Chapitre 6: Avril (4)
Dès que l'occasion s'était présentée, Miranda avait contacté Jerome, le supérieur de l'équipe Alpha, pour discuter avec lui en tête à tête.
Voilà plusieurs semaines qu'elle nourrissait des doutes à son propos sur deux sujets. Avec le retour d'Eloïse, mieux valait les clarifier tout de suite, puisque s'ils venaient à être confirmés, Jerome se révélerait être un atout de taille dans la manche de l'Ombre.
Elle entra dans son bureau à l'heure convenue, non sans avoir toqué au préalable.
- Bonjour, dit-elle.
- Pile à l'heure, la salua Jerome. Installe-toi et dis-moi ce qui t'amènes.
Miranda s'assit sur la chaise qui faisait face au bureau du supérieur. Bien, elle n'allait pas passer pas quatre chemins.
- Je sais que ton vrai nom est Jerome Eoghan et non Jerome Avenski, déclara-t-elle.
- Tu... Excuse-moi ?
Jerome se mit immédiatement sur la défensive. Il se recula dans le dossier de sa chaise comme pour mieux la jauger.
- Calme-toi, ce n'est en aucun cas pour te porter préjudice, se justifia Miranda. J'ai juste besoin de confirmer certaines choses.
La mage noire n'était pas venue les mains vides, aussi elle sortit de sa poche plusieurs feuilles pliées en quatre et lui tendit la première pour qu'il la lise. Il s'agissait d'un document que Cristal avait trouvé avant son assassinat, au mois d'octobre. Jerome fut incapable de réfuter quoi que ce soit.
- J'ai changé de nom en 2006, oui, confirma-t-il, tendu. En quoi c'est important ?
- Avenski est un nom Madrigan.
- À l'origine, ce qui ne veut pas dire qu'il est porté exclusivement par des Madrigans.
- Justement, si, j'ai fait mes recherches. Aussi je vais te poser une question : est-ce que c'est toi qui a rejoint le AMI le 15 septembre 2006 ?
Jerome, déstabilisé, acquiesça néanmoins. Miranda, qui voyait l'une de ses intuitions se confirmer, lui tendit la seconde feuille en sa possession.
Il s'agissait d'une des lettres trouvées au Centre par Eloïse, qui indiquait qu'un Madrigan qui souhaitait rester anonyme avait rejoint le AMI à cette date précise.
- D'où tu sors ça ? l'interrogea Jerome.
- Ce n'est pas la question pour le moment, répondit Miranda. J'ai juste besoin d'une réponse de ta part.
Jerome poussa un soupir et se passa une main sur le front.
- Très bien, admit-il, je suis un Madrigan. Je n'ai aucune idée de pourquoi cette information est aussi importante pour toi, mais j'aimerais autant qu'elle ne se diffuse pas. Je n'ai pas passé autant d'années à le dissimuler pour que cela ressorte comme ça.
- Là n'était pas le but, lui assura Miranda. Je te l'ai dit, c'était juste une vérification avant d'enchaîner sur le sujet qui m'importe vraiment.
Si le AMI était contre eux, alors le fameux traître qu'il recherchait serait forcément du côté de l'Ombre, et sans doute pas exempt d'informations qui pourraient leur être utiles.
Depuis que Philéas avait fait cette supposition et qu'elle avait été relayée à toute l'Ombre, Miranda n'avait pu s'empêcher de voir en Jerome le traître. Elle n'en avait pas la certitude, mais c'était jusque là sa piste la plus plausible.
- Je soupçonne le AMI de te considérer comme un traître, annonça Miranda.
- Un traître ? répéta Jerome, pas convaincu. Traître de quoi ?
- C'est un peu complexe. Disons que le AMI a potentiellement des liens forts avec une organisation contre laquelle moi et d'autres magiciens nous battons. Or, si j'ai bien cerné leurs objectifs, tu en vas à l'encontre.
- D'accord, je comprends ton raisonnement, mais il va me falloir un peu plus que ça.
- Tu te rends forcément compte des choses qui se passent autour de toi, Jerome, insista Miranda. Les comportements suspects de certains agents et les assassinats qui ont eu lieu récemment, des fois au sein même du quartier général. Tu sais que ce n'est pas normal et que ça cache des choses.
Il hocha lentement la tête et tapota sur le bureau du bout de ses doigts.
- Je sais que le AMI est parfois louche et, oui, j'ai essayé d'enquêter dessus de mon côté, mais cela ne fait en aucun cas de moi un traître.
- Ça, tu n'en sais rien.
- Très bien. Et selon toi qu'est-ce que j'ai fait qui me classifie comme tel au yeux de ces gens ?
- Tu es l'un des seuls supérieurs qui prend totalement la défense d'Eloïse. Crois-moi, ça indique clairement que tu n'es pas de leur côté.
- Encore une fois, ça ne signifie pas que j'agis contre eux, simplement que je ne suis pas d'accord au traitement qu'ils lui réservent.
- Oh, mais je pense qu'ils n'en ont rien à faire, eux. Il suffit qu'ils aient vu que tu enquêtais sur les événements que tu trouvais étranges et que tu allais à l'encontre de leurs décisions pour qu'ils te perçoivent comme une menace. S'ils soupçonnent un traître, c'est que l'agent en question est haut-placé, autrement ils n'auraient pas eu à s'en inquiéter. Tu es le supérieur de l'équipe Alpha. Des échelons au dessus du tien, il y en a peu.
Pourtant, plus Miranda échangeait avec Jerome, moins elle était convaincue que ce soit lui. Il avait l'air très peu au courant des manigances entre le AMI et les laboratoires. Ou alors il jouait bien la comédie.
En revanche, cela ne voulait pas dire qu'il ne pourrait leur être d'aucune aide, plutôt le contraire. S'il n'était pas le traître, il pourrait agir discrètement pour le compte de l'Ombre, sans compter qu'en tant que supérieur, il avait accès à énormément de ressources. Miranda avait tout prévu.
- Tu as l'air d'en savoir bien plus que moi sur ce qui se trame dans l'ombre du AMI, déclara Jerome. En particulier au sujet d'Eloïse.
- Tu n'as pas idée.
- J'aimerais autant que tu m'en dises plus. Je dois admettre avoir accumulé beaucoup de questions au fil des ans.
Ah, ils arrivaient au moment fatidique. Miranda croisa les bras et les posa contre le métal du bureau pour mieux s'y appuyer.
- Avec plaisir, mais ces réponses ne viendront qu'en échange d'informations.
- Tu as dû comprendre que je n'en ai pas.
- Oui. Je ne te demande pas de les sortir de ton cerveau, je te demande d'aller les récolter pour moi.
Jerome fronça les sourcils. Ils s'aventuraient en terrain glissant.
- Autant te prévenir tout de suite, je ne sais pas ce que tu cherches, mais je préfère ne pas prendre de risques inutiles. Je suis presque sûr que c'est ce que tu me demandes.
- Non, je te demande de fouiller là où tu as accès en tant que supérieur, corrigea Miranda. Je veux des informations sur certains agents.
- Je ne veux pas participer à quelque lynchage que ce soit.
- Ce n'est pas dans cette optique.
Jerome n'était pas spécialement convaincu, mais il mit ses premières impressions de côté. Il devait admettre que l'obtention de réponses était alléchante et qu'il connaissait suffisamment Miranda pour lui accorder sa confiance, même si cet échange avait démarré du mauvais pied.
- Sur qui tu veux enquêter ? demanda-t-il.
- Synetelle, Framboise, Alicia, Canelle Milonavic de l'équipe Zéta, Raphaël Casareï de Béta, et ton collègue supérieur Althanaël Darendman.
Cette fois, Jerome était plus que confus.
- Pourquoi eux ?
- Passé trouble.
- Il va me falloir un peu plus que ça.
Miranda, qui avait prévu le coup, déplia l'une des dernières feuilles en sa possession pour la lui donner. Il s'agissait de l'un des documents signé par HR, qui parlait de la prétendue appartenance de Synetelle, Canelle, Raphaël et Althanaël à la famille royale de l'île d'Anataeme. Une chose qui ne leur avait jamais été signifiée malgré la politique du AMI concernant les magiciens sous leur tutelle : s'ils le pouvaient, ils devaient leur fournir tout ce qu'ils savaient à propos de leurs origines.
- D'où tu tiens ça ? demanda Jerome, suspicieux.
- Il était dans le dossier d'Eloïse, dans la salle des archives. Avant que tu demandes, non, je ne sais pas qui l'y a déposé. Il semblerait que certains agents se servaient de ce dossier comme moyen de communication.
- Quel est l'intérêt de faire ça ? N'importe qui aurait pu s'en emparer.
- Oui et non. Peu de personnes ont accès à la salle des archives et Eloïse avait deux dossiers sous des noms différents.
Jerome posa son menton sur ses mains jointes. Deux dossiers ? Il ne faisait qu'effleurer la surface, et pourtant, il avait déjà l'impression de ne plus rien comprendre.
Il laisserait la partie concernant Eloïse de côté pour le moment.
- Pourquoi Alicia et Framboise ? Elles ne sont pas cités dans la lettre.
- Elles viennent toutes les deux d'îles et sont arrivées ici dans les mêmes circonstances que Synetelle, selon leurs propos. Tu admettras qu'on peut se poser des questions.
- Je ne vais pas prétendre le contraire.
Si le AMI dissimulait des anomalies à la vue de tous, alors mettre la main dessus ne devait pas être une partie de plaisir.
- Écoute, Miranda, si le AMI cache des choses à leur sujet, contrairement à ce que tu a l'air de croire, je n'y aurais pas accès.
- Tu dois forcément avoir des moyens de t'en emparer.
- Et qui me dit qu'en apprenant le vérité, c'est ton point de vue que je vais rejoindre et non celui des gens à qui tu t'opposes ?
Miranda se pencha vers lui, le regard sérieux.
- Effectivement, Jerome, tu pourrais ensuite décider de te retourner contre nous et de faire remonter aux haut-placés du AMI les informations que je viens de te transmettre, ce qui pourrait nous mettre dans une situation délicate. Sauf que, si jamais cela venait à se produire, mes camarades et moi risquons de dévoiler à l'entièreté des agents que tu es un Madrigan. Tu as dit que tu voulais éviter que ça se produise, n'est-ce pas ?
- J'entends ton chantage, Miranda, mais ça ne répond pas à ma question.
- Crois-moi, tu ne les rejoindras pas. Tu as trop de bon sens pour ça.
C'était tout ce dont il avait besoin.
- Très bien. Lequel de mes collègues pourrait y avoir accès ?
- Sakura.
Aucune hésitation. À l'avenir, Jerome s'assurerait d'être plus attentif lorsqu'il serait en sa compagnie.
- Est-ce que tu peux, oui ou non, me rapporter ces informations ? insista Miranda.
Jerome ne savait pas s'il le regretterait à un moment donné où si tout cela finirait par lui porter préjudice, mais il donna son approbation. Quoi que le AMI cache, il comptait bien le découvrir.
Et, pour être tout à fait honnête, il avait déjà un plan pour récupérer ce que voulait Miranda.
◊
Jerome avait certes accès à plus de ressources qu'un agent technique classique, mais cela ne voulait en aucun cas dire que tout lui tombait tout cuit entre les mains. En l'occurrence, concernant les demandes de Miranda, cela impliquait de prendre des décisions pour le moins douteuses.
Ce furent sa curiosité grandissante et la perspective d'obtenir des informations qui l'encouragèrent à aller au bout de son plan.
Celui-ci reposait sur la manière dont fonctionnait la collecte des données de l'organisation.
La salle des archives du AMI contenait en réalité une version papier des données numériques en leur possession, qui servait de double au cas où leurs serveurs rencontreraient des problèmes techniques. Leur dernier souhait était de perdre l'intégralité de leur données pour des broutilles. Elle servait également aux agents techniques qui avaient besoin de les consulter mais n'avaient pas de droits d'accès très poussés.
Autrement dit, puisque les archives dématérialisées n'étaient disponibles qu'aux supérieurs haut-placés, il était facile d'y dissimuler des choses en toute impunité. Jerome, qui n'était pas assez gradé, savait exactement comment s'infiltrer dans le système.
Pour cela, il avait besoin de Julia.
La magicienne, qui détestait être en retard, toqua à la porte à l'heure exacte demandée par Jerome. Il vint lui ouvrir la porte et l'invita à s'avancer dans son bureau.
- Tu m'as dit que tu avais un problème technique, c'est ça ? s'enquit-elle.
- C'est ça, confirma Jerome. Je pense qu'il y a un faux contact avec un câble de ma tablette.
- Je vais regarder ça.
Julia était un cas assez étrange. Elle qui avait le profil d'une agent technique, elle avait été placée dans l'équipe Alpha, où elle était de loin la plus âgée. En revanche, elle y était davantage pour s'occuper de la paperasse que pour combattre, puisqu'elle était rarement conviée en mission. Heureusement, puisque la magie de Julia était faible et, malgré son entraînement, ses capacités en combat étaient limitées.
Ce qui la faisait sortir du lot, c'était son essence magique : l'informatique au sens large.
Julia était capable de réparer n'importe quel objet électronique, puisqu'en le touchant, elle en comprenait la structure et le fonctionnement. Au delà de ça, elle savait faire de nombreuses choses comme défaire des encryptions, pirater des réseaux, et surtout, se connecter sur le compte de quelqu'un d'autre rien qu'en connaissant son nom.
Ce n'était pas la première fois que Jerome la convoquait pour régler ses problèmes techniques plutôt que de contacter le support du AMI. Elle ne se douterait de rien.
Julia saisit la tablette sur son bureau et posa les doigts sur le cadre métallique qui entourait l'écran translucide. Elle fronça les sourcils.
- Je ne sens pas de...
Elle se stoppa au milieu de sa phrase. Jerome posa une main à l'arrière de son crâne et récita une formule en Madrigan. Julia se crispa, surprise, avant que ses muscles ne se détendent et que son regard ne devienne vitreux.
Tant qu'il gardait le contact et ne relâchait pas son sortilège, Jerome la contrôlait. En revanche, il ne pourrait pas rester comme ça des heures durant.
Il faudrait faire vite.
- J'ai besoin que tu te connectes aux archives dématérialisées depuis le compte de Sakura Judrin, lui demanda-t-il. Et j'ai besoin qu'on ne puisse ni remonter la trace de cette tablette, ni le lieu de la connexion.
Les mains toujours agrippées sur le bord de la tablette, Julia n'eut même pas besoin de taper sur l'écran pour accéder à sa requête. Les images changèrent si vite qu'il fut impossible de comprendre précisément ce qui se passait, et ce jusqu'à ce que l'écran se fige sur la page de recherche des archives.
- Va voir le dossier de Synetelle Somerhalter.
Julia s'exécuta. En revanche, Sakura avait beau avoir les accès, le dossier trouvé n'en resta pas moins encrypté. Enfin, il le resta pendant quelques secondes supplémentaires, jusqu'à ce que Julia décide de le débloquer.
Toutes les informations au sujet de Synetelle collectées par le AMI s'affichèrent sous les yeux de Jerome. Une partie d'entre elles n'étaient pas répertoriées dans la salle des archives, comme avait supposé Miranda.
Jerome put y trouver le lieu exact ainsi que la date et l'heure de naissance de Synetelle, mais aussi le nom de ses parents biologiques. Ceci, mais aussi ses frères et sœurs, qui n'étaient autre que Canelle, Raphaël et Althanaël. Tous de sang royal.
En tout cas, ils l'étaient à une époque. L'île d'Anataeme n'était plus dirigée par ces gens depuis bien longtemps.
Jerome, de plus en plus suspicieux, chercha les raisons de ce transfert vers le continent d'Eole. Il ne trouva qu'une vague histoire d'argent, ce qui lui laissa supposer qu'un arrangement avait été passé entre le AMI et les parents des magiciens. Le reste du document contenait les mêmes informations qu'il avait déjà en sa possession.
Il se décida à passer aux dossiers suivants, concernant Canelle, Raphaël et Althanaël. Sans surprise, il y trouva un contenu similaire à celui de Synetelle, à la différence près que pour eux, une partie de leur mémoire avait été effacée pour les débarrasser de toute trace de leurs origines. Il était vrai que Synetelle était la seule qui était au courant de son ascendance véritable. Les trois autres supposaient tous être originaire du continent d'Eole. Sans doute un moyen de brouiller les pistes.
Celui dont la mémoire avait été la plus altérée était Althanaël, puisqu'il était le plus âgé. Cinq ans de sa vie avaient été rayés de la carte. Jerome était au courant pour son amnésie, étant donné que le magicien était son collègue qui gérait l'équipe Béta, mais n'aurait jamais cru que le AMI puisse en être le responsable.
Pourquoi l'organisation avait-elle voulu récupérer ces magiciens ? Hormis leur ascendance royale, qu'avaient-ils de spécial ?
- Tu peux aller sur les dossiers de Framboise Cartier et Alicia Rose, s'il te plaît ? demanda-t-il à Julia.
La fatigue liée au sortilège le gagnait, mais il avait une dernière chose à vérifier.
L'image devant leurs yeux changea pour afficher à gauche le visage de Framboise, et à droite celui d'Alicia. Julia fit défiler la page pour que le texte se retrouve au centre de l'écran. Jerome s'attarda sur les premiers paragraphes de leurs dossiers davantage que sur le reste, puisque c'était là que les éléments intéressants étaient situés. La conclusion fut simple à établir.
Miranda avait eu raison de se méfier. Framboise et Alicia, l'une originaire de l'île de Hulion et l'autre de l'île de Sastial-Venira, semblaient être arrivées au AMI sur la base d'arrangements similaires.
Or, selon ce qui était inscrit, elles aussi faisaient partie de familles royales.
Le AMI avait définitivement un attrait spécifique.
Jerome se pencha pour récupérer une clé USB abandonnée dans un pot à crayon sur son bureau, le tout sans couper le contact avec Julia. Il la brancha à la tablette et lui demanda de stocker tous les documents qu'ils venaient d'inspecter dedans. En quelques instants à peine, Julia eut terminé.
Jerome, qui avait obtenu tout ce qu'il voulait, glissa la clé USB dans sa poche, coupa court au sortilège, puis retira sa main de la nuque de la magicienne. Eh bien, aussi bien pour des raison éthiques que physiques, il ne ferait pas ça tous les jours.
Il retint un bâillement tandis que Julia clignait furieusement des yeux, la tablette toujours au creux des mains.
- Euh... J'ai loupé un épisode ? s'étonna-t-elle.
- Tu viens juste de réparer ma tablette, lui répondit Jerome. De quoi tu parles ?
Julia, confuse, reposa délicatement l'objet entre ses mains sur le bureau et se frotta le front.
- Tout va bien ? s'assura Jerome.
- Je ne sais pas, j'ai une sensation étrange, répondit Julia. Un peu comme si je venais de me réveiller.
- C'est étrange. Tu veux que je t'emmène à l'infirmerie ?
Julia hésita avant d'acquiescer.
Jerome espérait que, même si Miranda et ses camarades lui fournissaient des réponses, ils ne viendraient pas le solliciter trop souvent.
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