~Yeonjun~

Yeonjun était en troisième année de sa formation de sorcier, lorsqu'il rencontra Soobin.
Cette année-là Beauxbatons était en charge d'organiser le tournoi des trois sorciers, et accueillait ainsi les élèves de Poudlard et de Durmstrang dans le château qui leur servait d'école. À cette compétions seuls les élèves plus âgés avait la chance d'y participer, Yeonjun s'y intéressait de loin, sans vraiment y faire attention.

À cette époque, déjà, il s'ennuyait fortement à l'école, et dans sa vie en général. Les cours lui semblaient trop facile, le peu de pratique lui était quasiment interdite. Ses professeurs ne le laissaient presque pas jeter de sort, lorsqu'il demandait pourquoi on lui expliquait qu'il ne contrôlait pas ses pouvoirs et devait ainsi se concentrer sur la théorie.
"Ça arrive" lui disait-on " certains sorciers ne sont pas fait pour la magie, ils ne s'en sortent pas. Lorsque tu auras bien assimilé la théorie, peut-être que tu pourras pratiquer. Peut-être. Un jour"

Yeonjun ne comprenait pas, il n'était pas un sorcier en retard, au contraire, c'était l'avance qui le mettait à mal. Mais ça personne ne voulait l'entendre, et sa mère lui avait formellement interdit de parler de l'éveil précoce de sa magie. Alors il obéissait, relisait des cours qu'il connaissait par coeur, et étudiait des livres de plus en plus complexe, ayant déjà retenu l'intégralité de ceux de son âge.
Il se fondait dans l'ennui, l'ambiance de Beauxbatons était loin d'être celle de Poudlard. Ici on étudiait et apprenait les bonnes manières, on ne courait pas, ne criait pas. Le savoir vivre, le silence et la politesse était les mots d'ordre de l'école. Yeonjun avait quelques amis, certes, mais aucun avec qui se produisait la véritable fusion qu'on attendrait d'une relation. Il était sorti avec un fille en deuxième année, mais au bout d'un an elle l'avait quitté pour un garçon plus beau, plus fort, plus studieux, plus riche. Un meilleur sorcier, car dans l'école la rumeur courait à son propos, à propos d'une certaine incompétence en magie.

"Je ne suis pas incompétent. Non, je suis puissant, ma magie est trop puissante. Ne me museler pas, aidez-moi"

Ces mots, il n'osa jamais les prononcer. Ni a ses amis, ni a ses professeurs, ni à sa mère, son père, son grand-frère.
On lui demandait de se taire, de laisser sa baguette dans sa poche, alors c'est ce qu'il faisait.

Il déambulait dans les couloirs comme un fantôme défait de sa raison d'être. Lorsqu'il rentrait chez lui pendant les vacances de Noël ou de Pâques sa mère l'envoyait dans une maison secondaire dans laquelle elle avait épuisé ses maigres économie, juste pour l'éloigner.

"Je fais ça pour toi Yeonjun, tu dois apprendre à contrôler tes pouvoirs, tu dois te contenir, pour ne plus jamais faire de mal à qui que ce soit. Tu comprend mon chéri ? C'est ce que tu veux aussi n'est-ce pas ? Tu ne veux plus faire de mal à ton petit frère, plus jamais, alors contrôle toi. Tu dois être assez fort pour le protèger, pas pour le blesser"

Yeonjun acquiesçait, dès que sa mère lui disait ses mots il revoyait l'image de Taehyun se vidant de son sang face à lui, à cause de lui. Il ne voulait pas ça. Plus jamais.

Il y avait un monstre ne lui, sa magie était un monstre. Alors il devait s'isoler pour protéger les autres, pour éviter de faire du mal à ceux qu'il aimait.

"Un monstre en toi ? C'est stupide. Qu'est-ce qui te fais penser ça ?"

Lorsque Soobin lui avait dit ces mots, la première fois, Yeonjun n'avait pas su quoi répondre. "J'ai failli tuer mon petit-frère" aurait-il pu dire, mais il avait peur que l'autre garçon fuit s'il l'avouait.
Il ne lui avait pas raconté tout l'histoire, seulement le fait que sa mère l'excluait dans un lieu à part quand il rentrait à la maison. Il ne saurait même pas dire pourquoi il avait avoué cela, ils s'étaient mit à parler de leurs familles, traitant de la question de qui avait le plus de raison d'être malheureux.
Au final, aucun des deux ne l'emportait sur l'autre.

"S'il y avait un monstre en toi tu ne serais pas si beau. Ou alors c'est ça qui est monstrueux chez toi ? Serais-tu une sorte de vampire ou de fée ? Tu m'as séduit par ta beauté pour aspirer mon cœur et ma vitalité ?"

Le ton faussement outré de Soobin l'avait amusé, apaisé, rassuré. Ils s'étaient embrassé ensuite, comme bien souvent ils le faisaient depuis leur rencontre.

Choi Soobin était apparu comme une tornade dans la vie de Yeonjun. Un garçon de deuxième année, qui avait joué sur le statut de sa famille pour accompagner les élèves plus âgés de Poudlard. Il voulait voir la coupe des trois sorciers et visiter une école française. Au final, il avait passé la majorité de son voyage dans le lit le Yeonjun. Ils avaient même raté la finale de la coupe, ce qui n'avait dérangé ni l'un, ni l'autre, trop occupé à se découvrir. À s'aimer dans la chaleur des draps et des confessions.
Entre eux c'était l'évidence, une évidence telle qu'il osèrent se confier leurs secrets les plus enfoui. Soobin surtout, Yeonjun le vit s'ouvrir sur toute les facettes les plus sombres de sa vie, lui avouer les secrets les mieux gardé, les murmures les plus interdit. Ils pensaient passer leurs vies ensemble, ils pensaient que rien au monde ne les sépareraient, alors ils pouvaient tout se murmurer.
Yeonjun, lui, parla du divorce de ses parents, de ses inconnus de frères, de sa mère à qui sa puissance magique faisait peur. Et Soobin, dans toute son honnêteté, fut le premier à lui dire que sa situation n'avait rien de normal.

À travers ses yeux, il se sentit enfin écouté, enfin compris.

Et ils s'aimèrent, ils s'aimèrent à en avoir mal.

Ce fut pire encore quand Soobin s'en alla. Ils communiquèrent par lettres, mais se manquaient tellement. Tellement, tellement, tellement.
Ils avaient tant besoin l'un de l'autre, tant envie de se revoir, que Yeonjun attendit les vacances d'été comme jamais il ne avait attendu.
Rentrer chez son père, retourner en Corée, et retrouver Soobin.

Sauf que Soobin ne vient jamais.

Il lui envoya une lettre, une seule, avec quelques petits mots seulement. Juste pour lui dire que c'était fini.

Yeonjun avait pleuré, oui, il avait tant pleuré. Seul dans sa chambre, si fort qu'il craignait que son frère ne l'entende dans la chambre d'à côté. Il avait mal à en crever.

Avec le temps la plaie cicatrisait, en arrivant à Poudlard elle s'était à peine rouvertes. Il apprenait à passer au-dessus, à vivre sans penser aux miettes de son cœur qui s'éveillaient en présence de Soobin.
Mais c'était dur, de plus en plus dur, à mesure que son destin le rattacha à ce garçon.

Et ces temps-ci plus que jamais, car il ne pouvait pas passer une journée sans se tenir en sa compagnie.

- Comment tu fais pour assimiler le truc aussi vite ? Kang, soit t'es un génie soit je suis une sombre merde en magie.

Yeonjun leva les yeux vers Beomgyu, qui jeta sa baguette sur le sol, frustré et épuisé. Le peu de lumière qui brillait en son bout s'éteignit, sous le regard peiné de Taehyun et celui dépité de Soobin, qui ramassa ce que son petit-ami avait laissé tomber.

- N'abandonne pas tout de suite, lui dit-il, avec un sourire encourageant. C'est normal de ne pas y arriver la première fois, il faut du temps pour maîtriser un Patronus. Certains n'y parviennent jamais.

- Kang a réussi du premier coup lui ! Rétorqua Beomgyu.

Il pointa l'aura de magie blanche qui flottait devant Taehyun, faisant apparaitre ce qui pourrait s'associer à son animal totems. Le Patronus était l'un des sorts les plus pur qui existait, aussi puissant que beau, son utilité demandait à la fois force, habilité et une grande énergie positive chez le sorcier.

- Je n'ai aucun mérite, à Beauxbatons j'ai étudié la théorie de ce sort sous tout les angles. Je savais déjà exactement comment m'y prendre, avoua Taehyun.

- C'est tout de même impressionnant, tu as une grande maîtrise de la magie, fit remarquer Soobin.

Yeonjun les observa de loin, une sensation étrange brûlait son coeur à voir Soobin sourire ainsi à son petit-frère. Il se détourna, tenta de reporter son attention vers Kai qui lui lançait un regard curieux. Ses yeux semblait demander "tout va bien ?" et il tenta de se monter le plus neutre possible.
Il ne devait pas se laisser déconcentrer, son rôle était d'aider le Poufsouffle.

Depuis trois jours leurs temps de cours seuls avait démarré, presque des après-midi entier juste ensemble à essayer de s'exercer sans présence d'un adulte. Soobin et Yeonjun, puisqu'ils étaient plus âgé, s'occupaient des plus jeunes. Le premier avait prit en charge Beomgyu et Taehyun, le second Kai.
Deux groupes distincts se formaient alors, qui ne se mélangeaient pas, qui échangeaient à peine un regard. Yeonjun n'avait pas parlé aux trois autres depuis l'accident de l'Épouvantard, il n'avait même pas parlé avec son petit-frère.

Taehyun l'évitait, depuis trois jours. Et Seungcheol également avait plus de mal que jamais à l'approcher. Il disparaissait constamment, et passait de plus en plus de temps avec Beomgyu et Soobin. Ces trois-là allaient jusqu'à sauter les repas ensemble, se servir directement en cuisine et manger là où personne ne les trouvait.
Yeonjun aurait dû se sentir heureux de constater que son frère se faisait enfin des amis, mais il ne pouvait pas l'être. Pas quand l'un de ces amis étaient Choi Soobin. Pas quand le second était le petit-copain de Choi Soobin.

Ces derniers temps, il avait l'impression que tout tournait de travers. Taehyun et Soobin étaient des ombres grandissante sur le tableau de son esprit.

"Hyung, je crois que j'ai rater quelque-chose"

Les mots flottaient sous ses yeux, et il se tourna vers la potion qui bouillait devant Kai. La couleur n'était pas ordinaire, les bulles qui éclataient à la surface non plus.
Il se pencha alors pour l'aider, chercher avec lui où le processus s'était ébranlé. Et quand ils trouvèrent ce qui clochait et que la potion reprit sa teinte originel, Kai lui offrit ce sourire qui apaisait tout les coeurs.

Heureusement, ces derniers temps il n'y avait pas que des ombres au tableau. Il y avait une lumière grandissante en la personne de Kai.
Ces heures à lui enseigner la magie les rapprochaient, ils atteignaient presque l'amitié. Ni l'un ni l'autre ne paraissait vraiment doué pour ça, mais les choses se faisaient lentement, à leur rythme, et ils échangeaient de plus en plus de sourire. Kai avait d'ailleurs prit l'habitude de venir manger avec lui, Chan et Yeri à chaque repas, et il s'ouvrait de plus en plus à eux. Il faut dire que le couple était doué pour lancer des sujets de conversation aussi divers que surprenant.

Une autre lumière qui d'éclairait concernait sa relation avec Seungcheol. Son grand-frère avait tenu sa promesse de l'aider à contrôler sa magie, ils organisait des séances d'entraînement dans le stade de Quidditch inutilisé. Jihoon se joignait à eux et faisait de son mieux pour l'aider. Les résultats n'étaient pour le moment pas très concluant, Yeonjun avait briser en deux une rangée de siège et arraché la moitié du gazon par mégarde. Mais les encouragements de Seungcheol le poussait dans ses efforts.

La sonnerie de fin des cours résonna alors que Kai finissait enfin sa potion, et que Beomgyu échouait une nouvelle fois à faire apparaître son Patronus. Il jeta encore sa baguette avant de quitter la pièce dans un petit cri agacé. Soobin ramassa une nouvelle fois l'objet avant de se tourner vers Taehyun, partager un soupir amusé ensemble.
Yeonjun les observa encore, le coeur serré, et resta silencieux à les regarder s'en allez. Encore une fois le trio ne prit pas la direction du réfectoire, tandis que Kai et lui se mêlait à la foule d'élèves pour s'y rendre. De nombreux regards se posaient sur eux, certains luisant de jalousie, mais la plupart curieux et presque intimidé. La colère contre les derniers sorciers s'étaient un peu apaisé, les autres adolescents semblaient surtout intrigué et hésitant à venir leurs parler.
Encore une fois aucun ne s'y osa, mise à part Chan et Yeri avec qui ils s'installèrent.

Comme d'habitude ils comblaient la conversation, leur racontant à quel point les cours délivré par Joshua étaient barbant, à quel point ceux de Mingyu sur les plantes étaient décousue et cahotique, et plaisantèrent sur le regard noir que Jihoon avait servit à Chan quand il l'avait tutoyé en pleine classe. Puis ils les questionnèrent sur leurs propres activités, et félicitèrent Kai quand il leur annonça avoir réussi une potion destiné à un niveau supérieur au sien.
Yeonjun suivait à peine le déroulé de la conversation, plongé dans ses pensées. Quand le repas fut terminé il se leva mécaniquement, en ayant presque oublié de manger, et rejoignit sa chambre. Il restait encore un peu de temps avant le couvre-feu, mais il avait besoin d'un peu de tranquilité.
Il se doucha, se changea, puis s'allongea dans son lit avec un peu de musique dans son casque, et le regard sur la lumière du jour qui diminuait.

Il ne sentit pas ses yeux se fermer, son corps s'endormir. Lorsqu'il emergea de son sommeil l'obscurité régnait dans la pièce et Chan dormait dans le lit d'à côté. Après un coup d'œil à l'horloge il s'aperçut qu'il était presque minuit, et en se redressant il sentit la soif assécher sa gorge.
Plutôt que d'assouvir ce besoin au robinet de la salle de bain, il quitta discrètement sa chambre pour se rendre dans la salle commune de Gryffondor, où se trouvait une bouilloires et des sachets de thé. La pièce était évidement déserte, tout les élèves de sa maison dormaient, mais éclairé par un feu de cheminée dont les bûches ne se consommaient jamais.

Il attendit que l'eau chauffe et en profita pour étirer ses muscles douloureux. Son coeur battait en harmonie avec le rythme de la musique, qui comblat le silence de la nuit. Il se perdait dans les notes de piano, dans les coup de la batterie, dans le grattement d'une guitare. Écarté du monde, il avait l'impression que l'espace et le temps tournait autrement lorsqu'il plongeait dans la féerie d'une mélodie.

La réalité disparaissait. Du moins, elle disparaissait pour son esprit.

Mais son corps, son corps vulnérables et fatigué, lui restait bien présent dans la réalité.

Coupé d'un sens, offert au danger.

Yeonjun n'entendit pas les pas qui se profilaient derrière lui, il ne sentit pas tout de suite la présence qui approchait, il ne perçu ni le souffle saccadé, ni le regard satisfait.
Ce fut seulement lorsque la lame d'un couteau glissa contre sa gorge, qu'il se rendit compte de sa vie exposé au péril.

Il se dégagea, juste à temps pour ne pas se faire égorger vif, mais pas suffisamment vite pour échapper à la morsure de la lame.
Le sang fusa de l'entaille, il plaqua sa main contre sa gorge et s'écarta en cherchant sa baguette dans sa poche.
Mais il n'y trouva que l'appareil qui lui délivrait sa belle musique. Il était sorti désarmé, vulnérable, seul.

Un homme se tenait non loin de lui, du moins sa carrure ressemblait à celle d'un homme. Dans l'obscurité il ressemblait à une ombre immence muni d'un couteau, une ombre au visage caché derrière un masque au sourire affreux.
Le sang glissait entre ses doigts serré contre son cou brûlant, en se dégageant il avait réussi à offrir un coup de pied bien placé à cette menace. Mais elle avançait, et le sang chaud et poisseux contre sa peau lui faisait presque tourner de l'oeil.

Le couteau vola de nouveau vers lui, Yeonjun esquiva en se jetant sur la table où se trouvait la bouilloire, celle-ci explosa sur le sol, faisait reculer l'assaillant. Et il se serait de nouveau avancé, il aurait de nouveau essayer de le tuer, si le bruit des pas et des voix ne l'avaient pas arrêté.
Plusieurs élèvent apparurent dans la pièce, et l'ombre se volatilisa avant que le moindre d'entre eux puisse poser ses yeux dessus.

Il disparu, sans laisser la moindre trace, sans qu'on ne puisse savoir d'où il venait et où il partait. Il disparu simplement, Yeonjun aurait cru avoir rêvé sa présence s'il n'y avait pas cette douleur contre sa gorge et ce sang sur ces doigts.

- Qu'est-ce que qu'il se passe ?!

- Qu'est-ce que c'était ?!

- Encore une attaque ?!

Les Gryffondor dont les chambres étaient le plus proche du salon affluaient, surpris par le désordre, horrifiés par le sang qui coulait depuis le cou de leur camarade. Certains reculaient, les visages livide de terreur, et d'autres voulurent se précipiter dans sa direction. Mais l'un d'entre eux fut plus rapide, bousculant la foule pour s'agenouiller devant lui.

- Yeonjun ! C'est quoi ce bordel ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?! Yeonjun... putain... Par Merlin... On a essayé de te trancher la gorge ? Putain de merde.

Soobin, habillé de son pyjama froissé et de ses cheveux ébouriffés, appuya sa main sur son coup. La panique suant depuis son regard.

- Ça va, articula Yeonjun, heureux de constater que sa voix sortait intact.

- Tais-toi ! Ne parle pas ! Ça pourrait empirer les choses ! Il te faut un médecin, il te faut des soins, il... Putain, l'infirmière a quitté Poudlard.

- Je vais bien, ce n'est...

- Je t'ai dis de te taire ! Tu vas finir par crever là !

- Je vais pas crever ! Ça va. Ça va je te dis. Soobin, c'est pas si profond.

En s'exprimant Yeonjun lâcha son cou, dévoilant une plaie qu'il ne voyait pas mais qu'il devinait moins impressionnante qu'on pourrait le croire. Il vit la peur se tarir sur les traits de Soobin, remplacé par la gêne.
Un silence de mort régnait dans la pièce, tous les observait sans oser intervenir, se sachant de trop, se sentant impuissant.

- J'ai laissé ma baguette dans ma chambre, murmura Soobin, en rougissant. Attend-moi là... Non, viens avec moi. Garde tes mains sur ton cou.

Il ne lui laissa pas le choix et le redressa de force, puis demanda aux élèves présent de regargner leurs chambres et d'éviter de réveiller les autres. Hésitant, leurs camarades Gryffondor finirent par obéir, et la voie de libera jusqu'à la chambre de Soobin.

Le garçon y résidait seul, de ce fait elle était bien plus petite que celle que Yeonjun partageait avec Chan. Mais il s'agissait de la chambre la mieux placé du dortoir, la mieux agencé et la plus proche du salon afin de pouvoir au mieux profiter des flammes de la cheminée. Yeonjun devina que, comme toujours, Soobin jouait sur le statut de sa famille pour s'otroyer les meilleures conditions.
Il s'installa docilement sur le rebord du lit, puis regarda le sixième année dégainer sa baguette ainsi qu'un livre de cours traitant des soins magiques. Il trouva la formule adapté, puis la dirigea vers le cou de Yeonjun.

La chaleur du sort de rependit sur sa peau, il grimaça en sentant la plaie frémir et doucement se renfermer. Ce n'était pas un sort qui guérissait complètement une blessure, mais aidait à la rapidité de la cicatrisation. Les rebords de la coupure restaient fragile, aussi Soobin insista pour lui enrouler un bandage autour du cou.

- Demain matin on ira voir la directrice, à la première heure. Ça ne peut plus durer, l'un de nous va finir par se faire tuer, grommela Soobin, en passant le bandage autour de sa tête.

Ils n'avaient pas été aussi proche depuis l'attaque subit par le plus jeune dans la bibliothèque, ou depuis leur unique année de proximité à Beauxbatons. Yeonjun se sentait rougir, et lorsque son regard croisa celui de l'autre garçon, il constata que leurs joues habitaient la même teinte.

Peut-être parce-que cette situation, de leurs deux présence seuls dans une chambre, éclairé par une lumière tamisée et rendu intime par le vacarme de la pluie dehors, faisait remonter des souvenirs égarés.
Ceux de deux jeunes garçons qui se découvraient et s'aimaient sans penser au lendemain. Où plutôt, en croyant vivre tout leurs futurs lendemains ensemble.

- Soobin, est-ce que je peux te poser une question ? Murmura Yeonjun.

Une seule question, celle qu'il n'avait jamais eu l'occasion de poser.

- Non.

- Une seule.

- Yeonjun, s'il te plaît...

Soobin termina d'accrocher le bandage, et s'écarta aussi vite. Il ne lui servit pas un regard noir ou électrique, comme à son habitude, mais quelques-choses de plus fragile, une lueur de sensibilité qui laissait voir ses émotions dérangés.

- Il fait nuit, je suis épuisé et tu viens de te faire attaquer. Ta failli te faire trancher la gorge... alors ne parle pas, restons en là. S'il te plaît, je suis épuisé.

Sur ses mots, Soobin se recula pour ranger ses affaires, et Yeonjun demeura immobile à l'observer.
La moindre des choses seraient de retourner dans sa chambre, de laisser l'autre garçon se reposer, de terminer cette nuit ainsi et reprendre demain cette relation de distance chaotique qui simmisciait entre eux
Mais Yeonjun avait des mots brûlant sur la langue, il avait des questions enflé dans son crâne, des douleurs déchirant sa poitrine. Et un coeur frémissant d'avoir cru mourir sans jamais pouvoir les poser.
"Pourquoi est-ce que a rompu avec moi ?" Il aurait tellement aimé posé cette question-là.

- Pourquoi est-ce que tu me détestes ? Demanda-t-il à la place.

- J'ai dis que je ne voulais pas discuter.

- Je voulais juste savoir... ce que j'avais fait de mal. Ça t'énerve à ce point de me savoir à Poudlard ? Ça te dégoûte au point de jouer les harceleurs ?

Soobin se redressa, le rouge sur son visage n'était plus celui de la gêne, mais de la colère.

- Tu fais quoi là ? Mon procès ? Tu profites qu'il fasse nuit, que je sois épuisé, que ta blessure me fasse pitié, pour me reprocher tout ce que tu gardes depuis le début de l'année ? Depuis plus longtemps encore ? Alors oui, je suis un connard, oui je t'ai fais mille et une crasse, oui je l'ai fait juste pour que tu t'en ailles, parce-que que ça m'énerve de voir ta tronche tout les jours dans les couloirs de l'école. Ça te suffit comme réponse ?

Tremblant, Soobin passa une main sur son visage. La nuit était longue, affreuse, ces derniers jours une tension vibrante torturait leurs coeurs.

- T'aurais dû allez te plaindre, me dénoncer, parler aux profs de l'enfer que j'essaye de te faire vivre ici, continua-t-il. Ils auraient prit ton partie de toute façon et j'aurais été viré de l'école. Et tout serait rentré dans l'ordre.

- Tu voulais que je me plaigne et que je te fasse virer ?

- J'ai plus envie de parler, laisse-moi dormir.

Sur ces mots, Soobin claqua sa main si fort contre l'interrupteur que son coup devait avoir résonné dans toute l'école. Il ne restait plus qu'une bougie pour éclairer l'endroit, faisant de leurs corps deux ombres dont on devinait les formes et les regards.
Yeonjun se leva, passant outre les tremblements qu'il n'avait pas sentit venir de ses mains, passant outre les résidus de peur qui gisait dans sa poitrine. Il craignait de traverser le dortoir, il craignait la chose qui l'avait attaqué, mais ne laissa rien voir.

Il se dirigea vers la porte, mais avant d'avoir pu la traverser Soobin lui attrapa le bras.

- Attend... reste dormir ici, murmura le plus jeune.

Leurs yeux brillaient dans l'obscurité, les reflets de la bougie qui dansaient sur leurs pupilles croisés. Yeonjun haussa les sourcils, alors que Soobin s'empressait d'ajouter:

- Te fais pas d'idées, il y a un monstre qui rôde quelque part dans le dortoir, les attaques ne touchent que les derniers sorciers. Restons ensemble cette nuit, c'est plus sûr. Demain on ira parler aux profs.

Yeonjun ne chercha pas à contester, ça le rassurait de ne pas avoir à traverser le dortoir, et ça le rassurait d'autant plus de ne pas laisser Soobin seul.
Il lorgna le tapis, mais son camarade ne lui laissa pas l'occasion d'installer un semblant de couchage sur le sol et le tira avec lui dans le lit.
Il faisait frais sous les draps, ils s'y allongèrent sans un mot, dos à dos, et ne surent combien de temps s'écoulèrent sans qu'aucun ne parvienne à s'endormir.

Partout où il regardait, Yeonjun avait l'impression de voir une ombre munit d'un couteau.

S'il fermait les yeux, il craignait que cette même ombre les attaque, lui et Soobin, sans qu'ils ne puissent rien y faire.

Et quand il se disait qu'elle n'était plus là, la panique faisait couler la sueur dans son dos en l'imaginant s'être faufilé dans d'autres dortoirs. Se pencher au-dessus de Beomgyu, sourire en constatant la vulnérabilité de Kai, et égorger Taehyun sans un semblant de pitié.

Un miaulement passa au-dessus de son imaginaire sanglant, il s'endormit sans savoir s'il avait rêvé le chat qui s'allongeait entre lui et Soobin, et sembla veiller sur eux jusqu'au petit matin.