Avant, j'aurai pu dire que le nom « Clara » était un nom banal que plein de filles portaient sur cette planète. Mais maintenant, à mes oreilles, ce nom sonne unique.

*

En décembre de CE2, Anaïs est venue s'installer dans l'appartement à côté du mien. Mes parents ont insisté pour qu'on aille leur dire bonjour, et mon père a même préparé des gâteaux à leur donner. Déjà, en CE2, j'avais l'impression que quelque chose n'allait pas chez moi.

Les autres filles qui jouaient « aux grandes » ou au cheval étaient toutes passionnées par l'équitation et les robes roses. Moi, je rêvais quand je voyais un match de foot avec mon père devant la télé et qu'on criait pour encourager le PSG, même si ils ne nous entendaient pas. Je ne me mêlais pas aux autres.

On aurait pu croire que ça m'aiderai à me rapprocher de garçons, mais ils disaient qu'une fille n'était pas censé aimer le foot ou avoir les cheveux courts (je n'ai jamais aimé les cheveux longs, ça me gênait pour courir). De ce fait, mes parents espéraient que l'emménagement d'une petite fille dans l'appartement voisin du notre ferait monter ma barre de sociabilité.

Quand j'ai vu la fille pour la première fois, dans sa salopette de campagnarde,j'ai su qu'elle n'était pas comme les autres. Elle m'a sourit, mais je trouvais son sourire triste. Elle ne m'avait pas adressé un mot en descendant les escaliers pour arriver sur la pelouse devant notre immeuble. Puis elle s'est allongée.

« — Tes parents sont super gentils,ils m'ont offert de gâteaux. Tata était contente.
— Et toi, tes parents sont comment ?
— Ils brillent dans le ciel sous forme d'étoiles. »

J'ai mis plusieurs mois à comprendre qu'ils étaient véritablement devenus des étoiles. Elle avait pointé du doigt l'étoile la plus lumineuse du ciel.

« — Elle, C'est ma maman. »

Puis, une des moins lumineuses, desquelles ils fait plisser les yeux pour les distinguer.

« — Elle,C'est Papa. Il n'a pas besoin de briller, parce que la lumière de maman est bien assez.
— Tu es une étoile, toi aussi ?
— Papa et Maman n'arrêtaient pas de dire que je suis leur petite étoile. »

Puis elle s'est tût à nouveau.

« — Là, c'est la grande ourse, A-t-elle repris. Et là,la petite. Je sais, elles ont une forme de casserole. Ici, c'est l'étoile Orihime. J'ai appris son nom en lisant un article sur un poster d'Evangelion.

— C'est quoi, Evangelion ?
— C'est mon anime préféré. T'en regardes pas ? Il est sur Netflix.
— Ça parle de quoi ?
— C'est un garçon triste dont la mère est morte qui doit conduire des robots géants. Je comprends pas tout, mais je trouve ça trop bien ! Tu voudras qu'on regarde ensemble ? »

Et c'est comme ça que moi, Anaïs Soret, suis devenue amie avec la magistrale Clara Massielle.

Avec des étoiles et une petite dose de mécha.