Bonjour ! Juste pour vous prévenir qu'à partir de ce chapitre, l'histoire n'est pas réécrite et donc dans son ancienne version (rédigée il y a six ans). Vous risquez de trouver des incohérences, fautes d'orthographes, et la qualité d'écriture est, selon moi, médiocre. Cependant, rien ne vous empêche de poursuivre, bien au contraire, je vous demanderais juste d'être indulgents
S'il y a des noms de personnages que vous ne reconnaissez pas, ne faites pas attention, c'est qu'ils vont disparaître dans la réécriture. Et, dernière précision pour ne pas totalement embrouiller, Eloïse et Rory sont supposés être en couple (le passage originellement dans le tome 2 a été supprimé).
Bonne lecture !

- Andromeda, attends s'il te plait, lui intima Salem.

La jeune fille aux cheveux roses s'arrêta, toujours à la tête du petit groupe. Elle fut rapidement rejointe par le Madrigan, puis Liam, Peter, Lucas, et enfin Heather, sa sœur aînée.

L'équipe improvisée au complet, Salem se mit devant le groupe pour le guider. Il était le seul à avoir eu accès à un plan de cet étage du AMI – le dixième et dernier, plein à craquer de dortoirs – et avait décidé au dernier moment de se joindre aux jeunes magiciens de l'académie, lui qui devait à l'origine faire partie d'une autre division. Cela évitait qu'ils se perdent en plein milieu des couloirs sinueux, même si lui non plus n'en menait pas large.

La structure du AMI avait été conçue pour éviter les intrusions extérieures, lui donnant un nombre d'embranchement et d'allées ridiculement nombreux. Si un intrus entrait dans le bâtiment, il lui suffisait de quelques minutes pour se perdre, et un temps équivalent aux agents sur place pour l'arrêter.

Même si les magiciens ne pouvaient donc pas vraiment savoir où ils se rendaient avec précision, ils étaient en compagnie d'un adulte responsable, et, qui plus est, Madrigan. Ce n'était pas négligeable.

- Prendre à droite serait une bonne idée, non? Proposa Lucas, peu convaincu par le chemin qu'ils empruntaient actuellement.

- Je ne crois pas, lui répondit le père de Rory. Il me semble que continuer tout droit donnait sur un grand dortoir commun. Du monde pourrait se trouver à l'intérieur.

Une bonne dizaine de mètres plus loin, le couloir se sépara en trois, les embranchements se divisant eux même en plusieurs sections plus ou moins éloignées. Salem soupira: ils ne pouvaient pas continuer tout droit, ce qui indiquait également qu'il s'était trompé quelque part dans l'itinéraire.

- La droite me semble toujours la meilleure option, avança Lucas.

Son ami Peter acquiesça, suivi par Liam. Les deux filles, elles, ne semblaient pas convaincues.

- Je prendrais plus le premier chemin de gauche, dit Heather, soutenue par sa sœur. C'est ce qui se rapproche le plus du chemin linéaire.

- Excuse moi, Heather, mais j'ai un bien meilleur sens de l'orientation que toi. Compte tenu de la route qu'on a empruntés avant, c'est à droite qu'il faut aller.

Les deux sœurs voulurent répliquer, mais se stoppèrent de façon synchronisée juste avant. Tendant l'oreille, elles se tournèrent en direction du premier couloir de gauche, celui qu'elles avaient proposé de prendre.

- Il se passe quelque chose là bas, dit Andromeda. Un combat.

La Résistance se trouvait également à cet étage, mais à l'autre bout, dans l'aile sud.

- Je n'entend rien, dit Liam en haussant les épaules. Tu es sûre?

La rose acquiesça. Puis d'un nouveau geste synchronisé, elle et sa sœur sursautèrent.

- Salem, est-ce que la Résistance est venue armée de pistolets? Demanda Andromeda.

- Non, répondit-il, pourquoi?

- Parce que j'entend des coups de feu. Beaucoup de coups de feu.

Salem fronça les sourcils.

- Comment pouvez-vous entendre à une si grande distance?

Elles hésitèrent à répondre.

- Notre mère était une elfe, dit Heather. On a hérité de son ouïe sur-développée.

Les sœurs n'aimaient pas parler de leur mère depuis sa mort, quelques années plus tôt. Elles restaient plutôt transparentes et très vagues sur le sujet quand on leur posait des questions. Cependant, quelques fois, il était nécessaire d'y répondre.

Nouveau sursaut de leur part. Cette fois-ci, elles s'élancèrent à travers le couloir de gauche en courant, suivant ce que leur indiquait leur instinct. Le reste du groupe n'attendit pas plus longtemps pour s'élancer à leur suite, leurs capes – et la veste de Madrigan de Salem - s'envolèrent dans leur dos.

Andromeda et Heather ne se fiaient plus qu'à leur ouïe pour se guider à travers les couloirs. Elles enchaînaient les intersections, courraient sans s'arrêter et ne prêtaient plus attention à ce qui les entouraient. Bientôt, elles changèrent d'aile pour arriver dans l'aile ouest, puis au bout de quelques minutes, parvinrent à l'aile sud, les autres magiciens sur leurs traces.

Ces derniers entendaient maintenant très distinctement les coups de feu et les bruits de bagarre. Ils n'étaient pas nombreux, indiquant que le combat touchait à sa fin, mais perduraient tout de même à un rythme qui se voulait assez régulier.

Le groupe arriva jusqu'à un grand dortoir pouvant contenir une bonne vingtaine de personnes. A l'intérieur, des séries de cadavres étaient alignées par terre, et quelques survivants, toujours debout, continuaient à se battre. La Résistance semblait être moins nombreuse avec ses trois personnes restantes.

Il ne fallut qu'une seconde avant que les magiciens ne prennent part aux hostilités, et quelques minutes avant que les six opposants restant ne soient éliminés.

Le dortoir était décoré de rouge. Des matelas jusqu'aux murs, des traînées de sang coulaient sur le sol, ternissant son éternel gris.

Une jeune femme s'avança vers les magiciens. Elle faisait partie des trois survivants. Quoi qu'un peu sonnée et légèrement blessée, elle semblait tout de même tenir le choc.

- Merci de votre aide, dit-elle à l'intention de Salem, qui avait fait le gros du travail pour éviter que les plus jeunes n'aient à tuer. Sans votre intervention, je ne sais pas si nous aurions tenu le coup.

- C'est normal, dit le Madrigan.

La jeune femme porta son regard vers ses deux camarades. Ils étaient occupés à rassembler les corps qui gisaient toujours par terre.

- Combien étiez-vous? Demanda Salem.

- Douze, fit-elle, l'air plus sombre. Nous étions douze.

Les deux autres membres de la Résistance ne trouvèrent aucun survivant. Les pertes s'élevaient donc à neuf.

Seulement, le AMI était grand, et les opposants nombreux. Ailleurs, à d'autres étages, les victimes devaient également se multiplier.

Heather eut une pensée pour Eden. Est-ce qu'elle allait bien? Est-ce que le reste de l'Ombre allait bien? Et surtout, combien de morts auraient-ils sur les bras à l'arrivée?

◊

Les anciennes Alphas s'étaient retrouvées au sixième étage. L'équipe au complète, elles arboraient fièrement leurs tenues de combat. Tenues qu'elles avaient portées de nombreuses fois au cours de leurs missions.

Si l'Ombre et le Résistance parvenaient à récupérer le AMI, ces mission pourraient très bien reprendre bien plus tôt que prévu. Car en réalité, cette routine leur manquait. Elles avaient pris l'habitude de se retrouver et de s'entraîner ensemble, de se croiser dans les couloirs, parfois par pur hasard, parfois parce qu'elles ressentaient le besoin de se voir. Elles étaient prêtes à gagner, peu importe les opposants qui croiseraient leur chemin.

Cependant, leur surprise avait été totale lorsqu'elle s'étaient retrouvées en face à face avec l'équipe Delta. Equipe qui faisait partie intégrante des traîtres.

Les Alphas avaient toujours fait partie de l'élite, et les Deltas, eux, étaient classés pire équipe de l'association depuis leurs débuts. Les Alphas étaient composées entièrement de filles, et les Deltas de garçons. Les uns se battaient pour prendre le AMI, et les autres pour le garder. Toujours en parfaite opposition.

Synetelle, furieuse, se jeta sur son camarade capitaine. Il n'en fallut pas plus aux autres filles pour se lancer dans le combat.

Alicia et Framboise, fidèles à elles-mêmes, restaient ensemble, pendant que Cynthia utilisait ses capacités de vampires et Kyllie se chargeait du sous capitaine, son alter-ego.

Les Deltas avaient beau avoir progressé, ils étaient toujours aussi médiocres comparés aux Alphas. Elles auraient vite fait de se débarrasser d'eux.

Synetelle regretta de ne pas avoir attaché ses cheveux. Cela faisait plusieurs années qu'elle ne les avait pas coupés, si bien qu'ils lui arrivaient désormais en bas du dos. Plutôt gênant lorsqu'elle se retrouvait à faire des mouvements amples et que des mèches rousses venaient lui obstruer la vue.

Le capitaine des Deltas prit la situation à son avantage. Il attrapa sa chevelure d'une main, et tira dessus en essayant de faire tomber Synetelle. La magicienne pencha fortement en avant, mais réussit à rester debout.

- Alors, on fait moins la maligne maintenant, mademoiselle Somerhalter.

Synetelle lui jeta un regard noir, puis dégaina un poignard de sa ceinture.

- Tu peux les garder, je n'en ai pas besoin.

Elle trancha ses cheveux cheveux d'un geste vif tout en se retournant, pour ensuite donner un coup pied dans le ventre du capitaine, surpris par sa réaction.

- Qu'est-ce que tu croyais? Demanda-t-elle. C'est pas quelques centimètres de cheveux en moins qui vont changer ma vie.

Synetelle porta la main à son cou et fit apparaitre son sceptre, l'abattant sur la tête du capitaine une fois, puis deux, puis trois, jusqu'à ce que son visage soit couvert de sang.

Les autres se regroupaient déjà. Kyllie avait un coupure superficielle sur le bras, mais rien de très grave. Alicia et Framboise, elles, n'avaient rien du tout. C'était Cynthia qui était couverte de sang, du bas de son visage jusque sur le haut de sa robe, d'où quelques gouttes tombaient par terre. Elle devait avoir mordu quelques ennemis.

- Qu'est-ce qui est arrivé à tes cheveux? Demanda Kyllie.

Synetelle haussa les épaules. Ses cheveux étaient désormais assez courts, lui arrivant au niveau des épaules. Un côté était plus long que l'autre, et quelques mèches étaient restées intactes. La rousse décida d'égaliser le tout du mieux possible à l'aide de sous couteau. Ce n'était pas parfait du tout, mais elle n'en avait rien à faire. D'une certaine façon, avec ce changement, elle avait l'impression de retourner plusieurs années en arrière, quand tout était encore beaucoup trop simple.

◊

Les lumières s'éteignirent d'un coup, laissant le couloir dans une obscurité presque totale. Violette fonça sur Elena, qui s'était arrêtée brusquement.

- Qu'est-ce qui se passe? Demanda Willelhmina, portant la main au sabre accroché à son dos.

Jefferson s'entoura d'un halo blanc, illuminant légèrement le couloir. Rapidement, les jumeaux Edrae-Navitski l'imitèrent, et des petites sphères couleur améthyste s'élevèrent autour des Magiciens Seconds.

Le reste du groupe – a l'exception de Célèste – se trouvait au neuvième étage du AMI, au niveau des dortoirs des agents techniques. Il n'y avait pas de fenêtres là où ils se situaient, en plein milieu de l'aile nord. La soudaine coupure de courant était également un mystère. Connaissant l'infrastructure du AMI, ce genre d'incidents ne devaient jamais, ou presque, se produire.

- Ils ont coupé de façon volontaire, conclut Jefferson.

- Je suppose donc que nous ne sommes pas seuls, avança Lanehaërt.

Une épaisse fumée blanche s'éleva telle un brouillard depuis le sol pour entourer leurs chevilles, montant rapidement jusqu'à leurs visages, les empêchant de voir à plus d'un mètre. Avec en prime l'absence de courant toujours d'actualité, les magiciens avaient l'impression de se trouver dans un lieu confiné où la lumière ne passait pas. Ils finirent par tous s'entourer d'un halo, leur permettant de se situer les uns les autres en fonction de leur courant magique.

- Je suis la seule a qui les yeux brûlent? Demanda Kathleen en les frottant.

- Non, lui répondit Jefferson, rapidement suivi par Violette et Willelhmina, soit les Lysiriens du groupe.

Les trois restants – des Madrigans – ne sentaient rien du tout. Ils commencèrent à se questionner quand à la composition de la fumée qui les entourait.

- Je ne vois plus rien, dit Willelhmina, les mains devant les yeux.

- C'est de la fumée anti-Lysiriens, lâcha Elena. Il faut en sortir tout de suite.

Les Lysiriens avaient pour caractéristiques d'avoir des yeux très fragiles. Certaines lumières et certains composés chimiques pouvaient les rendre aveugles quelques temps, voire définitivement.

Les Madrigans guidèrent les actuels non-voyants à travers les couloirs. Seulement, plus ils avançaient, plus ils avaient l'impression que la fumée avait envahi l'aile entière.

- Il n'y a pas un moyen de la faire disparaître? Demanda Jefferson en se frottant les yeux.

- Malheureusement, non, dit Elena. J'en ai déjà vu à l'oeuvre pendant le court laps de temps où j'ai travaillé pour les laboratoires. Il faut simplement en sortir, il n'y a pas d'autre solution.

Les magiciens s'activèrent un peu plus.

Les lumières se rallumèrent d'un coup, éblouissant ceux qui avaient encore la capacité de voir. La fumée se dissipa également, laissant le couloir parfaitement dégagé.

Lanehäden fit un signe à sa sœur. Lanehaërt porta aussitôt son regard vers l'endroit qu'il indiquait.

- On va avoir de la compagnie, dit-elle aux autres. Votre vue est revenue?

Les Lysiriens, yeux grands ouverts posés dans le vide, répondirent par la négative.

- Très bien, on va donc devoir se débrouiller à trois. Elena, tu te sens prête?

Le jeune fille hocha la tête, replaçant bien sa veste de Madrigan bordeaux d'un geste bref.

Au loin, cinq personnes s'approchaient d'un pas assuré, armes en main. Les deux premiers faisaient tournoyer des sabres qui fendaient l'air dans un sifflement aigu, deux autres avaient une multitude de couteaux accrochés à leurs bras, jambes et abdomens, et le dernier possédait un gigantesque arc métallique.

Elena se figea à sa vue: Ronan, l'un des employés des laboratoires avec qui elle avait dû collaborer un temps. Il tenait fermement son arme, ses cheveux blonds ramenés en arrière. Lorsqu'il croisa le regard d'Elena, il lui lança un sourire mesquin, créant une flèche de magie noire dans sa main.

Lanehaërt et Lanehäden étaient déjà lancés dans la bataille, montrant toute l'étendue de leurs talents. Alors que son frère utilisait son essence magique, exposant aux ennemis leurs plus grandes peurs, Lanehaërt s'occupait de leur régler leur compte avant qu'ils ne reprennent leurs esprits. Elle donnait des coups de pieds circulaires, se baissait et se relevait aussitôt, s'élançant dans les airs pour se réceptionner sur ses mains dans un mouvement précis, rapide, et gracieux, telle une gymnaste professionnelle.

Elena était plus effacée dans ce combat. Elle se contentait de tenir les aveugles temporaires à distance des assaillants pendant que les jumeaux s'occupaient d'eux. En soit, ce n'était pas compliqué. Elle arrêtait les flèches envoyées par Ronan avant qu'elles ne puissent atteindre leur cible à coup d'éclairs bruns, érigeant des champs de force protecteurs rapidement brisés lorsque leur nombre devenait trop important.

Les jumeaux avaient déjà eu deux ennemis sur les quatre en face d'eux. Lanehaërt indiqua d'un geste de la main à son frère qu'elle s'occupait d'eux pour qu'il puisse se charger de Ronan, seul de son côté. Il commençait à être problématique avec ses flèches, envoyées à un rythme un peu trop soutenu.

Lanehäden se servit de son essence magique sur lui dans l'espoir de le faire perdre pied un court instant. Il ne parvint à rien. Ronan tenait fermement son arc, le pointant désormais en sa direction, aucune expression sur le visage. Pourtant, le Madrigan aurait juré le voir se crisper une fraction de seconde. Un laps de temps cependant trop court pour qu'il puisse s'en servir à son avantage.

Elena put respirer un instant. Une partie de son énergie avait fondue comme neige au soleil.

- Tout se passe bien? Demanda Kathleen.

- Ça va, lui dit Elena. Les jumeaux se chargent de beaucoup. Votre vue revient?

- Peu à peu. Je commence à entrevoir les couleurs de façon floue.

Il y eut un bruit sourd. Lanehaërt venait de plaquer le dernier ennemi en face d'elle sur le mur d'un coup de pied, et le maintenait dans cette position, sa sandale appuyant contre la gorge de l'homme qui n'avait plus la possibilité de respirer. Elle relâcha un peu la pression, suffisamment pour que l'homme puisse inspirer un peu d'air. A ce moment, elle envoya des particules de magie rouge devant sa bouche. Il les inhala, et sa respiration devint aussitôt sifflante et de plus en plus difficile. Ses yeux se révulsèrent et la Madrigane retira son pied, le laissant glisser au sol comme une poupée de chiffon.

Il ne restait plus que Ronan contre les jumeaux. Un combat dont l'issue était connue d'avance.

Les magiciens s'étaient déjà affrontés dans la maison des Vandeuvre, et leur réussite contre les ennemis avait été totale. Ce n'était pas un seul d'entre eux qui allait les mettre en déroute.

Pourtant, Ronan semblait avoir fait une progression fulgurante depuis leur dernière rencontre: il esquivait les coup ou les arrêtait, envoyant des sorts sur les jumeaux quand l'occasion le lui permettait. Plus rien ne semblait vouloir l'arrêter.

Lanehaërt tentait d'établir un dialogue silencieux avec son frère. Sa surdité les obligeaient à communiquer soit par télépathie – ce qui n'était pas propice dans le cas présent – soit pas un langage de signes qu'ils avaient développés ensemble. Les mouvements brusques qu'ils devaient cependant effectuer ne les aidaient pas dans leur tâche.

- Ils se battent toujours? Demanda Jefferson à Elena, juste devant lui.

- Oui. Ils s'attaquent à un employé des laboratoires. Un employé très entraîné.

Puis tout se passa très rapidement. D'un coup, Ronan disparut et réapparut un mètre plus loin, ramassant un couteau appartenant à l'un de ses camarades morts. Son plan avait sans doute été de se rendre invisible, mais par manque d'énergie, il n'avait eu la possibilité de le faire que pendant une petite seconde, ressemblant ainsi à une lampe torche à court de batterie.

Lanehaërt et Lanehäden ne perdirent pas de temps et fondirent sur lui, ne comptant pas le laisser s'échapper une nouvelle fois. Ronan, dans un dernier effort, se rendit invisible une seconde de plus. Lorsque son image revint, un mètre plus à droite, il envoya son couteau en direction de Jefferson, visant la tête. Une goutte de sueur perla sur son front, et il tomba à genoux, épuisé. Il avait fait de son mieux, il avait tout fait, mais les jumeaux étaient trop forts. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était essayer de viser le chef de l'Ombre tant qu'il en avait encore la possibilité.

Lanehaërt ramassa un sabre traînant par terre d'un geste fluide, et lui planta dans le dos. Ronan se crispa, puis tomba en avant, le regard vitreux. La Madrigane s'empressa alors de lever les yeux.

Le couteau n'avait pas atteint sa cible. Elena, en le voyant arriver, n'avait eu pour seul réflexe que de se jeter sur Jefferson. Elle n'avait pas eu le temps de faire plus, mais le résultat avait été concluant: il n'avait rien eu.

Jefferson rattrapa Elena lorsqu'elle lui tomba dessus. Il fit un pas en arrière, puis se stabilisa, essayant de la relever. Elle ne bougea pas. Le chef de l'Ombre, des mèches blanches tombant devant ses yeux, tenta d'y voir plus clair, mais tout ce qu'il parvenait à discerner était un tas de couleurs et de formes floues.

- Elena? L'appela-t-il.

La tête de la jeune femme était posée sur son torse, immobile. Ses jambes ne la portaient plus. Si Jefferson ne l'avait pas rattrapée, elle se serait sûrement effondrée. Il tenta de la secouer.

- Elena!

Elle ne répondait pas. Jefferson, aveugle, ne comprenait pas ce qui était en train de se passer. Le corps de la Madrigane glissa. Il tenta de la remonter.

L'une de ses mains atteint la base de sa nuque. Il toucha sans le vouloir un liquide chaud et visqueux. Ses sourcils se froncèrent. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre qu'il s'agissait de sang.

Il remonta sa main quelques centimètres plus haut, touchant un objet dur logé dans la base de sa nuque: un couteau.

Puis la réalité s'imposa à son esprit. Elena était morte.

- Lanehaërt! Appela-t-il.

La jeune femme accourut, comprenant également ce qui était en train de se passer.

- Merde, lâcha-t-elle.

Elle fit un tour rapide des formules de magie rouge qu'elle connaissait susceptibles de sauver la jeune femme. Aucune ne convenait. L'image des Magiciens Seconds d'Astras, morts sous ses yeux, revinrent la hanter.

- Pas encore!

Elle saisit Elena, retira la couteau logé dans sa nuque, et l'allongea au sol. Jefferson, lui, porta sa main devant ses yeux. S'il ne pouvait pas voir les formes, en revanche, les couleurs étaient bien distinctes, et le rouge écarlate tâchant l'une de ses mains tranchait avec la couleur blanche de sa peau.

- Qu'est-ce qui se passe? Demanda Violette, complètement perdue.

Lanehaërt resta le regard rivé sur la Madrigane allongée devant elle. Ses épais cheveux bruns formaient un halo autour de son visage, ses yeux oranges fixaient un point dans le vide, et sa peau mate devenait anormalement blanche.

- Elena est morte, dit Lanehaërt, ayant encore du mal à comprendre le sens de ses paroles.