Chapitre 50
~Kai~
"Ne dis pas un mot. à partir de maintenant, ne dis plus rien"
Kai n'aimait pas la nuit. L'obscurité qui avalait le monde, la lune pâle qui dominait l'air nocturne et les étoiles venues percer l'étendue sinistre. Il n'aimait pas le silence élevé parmi les hommes, le sommeil qui tombait sur les paupières et les rêves qui s'aggripaient aux esprits.
Kai n'aimait pas rêver, il ne voulait pas rêver. Car dès que son corps plongeait dans les bras de morphé, ses pires cauchemars venaient le rencontrer.
"Tu dois être silencieux Kai, tu ne dois pas prononcer le moindre mot"
Lorsque le monde sombrait, lorsqu'il se voilait et s'endormait, les mêmes rêves venaient toujours le visiter. Des cauchemars tiré de ses souvenirs, des scènes passés qu'il ne pourrait jamais effacer.
"Sois silencieux, et survit.
Lorsqu'il rêvait, Kai était de nouveau un enfant. Cet enfant qui vivait dans un grand manoir auprès de ses parents et de ses sœurs. Cet enfant insouciant qui voyait le monde en fleur et n'aurait jamais pu imaginer le moindre malheurs.
Il était de nouveau cet enfant dont le monde avait basculé dans un long déchirement.
Cet enfant qui avait entendu les vitres de sa maison se briser, les cris des domestiques s'élever, le sang couler.
Cet enfant qui avait vu ses sœurs mourir sous ses yeux.
Qui avait vu son père se sacrifier.
Et qui s'était retrouvé allongé au milieu des corps baignés de sang. Dans les bras de sa mère mourrante.
" Promet-le moi, que tu survivras"
Elle l'avait serré contre son coeur, elle l'avait caché sous son corps, elle lui avait dit de se taire et de faire le mort. De ne pas parler, de ne pas emettre le moindre son, de se plonger dans le silence.
"Ne dis pas un mot, hoche seulement la tête. Et promet que tu vivras pour moi"
Kai avait obéit. Il avait hoché la tête. Il n'avait pas dit un mot, pas émit le moindre son, il s'était plongé dans le silence.
Sa voix s'était eteinte pour obéir à sa mère.
Elle ne s'était jamais rallumé.
Tout comme sa mère. Son père. Ses sœurs. Toute les personnes habitant dans sa maison d'enfance. Égorgés, vidés de leur sang, mortes toute autour de lui.
Kai s'était redressé dans ce décors macabre, il s'était traîné au milieu des cadavres, il avait cherché de l'aide sans en trouver, avait cherché une vie parmi le chaos. Il avait tendu la main, et personne ne l'avait saisi.
Seul, abandonné, personne pour lui venir en aide.
Personne, jamais, même par la suite. Tout ceux qu'il côtoyait finissait par disparaître, alors Kai ne côtoyait plus personne.
Sombrant dans son silence, se noyant dans ses cauchemars et se laissant étouffé par ses angoisses. Il avait abandonné l'idée d'être secouru un jour.
"J'ai tendu la main, et je n'ai rien touché"
Il se réveilla en sursaut, faisant tomber les couvertures de son torse nu et transpirant. Sa mère n'était pas là, les corps sans vie de sa famille et de leur domestiques n'étaient pas là, les monstre qui avaient détruit son monde n'étaient pas là. Il n'était plus un enfant, il n'était plus dans un rêve. Il était ce Kai adolescent et silencieux, l'un des derniers sorciers enfermé dans une tour de Poudlard. Il s'était couché il y a une heure à peine, il n'était même pas minuit et déjà les cauchemars le sortaient de son sommeil.
- Désolé, je ne voulais pas te réveiller, murmura une voix qu'il n'identifia pas tout de suite, peinait à s'ancrer dans la réalité.
La chambre était plongé dans le noir, seul la faible lueur de la lune parvenait à se frayer un chemin à travers les rideaux et laissait deviner le contour des murs et des meubles. Kai voyait une silhouette debout au milieu de la pièce, il ne mit pas longtemps à enfin l'identifier.
Après tout, ils n'étaient plus que deux dans cette chambre.
Il voulu attraper sa baguette posé sur la table basse mais n'y trouva qu'un vieux cahier et un stylo. Il se souvient alors que leur baguettes leur avaient été confisqué, à lui et à Soobin, lorsqu'ils s'étaient fait enfermer dans cette chambre jusqu'à nouvel ordre.
"Nous n'avons pas le choix, le Ministère pourrait croire que nous vous aidons à vous échapper si on vous laissait utiliser la magie" leur avait expliqué leurs professeurs en leur prenant leurs biens.
Sans baguette Kai ne pouvait plus communiquer aisément, et la seule personne qui comprenait la langue des signes avait disparu. Aussi s'était-il mit à écrire à la main les phrases qu'il ne pouvait pas prononcer, et c'est ainsi qu'ils communiquait avec Soobin depuis qu'ils avaient été enfermé.
Il chercha alors l'interrupteur pour sa lampe de chevet, qui éclaira la grande pièce d'une faible lumière tamisé. Soobin se tenait au centre de la chambre, vêtu d'un jogging et d'un tee-shirt de pyjama, les cheveux en bataille cachant un peu ses oreilles pointues.
Il était ainsi depuis son réveil dans l'infirmerie, une particularité physique que personne ne pouvait expliquer et que le principal concerné peinait à comprendre. Ils n'en avait pas vraiment parlé tout les deux, depuis qu'ils étaient enfermé dans cette chambre d'autres priorités les taraudait.
Comme par exemple la disparition des trois autres derniers sorciers.
"Tu ne m'as pas réveillé, j'ai fais un mauvais rêve" écrivit Kai sur son carnet.
Soobin hocha la tête et vient s'asseoir au bout de son lit.
- Moi aussi je fais des mauvais rêves, j'arrive pas à dormir.
"Quel genre de mauvais rêves ?"
- Je sais pas trop, c'est assez flou. J'ai plus des sensations que des images en fait. Et... ça va paraître ridicule mais... je me reveille en pleurs après ses rêves.
"Tu penses à Beomgyu, Yeonjun et Taehyun, ça t'inquiète"
- Oui, évidement que ça m'inquiète. Ça me tue de ne pas savoir où ils sont. Mais mes cauchemars ne dates pas de leur disparition a eux... C'est depuis la disparition de la magie que je fais des mauvais rêves. Et j'ai des migraines aussi, d'affreuses migraines, c'est à cause d'elles que je me suis déjà évanoui deux fois.
Soobin passa une main sur son visage en parlant, essuyant quelques perles de sueurs qui glissait sur son front.
- C'est peut-être à cause de ces oreilles ? Quelqu'un m'a lancé une malédiction, où alors j'ai un parasite dans la tête ? Plus rien ne m'étonne maintenant.
Kai était bien d'accord, leur vie prenaient de telle tournure qu'il ne se sentait plus surpris de rien. Angoissé, anxieux, effrayé, voir terrorisé ça il l'était. Mais surpris ? Des cornes pourraient bien pousser sur sa tête qu'il en serait à peine stupéfait.
- Et toi, quels mauvais rêves t'empêchent de dormir ? Demanda Soobin.
Ce dernier ne semblait pas vouloir aller se recoucher, malgré l'heure tardive. Cela ne faisait qu'un jour et demi qu'ils étaient enfermé dans cette pièce et déjà ils étouffaient, ils tournaient en rond comme deux lions en cage, inquiet pour leur amis. Personne ne les laissaient sortir, la porte était fermé à clé et toujours surveillé par au moins deux personne. Ils n'avaient ni leurs balets, ni leurs baguettes, éliminant l'option de la fenêtre.
Jusqu'à quand allait-on les laisser là ? Flottant dans leurs peurs et leurs cauchemars ? Ressassant sans cesse tout ce qu'il s'était passé dans cette fichu forêt, regrettant d'avoir laissé leurs amis derrière eux, de les avoir vu disparaître sous leurs yeux ?
La main de Kai tremblait alors qu'il écrivait dans son cahier. Les malheurs se produisaient sans cesse autour de lui, les mauvais rêves étaient toujours là pour le lui rappeler.
Ses parents, Dumblzdore, et maintenant ses premiers et uniques amis. Tout le monde finissait par disparaître.
"De mauvais souvenirs"
- A propos de ta famille ? Pardon, c'est peut-être indiscret.
"Ne T'excuse pas. Et oui à propos de ma famille. Je revois leurs mort parfois en rêve"
- Je suis désolé.
Kai haussa les épaules, simulant un détachement qu'il n'avait jamais eu.
"On a tous nos malheurs passé. Parmi nous cinq je n'ai pas l'impression qu'il y en est un mieux épargné que les autres"
En lisant ces mots Soobin lâcha un rire amer, puis se redressa pour se rendre à la fenêtre dont il écarta les rideaux. La pleine lune était passé mais elle éclairait toujours le ciel, laissant une vision dégagé sur les jardins du château. Depuis leur chambre ils pouvaient même distinguer l'entrée de la forêt.
N'ayant rien de mieux à faire, ils passaient leur temps à cette fenêtre, espérant voir des silhouettes familières s'échapper de l'obscurité des arbres.
Kai se leva à son tour, persuadé qu'il ne se rendormirait pas. L'horloge affichait le milieu de la nuit tandis qu'il se rendait à la salle de bain, décidé à se passer un jet d'eau sur le visage.
- Kai...
Il se retourna vers Soobin, qui l'avait appelé avec une petite voix tremblante. Son ami le fixait avec les yeux exorbités.
- Dans ton dos... qu'est-ce que...
Kai fronça les sourcils, ne comprenant pas, jusqu'à ce qu'il se tourne vers le grand miroir installé à côté du lit de Beomgyu.
Il regarda son reflet vêtu d'un simple short, sa peau pâle sur laquelle glissait le peu de lumière dévoilait un amas blanc et touffu sur son dos. Il se tourna pour mieux voir, clignant des yeux en croyant à un mirage, ou à un rêve, en constatant qu'il s'agissait de plume.
Soobin approcha prudemment, l'air aussi stupéfait que fasciné, et murmura:
- C'est plus utile que des oreilles pointues.
Ils échangèrent un regard, impressionné. Kai tremblait sans être capable de s'arrêter, ouvrant et refermant la bouche sans qu'aucun son n'en sorte, tandis qu'il sentait les mots se bousculer contre ses cordes vocales inutilisés. Il avait milles choses à dire, et même s'il avait été capable de parler il n'aurait pas pu s'exprimer tellement ce qui lui arrivait semblait invraisemblable.
Plus rien ne le surprenait ? Peut-être que si finalement. Voir des ailes battre dans son dos ça ça l'étonnant.
Ce qui ne semblait pas être le cas de Soobin, qui le fixait avec des étoiles plein les yeux.
- Tu peux voler ? Demanda-t-il.
Kai resta figé, tremblant, incapable de faire le moindre geste. Les ailes, elles, battaient doucement dans son dos.
Soobin lui attrapa le bras de sa main gantée, Kai fut arraché à sa stupeur lorsque le regard de l'autre garçon plongea dans le sien.
- Kai, tu te rend compte de ce qu'il se passe ? C'est peut-être notre chance. Si tu peux voler... on doit saisir cette chance.
"Quoi ?" mima-t-il avec ses lèvres.
- On va sortir de cette chambre, retourner dans cette foutuebforêt et retrouver les autres.
Pourquoi Soobin était si peu surpris ? La stupeur n'avait allumé son visage qu'une micro seconde avant que l'espoir ne domine tout. Kai, lui, se sentait incapable du moindre mouvement, il peinait même à croire s'être réveillé. N'était-ce pas un drôle de rêve qu'il était en train de faire ?
Il se retourna vers le miroir, observa sa silhouette presque nue et les grandes ailes qui, peu à peu, se deployait dans son dos. Il les sentait comme on sentait un bras ou une jambes, il les contrôlait, il les faisait bouger. Elle battait dans l'air selon sa volonté, plus il s'en rendait compte et plus ça lui faisait peur.
Qu'était-il devenu ? Quel genre de créature ? Ses ailes, les oreilles de Soobin, était-ce lié à leur magie ?
Un frisson glacé lui lécha le corps tandis qu'il réalisait pleinement ce qui lui arrivait. Ce qui leur arrivait.
Ils n'étaient en réalité pas les derniers sorciers de ce monde.
Ils étaient devenu une nouvelle espèce magique.
C'était réel, ce n'était pas un rêve.
Un drôle de pincement aggripa son coeur, violent, blessant, tandis que le mouvement de ses ailes accélérait.
Soobin raffermi sa prise, à travers les couture de son grand Kai pouvait sentir ses ongles s'enfoncer dans ses bras. Ils se comprirent en un regard, la même sensation les habitait, le même pressentiment douloureux et pressant. Les ailes de Kai battaient plus vite, faisant voltiger des feuilles dans toute la pièce. Soobin, lui, avait les sourcils de plus en plus froncés, accompagné d'un rictus qui laissait supposer à un nouveau mal de tête. Pourtant cela ne l'empêcha pas de déclarer avec une voix forte et confiante:
- On va chercher Beomgyu, Yeonjun et Taehyun. Tu comprend Kai ? On va s'envoler jusqu'à eux.
Et c'est ainsi qu'ils se retrouvèrent dans le ciel.
Fuyant une chambre, une tour, un château, dans lequel on les avait enfermé. Fuyant les ordres et la "sécurité", volant vers les dangers, filant vers leurs amis.
Qu'importe ce qu'il se passerait maintenant, Kai était persuadé d'une seule chose: le temps était compté,
Comment le savait-il ? Il ne pourrait l'expliquer, il le savait juste, le sentait jusqu'au plus profond de ses entrailles.
Le temps était compté. Un tic tac infernal résonnait dans son crâne, un compte à rebours dont il ignorait les tenant et mes aboutissant. Que se passerait-il à la fin ? Il n'en savait rien, tout ce qu'il pouvait affirmer c'est qu'ils devaient retrouver les quatre autres au plus vite.
Soobin pressé contre lui, tout deux habillés de leurs grandes capes, ils s'élancèrent dans le ciel nocturne. Ils ne comptaient pas sur la discrétion, quelqu'un allait bien apercevoir une grosse forme noire aux ailes blanche s'envoler au dessus de l'école, aussi pariaient-ils sur l'effet de surprise et leur rapidité. Avec un peu de chance personne ne se rendrait compte tout de suite de leur fugue.
Après quelques vacillements dangereux ils atteignirent la forêt interdite. La cime des arbres caressait leurs corps tandis qu'ils tentaient de se camoufler dans les hauteur de la végétation. Kai contrôlait mal son vol, ses ailes avaient beau lui obéirent sans qu'il n'ait à réfléchir, la trajectoire lui faisait cruellement défaut. Il n'avait jamais été tres doué en vol sur balais, il navait meme pas tenté d'intégrer lequipe de quidditch de sa maispn.
Il évita plusieurs fois des troncs d'abres de justesse, soobin ne cessait de lui hurler la direction à prendre et Kai obéissant sans réfléchir. Au départ il pensait que leur vol se faisait à tout hasard, mais il avait de plus en plus l'impression que Soobin savait où aller.
Il tendait son oreilles pointues, Kai fut plusieurs fois tenté de lui demandé s'il entendait quelques chose. Mais à chaque battement d'aile il se sentait plus épuisé encore, et puis il n'était pas certain que l'autre garçon sache lire sur les lèvres.
- LÀ, IL Y A QUELQU'UN, s'écria soudainement Soobin.
Entre deux essoufflement Kai parvient à posé son regard sur le point indiqué. L'épuisement et les gouttes de sueurs tombant dans ses yeux l'empêchait de voir correctement, mais il parvient à distinguer une silhouette un peu plus bas.
N'y tenant plus, et n'ayant même pas la réflexion qu'il pourrait s'agir d'un Auror étant en pleine patrouille, il arrêta de battre des ailes et se laissa planer jusqu'au sol. Ne maîtrisant pas son vol ils ne purent éviter quelques branches d'arbres qui désiraient leur griffer le visage, ainsi que des feuilles humides qui se collaient à leurs vêtements. L'atterrissage ne fut pas sans mal, Kai maîtrisait difficilement sa vitesse et ses jambes s'affaissèrent sous son poids lorsqu'il se posa. Soobin et lui dérapèrent sur le sol boueux, la respiration coupé par le choc de la chute, et Kai comprit qu'ils se seraient écrasé douloureusement s'il n'y avait pas ses ailes pour les amortir.
Ils roulèrent sur quelques mètres avant de s'immobiliser, allongé sue la terre humide. Kai fut le premier à se redresser, ses ailes rangées dans son dos, il mit quelques secondes avant de se mettre debout, et quelques secondes de plus à se rendre compte qu'il était en un seul morceau.
Ses yeux se levèrent que la silhouette qu'ils avaient aperçu plus tôt, dans un premier temps un hoquet de stupeur s'arracha à sa gorge en croyant se retrouver face à un monstre.
L'être qui se tenait devant lui était trempé de la tête au pied, du sang coulait du haut de son crâne sur un visage qu'il ne reconnu pas tout de suite. Une corne décorait sa tête, une seule, la seconde gisait près de ses genoux.
La peur retomba lorsque le regard de Kai croisa celui de cette créature. Son coeur manqua un battement et il s'avança doucement, prudemment, la frayeur envolé pour laisser place à une peine immense devant ce visage recouvert de sang et de larme.
Ses lèvres tracèrent le nom de Yeonjun alors qu'il tentait la main vers lui, une main tremblante dans laquelle les doigts de son ami vinrent se glisser.
"J'ai tendu la main, et enfin quelqu'un l'a saisit".
Il tomba à genou tandis que des pas de courses se faisaient entendre derrière lui, Soobin arriva bientôt à proximité et s'accrouprit auprès d'eux. À l'aide de sa cape il s'en alla essuyer le visage trempé de Yeonjun, lui il les enveloppa tout les deux dans une étreinte qui soulagea leur trois coeurs meurtris.
- Ne nous refait plus jamais ça Yeonjun, tu m'entend ? Si tu disparais encore une fois comme ça, je te tue, murmura-t-il en pleurant.
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