Aiden
Je m'accroupis face à l'homme encore sonné. Yann se tient au fond de la pièce, ses affaires à ses pieds. « On fait quoi maintenant ? Ce n'est pas un pilleur mais un soldat de la ville ! On est foutu ! » Je soupire tournant la tête en sa direction, il regarde autour de lui a l'affut d'un quelconque mouvement suspect.
« On lui explique : Désolé, on pensait que vous vouliez voler nos livres. Qu'est-ce que tu crois ! On se barre, on n'est même pas sur les registres ! » Son visage s'éclaire comme si l'intelligence le frappait pour la première fois. Je déplace quelques parpaings, formant une structure semblable à un écroulement. Le plafond ne me contredira pas. Je perçois la plaque du soldat observant curieusement son nom, William Collins. « Yann, on part maintenant. Pose son sac à côté comme s'il venait de tomber. »
Il s'exécute, me suivant rapidement au fond de la bibliothèque. Nous traversons quelques salles pour atteindre la sortie arrière. J'entrouvre la porte, jetant un vif coup d'œil dehors. Personne n'est présent, je profite de cet instant pour tirer Yann dans une rue adjacente. Il nous faut rejoindre le camp sans croiser le moindre soldat.
Je fais signe à Yann de rester discret quand la radio d'un soldat émet un son non-loin de nous. « Vous l'avez retrouvé ? ... Assommé ! C'est pas grave j'espère ? ... Fait chier ! Je fouille les environs ! SI c'est une de ces choses le président sera moins furieux de l'apprendre... Bien sûr qu'il le saura ! Tu l'as bien vu la dernière fois ! » Yann se fige à l'entente de cette conversation sachant qu'on allait aider ce soldat, ou à la vue de son expression, ce serait plutôt moi tout seul.
Je lui fais signe d'entrer dans le bâtiment à notre droite, cherchant dedans ce qui pourrait aider à assommer mon deuxième soldat de la journée. La poussière se soulève sous nos pas, remontant rapidement à nos genoux. « Yann. Ca te dit de jouer dans la poussière ? » Je chuchote sous son air effaré. Il observe ce qui nous entoure avant de reporter son attention sur moi. J'ai juste le temps de voir ses lèvres miner : « Je te hais ! » avant que la poussière ne nous entoure.
***
Mes camarades sont agités, je perçois sans mal quelque chose de grave se préparer. Ma propre mère est nerveuse alors qu'elle a toujours été calme et confiante. Yann est de plus en plus absent, je me sens exclus des évènements, pourtant j'apprécie cette ignorance.
Je m'appuis sur le rebord de ma fenêtre observant les rues bondées et agitées cherchant un point de réponse sans vouloir le trouver. Des matériaux d'anciens bâtiments traversent nos rues, slalomant entre les ouvriers, les mécaniciens et tout autre habitant de notre « quartier ». Aucun enfant ne court dans les rues, la crainte des patrouilles étant trop grande. Personne ne veut prendre ce risque, surtout quand elles sont de plus en plus rapprochées dans le temps.
« Aiden ! Viens en bas, on te demande ! » Je quitte mon point d'observation laissant les rues aux bâtiments éventrés derrière moi. Je rejoins l'entrée percevant un homme qui m'est inconnu devant moi. Je lance un regard à ma mère qui ne semble en savoir plus que moi.
« Aiden Han Zimmer ? Veuillez me suivre, s'il-vous-plait. Tous les hommes du quartier A sont demandés. » Je dévisage l'homme détaillant chaque part de son être. Il semble en excellent étant physique, n'ayant pas subit les dommages de l'air. A son visage, plissé sous quelques rides, je constate sans mal qu'il est proche de la cinquantaine. Il ne peut alors être dans le peuple depuis sa vingtaine. Aucune toux roque, aucune cicatrice sur son visage ou ses mains.
« Pourquoi vous suivrais-je ? Vous n'êtes pas du peuple ou depuis peu. Pourquoi vous ferais-je confiance ? » Il sourit, laissant apparaitre des fossettes creuses. Il fait un pas dans la maison, ma mère semblant en accord avec ses gestes. Je ne décèle aucune crainte en elle toutefois sa méfiance ne m'aide à accepter sa présence chez nous.
« Aiden Han Zimmer, né dans ces quartiers, grandissant loin de la ville. Tu n'existes pas à leurs yeux, tu n'es même pas un déchet. Tu es comme le vide, présent mais imperceptible. C'est ce que je recherche vous n'êtes rien alors aidez-moi à combattre cette autorité qui ne vous reconnait pas. » Je ris à son discours attirant l'interrogation des deux adultes présents.
« Vous croyez que je vais vous aider. Je ne prendrais pas le risque d'être découvert et de voir ma mère tuée pour une cause qui ne me concerne pas. Maintenant sortez d'ici, je n'ai rien à voir avec vos rancœurs passées. » Je tire l'homme à ma suite, l'attirant avec moi hors de la maison. Je ne cherche à être doux malgré notre différence d'âge, le jetant presque au sol. « Ne revenez plus ici et ne vous approchez pas de mes proches. »
« A vrai dire, je savais que vous refuseriez. » Il dépoussière ses vêtements, la poussière revenant quelques secondes après son geste. « C'est pourquoi je suis parti voir votre ami en premier. Yann si je me souviens bien. Il est plutôt naïf, totalement crédule. » Mes sourcils se froncent alors que j'analyse ses paroles. Yann est bien naïf et serait capable de se laisser entraîner là-dedans. « Vous en doutez ? Soit, je vous laisse jusqu'à notre prochaine réunion pour vous décider. Dans une semaine à la bibliothèque. »
***
J'approche de la frontière, peu sûr de ce que je vais faire. La ville paraît agitée ces derniers temps comme s'ils savaient ce que prépare cet homme avec sa nouvelle « armée ».
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