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~Mingyu~

- Quelle idée d'être sorti sous une telle pluie, tu aurais pu prendre un bus, ou me demander de te conduire en voiture. Et puis, bon sang, n'es-tu pas un sorcier ? Parmi tout les sorts que vous apprenez à l'école il n'y a aucun capable de créer un parapluie magique ? Clama mon père, en jetant sur moi la première serviette qui lui tombait sous la main.

Évidement elle glissa entre les doigts de ma maladresse et se retrouva au sol, c'est dans un soupir que je la ramassais pour la frotter à mes cheveux, tout en priant pour que mes parents aient lavé le carrelage aujourd'hui.

- Tu aurais pu tomber malade, et ton petit-ami aussi. Encore toi je m'en fiche, tu trouves tout le temps le moyen de tomber malade ou de te casser quelque-chose, mais c'est pour Wonwoo que je m'inquiète.

- Il est plus résistant que moi, marmonnais-je.

Mon père me dévisagea d'un air désapprobateur, puis leva les yeux au ciel et se laissa tomber sur la chaise à mes côtés. Il observa la cuisine, depuis laquelle on entendait ma mère s'affairer, puis jeta un coup d'oeil à la porte close de la salle de bain. L'eau d'une bonne douche chaude coulait derrière, des dizaines de frissons redressaient ma peau sous l'impatience de pouvoir me laver à mon tour. Mes vêtements trempés par la pluie collaient sur chaque partie de mon corps, poisseux et glacé, le feu de cheminée ne suffisait pas à me réchauffer.
Mais, en bon hôte, j'avais évidemment proposé à Wonwoo d'allez se doucher en premier.

- D'ailleurs, ton petit-ami est encore plus beau que je l'imaginais, murmura mon père, avec un coup de coude et un clin d'oeil.

J'allais rétorquer que Wonwoo n'était pas mon petit-ami, mais ne serait-ce pas mentir ? Après les multiples déclarations, notre manière d'agir l'un avec l'autre, et puis le baiser. Lui et moi avions une relation amoureuse, pas de doute.

Moi, Kim Mingyu, j'avais une relation amoureuse avec Jeon Wonwoo. Je pinçais la peau de mon bras pour m'assurer n'être pas en train de rêver, car ce genre de chose ne s'affirmait habituellement que dans mes songes.

- Comment un garçon comme toi peut-il sortir avec un garçon comme lui ? Quand tu nous le décrivais j'étais déjà persuadé que tu ne pourrais jamais le séduire, mais maintenant que je le voix j'y crois encore moins. Il est intelligent, bien élevé, beau... Sois sincère avec moi Mingyu, tu lui as fait boire une potion pour qu'il soit amoureux de toi ?

- Papa ! J'aurais jamais fait ça !

Il me fixa, incrédule, tandis que je désespérais de l'entendre douter de moi. De toute les personnes dans ce monde, tout ceux qui avaient assisté à mes maladresses et fréquentaient mon quotidien délirant à longueur de journée, ma mère et lui étaient ceux qui croyaient le moins en moi. Ils craignaient toujours que je me blesse ou me tue dans un stupide accident, ils me répétaient de rester auprès de Junhui si je ne voulais pas qu'il m'arrive quoi que ce soit. Ils avaient plus confiance en mon meilleur-ami qu'en moi.
Et ne parlons pas de toute les fois où je leur avais évoqué Wonwoo, rabachant et rabachant sans cesse à propos de mon amour pour un Serdaigle que j'admirais et chérissais tant. À chaque fois que je parlais de lui mes parents me regardaient, attendrit, mais je lisais dans leurs yeux qu'ils ne croyaient pas en une potentielle histoire d'amour entre moi et un sorcier prometteur.

Quand, au début des vacances, je leur avais annoncé la venu de Wonwoo le jour de Noël, dans leurs yeux écarquillés j'avais pu lire qu'ils me croyaient devenu fou. Ils ne pouvaient pas croire que je leur emmenais le fabuleux garçon qui faisait trembler mon cœur.

- Mais comment t'as fait alors ? Junhui doit être derrière tout ça. Oui, c'est ça, jamais tu n'aurais pu séduire qui que ce soit sans son aide, affirma mon père.

- Tu devrais avoir un peu confiance en moi ! Je suis pas si incapable, retorquais-je.

- Oh mon garçon, ça fait bien longtemps que je me suis résigné à avoir un fils mauvais en tout.

Il tapota mon épaule, moqueur. Ses paroles pouvaient sembler cruelles mais j'y étais habitué, au fond je savais que mon père n'avais pas de moi une opinion si basse. Seulement il avait toujours été très inquiet à mon propos, depuis toujours ma mère et lui insistaient sur le fait qu'ils ne me pousseraient jamais à faire plus que ce dont j'étais capable. Ils espéraient pour moi une vie calme et heureuse, tout simplement.
Ils me taquinaient souvent sur ma légendaire maladresse, mais jamais avec méchanceté. En ce monde je ne connaissais personne d'aussi gentil que mes géniteurs.

Enfin si, il y avait des gars comme Hansol et Seokmin. Mais eux jouaient dans une toute autres catégories, je crois qu'aucune pointe ne noirceur ne résidait en eux. Leurs existences étaient presque miraculeuse.

- Wonwoo ! Je t'ai préparé une bonne soupe chaude ! S'écria ma mère, qui accourait depuis la cuisine.

Sa présence soudaine me fit sursauter, son ouïes devait dépasser largement celle de tout humain ordinaire puisqu'elle était la seule à avoir remarqué que la porte de la salle de bain s'était ouverte. Wonwoo se tenait au seuil, les doigts encore placé sur la poignée, ses cheveux humides et le corps recouvert d'un pyjama m'appartenant. L'habit était légèrement trop grand pour sa carrure fine, il pouvait facilement cacher ses mains dans le bout des manches.
Le voir fit bondir mon cœur, quand il passa à côté de moi, traîné par ma mère qui tenait à tout prix a ce qu'il goutte sa soupe, mes joues se teintèrent de rouge alors que je sentais le parfum de mon shampoing émaner de lui.
Cette odeur fleurie lui allait presque mieux qu'à moi.

- Arrête de fixer ton amoureux et va prendre ta douche, clama mon père, en tapant mon épaule d'une force non retenu.

- Moins fort, il pourrait t'entendre, répondis-je, au comble de ma gêne.

Il leva les yeux au ciel en marmonnant que les jeunes étaient décidément trop prude, et je lui rendis un regard sombre en prenant la direction de la salle de bain. Après un bref coup d'oeil vers la cuisine je pouvais distinguer Wonwoo assit à côté de ma mère, qui poussait vers lui un bol de soupe débordant, ainsi qu'un bol de riz, du pain frais, un thé chaud, une part de gâteau... Elle semblait bien décidé à l'engraisser.

C'est une fois sous là douche que je me rendis compte d'à quel point mon corps était glacé. L'eau tiède brûlait ma peau, chassait la pluie humide dans mes cheveux, et je restais immobile à profiter de la chaleur. Lorsqu'une goutte vient rebondir sur ma lèvre mon coeur cogna plus fort ma poitrine, un sourire stupide déformait mon visage à mesure que se rappelait à moi les souvenirs du baiser.
J'aurais tellement aimé pouvoir dire qu'il s'agissait de mon premier baiser, mais lorsqu'on était enfant avec Junhui on s'était déjà embrassé, juste pour savoir ce que ça faisait. Mais ça ne comptait pas, je préférais penser que Wonwoo était mon vrai premier baiser.

Mon premier petit-ami, en tout cas.

Le sourire retomba, alors qu'il aurait dû être plus grand à cet instant. Un doute fissurait le bonheur, à mesure que je me répétais être devenu le petit-ami ne Wonwoo.
Je l'aimais, il m'aimait, mais méritais-je vraiment un garçon comme lui ? Ne serait-il pas déçu ?

Je secouais la tête, me faisant violence pour chasser mes propres pensées. Notre relation démarrait tout juste, je ne pouvais pas la remette si vite en question.
Si je n'étais pas assez bien pour Wonwoo, alors il me suffisait de tout faire pour le devenir. Pour le rendre heureux comme personne d'autre ne le pourrait jamais.

Déterminé, et oubliant de rincer la moitié de mon gel douche, je m'empressa de me sécher. Il fallait que je profite de cette soirée au maximum, et que je fasse savoir à mon petit ami ce qu'était un véritable réveillon de Noël. Les doutes devaient rester bien loin, si je laissais mes propres insécurités m'envahir j'allais finir par gâcher les festivités.

Une fois dans le salon je constatais que mon père avait disparu je ne sais où, tandis que Wonwoo et ma mère se tenaient toujours dans la cuisine. Dos à moi, les plats entamés repoussés dans un coin de table, j'apercevais devant eux un grand album surchargé de photos.
En reconnaissant des clichés de mon enfance un bon de panique me fit accélérer, mais je me figea au pat de la porte quand les paroles de ma mère s'elevèrent:

- Ce jour là nous avions dû l'emmener à l'hôpital, nous y allions si souvent que les médecins le connaissaient tous. Mingyu a toujours été maladroit, le jour où il a fait ses premiers pas il est tout de suite retombé en avant et s'est cassé le nez. Nous étions tellement paniqué.

Un rire se mêlait à sa voix, alors qu'une ambiance pleine de nostalgie émanait de son corps. Avec les repas fumants sur la table, le gros album et les confortables gilets qui les entouraient, ma mère et Wonwoo semblaient plongé dans une bulle paisible que je n'osa pas pénétrer. Je resta à l'entrée, légèrement décalé derrière le mur pour paraître invisible si l'un d'eux voulait tourner la tête.

- Pour être sincère, depuis qu'il est tout petit nous avons toujours été très inquiet pour Mingyu, continua ma mère, en tourna les pages avec douceur. Il n'a jamais été le plus intelligent, ni le plus sportif, encore moins le plus habile des petits garçons. À l'école certains enfants se moquaient de lui, les autres parents nous regardaient avec pitié lorsqu'il trébuchait en essayant de courir vers nous. Nous avions constamment peur qu'il se fasse mal, je ne compte même plus le nombre de fois où il s'est cassé une jambe ou un bras.

Je la vis arrêter ses gestes sur une pages et décrocher l'une des photos qu'elle plaça dans la main de Wonwoo. Sûrement était-ce un énième cliché de l'enfant problématique que j'étais, avec on ne sait quelle partie de mon corps coincé dans un plâtre.
Un soupir se bloqua derrière mes lèvres, plus ma mère parlait et plus je me heurtais à tout ce que je détestais chez moi. Un garçon bête, maladroit, mauvais dans tout ce qu'il entreprenait.

- Alors tu ne pourrais jamais imaginer à quel point nous étions paniqué lorsqu'il a reçu sa lettre pour Poudlard. Notre petit Mingyu si maladroit allait devenir un sorcier et évoluer dans un monde dont nous ignorions tout. Comment le protéger ? Comment le soutenir ? Nous avions si peur qu'il soit seul, que les autres se moquent de lui, nous avions tellement peur qu'il ne puisse pas contrôler la magie qu'il y avait en lui et finisse par causer un accident.

Les paroles me traversaient et je me laissais doucement glisser au sol. Les souvenirs de mon premier jour à Poudlard me revenaient en tête, ça avait été si difficile de quitter mes parents pour rejoindre le train vers une école magique, un monde dont je ne connaissais rien. Il y avait tellement d'inquiétude dans leurs yeux, plus encore que dans les miens.
S'ils savaient combien d'accident j'avais pu causer, je ne pourrais même pas compter le nombre de chaudron que j'ai fait exploser en cours de potion, ni toute les formules que j'ai un jour mal prononcé, toute les fois où les professeurs me dévisagaient comme si j'étais le plus désastreux des sorciers.

J'avais presque envie de pleurer, là, tout de suite, mais je ne m'en sentirais encore plus stupide. Ma mère parlait d'à quel point j'étais un enfant compliqué, elle en parlait à Wonwoo qui écoutait en silence. À quoi pensait-il ? D'où je me tenais je ne pouvais même pas voir son visage.

- Ça a été un soulagement lorsque nous avons apprit que Junhui était à Poudlard aussi, il a toujours été le seul à ne pas se moquer de Mingyu, à le soutenir et à l'aider. À l'école il prenait toujours sa défense quand les autres enfants étaient méchant, nous n'aurions pas pu rêver un meilleur ami pour notre petit garçon. Puis il a rencontré Hansol, Minghao et Seokmin, des amis qui sont toujours si bienveillant avec lui. Quand Mingyu rentrait pendant les vacances il nous parlait de ses cours et ses amis avec un sourire exceptionnellement grand, nous étions soulagé de savoir qu'il s'epanouissait là-bas. Il parlait de toi aussi parfois, t'aimer l'a toujours rendu si heureux.

Sur ses mots ma mère coiffa tendrement les cheveux de Wonwoo. La vision de ce geste, ainsi que ses paroles, faisaient petit à petit passer mon envie de pleurer.
La brèche d'un sourire vient même tirer sur mes lèvres, alors que je remontais mes jambes contre mon torse.

- Alors oui, mon fils n'est pas le meilleur élève de l'école, ses notes sont moyenne et mauvaise parfois. Il n'a toujours pas perdu sa maladresse d'enfant, il n'est toujours pas le plus intelligent ou le plus fort des garçons, mais il a tellement d'autre qualité. Il est si gentil, si doux et si courageux. Il est parfait ainsi, il n'y a pas plus bienveillant que lui en ce monde. Oh et puis il est doué en jardinage, si un jour vous vivez tout les deux je peux t'assurer qu'il te fera manger les meilleurs légumes que tu n'ais jamais goûté !

Je levais les yeux au ciel, ma mère était-elle en train d'essayer de vanter mes piètres qualités ? Elle me mettait presque mal à l'aise, tout en me rendant si heureux.
Et puis elle mentait, la personne la plus bienveillante du monde ce n'était pas moi, mais elle.

- Vous ne semblez pas avoir beaucoup d'ambitions pour lui, murmura Wonwoo.

De là où je me tenais je ne voyais toujours pas son visage, je devinais seulement qu'il fixait la photo qu'on lui avait placé entre les doigts.

- Je n'ai pas à avoir de l'ambition pour mon enfant, je veux juste qu'il soit heureux. Le reste, tout le reste, c'est à lui de décider, répondit ma mère.

- J'aime cette façon de penser.

Wonwoo reposa la photo, puis leva les yeux vers le repas devant lui. Il tripota un morceau de pain trop cuit que mes parents avaient fait eux-mêmes et, même si je n'arrivais pas à le voir, j'avais presque l'impression qu'il souriait.

Pas un sourire heureux. Même de dos je pouvais deviner qu'un voile de tristesse ornait ses yeux.

- Mes parents ont toujours eu trop d'ambition, mais je suis pas capable d'accomplir tout ce qu'ils espéraient pour moi, avoua-t-il.

- Tu devrais leur en parler.

Il secoua la tête et soupira:

- Ma mère ne l'acceptera jamais, elle ne voudra pas que je me détourne de la voie qu'elle a choisi pour moi.

- Wonwoo, ne sous-estime pas l'amour d'une mère.

Elle avança sa chaise et se remit à lui caresser les cheveux, comme souvent elle le faisait avec moi lorsque quelque-chose n'allait pas. Un geste tendre, maternelle, minuscule et pourtant suffisant pour faire naître le feu du réconfort dans n'importe quelle poitrine.
L'envie de pleurer revient faire frémir mes yeux, mais pour une raison bien différente cette fois.

- Peut-être que ce sera difficile au début, mais quand elle verra que tu es réellement heureux alors elle ne pourra que l'accepter, affirma-t-elle. Quand tu donnes naissance à un enfant il n'y a rien de plus précieux que le bonheur de cet enfant. Certes, en tant que parent on a parfois des paroles ou des actes déplacés, parfois on se trompe, on fait du mal sans le vouloir, mais c'est parce-que derrière chaque parent il y a un humain. Et derrière chaque humain il y a des faiblesses, des failles, des défauts. Une fois devenu adulte la vie ne devient pas facile, il n'y a aucune révélation, aucun manuelle du "bon humain". Alors on trébuche aussi, on apprend toujours, mais on fait de notre mieux. Dans la vie il faut juste faire de son mieux.

Une larme dévala ma joue, je savais qu'il en était de même pour Wonwoo. J'avais envie d'entrer dans la cuisine et le prendre dans mes bras, pour qu'on puisse s'offrir l'un à l'autre nos sacs d'émotions. Mais je me contentais de plaquer la main contre ma bouche pour qu'aucun sanglot ne s'échappe.

- Mais s'il y a bien une chose qu'on ne doit jamais oublier, c'est qu'il n'y a aucun amour plus puissant que celui d'un parent. Ta vie et ce que tu en fais ça n'appartient qu'à toi, les personnes qui t'aiment seront toujours là pour te soutenir, quoi qu'il arrive, termina ma mère, en attirant Wonwoo dans ses bras.

Elle le laissa déverser contre elle tout ce qu'il retenait jusqu'ici, tout ce qu'il avait pu accumuler et garder pour lui. J'en faisais de même de mon côté, au départ seul, puis bientôt rejoint par mon père.
Lui aussi écoutait la conversation, je ne l'avais pas vu mais il s'était posté dans un coin du salon, silencieux et discret. Désormais il me caressait le dos en murmurant que j'étais un garçon trop sensible, mais qu'il était très fier de moi.

Vu de l'extérieur notre Noël devait sembler bien triste, mais à mes yeux il n'avait jamais été aussi beau. Il nous avait permit d'échapper aux tourments de notre monde et de relâcher la pression. Certes, Wonwoo et moi on pleurait, mais on en avait autant besoin l'un que l'autre. Parce-qu'il fallait savoir déverser sa peine pour apprendre à être heureux, qu'importe ce qui nous chagrinait ou nous hantait, qu'importe que ça semble stupide ou banal. Pleurer faisait du bien.

Parfois c'était pas facile de vivre.

Mais il n'y avait rien de plus beau.

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