Chapitre 40: Février (7)

Les plaines emplies de ruines à l'est du Désert Blanc s'étendaient à perte de vue devant Eloïse, dont les cheveux étaient rabattus vers l'arrière par le vent. Cette fois, grâce au sortilège que le Seigneur des Ombres lui avait lancé, elle comprit tout de suite qu'il s'agissait d'un rêve.

Elle ne s'était pas évanouie à cause du manque d'énergie comme elle l'avait d'abord supposé, même bien parce que Caleb était intervenu d'une façon ou d'une autre. Les sortilèges l'avaient épuisée plus que de raison – c'était d'ailleurs inhabituel qu'elle se retrouve dans un pareil état, mais sa santé ces derniers temps se détériorait – mais pas au point d'avoir autant d'effet.

Comme les fois précédentes, Caleb apparut à ses côtés un battement de cil plus tard. Ses longs cheveux clairs flottaient derrière lui tandis qu'il la surplombait d'au moins une tête.

- Pourquoi vous faites ça ? lui demanda Eloïse.

- Ah, tu es consciente. C'est bien. Victorien t'a lancé un sortilège, n'est-ce pas ?

- Vous n'avez pas répondu à ma question.

- Je le fais pour pouvoir te parler. Rien de plus.

- Et vous pensez que je vais vous croire ? Je dois vous rappeler l'incident du quartier Doré ?

Le visage de Caleb s'assombrit.

- Je n'étais pas au courant de ça, se justifia-t-il.

- C'est vous qui m'avez prévenue !

- Je savais qu'il allait se passer quelque chose, se corrigea-t-il, pas que ce serait ça.

Eloïse croisa les bras. Il avait intérêt à donner plus de détails. Ce n'était pas un sujet à prendre à la légère. Il y avait eu des morts.

- Où est-ce que vous avez obtenu l'information ?

- Un contact. Je ne peux pas t'en dire beaucoup plus.

- Pourquoi vous n'avez prévenu que moi ?

- Parce que mon but premier est de te garder en sécurité.

- Ben voyons.

Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ? Elle lui tirerait les vers du nez après en avoir terminé avec cette histoire de quartier Doré.

- Vous auriez dû prévenir quelqu'un, insista-t-elle. L'incident aurait pu être empêché.

- Personne ne m'aurait écouté, répondit Caleb. Ce n'était qu'une information sans aucun fondement. Tu dois le savoir, autrement, je suppose que tu t'en serais chargée toi-même.

Bon, il marquait un point. Eloïse se renfrogna.

- Autre chose ? s'enquit Caleb.

- Pourquoi votre but premier est-il de me protéger ?

- Si je t'expliquais tout, il n'y aurait plus aucun mystère.

- Je n'aime pas le mystère.

- Je m'excuse, Eloïse, mais je ne peux pas t'en parler.

Il avait l'air sincère. Bon, Eloïse ferait sans cette fois-ci – elle n'avait pas tellement le choix – mais ne lâcherait pas le morceau. Si Caleb continuait à la tirer dans des rêves, elle lui réclamerait les réponses qui lui étaient dues.

Le Phébéien s'avança dans l'étendue verte et, après s'être arrêté à proximité d'une statue de magicien ailée à moitié enfoncée dans le sol, se retourna pour l'attendre.

- Vous voulez vraiment que je vous suive ? s'agaça Eloïse.

- C'est un rêve et non la réalité. Les déplacements sont subjectifs.

- Oui, bon, d'accord, marmonna-t-elle en le rejoignant.

Dans ce cas, elle ne voyait pas trop l'intérêt de marcher, mais soit.

- Si vous pouviez trouver un autre moyen de communication, ce serait aimable, parce que je déteste celui-là, ajouta-t-elle.

- J'y penserais, répondit Caleb, amusé.

Il posa une main sur son épaule, ce qui la fit sursauter. Tout ceci avait beau ne pas être la réalité, les sensations qu'elle ressentait étaient les mêmes. Elle comptait lui demander ce qu'il faisait quand le décors changea brusquement. Les plaines furent remplacées par de larges dalles de pierre gris clair et les statues brisées se transformèrent en bâtiments qui s'élevaient sur une vingtaine d'étages. Caméone, la cité où tout le monde se sentait minuscule, ici totalement déserte. Eloïse n'y avait mis les pieds qu'une seule fois, pour une mission du AMI.

- Qu'est-ce qu'on fait ici ? demanda-t-elle. Où est-ce qu'on va ?

- Tu verras, répondit Caleb.

Il la lâcha et entreprit de remonter la large allée. Avec la taille de ses jambes, il eut vite faire de la semer et Eloïse dut courir pour retourner à son niveau. Ses pas résonnèrent dans le silence ambiant.

- Pourquoi on marche ? On peut littéralement se téléporter où on veut.

- Pour l'effet dramatique, plaisanta-t-il.

- Vous avez mangé un clown, vous, grommela-t-elle.

Il ne comprit pas la remarque, mais n'y fit pas plus attention que ça.

Caleb après avoir tourné à la rue suivante, s'engagea sur un escalier qui menait vers un parc aérien. Eloïse ne comprenait pas pourquoi les espaces verts étaient eux aussi en hauteur, mais la cité avait été construite plus de deux millénaires auparavant, alors ce serait difficile d'aller questionner les architectes qui avaient travaillé dessus.

Ils parvinrent en haut des marches. Des barrières de bois sculptées protégeaient le bord du parc des chutes éventuelles, même si Eloïse supposait que plusieurs sortilèges venaient compléter la protection.

En revanche, elle avait l'impression d'avoir déjà vu ce parc quelque part. Vu le peu qu'elle connaissait de Caméone, c'était étonnant.

- Est-ce que tu connais la légende du sceptre de Valiammée Astrada ? lui demanda Caleb.

- Elle l'a planté dans le sol de Caméone pour protéger la cité des attaques ennemies pendant la grande guerre, oui. Ça lui a valu le titre de magicienne légendaire.

Oh. Maintenant elle comprenait où elle avait déjà aperçu ce parc.

- Je suppose qu'on va voir le sceptre, avança-t-elle.

- Tu supposes bien. J'espère que ça ne t'ennuie pas.

- Votre méthode de communication qui consiste à me faire dormir m'agace, mais maintenant qu'on y est, autant aller jusqu'au bout.

- Ce ne sera pas long, promit-il.

Ils traversèrent une étendue boisée qui les mena jusqu'à une clairière totalement dégagée. Un cercle d'herbe haute, délimitée par des cailloux de tailles de formes différentes, laissait entrevoir le long sceptre, enfoncé en son centre. Des plantes grimpantes s'étaient enroulées autour du manche de métal, mais en dehors de ça, le temps ne semblait avoir eu aucune emprise dessus.

Le sceptre, plus grand qu'elle, était composé d'un croissant de lune en son bout, relié au manche par une sorte de croix qui se terminait en pointes. Sur celle qui s'élevait vers le ciel était accrochée une étoile à onze branche, creuse en son centre. Le manche était couvert d'éclats de cristaux dont le bleu violacé ressortait sur le gris luisant du métal. Des veines de métal le parcouraient de haut en bas dans des entrelacs qui reflétaient la lumière du jour. Il n'y avait pas à dire, cette relique avait beau avoir 2000 ans, elle paraissait intemporelle.

Eloïse savait que selon les lois de Caméone, il était interdit de passer au delà du cercle de pierres. Le lieu était considéré comme sacré.

- Les légendes racontent que Valiammée Astrada, lorsqu'elle a lancé le sortilège qui a protégé Caméone et causé sa perte, a enfermé une partie de son âme dans son sceptre, dit Caleb.

- On m'en avait parlé. Ça me semble tiré par les cheveux. Enfin, la partie sur son âme, puisque le reste est une vérité historique.

- Les légendes ont toujours un fond de vérité, tu sais.

- Mouais.

Caleb se rapprocha du cercle jusqu'à s'arrêter devant la délimitation. Eloïse esquissa trois pas pour se poster à ses côtés. Elle ne voulait pas l'admettre, mais cette histoire commençait à l'intriguer.

- Une barrière magique empêche normalement quiconque de passer au delà des cailloux, expliqua-t-il, de même qu'un sortilège est posé sur le sceptre pour qu'il ne soit pas décollé du sol. Caméone travaille dur pour le conserver intact.

- Et donc ?

Après lui avoir renvoyé un regard amusé, Caleb enjamba le cercle de cailloux sans la moindre hésitation.

- Alors ceci est un rêve, par réellement Caméone. Il n'y a pas de sortilèges.

- Il n'y a pas de sceptre non plus, ajouta Eloïse.

- Perspicace. Ce qui veut dire que tu peux le prendre.

Il l'incita à s'avancer pour essayer. Eloïse, perplexe, resta campée sur ses positions.

- Pourquoi je ferais ça ? Quelle est la finalité ?

- Vivre de nouvelles expériences.

- Celles qui me tombent dessus ont tendance à ne pas être très plaisantes.

- Je te promets qu'il ne t'arrivera rien, rit Caleb.

Eloïse, après avoir poussé un soupir, traversa le cercle de cailloux et attrapa le sceptre par son manche. D'abord à une main, puis en ajoutant la seconde en comprenant que la relique ne bougeait pas. Elle eut beau y mettre toute sa force, elle ne parvint pas à la décrocher.

- ... Hein.

- Laisse-moi t'aider.

Caleb posa délicatement ses mains sur ses épaules. Aussitôt, Eloïse sentit la magie qui émanait de lui traverser son corps dans un contact électrisant. Il était vraiment, vraiment puissant. C'était presque étourdissant. C'était plus de pouvoirs qu'elle n'en avait utilisé plus tôt pour contacter Rory et le Seigneur des Ombres combinés.

Le Phébéien récita un sortilège dans la langue de son peuple, aussi Eloïse n'en comprit pas un traître mot. L'air vibra. Ce fut comme si le sceptre devint à la fois plus tangible et séparé de sa réalité. Elle grinça des dents quand la magie qui l'entourait devint presque brûlante.

Pourquoi Caleb en utilisait autant ?

- Réessaie, lui demanda-t-il d'une voix plus tendue.

- Je ne comprends pas pourquoi vous tenez tant à ce que décolle ce fichu sceptre comme si c'était Excalibur. Vous êtes autant Merlin que je suis Arthur, à savoir pas du tout.

- Tu parles un peu trop humain pour moi, s'excusa-t-il.

- Au moins vous voyez ce que ça fait de ne pas comprendre.

Il ne releva pas l'animosité dans sa voix et lui pressa doucement les épaules pour l'encourager à poursuivre son oeuvre. Eloïse inspira un bon coup, assura ses appuis sur ses jambes, puis tira. Derrière elle, Caleb continua à chuchoter des sortilèges qui densifiaient l'air comme si la gravité s'était accrue.

- Utilise ta magie Madrigane, conseilla-t-il.

- Comment vous...

- Tu as les gènes de Victorien, qui était en partie Madrigan. C'est une évidence.

Pas pour Eloïse. Elle invoqua sa propre magie au dessus de celle de Caleb, puis entreprit de changer sa forme Ancestrale en Madrigane comme elle l'avait autrefois fait avec Rory.

Le sceptre s'illumina. Du moins, les pierres qui le constellaient ainsi que les veines de verre se mirent à briller d'une vive lueur bleue.

La relique sortit du sol.

Eloïse, projetée en arrière par la force qu'elle avait déployée pour y parvenir, fut maintenue en place par Caleb. Les muscles de ses bras lui faisaient mal.

- Tu vois, quand tu veux, plaisanta-t-il.

- Je ne pensais pas que réaliser une action dans un rêve me demanderait tant d'efforts, maugréa-t-elle.

- C'est parce que ce n'en est pas exactement un.

Il la lâcha et sa magie se dissipa lentement. Eloïse, sourcils froncés et sceptre en main, se tourna pour lui faire face.

- Comment ça ?

- Le sceptre est à toi, répondit-il simplement.

- Il va me falloir plus de détails que ça. Surtout avec toute la magie que vous avez utilisé.

- Je n'ai rien de plus à t'expliquer, Eloïse. Si tu ne comprends pas, c'est parce que tu te refuses d'envisager la possibilité que le sceptre puisse réellement t'appartenir.

- C'est un rêve, martela-t-elle.

- Et personne n'a jamais dit que les rêves ne pouvaient pas être reliés à la réalité.

Non, il n'avait quand même pas fait ça. Eloïse serra davantage le manche du sceptre, qui avait totalement cessé de luire. Elle ne pouvait pas concevoir que le réel et l'illusoire puissent être ainsi entrelacés.

On ne lui avait jamais dit qu'il s'agissait d'une chose impossible à réaliser, mais c'était uniquement parce que la question ne s'était jamais posée.

Caleb lui adressa un sourire rassurant, comme s'il comprenait le tumulte qui prenait actuellement place dans son esprit.

- Pourquoi vous faites ça ? insista-t-elle. Pourquoi vous venez me voir en rêve sans m'en expliquer les raisons ?

- Je te l'ai dit plus tôt, je le fais dans le but de te protéger, répondit-il. Comme tu as dû le comprendre depuis tes débuts, tu es une magicienne pour le moins spéciale, Eloïse.

À la fin de son cours de sorcellerie, Eden se rendit voir son professeur, qui rangeait ses affaires avec application. Il était rare qu'elle souhaite lui parler ainsi, aussi il releva ses étranges yeux blancs cerclés de noir en sa direction, surpris. Eden n'osait pas trop l'admettre à quiconque, mais elle lui trouvait un certain de charme. Préférable à admirer de loin, bien entendu.

- Mademoiselle Samahel, vous avez un problème ? demanda-t-il.

- Léger, admit-elle. J'ai endommagé ma baguette et je me demandais si vous n'auriez pas de quoi la réparer, même temporairement. Je suis raide niveau argent pour en racheter une ce mois-ci.

- Faites-moi voir ça.

Eden sortit sa baguette de l'étui accroché à sa ceinture d'uniforme. Enfin, il s'agissait de son ancienne et non de l'actuelle, mais comme les modèles étaient identiques, le professeur ne s'en rendrait pas compte.

- Ah, oui, elle est fêlée, dit-il. Attendez-moi ici, j'en ai pour quelques minutes. Le matériel est dans une autre salle.

- Pas de problème, je vous remercie !

Et, comme escompté, le professeur quitta la salle de cours déjà vide en laissant ses affaires en plan. Eden s'empressa de fouiller dans les poches de son sac à la recherche de la clé qui menait à son bureau.

Les professeurs de l'académie possédaient normalement des bureaux individuels où ils recevaient les élèves si nécessaire et entreposaient leur matériel de cours, mais la sorcellerie étant une matière mineure au sein de l'établissement à cause de la faible quantité de sorciers, les deux seuls professeurs qui l'enseignaient partageaient leur bureau. Idhyan Scremayeur, celui qu'Eden avait en cours, et Hayden Rivière, celle qui était soupçonnée par l'Ombre d'être en réalité HR.

Le plan était donc simple. Voler la clé à l'un pour enquêter sur l'autre.

Eden, après trois poches discrètement analysées, trouva le bien tant espéré. Elle la glissa dans l'étui de la baguette, remit le sac dans la position exacte où elle l'avait trouvée, puis attendit sagement le retour su professeur en faisant comme si de rien n'était.

Deux minutes plus tard, il pointa le bout de son nez, la baguette d'Eden intacte entre ses mains. Elle la récupéra, impressionnée par la qualité de la réparation. Si elle avait su, elle lui aurait confié plus tôt en n'en aurait pas acheté une nouvelle. Certes, elle prenait un premier prix, mais ce n'était pas donné pour autant.

- Merci encore, vous me sauvez la vie !

- Je vous en prie, répondit le professeur. Passez une bonne journée.

- De même.

Eden s'éclipsa en dehors de la salle, sourire aux lèvres. Encore une opération rondement menée. Elle retrouva Heather et Andromeda à l'extérieur du bâtiment de cours.

- Gagné, s'enthousiasma-t-elle.

- Je n'ai jamais douté de toi, répliqua Andromeda.

Eden lui tapota l'épaule avec satisfaction.

- On va se faire attraper, s'inquiéta Heather. On aurait dû se contenter des sortilèges de déverrouillage.

- Alors ça, ça signifiait le voyage à sens unique chez la directrice, contra Eden. Je suis presque sûr qu'ils ont des contre-sorts qui servent d'alarme sur les portes.

- Et moi je suis presque sûre que c'est un mythe de l'école.

- Je préfère voler une clé plutôt que de tester la validité de ta théorie, Heather.

Son amie fit la moue. Comme d'habitude, elle n'aimait pas se mouiller. Eden ne lui en voulait pas pour ça, loin de là, mais elle estimait que les mystères que l'Ombre devait percer allaient au delà de ce genre de considérations.

Les filles rejoignirent l'internat, où se trouvaient les bureaux. La plupart étaient au rez-de-chaussée, mais heureusement pour elles, celui de sorcellerie était au troisième et dernier étage du bâtiment. Il contenait également les chambres de professeurs, alors les élèves devaient avoir une bonne raison de s'y rendre s'ils voulaient éviter les problèmes. Cela voulait aussi dire qu'il y avait peu de passage, ce qui était tout à leur avantage.

Elles entrèrent dans l'internat et grimpèrent les escaliers. Le premier étage contenait les chambres de garçons, le deuxième celles de filles – ceux qui s'identifiaient comme un genre différent avaient le droit de s'installer là où ils se sentaient le plus à l'aise. Elles surveillèrent les alentours, et, quand la voie fut dégagée, s'aventurèrent au troisième et s'élancèrent discrètement jusqu'au bureau de sorcellerie. Tandis qu'Andromeda se préparait à faire le guet, Eden déverrouilla la porte aussi vite qu'elle fut et poussa Heather dans la pièce, avant de doucement refermer le battant derrière elle.

Bon, ça, c'était fait. Maintenant, la suite.

- J'en reviens pas qu'on fasse une telle chose, s'horrifia Heather.

- Il faut savoir faire des sacrifices pour le bien commun, répliqua Eden sur le ton de la plaisanterie.

- Si on nous attrape...

- Toujours prétendre que c'est un accident, crois-en mon expérience.

Heather fronça les sourcils. Son amie s'avança vers la partie gauche du bureau, qui appartenait à Hayden Rivière, comme en témoignaient les affaires que les filles l'avaient déjà vue transporter au détour d'un couloir.

- Tu veux leur dire que tu as accidentellement volé la clé du professeur Scremayeur et fouillé le bureau de sorcellerie sans le vouloir ?

- Sur un malentendu ça passe, argua Eden.

- Notre renvoi, en revanche, n'en sera pas un.

- Tais-toi et fouille, pauvre bougre.

Heather poussa un long soupir et rejoignit Eden dans sa quête d'informations.

Elle détestait ce qu'elle faisait, elle qui se pliait sagement aux règles, mais après avoir lu le contenu de la liste écrite par la fameuse HR, Heather n'avait pas pu rester sans rien faire. Non seulement son nom et celui de ses amis étaient dessus, mais également ceux de sa mère et de l'oncle d'Eden, dans la liste de magiciens morts. Si cette HR était effectivement responsable du meurtre de membres de leurs famille, et que Hayden Rivière se trouvait être cette personne, Heather voulait en avoir la preuve.

Mais elle eut beau fouiller où elle pouvait, elle ne trouva rien d'autre que des objets impersonnels et du matériel basique de sorcellerie. Or, le temps filait devant elles.

- Tu trouves quoi que ce soit ? demanda-t-elle à Eden.

- Pas encore. Et toi ?

- Rien. Tu sais, peut-être que la théorie d'Eloïse était fausse.

- Ou peut-être que la professeure Rivière couvre bien ses arrières. C'est ce que j'attendrais de la part d'une espionne.

- Tu me fatigues.

- Tant que ça ne te fais pas aller moins vite, ça ne me dérange pas.

Heather reprit son exploration, même si elle avais moins d'entrain avant. Eden, de son côté, mit la main sur une enveloppe soigneusement fermée et parcourant le contenu d'un agenda posé sur le coin du bureau partagé. Il y avait une inscription dessus qui retint l'attention d'Eden. Elle sortit son téléphone pour la prendre en photo. Au même moment, Andromeda toqua frénétiquement à la porte pour leur demander de sortir. Avec l'ouïe comme deuxième essence magique, elle entendait quiconque grimper l'escalier à distance.

Eden remit l'enveloppe où elle l'avait trouvée puis s'empressa de quitter la pièce, Heather sur les talons. Elle ferma la porte à clé à la vitesse de l'éclair. Les filles eurent juste le temps d'esquisser trois pas dans le couloir avant que la silhouette du professeur Scremayeur ne se dessine en haut des marches. Il fronça les sourcils.

- Qu'est-ce que vous faites ici ?

Ses yeux alternèrent entre les magiciennes et la porte du bureau de sorcellerie. Tandis qu'Heather se décomposait sur place et Andromeda faisait mine de rien, Eden resta parfaitement détendue.

- Excusez-moi de vous déranger encore, professeur, dit-elle, mais j'avais oublié quelque chose dans la salle de classe et je suis tombée sur ceci par terre. Je suppose que c'est à vous ?

Elle leva la clé devant son visage. L'expression du professeur changea du tout au tout.

- Ah, oui, effectivement.

- J'ai toqué à votre bureau mais vous n'étiez pas là, ajouta Eden. On comptait partir.

Le professeur la rejoignit et la magicienne lui rendit sa clé avec un sourire aimable.

- Merci, mademoiselle Samahel. Je suppose que nous sommes quittes, maintenant.

- Allons, je vous l'aurais rendue même si vous n'aviez pas réparé ma baguette. Je ne suis pas une barbare.

- Votre générosité n'a définitivement pas de limites.

- Oui, on me le dit souvent.

La remarque l'amusa. Les magiciennes le saluèrent promptement, puis regagnèrent le deuxième étage, où elles s'enfermèrent dans la chambre de Eden et Heather, qui paraissait à deux doigts de s'évanouir.

- On est encore élèves, je considère ça comme une réussite, se lamenta-t-elle.

- Si pessimiste, répliqua Eden.

- Vous avez trouvé quoi que ce soit ? demanda Andromeda.

La Madrigane acquiesça et sortit son téléphone pour leur montrer la photo qu'elle avait prise de l'enveloppe.

Cinq lettres qui ne ressemblaient pas à une adresse, mais qui, compte tenu l'endroit où la liste avait été trouvée, portait à questions.

CA ; AMI.

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