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Norbert était Mal assis sur un vieux sofa usé, au dernier étage de la haute tour abritant le MACUSA. Sa valise était posée à ses pieds et demeurait parfaitement immobile, presque comme Si il n'y avait aucun animal magique à l'intérieur. Peut-être avaient-ils senti la tension et l'anxiété que provoquaient toute cette agitation depuis quelques jours et avaient décidés de se montrer discrets. Le magizoologiste n'en savait rien, et peu importait qu'elles étaient les raisons de ce calme plat, il leur en était profondément reconnaissant de ne pas lui causer plus de problèmes qu'il n'en avait déjà.
Il n'était pas habitué à tout cela, il était habitué au calme, à la sérénité, à vivre une vie facile en s'occupant de ses Animaux et en prenant soin de sa jeune Ashley, qu'il considérait comme sa Fille. Les choses les plus palpitantes qu'il vivait se résumaient à courir après son Nifleur avant qu'il ne fasse trop de bêtises. Enfin, jusqu'à huit mois auparavant du moins.
En peu de temps il avait complètement sombré dans cet univers tourbillonnant et bien trop angoissant qu'était la vie et le travail des Aurors américains. Et encore, lui il avait était là au mauvais endroit au mauvais moment, et s'était complètement fait aspirer par la spirale des événements catastrophique qui avaient secoués la ville. Les Aurors vivaient ça au quotidien. Il en venait à les plaindre parfois.
Mais là... Là c'était d'un niveau bien supérieur. Il avait fallu que cela arrive, que Grindelwald s'échappe, que Ashley ait une jumelle diabolique et que l'Obscurus recommence à tout détruire au moment où il décidait de revenir à New-York pour se refaire une santé en revoyant ses amis. Il en viendrait presque à croire qu'il était maudit, en fin de compte.
Il posa les yeux sur le parquet ciré et poussiéreux en poussant un soupir inaudible. Il connaissait cet endroit par cœur maintenant, puisque désormais il y passait tout son temps. Le seul coin de la pièce où il se sentait en dehors de tout ça c'était tout au fond, derrière les bibliothèques, sur des vieux canapés isolés horriblement inconfortables, mais sur lesquels il aimait se reposer pour réfléchir et s'écarter de ces péripéties qui rythmaient son voyage.
De là, il pouvait observer le reste de la pièce tout en étant presque invisible. De là il pouvait être le spectateur de toute l'agitation qu'avaient réussis à provoquer une adolescente et un homme diabolique, il pouvait être témoin des angoisses, de la peur qui rongeait chacune des personnes présentes (bien qu'il n'y ait presque personne à cette heure ci).
S'éloigner, disparaître pour réfléchir, aider en silence, se maintenir à la surface, c'était son illusion depuis qu'il était là. Mais il n'y parvenait plus, trop de mauvaises nouvelles pesaient sur son esprit et comprimaient sa pensée. Sans se mentir, son cerveau était en constante ébullition, il tournait si vite qu'on aurait presque put en entendre tourner les rouages et voir la fumée sortir de ses oreilles. L'adrénaline qui courait dans ses veines sans discontinuer lui donnait l'impression qu'il ne pourrait plus jamais dormir.
Et d'un seul coup ce sentiment de mensonge et d'insécurité qu'il refoulait lui explosa au visage. Leta Lestrange, son amie d'enfance, son premier amour, celle qu'il avait aimée jusqu'à en perdre la raison, et par dessus tout, celle qui devint pour lui l'écho d'un fantôme le hantant nuits et jours, avait eu deux filles. Deux jumelles, identiques et pourtant radicalement opposées, l'une s'étant alliée à Grindelwald pour détruire le monde sans qu'il ne comprenne pourquoi, et l'autre ayant grandi dans un château, isolée du reste du monde, et qu'il avait protégée et chérie comme personne, n'étant pas du tout, du moins il le croyait, au courant de sa véritable identité.
Ça faisait beaucoup trop d'informations à assimiler, beaucoup trop de révélations. Sa gorge était nouée, il jouait nerveusement avec ses doigts, ses mains tremblaient et son souffle était instable. Il fallait qu'il se calme.
Tout à coup un grincement métallique vint briser le silence oppressant des lieux. De son fauteuil, il vit Ashley rentrer dans le bâtiment d'un pas rapide. Bien qu'elle passa en coup de vent, il eu le temps de voir son expression. Son visage était fermé, dur comme de la pierre, son corps tremblait légèrement, ses sourcils légèrement froncés et ses yeux émeraudes plus brillants que d'ordinaire. Cela lui suffit pour comprendre qu'elle avait pleuré.
Il hésita à se lever et à aller la réconforter, mais il savait que ni l'un ni l'autre n'en aurait la force. Quand elle était comme cela, il fallait la laisser seule, la laisser nager dans cet océan d'émotion et en sortir. Et puis, de toute manière, il était tellement bouleversé qu'à coup sur ce serait elle qui aurait fini par le consoler.
Il la regarda s'éloigner et simplement disparaître derrière une porte. Il compatissait, ce qu'elle venait de vivre avait de quoi être traumatisant, et bien qu'il ne sache pas ce qu'il s'était passé là bas, qu'il ne sache pas ce que cette Aria lui avait fait et dit, il savait que cela avait dû être terriblement douloureux, d'une manière comme d'une autre. Cela il le savait parce que Ashley ne lui en avait pas encore parlé, ce qui chez elle était souvent significatif de choses qu'elle préférait garder pour elle. Elle lui disait toujours tout, alors elle ne pourrait pas l'empêcher de s'inquiéter pour elle. Il la vit traverser la salle et sortir.
Le calme revint dans la grande salle et il se tassa dans son sofa, n'ayant même pas la force de pester contre l'inconfort de celui ci. Ses pensées dérivèrent un peu partout, et il sembla comme quitter la Terre momentanément. C'est, quelques minutes plus tard, un second grincement métallique caractéristique de la porte donnant sur l'extérieur qui le tira de l'océan de son esprit.
Lorsqu'il leva les yeux il vit Tina rentrer dans le bâtiment à son tour. Ce qu'il remarqua en premier fut le trouble profond qui se peignait sur ses traits, cette étrange expression semblant crier "je suis perdue, je me noie".
Croyant sûrement que personne ne la verrait, elle referma le porte et se laissa glisser lentement vers le sol contre celle ci, avant d'atterrir par terre et de passer une main tremblante sur son visage. Il jura voir une larme scintillante quitter son œil pour se fondre entre ses doigts blancs. Norbert sentit une boule d'anxiété grossir dans sa gorge. Pourquoi tous les gens à qui il tenait s'écroulaient un à un autour de lui ?
Tina, bouleversée, ressentit la tension dans l'air augmenter, ainsi que le regard perçant et plein d'inquiétude que le magizoologiste avait posé sur elle. Lentement, elle releva la tête vers lui et son visage entre deux bibliothèques. Son trouble s'accentua quand elle le regarda, un drôle de sentiment l'envahit et elle eu la soudaine impression de tomber dans un puit sans fond.
De longues minutes durant, ils s'observèrent de loin, sans prononcer le moindre mot. Mais la profondeur de leur échange sembla témoigner de l'intégralité de ce qu'ils ressentaient en ce moment. Tant d'émotions, tant de sentiments contradictoires et oppressant qui les étouffaient.
Norbert se perdit dans les grands yeux bruns de Porpentina. Ils étaient luisants, comme deux petites perles nacrées couverte d'eau. Prit d'une soudaine envie, il pencha sa tête sur le côté et, pour la première fois depuis longtemps, regarda vraiment son visage, en détailla chaque trait, chaque courbe, chaque centimètre de peau.
Cela le frappa comme une évidence. Tina était belle. Vraiment belle. Elle avait des traits délicats auxquels elle donnait un air coupant et dur pour cacher sa vulnérabilité, sa peau était claire, laiteuse, elle semblait douce. Son nez était petit, ses lèvres fines et pâles, ses yeux magnifiques...
Il était tellement perdu dans sa contemplation qu'il ne se rendit pas vraiment compte que Tina faisait de même avec lui. Elle l'observait en détail, comme elle l'avait fait le jour où ils s'étaient quittés au port à leur première rencontre. Elle avait imprimé son visage dans sa mémoire, et là, après tout cela, elle ressentit le besoin de recommencer. D'une certaine façon, pour s'assurer à elle même qu'il n'avait rien fait. Qu'il était toujours le Norbert qu'elle avait connu, généreux, affectueux...tendre.
Norbert avait, ancré sur lui, une forme d'innocence toute particulière. Ses traits étaient délicats, incomplets, comme ceux d'un enfant. Sa timidité se peignait dessus, sa peau était claire, parsemée de taches de rousseurs, son petit nez mettait en valeur ses lèvres et ses joues légèrement roses. Et ses yeux... Tina aurait pu les regarder des heures durant, sans s'arrêter. Ils était beaux, deux magnifique pierre précieuses, d'un gris orage aux reflets verts. Ils étaient plus clairs que ceux de Ashley, et scintillaient comme deux étoiles. Ses cheveux fous partaient dans tous les sens, d'un mélange de blond et de brun aux reflets couleur de flammes.
Cette observation dura longtemps. Tellement longtemps, qu'ils en perdirent la notion du temps. Et ils en perdirent tellement la notion du temps que ni l'un ni l'autre n'entendit la porte de l'étage s'ouvrir. Queenie, qui passait voir si sa sœur et Norbert allaient bien (elle ne les avaient plus vus depuis un moment et commençait à se faire du soucis). Elle s'arrêta brusquement dans son exploration de la salle, juste avant de rompre l'exceptionnel contact visuel entre les deux amis.
Étonnée de tomber sur un spectacle aussi inattendu, sa bouche forma un "o". Le regard ancré dans celui de l'autre, c'était comme si rien ne pourrait jamais les briser. Mais elle savait que la moindre petite interaction pouvait tout détruire, que ces moments là étaient fragiles comme du verre et qu'il fallait être de velours avec pour les faire durer.
Puis, soudain, une étrange idée lui traversa l'esprit. Une idée tordue, mais amusante, et qui les aiderait grandement. Elle recula jusqu'à se fondre dans l'ombre des meubles derrière elle et pointa lentement sa baguette en direction de sa sœur. Elle douta une seconde mais se ressaisit, et murmura le plus silencieusement du monde le sortilège qu'elle avait en tête.
_ Flipendo !
Sous leurs yeux, Tina se figea brusquement et sembla pâlir plus que de raison. Norbert le remarqua immédiatement, fronça les sourcils, et par instinct, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il sauta de son vieux fauteuil, se précipita dans sa direction et se trouva agenouillé près d'elle à essayer de comprendre pourquoi elle semblait s'être transformée en statue. Queenie se plaqua contre le mur, ne voulant pas être repérée, guettant la réaction du jeune homme.
Norbert, alarmé par l'absence de vivacité soudaine chez son amie, commença à s'inquiéter. Il avait facilement compris que c'était l'œuvre d'un sortilège, mais il était tellement perdu dans sa contemplation qu'il n'en avait pas vu la provenance, ni d'ailleurs la personne qui l'avait lancé. Mais ses idées folles concernant Grindelwald et Aria s'évanouirent en un rien de Temps. Personne ne pouvait pénétrer cet étage du MACUSA, et puis de toute manière, ils n'étaient certainement pas assez stupides pour se jeter dans la gueule du dragon.
Il perdit son sang froid et saisit ses épaules pour la secouer comme un pommier.
_ Tina ?
Il la secoua d'avantage.
_ Tina ? Répondez moi ! Tina !
De longues secondes s'écoulèrent, qui lui parurent une éternité, et tout à coup, Tina sembla revenir à son état normal. Elle put de nouveau contrôler son corps. Dès l'instant où l'effet du sortilège s'estompa, elle prit une énorme inspiration, suivie de toussotements tremblotants, comme si elle avait retenue sa respiration un peu trop longtemps. Étourdie, elle baissa la tête, son corps tentant vainement de comprendre cet instant d'absence si brutal.
Elle entendit un long soupir de soulagement, et se rendit tout à coup compte que ses épaules étaient plus lourdes que d'ordinaire. Elle en déduisit que quelqu'un la tenait et inclina sa tête vers la personne face à elle. Elle fut surprise de croiser le regard inquisiteur de Norbert, qu'elle croyait pourtant de l'autre côté de la salle. Le magizoologiste était accroupi juste devant elle, ses mains tenant fermement ses épaules, et les traits de son visage angélique tirés d'inquiétude.
Perdue, la jeune femme le fixa sans un mot. Mais que venait-il de se passer ?
_ Norbert ?
_ vous allez bien ?
Elle fronça les sourcils. Oui, il venait obligatoirement de se passer quelque chose, quelque chose dont elle ne se souvenait visiblement pas mais qui l'avait mise dans une drôle de situation. Lentement elle hocha la tête pour répondre au jeune homme. Il poussa un autre soupir de soulagement, et tout son corps sembla se détendre soudainement. Très doucement ses grandes mains quittèrent ses épaules et se posèrent contre ses joues.
Un courant électrique sembla les parcourir tout deux, et tous les poils du corps de Tina se dressèrent, avant qu'un long frisson ne la parcoure. Ce que lui avait dit Ashley un peu plus tôt lui revint alors en mémoire, comme ça sans prévenir, en voyant Norbert face à elle la regardant comme cela. Il la regardait comme si il avait peur qu'elle ne disparaisse.
"Norbert a mise Leta Lestrange enceinte puis l'a laissée. Elle est morte par sa faute"
Tina lutta contre le souffle de colère qui lui monta dans la gorge au souvenir de ces paroles. Cette accusation lui avait retourné le cœur. Mais malheureusement, bien qu'elle soit presque certaine qu'il n'y était pour strictement rien, le chamboulement émotionnel était présent. Trop présent même.
Quand elle le voyait la regarder comme ça, comme si il avait peur qu'elle ne disparaisse, quand elle le voyait regarder Ashley et lui sourire comme si elle était la chose la plus précieuse au monde elle ne pouvait juste pas accepter que ce soit vrai. Cet homme était incapable de faire du mal à une mouche, il avait un cœur immense, juste quelques difficultés à y faire entrer du monde, et l'âme la plus pure qui lui ait jamais été donnée de voir.
Sa mâchoire se contracta, et sans qu'elle ne puisse la retenir, une larme coula furtivement sur sur sa joue. Une larme de tristesse, de déception, ou alors une larme de haine pure. Elle n'aurait su le dire, toutes ses émotions étaient mêlées les une aux autres, et elle n'arrivait pas à s'y retrouver. En revanche, cette larme fut suivie rapidement par beaucoup d'autres.
Elle vit dans son regard que la voir pleurer lui faisait l'effet d'un coup dans l'estomac, et elle baissa la tête, honteuse de se montrer ainsi. Elle le faisait souffrir pour rien, alors que leurs nerfs à tout deux lâchaient, lui qui ne savait rien à la situation.
Et c'était vrai, Norbert ne comprenait pas pourquoi son amie était dans cet état, mais il ressentit le besoin immédiat et oppressant de faire quelque chose pour empêcher que ça continu. Il n'était pas à l'aise avec les humains, ce n'était pas nouveau, mais il savait qu'avec ses amis les choses étaient bien plus faciles qu'avec ceux qu'il ne connaissait pas.
Alors, instinctivement, il se mit à agir comme il le faisait avec ses animaux. Avec une douceur infinie, il avança sa main jusqu'à son visage pâle et lui caressa doucement la joue, en y faisant de délicats ronds avec son pouce. Cela lui rappela leurs adieux il y a huit mois. Il tremblait, pour lui tout cela était nouveau. Mais en faisant cela il se sentait étrangement bien.
Ce qui se passa ensuite ne fut qu'à ses yeux l'enchaînement logique des événements. Il se mit à genoux juste devant elle et s'approcha encore de son amie. Les caresses qu'il opérait sur son visage d'ange prirent plus d'appui et il se rendit compte qu'il serait volontiers resté comme ça des heures durant. Il se fit une note mentale de remercier Ashley pour l'avoir rendu plus sociable qu'avant.
De son côté, Tina se sentit apaisée par les actions du magizoologiste. Bien sûr, elle fut grandement surprise de le voir agir de cette façon, elle avait beau le connaître assez peu au fond elle savait que c'était un comportement qui lui était étranger. Mais grand dieu, cela lui faisait un bien fou, sa main grande et chaude contre son visage, et sa bouille d'ange penchée au dessus d'elle.
Une chaleur voluptueuse se répandit dans tout son être, et elle eut l'impression de flotter hors de son corps pendant une longue seconde. Qu'elle étrange sensation. Mais bien vite, l'impression d'être comblée sembla se dissiper et un creux se fit une place dans son ventre. Elle avait besoin de plus que ça.
Vraiment plus que ça.
Avant de s'en rendre compte, ses mains fines et tremblantes encadrèrent le doux visage du jeune homme. Son front avança pour reposer contre le sien et elle ferma les yeux, son souffle faible résonnant autour d'elle. Norbert fut surpris, ses caresses ralentirent, et il la fixa sans rien dire et sans réaction.
Mais Tina ne s'en contenta pas, elle inspira profondément et s'élança vers lui, ses bras serpentant autour du cou de Norbert. Sa tête alla se nicher contre son épaule, et son corps sembla fusionner au sien.
Les mains du jeune homme étaient suspendue dans l'air, et lui, figé comme une statue, les lèvres entrouvertes et les joues roses. Ça, il s'y attendait encore moins. Tina se serra d'avantage contre lui, le désespoir lui brûlant la gorge. Norbert le sentit, et oubliant tout le reste, il enroula aussi ses bras autour de son petit corps et la serra à son tour.
La sensation qui l'envahit subitement lui fit prendre conscience d'à quel point il était seul. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas prit une femme dans ses bras. Contre lui, son corps était chaud, son souffle agréable dans son cou, ses petites mains pleines de douceur. Et puis, elle sentait vraiment bon.
À cet instant, il eut l'impression qu'il ne pourrait jamais plus la lâcher. Dans le fond de la pièce, Queenie sentit une bouffée de joie l'envahir. Elle lutta de toutes ses forces pour s'empêcher d'entrer dans la tête de l'un ou de l'autre, et s'éclipsa sans un bruit. Elle avait fait assez pour eux aujourd'hui.
Norbert se demanda tout à coup qui était la dernière Femme qu'il avait enlacée de cette manière. Il y avait Ashley, mais Ashley n'était encore qu'une enfant, et à ses yeux elle était comme une fille. Il y avait sa mère aussi, en remontant le temps de ses souvenirs il se rappela les fois où sa Mère le serrait contre elle avec tout l'amour du monde.
Ashley, sa mère. Les deux femmes de sa vie. Il se demanda même si Tina n'était pas la troisième, se refusant de céder cette place au fantôme de Leta qui ne faisait plus vraiment partie de lui depuis un moment déjà.
Ils restèrent enlacés longtemps, comme si autour d'eux toute la peur, l'angoisse et la colère avaient disparu. Comme s'ils étaient seuls au monde. Puis, lorsque leurs âmes furent apaisées et que Tina se sentit prête à affronter le passé, elle se recula. Ses bras glissèrent de son cou à ses épaules et elle se redressa jusqu'à recoller leurs fronts. Norbert ne dit pas un mot, les yeux aussi clos que son amie, profitant des derniers instants de repos qu'ils auraient pour le moment.
_ je sais que tu n'as pas fait ça....murmura-t-elle.
Il ne comprit pas et ouvrit les paupières pour la regarder. Il croisa son regard brun et comprit qu'elle allait s'en aller. Et c'est bien à contre cœur qu'elle se leva.
_ ...et je compte bien le prouver.
Les bras protecteurs de Norbert laissèrent son dos et retombèrent mollement contre lui alors qu'elle se reculait de quelques pas. Elle le fixa une dernière fois et fit volte face pour s'en aller. Cependant elle ne bougea pas.
Elle finit par se retourner vers lui de nouveau, et après une certaine hésitation, la jeune femme se pencha et embrassa tendrement le front du magizoologiste. Puis, sans un mot de plus, elle quitta l'étage, direction la salle des archives.
Et Norbert, lui, la regarda s'envoler comme un fantôme, seul, assit à même le sol, un trou béant dans la poitrine et avec pourtant cette étrange sensation de bien être, l'esprit complètement retourné. Décidément, il ne pouvait plus se le cacher, Tina avait sur lui un magnétisme envoûtant, et il en devenait complètement dépendant.
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