Chapitre 22: Septembre (6)

À cette heure de la journée, il n'y avait plus grand monde dans les couloirs du lycée, hormis des agents d'entretien. Eloïse admettait que cela l'arrangeait, elle trouvait la situation assez gênante et désagréable comme ça. Victorien, qui la suivait sans rien dire, avait heureusement l'air d'humeur plutôt neutre, aujourd'hui. Il ne manquerait plus qu'elle ait à supporter ses foudres.

- C'est la salle juste là, annonça-t-elle alors qu'ils arrivèrent au deuxième étage.

Victorien toqua à la porte quand ils furent en face. M. Manent, le professeur de mathématiques d'Eloïse, leur ouvrit et les invita à entrer après les avoir salués. Il avait déplacé une table et des chaises à l'avant de la salle pour qu'ils puissent s'y asseoir, ce qu'ils firent quand ce leur fut proposé.

- Je suis ravi d'avoir pu obtenir un rendez-vous avec vous aussi vite, M. Aprehensen.

Le professeur déplaça son regard entre Eloïse et Victorien à la recherche de la moindre similitude entre eux. C'était peine perdue.

- Vous êtes son père ? se hasarda-t-il.

- Tuteur, corrigea Eloïse.

- Quelque chose comme ça, confirma Victorien.

M. Manent ne s'attarda pas sur le sujet en comprenant qu'il était sensible et se contenta de hocher la tête et de passer à la suite.

- Je pense que vous comprenez la raison pour laquelle j'ai demandé à vous rencontrer, dit-il.

- L'incident d'hier, oui, acquiesça Victorien.

- Le directeur, depuis que nous avons accepté des magiciens ici, a insisté pour que nous soyons intransigeants : la magie est interdite à l'intérieur de l'établissement, sauf cas particuliers. Tu comprends bien que l'utilisation que tu en as faite hier était problématique, Eloïse, surtout qu'elle a perturbé le cours.

L'intéressée hocha la tête, ennuyée. Elle lui avait pourtant expliqué qu'il s'agissait d'un accident et qu'elle n'avait pas souhaité que ça se produise. Il l'avait difficilement crue hier et elle doutait que ça change aujourd'hui.

M. Manent remarqua son air crispé et tenta d'apaiser la situation.

- Je ne dis pas ça pour t'enfoncer davantage, Eloïse. Si tu me dis que c'était involontaire, je veux bien te croire.

- Vous n'avez pas l'air très convaincu, répondit-elle.

- Comprend que c'est un peu compliqué, soupira-t-il. Je n'y connais rien en magie, mais je présume que ce n'est pas quelque chose qui se manifeste contre le gré de quelqu'un.

Il se tourna vers Victorien dans l'espoir d'obtenir une confirmation.

- Ce n'est normalement pas possible, admit le mage noir. Mais Eloïse a une tendance à attirer les phénomènes inexpliqués, alors je pars du principe qu'elle dit la vérité.

- Je vois.

Si la situation se résolvait aussi facilement, Eloïse trouverait presque ça trop beau.

- Je vais essayer de ne pas faire remonter l'incident, dans ce cas, dit le professeur. Si le directeur l'apprend, tu risques d'avoir de gros problèmes.

- Ah, ça... marmonna-t-elle.

Sachant qu'il n'avait pas voulu l'accepter ici à l'origine, il trouverait le premier prétexte venu pour la renvoyer. Pouvait-elle compter sur ses camarades de classe pour ne pas trop répandre ce qu'il s'était passé ?

- Il y a autre chose dont je voulais vous parler, reprit M. Manent.

- Ah ? s'étonna Eloïse. Comment ça ?

- Tu m'as rendu copie blanche à ton dernier devoir.

Victorien se tourna vers elle, interrogatif. Eloïse, de son côté, nageait dans l'incompréhension.

- ... Quel devoir ?

- Eh bien, celui de la semaine dernière, répondit le professeur.

- Est-ce que je dois m'inquiéter si j'en ai absolument aucun souvenir ?

Vu l'air soucieux de Victorien, la réponse était oui. M. Manent récupéra son sac, posé derrière lui, et en sortit un paquet de copies. Il fouilla à l'intérieur jusqu'à trouver la sienne et la lui tendit.

Dessus, il n'y avait rien d'autre que son nom, la date et l'intitulé. Il s'agissait bien de son écriture. Eloïse, sourcils froncés, ouvrit la copie pour y trouver le sujet, vide de toute annotation.

C'était la première fois qu'elle le lisait.

- J'ai décroché pendant une heure entière ? s'inquiéta-t-elle.

Cela voulait dire qu'hier n'était pas la première fois, mais qu'elle ne se rendait pas compte de ces épisodes. Qu'est-ce qui lui arrivait ?

- Il faut croire, s'excusa presque son professeur, parce que je t'assure que tu étais bien présente. Tu avais combien de moyenne en maths, l'année dernière ?

Qu'il ne s'imagine pas qu'Eloïse avait rendu copie blanche parce qu'elle était mauvaise dans la matière.

- Aux alentours de dix-neuf et demi, répondit-elle. J'étais première de classe. Rassurez-moi, je ne vais pas avoir zéro à ce devoir ?

- J'attendais de t'en parler pour décider de cette partie, avoua-t-il. Ça reste une copie blanche.

- Je ne peux pas le repasser ?

- Tu as eu autant de temps que tes camarades, ce qui serait injuste pour eux. Et tu connais déjà le sujet.

- Je ne me rappelle de rien !

Eloïse comprenait son raisonnement, mais elle estimait aussi être un cas particulier. Ses notes étaient importantes, puisque sans ça, son dossier scolaire était une véritable catastrophe, entre ses absences très, très nombreuses et son comportement pas toujours bien vu. Elle voulait changer ça au possible pour ses trois années de lycée, mais ça incluait de ne pas commencer l'année par un zéro pour copie blanche.

Elle se tourna vers Victorien dans l'espoir d'obtenir du soutien de sa part. Il n'avait pas l'air de vouloir intervenir, aussi elle l'implora du regard. Il retint un soupir d'agacement. Gérer ce genre de choses n'était pas sa tasse de thé.

- Ce n'est pas possible de ne pas compter la note ? demanda-t-il.

- Je peux le faire, mais ce sera juste pour cette fois, les prévint M. Manent.

- Merci, souffla Eloïse, rassurée.

Pitié, qu'elle n'ait pas d'autre moment d'absence pendant le prochain devoir. Ou au moins qu'il ne soit pas aussi long.

- N'hésitez pas à me prévenir, si jamais elle a de nouveau un comportement étrange, dit Victorien. J'aimerais si possible en comprendre l'origine.

- Je pense que c'est judicieux, en effet. Comme je l'ai dit, si ce genre de choses remonte aux oreilles du directeur, je ne garantis pas qu'il accepte de la garder en classe.

M. Manent demanda ensuite la façon dont il était supposé transmettre ces informations. Victorien répondit qu'un message serait suffisant. S'en suivit un échange sur comment les humains et les magiciens pouvaient communiquer avec leurs technologies différentes. Eloïse, qui sentit poindre un mal de crâne désagréable, décrocha et se frotta distraitement le front. Elle avait du mal à se concentrer.

Une main posée sur son épaule pour la secouer doucement la fit sursauter. Victorien l'observait avec préoccupation, et, à bien y réfléchir, son professeur principal aussi. Eloïse ne voyait pas bien pourquoi. Le mal de crâne était déjà passé et ce n'était pas comme si elle avait particulièrement souffert.

- Ça va ? demanda le mage noir.

- Oui, répondit-elle, pourquoi ?

- Je t'ai appelé trois fois. Tu n'as réagi que quand je t'ai secouée.

- Tu m'as appelée ?

Elle venait d'avoir un autre moment d'absence. Il ne manquait plus que ça. Est-ce que le mal de crâne soudain qu'elle avait ressenti était un indicatif ?

- Quelle est la dernière chose dont tu te souviens ? demanda Victorien.

- Tu expliquais comment communiquer avec toi.

- Ça fait plusieurs minutes que ce sujet est clos.

- Oh.

Pour elle, c'était comme s'il ne s'était écoulé qu'un instant. C'était assez déstabilisant. Surtout que comme cela avait été le cas pour son devoir de mathématiques, elle n'aurait pas remarqué le passage du temps si on ne lui avait pas notifié.

- Tu as dormi, cette nuit ? vérifia Victorien.

- Pour une fois, oui.

Ce qui signifiait que ce n'était pas lié. Le mage noir, dubitatif, cessa de poser des questions.

- Je vais vous laisser rentrer chez vous, annonça M. Manent. Tout a été dit et je ne veux pas vous accaparer plus longtemps, compte tenu de la situation.

- Je pense que ça vaut mieux, en effet, acquiesça Victorien.

Eloïse, mal à l'aise, se leva en même temps que les deux adultes. Victorien l'observa faire, comme si elle risquait de s'effondrer d'un instant à l'autre. Elle leva les yeux au ciel pour lui faire comprendre que c'était ridicule.

Elle n'était pas en sucre non plus.

Dès qu'ils furent dans le couloir et que M. Manent s'éloigna, le mage noir posa une main sur le front d'Eloïse, qui se recula par réflexe.

- Je vérifie juste qu'il n'y a rien d'anormal, détends-toi, marmonna-t-il.

- Tu as déjà fait ça hier et tu n'as rien trouvé, répliqua-t-elle.

- Sauf que là, on est directement après l'incident. J'en ai pour une minute, ce n'est pas la mer à boire.

Soit, si ça lui faisait plaisir, après tout. Eloïse resta immobile pendant qu'il effectua son analyse. Sans surprise, il finit par retirer sa main en indiquant qu'il n'avait rien trouvé cette fois encore.

Ils se mirent en mouvement pour quitter l'établissement.

- Qu'est-ce qui m'arrive ? soupira-t-elle.

- J'aimerais bien le savoir, répondit Victorien.

Eloïse voulait juste que cela cesse.

Synabella et Cara avaient le regard rivé sur leurs notes. Faces à elles, Miranda, Synetelle et Etan s'impatientaient. Cela faisait bien cinq minutes qu'ils attendaient en silence et cela devenait particulièrement inconfortable.

- Bon, marmonna Synetelle, vous avez fait vos recherches, ou pas ? J'ai refusé une affectation de mission pour vos conneries.

- Tu as un salaire mensuel, pas par mission, répliqua Miranda. Ne fais pas comme si ça allait te faire perdre de l'argent.

- J'ai des heures à remplir et tu le sais très bien. Ce n'est pas parce que tu as quitté le AMI et que tu oublié son fonctionnement.

- Tu trouveras le temps plus tard. Vu le climat actuel sur le continent, ce n'est pas les missions qui vont manquer.

Synabella les foudroya du regard et leur demanda de se taire pour qu'elle puisse se concentrer, ce qui ne plut pas du tout à Synetelle.

- Sérieusement, Synabella, ce sont tes propres recherches. Pourquoi tu as besoin de tout relire ?

- Peut-être parce que je n'ai pas eu le temps de le faire avant, répondit l'intéressée. J'ai dû rendre un service à mes parents, ce qui m'a pris une bonne partie de la nuit, donc j'ai fait au plus vite pour cette histoire de clé d'Anthropa. Tu t'en contenteras.

Sachant qu'aujourd'hui était l'un des rares jours où tout le monde pouvait être disponible, Synabella et Cara n'avaient eu d'autre choix que de s'adapter.

- Si tu n'avais pas oublié de me donner la relique, j'aurais pu m'en charger, dit Synetelle à l'intention d'Etan.

Le Lysirien retint tant bien que mal une grimace.

- Je me suis déjà excusé trois fois. De plus, je doute que tu parviennes à trouver autant d'informations que Synabella.

- Je suis une Gardienne des Clés, ce qui veut dire que j'ai une affinité particulière avec la magie contenue dans les reliques. Les recherches ne sont pas nécessaires si je comprends le fonctionnement de l'objet en le touchant.

Sauf que pour le moment, c'était Synabella qui gardait la clé dans sa main et qu'elle s'efforçait de les ignorer pour finir de lire. Elle était si rapide à passer d'une ligne à l'autre que Cara avait bien du mal à suivre le rythme et devait manquer la moitié des informations.

Miranda s'assit à même le parquet de la maison abandonnée du quartier Diamant, lassée. Elle, elle était là uniquement pour faire un compte rendu à Victorien, Ilyann et éventuellement Eloïse après. Autant dire qu'elle avait autant d'importance qu'une plante verte posée dans un coin.

Synabella releva vivement la tête, pas amusée du tout. Elle avait fini de lire.

- C'est officiel, déclara-t-elle en pliant agressivement ses notes, il n'y a rien là dedans sur comment utiliser la clé.

- Euh... Vraiment ? insista Etan, qui désespérait à vue d'œil.

- Je suppose qu'Anthropa voulait s'en servir elle-même. Pas besoin de faire un mode d'emploi, dans ce cas. Juste d'étaler la théorie en petits morceaux difficilement compréhensibles.

- Elle fait toujours ça, fit remarquer Cara.

Pour ses projets en tout cas. Tout ce qui était théorique était d'une longueur ahurissante.

- Oui, eh bien ça a un côté frustrant, répliqua Synabella. Maintenant, je me rappelle très bien pourquoi je ne lis presque rien concernant les projets qu'elle a réalisés.

- Peut-être parce que c'est barbant au possible, s'immisça Miranda.

- Donne-moi juste cette fichue clé et je vais te dire ce que je ressens, décréta Synetelle. On aurait perdu bien moins de temps en commençant par là.

Etan se passa une main sur le front, fatigué. Synabella, puisqu'elle n'avait pas d'autre option à part retourner à la pêche aux informations, céda à la demande de la magicienne et lui donna la relique. Synetelle s'en saisit et plissa les yeux pour se concentrer.

Ce fut sous l'œil dubitatif de ses camarades qu'elle la retourna délicatement entre ses doigts.

- Bizarre, commenta-t-elle.

- Je t'en prie, répliqua Miranda, développe.

- Les reliques que j'ai eu par le passé, j'arrive à sentir une sorte de point d'ancrage dessus. Là, non.

- Il va falloir que tu me donnes ta définition de point d'ancrage, fit remarquer Synabella, parce que je pense qu'on n'a pas la même.

Synetelle ramena la clé plus près de son visage.

- C'est quelque chose de difficile à décrire qui se dégage des reliques, expliqua-t-elle. Plus ou moins la surface avec laquelle la magie entre en contact avec le monde extérieur. Des fois c'est tout l'objet, des fois juste une petite partie.

- Donc tu es en train de me dire qu'il n'y en a pas.

- Oui.

- Est-ce que ça signifie que la clé ne peut pas être utilisée ?

- Techniquement, oui. Ou alors qu'il en manque une partie, celle avec le point d'ancrage.

- On va partir sur la deuxième option.

Sauf que cela les obligeait à retourner à la case départ, sans compter que Synabella venait de choisir la conclusion qui l'arrangeait le plus et non celle qui était vérifiée.

- Il n'y a vraiment rien dans tes notes concernant une possible deuxième partie ? demanda Etan.

- Non. Et c'est le document le plus détaillé sur cette clé que j'ai pu trouver.

- Si je peux me permettre, le texte qualifie la clé de réservoir... s'immisça Cara. Techniquement, ça pourrait vouloir dire que ce n'est qu'une partie d'un tout.

- Hm.

Synabella considéra cette possibilité et récupéra ses notes pour vérifier que Cara n'était pas complètement à côté de la plaque. Ses sourcils se froncèrent avant que le pli sur son front ne s'efface.

- C'est une interprétation possible, oui, et ce serait en accord avec l'expertise de Synetelle.

- Alors maintenant je suis une experte ? ironisa l'intéressée. Faudrait savoir.

- Si je voulais que tu fasses une réflexion sans la moindre pertinence, je te l'aurais demandé.

Miranda se racla la gorge pour qu'elles cessent de se s'insulter poliment, ce qui, étonnamment, fonctionna. Cela avait du bon, qu'elles soient concentrées sur la relique.

- Du coup, qu'est-ce qui pourrait servir de seconde partie, selon vous ? demanda Etan.

- Si Anthropa comptait l'utiliser elle-même, quelque chose qui lui appartenait, répondit Synabella.

- Jusque là, on est d'accord, approuva Synetelle. Mais j'ajouterais qu'il faudrait un objet qui puisse fonctionner comme une sorte d'antenne.

- Super. Ça limite grandement les possibilités.

Miranda posa son menton sur sa paume. Même si elle était loin d'être une experte sur le sujet, elle trouvait étrange qu'Anthropa n'ait pas fait de référence au supposé second objet nécessaire pour assurer le fonctionnement de la clé. Selon elle, cela signifiait que c'était quelque chose qui n'avait pas été construit pour l'occasion mais qui existait déjà et était considéré par Anthropa Holloway comme une évidence.

- Une arme de magicien légendaire ? tenta Cara.

- Peut-être, mais vu la taille de certaines, ça m'étonnerait, répliqua Synabella. Sans compte que ça ne va pas, au niveau de la temporalité, à moins qu'Anthropa en ait modifié certaines par la suite.

- Il me semble justement que ça a été le cas. Je crois avoir lu quelque chose sur le sujet un jour.

- Il faudra vérifier.

Miranda se décida à exposer la théorie qui venait de naître dans son esprit.

- Et une baguette d'Anthropa ? Pour elle, cela reviendrait à ne pas avoir de seconde partie, puisqu'elle en a besoin pour utiliser ses pouvoirs de toute façon.

Synetelle fronça les sourcils et jeta un nouveau regard vers la clé entre ses doigts. Synabella, elle, redressa la tête, intriguée.

- Ça, c'est ce que j'aime entendre, parce que ça me paraît tout à fait cohérent. Ça expliquerait pourquoi il n'y en avait aucune mention dans ses écrits.

- ... Elle a eu beaucoup de baguettes, fit remarquer Etan.

- Oui, et peut-être que toutes sont compatibles dans l'éventualité où une se casserait. Tu n'en sais rien.

Miranda supposait que la meilleure façon de le savoir était d'avoir certaines de ces baguettes sous les bras. Si elles fonctionnaient avec la clé, il devait y avoir un moyen de les connecter entre elles qui serait visible.

À bien y réfléchir, il n'y avait même pas besoin de les trouver pour vérifier la théorie. Cela restait des objets qui appartenaient au domaine public.

- Il n'y a pas de modèles 3D des baguettes ? demanda-t-elle. C'est le cas avec plusieurs reliques et il me semble que certaines baguettes d'Anthropa ont été exposées dans des musées pendant un temps.

- C'est le cas, confirma Synabella. Laisse-moi voir ça.

La magicienne sortit son téléphone, imitée par Cara, et toutes les deux partirent à la recherche de modèles en libre accès – impossible pour elles de pirater quoi que ce soit actuellement, alors elle essayaient d'abord la manière légale.

- J'en ai plusieurs, annonça Synabella. Il y a huit modèles de disponibles, sur le site que j'ai trouvé.

- Je crois qu'on a le même, répondit Cara.

Synabella s'assit sur le parquet et projeta l'écran de son téléphone sur le sol pour que tout le monde puisse voir la même chose qu'elle. Cara, Etan et Synetelle s'assirent à leur tour pour l'observer interagir avec le modèle 3D.

Les trois premiers, que Synabella retourna dans tous les sens, ne présentaient aucun signes particuliers. Le quatrième, par contre, avait une sorte de crevasse sur l'embout du manche de la baguette. Synetelle rapprocha la clé de la projection et la tourna pour voir si les deux pouvaient s'emboîter.

La réponse était oui.

- Bien vu, Miranda, commenta Synabella.

- Où est-ce qu'on peut trouver cette baguette ? demanda Etan.

- Je vais vérifier ça.

Synabella chercha sa référence sur le réseau, tout ça pour apprendre qu'elle avait été détruite dans un incendie quelques cinquante ans plus tôt.

- ... Pourquoi j'ai l'impression que dès qu'on se rapproche du but, on finit par s'en éloigner ? grommela Synetelle.

- Il reste des baguettes à analyser, argua Cara. D'autres peuvent être compatibles.

Synabella retourna immédiatement à ses modèles 3D. Après une expertise collective, ils conclurent que dans cette liste de huit, deux autres étaient compatibles.

La première, la plus connue, était faite de métal lumière – un alliage alchimique complexe à réaliser qui donnait au métal des reflets arc-en-ciel prononcés – et avait un proverbe lysirien gravé en spirale du manche jusqu'à la pointe. "Ada waen ji gatari yarsaleo, ji limahad rankteo sa ji yarsal nedaraskaye gli kerlot", ce qui signifiait "là où la raison échoue, le doute s'installe et l'erreur devient une certitude". Un morceau de pierre de lune était fixé sur la pointe.

La seconde, en revanche, était faite de bois sombre, sans doute de l'ébène, et était constellée d'éclats de pierre de lune. Les plus larges se trouvaient sur le bas de la baguette et rétrécissaient progressivement jusqu'à la pointe.

Les deux baguettes se trouvaient à la Cité. La première était placée dans la main d'une sculpture en métal lumière d'Adénora Calléor, sur la place centrale du quartier Lumineux. La seconde était apparemment en vente dans un magasin de reliques de luxe du quartier Argenté.

- Voler celle sur la place va être complexe, fit remarquer Etan.

- Si c'est juste une question de soudures, je peux régler le problème facilement, fit remarquer Miranda.

- Non, je voulais dire que c'est surveillé. Il y a bien des gens qui ont dû tenter de la voler par le passé.

- Ah. Oui, en effet.

- Le problème de la deuxième, ça va être le prix, commenta Synetelle. On parle d'un magasin de luxe.

- L'argent, je peux le trouver, répliqua Synabella.

Personne n'avait envie de savoir où et comment, à part Miranda, qui n'obtient pas de réponse, à sa grande déception.

- Dans ce cas, mieux vaut partir sur la deuxième pour le moment, décréta Etan. Je pense que ça va être plus simple.

Les autres donnèrent leur assentiment. Cependant, comme la boutique en question était fermée pour les prochains jours, il leur faudrait attendre un peu avant de poursuivre leurs investigations.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top