Un plan et une lutte
Chapitre 127
Je le laissais me traîner jusqu'à ce que puisse voir ou il m'emmenait. Nous étions au point de départ. Là où nous les avions rencontré et là où nous nous étions enfuis.
Et c'est là que je les vis tous. Ils étaient enchaînés chacun près de l'autre mais dans l'incapacité de se toucher. Même Nyra était prisonnière de ses liens et sans ses mains devant ses yeux elle ne pouvait pas nous aider et était aussi vulnérable que nous.
-Tu en as pris du temps, remarqua un des tueurs.
Ils étaient cinq au total, remarquai-je en crachant une nouvelle fois.
-La ferme et où as-tu trouvé la corde ? Demanda-t-il sans me lâcher.
-Dans le sac du gamin, répondit une autre en rigolant. On a tout brûlé chef, ajouta-t-elle heureuse en lui montrant le feu beaucoup plus loin.
Il hocha la tête et laissa apparaître une grimace d'approbation.
-Bien mais ne vous approchez pas trop, dit-il en prenant lui aussi de l'espace entre le feu crépitant et lui.
Comme si ils en étaient effrayés ou que ça en était dangereux pour eux.
-Tu nous as pas dit pourquoi tu as pris autant de temps, fit remarquer un de ses sbires. A moins que tu ais pris du bon temps...
Et ils éclatèrent tous de rire alors que j'essayais de retenir la bile qui montait. C'était écœurant.
-Anaka, entendis-je venant du groupe entasser dans un coin.
Je levai les yeux vers eux et les vis me parler mais je n'entendis rien car le tueur m'assena une autre claque qui envoya ma tête valser en arrière.
-Chaque mot que vous direz sera un coup en plus pour elle.
Je les voyais se retenir de parler alors qu'Isha pleurait.
-Ça va aller, les rassurai-je d'une voix rauque.
Ils avaient envie de parler mais pour moi ils ne le faisaient pas. Par amour. Je gigotais pour qu'il me lâche mais il poussa un grognement de frustration.
-Attachez là elle m'a déjà coupé un bras ce serait bête que je perde l'autre, ordonna-t-il en grimaçant vers la fin.
-Vraiment ? Demanda un des hommes craintif.
Pour seule réponse il exposa son bras couvert de cicatrice à la vue de tous.
Un tueur vint prendre de la corde et m'attacha les poignets et les chevilles. J'étais totalement bloquée. Je pensais avec une pointe d'ironie que je me mouvais comme un sanguis sauf que je n'avais pas aussi de flexibilité qu'eux.
-Tu diras merci à ton ami qui nous a gentiment donné la corde, rigola le tueur en regardant droit dans les yeux Nathan.
-Attends que je me détache de là, cria celui-ci sous le coup de la colère.
Une seconde après je reçu un coup en plein dans l'estomac qui me coupa la respiration. Je fermai les yeux pour faire passer la douleur et pris de longues et profondes inspirations pour me calmer.
J'ouvris ensuite les yeux et croisai les regards inquiets des ftakes, le regard implorant d'Isha, et le regard désolé de Nathan qui s'en voulait sûrement d'avoir ouvert la bouche.
-Ne la retouche plus c'est la mienne, grogna le tueur qui m'avait attrapé en poussant celui qui venait de me donner le coup.
-Oui chef, s'excusa d'une petite voix le coupable.
Il prit mon sac à dos qu'il jeta et ma dague qu'il examina avant de la ranger dans sa poche.
-Non c'est la mienne, criai-je.
Il ne pouvait pas me la prendre, elle était très précieuse pour moi. Elle venait de mon père. Mon père.
-Rectification, c'était la tienne, désormais elle est à moi.
Je serrai la mâchoire pour ne pas dire quelque chose que je regretterais sûrement.
-Videz moi son sac, commanda-t-il.
Les autres tueurs accoururent sur mon sac et se l'arrachèrent jusqu'au moment où un des quatre réussit à l'ouvrir et balança tout ce qu'il y avait par terre.
Je vis mon baume rouler plus loin et se fondre dans la terre grâce à sa couleur foncée mais le reste n'y échappa pas.
-Non, criai-je en les voyant jeter mon sac dans le feu.
Ils rigolèrent amusés par le spectacle alors que je sentais la rage monter de plus en plus au fond de moi.
-Silence, cria le chef en m'écrasant la main.
De la douleur encore et encore de la douleur. Je lâchai un grand cri et fermai les yeux.
-Chef regardez comme c'est mignon, se moqua un homme en agitant l'esquisse de mon père et de moi.
-Non pas ça tout sauf ça, les implorai-je en le voyant regarder l'image avec un rictus de dégoût.
Il n'avait pas regardé au dos les mots écrits mais j'étais paniquée qu'il fasse subir le même sort que mon sac à ça.
-Tellement de joie que j'en suis écœuré, dit-il simplement en jetant le dessin dans le feu.
-Nan, chuchotai-je en la regardant brûler et disparaître.
Toutes ces pertes plus la douleur dans mon corps fit couler les larmes le long de mes joues.
Je ne pouvais même pas les essuyer car j'avais les mains liées.
Le chef se rapprocha de moi et me tira par les cheveux pour que je sois à sa hauteur. J'étais désormais à genoux et je détestais cette position car j'étais vulnérable et soumise ainsi.
-Que faites-vous ici ? Demanda-t-il d'une voix basse.
Je ne répondis pas. Combien de temps prendrais-je avant de délivrer des informations ? Allais-je réussir à tenir ma langue même sous la torture ? Il lâcha un rire et fit craquer sa tête de droite à gauche.
-Je n'ai pas pour habitude de me répéter, continua-t-il en passant son doigt le long de mon menton.
Il récolta une goutte de sang et l'apporta à sa bouche.
-Un sang délicieux pour une jeune fille délicieuse, chuchota-t-il près de mon oreille.
Je cessai de respirer en sentant son haleine acre et moisie. Quelle horreur !
Il reposa son doigt humide et sale sur le coin de ma bouche en reprenant du sang. S'en était trop. Je crachais en essayant de l'atteindre. Et je réussis mon défi puisqu'il essuya d'un geste rageur son visage.
-Oh petite peste tu vas regretter d'avoir fait ça, grogna-t-il en tirant plus fortement sur mes cheveux.
Je laissais échapper une exclamation de douleur et serra les dents. Il fallait à tout prix que je cache ma douleur. Mais j'avais l'impression que mon cuir chevelu brûlait.
Il fit craquer ses doigts et avant même que je puisse tousser, il m'assena un nouveau coup de poing et un coup de pied.
-C'est tout ? Lui demandai-je d'une voix forte en sentant couler le sang le long de mon visage.
J'imaginais que je devais être dans un mauvais état. Je le sentais.
-Tu vas donc te laisser faire par une petite gamine ? Continuai-je en voyant ses narines remuer sous l'effet de la colère.
-Anaka ! Arrête.
Je n'écoutais pas les ftakes, trop concentrée sur le tueur en face de moi.
J'avais un plan mais c'était risqué et cela risquait de ne pas fonctionner. Mais après tout nous étions tous impuissant et un plan était le bienvenu.
Je commençais à me déplacer vers le feu qui n'était pas si loin que ça.
-Alors tu as peur d'une stikas ligotée ? Repris-je en le voyant fermer les yeux comme pour se calmer.
-Chef vous réagissez pas ? Demanda un de ses hommes resté en retrait avec les autres depuis tout à l'heure.
-La ferme, cria-t-il alors que l'homme en question se recroquevillait sur lui-même. Le premier qui m'interrompt je le jette au feu.
Ses sbires poussèrent des exclamations de terreur alors que je souris intérieurement. Il venait de confirmer mes hypothèses. Ce n'était pas très intelligent de sa part.
-Je pourrais t'affronter même sans tes cordes, se moqua-t-il en regardant mon état pitoyable.
-Voyons ça du coup, lui proposai-je en souriant méchamment.
Je voyais bien qu'ils n'étaient pas aussi intelligent que nous et qu'ils agissaient surtout avec leurs instincts.
-Libérez-là, ordonna-t-il.
Les quatre hommes se jetèrent des regards implorant comme si un d'eux aller se dévouer pour les autres, puis finalement le plus petit vint vers moi en me jetant un regard mauvais.
-On a peur, murmurai-je pour le provoquer.
Il grogna bruyamment mais fut rappelé à l'ordre par son chef. Il coupa donc mes liens et me souleva pour que je me mette debout. Mais peine perdue je retombais aussitôt.
-C'est bon retourne avec les autres je m'en charge, râla l'alpha de la bande.
Il le congédia d'un geste de la main et m'empoigna par le bras.
-Lèves toi stikas et bats-moi, ordonna-t-il en me lâchant.
Mes jambes cédèrent alors que je restais un moment perdue. J'essayais de m'orienter une nouvelle fois et me mis sur mes genoux. Mais je sentis un gros coup de pied me propulser sur le côté.
-Anaka réagis merde, cria quelqu'un.
J'avançais vers le feu dans l'espoir de mettre mon plan à exécution mais il m'attrapa la cheville pour que je n'aille pas plus loin.
Je me relevais à bout de souffle, et me mis en garde comme mon père me l'avait appris.
Il essaya de m'envoyer un coup de poing mais je chargeai et le pris par la taille pour nous faire basculer. Je me mis au-dessus de lui et lui assena différents coups qu'il arriva à parer pour la plupart.
Puis décidée d'en finir le plus rapidement je me relevai et titubai vers le feu. Il s'approcha de moi et me poussa pour que je puisse tomber à terre.
-Donne tout ce que tu as, lui dis-je en me relevant.
J'écartais les bras dans un signe de totale soumission faisant semblant de tituber alors qu'il sourit, sûr d'avoir gagné.
Il chargea tel un animal et se rua sur moi, il me percuta de plein fouet mais au moment où il allait me lâcher, je le tins fermement et le poussa dans le large feu. Il lâcha un hurlement aussi horrible que celui qu'il avait produit plutôt, sauf que cette-fois il ne me lâcha pas et essaya de m'emmener avec lui. Je partis sur le côté à temps pour éviter d'être brûlé vif, mais mon bras n'y échappa pas et je dû me mordre la langue pour éviter de crier.
J'entendis d'autres hurlements venant de ses sbires et compris lorsque je vis leurs corps s'enflammer et disparaître comme celui de leur chef. Alors ça, ça ne faisait pas parti de mon plan.
-Anaka, entendis-je venant de plusieurs endroits.
-J'ai chaud, chuchotai-je en sentant mon corps devenir de plus en plus lourd.
La douleur était horrible et m'assenait de toute part. Je vis ma dague près du feu et laissa échapper quelques larmes de joie, mêlées à celles de la douleur. Il me restait au moins ça de mon père.
-Anaka répétèrent les voix.
Je me tournais vers les ftakes et les vis me regarder étrangement. Je me dirigeais vers eux, d'un pas lent.
-Isha gardes les yeux fermés, le prévint Alero.
Je pris ma dague et tombai à genoux devant Lucas. Je pris un court instant pour couper ses liens aux poignets et aux chevilles.
Mon bras gauche me brûlait horriblement. J'avais l'impression que ma peau tombait en lambeaux.
-Anaka ? Demanda-t-il en se précipitant vers moi. Je suis surpris que tu tiennes encore debout vu ton état.
-Lucas s'il-te-plait, l'implora Aria en tirant sur ses liens.
Il me prit ma dague des mains, que je refusais de lâcher. J'avais faillis la perdre.
-Je vais juste les détacher, me rassura-t-il.
Je me mordis la lèvre mais ne trouvai même pas la force de répliquer. Je lâchai alors qu'il s'empressa d'aller délivrer ses amis.
Je sentis ensuite plusieurs mains sur moi et des voix aussi.
-Laissez-là respirer vous lui faîtes mal, ordonna Lucas en faisant barrage de son corps pour les empêcher de m'approcher.
-On est tellement désolée Anaka, sanglota Aria en regardant l'étendue de mes blessures.
-C'est mieux ainsi, répondis-je avec difficulté.
Je toussais et laissai échapper un long filet de sang. C'est vrai malgré la douleur atroce que je ressentais je préférais que cela m'arrive à moi plutôt qu'à l'un d'entre eux.
-Je peux t'aider, chuchota Nyra en avançant vers moi.
-Non, criai-je aussitôt en tendant ma main pour l'en empêcher. Il ne faut pas que tu uses tes forces.
Elle allait répliquer mais je la coupais de manière brusque.
-J'ai vu mon baume tomber il faut m'en appliquer comme pour Alero, dis-je en regardant Nathan dans les yeux. J'y suis habituée ça ne me fera que du bien.
C'était le seul qui avait vu comment j'avais fait et c'était en quelque sorte le plus apte à le faire.
-Mets juste un peu de ton sang, murmurai-je en sentant ma vision devenir trouble.
De la douleur. Encore de la douleur. Seulement de la douleur.
-Il faut que je ferme les yeux une seconde, dis-je en m'allongeant à même le sol.
-Anaka, chuchota Alero d'une voix triste.
-Juste une seconde, répétai-je en fermant les yeux.
Il fallait que je fasses disparaître la douleur.Il fallait que tout cela cesse. Les tueurs étaient morts, tout était fini, tout le monde était sain et sauf, nous avions réussi cette épreuve. C'est avec ces belles paroles que j'entrai dans un autre monde, entre l'inconscience et le rêve......
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