8
~Minghao~
Je n'avais pas été assez vigilant, je ne m'étais pas suffisamment préoccupé de ce qui se déroulait autour de moi. Ce qui se passait maintenant, c'était entièrement de ma faute.
Un imbécile, voilà ce que j'étais.
Cette vision me hantait depuis des mois, encore et encore je voyais le corps qui basculait dans le vide, je me voyais impuissant à le rattraper. J'avais déjà conscience de ce qui allait se produire, cette vision s'était présenté si souvent que j'aurais dû faire dix milles efforts supplémentaires pour l'analyser. J'aurais du tout faire pour que ça n'arrive jamais.
Et me voilà, en bon imbécile incompétent, à courir dans les escaliers qui menaient en haut de la tour d'astronomie. La catastrophe arrivait, ce que j'avais vu allait se produire maintenant, et j'ignorais si j'étais capable de l'empêcher.
J'entendais Junhui quelques marches plus loin, ainsi que Seokmin, qui tout deux me suivaient avec ce même flot de panique. Je ne les attendais pas, je ne pouvais pas me permettre de les attendre, je me trouvais déjà suffisamment lent.
Pourquoi mes jambes n'étaient pas capable de me porter plus vite ? Pourquoi étais-je si incompétent ?
Pourquoi n'avais-je pas été capable de deviner que c'était Seungkwan, le Serpentard de ma vision ?
Par ma faute il allait se laisser tomber, une vision était venu me prévenir mais je n'avais pas été capable de bien faire, je n'avais pas été capable de l'aider.
J'atteignais bientôt le haut, avais-je été assez rapide ? Est-ce que ma main sera capable de l'attraper cette fois ?
Les bruits de pas dans l'escalier derrière moi me semblaient multiplié, j'avais soudainement l'impression qu'une dizaine de personne s'empressaient vers la plus grande hauteur du château. Était-ce une hallucination de mon esprit catastrophé ? Ou alors d'autres personnes se joignaient à ce moment ?
Je n'avais pas le temps d'y penser, je n'avais pas le temps pour quoi que ce soit d'autre.
Sur mon doigt j'avais soudainement l'impression que la bague chauffait, qu'elle brûlait ma peau. En était-il de même pour tout les autres ? Ces petits bijoux offert par la salle secrète, s'emballaient-ils aussi vite que mon cœur ?
- SEUNGKWAN ! Hurlais-je, quand la dernière marche fut traversé.
J'entrais dans la grande salle circulaire, à l'autre bout se trouvait le balcon, et assit sur ce rebord je pouvais apercevoir mon camarade.
Tout était comme dans la vision, un garçon présenté de dos, frappé par la pluie, le vent soufflant autour de lui, soulevant sa cape, et un visage qui ne se tournait pas vers moi même si je l'appelais. Seungkwan semblait comme hors du monde, hors du temps. Figé et pourtant à l'orée du mouvement. J'ignorais ce qu'il se passait dans son esprit à cet instant, je n'avais pas la moindre idée des pensées qui le hantaient, du malheurs qui le menait ici. Est-ce que ça avait un rapport avec ce qu'il se passait dans l'école ? Dans le pays ? Ou la cause se trouvait-elle dans l'absence de Hansol ? Je n'en savais rien, je ne m'étais pas assez penché sur son cas, je ne le connaissais pas si bien.
À mon plus grand désarroi.
Je ne pouvais pas l'aider. Juste... Essayer de le rattraper.
Le temps que je traverse la pièce, qui me semblait soudainement immence, le corps de Seungkwan bascula doucement vers l'avant. Je hurla encore, sans le faire réagir, et me jeta en avant.
Ma main tendu, comme dans la vision, se rapprochait de cette cape que je ne parvenais jamais à saisir.
Le tissu frôla mes doigts, un morceau flottait entre mes phalanges. Je fermais la main pour m'y accrocher, retenir cette vie qui s'offrait au vent.
À une seconde près, le tissu se serrait coincé dans cette main fermée.
À une seconde prêt, j'aurais pu le rattraper.
Mais je ne fis que l'effleurer, à peine le toucher, incapable de le ramener à moi.
Incapable de le sauver.
Sous mon regard terrorisé, le corps de Seungkwan bascula, mon bras tendu n'était pas suffisant pour le retenir. Je trébucha, manqua de m'étaler sur le carrelage arrosé de pluie, et cria encore. Mes jambes luttaient pour se maintenir droite, pour éviter une chute et saisir une autre chance de le sauver. Je n'étais pas assez rapide, assez agile, assez fort...
Et pourtant, à la deuxième tentative ma main parvient à se refermer sur cette fichu cape.
Une regain d'espoir explosa dans ma poitrine, j'étais parvenu à l'attraper.
Ni une ni deux, je tira de toute mes forces et enroula mon bras autour de la taille de Seungkwan. Ce dernier eu un hocquet de surprise, comme s'il constatait tout juste ce qui était en train de se passer, et en le tirant je pu enfin apercevoir son visage.
Il fixait le vide, pâle et terrifié. Il se rendait compte de ce qui avait failli arriver, il sortait de son état de transe pour percuter une réalité dont il avait manqué d'effacer son existence.
Dans un cri qui dénotait de toute la puissance que j'allais chercher au fond de mes entrailles, je le fis basculer sur le côté, le rapprochant du balcon et inversant presque nos positions. C'est à cet instant que je vis que Junhui et Seokmin arrivaient vers nous, tout deux paniqué, et ne perdirent pas une seconde pour attraper Seungkwan et le ramener sur la terre ferme.
Je le poussa vers eux, la pluie me tombait de plus en plus fort dessus, le vent frappait mon corps, mais une chaleur inexplicable me gagnait.
J'avais réussi.
Je l'avais sauvé.
Seungkwan atterrit dans les bras des deux garçons et je le lachais une fois certain qu'il soit en sécurité. Il tomba avec Seokmin que le carrelage mouillé, tandis que Junhui se tournait vers moi.
Étrangement, il y avait toujours de la peur dans ses yeux.
Non, de la terreur.
Et je mis plusieurs secondes à comprendre que cette émotion m'était destiné.
- MINGHAO !
Quand il hurla mon nom, je me rendis soudainement compte que je ne me tenais plus à rien.
Je me rendais compte que si le vent semblait frapper aussi fort, c'est parce-que je basculais à mon tour.
Mon petit-ami tenta de m'attraper, mais sous le choc je fus incapable de tendre le bras dans sa direction. Mon corps me semblait comme paralysé, le temps comme ralentit, et mon coeur cessait subitement de battre.
J'étais en train de tomber.
Junhui ne parvient même pas à m'effleurer, je pu lire toute l'horreur dans ses yeux avant d'être réellement offert au vide béant. Le temps se remit en marche, et son visage s'éloigna si vite, trop vite, ses hurlements s'étouffèrent, ainsi que toute les voix qu'il m'avait semblé percevoir.
J'étais seul.
Seul avec l'air qui percutait mon dos, balançait mes bras et mes jambes comme de vulgaires morceaux de chiffon. Seul avec la distance vers le sol qui se réduisait considérablement.
J'étais seul face à cette chute.
Face à la mort.
La vie ne défilait pas sous mes yeux, comme le racontait les légendes, seulement des injures à n'en plus finir. Une colère brûlante contre ma propre personne, la déception de mourir si stupidement, d'avoir à ce point manqué de prudence.
De n'avoir pas embrassé Junhui, une dernière fois.
Mes yeux se fermèrent, je priais pour ne pas sentir le choc, pour ne pas avoir mal, pour que la vie s'en aille vite, sans douleur et suffocation.
Pour que les regrets cessent de tournoyer dans mon esprit.
Ma respiration se brisa dans un hocquet de stupeur, alors que mon corps se figeait, heurté et stoppé dans sa chute. Seul le son de la pluie s'animait autour de moi, j'entendais à peine mon coeur battre, le souffle coupé et les yeux fermés.
Avais-je trouvé le sol ? Je n'osais pas ouvrir les yeux pour répondre à cette question, je ne voulais pas tenter de soulever mes paupières et constater que seule l'obscurité m'apparaissait. Je ne voulais pas réaliser que la fin écrasait mes poumons, que d'une seconde à l'autre la douleur allait brûler chaque cellule, que mon sang se rependait certainement autour de mon corps désarticulé.
Je ne voulais pas ouvrir les yeux, et confirmer que j'étais en train de mourir.
Et pourtant, mes yeux s'ouvrirent d'eux même. Une sensation familière se rependit dans mon crâne, la lourdeur devenu quotidienne.
Une vision, la dernière sûrement, qui apparu sous mon regard voilé.
Soudainement je n'étais plus à Poudlard. Le château, la pluie, la tombé de la nuit, tout disparaissait. La pièce dans laquelle je me tenais m'étais inconnu, circulaire, immence, elle ressemblait à une arène en intérieur. Des gradins remplis encerclaient un centre vide, les voix s'élevaient, criaient, s'énervaient et débattaient, jusqu'au moment où un homme frappa son bureau d'un marteau.
Aussitôt que je me tourna vers lui, je compris être dans pièce principale du Ministère, là où les décisions importante étaient prise, débat ou jugement public.
L'homme, qui se dressait sur un siège plus important que les autres, hurla quelque-chose que je ne parviens pas à entendre. Aussitôt toute les têtes se tournèrent vers un seul et même point, cinq garçons qui avançaient dans le centre de la salle.
Je ne voyais pas leurs visages, mais devinais leurs vêtements de prisonniers ainsi que les menottes à leurs mains.
La scène m'apparaissait flou, indistincte, les conversations qui s'enchaînaient se mélangeaient, les voix n'avaient plus aucun sens.
Une seule phrase arriva à mes oreilles, braillé par ce même homme qui dominait l'Assemblée, alors qu'il pointait les cinq garçons:
"Crime contre le monde magique"
Aussitôt le dernier mot prononcé, le paysage tomba en morceau, la vision s'effritait et mes yeux s'ouvraient, réellement cette fois.
J'étais de retour à Poudlard, dans la réalité. La pluie glacé tombait sur mon visage, les tours du châteaux me dominaient de toute leur hauteur et le ciel assombris par les nuages se dressait face à moi. Étrangement, je ne ressentais pas la moindre douleur, l'inspiration qui osa rejoindre mes poumons ne réveilla aucune souffrance.
J'avais l'impression de flotter.
Je flottais, littéralement.
- Minghao, qu'est-ce que tu fais ?
Cette voix, grave et essouflé, me percuta peut-être plus fort que ne l'aurait fait le sol, si ma chute n'avait pas été stoppé à quelques centimètres du trépas. Je laissa ma tête pencher vers l'arrière, constatant que je flottais dans les airs et qu'un garçon se tenait derrière moi, baguette pointé dans ma direction, un flot de magie en sortait et m'aggripait.
Un garçon trempé, à la fois de sueur et de pluie, aux vêtements et cheveux bordéliques, le visage creusé d'une fatigue telle qu'il ne semblait pas avoir dormi depuis des semaines.
Un garçon qui m'apparaissait dans un piteux état.
Mais que je n'avais jamais été aussi heureux de voir.
- Hansol, murmurais-je.
Un sourire tira le visage fatigué de mon ami, puis il tomba à genoux, abaissa sa baguette, et mon corps termina doucement cette chute qui aurait dû être mortelle.
Je resta allongé sur l'herbe humide, peinant encore à croire à ce qu'il venait de se passer. Et Hansol s'affala à mes côtés, épuisé.
Ni l'un ni l'autre ne comprenions cette situation, ni l'un ni l'autre ne pouvions comprendre comment l'autre en était arrivé là. Je n'avais même pas envie d'y penser, je n'avais pas envie de penser, tout simplement.
Rassemblant le peu de force qui me restait, je fis basculer mon corps vers celui de mon ami et me blotti contre lui. Ma main trouva son coeur battant, m'assurant qu'il m'apparaissait bien vivant, lui qui ressemblait à un fantôme revenu d'on ne sait où. Puis je trouva mon propre cœur, j'étais en vie moi aussi.
Mes yeux se levèrent vers la tour d'astronomie, dont je ne voyais pas le bout. Mon sourire se fit plus grand: j'avais réussi.
Ce soir, personne n'avait trouvé la mort.
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