Chapitre 59

~Minghao~

Sur les ruines du Ministère, cinq silhouettes se tenaient de dos. Toujours les mêmes, toujours le même rêve, la même prémonition qui devenait de plus en plus marqué, de plus en plus réaliste, de plus en plus plausible.
Minghao ne saurait dire pourquoi, mais il savait que c'était la dernière fois qu'il la voyait en rêve. La dernière fois avant qu'elle ne se produise réellement, et quoi qu'il aurait pu faire rien n'aurait changé.

On ne changeait pas le futur.

Presque pas.

Les quatre premières retournées, ce fut au tour de la cinquième et dernière. Son visage était recouvert d'un bandeau qui cachait ses yeux, flottant dans un vent si violent que ce faible morceau de tissu fini par s'envoler. Minghao s'attendait à découvrir un regard flou, des pupilles voilés, presque noire, un aveugle.

Elles étaient rouge, ces pupilles.

Et dans l'une d'entre elle une étoile paraissait flotter.

"On trouvera un moyen de s'en sortir"

Les ruines disparaissaient, mais pas la vision. Comme les dernières fois les images défilaient dans son esprit, trop rapidement pour les lire toute, pour les classer, pour comprendre comment chaque événement arrivait. Il ne parvient qu'à retenir vaguement quelques moments, un instant futur pour chacun de ses amis sans en connaître le sens, la raison et la résolution.

Tout d'abord il aperçu Joshua et Seokmin, allongés inconscient sous des gravats. Ils avaient l'air blessé, gravement ? Au point d'en mourir ? Il ne pu observer assez longtemps pour le savoir. Déjà l'image se remplaçait par Seungcheol et Jeonghan qui courraient dans l'école, ils semblaient transporter quelques choses, ou quelqu'un, et surtout poursuivit dans leur course par un danger que Minghao ne vit pas. Mingyu lui apparu ensuite, Wonwoo était avec lui, tout les deux dans la salle secrète de la bibliothèque, le premier marchait lentement de part et d'autre de la salle, sur le sol se dessinait une étrange forme géométrique similaire à celle d'une incantation des anciens temps, et le second tenait dans ses mains un livre qui s'effritait peu à peu, répondant sa poussière autour d'eux. Ensuite Seungkwan apparut, il faisait sombre autour de lui, tellement que Minghao cru ne distinguer rien d'autre que son visage avant que la vision ne disparaisse. Mais il parvient tout de même à vaguement apercevoir un corps derrière lui, à reconnaître Chan, puis à deviner du sang qui semblait avoir giclé sur eux deux. Ce fut ensuite au tour de Jihoon et Soonyoung qui, à coup de potion presque inutile, se battait contre des monstres bien plus grand et puissant qu'eux, pour protéger un groupe d'élèves terrorisés derrière leurs corps. L'instant d'après Hansol se présentait aux visions, entouré de loups-garous aux crocs pointues.
Et puis enfin il y avait Junhui, debout face au miroir de la chambre qu'ils partageaient à Poudlard, il sortait de la douche, une simple serviette noué à ses hanches et ses cheveux dégoulinant sur son cou et ses épaules. C'est un regard sombre qu'il offrait à son reflet, presque aussi sombre que la marque qui s'étendait de sa main, recouvrait son avant bras, dévorait son biceps jusqu'à presque remplir la parti droite de son corps.
La marque du tempus Vitae, qui grandissait si rapidement qu'on estimait à peine quelques jours avant qu'elle n'atteigne le cœur, peut-être même quelques heures.

Minghao s'eveilla en sursaut, une main sur son propre cœur, son front dégoulinant de sueur. Les images ne quittait pas son esprit, la toute dernière surtout, planant au-dessus de toute les autres, apportant avec elle une terreur comme bien rarement il n'en avait connu.

- Junhui...

- Minghao ?

Durant un instant il cru que c'était la voix de son petit-ami qui répondait à la sienne, il s'attendait à voir son visage se pencher au-dessus du sien, son corps en pleine santé, robuste, dénué de tâche noire, confirmant ainsi que les visions n'étaient en réalité qu'un mauvais rêve comme jamais il n'en faisait. Mais c'était Wonwoo qui apparut, l'air inquiet, et l'aida à se redresser sur le matelas trop fin que les loups-garous avaient consenti à leur fournir.

- Ça va ? Tu es si pâle.

Sa bouche était tellement sèche qu'il ne parvient pas tout de suite à répondre à la question, le devinant Wonwoo lui fit parvenir un verre d'eau des plateaux repas fraîchement déposés à l'entrée de leur cellule, Minghao bu avec l'impression que chaque goutte alourdissait son estomac au point qu'il en vomirait s'il n'était pas presque vide. Mais cela eut au moins pour effet de décoincé sa gorge pour lui permettez de prononcer:

- Des visions.

- Toujours les mêmes ? L'effondrement du Ministère ?

- Oui, entre autre. Et aussi...

Il ne termina pas sa phrase, ni la sécheresse ou la nausée ne l'en empêcherent, ce fut les émotions qui cette fois formèrent un douloureux barrage. Il les ravala difficilement, les absorba, les coinça sur son cœur, les empechèrent de remonter et de le faire craquer. Ce n'était pas le moment de pleurer, vraiment pas le moment, ni l'endroit.

Mais bon sang, Junhui, qu'as-tu fais ?

Il passa une main sur son visage, prit le temps d'inspirer et d'expirer longuement sous le regard inquiet de Wonwoo.

Que m'as-tu caché ?

Puis il leva les yeux sur leur cellule, toujours aussi froide, humide, solide, qui les gardait prisonnier loin des dangers, loin de leurs amis, loin de Junhui.

Pourquoi m'as-tu caché une chose pareille ?

Loin de ce que son idiot de petit-ami gardait pour lui depuis sûrement trop longtemps.

Minghao se leva, accouru aux barreaux et se mit à les secouer. D'abord par petit coup sans conséquence, puis de plus en plus violemment, jusqu'à sentir la poussière retomber sur son visage et ses mains se griffer à ces barres de fers trop vieille. Il se mordait les lèvres pour ne pas crier, alors qu'il secouait de plus en plus fort, de plus à plus violemment, de plus en plus désespérément, souhaitant ouvrir cette fichue cage quitte à s'en blesser.

Une paire de bras se serra contre son ventre, le tirant en arrière et le forçant à lâcher les barreaux. C'est à cet instant seulement qu'il cria, les émotions coincés se délogèrent en un souffle et il hurla à s'en arracher les poumons. Il hurla et il pleura, se débattant pour retourner contre les barreaux, continuer à les maltraiter sans effet, continuer à s'acharner sur eux tout en sachant que ça ne servait à rien.

Il avait mal, aux mains, au cœur, il avait tellement mal qu'il hurlait encore tandis que Wonwoo le serrait de plus en plus fort pour l'immobiliser.

Il avait mal de se sentir aussi loin de ses amis tout en sachant qu'ils allaient bientôt se faire attaquer. Il avait mal de les voir blesser dans ses visions et de ne rien pouvoir y faire. Il avait mal de savoir leur avenir sanglant et d'être bloqué ici, impuissant.
Il avait mal d'avoir vu les marques noires qui devoraient le corps de Junhui, de savoir qu'il ne lui restait sans doute plus beaucoup de temps et qu'il ne pouvait pas être à ses côtés.

Il avait mal et pleurait comme jamais il ne le faisait, s'effondrait dans les bras de Wonwoo, se laissait étreindre avec une force qui ne le consolerait jamais assez.

Il avait mal et il n'en pouvait plus.

Pleurer libérait la tempête en lui, à défaut de l'apaiser ça lui permettait d'extérioriser. Il pleura à n'en plus finir, étreint, accueilli, comprit, il pleura jusqu'à ne plus avoir de souffle et de larme pour exprimer colère et chagrin. Il fini par se calmer, par s'écarter doucement de Wonwoo, embarrassé d'avoir ainsi craqué devant lui.

- Désolé, murmura-t-il.

- Ne le sois pas. J'imagine que tu en avais besoin.

Un bruit de pas précipité se fit entendre dans la grotte, leur faisant relever la tête à tout les deux. Les loups-garous n'étaient généralement pas aussi bruyant, au contraire doté d'une discrétion effrayante quand ils le souhaitaient, si bien qu'ils ne les entendaient que rarement arriver à leur cellule. La personne qui approchait avait le pas rapide et claquant, associé à une respiration lourde synonyme de panique. Ils eurent d'abord l'impression qu'il s'agissait d'un humain qui approchait, peut-être un égaré qui tentait de fuir cet endroit rempli de créatures plus puissantes que lui, mais ils distinguèrent bientôt une silhouette qui se jeta presque sur leurs barreaux.

C'était pas un humain qui se présentait, mais bien un loup-garou. Ou plutôt une louve, toute jeune, trop jeune, qui sortit maladroitement un trousseau de clé de sa poche.

- Hansol fait diversion, on doit partir tout de suite, clama-t-elle en inserrant une clé dans la serrure.

Minghao et Wonwoo se redresserent, oubliant leur mal de dos pour foncer à l'extérieur des leur cage ouverte. La panique de la jeune fille les contaminait, son empressement et sa nervosité faisait courir des frissons sur leurs peaux. Mais l'idée de cette liberté nouvelle surpassait le moindre doute.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Demandait Wonwoo, alors que Eunchae les invitait à la suivre parmi le dédale de couloir.

- Hansol à reuni tout les loups-garous dans la grande salle, il va leur parler pour gagner du temps, faire semblant d'essayer de les convaincre pour que nous puissions partir. Il sait qu'il y a peu de chance pour que cette meute se range de notre côté, le plus important c'est que nous allions à Poudlard prévenir tout le monde qu'une guerre se prépare !

- Une guerre ?

En répétant ce mot Minghao sentit d'affreux frisson grimper dans son dos. Sa voix craquait et il pouvait aisément faire passer cela pour de l'essoufflement du à leur course effréné parmi les couloirs. Mais c'était les tremblement de son être qui en était la véritable cause, les frémissement de son cœur, les cascade de paniques qui le subermegait et l'horreur des images qui ne voulaient pas quitter son esprit.
L'effondrement du Ministère et les cinq silhouettes passèrent bien loin dans sa liste de priorité, désormais c'était les visions où apparaissaient ses amis qu'il se répétait en boucle en souvenir. Ils les voyaient en danger, il savait que le temps était compté, s'ils n'arrivaient pas à temps ils n'auraient pas de moyen de s'y préparer.
Et même s'ils s'y préparaient, que pouvaient-ils faire face à une armée de créatures magiques ? Eux qui n'avaient plus une once de pouvoir ?

Il avait de nouveau envie de hurler, de désespoir et de rage.

- Les créatures magiques vont attaquer l'école, maintenant que les deniers sorciers n'y sont plus le ministère a retiré les protections qui avait été mise en place. Poudlard est en danger, il faut qu'on aille les prévenir, continua Eunchae.

Elle les guida de plus en plus haut dans les cavernes des loups-garous, heureusement déserte. Hansol avait effectivement réussi à réunir tout le monde, aucun retardataire, aucun réfractaire, ils avaient le champ libre jusqu'à la fin de son discours.
Une petite pique de culpabilité appuyait le cœur de Minghao à l'idée de laisser son ami derrière, il se doutait que les loups-garous ne feraient pas de mal à l'un des leurs, mais que se passera-t-il quand ils comprendront que leurs prisonniers se sont évadé ? Que Eunchae a disparu ? Que Hansol a fait diversion ? Lui en voudront-ils au point de lui faire du mal ?

S'il arrivait quoi que ce soit à son ami Minghao ne se le pardonnerait jamais. Et pourtant il fuyait, piqué de culpabilité il fuyait, effrayé, terrorisé, inquiet. Il pensait à l'arrestation des derniers sorciers, il pensait aux creatures qui en profiterait pour attaquer, il pensait aux défenses affaiblie de Poudlard, il pensait à ses amis vulnérable à l'intérieur des murs, il pensait à ses visions qui les montraient tous en danger, il pensait à Junhui, aux marques noires sur sa peau.

Il pensait à la bague qui clignotait sur son doigts, qui brulait à en faire mal, comme si quelque-chose lui hurlait de se presser, d'agir, d'intervenir.

- On y est presque, la sortie se trouve un peu plus haut par là. Ensuite il faudra traverser la forêt interdite, nous ne sommes qu'à quelques heures de Pou...

Eunchae se figea en plein milieu d'une phrase, leur faisant perdre l'équilibre à tout les deux au detour d'un virage. Minghao se retient de justesse à Wonwoo, qui lui s'appuya contre le mur. Ils relevèrent la tête en même temps, inquiet par cet arrêt soudaine de la jeune fille, et leurs cœurs manquèrent le même battement en découvrant un groupe de loups-garous placé sur leur chemin.

Ils étaient cinq, trois de plus qu'eux, à leur faire barrage à quelques mètres de la sortie. L'un d'eux s'avança alors que Eunchae reculait, devenue tremblante.

- Vous devriez avoir comprit, toi et Hansol, qu'on pouvait pas avoir de conversation en privé ici. Les oreilles traînent, les notres en l'occurrence.

- Je vous en pris, on veut juste aller prévenir l'école de l'attaque prochaine. On peut pas les laisser mourir sans rien faire.

La voix de la jeune fille tremblait, laissant deviner les sanglots qui montait violemment. Elle reculait toujours et tendait ses bras fébrile de part et d'autre de son corps, formant un faible barrage entre le groupe de loup et les deux humains qui se tenait derrière son dos.
Minghao reconnu les visages des cinq perosnnes qui leur faisait face, ils faisaient parti des loups-garous que Hansol avait recueilli au court des dernières années, ceux qui avaient récemment disparus de son association et qu'il avait retrouvé ici. Des loup-garous comme la petite Eunchae, à qui leur ami avait offert la sécurité, l'amour, et une nouvelle chance.

L'un d'eux s'avança en plaçant ses mains devant lui, en signe de paix

- Eunchae écoutes, on...

- Les amis de Hansol n'ont rien fait de mal, ils sont gentils, ils ont toujours été gentil avec nous ! Le coupa la jeune fille. Quand Hansol nous a recueilli ils ont aidé à prendre soin de nous, ils... ils méritent pas d'être mit en danger, Hansol ne mérite pas de perdre ses amis, de perdre Seungkwan. Après tout ce qu'il a fait pour nous on se doit de l'aider, on...

- On est d'accord Eunchae.

Le loup-garou qui avait parlé avait la voix tremblante, en se concentrant sur son visage Minghao constata que ses yeux étaient rouges, comme s'il se retenait de pleurer. Et derrière lui les autres ne semblait pas plus fier, tous avaient des visages sombres, marqué parce qu'il devina être de la honte.

- On déteste la plupart des sorciers, on est venu ici car on nous a promit vengeance pour tout ce qu'on a subit. Mais notre colère n'est pas une raison pour voir des innocents mourir. Notre reconnaissance envers Hansol est plus forte que tout, savoir qu'il pourrait être malheureux nous met plus en colère encore que les souvenirs de notre douleur.

Une femme avança, relevant vers eux ses yeux rougies par les larmes.

- On veut l'aider nous aussi, clama-t-elle.

- On vient avec vous, on vient aider à protéger Poudlard, lança un troisième.

Les deux derniers hochèrent la tête pour partager leur détermination. Eunchae baissa doucement les bras, ses pleurs resonnèrent bientot alors quelle se precipitait pour les étreindre, fondant en larme contre eux, les aspergeant de ses émotions.

Minghao sentit ses propres larmes lui monter aux yeux, pour la seconde fois de la journée. Ces gens croyaient en Hansol, ils avaient foi en lui plus qu'en quiconque.
Son ami qui avait toujours été un peu trop discret, un peu trop secret, un peu trop abîmé par les épreuves de la vie, quand était-il devenu cet homme fort qui savait rassembler les autres derrière lui ? Quand avait-il changé au point que sa voix se mette à porter ? À compter ? À convaincre et persuader ?

Ce n'étaient que cinq loups-garous, et pourtant il avait soudainement l'impression qu'une armée entière se dressait derrière eux. Cinq alliés de plus seulement, mais qui suffisaient à Minghao pour regagner espoir. Ça ne servait à rien de se morfondre, il fallait courir vite et se préparer à se battre, qu'importe combien ils seraient en face ils ne pouvaient pas abandonner.

La bague pulsait contre son doigt, contre la main que Wonwoo avait mêlé à la sienne, dans laquelle il avait l'impression de sentir la présence de tout ses amis, la présence de Junhui.

Qu'importe ce qui les attendait, qu'importe qu'ils soient affaibli, qu'importe la force de ce qui viendrait en face. Il y avait au-dessus d'eux quelques choses de plus grand qui les incitait à courir. Quelques chose qui les appelait à travers les bagues, qui leur hurlait de se réunir, de rejoindre la salle secrète et de sauver leur école.

De se réunir dans le cœur de la magie, tout les treize, pour réveiller ce que d'autres essayaient de tuer.

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