Chapitre 18: Décembre (9)
Eloïse regarda à droite, puis à gauche : personne. À cette heure avancée de la nuit, cela n'avait rien d'étonnant.
Elle avait passé sa soirée à s'entraîner au quartier général du AMI dans l'unique but de devoir rentrer à l'académie pendant une heure creuse. Comme les arches ne fonctionnaient pas de nuit, elle était contrainte de marcher jusqu'au quartier Lumineux depuis la Porte des Mondes du quartier Ivoire, soit presque deux heures de trajet si elle s'activait.
Si les laboratoires ne lui rendaient pas une petite visite, Eloïse serait véritablement étonnée.
Elle avait compris qu'ils rechignaient à attaquer la Cité en pleine journée, aussi s'était-elle arrangée pour se retrouver seule de nuit. Sachant que plusieurs agents l'avaient vue repartir, elle était certaine que les laboratoires auraient l'information d'une façon ou d'une autre.
Après vingt minutes de marche soutenue, Eloïse parvint au quartier Miroir, les mains enfoncées dans ses poches. Elle devait admettre qu'il faisait froid. Et dire qu'elle faisait ce trajet après de longues heures d'entraînement...
Elle manqua de se faire toucher par un impact de magie.
Eh bien, il n'était pas trop.
Vénérios se laissa retomber devant elle, le visage embué par la fatigue. Il la désigna d'un doigt accusateur tandis que l'eau qui l'entourait s'agitait autour de ses bras.
- J'ai dû écourter ma nuit à cause de toi, se plaignit-il.
- Comme c'est triste.
- Surtout pour toi, oui. Te promener seule en pleine nuit, tu as toujours des idées brillantes.
Eloïse lui renvoya un sourire insolent.
- Et tu ne t'es pas dit que c'était peut-être intentionnel ?
Le temps que Vénérios réagisse, Eloïse avait déjà foncé dans le tas.
La magie s'échappa de ses mains, zébra l'air et s'abattit en de nombreux rais lumineux sur Vénérios, qui leva ses bras couverts d'eau pour se protéger. Ses ailes liquides s'élargirent dans son dos, mais quand il voulut prendre son envol, il en fut incapable, retenu par une force qui dépassait la sienne. Il baissa la tête.
Des ombres, dont seuls les longs bras d'un noir translucide dépassaient du sol, enfonçaient leurs doigts dans ses mollets et le maintenaient collé au sol.
- Qu'est-ce que...
- Bonne nuit, répondit Eloïse.
- Quoi ?
Le Seigneur des Ombres, qui venait d'apparaître au milieu de la noirceur de la nuit, assomma Vénérios d'un coup de coude dans la tempe. Il s'étala de tout son long sur le dallage de la rue. L'eau qui l'entourait s'écoula en une flaque qui s'évapora aussitôt.
Eloïse se rapprocha. Une bonne chose de faite.
- Merci, dit-elle.
Le Seigneur des Ombres hocha la tête comme seule réponse. Il se pencha vers Vénérios et le hissa sur son épaule.
Il avait été convenu qu'une fois attrapé, Vénérios serait amené à la maison abandonnée du quartier Diamant. Fort heureusement, ils n'auraient pas à parcourir cette distance à pieds, puisque le Seigneur des Ombres avait un téléporteur.
Il fit signe à Eloïse de s'accrocher à son bras – ce qu'elle accepta non sans réticence – et activa l'appareil accroché à sa cheville. La seconde d'après, ils se retrouvèrent en plein milieu du quartier Diamant. Eloïse ne le connaissait pas beaucoup étant donné qu'elle s'y rendait peu souvent, mais estimait qu'ils devaient être à quelques rues de leur repère.
- Je n'avais pas plus proche, l'informa le mage noir.
- C'est rien. Vous connaissez le chemin ?
Il acquiesça. Eloïse le suivit, légèrement en retrait.
Elle ne s'était toujours pas résolue à le tutoyer malgré sa proposition. À vrai dire, elle n'était pas sûre de le faire un jour. Certes, ils devaient coopérer, mais c'était bien trop personnel à son goût.
- Est-ce que tu as fait de nouveaux rêves ? lui demanda le Seigneur des Ombres après plusieurs minutes de silence.
- Non, répondit Eloïse.
- Bien. Si ça recommence, dis-le moi immédiatement.
Elle s'apprêta à lui donner son accord, avant de se rendre compte d'une détail.
- Une minute. Je ne vous ai jamais dit que j'avais vu le Phébéien en rêve.
- Non. J'ai supposé.
Elle ne s'embêta pas à lui demander d'où lui était venu cette certitude. Elle savait très bien qu'elle n'obtiendrait pas de réponse. C'était frustrant, mais elle s'était fait une raison.
Ils parvinrent à la maison abandonnée. Eloïse ouvrit la porte et invita le mage noir à la suivre. Ils allongèrent Vénérios dans un coin et l'immobilisèrent à l'aide de liens magiques.
Pendant qu'Eloïse contactait le Conseil des Cinq pour qu'ils la rejoignent le plus vite possible, le Seigneur des Ombres s'étira le dos – malgré tout, Vénérios devait peser son poids.
Le quartier Azur était voisin du Diamant, aussi les magiciens arrivèrent en moins de vingt minutes. À en croire leurs respirations saccadées, ils avaient couru une partie du trajet.
- Vous n'aviez pas besoin de vous presser à ce point, fit remarquer Eloïse.
- On ne sait jamais, argua Evangeline. J'ai cru comprendre que Vénérios était coriace.
Eloïse haussa les épaules et désigna le Seigneur des Ombres. Evangeline, qui ne l'avait pas vu dissimulé dans son coin, manqua de sursauter.
- J'avais oublié qu'il participait à l'opération.
- Pourtant c'est lui qui fait le plus gros du travail, rétorqua Eloïse.
- C'est toi l'appât, je te rappelle.
- C'est pas un travail très difficile. J'ai juste à exister.
La remarque arracha un sourire moqueur à Evangeline, qui asséna une tape dans le dos d'Eloïse.
- Pas difficile, effectivement.
Tomas s'approcha de Vénérios, toujours inconscient, et vérifia son pouls. Quant à Etan, qui avait amené de quoi écrire, il s'assit sur le sol.
- Qu'est-ce qu'on convient ?
- Vénérios contre Synabella et Geoffrey en termes non négociables, lui répondit Eloïse.
- Et si jamais ils refusent ou tentent quand même de poser d'autres conditions ? s'avança Andromède.
- Précisez que je suis en votre compagnie, dit le Seigneur des Ombres. Ils tiennent à Vénérios. Ils vont coopérer.
Etan inclut la menace avec grande joie.
Eloïse remarqua que depuis que le Conseil des Cinq avait appris l'alliance entre le Seigneur des Ombres et Ilyann Avenski, l'un des Madrigans qui les avait envoyé espionner au gouvernement, ils lui accordaient davantage de confiance. C'était d'ailleurs eux qui s'étaient proposés d'aider lors de cette opération. Elle était soulagée de voir que tout l'Ombre n'était pas contre cette alliance.
Miranda n'avait pas tort quand elle affirmait qu'ils avaient besoin de lui.
Quand Etan eut terminé sa rédaction, il lut à voix haute le contenu de la lettre.
- Ça me semble correct, affirma Evangeline.
- Modéré, approuva Jeremy.
Le Seigneur des Ombres approuva d'une onomatopée. Il vérifia que Vénérios était toujours inconscient, puis s'approcha des magiciens.
- Je vais leur faire parvenir. J'en ai pour une heure tout au plus. Ne bougez pas.
Etan lui tendit la feuille pliée en quatre. Le mage noir la rangea dans sa poche, régla la destination de son téléporteur, puis quitta la maison abandonnée.
◊
Quand Isidorh Philomenna arriva le matin même aux laboratoires, une feuille de papier était soigneusement posée sur la poignée de l'entrée principale. Il s'en saisit, quelque peu étonné de sa présence, et la déplia. L'écriture lui était inconnue.
Le contenu, en revanche, était un problème.
Isidorh entra en trombe dans les laboratoires. Plutôt que de s'adonner à ses activités habituelles, il monta directement au bureau de son autre collègue et toqua avec empressement.
Anthéon lui ouvrit la porte, déjà ennuyé. Isidorh ne lui laissa pas le temps de prononcer le moindre son et brandit le papier devant son visage.
- J'avais dit qu'envoyer Vénérios seul était une mauvaise idée.
Anthéon fronça les sourcils et lut le message à son tour. Il pâlit.
- Valentiana t'avait prévenu qu'il fallait se méfier d'eux, insista Isidorh. Quand bien même, il y avait une raison pour laquelle Vénérios et Cassandre étaient toujours envoyés ensemble.
- Ce n'est pas moi qui ai donné les ordres.
- Kaladria ?
Anthéon acquiesça. Il demanda à Isidorh d'entrer dans son bureau et ferma la porte.
- Tant pis, ce qui est fait est fait. En revanche, on ne peut pas céder aussi facilement à leurs termes, asséna Anthéon.
- Je ne sais pas où tu vois un choix. Ils veulent leurs amis et nous avons besoin de Vénérios.
- Vénérios vaut bien Synabella Evans, mais pas l'autre.
Isidorh plissa les yeux.
- Tu as une idée.
- Ils font tout pour que l'on ne puisse pas approcher Eloïse. Or, nous avons des choses importantes à vérifier. Il va falloir s'y prendre autrement. Victorien est persuadé qu'on acceptera ses termes, eh bien il devra faire quelques concessions.
L'Ombre voulait les prendre à leur propre jeu ? D'accord. Mais il ne fallait pas compter sur eux pour se laisser faire.
◊
Vénérios s'éveilla avec un affreux mal de crâne. Il se rendit compte, en remuant pour être installé plus confortablement, que ses bras et des pieds étaient immobilisés et qu'il n'était pas sur son matelas. Le bois d'un parquet ancien lui frottait la joue et lui faisait mal à l'épaule. Il tenta de se redresser, sans beaucoup de succès.
- Je crois qu'il est réveillé, fit remarquer une voix douce.
Vénérios cligna plusieurs fois des yeux. La lumière qui entrait dans la pièce était diffuse, comme partiellement bloquée par d'épais rideaux. Après y avoir mis davantage du sien, il parvint à s'asseoir.
Eloïse et cinq autres magiciens qu'il avait déjà croisé par le passé l'observaient. Le Seigneur des Ombres était lui aussi présent. Les souvenirs de la nuit passé remontèrent à la mémoire de Vénérios.
- Où est-ce que je suis ? demanda-t-il.
- À la Cité, répondit Eloïse.
- Merci pour cette indication précise.
- Avec plaisir.
Vénérios aurait apprécié la plaisanterie si seulement il n'était pas retenu en otage au milieu de ses ennemis. Il foudroya les magiciens du regard.
- Vous voulez m'échanger contre vos copains, dit-il platement.
- C'était pas difficile à deviner, répondit Evangeline.
- Pour le coup, j'aurais dû davantage me méfier. Je vous l'accorde. Vous pouvez me détacher ?
- Certainement pas.
Vénérios chercha à bouger ses poignets, sans succès. Le lien magique, dont la froideur désagréable lui piquait l'épiderme, était trop puissant. Vu le nombre d'opposant face à lui, il ne donnait pas cher de sa peau s'il utilisait sa magie ou ses pouvoirs de Phoenix.
Bon. Il devrait coopérer.
- L'échange est quand ? voulut-il savoir. Que je sache combien de fois j'ai le temps de mourir d'ennui.
- On n'est pas là pour répondre à tes questions, lui dit Eloïse. Tu verras bien.
- Génial.
Vénérios se mura dans le silence. Il n'avait aucune idée de l'heure qu'il était, mais supposait qu'ils n'attendraient pas trop longtemps avant de passer à l'action. Autrement, les laboratoires auraient l'occasion de les contrer.
Il compta les minutes tout en tentant de discerner la rue à travers les épais rideaux blancs qui couvraient les fenêtres. Cependant, impossible pour lui de déterminer le quartier.
Au bout de trente-trois minutes, pendant lesquelles ses ennemis avaient échangé à voix basse sans qu'il ne comprenne rien, ils se mirent en mouvement. Vénérios n'eut pas le temps de poser davantage de questions on de tenter de déterminer l'emplacement de leur repère. Le Seigneur des Ombres l'endormit d'un sortilège de magie noire.
Quand il reprit brutalement conscience, il était allongé dans l'herbe et le vent lui battait les cheveux en arrière. Vénérios, débarrassé des liens qui lui enserraient les pieds, se redressa pour analyser le terrain.
Au loin s'étendait la muraille qui entourait la Cité, du côté de la porte ouest. Le Conseil des Cinq était derrière lui pour l'empêcher de fuir et devant se trouvaient le Seigneur des Ombres et Eloïse vêtue de l'uniforme de l'académie Adénora Calléor.
Isidorh, Anthéon, Cassandre et les deux otages se tenaient trois mètres devant eux.
- Tu vois, dit le mage noir à l'intention des supérieurs, il va bien.
- Il y a plutôt intérêt, répliqua Anthéon. En revanche, il va falloir parlementer un peu avant de procéder à l'échange.
- Il était clairement précisé dans le message que les termes étaient non négociables.
- Pourtant il va falloir t'y faire.
Le Seigneur des Ombres, agacé, invita Anthéon à s'expliquer.
- J'accepte d'échanger Synabella Evans contre Vénérios. En revanche, le deuxième magicien ne le vaut pas. Nous voulons une compensation.
- Deux magiciens valent bien un Phoenix, argua le mage noir.
- Non. Votre Synabella est une élue et une réincarnation. Un contre un est équivalent dans ce cas de figure.
- Supposons. Qu'est-ce que tu attends en échange du deuxième ?
- Un échantillon de sang d'Eloïse.
L'intéressée fronça les sourcils. Le Seigneur des Ombres, lui, refusa catégoriquement.
- Il y a un nombre important de raisons pour lesquelles je refuse d'accepter ça.
- On ne compte pas s'en servir avec de la magie rouge, fit remarquer Isidorh.
- Je n'ai que ta parole pour y croire.
- Tu as le droit de lancer un sortilège de blocage. Ça te convient ?
Le mage noir considéra la proposition.
- Ça ne change rien et tu le sais très bien, Victorien, insista Anthéon. À mon sens, c'est même une clause bien plus intéressante pour toi et le groupe des gamins.
- Pourquoi vous voulez mon sang ? demanda Eloïse.
- Nous n'avons pas de justification à te donner, ce sont nos termes. Soit vous les acceptez et nous vous rendons le deuxième magicien, soit il reste avec nous.
- Pas de justification ? On parle de mon sang, quand même. C'est pas rien.
Elle se tourna vers le Conseil des Cinq pour obtenir leur opinion, mais ils avaient l'air aussi déconcertés qu'elle. Qu'est-ce que les laboratoires voulaient faire avec un échantillon de son sang ?
Eloïse, plutôt que de donner une réponse, attendit de connaître l'avis du Seigneur des Ombres. S'il avait travaillé pour les laboratoires, il était le plus à même de connaître les risques. Il lui adressa un regard contrit.
- Vas-y.
- ... Vous êtes sûr ?
- Anthéon a raison. Ça ne changera rien.
Eloïse se retint de poser des questions. Pour le coup, elle lui ferait confiance. L'essentiel était qu'ils ramènent Geoffrey en un seul morceau.
Cassandre posa au sol le sac qu'elle avait sur l'épaule et en sortit du matériel médical. Isidorh – visiblement, c'était lui qui allait s'occuper de la prise de sang – enfila des gants, équipa sa seringue d'une aiguille stérilisée, puis s'approcha des magiciens face à eux. Il s'arrêta à environ un mètre et fit signe à Eloïse de le rejoindre. Incertaine, elle combla la distance qui les séparait, suivie par le Seigneur des Ombres.
- Je ne vais pas prendre beaucoup, l'informa Isidorh. Tu peux relever ta manche, s'il te plaît ?
Eloïse retira son manteau et tira la manche de son pull au dessus de son coude. Isidorh lui saisit le bras avec une précaution qui la surprit. Enfin, à bien y réfléchir, il s'adressait à elle de façon bien plus considérée qu'elle ne l'aurait cru.
Il planta l'aiguille dès qu'il trouva une veine et la seringue se remplit de sang jusqu'à être pleine. Quand il la retira, il appliqua un coton sur la plaie, demanda à Eloïse de faire pression, puis laissa Victorien lancer son blocage contre la magie rouge.
Au moins les laboratoires faisaient-ils ça de façon réglementaire.
- C'est bon, déclara sobrement Isidorh une fois le sortilège terminé.
Tandis qu'il partait voir Cassandre pour lui donner le prélèvement, Anthéon poussa Synabella et Geoffrey en direction de leurs camarades. Réciproquement, le Seigneur des Ombres fit signe à Vénérios de retourner du côté des laboratoires. Les magiciens échangèrent un regard mauvais en se croisant – enfin, surtout Geoffrey et Vénérios.
Chacun retrouva sa place et les liens magiques disparurent un à un.
- Voilà qui conclut notre échange, déclara Anthéon.
- Il semblerait, rétorqua le Seigneur des Ombres. Je compte bien évidemment sur vous pour en rester là et ne rien tenter d'insensé.
- Ce n'était pas l'objectif. L'affaire est close. Au revoir.
Isidorh et Anthéon réglèrent tout deux leurs téléporteurs. L'un prit le bras de Cassandre, l'autre l'épaule de Vénérios, puis ils disparurent dans deux explosions de fumée noire. Le silence retomba.
- Liberté, marmonna Synabella.
- Pas pour mon sang, répliqua Eloïse.
- On voit que ce n'est pas toi qui a passé plusieurs jours enfermée dans les laboratoires. Quand bien même, vu la quantité qu'ils ont pris, ils ne pourront pas faire grand chose avec.
Eloïse espérait que Synabella avait raison. Elle avait au moins la certitude qu'il ne serait pas utilisé pour quelconque sortilège de magie rouge.
Le groupe prit la direction de la Cité.
Le Seigneur des Ombres, qui étonament était toujours là, incita Eloïse à ralentir l'allure pour qu'elle soit à son niveau. D'accord, il voulait parler.
- Un problème ? demanda-t-elle.
- Pas exactement. En considération de tout ce qu'il t'arrive ces derniers temps, il est nécessaire de discuter.
- Effectivement, j'aimerais bien quelques réponses.
Ils convinrent d'un horaire – Eloïse allait déjà être en retard à son entraînement au AMI, aussi préférait-elle repousser l'échange au lendemain matin avant ses cours –, puis le Seigneur des Ombres la laissa rejoindre les autres magiciens.
L'instant d'après, il s'était transformé en ombre et avait disparu de son champ de vision.
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