Chapitre 25
~ Seungcheol ~
- Arrête de stresser, c'est ton frère Cheol, il n'y a pas meilleur placé que toi pour lui parler ! Clama Jeonghan.
Seungcheol soupira, n'osant plus rétorquer quoi que ce soit. Il se laissait seulement tirer par son ami à travers les couloirs, le pas traînant, le cerveau en miette.
Il avait trop réfléchi, il en avait marre de réfléchir. Il avait beau imaginer milles et un scénario, tenter de construire les phrases qu'il pourrait dire, les approches qui pourraient être les meilleures, son esprit restait constamment vide.
Il n'avait pas la moindre idée de la manière dont il devait parler à Yeonjun.
N'était-ce pas le comble de l'absurdité ? De ne pas savoir s'exprimer face à son petit-frère ? Et pourtant, c'était bien le plus grand problème de leur famille. Ils ignoraient tous comme discuter les uns avec les autres.
Il savait que Jeonghan s'était donné pour mission de les voir se rapprocher, de construire quelque-chose avec une fratrie aux trois morceaux détachés. Son petit-ami lui faisait de la peine, à espérer autant, et Seungcheol se sentait stupide de ne pas être capable de répondre à ses attentes.
Pour lui, ça n'avait jamais été facile de se lier aux autres. Seungcheol n'était pas timide, il n'avait juste pas le besoin de se rapprocher de qui que ce soit. Il était proche de Jeonghan grâce à ce dernier, il était devenu proche de ses autres amis car ils s'étaient tous retrouvé mêlé à une même affaire. Quand il les regardait tous, il se sentait faire partie de cet ensemble, mais parfois il avait l'impression qu'il ne parviendrait pas à discuter de grand-chose s'il se retrouvait seul avec l'un d'entre eux.
En réalité, c'était surtout les autres qui lui parlaient.
Ça ne le dérangeait pas, il vivait comme ça et s'y plaisait. Ses amis l'acceptaient ainsi, Jeonghan l'aimait ainsi.
Il aimerait pouvoir s'en contenter. Mais il avait une famille, une famille à qui il tenait, et pour qui il lui faudrait faire des centaines d'efforts.
Comme commencer à parler à des petits-frères qui ne venaient jamais d'eux-mêmes vers lui. Des petits-frères qu'il ne connaissait pas tellement. Des petits-frères avec qui il avait rarement vécu, ou quasiment pas pour Taehyun.
Des petits-frères qui avaient, plus que jamais, besoin de lui.
Du moins, ça c'est ce que tout le monde lui disait. Yeonjun et Taehyun s'étaient toujours débrouillé sans lui, Seungcheol ne voyait pas en quoi il leur serait davantage utile.
Pour les protéger ? Il n'avait même plus de magie.
Pour les soutenir ? Il ne savait même pas ce qui les ferait tomber.
Pour les réconforter ? Il ignorait quel mot prononcer pour apaiser un coeur.
Ces choses, c'était le domaine de Jeonghan.
"Mais ils ne sont pas mes frères" lui avait dit son petit-ami, quand il avait fait la remarque.
"Quoi qu'on leur dira, qu'importe qui le leur dira, ça n'aura jamais autant d'impact que si c'était toi."
Jeonghan avait toujours raison, mais Seungcheol avait eu du mal à le croire. Et pourtant il se laissa entraîner, n'ayant sûrement pas vraiment le choix. Tout le monde comptait sur lui.
Ils arrivèrent devant le dortoir des Gryffondor, que Jeonghan pénétra comme s'il avait toujours était un invité bienvenu dans cet endroit. L'un comme l'autre y entrait pour la première fois, du temps où ils étaient élèves des Serpentard n'auraient jamais été les bienvenus dans le refuge des lions.
Heureusement il n'y avait aucun élève pour leur offrir des regards curieux, en ce début d'après-midi les adolescents se trouvaient en classe, pour leur première journée de reprise de cours.
Une reprise qui ne s'était pas déroulé aussi tranquillement sur le personnel enseignant ne l'aurait souhaité.
Pour ce qui était des étudiants ordinaires, tout se passait comme prévu. Ils suivaient les enseignements plus calmement encore qu'on ne l'aurait imaginé, s'adaptaient à leurs programmes aménagé et aux nouveaux cours qui y figuraient.
Jeonghan et Seungcheol avaient vu la plupart de leurs amis bien occupé en cette journée, madame Lee avaient décidé de profiter de leurs présences pour les faire travailler pour son école. Joshua et Hansol offraient des interventions sur la politique, Mingyu avait offert son aide auprès de plante magique de la serre, Minghao auprès des objets de divination. Wonwoo s'était rendu à la bibliothèque, étudiant l'étrange livre qu'il avait récupéré aux archives, Seungkwan et Junhui lui avait offert leur soutien, et Jeonghan et Seungcheol s'étaient joint à eux.
Tout se passait bien, jusqu'au moment où Jihoon arriva à la bibliothèque. Essouflé d'avoir couru jusqu'à eux, mais le visage également tiré d'inquiétude.
"On a eu un problème pendant le cours de ce matin"
Tous savaient que leur ami faisait classe aux derniers sorciers ce matin, pour une première juste tout les cinq. Ils s'étaient tous redressé, paniqué à l'idée qu'il se soit produit un grave accident, et Jihoon s'était laissé tombé sur une chaise, épuisé.
"Tout le monde va bien, ne vous inquiétez pas. Enfin... il vous bien physiquement disons"
Puis, sans entrer dans les détails, il avait expliqué avoir fait subir l'épreuve de l'Épouvantard aux garçons. Yeonjun avait lancé une attaque trop puissante sur la créature, la tuant sur le coup. Puis le jeune garçon s'était enfui de la salle, ayant rejoint sa chambre dans laquelle il s'était enfermé. Jihoon avait eu beau lui parler et lui demander d'ouvrir, aucune réponse ne lui était parvenu.
"C'est possible de tuer un Épouvantard ?" Avait demandé Junhui, choqué.
"Ces créatures n'ont ni forme ni existence concrète. Normalement, on ne peut pas tuer quelque-chose comme ça. Sauf si on est très, très, puissant. Au niveau de Dumbledore, par exemple" avait répondu Wonwoo.
Voilà ce qui avait mené Seungcheol à se retrouver dans le dortoir des Gryffondor, tiré par Jeonghan, devant la porte de la chambre que son petit-frère. Yeonjun n'avait toujours pas daigné sortir, même pour allez déjeuner. Chan et Yeri avaient bien tenté de lui parler, mais il n'avait pas répondu.
Tout les regards s'étaient tourné vers Seungcheol, concluant que c'était à lui d'agir.
Jeonghan s'en alla, le laissant seul devant la chambre. "J'ai des choses à faire, madame Lee m'a demandé de trouver les quatre autres et de m'assurer que tout va bien" avait-il dit, comme excuse. Seungcheol savait que ce n'était pas tout à fait vrai, c'est Junhui que la directrice avait envoyé trouvé Soobin, Beomgyu, Taehyun et Kai, qui n'étaient pas resté sagement dans leur salle de classe.
Le dortoir était désert, silencieux, et Seungcheol n'entendait pas le moindre bruit provenir de la chambre. Il toqua, d'abord doucement, puis un peu plus fort quand personne ne répondit.
- Yeonjun ?
Aucun bruit, aucun signe de vie. Soudainement, son inquiétude se mua en peur.
- Yeonjun ? C'est moi, Seungcheol.
Le silence commençait à l'alourdir. Son frère était bien dans cette chambre, n'est-ce pas ? Il n'aurait pas fait une connerie ? Pas pour un simple Épouvantard ?
Il n'en savait rien, il ne le connaissait pas assez pour savoir. Et c'était peut-être cette sensation là qui écrasait son coeur le plus fort.
- Yeonjun, si tu ne répond pas je vais devoir forcer la porte. T'es pas obligé de m'ouvrir, répond juste, je veux m'assurer que tu es là, et que tu vas bien.
Il attendit, une seconde, deux seconde, trois seconde...
À la dixième, il décida qu'il allait forcer l'entré. Tant pis s'il cassait la porte, tant pis s'il devrait payer les réparations, il n'avait pas le choix.
Mais alors qu'il reculait, prenant de l'élan pour fracasser le bois rouge, la poignée s'abaissa. La porte s'ouvrit sur Yeonjun.
Il n'y avait sur ses traits aucune trace d'un quelconque mauvais état d'âme, d'une tristesse, d'une peur ou d'une colère qui aurait pu déformé ses traits. Pas de trace de larme, pas de rougeurs signifiant le chagrin, rien. Juste son air ennuyé habituel.
- Je suis là, pas besoin de paniquer, lâcha-t-il.
La porte s'ouvrit plus grand, il recula et retourna dans la chambre. Seungcheol le suivit dans un mot.
L'intérieur de la chambre ne laissait pas non plus paraître un quelconque excès d'état d'âme. Il n'y avait rien de cassé, rien de dérangé, juste la forme du corps de Yeonjun au dessus de ses draps. S'était-il juste allongé là pour regarder le plafond durant toute ces heures ? Ignorant les appels et la détresse de ses professeurs et amis ?
Seungcheol aperçu un petit casque relié à un lecteur cassette, assez petit pour être glissé dans une poche. Tout ce temps, il avait donc regardé le plafond en écoutant de la musique.
Yeonjun s'installa en tailleurs sur son lit, et l'observa prendre place sur la chaise de bureau. Il s'était changé, ayant retiré la cape, le pull et la cravate de son uniforme pour ne garder qu'un débardeur blan avec son pantalon sombre.
- Ça va ? Demanda Seungcheol.
- Mouais.
Il se sentait stupide, n'ayant préparer aucun texte, aucune approche, aucune manière d'engager la conversation avec suffisamment de précisions et de tact.
Seungcheol n'était pas doué pour ça.
- T'as pas à t'en vouloir pour l'Épouvantard, lâcha-t-il alors, décidant qu'il aurait l'air encore plus idiot s'il tournait juste juste autour du pot.
- Je m'en veux pas pour ça, répondit son frère.
- Alors qu'est-ce qui ne va pas ?
Contre toute attente, il y eu un petit sourire sur le visage de Yeonjun. Pas franchement joyeux, plus dépité. Et peut-être un peu amusé.
- C'est bizarre quand tu fais ça, dit-il, en reculant pour s'appuyer contre la tête de lit.
- Faire quoi ?
- Essayer de jouer au grand-frère.
Seungcheol eu l'impression de recevoir un coup en pleine poitrine. Pourtant, il le savait déjà, il avait presque grandi comme un enfant unique.
Presque. Il avait toujours eu conscience de la moitié de sa famille à l'autre bout du monde, il s'était toujours assuré d'envoyer de l'argent à sa mère à la place de son père, il s'était toujours assuré d'envoyer ces fameux paquets de bonbon à Yeonjun et Taehyun à chaque Noël et anniversaire.
Quand il était plus jeune ça lui semblait suffisant, maintenant il se rendait compte que non.
Quand il se voyait face à Yeonjun, il savait qu'il n'avait rien fait de suffisant.
"Ce qui compte dans une famille, ce n'est pas tout l'apport matériel que tu donneras à l'autre. C'est ta présence, c'est tes mots, tes silences, tes regards et tes sourires qui comptent. Parfois, une étreinte vaut plus que milles cadeaux" lui avait dit Jeonghan, une fois.
Et il avait raison. Jeonghan avait toujours raison.
- Désolé, je sais que je ne suis pas doué, soupira-t-il.
- T'inquiète, je ne suis pas doué non plus pour ça.
Ils se sourirent mutuellement. C'était étrange, et agréable, de sourire avec Yeonjun.
Seungcheol n'avait jamais fait assez, mais ce n'était peut-être pas trop tard ? Après tout, son frère lui avait ouvert la porte. À lui et à personne d'autre.
- Tu sais...
Yeonjun se tut, hésitant, peinant à continuer la phrase qu'il avait voulu commencé. Seungcheol se pencha en avant, montrant qu'il était prêt à l'écouter, s'imprégner ce qu'il dirait.
Il avait vu Jeonghan faire ça des centaine de fois. Se pencher vers les gens, les regarder, leur offrir toute son attention et sa bienveillance. On se confiait toujours à lui, quand il faisait ça.
- Quand Taehyun s'est retrouvé face a l'épouvantard, c'est nous qui sommes apparu. Toi, moi, papa et maman, murmura Yeonjun.
Il avait essayé d'utiliser un ton détaché, mais sa voix s'était doucement mise à trembler.
- Et moi quand je me suis retrouvé en face, c'est un autre moi qui est apparu. Et cet autre moi a couru vers lui. C'est pour ça que j'ai attaqué, j'ai pas réfléchi au sort, j'ai juste attaqué dans l'optique de détruire la menace... Ce truc allait s'en prendre à Taehyun.
Yeonjun soupira, ramenant ses jambes contre son torse. Il plongea son regard dans celui de Seungcheol, qui avait senti son coeur se serrer de plus en plus à mesure que la situation s'éclaircissait.
Son frère ne s'était pas enfermé là à cause de la culpabilité d'avoir tué l'Épouvantard, mais à cause de tout ce qu'il s'était passé avant, tout ce que Jihoon ne lui avait pas raconté.
Un poids plus gros tomba dans l'estomac de Seungcheol. Devant Taehyun l'Épouvantard S'était changé en leur famille. Il repensait à toute les fois où il avait vu son père insulter cet enfant devant lui, quand il était plus jeune, et la manière dont il essayait de l'accueillir maintenant qu'il s'était remarié avec sa mère.
Seungcheol repensa aux démarches d'adoption que ses parents avaient mit en place. Jusqu'ici il n'y voyait aucun problème, il croyait que c'était seulement la dernière étape pour tout reconstruire, tout arranger. Son père allait adopter Taehyun, et tout rentrerait dans l'ordre.
Avait-il été naïf de croire que ça suffirait ?
Avait-il été naïf de penser que Taehyun était en accord avec ce choix ?
Quelqu'un lui avait-il demandé son avis ? En plus de se sentir stupide, Seungcheol eu l'impression d'être égoïste, de ne même pas avoir pensé à ce que le plus jeune de ses frères ressentait.
De ne même pas s'être rendu compte qu'il ne se sentait pas bien dans leur famille.
Yeonjun l'avait-il comprit lui ? Ou venait-il tout juste de s'en rendre compte aussi ?
- On avait pas ce genre d'exercice, a Beauxbatons. Tu as déjà fait ça toi ? Te retrouver face à un Épouvantard ? Demanda le plus jeune.
- Oui.
- Et qu'est-ce qui est apparu ?
- Un vif d'or.
Seungcheol avait répondu sans réfléchir, encore porté par les émotions amer qui glissaient dans son sang. Mais en évoquant cet exercice pratiqué en troisième année, de drôle de souvenirs venaient à lui.
Son petit-frère avait haussé un sourcil, surpris, et il se souvenait avoir déjà vu cette expression sur le visage des tout ses camarades et de son professeur, à l'époque.
Choi Seungcheol, le joueur de Quidditch le plus prometteur de sa génération, un vrai prodige dans ce sport violent et complexe, dont la plus grande peur était cette petite balle doré.
- J'ai pas compris sur le coup, le professeur et les autres élèves non plus. Je n'ai même pas été capable de jeter un sort, il y avait juste ce vif d'or face à moi et je suis resté là, à le fixer. Le seul qui savait ce que ça signifiait c'est Jeonghan, il m'a toujours comprit mieux que moi-même.
Il se mit à sourire, en repensant à l'ironie de cette situation, à son absurdité pourtant trop logique.
- Au Quidditch je peux occuper tout les postes, je peux être excellent dans n'importe lequel, sauf celui d'attrapeur. Je suis incapable d'attraper le vif d'or, lorsque je m'y entraînais ça me rendait fou. Alors ce jour-là, ce que l'Épouvantard à voulu me montrer c'est ma peur de l'échec.
Seungcheol s'était toujours montré ambitieux et confiant, il s'entrainait si dur qu'il ne pouvait que réussir. Il ne doutait pas, du moins ça c'est ce que tout le monde croyait, c'est ce que lui-même croyait. Ce jour-là, l'Épouvantard lui avait dévoilé la vérité, faisant éclore cette peur qu'il repoussait bien loin dans sa poitrine. Celle d'imaginer que ses efforts pourraient être vain.
Et comme d'habitude, Jeonghan l'avait comprit avant tout le monde. Il n'avait pas eu besoin d'un Épouvantard pour savoir.
- Cet autre moi que m'a montré l'Épouvantard, il ressemblait à... un monstre, murmura Yeonjun.
Seungcheol le regarda déposer son menton sur ses genoux, perdre son regard sur les draps froissé et avouer, d'une voix si basse que même les fantômes des murs ne l'entendraient pas:
- C'est de ça dont j'ai peur, d'être un monstre et de faire du mal à ceux que j'aime.
- Pourquoi serais-tu un monstre ?
Yeonjun eu un drôle de sourire, amer et ironique, en attrapant le petit lecteur cassette pour le tripoter pensivement. Il devenait nerveux, devina Seungcheol, Jeonghan lui avait apprit que certaines personnes avaient besoin d'occuper leurs mains quand elles devenaient nerveuse.
- Il y a quelque-chose de monstrueux en moi, quelque-chose que je ne contrôle pas et que je ne comprend pas. J'ai tué cet Épouvantard avec un sort d'attaque basique, je voulais juste le repousser... ce genre de monstre ne meurt pas aussi facilement. C'est pas la première fois que ça m'arrive... les sorts que je lance, même les plus simple, ils sont trop puissant.
Ils n'avaient jamais pratiqué la magie ensemble, aussi Seungcheol ignorait tout cela. Il avait été plus que surpris d'apprendre que son petit-frère avaient tué une créature presque invincible, en un coup seulement.
Jihoon, Seokmin et Soonyoung lui avaient déjà plusieurs fois dit que Yeonjun et Taehyun s'en sortaient très bien en cours, ils avaient des connaissances et une maîtrise des sorts impressionnante pour leurs âges. Et jusqu'ici, il pensait que ce n'était dû qu'au programme de Beauxbatons, en avance sur celui de Poudlard.
- Je ne vous l'ai jamais dit, à papa et toi, mais ma magie s'est réveillé bien plus tôt que les sorciers ordinaires. J'avais six ans, quand j'ai lancé mon premier sort, confia Yeonjun.
- Six ans ? Mais c'est...
- Impossible ? Oui, et pourtant c'est ce qui m'est arrivé. J'ai lancé un sort sans même me rendre compte. Taehyun avait trois ans, et c'est lui qui en a été la cible. Le souvenir est encore très net dans ma tête... son corps étendu sur le sol, le sang qui se répend autour de lui. Et moi qui le fixe, croyant l'avoir tué.
Seungcheol resta stupéfait, ne sachant quoi répondre à cela. Sa mère ne lui avait jamais parlé de cette histoire, dans ses lettres elle disait toujours que ses plus jeunes fils se portaient bien, mangeaient bien, étudiaient bien...
Yeonjun venait tout les ans passer des vacances chez leur père, et il n'avait jamais montré le moindre signe de magie précoce. Jusqu'ici, ils ne s'étaient douté de rien.
Un sorcier dévoilait sa magie à partir de douze ans, avant ça il est comparable à un moldu, la connaissance de certains objets magique en plus.
Six ans, jamais auparavant il n'avait entendu parlé d'un cas comme celui-là.
- Taehyun a une cicatrice sur la côte. Il n'en se souvient pas de comment elle est apparu, maman ne lui a pas dit et moi non plus. Mais j'ai toujours cette image en tête, j'ai toujours la pensée, au fond de moi, que j'aurais pu le tuer ce jour-là. Et que je pourrais encore le tuer... je ne contrôle rien.
- T'es pas un monstre Yeonjun. C'était un accident, souffla Seungcheol.
Les premiers éclats de magie d'un sorcier pouvait parfois être compliqué, les jeunes ne contrôle pas ce qu'ils font et provoque souvent des dégâts mineur autour d'eux. Surtout les plus puissant. Comment un enfant de six ans aurait pu se préparer à ça ? Comment aurait-il pu contrôler ?
- Il y a quand même quelque-chose qui ne va pas chez moi. Maman le sait, je crois que la directrice et les professeurs de Beauxbatons le savaient aussi, ils ne me laissaient presque jamais jeter des sortilèges. Je ne contrôle pas ma magie, et ils le savaient tous. Ils savaient tous... que je suis dangereux.
- C'est parce-que tu n'as jamais appris.
Comment aurait-il pu si personne ne le laissait s'exercer ?
Le choc passé, Seungcheol sentait une colère sourde monter dans sa poitrine. Il en voulait à sa mère de ne jamais leur avoir parlé de ça, à lui et son père, de ne jamais leur avoir parmi d'aider Yeonjun. De l'avoir laisser dans cette peur constante de lui-même, de ne pas l'avoir suffisamment rassurer pour qu'il arrêter de se croire monstrueux.
- Je ne m'y connais pas vraiment en sorcier prématuré ou prodige comme tu sembles l'être, mais si ta magie est aussi puissante que tu le dis alors apprend à la contrôler. Apprend à réguler ta force, et t'en servir pour protège, pas pour détruire, clama-t-il, la colère bouillant en lui.
- Comment veux-tu que je fasse ça ? Je vais forcément perdre le contrôle et causer des dégâts.
- Je t'aiderais.
- T'es même plus un sorcier.
- On s'en fiche, je t'aiderais quand même. Et si tu me l'autorise je peux même demander à Jihoon de se joindre à nous. Lui aussi c'est une sorte de prodige de la magie, son cas est différent du tient mais je ne connais pas de meilleur prof que lui.
Yeonjun haussa seulement un sourcil, surpris de constater la fougue et la détermination de son grand-frère. Mais Seungcheol parvenait à lire derrière ce regard, même s'il ne le laissait pas sentir et ne l'exprimait pas haut et fort, le plus jeune était touché.
- Je crois que c'est la première fois qu'on parle aussi longtemps ensemble, murmura-t-il.
- C'est pas aussi gênant que je me l'imaginais, avoua Seungcheol.
- T'es un bon grand-frère.
Cette affirmation, posé avec un frêle sourire, lui réchauffa le coeur. Il y a encore quelques minutes il se pointait devant la porte avec la certitude qu'il ne saurait pas s'y prendre, qu'il ne parviendrait pas à échanger ne serait-ce que deux mots avec son frère. Finalement, il avait obtenu des confidences comme jamais auparavant ils n'en avaient échangé ensemble. Il suffisait de parler, et chacun s'ouvrait.
Seungcheol commençait à se dire, doucement, qu'il parviendrait peut-être à réparer ses années d'absence et à créer ce lien que Jeonghan le poussait à construire avec sa famille.
- Je sais pas, je fais de mon mieux. Mais avec toi c'est sûrement plus facile, avec Taehyun c'est une autre histoire, lâcha-t-il, conscient que le plus jeune de ses frères serait plus complexe à approcher.
Il pouvait à peu près cerner Yeonjun, car tout deux se ressemblaient beaucoup. Mais Taehyun était différent, plus renfermé, plus indépendant, Seungcheol ne saurait même pas décrire sa personnalité si on le lui demandait.
- On est presque au même niveau de ce côté-là, répondit Yeonjun.
- Vous être quand même plus proche, vous avez grandi ensemble.
- Non. Maman ne nous a pas laissé grandir ensemble.
Il resta interdit, croyant avoir mal entendu, mal comprit. Yeonjun avait lâché ça avec un tel détachement, comme on annonçait une information mineure.
Il ne su quoi dire, et devant son incompréhension, son frère ajouta:
- Je te l'ai dit, j'ai failli le tuer quand il était gamin. Taehyun c'est le bébé de maman, elle avait peur que je lui fasse du mal. Alors elle m'a éloigné. Je lui ai toujours fait peur, à maman.
Seungcheol avait l'impression de plonger dans un lac gelé, ou de recevoir une claque qui l'éveillait d'un long rêve.
Comment ça, sa mère avait éloigné Yeonjun ? C'était quoi encore que cette histoire ?
Depuis tout jeune, il la croyait vivant joyeusement avec ses plus jeunes fils en France, une famille heureuse et comblé, qu'il aidait en envoyant le peu d'argent qu'il parvenait à gagner.
Plusieurs choses lui sautèrent alors aux yeux, des éléments, des indices, qui aurait dû le heurter à l'évidence. Toute les fois où il voyait sa mère réprimander Yeonjun pour des broutilles, toute l'attention qu'elle apportait à Taehyun, sa réaction apeuré en apprenant qu'ils étaient les derniers sorciers:
"Mon pauvre bébé, que va-t-il lui arrivé ? Il doit avoir tellement peur, être si inquiet. C'est trop à supporter pour un garçon de son âge, il est tellement sensible"
Quand elle disait ces mots, elle ne parlait que de Taehyun. Yeonjun, elle n'en avait parlé que pour se plaindre de son incompétence à protéger son petit-frère.
- Pourquoi tu n'en a jamais parlé ? Tu aurais dû nous le dire, à papa et moi, murmura-t-il.
- Plus jeune je pensais que c'était normal. Et quand quelqu'un m'a dit que ça ne l'était pas, il était déjà trop tard. Taehyun avait grandi sans moi.
Seungcheol passa une main sur son visage, ses doigts étaient tremblant sur sa peau. Quelque-chose venait de s'effondrer en lui, quelque-chose qui tombait dans son estomac et y laissait un poids nauséeux.
Tout ce temps, toute ces années, il n'avait pensé qu'au Quidditch. Il n'avait fait que s'entraîner, lever le regard vers son avenir et laisser ses ambitions brûler dans son être.
Il s'était aveuglé tout seul, au point de ne pas remarqué ce qui se trouvait juste sous ses yeux.
Il avait abandonné ses frères, il avait laissé ses parents faire n'importe quoi.
Yeonjun avait tord, il n'était pas un bon grand-frère. Mais il le deviendrait, il ferait tout pour le devenir.
Il allait réparer ses erreurs, même affaibli, même sans magie, il ferait tout pour réparer ses manques.
Il se briserait, s'il le fallait, si ça permettait de donner des morceaux de lui pour reconstruire Yeonjun et Taehyun.
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