler. C'est la réponse que tu attendais ?

- Oui, concéda Victorien. Qu'est-ce qu'il te voulait, cette fois ?

- Je ne sais pas. Me casser les pieds. J'aimerais qu'il arrête.

Victorien poussa un soupir et passa une main dans le dos d'Eloïse pour l'entraîner à l'extérieur de la salle. Il était largement temps qu'ils s'en aillent.

- Moi aussi, admit-il.

Là dessus au moins, ils étaient d'accord.

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