Chapitre 24: Janvier (3)

Eloïse ne savait jamais trop comment elle parvenait à ramasser tous les virus saisonniers qui traînaient. Il fallait croire que son système immunitaire fonctionnait quand il en avait envie.

Cette fois-ci, elle avait passé sa nuit à vomir. Autant dire qu'elle n'irait ni en cours, ni au AMI. Elle avait envoyé des messages à Andromeda et à Canelle pour qu'elle préviennent respectivement ses professeurs de la journée et le responsable de l'équipe Zéta.

Puisque ses insomnies continuaient de ponctuer sa vie, Eloïse s'était réveillée à cinq reprises pendant son sommeil et avait été incapable de fermer l'œil à partir de quatre heures du matin. Elle se sentait comme si elle venait de passer dans une machine à laver.

Aussi, quand on toqua à sa porte à neuf heures, Eloïse fit mine de ne rien entendre. Seulement, la personne persista jusqu'à ce qu'elle se lève pour lui ouvrir.

Rory, passablement ennuyé, lui fit face.

- Mais qu'est-ce que...

- Tu me fais entrer avant que quelqu'un passe et remarque que je ne suis pas un élève ?

Eloïse le tira dans sa chambre et guetta le couloir : personne. Il avait de la chance. Tout le monde n'avait pas cours à cette heure-ci.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda-t-elle.

- Devine ?

Il venait la voir, d'accord, mais elle aurait actuellement dû être en classe.

- Eden m'a dit que tu étais malade. Elle tient la nouvelle d'une de tes camarades, expliqua Rory.

- Ah. Et tu es gentiment risqué de te faire attraper par l'administration de l'académie pour venir me tenir compagnie ?

- Entre autres.

- Adorable.

Eloïse retourna s'asseoir sur son lit. Elle avait pris un médicament une heure plus tôt, aussi elle ne risquait pas de vomir sur Rory, mais la nausée ne la quittait pas pour autant. Ça et un mal de crâne carabiné, mais elle était presque certaine que ça n'avait rien à voir. Cela lui arrivait de plus en plus souvent ces derniers temps.

Il s'assit à côté d'elle.

- Tu as une aura de gastro autour de toi, l'informa Rory. Je t'avoue que tu es plus charmante sans.

- Oh. C'est vrai que Monsieur Madrigan arrive à sentir les maladies des gens.

- Ça s'apprend. Après, certaines sont plus évidentes que d'autres.

Là, difficile de passer à côté. Rory, sans doute pour l'ennuyer ou pour davantage se moquer, décida de lui faire une dissertation orale sur la manière dont les Madrigans percevaient les maladies chez les magiciens et les humains. Eloïse soupira s'enroula dans sa couette pour se boucher les oreilles – non sans lui envoyer un oreiller dans la figure au passage.

- Ça, c'était gratuit, fit remarquer Rory en se frottant la joue.

- Eden m'a dit que tu lui avais parlé de moi. Ça aussi c'est gratuit.

Il faillit s'étouffer avec de l'air.

- Que, tu... Attends. Elle a vraiment fait ça ?

Eloïse se redressa en position assise. Avec sa couette qui la recouvrait, seul son visage – et une épaisse mèche de cheveux bruns qui lui tombait devant l'œil gauche et chatouillait sa narine – était visible.

- Elle l'a fait, confirma-t-elle. Apparemment, tu m'apprécies. Mais ce ne sont que des bruits de couloir.

- Je n'ai pas pour habitude de voir mes ennemis quand ils ne vont pas bien pour leur tenir compagnie.

L'avantage était que les Madrigans tombaient très rarement malades, alors elle ne risquait pas de le contaminer. Eloïse retint un sourire.

- C'est marrant, j'aurais cru l'inverse, ironisa-t-elle.

- Je peux toujours me rendre aux laboratoires.

- Et qui viendrait me faire une leçon barbante sur les maladies vues par les Madrigans ?

Eloïse se mangea l'oreiller en retour. Elle se dégagea de sa couverture et repoussa ses cheveux en arrière, prête à répliquer, mais abandonna aussi vite l'idée, consciente qu'elle avait actuellement la force d'un mollusque échoué sur la plage.

- Je plaisantais, se défendit-elle. Je suis sûre que c'est très intéressant quand tu es concerné.

- Tu es concernée. Si tu as de la magie Madrigane, tu peux le faire aussi.

- Une chose à la fois. J'ai actuellement d'autres soucis en tête.

Le principal incluait le quartier Doré.

Malgré son envie de poser des questions à Caleb le Phébéien, il n'était pas réapparu depuis l'incident. C'était frustrant, d'autant que s'il pouvait communiquer avec elle, Eloïse ne savait pas si l'inverse était vraie.

Elle exposa sa préoccupation à Rory.

- Il finira bien par revenir, dit-il. Tu verras à ce moment là.

- Oui, mais ce sera dans combien temps ? On n'a actuellement aucune piste, et même si notre idée d'inventer un ennemi commun fonctionne comme espéré, il ne reste pas moins un véritable problème derrière.

- Ça, toute l'Ombre en est consciente. On fait de notre mieux.

Eloïse avait peur que faire de leur mieux ne soit justement pas suffisant. Et si les laboratoires lançaient d'autres attaques ? Il arriverait un moment où ils ne pourraient plus se cacher derrière l'ennemi commun, où les gens verraient au travers.

Elle se passa une main sur le front en grimaçant. Fichu mal de tête.

- Ça va ? lui demanda Rory.

- Oui, c'est rien.

- Tu es sûre ? Parce que...

- On n'avait pas fini cette conversation sur Eden, le coupa Eloïse.

Il cligna des yeux, soucieux, en la voyant dévier le sujet, mais n'insista pas.

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Elle a toujours été un peu trop bavarde, ce n'est pas nouveau.

- J'avais cru comprendre.

- Tu es étonnée à ce point que je t'apprécie ?

- Non, j'avais remarqué que tu me draguais depuis quelques temps. C'était juste pour t'enfoncer.

- Et toi, il faut que je te rappelle le coup du gui ?

Il mettait le doigt là où ça faisait mal.

- Ça va aller, lui assura-t-elle.

Ils passèrent le reste de la matinée à discuter. Parfois de sujets futiles, parfois de l'Ombre et des laboratoires. Enfin, quand midi vint, Rory s'éclipsa discrètement pour rejoindre ses camarades des Magiciens Seconds. Eloïse, elle, retourna faire une sieste.

Son mal de tête avait disparu.

Synabella détestait assister aux repas professionnels de sa famille. Comme si elle n'avait que ça à faire de perdre son temps dans des futilités pareilles. Même si cela concernait la Résistance, puisque ses parents étaient grandement impliqués dedans, ce n'était pas son rôle de faire de la diplomatie. Fouiner, oui. Discuter, non merci.

Aussi, elle fit son maximum pour retarder le moment où elle devrait se joindre aux autres, les yeux rivés devant sa tablette à écumer le réseau à la recherche d'un Phébéien du nom de Caleb.

Il n'était pas une cible facile puisqu'elle n'avait pour le moment rien trouvé à son sujet, mais ce n'était pas son genre d'abandonner si facilement. Tant pis si elle y passait la nuit. Le sommeil, elle pourrait toujours le rattraper plus tard.

- Synabella, l'appela sa mère en toquant à sa porte. On n'attend plus que toi.

- Je suis vraiment nécessaire ?

- On a déjà eu cette conversation à de nombreuses reprises. Bien évidemment que tu l'es.

- C'est tout aussi flatteur qu'inconvénient.

Connaissant sa mère, elle n'aurait pas d'autre avertissement. Bien, tant pis. Elle mit en veille sa tablette et enfouit sa frustration le plus loin possible de ses pensées.

- J'arrive, dit-elle.

Synabella se leva de sa chaise de bureau et réajusta sa veste à l'élégant tissus bleu nuit. Elle ne comprenait pas pourquoi ils devaient être bien habillés pour ce genre d'occasion. Quand toute la Résistance se rassemblait pour discuter affaires dans leurs locaux, ce n'était jamais nécessaire.

Pour les dirigeants ou les haut-placés de cités, elle comprenait l'intérêt d'une tenue qui imposait le respect, mais ils n'étaient qu'un groupe sans beaucoup de reconnaissance qui ne ferait probablement pas long feu. Ses parents avaient des idéaux qu'elle ne partageait pas forcément et savait que c'était le cas d'une grande partie de la population.

Ça, en revanche, elle le gardait pour elle. Il y avait des moments appropriés pour manquer de tact, et là n'en était pas un.

Elle lissa ses longs cheveux sombres et descendit les escaliers jusqu'à arriver au rez-de-chaussée de sa maison. Dès qu'elle les aperçut, elle analysa les invités, tranquillement installés sur le canapé gris sombre qui habillait leur salon. Sa curiosité fut immédiatement piquée.

Bien. Cette soirée allait être plus intéressante que prévu.

Sa mère la prit par les épaules et la guida vers les deux têtes blondes familières.

- Synabella, dit-elle, voici Leredy et Cara Weber.

- J'avais remarqué de qui il s'agissait, merci. L'ancien ministre de la magie qui s'est fait renvoyer de ses fonctions après le scandale des arrestations d'élus et sa fille.

La mère de Synabella manqua de s'étouffer. Leredy Weber fit mine de ne pas avoir entendu la remarque.

- Synabella Evans, la salua-t-il. J'ai entendu beaucoup de bien de toi.

- Ce n'est malheureusement pas réciproque, rétorqua la magicienne dans un sourire poli. Mais ce n'est pas le sujet, n'est-ce pas ?

Synabella ignora totalement le froid qu'elle avait posé et laissa ses parents reprendre les rennes de la conversation. Elle se demandait quand ils en auraient assez de ses remarques et cesseraient de l'inclure dans leurs négociations. Enfin, pour le coup, la situation l'amusait.

La magicienne aux yeux bichromes se rapprocha de Cara Weber, la fille de l'ancien ministre, qui attendait sagement dans son coin sans prononcer un mot. Les adultes ne faisaient déjà plus attention à elles.

- À en croire ta tête, tu ne voulais pas être là non plus, lui dit Synabella.

- Oh... Pas vraiment, non. Mon père a insisté pour que je vienne.

Elle parlait avec un fort accent lysirien, ce qui signifiait qu'elle avait appris le français tardivement. Famille traditionaliste. Intéressant.

- Laisse-moi deviner. Puisque nous sommes toutes les deux pirates informatiques, nos parents ont conjointement décrété qu'il serait favorable que l'on crée des liens pour faciliter leurs propres affaires.

- Comment tu sais que je suis une pirate informatique ?

- On s'est déjà croisées sur le réseau à de nombreuses reprises. J'aime savoir à qui j'ai affaire.

- Tu as réussi à remonter ma trace ? s'étonna Cara.

- Tu étais bien dissimulée, admit Synabella, j'étais impressionnée. On voit que tu as de l'expérience. Ce qui ne m'empêche pas de trouver les failles.

Elle s'affaira à lui expliquer comme elle s'y était prise dans un débit de parole qui ne laissa passer aucun blanc. Cara hocha la tête à plusieurs reprises et prit des notes mentales.

- C'est intelligent, admit la jeune femme.

- Logique, surtout, répondit Synabella. Tu travailles pour quelqu'un ou tu es à ton compte ?

- Je suis à mon compte. Et toi tu travailles pour la Résistance, c'est ça ?

- Pas à plein temps. Je me considère comme étant à mon compte également, mais j'aide mes parents quand ils ont besoin d'informations. Honnêtement, leurs affaires ne m'intéressent pas plus que ça.

À en croire l'air pincé de Cara, rejoindre la Résistance ne lui donnait pas particulièrement envie non plus. L'une comme l'autre étaient là à cause de leurs parents.

Synabella la détailla avec plus d'attention. Teint pâle, courts cheveux blonds bouclés et yeux couleur de l'ambre. Elle avait le réflexe de se pincer les lèvres quand quelque chose lui déplaisait et l'un de ses sourcils était plus haut que l'autre. Elle devait mesurer un peu moins d'un mètre quatre vingt et avoir aux alentours de vingt ans.

- Pourquoi est-ce que ton père veut rejoindre la Résistance ? s'enquit Synabella.

- C'est en rapport avec le premier ministre et les arrestations d'élus, avoua Cara. Il m'a dit que le premier ministre avait rejeté toute la faute sur lui, raison pour laquelle il a été renvoyé par la suite de son poste de ministre.

- Donc il pense que rejoindre notre petit groupe avec peu d'influence va lui permettre de se venger. Si mes parents lui vendent ça, sache que ça n'arrivera pas.

- Je sais. Lui aussi.

Synabella haussa un sourcil.

- Alors qu'est-ce qu'il veut ?

- Je n'en ai pas la moindre idée, soupira Cara. Je me pose sincèrement la question.

Synabella se rappela de garder l'ancien ministre Weber à l'œil tant qu'il serait dans les parages. Elle était naturellement méfiante, aussi ne pas connaître les véritables intentions de quelqu'un l'irritait.

Elle entraîna Cara dans sa chambre pour pouvoir poursuivre leur conversation loin des oreilles indiscrètes. Et aussi pour mener un petit test. Synabella, sous couvert d'une occupation pour passer le temps, voulut tester les capacités en informatique de Cara. C'était également une excuse pour avancer dans les recherches que les invités avaient avortées.

- Je recherche un Phébéien aux yeux bleus du nom de Caleb, expliqua-t-elle. Peu importe les efforts que j'ai fait jusque là, impossible de le trouver.

- Donc tu veux que j'essaie ? l'interrogea Cara.

- Un cerveau frais sera sans doute utile.

- Un Phébéien aux yeux bleus, c'est tout de même spécifique. C'est si difficile ?

- Pas la moindre trace jusqu'à maintenant. Je n'ai pas encore eu le temps de faire des recherches excessives, mais ça m'intrigue.

- Je vais voir ça.

Cara saisit la tablette que Synabella lui prêta et initialisa ses recherches. Elle prit les précautions nécessaires pour se promener sur le réseau tout en étant invisible et en ne laissant aucune trace, puis le parcourut à une vitesse impressionnante – pas aussi vite que Synabella, mais cette dernière savait que son cerveau travaillait plus vite que la normale, alors elle ne pouvait pas lui en vouloir.

Et Synabella dut le reconnaître, elle était très douée. Trop pour perdre son temps chez la Résistance.

- Effectivement, c'est difficile, reconnut Cara après dix minutes de recherches.

Normalement, avec la spécificité de la description donnée, elle aurait déjà dû mettre la main sur le fameux Caleb. Ce n'est pas ce qui l'arrêta pour autant. Synabella détailla la façon agile dont ses doigts défilaient sur la projection du clavier.

Cara était, à son sens, une très bonne candidate pour rejoindre l'Ombre. Elles ne seraient pas trop de deux pirates informatiques pour mener leurs investigations.

Puisque Synabella passerait sans doute beaucoup de temps avec elle les prochains jours, pendant que ses parents et l'ancien ministre finaliseraient leur alliance, elle tâcherait de la tester. Si Cara s'avérait être digne de confiance, elle la recruterait.

Evan observait la pierre sphérique entre ses mains avec curiosité. Il n'avait eu qu'une envie dès que lui et Philéas l'avaient trouvée dans la chambre de son frère : enquêter dessus. Seulement, après l'attaque survenue à la Cité, il avait dû repousser ses plans à plus tard pour se focaliser sur son travail au AMI.

Maintenant que la situation s'était stabilisée, en revanche, il comptait bien se mettre aux recherches. Philéas et Geoffrey avaient décidé de lui prêter main forte. Ils déambulaient dans la bibliothèque du AMI – qui ne contenait aucune oeuvre de fiction, rien que du savoir pratique – à la recherche d'ouvrages sur les reliques. Evan, lui, fouillait la base de données dématérialisée sur une tablette mise à disposition. À part eux, il n'y avait personne dans la pièce.

Philéas saisit un livre sur les Pierres Élémentaires et en tourna les pages. Du peu qu'ils savaient, la pierre d'Eluan dégageait elle aussi de la magie, aussi ils supposaient que leurs fonctionnements devaient avoir des similitudes.

Il ne trouva cependant rien d'intéressant dedans, juste des analyses techniques et historiques poussées ainsi qu'un ensemble de théories – prouvées fausses – sur comment en créer. Il reposa le livre dans son allée.

- Je crois que j'ai quelque chose, déclara Geoffrey.

Il revint en direction d'Evan, sagement assis à la seule table que contenait la bibliothèque, et posa dessus un pavé à la reliure dorée qui devait bien peser un kilo. Philéas abandonna ses recherches et les rejoignit.

- Théorisations par Anthropa Holloway, une anthologie, lut Evan. Tu es sur de toi, Geoffrey ?

- Certain.

Il lui expliqua le raisonnement qu'il avait suivi. Puisque la pierre d'Eluan ressemblait dans sa globalité à une Pierre Élémentaire, et puisque personne à part Anthropa Holloway, leur créatrice, n'avait réussi à en réaliser, il partait du principe qu'Anthropa était également à l'origine de leur relique mystère. Il devait simplement s'agir d'un de ses travaux moins connu.

Geoffrey ouvrit le livre et détailla le sommaire, qui comptait une centaine de chapitres, des Débuts précoces jusqu'à La disparition d'une légende.

- Si vous trouvez une histoire de pierres, ne vous gênez pas, dit-il.

Philéas passa d'une ligne à une autre en un battement de cil.

- Là, déclara-t-il en pointant son doigt sur le chapitre quarante-cinq.

Magies et pierres : les liens forts. Geoffrey tourna les pages jusqu'à tomber sur la bonne. Le texte était dense et écrit en lysirien dans une police si minuscule qu'une loupe n'aurait pas été de trop.

- On en a pour l'après-midi, à ce rythme, grommela-t-il.

Le début parlait des liens entre différentes pierres précieuses et semi-précieuses et la magie. Plus ils avançaient, plus la personne qui avait rassemblé les écrits d'Anthropa Holloway allait en détails sur les applications de ces principes. La première mention des Pierres Élémentaires fit son apparition, extrêmement détaillée. Ils accélérèrent leur lecture.

Enfin, ils trouvèrent ce qu'ils cherchaient. Evan, sans comprendre pourquoi, sentit l'appréhension le gagner. Peut-être était-ce de percer l'un des secrets de son frère.

- Les traductions vont être hasardeuses, soupira Philéas. Mais il est ici fait mention d'une série de dix pierres sphériques liées aux éléments. Jiu lidaerti soliusdranye. Les pierres soliusdranye ?

Le terme de Pierre Élémentaire était lui-même une traduction inexacte depuis le lysirien lidaer luvalkrazya vers le français. Luvalkrazya était normalement un concept de puissance magique en rapport avec son courant, chose impossible à retranscrire dans une langue qui n'avait pas connue la magie. Lorsque le français était devenu l'une des langues officielles de Thélis environ cent ans plus tôt, des linguistes avaient décidé que cela restait la meilleure traduction et l'avaient rendue officielle.

Seulement, Soliusdranye signifiait "lié aux éléments de façon magique". Élémentaire aurait donc davantage convenu dans ce contexte, mais était déjà pris.

- Les pierres... Magiques ? s'avança Evan. Comment tu veux traduire ça ?

- Pierres Ancestrales ? s'avança Geoffrey.

- Elles n'ont rien à voir avec la magie Ancestrale.

- Et les Pierre Élémentaires n'ont rien à voir avec les éléments. On fait comme on peut.

Ils se rabattirent sur cette traduction, faute de mieux, puis reprirent leur lecture. Pour chaque élément, le type de pierre utilisé était référencé ainsi que ses particularités visuelles. Ensuite, l'autrice du livre partait sur des tangentes minéralogiques et des représentations atomiques. Ils ne s'attardèrent pas sur cette partie.

- Une minute, s'interrompit Evan. La pierre grise représente l'air ?

Il baissa les yeux sur la relique entre ses mains. Son frère possédait l'essence magique du vent, et si Evan n'avait pas eu la confirmation officielle de quel Phoenix il était devenu, il avait trouvé plusieurs références à l'air dans certains des courriers qu'il avait analysé sans Philéas. Cela aurait pu être sans incidence si seulement Eluan n'avait pas été le seul Phoenix, à leur connaissance, dont l'essence magique concordait avec son pouvoir.

Dix pierres. Une pour chaque élément.

Vénérios, le Phoenix d'eau, avait l'essence magique de l'oubli. Cassandre, Phoenix de feu, maîtrisait les plantes. Leurs pouvoirs venaient forcément d'ailleurs.

Que les laboratoires usent des Pierres Ancestrales pour leurs projets de l'étonnerait pas, plutôt le contraire.

- Je crois que c'est de là que les Phoenix tirent leurs pouvoirs, déclara Evan.

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