Chapitre 28: Janvier (6)

Eloïse avait passé une dernière nuit à l'académie pour faire ses affaires et était retournée au Centre dans la matinée.

Un mois qu'elle n'avait pas mis les pieds sur Terre. Le bruit de la circulation et la présence d'un seul soleil dans le ciel lui furent presque étrangers les cinq premières minutes. Fort heureusement, les vieilles habitudes reprirent très vite le dessus.

Eloïse remonta les rues presque désertes de son quartier lillois et poussa la porte du Centre dès qu'elle fut devant. Les couleurs criardes qui le caractérisaient lui sautèrent au yeux dès qu'elle mit un pied dans l'entrée. Ça, ça ne lui avait pas vraiment manqué. Elle priait les dieux de la peinture d'un jour venir faire un tour par ici.

- Synetelle, c'est toi ? appela une voix depuis le premier étage.

Julia. La membre de l'équipe Alpha qui habitait ici à mi-temps et qui s'occupait uniquement de la paperasse. À en croire les pas précipités dans l'escalier qui la suivirent quand elle descendit l'escalier, ses deux filles étaient avec elle.

- Non, c'est Eloïse, répondit la magicienne.

Elle remonta le couloir et aperçut Julia en bas des marches. Son visage tiré par la fatigue s'illumina en la voyant.

- Depuis le temps que je ne t'avais pas vu ! Ça fait plaisir. Les supérieurs t'on ramenée à ton affectation originelle, c'est ça ?

- C'est ça, confirma Eloïse.

Son regard se posa sur les deux filles qui arrivaient au niveau des hanches de Julia – sachant qu'elle était tout sauf petite du haut de son mètre quatre-vingt. Eloïse ne les croisait pas souvent au Centre, puisqu'elles passaient une bonne partie de leur temps chez les gardes d'enfants du AMI, mais leur apparence lui faisait toujours un choc. Elles étaient supposées avoir sept ans, et pourtant, on aurait dit qu'elles en avaient dix.

Rachelle était l'aînée de quelques minutes, la plus extravertie à la longue chevelure argentée – originellement brune, mais elle avait décoloré au fil du temps pour une quelconque raison. Camille, plus réservée, lui ressemblait comme des gouttes d'eau, à la différence près qu'elle possédait une coupe au carré. Grâce à cela, c'était bien plus facile de les différencier.

- Vous voulez bien aller jouer plus loin ? leur demanda Julia. Je dois parler un peu avec Eloïse.

- Moui, d'accord, répondit Rachelle.

La petite fille entraîna sa jumelle à l'étage dans un concert de pas précipités. Julia, elle, saisit le bras d'Eloïse et la mena jusqu'au salon en noir et blanc, actuellement désert puisque les autres membres de l'équipe étaient au quartier général. Julia devait être ici pour rédiger les derniers comptes-rendus de mission, ou au moins corriger ceux de ses coéquipières.

Dès qu'elle furent à l'écart, le visage de Julia perdit toute once de joie pour n'afficher que de l'angoisse. Venant d'elle, qui était une grande stressée, ce n'était pas surprenant, mais cette fois, Eloïse percevait une détresse qu'elle n'avait jamais vu chez sa camarade.

- Julia, tout va bien ?

- Pas exactement. Il... Il s'est passé des choses les derniers jours. Avec Camille et Rachelle.

- C'est à dire ?

- Comme tu as dû le voir, elles continuent leur croissance à une vitesse affolante. Rachelle a pris trois centimètres ce mois-ci et Camille deux. Mais ce n'est pas ça le plus gros problème. Elles sont commencé à développer des pouvoirs.

Eloïse crut avoir mal compris.

- Elles ont quoi ?

- Je n'en ai encore parlé à personne, avoua Julia. Je me suis dit que ce serait une bonne chose de te mettre au courant en premier parce que... Elles pourraient être comme toi.

Eloïse était abasourdie. Les jumelles ? De la magie ? Elles étaient à moitié humaines ! Ça n'aurait pas dû être possible. À moins que, comme l'avait soulevé Julia, elles soient dotées de la même anomalie qu'elle. Avec la moitié de leur génétique d'origine magicienne, ce serait même beaucoup moins étonnant. Ou alors...

Non.

- Tu les a vu les utiliser ? Quand ? Comment ?

- Il y a quelques jours. Les mains de Rachelle se sont couvertes de magie. Camille n'était pas plus étonnée que ça, et quand je lui ai posé la question, elle m'a avoué qu'elle aussi pouvait le faire.

- Il doit y avoir une explication à tout ça, avança Eloïse. Tu es allée faire des tests ? Voir des professionnels ?

Julia se pinça les lèvres et martyrisa ses doigts.

- Tu penses bien que non. Je ne vais certainement pas les emmener chez un médecin humain alors qu'elles ont un développement qui les dépasse et j'ai peur que du côté des magiciens, ce ne soit pas mieux. Elles ne sont pas tout à fait normales. J'ai fait des prises de sang, mais c'est tout.

- Et leur père est bien un humain, n'est-ce pas ? Ce n'est pas un magicien qui t'aurait menti ?

L'ex petit ami de Julia était un sujet sensible. Il l'avait laissée tomber lorsqu'elle lui avait annoncé être enceinte en plus d'être une magicienne et n'avait plus jamais donné signe de vie depuis. La jeune femme avait eu bien du mal à s'en remettre.

- C'est bien un humain, confirma Julia dans un soupir. Elles n'ont que la moitié de gènes magiciens.

- Dans ce cas...

Eloïse hésita à formuler la suite de sa phrase. Non parce qu'elle avait peur de froisser Julia, mais parce que l'appréhension la gagnait.

- Dans ce cas, quoi ? demanda sa camarade.

- Elles ont forcément subi un sortilège de magie rouge qui les a transformées.

- J'y ai songé, mais c'est impossible, n'est-ce pas ? Il faudrait que quelqu'un l'ait jeté à mon insu. Mes filles ne peuvent pas être des mages rouges.

- C'est une possibilité qu'il faut que tu gardes en tête. S'il te plaît, Julia, trouve le moyens de leur faire passer des tests. Si elles sont bien des mages rouges et que leur magie se met à apparaître, il va falloir les prendre en charge rapidement.

Julia, au bord des larmes, hocha la tête. Garder une telle chose pour elle l'avait mise à cran. Elle avait besoin de repos et d'oublier toute cette histoire pendant quelques heures.

Eloïse, de son côté, avait une vérification de la plus haute importance à effectuer.

- Je te promets qu'on trouvera ce qui leur arrive, dit-elle. Je vais aller faire des recherches tout de suite.

- Merci, Eloïse.

- C'est normal. Je te laisse. Appelle-moi si quelque chose ne va pas.

Julia la remercia une nouvelle fois et partit chercher ses filles, tandis qu'Eloïse gravissait les marches jusqu'au premier étage. Elle ouvrit sa porte de chambre, balança ses affaires par terre – les rétrécir facilitait grandement le transport – puis s'en alla discrètement jusqu'au deuxième étage du Centre, là où se trouvaient les chambres de Synetelle et Miranda. Puisque sa capitaine d'équipe avait copieusement couvert sa porte de sortilèges de verrouillages pour éviter que le AMI n'y entre à l'improviste, Eloïse prit la solution de facilité. Elle sortit la Clé de l'Esprit, accrochée autour de son cou, et l'enfonça dans la serrure. La porte s'ouvrit sans la moindre résistance. Elle referma derrière elle, au cas où.

Synetelle ne rangeait pas beaucoup. Le sol était une constellation de vêtements roulés en boule et de feuilles volantes où se mélangeaient dessins et brouillons de compte rendus de mission. Eloïse fit en sorte d'avancer sans bouger quoi que ce soit, ce qui releva davantage de l'acrobatie que de la ligne droite. Le parquet finirait par être englouti si Synetelle ne se décidait pas à faire une petite séance de ménage sous peu.

Eloïse se retrouva devant son étagère et écuma les titres des ouvrages. Alchimie avancée, non, La magie blanche et son fonctionnement physique, non, bases de la chimie organique, non plus – d'ailleurs, Eloïse était presque certaine que celui-ci lui appartenait.

Ce qu'elle cherchait n'était pas ici. Tant pis. Elle poursuivit son investigation en joignant son bureau et en ouvrant les tiroirs à coup de Clé de l'Esprit. Enfin, elle trouva l'ouvrage désiré et l'ouvrit avec empressement.

Le livre de magie rouge que Synetelle lui avait plusieurs fois présenté lors de son apprentissage. Ce même livre qu'Eloïse avait emprunté à son insu lorsqu'elle avait tenté de sauver les filles de Julia après leurs naissance et les complications qui l'avaient accompagnée.

Elle tourna les pages jusqu'à trouver la bonne. Ses yeux défilèrent sur les lignes écrites à l'encre noire sur le papier jauni. Une fois, deux fois, trois fois. Elle contracta la mâchoire.

Synetelle lui avait expliqué que mettre tous les avertissements concernant les sortilèges de magie rouge était inutile, puisque quiconque s'y essayait connaissait les risques. En revanche, certains contenaient tout de même des recommandations et potentiels effets secondaires. Eloïse n'était pas stupide, elle avait lu ces passages. Le problème, c'était le langage.

Certains mots lysirien complexes qu'elle n'avait pas saisis l'année passée lui étaient maintenant d'une évidence terrifiante. Ils lui confirmaient qu'elle avait commis une boulette.

- Merde, marmonna-t-elle en refermant le livre.

Elle le rangea à sa place et quitta prestement la chambre de Synetelle pour regagner la sienne, tout en s'assurant que Julia et ses filles n'étaient pas dans les parages. Si en plus elles la surprenaient à fouiller les chambres des autres...

Eloïse ferma sa porte et s'assit sur son lit, une main sur son front.

Elle ne savait pas quoi faire. D'accord, elle était douée en magie, mais tout cela n'était pas de son ressort. Elle ne pratiquait que la magie blanche. La magie noire, elle y était tout simplement allergique. Quant à la magie rouge... Bon sang, elle ne s'y était essayée qu'une fois dans sa vie et le résultat n'était pas aussi glorieux qu'elle avait jusque là cru. Elle qui avait fait une entorse à sa promesse de ne jamais s'en servir, voilà qu'elle récoltait les fruits de ses actions irréfléchies.

Il lui fallait une solution.

Le Seigneur des Ombres était un mage rouge. Peut-être qu'il pourrait l'aider ? Eloïse secoua la tête. Il devait avoir d'autres soucis à régler que de s'occuper de deux gamines qu'il ne connaissait absolument pas. Il refuserait. Le mieux à faire était encore de surveiller Rachelle et Camille et d'espérer que Julia irait consulter quelqu'un à même de l'aider.

Eloïse, même si en ce faisant, avait sans doute sauvé la vie des fillettes, avait la furieuse envie de se mettre des claques.

Si quelqu'un apprenait que les jumelles avaient été transformées en mages rouges par sa faute, elle allait passer un très, très mauvais quart d'heure.

Eloïse avait à peine eu l'occasion de réfléchir davantage à toute cette histoire. Elle avait passé sa matinée à ranger ses affaires, l'après-midi à s'entraîner au AMI, et la soirée s'était terminée par une réunion de l'Ombre pour accueillir les quatre nouvelles têtes qui venaient grossir leurs rangs. Eden Samahel, Heather et Andromeda Hansen, ainsi que Cara Weber – que Synabella avait testée puis convaincue de les rejoindre. Les Magiciens Seconds avaient de leur côté annoncé la venue d'une de leurs consœurs d'Astras dans les prochains jours sans donner plus de précisions.

Eloïse était rentrée au Centre à minuit heure française. Elle avait mangé des restes qu'elle avait trouvé au frigo, avait pris sa douche en temps record, puis avait écumé les documents sur les mages rouges accessibles sur la base de données du AMI. Rien de bien intéressant, cependant, alors elle avait fini par abandonner. Elle s'était endormie à deux heures du matin pour se réveiller à six et se préparer à retourner en cours.

Le AMI lui avait généreusement fourni un justificatif pour son absence d'un mois, qu'elle donnerait à la vie scolaire à son arrivée. Elle avait aussi fait plusieurs photocopies pour ses professeurs, qui ne manqueraient pas de la questionner à propos de sa disparition.

Elle rejoignit Rory au niveau de la Porte des Mondes, qui était sur le trajet vers son collège, à sept heures trente précises. Il avait l'air plus motivé qu'elle d'aller en cours.

Il lui avait un jour avoué que puisqu'il n'avait jamais été scolarisé en dehors de chez lui, ce genre d'environnement était pour lui dépaysant et bien plus convivial. Eloïse n'était pas d'accord, mais ils n'avaient pas du tout eu la même expérience de l'éducation.

- Ça m'a manqué sans me manquer, avoua-t-elle. Les cours à l'académie étaient très bien, mais la Terre reste mon point d'accroche. Même si je sens que je vais en avoir marre dès les cinq premières minutes, quand tout le monde va me dévisager.

- Je ne comprends pas, répliqua Rory, perplexe. Ça fait des années que c'est comme ça, les gens ne sont pas habitués à toi ?

- Oui et non. Quand rien ne se passe, c'est comme si j'étais une élève normale, mais dès qu'un événement survient, là ma longue absence, je peux être certaine que les gens vont me regarder comme s'ils me voyaient pour la première fois.

Surtout que Rory était là, toujours vêtu de sa veste de Madrigan qui lui valait de voir les têtes se tourner dans leur direction dès qu'ils croisaient des passants.

- Ce sont des humains, poursuivit le magicien. Tu ne peux pas leur en vouloir de trouver la magie attrayante. C'est pour eux quelque chose de mystérieux.

- Bien évidemment que je ne leur en veux pas pour ça, Rory. Mais j'aime bien mon intimité. Ce n'est pas parce que je suis une magicienne et que c'est une nouvelle incroyable pour eux que je dois leur décrire mes moindres faits et gestes.

- Certes.

Rory n'avait pas assisté à certaines situations fortement déplaisantes qu'Eloïse avait vécues par le passé parce que les élèves s'approchaient moins en sa présence. Il était relativement intimidant, et surtout un magicien pure souche qui ne s'en cachait pas. Rien que pour ça, Eloïse était ravie de l'avoir sous la main.

Elle rentra dans le collège en même temps que le flot d'élèves – qui chuchotèrent en les voyant passer – et s'en alla directement à la vie scolaire déposer son justificatif d'absence, avant de gravir les escaliers jusqu'au deuxième étage, où se déroulait son premier cours de la journée. Mathématiques, sa matière préférée. Comme prévu, la présence de Rory et de son regard doré naturellement blasé suffit à éloigner les questions indiscrètes.

La première heure fut plaisante pour Eloïse, qui résolut les équations demandées en un temps record. La professeure passa plusieurs fois devant elle pour vérifier qu'elle n'avait pas développé de lacunes durant son absence prolongée et alla jusqu'à lui donner des exercices supplémentaires, que la magicienne compléta avec facilité. Rory, qui calculait un peu moins vite mais qui aimait le défi, termina peu après elle. Leurs résultats étaient identiques.

Pendant les cours de français et d'allemand qui suivirent, Eloïse lui apprit à jouer au morpion pour meubler le temps. En revanche, ils durent effectuer des parties discrètes pour éviter de se faire éjecter de la salle. L'opération, même si elle faillit déraper à plusieurs reprises à cause de disputes sur l'occupation des cases, fut rondement menée. Ils rangèrent leurs affaires et passèrent du premier étage au deuxième pour assister au dernier enseignement de la matinée, histoire-géographie.

Eloïse, même si elle avait du mal à rester concentrée sur autre chose que les lignes de son cahier et les deux filles de Julia, remarqua que Rory avait l'air plus morose qu'avant. Peut-être qu'il pensait à sa soeur ? Il faisait la même tête que le jour de son anniversaire.

Elle balaya cette idée en le voyant fixer le professeur avec insistance. Ce n'était pas la première fois que cela lui prenait. De plus, c'était le seul professeur avec lequel il avait une pareille attitude. Eloïse lui donna une tape dans le coude pour ramener son attention vers elle, sourcils froncés.

- Y'a un problème ? chuchota-t-elle.

- Non, pourquoi ?

- Tu fixes le prof depuis tout à l'heure.

- Oh. Je m'en suis pas rendu compte.

- Rory, c'est pas la première fois. Quel est le problème ?

- Il n'y en a aucun.

Il mentait allègrement. Eloïse laissa tomber son interrogatoire pour le moment. Il était buté, aussi mieux valait attendre qu'il soit de meilleure humeur pour lui soutirer quoi que ce soit.

Dès que le cours fut terminé et annonça la pause du midi, ils mangèrent en vitesse et partirent s'installer sur un banc éloigné de la cour, proche d'une rangée d'arbres. Presque aussitôt, Rory s'excusa et s'éloigna vers le bâtiment de cours en prétextant qu'il avait une chose importante à régler. Eloïse se retrouva seule avec ses pensées. Elle en profita pour fermer les yeux et réfléchir sur ses choix de vie douteux.

Ça ne dura pas.

Quelqu'un vint s'asseoir à côté d'elle. Eloïse crut d'abord qu'il s'agissait de Rory – il devait simplement être passé aux toilettes – mais réalisa bien vite que ce n'était pas lui.

Lysandre, à la fois en colère et réservé, la fixait les bras croisés.

- Il faut qu'on parle, déclara-t-il. Tu ne peux pas continuer à m'éviter.

Eloïse se redressa.

- Ça, tu n'en sais rien.

- S'il te plaît, c'est important, puis pour une fois que tu n'es pas avec l'autre magicien...

- Rory ? Rien ne t'empêchait de venir me parler quand il était là.

- Eloïse, tu es vraiment de mauvaise foi quand tu t'y mets, grommela-t-il.

- Ce n'est pas de ma faute s'il te fait peur, Lysandre.

Son ami se renfrogna à la remarque.

- Après tout, on s'en fiche, déclara-t-il. Je suis pas venu pour qu'on se dispute.

- Alors je t'en prie, parle.

Lysandre posa les yeux sur ses pieds, soudain hésitant. Il chercha les mots justes avant de se lancer.

- Je ne comprends pas bien ce qu'il t'arrive en ce moment, ni pourquoi tu estimes que t'isoler est la meilleure chose à faire...

- Je te l'ai dit, parce que des gens en ont après moi et qu'ils pourraient t'utiliser pour m'atteindre. Tu ne sais pas te défendre et je ne pourrais pas toujours être là pour m'en occuper.

- Personne ne m'a jamais attaqué, Eloïse ! Je ne vois pas pourquoi ça changerait si je ne suis qu'un misérable humain à leurs yeux.

- Tu ne comprends pas.

- Non, justement, parce que tu ne m'expliques pas. Tu ne penses pas que ça faciliterait les choses d'avoir une conversation honnête ?

- Si, mais...

Eloïse s'interrompit. Elle aperçut Rory traverser la cour à leur rencontre, mais il n'était pas seul. Son professeur d'histoire le suivait à la trace, soucieux. C'était quoi cette histoire, encore ?

Lysandre remarqua son regard surpris et se retourna pour voir ce qui accaparait son attention.

- Attends, pourquoi ton pote est accompagné du prof d'histoire ?

- J'en ai absolument aucune idée, répliqua Eloïse, mais j'ai comme un mauvais pressentiment.

Par réflexe, elle se leva, tout de suite imitée par Lysandre. Rory arqua un sourcil en le voyant mais ne fit aucun commentaire, même s'il ne paraissait pas ravi de sa présence.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Eloïse quand il fut assez proche.

- C'est compliqué, répondit Rory.

Le professeur lui adressa un regard désolé comme pour le confirmer. Qu'est-ce qu'il venait faire là-dedans ?

Rory se tourna vers Lysandre.

- Tu ne veux pas t'en aller ?

- Certainement pas, répondit l'adolescent d'un ton mal assuré. J'avais une conversation avec Eloïse et...

- Tu pourrais la terminer plus tard ? Là, c'est important.

- Non.

Le Madrigan plissa les yeux, prêt à répliquer d'une remarque acerbe. Le professeur l'en empêcha.

- Je pense au contraire qu'il devrait rester. Après tout, ça le concerne directement.

- Comment ça ? s'inquiéta Lysandre.

Eloïse avait l'impression d'avoir manqué un épisode, voire même une saison entière.

- C'est quoi ce délire ? demanda-t-elle. Qu'est-ce qui se passe avec lui et pourquoi vous êtes là, monsieur ?

- Je t'expliquerai après. Il y a plus urgent.

- Au départ j'ai cru que ton ami Lysandre était au courant, poursuivit Rory, mais après avoir discuté sérieusement de la chose avec Michaël, j'ai compris que ce n'était pas le cas.

Michaël ? Son professeur d'histoire ne s'appelait pas Michaël. D'où il sortait ça ?

La réalisation frappa Eloïse. Non, il n'était quand même pas...

- Pas le cas quoi ? s'impatienta Lysandre.

- Tu es un magicien, répliqua Rory.

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