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~Mingyu~


- Wonwoo !

Alors que l'ensemble de notre classe déambulait dans les couloirs en direction du prochain cours, je m'écartais soudainement de mon groupe d'ami après avoir repéré la pâle silhouette du Serdaigle.
Il marchait seul en fin de groupe, quelques livres pressé contre sa poitrine et le regard vague sur le sol. Un sursaut le prit en entendant mon appel, et je m'efforçais d'approcher doucement en affichant un sourire sympathique.

Je souriais toujours quand Wonwoo se tenait devant moi, mais il fallait que je m'efforce de ne surtout pas aborder une expression trop enjoué. Je craignais de l'effrayer, il suffisait de peu pour qu'il se renferme sur lui-même, ainsi j'agissais toujours avec précaution en sa présence.

- Je viens de penser que je t'avais seulement apporté un sandwich tout à l'heure... j'ai pas pensé que tu pourrais avoir soif. Tient, prend ma gourde.

Wonwoo me fixait avec de grands yeux étonné alors que je lui tendais l'objet, et ses doigts semblèrent se rétracté sur les livres qu'il écrasait contre lui. Néanmoins il finit par attraper la gourde en murmurant un merci à peine audible.

- N'oublie pas de boire, c'est important.

Sur ces mots je lui accordais un dernier petit sourire, avant de faire demis-tour et de me rediriger vers mes amis. Je ne parlais jamais bien longtemps à Wonwoo, encore moins quand une foule se trouvait aux alentours, parce que cela ne semblait pas le mettre très à l'aise.

Je le voyais à son attitude, à son regard, aux tremblements qui lui secouaient doucement le corps. Parfois, quand quelqu'un lui parlait, il semblait paniquer au point de presque s'évanouir. Il ne répondait jamais, ou par de très brèves et silencieuses paroles, quand on tentait une approche, si bien que rares étaient ceux qui lui accordaient encore de l'attention.

Ce comportement ne m'étonnait plus, ça allait faire presque six ans que je l'observais et l'abordais de temps en temps, je m'en accoutumais et me contentais des quelques regards que je parvenais à lui soustraire. Son attitudes sauvages, presque peureuse, faisait partie des nombreuses raisons pour lesquelles j'étais si amoureux de lui.

- Je comprendrais jamais pourquoi tu t'acharnes à lui parler, cingla Minghao alors que je revenais tout juste auprès de mes amis.

Un sourire vibra sur mes lèvres alors qu'une vague de bonheur me traversait. Personne ne comprenait, tout le monde connaissait mes sentiments pour notre camarade Serdaigle mais personne ne parvenait à comprendre.

C'est ce qui me plaisait le plus, j'aimais être le seul à saisir la subtilité de mes sentiments, le seul à savoir, le seul capable de ressentir, le seul capable de chérir Wonwoo.

- Je trouve ton attitude adorable, mais parfois j'ai peur que tu finisses blessé, enchaîna Seokmin.

Mes amis me faisaient souvent part de leurs avis concernant ma "relation quasi-inexistente avec Wonwoo", je n'en prenais plus vraiment compte. Je leur était reconnaissant pour leur inquiétude, évidemment ça me touchait, mais je considérais qu'ils s'épuisaient pour rien à se ronger le sang pour moi.
Je n'étais pas malheureux, loin de là d'ailleurs, puisque le simple fait d'apercevoir Wonwoo égayait mes journées. La moindre parole que je pouvais lui offrir m'emplissait de bonheur, et la plus minime forme d'intérêt de sa part me comblait. Qu'il restait silencieux en ma présence n'importait pas, parce que, contrairement à ce que tous imaginait, je considérais que lui et moi avions tissé un lien inexplicable.

D'accord, il ne me répondait que très peu quand je lui parlais, il ne venait jamais vers moi, il n'osait qu'à peine me regarder et ne laissait pas le moindre sentiment s'extirper de sa personne. Mais malgré tout il ne me rejetait jamais, il ne fuyait jamais quand je m'approchais, il ne refusait jamais ce que je lui offrais et paraissait nettement plus détendu par ma présence que par celle de n'importe lequel de nos camarades.
Peut-être que je me faisais des idées, aveuglé par mes sentiments à son égard et les illusions qu'ils m'apportaient, mais j'étais persuadé que Wonwoo trouvait un petit plaisir en ma présence. À force de l'observer j'avais bien perçu son attitude craintive face aux autres, et je pouvais affirmer qu'il était nettement différent avec moi.

Quand j'en parlais mes amis semblaient toujours perplexe, mais ils ne pouvaient pas comprendre, ils ne pouvaient pas voir ce que je voyais, sentir ce que je ressentais.
Je suis amoureux de Jeon Wonwoo, depuis notre toute première année dans cette école. Je l'aime simplement et purement, personne n'est capable de saisir à quel point, personne ne pourra jamais comprendre.

Personne ne voit Wonwoo comme moi je le vois, et j'adore cette position privilégié qui est la mienne.
J'adore me trouver en sa présence, prendre soin de lui, et sentir à quel point je l'aime.

Tandis que mes amis continuait à discuter sur ma personne, sans pour autant me demander d'intervenir, je laissais mon regard vaguer vers mon serdaigle préféré. Il s'installait tout juste dans la salle que nous venions tous de pénétrer, étendait lentement ses livres face à lui et déposait ma gourde à côté. Dans un geste délicat il remonta les lunettes qui glissait sur son nez, avant de replasser ses cheveux qui retombaient frémissant sur son front. Ses yeux ne quittaient pas le bois de son bureau, comme s'il craignait de croiser le regard de quelqu'un s'il levait la tête.
Un petit sourire étira le coin de mes lèvres alors que j'imprimais cette nouvelle image de sa beauté dans mon esprit. Mon attention fut tellement absorbé par sa personne que je ne pretta plus attention à l'endroit où mes pieds se plaçaient, et je sentis soudainement que mon corps perdait la prise sur un équilibre qui m'était toujours précaire. Avant même que je ne puisse m'en rendre compte, je basculais soudainement en avant puis m'effondra lourdement sur le sol.

Un silence prit part dans la salle, le temps d'une brève seconde alors que je restais affalé au centre des tables, puis une méandre de rires et de soupirs s'élevèrent entre les murs sombres. Je n'osa plus faire le moindre geste, désespéré par ma propre personne, et me figeais ainsi immobile sur le sol.

Pourquoi fallait-il toujours que je trouve le moyen de me ridiculiser ? Pourquoi mes jambes n'étaient jamais capable de me conserver droit le temps d'une journée ? Comment pouvais-je manquer d'équilibre et d'adresse à ce point ?

- Kim Mingyu, si tu comptes te laisser mourir par terre alors va le faire dans une autre classe, j'ai pas envie de nettoyer ton corps de géant.

La professeure Lee clama cela depuis son bureau, d'une voix forte et intense qui fit taire en un instant les rires qui sillonaient la pièce. Effrayé par le timbre brute sur lequel elle s'était exprimé, je m'enquis à me redresser et attrapa la main qu'un camarade me tendait gentiment.
Une fois debout je constatais avec surprise que cette aide m'avait été apporté par Yoon Jeonghan, un serpentard au visage angélique qui masquait des éclats de peste bien garni. Je le remerciais d'un ton méfiant, mal à l'aise sous son étrange regard accompagné d'un sourire quelque peu moqueur.

- Je sais qu'il y a de jolies choses à admirer dans cette classe, mais regarde donc où tu mets les pieds.

Après un clin d'œil faussement complice, Jeonghan lâcha ma main et se dirigea tranquillement jusqu'à sa place. Je restais un instant immobile au centre du couloir formé par les table, rouge de honte et assaillit par les regards scrutateurs de mes camarades. Je n'osais pas tourner les yeux vers Wonwoo, même si il ne me regardait pas, sûrement avait-il entendu ce que le serpentard venait de me dire. Allait-il comprendre que ça parlait de lui ?

- Allez viens t'asseoir, avant de te faire remarquer davantage.

Junhui aggripa fermement mon bras et me tira jusqu'à ma place, où je m'affalais accompagné d'un profond et sombre soupir.

- Un jour ta maladresse te tuera, me murmura mon ami.

Je hochais la tête avant de fourrer mon visage dans mes mains. Le cours de défense contre les forces du mal commençait doucement devant nous et je ne parvenais pas à me concentrer, toute mon attention restant intégralement porté sur ma honteuse chute.
Junhui avait raison, la manière dont je mourrais serait sûrement dû à l'une de mes stupides maladresses. On ne se rappellera de moi que comme Kim Mingyu, cet idiot de Gryffondor qui a trébuché dans le vide et s'est tordu le cou.

- Suis un peu, madame Lee arrête pas de te jeter des regards mauvais.

Le coup de coude de mon meilleur ami me poussa à me redresser, et je captais effectivement les yeux sombres que notre professeure glissait par instant dans ma direction. Un frisson se balada sur ma peau et je fis mine d'être concentré, bien que je n'ai aucune idée de ce qu'elle pouvait bien raconter.

Parfois j'avais du mal à croire que cette incroyable et effrayante sorcière soit la mère de Seokmin. Elle était aussi autoritaire, imposante, charismatique et envoûtante que son fils était généreux, adorable, souriant et naïf. Le jour et la nuit, bien que les traits de leurs visages soient similaire ils y employaient des expressions si opposé que parfois on les croirait parfaitement différent.
Madame Lee est sans contexte l'une des sorcières les plus puissante du monde magique, une intime de Dumbledore qui avait appris et combattu à ses côtés, une femme qui ne laissait personne lui marcher sur les pieds et savait imposer sa place et ses propos.
Elle ne faisait preuve de tendresse avec personne, surtout pas avec ses élèves. Si nous lui deplaisions elle n'hésitait pas à le faire savoir, et nous poussait toujours à plonger plus loin dans les tréfonds de notre magie. Concrètement elle est une formidable professeure, bien qu'effrayante, et n'offre de traitement de faveur à personne.

Pas même à son propre fils, encore moins aux amis de celui-ci.

- Kim Mingyu, comme tu sembles enclin à te donner en spectacle aujourd'hui, leves-toi donc.

Je sursautais quand sa voix rugueuse et faussement affective prononça mon prénom, et m'employa instantanément à me redresser. Elle posait sur moi des pupilles lumineuses d'amusement, éclat d'un flot moqueur sur sa peau marqué de dureté.

- J'ai pu constater que tu paraissais très attentif à mon cours aujourd'hui, approche, tu vas servir d'exemple au reste de la classe.

Refuser ne faisait absolument pas partie de mes options, je m'avançais donc après avoir essuyer les regards désolés de mes amis.
Sur le bureau de la professeure se tenait une petite boîte, qu'elle présentait à bout de main, toujours avec cet effrayant sourire amusé sur les traits.

J'allais encore me ridiculiser, je le savais, elle le savait, tout le monde dans cette pièce le savait.

- Comme tu le sais, puisque tu a soigneusement écouté le cours du jour, à l'intérieur de cette boîte se trouve un effrayant animal magique dont je tairais le nom, qui a pour habitude de déchiqueter ses victimes. Je viens de vous donner le sort à employer pour le maîtriser, je te demanderais donc d'ouvrir cette boîte, de dégainer ta baguette et de formuler le sort.

Le souffle se perdit quelque-part dans ma gorge, incapable de remonter pour m'aider à respirer. Je posais un regard paniqué sur madame Lee, qui levait les yeux au ciel.

- Ne me regarde pas comme ça, tu ne vas pas te faire déchiqueter. Je ne suis pas assez cruelle pour tuer un élève, et je suis là pour superviser. Allez, maintenant ouvre cette boîte et montre-nous comment tu combat le monstre.

Elle poussa l'objet dans ma direction, un sourire un peu plus tendre étirant ses lèvres. Derrière moi je devinais l'attention entière de tout mes camarades, une salle dénué de chuchotement et impatiente de me voir échouer.
D'une main tremblante je sortis ma baguette, tandis que la seconde se déposait sur le couvercle de la boîte. Je tentais de me souvenirs de tout les sort de défense ou d'attaque que j'avais pu apprendre ici, mais mon esprit me faisait l'affront de demeurer complètement vide.

Bon, plus vite ce sera fait et plus vite je pourrais retourner à ma place, avec une nouvelle anecdote honteuse à ajouté à mon palmarès.

Dans un geste net et rapide, j'ouvris la boîte et pointa ma baguette en avant. J'ignorais toujours quel sort je devais lancer, si même je serais capable d'en lancer un, mais me préparais tout de même à contre-attaquer. Avec un peu de chance mon instinct de survie trouverait quoi faire.

Durant une seconde rien ne se passa, je cru ainsi m'être fait piégé et que cette boîte ne contenait rien. Mais cette hypothèse, à la fois rassurante et humiliante, se révéla rapidement un pauvre espoir sans fondement.

Brusquement une forme noirâtre, trop grande pour cette petite boîte, surgit face à moi. Une énorme masse sombre qui devait faire deux fois ma taille, à la fois brumeuse et pourtant intégralement peuplé d'épines si pointus qu'une seule parviendrait à m'éventrer. Deux billes intégralement blanche, sûrement ses yeux, se posèrent sur moi et je n'en perçu pas davantage.
Une exclamation effrayé explosa dans ma gorge alors que mes pieds se reculaient d'eux même, désireux de fuir. Je lachais ma baguette sans même en prendre conscience, et chemina rapidement vers l'arrière. Grâce à ma maladresse légendaire je sentit que plusieurs objets tombaient au sol autour de moi, mais je ne cessait de reculer vivement alors que le monstre brumeux me fixait.

Il n'avait pas vraiment de visage, ni de bouche, et pourtant je le devinais souriant.

Alors qu'un bref amas de seconde s'était écoulé depuis l'ouverture de la boîte, et que je m'étais contenté de reculer alors que lui me fixais, il se décida soudainement à se jeter sur moi. Je le vis bondir dans ma direction, épines planté vers ma peau et soif de sang dans le regard.
Je poussais un cri, plus puissant cette fois, et plaça inutilement les bras devant mon visage en fermant les yeux.

Mes pieds se derobèrent et je tombais au sol en attendant l'impact, qui pourtant ne vient jamais. Le son d'une explosion fusa devant moi, suivit d'un hurlement inhumain qui devait provenir du monstre, et quand je rouvris les yeux seul un amas de poussière persistait face à moi.
La bête avait disparu, détruite par un sort, et je m'osais enfin un souffle en remontant le regard vers ma professeure, prêt à la remercier.

Mais elle ne tournait pas la tête vers moi, abordait une expression pleine de surprise que je ne lui avais encore jamais vu, et fixait un point éloigné au milieu des tables aligné dans la pièce. Je constatais rapidement que tout mes camarades regardaient dans la même direction qu'elle, ils observaient avec des mines deconfite l'un des sorciers de cette classe.

Un Serdaigle habituellement si discret qu'on oublait presque sa présence, qui ne participait jamais en classe et que même les professeurs semblaient ignorer durant leur cours.

Wonwoo tenait sa baguette tendu dans ma direction, le souffle affolant et le front inondé de sueur. Il demeurait parfaitement immobile, comme tétanisé, alors que tout les regards lui brûlaient dessus.

Je comprenais que madame Lee n'avait pas eut le temps de s'employer à la magie, puisque Wonwoo semblait celui a qui je devais la mort de mon assailant.

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