⚚ⅩⅩⅩⅠ⚚
AVERTISSEMENT : ce chapitre contient des allusions à la violence et des descriptions un peu morbides, il est plus Dark que les autres et donc déconseillé aux personnes trop sensibles.
~•~
Sous la forme d'un agile Corbeau, Ashley survolait la ville haut dans le ciel, se faufilant entre les courants du vent et les touffes nuageuses de cette fin de journée. L'air humide glissant sur ses plumes luisantes lui faisait du bien, et c'est exactement ce dont elle avait besoin : de décontracter.
Et puis, avec toutes ces catastrophes enchaînées elle n'avait même pas pu voir et visiter vraiment la ville, alors c'était une belle occasion de découvrir New-York. Et puis, vue des airs, sous le soleil mourant, la grosse pomme semblait être une ruche d'or et de métal qui ne dors jamais, et c'était vraiment beau. Si elle avait pu, elle aurait sourit. Mais un oiseau ne sourit pas.
Elle continua tout droit sur sa lancée, laissant disparaître la haute tour du MACUSA derrière elle. Elle n'était pas inquiète, elle avait un excellent sens de l'orientation, elle rentrerait quand il commencerait à faire très sombre. Pour l'heure, elle s'éloignait du centre-ville et de son effervescence, survolant désormais les quartiers de banlieues.
Puis, après quelques kilomètre de calme, elle passa au dessus d'un quartier semblant abandonné, où tout était noirci et mort.
Cela piqua sa curiosité, et comme l'endroit était, ou du moins semblait, désert, elle pensa qu'elle y serait tranquille. Piquant du bec, rentrant les ailes, elle plongea une cinquantaine de mètres plus bas avant d'atterrir tout en douceur au pied d'un bâtiment qui penchait dangereusement en direction du sol. Reprenant une forme humaine, elle s'étira en grimaçant à cause des douleurs résiduelles qui étaient toujours là, même après des années de pratique de cette métamorphose, et arracha sans vergogne les quelques cheveux décolorés qui dépassait de son chaperon noir.
Époussetant ses vêtements, elle laissa balader son regard analytique sur le paysage désolé qui s'étendait face à elle. L'endroit était bel et bien désert, tout était détruit, les ruines de vieux bâtiments qui tenaient encore debout étaient couvertes de suie, pourries, il n'en demeurait que fragments dépareillés qui donnait l'impression qu'au moindre contact tout tomberait en cendres et en poussière. Elle frissonna.
Cela lui rappelait l'endroit où Aria l'avait emmené lorsqu'elle l'avait enlevé peu de temps auparavant. Elle savait que des quartiers loin en banlieue de New-York avaient été victimes de terribles incendies. Et celui ci devait être l'un d'eux.
Ashley fit quelques pas, slalomant entre les débris, observant chaque recoin de ce paysage macabre et désolé. Dans sa tête tournait comme un vieux film de fond tout ce qu'elle avait vécu ces derniers jours, toutes les révélations, toutes les vérités éclatées, tous les murmures étouffés, les regards haineux, les larmes, les inquiétudes. Tout. C'en était hypnotisant, elle était hantée par ces pupilles améthystes si glaciale et à la fois tristes. Elle était hantée par ces yeux remplis de haine finalement si semblables aux siens.
Ashley s'arrêta, leva la tête, alerte, toute pensée partiellement dissipée de son esprit torturé. Un gémissement guttural venait d'être porté par le vent à ses oreilles, et elle en frémit de la pointe de ses orteils à la racine de ses cheveux. Elle avait entendu quelque chose, elle en était certaine.
Et étrangement, quelque chose de familier. Familier mais loin d'être rassurant. Sur ses gardes, elle explora les yeux, la terrible impression qu'un souffle glacé lui chatouillait la nuque en dessous de sa crinière blonde, posant ses pieds sur le gravier avec une lenteur excessive pour faire le moins de bruit possible.
Vlam !
La jeune fille sursauta si fort qu'elle crut presque qu'elle allait à nouveau s'envoler, ses boucles s'hérissant sur le haut de son crâne jusqu'à en devenir pointues comme des antennes radio, un petit glapissement de peur perçant le silence qui l'entourait. En une seconde elle avait dégainé sa baguette et la tenait bien droit devant elle, position de duel oblige, le premier sort qui lui venait au bord des lèvres résonnant en écho à un kilomètre à la ronde.
__ Flipendo !
Hélas son sort ne fit qu'envoyer valser un tas de gravats dans les airs, qui manquèrent d'écraser un misérable chat de gouttière qui s'éloigna à bond de nifleur, le dos rond, feulant comme un gobelin. Un souffle soulagé s'échappa d'entre ses lèvres malgré elle, lorsqu'elle se rendit compte qu'il ne s'agissait que de cet animal ayant fait tombé une vieille planche de bois d'un monticule de déchets rocheux un peu plus loin. Lentement, elle abaissa son bras, desserrant ses doigts autour de sa baguette qu'elle tenait à la briser en deux d'un mouvement, se passant la main dans sa chevelure avec embarras.
C'était fou comme ses réflexes de combat et de défense s'étaient décuplés en rapidité et efficacité ces derniers temps, New-York, pour une jeune fille comme elle, était déjà si peu sûre, mais avec Grindelwald en liberté, le danger était tel qu'il fallait se tenir aux aguets à chaque seconde. Maintenant qu'elle y réfléchissait bien, venir ainsi se promener dans les ruines d'une ville désertée et ravagée alors qu'on l'avait enlevée pour le compte d'un psychopathe peu de temps avant était loin d'être intelligent, c'était même complètement irréfléchi.
Elle pu repenser à cette fameuse phrase qu'elle avait ressorti à Dragonneau à toutes les occasions lorsqu'il la réprimandait pour ce genre de chose. « Il faut savoir vivre dangereusement, j'ai le goût de l'aventure, que veux tu ! »
Un rire amer remonta du fond de ses tripes. Cette excuse n'entrait pas en vigueur cette fois ci, malheureusement, elle ne pourrait jamais être en sécurité dehors désormais. Comme chacun des êtres de ce monde, d'ailleurs.
Elle secoua la tête. Elle qui était sorti dans le but de se changer les idées, on pouvait dire que c'était un lamentable échec. Un soupir lasse accompagna le craquement de son dos alors qu'elle se courbait. Elle ferait mieux de rentrer.
...secours..
Ashley se ratatina sur elle même. Non, elle ne devenait pas folle, elle le sentait jusqu'au plus profond de ses tripes, et son instinct ne mentait jamais. Il y avait quelqu'un ici. Et cette personne avait besoin d'aide. Avec précaution, elle trottina jusqu'à un semblant de mur et se faufila sur un un bloc de briques poussiéreux où elle put observer les alentours en toute discrétion, tendant l'oreille. Un mauvais pressentiment naissait dans sa poitrine alors que le silence se refaisait maître des lieux, le genre d'affreuse sensation qui vous donne envie de déguerpir et d'aller vous terrer dans un abris anti-aérien pour quelques années de paix.
Puis la voix se manifesta encore, plus proche, plus discernable, fragile, brisée, douloureuse.
Juste sous elle.
Ashley descendit de son perchoir et fureta jusqu'à discerner, masquée sous les débris, une ouverture à peine assez large pour laisser passer un rongeur. Dégageant l'ouverture, Ashley s'accroupit et tenta de regarder à l'intérieur si elle ne voyait pas quelque chose. Mais dans le noir d'encre absolu tout ce qu'elle pouvait discerner étaient les contours mal dessinés de ce qui ressemblait à des sous sol et une voix à peine audible qui l'appelait par toujours dans le vide, avec l'espoir indéfectible d'être entendue.
Ashley, retombant sur ses fesses, se gratta le crâne, recherchant désespérément du regard une solution à ce problème.
Aider cette personne ou la laisser ?
La réponse était plus qu'évidente, jamais elle ne pourrait laisser qui que ce soit dans une situation pareille, ce moldu, ce ne pouvait être qu'un moldu, ou un sorcier sans baguette, avait besoin d'aide. Qui était-elle pour décider du sort de quelqu'un, rejeter une personne en danger, elle qui avait tant souffert de l'ignorance des autres ?
Personne n'avait à rester seul dans des conditions aussi critiques, si la surface était un paysage saccagé semblant sortir du chaos, elle n'osait imaginer dans quel état devaient être les souterrains.
Seulement elle était face à un dilemme de taille : Ashley n'avait absolument aucun moyen de passer de l'autre côté, le passage était bien bien trop étroit pour qu'un corbeau s'y faufile, même son bras ne passait pas entièrement...Faire exploser le sol ? Bonne idée, si l'objectif était de provoquer l'écroulement de tout le terrain.
Elle se mordit la lèvre.
À moins qu'elle ne se transforme elle même en rongeur, elle ne pourrait pas passer...
Cela aurait pu paraître égoïste à tous ceux qui ne savaient pas ce que c'était d'être ce qu'elle était, aux yeux de ceux qui pensaient savoir mais qui ne savaient rien. Des échos de souvenirs revenaient hanter son champ de vision, des hurlements, ses hurlements soufflaient comme le vent contre ses tympans, des frissons parcouraient son corps, parce qu'elle ne voulait pas se souvenir.
Mais peut être que pour sauver une vie elle était prête à souffrir encore une fois.
Faisant craquer ses articulations et étirant ses jambes et ses bras, le front striés de sillons d'appréhension, elle glissa sa baguette dans sa botte et, fermant longuement les yeux avant de se décider, se laissa changer en rongeur.
Et la douleur, comme elle l'avait prévu, fut au delà de tout entendement. Sous sa peau elle sentit fourmiller ses propres muscles, roulant sur eux même, se tassant les uns contre les autres, changeant de place. Elle sentit ses os rétrécir, se ronger eux même, sa peau se tendre monstrueusement par endroit tandis qu'ailleurs elle était aspirée. Tout en elle changea de place et de forme, son corps se courba dans des positions inhumaines, tout se fissurant et se ré emboîtant sans jamais s'arrêter. Ses yeux rétrécissaient, son nez s'allongeait, sa mâchoire changeait de place.
Lorsqu'au terme d'une torture interminable elle atteignit à peu près la corpulence d'une souris difforme, elle se faufila en rampant dans l'ouverture creuse au sol et se laissa tomber dans le noir.
Le temps d'arriver en bas la plupart de ses membres avaient commencé à reprendre leur forme initiale, Ashley étant incapable de garder sa forme animale plus longtemps que quelques secondes si elle ne voulait pas que son agonie se prolonge.
Elle tomba sur le sol dans un bruit de craquements abominables, à la façon d'une poupée désarticulée, ses yeux injectés de sang et de nombreuses mèches de ses cheveux ayant perdu toute vie en si peu de temps. Malgré l'épineuse torture qui circulait dans chaque cellule de son corps elle se courba en arrière se redressant du mieux possible, avant de brutalement laisser échapper de sa gorge jusqu'au sol des caillots de sang à demi coagulés de la taille de son poing.
Sa trachée la brûla et elle se racla la gorge avec un gémissement guttural affreux, se reposant en arrière sur ses genoux et s'essuyant la bouche avec son avant bras. Lorsque sa respiration fut à peu près normale de nouveau, elle se hissa à l'aide de la paroi du mur sur ses pieds et fit quelques pas. Ses os craquèrent comme des feuilles mortes à chaque mouvement et finalement, elle parvint à contenir l'ensemble des sensations qui paralysaient ses membres.
Saisissant sa baguette elle l'agita dans sa propre direction, murmurant un « Episkey » suffisamment assuré pour que le sort fasse effet. Le soulagement qu'elle sentit en vague traverser ses veines lui fit le plus grand bien, malgré les apparences, et elle se sentit de nouveau Force d'affronter l'obscurité.
Ainsi elle parcouru les entrailles de cette terre brûlée d'au dessus avec méfiance, armée d'un Lumos des plus efficaces qui lui permettait de slalomer entre les pieux de roche qui obstruaient tous les passages. L'endroit était sale, humide, les murs étaient couverts de moisi et ça puait le renfermé. C'était si lugubre qu'elle se demandait presque si elle n'avait pas rêvée cette voix qui appelait au secours. Mais ça, ce fut jusqu'à ce qu'elle le voit.
Un frisson d'horreur la parcouru, et poussant un cri horrifié, elle lâcha sa baguette sur le sol qui tomba avec un bruit mat. Le faisceau lumineux, traversé par des moutons de poussière, éclairait ce qu'il restait d'un être humain.
Le corps d'un homme, aux vêtement en miettes, la peau nécrosée et trouée, puant la décomposition, le regard vitreux perdu dans la profonde obscurité de ces catacombes.
Ashley eut un haut le cœur si violent qu'elle craignit de vomir son estomac tout entier. Elle s'approcha tout de même, bloquant sa respiration, ramassant sa baguette au passage, pour vérifier s'il était toujours vivant.
Évidemment c'était un cadavre, et vu l'état de son corps, il devait pourrir ici depuis un sacré bout de temps. Ne supportant pas cette vue plus longtemps elle se détourna, prête à repartir.
Si il ne l'avait pas appelé, alors qui l'avait fait ?
Soudainement elle eut peur que cela soit un piège tendu par Grindelwald et ses sbires, ou encore Aria. Mais cela était assez invraisemblable, car ils auraient eu mille fois le temps de l'attaquer, voir même de la tuer, ou de la kidnapper de diverses façons très imaginatives.
C'est seulement là qu'elle le vit, son regard alarmé le heurta si vite qu'elle sursauta de nouveau et manqua de lâcher sa baguette une seconde fois. Mais elle la garda bien serrée entre ses doigts tremblant et fixa ses yeux tourmentés une très longue seconde durant laquelle elle ne sût quoi faire à part regarder son corps squelettique convulser, replié sur lui même, et les insectes grouiller dans ses cheveux gras et sa barbe hirsute.
Il semblait tellement se fondre dans le décor que l'on aurait pu croire qu'il était là depuis des années. Et pourtant, l'importante couche de crasse débarrassée, on se rendait compte qu'il ne devait être que là que depuis quelques semaines. La seule façon qui lui avait permis de survivre avait été de manger tout ce qui lui parvenait aux lèvres et de boire l'eau pourrie et sale qui dégoulinait du plafond.
Lorsqu'il poussa un nouveau râle, Ashley sembla revenir à la réalité et s'approcha avec prudence, sa baguette éclairant le corps aigri de l'homme, qui étrangement, lui semblait familier.
_ Monsieur ?
Il tenta de lui répondre, visiblement soulagé de voir un autre visage, mais Ashley vit bien qu'il en était incapable. Lui intimant de se calmer, elle plaça sa baguette au dessus de son torse et se concentra.
_ Vulnera Sanentur
Avec une joie infinie, la jeune fille pu voir le temps se retourner sur lui même sur le corps de l'homme en face d'elle. Ses blessures cicatrisaient, les ouvertures se refermaient, ses cernes s'éclaircissaient à mesure que tout son corps semblait reprendre du tonus et retrouver un semblant de couleur et de vie. Bien sûr le sort était efficace, mais Ashley ne connaissait pas suffisamment d'incantations pour pouvoir l'aider d'avantage, il lui fallait le secours de medicomages, elle ne pouvait que retarder l'échéance.
Saisissant son avant bras, elle l'aida à se redresser, se servant des pans de vêtements déchirés qu'il portait pour essuyer son visage. Étrangement l'utilisation de la magie ne sembla pas provoquer plus de choc que cela chez lui, et Ashley pensa que ce Moldu devait être en si mauvais état qu'il n'avait même pas dû y faire vraiment attention. S'il était un sorcier en revanche, cela était un très mauvais signe, car à coup sûr la nouvelle créerait un vent de panique au sein de la communauté magique américaine.
_ Monsieur, vous pourriez me dire quel est votre nom ?
Sa façon de la regarder fut si transperçante que soudainement elle crut que son cœur cessait de battre. Ce regard, cet orage constant et inébranlable dans ces iris opaques, cette force inaltérable. Jamais elle n'aurait crut le revoir un jour, elle en fut si retournée que tout à coup ce fut comme si elle quittait la réalité, si bien qu'elle en perdit momentanément la notion du temps avant de brutalement revenir au présent, sans la moindre idée de combien de temps avait pu s'être écoulé.
Elle n'avait pas besoin de son nom, elle savait qui était cet homme.
Polynectar.
_ Sors... sors moi de là...
Sans se faire prier, Ashley agrippa son bras et tira dessus de toutes ses forces, serrant les dents, jusqu'à réussir à le faire basculer vers l'avant. L'homme l'aida comme il le pu, poussa sur ses jambes, malgré la douleur, jusqu'à ce qu'au terme d'un rude effort ils parvinrent à s'extirper de ce trou de souris plus étroit qu'un bocal.
Si l'endroit, confiné et sombre, n'était pas idéal, elle allait devoir s'en contenter, et serrant la main de l'homme, elle leva sa baguette. Elle ferma les yeux et se concentra, visualisa les contours, les couleurs, l'atmosphère. Un souffle plus tard, elle transplanait.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top