~Minghao~

La fameuse vision, celle devenu familière à ma rétine prophétique, se laissa une nouvelle fois montrer à moi. La mal de crâne habituel se présenta mais je le supportais mieux qu'avant, si bien que je me contenta de paupières closes sans pour autant cessé de marcher. La scène se déroula comme à chaque fois, une silhouette vêtu de l'uniforme de Poudlard qui basculait doucement dans le vide, ma main se tendait vers elle sans la saisir, puis venait la fin de cette image cauchemardesque.

Mais cette fois quelque-chose différait, dans le brouillards de ma vision un nouvel élément se présenta à moi, un détail que je percevais pour la première fois. Je ne voyais toujours pas le visage du garçon, je ne parvenais pas à distinguer de signe distinctif à son identité propre, mais un petit élément de son uniforme me sauta aux yeux.

- Un Serpentard, murmurais-je, alors que mes paupières se levaient.

Seul Junhui m'entendit, puisqu'il marchait trop proche de mon corps. Il tourna vers moi des yeux curieux, n'ayant pas remarqué qu'un nouvel éclat de divination m'avait gagné.

- La garçon... Il y avait du vert sur son uniforme.

- Le garçon ?

- Celui de ma vision.

- Aaah... Oh !

Junhui se figea presque, la main posé sur mon avant bras et le regard désormais fixe sur la silhouette de Soonyoung devant nous. Nous avions déjà émis l'hypothèse que, de tout le groupe, il soit celui que nous imaginions le plus mettre fin à ses jours, pour cause de la haine qu'il recevait en boucle de la part de tout les élèves de Poudlard. La touche verte que j'avais aperçu dans ma vision pourrait confirmer ce fait, mais à cette pensée mes yeux tombèrent sur Jihoon, quelques pas devant.

La réconciliation avec son ami d'enfance ne pourrait pas être une raison pour Soonyoung de ne pas sauter ? Et s'ils se re-disputaient ? Peut-être est-ce pour cela qu'il voudrait mettre fin à ses jours ?
Mais est-ce vraiment lui le garçon de mes visions ? Des Serpentard, il y en avait des centaines dans toute l'école. Et même si je sentais que cette vision concernait un membre de notre groupe de ménage, ça laissait quatre personnes potentielles.

Mon regard se laissa porter vers Seungkwan, qui traversait les longs couloirs au côté de Hansol. Aucun des deux ne parlaient, je crois même ne les avoir pas vu échanger une seule parole depuis qu'on se soit réveillé ce matin, et pourtant ils ne se quittaient pas un seul instant. Je n'en étais pas vraiment étonné, Junhui et moi avions déjà parlé des sentiments évidents qu'ils entretenaient l'un pour l'autre, et cette vision de leur proximité faisait grandir une pointe de bonheur en moi.
Seungkwan n'était pas aussi détesté que Soonyoung, mais sa popularité ne s'étendait pas sur beaucoup plus de positif. S'il sortait avec mon ami alors sûrement cela diminuait les chances qu'il soit le garçon de mes visions.

Restait alors deux autres "suspect" potentiel. Si avant je n'aurais jamais émit l'hypothèse que Seungcheol et Jeonghan puissent être mêlé à ça, désormais le doute me venait. Le premier avait été gravement blessé, au point que sûrement son corps ne se remettrait jamais parfaitement, s'il se retrouvait incapable de reprendre le Quidditch à son réveil est-ce que ça suffirait pour qu'il perde l'envie de vivre ? Quant à Jeonghan, est-ce qu'il mettrait fin à ses jours si jamais son meilleur-ami ne se réveillait finalement pas ?

Au final, plus j'avançais dans cette quête de divination et plus les éléments me paraissaient flou.

Junhui, lui, continuait à fixer Soonyoung, je n'avais pas besoin de lui demander pour savoir qu'il n'explorait même pas les options Seungkwan, Jeonghan et Seungcheol.

- Le service a déjà commencé depuis une demie-heure, le réfectoire doit être bondé, lâcha soudainement Chan.

Ce dernier menait notre marche et se stoppa soudainement, alors même qu'il ne restait qu'un seul virage avant notre arrivé dans l'immence salle destiné à nous restaurer. De là où nous étions nous pouvions déjà entendre les voix fortes qui s'y mélangeaient, tout Poudlard réuni à un seul et même endroit.
Par réflexe ma main vient effleurer celle de Junhui, l'envie de faire demi-tour titillait soudainement mon corps.

Notre arrivé allait provoquer de nombreuse réactions et oeillades pleine de curiosité. J'imagine que les professeurs s'étaient occupé d'expliquer à nos camarades ce qu'il s'était produit la veille, pour que notre absence dans les dortoirs ou ce matin en cours ne soit pas source d'inquiétude. Je ne ressentais aucunement l'envie d'affronter tout les regards brûlant sur nous, le désir fou de courir jusqu'à l'infirmerie et me contenter des quelques en-cas déposé en libre service montait de plus en plus. Et je voyais sur les visages hésitant de tout les autres que je n'étais pas le seul à être saisie par cette émotion.

Mais alors la main de Junhui se serra plus fort à la mienne et il fit un pas en avant, nous présentant un sourire frémissant de courage.

- Ne restons pas là, après ce qui nous est arrivé on mérite bien un bon repas, qu'importe si les autres nous portent une attention indiscrète.

Puis ses yeux se plongèrent dans les miens, forçant un faible soupir à traverser mes lèvres. Oui, nous n'allions tout de même pas rester enfermé dans l'infirmerie juste pour éviter les regards et les questions, il fallait bien qu'on se nourrisse d'autre chose que de nouilles.
Je me laissa donc traîner par mon petit-ami jusqu'à l'entré du réfectoire, suivit de près par tout les autres. Du coin de l'oeil je remarquais que Seungkwan et Hansol se tenaient maintenant la main, que Joshua s'était enquit à saisir celle de Chan et que Jihoon, fidèle à lui même, se contentait de pousser Soonyoung en avant.

Comme prévu notre arrivé attira l'attention générale, le flot de paroles et de tout autre son provenant des couverts s'essoufla à peine nos pieds ayant passé les portes de la salle. Tout les regards se tournèrent vers nous, une centaine de paires de yeux écarquillé qui nous détaillaient de haut en bas, sertie de sourire ou d'air plus stupéfait, parfois suant d'une curiosité malsaine ou d'une réelle inquiétude. Tout mon courage tomba à la seconde où nous devenions le point vers lequel tout les visages convergeaient, mais ça ne fut pas le cas de Junhui qui se tourna vers nous sans perdre son sourire. Je le connaissais assez bien pour deviner qu'il était tout aussi pertubé que nous tous, mais une pointe attendrit fit battre ma poitrine à constater son menton relevé d'un air plus serein qu'il ne l'était vraiment.

- On mange à quelle table ? Demanda-t-il.

Le ton de sa voix, doux et assuré, suffit à calmer l'adrénaline de stress qui me traversait, et permit à mes lèvres d'étirer un sourire en retour.

- Il y a de la place chez Poufsouffle, je répondis alors, en désignant le bout de table assez grand pour accueillir huit personnes.

Il hocha la tête et tout les deux nous y dirigions avec la ferme intention de faire comme si des centaines de regards ne nous tombaient pas dessus. Par habitude nous avions éloigné nos mains, le secret de notre relation demeurant important malgré la situation. Joshua et Chan n'hésitèrent pas à nous suivre, puis Hansol qui entraînait Seungkwan, et enfin Jihoon se mit à tirer Soonyoung par le bras en marmonnant "ramène-toi".
Le silence demeurait dans le réfectoire, plus personne ne parlait ou même ne mangeait, seulement nous observait-on comme si nous étions de drôles de créatures issu d'un amusant folklore. Mais malgré mes mains quelque-peu tremblante je tenta de ne pas y faire attention et commença à remplir des bols de riz pour tout mes camarades tandis que Chan, qui prenait à coeur son rôle de plus jeune, s'empressait de nous fournir nos couverts. Les premières minutes de notre repas coulèrent sans que l'un d'entre nous n'ouvre une quelconque conversation. Autour de nous quelques murmures se laissèrent petit à petit entendre, les élèves reprirent leur repas sans pour autant détacher leur intérêt de nos personnes. Heureusement notre arrivé tardive jouait en l'avantage que nombreux devaient déjà quitter la pièce pour se rendre en cours, notamment les sorciers de notre âge qui se pressaient déjà pour rejoindre la salle de potion.

Dans le mouvement général des sixièmes années, deux élèves approchèrent de notre table. Jimin et Taehyung, qui se penchèrent vers Junhui pour s'assurer de son état et demander des nouvelles de Mingyu. Je n'étais pas vraiment ami avec ces deux-là, contrairement à mon petit-ami qui s'entendait très bien avec eux, pour cause de leur appartenance à Gryffondor. Mais je leur était un peu reconnaissant de venir prendre des nouvelles sincères, même s'ils ne s'intéressaient qu'aux membres de leur Maison et ne s'inquiètait pas vraiment de l'état des autres.

Je me contentais donc de manger en les écoutant bavarder avec Junhui, s'exclamer devant les marques restante de sa morsure au bras et imaginer à quel point, en bon et courageux Gryffondor, il s'était sûrement montré vaillant et puissant. Mon petit-ami leur servait un sourire gêné, n'osant pas vraiment avouer qu'il n'avait pas pu réellement agir lors du combat, malgré qu'il tente de laisser sous-entendre que les autres s'étaient aussi très bien battu.
Mais, alors qu'il évoqua le fait qu'il n'y avait que deux Trolls contre notre groupe de treize, leurs visages prirent des teintes stupéfaites, et Taehyung s'exclama :

- Seulement deux ? Les professeurs nous ont dit ce matin que vous aviez subit une attaque difficile et que nombreux d'entre vous étaient blessé. Mais pour des élèves de sixième années battre un Troll c'est simple, on apprend des sorts de combat depuis notre troisième année.

Junhui afficha un air plus gêné encore et, enfin, tourna la tête vers moi, cherchant à savoir s'il avait le droit de parler de l'entière vérité sur l'attaque. Après tout les professeurs ne nous avait pas interdit d'évoquer la magie qui protégeait nos assaillants, mais était-ce une bonne idée de laisser savoir qu'un Mangemorts était à coup sûr responsable de ce qu'il s'était passé ?

- Ça aurait été simple, si seulement les Trolls n'étaient pas protégé par de la magie noire.

À cette intervention de Joshua, placé à voix basse pour que l'information n'aille pas plus loin que notre table, un frisson se partagea entre nous tous. Il n'avait pas relevé le nez de son bol en parlant, s'exprimait d'un ton détaché mais sec, tranchant au point que personne n'ose ajouter quoi que ce soit à ses paroles.
Désormais que je lui portais plus d'attention, le Serdaigle dégageait quelque-chose qui différait de ses habitudes. Une colère froide et silencieuse marquait son visage.

- De la magie noire ? Murmura Taehyung, qui devenait presque livide.

- Comment est-ce possible ? L'école n'est-elle pas censé être encore plus sécurisé depuis ce qu'il s'est passé ? Enchaîna Jimin.

Les deux échangèrent en regard, on y lisait à l'intérieur une pensée commune qui n'échappa à aucun d'entre nous. L'ombre du nom de Jungkook brûlait sur leurs lèvres sans qu'aucun ne le prononce, leur ami tué de sang froid au milieu de l'école.

- Vous feriez mieux d'allez en cours, le professeur Rogue n'aime pas les retardataires, leur souffla Junhui, qui déposait sa main sur l'épaule désormais tremblante de Taehyung.

Après un petit instant d'hésitation le duo de Gryffondor finit par hocher la tête, puis s'en allez en murmurant "bon appétit" à notre petite tablé.

Le silence retomba entre nos huit corps, moment de planage qui faisait tâche au milieu du réfectoire mouvant. Les élèves quittaient petit à petit la pièce pour s'en allez vaquer à diverses occupations, de même que les professeurs qui devaient assurer leur cours. La plupart d'entre eux prenait soin de passer devant nous pour s'assurer de notre état, questions auxquelles Junhui affirmait dans un sourire que nous nous remettions plutôt bien. Il se dressait en porte parole de notre groupe, puisque tout les autres se fondaient dans un mutisme profond à chaque fois que quelqu'un s'en venait nous aborder, professeur bienveillant comme sorciers de nos âges eprit par une curiosité dérangeante.
À le voir agir avec cette assurance qui lui convenait si bien, je ne pu qu'être envahi de fierté. Je savais qu'il n'avait pas plus envie que nous de discuter avec des personnes extérieures à notre groupe, mais c'était dans sa nature de déposer une responsabilité de bonne humeur et de protection sur ses épaules. Il avait l'art de la conversation et donc savait comment les écourter, si bien que chaque personne qui approchait notre table s'en allait après avoir échangé seulement deux mots avec lui.

Par réflexe ma main alla se glisser dans la sienne, caché sous le volume de nos capes, et je décela un rictus agréable qui étendit son sourire.

Au fil des minutes la salle se vida de presque tout les sorciers qui y déjeunaient, et c'est à cet instant que la professeure McGonagall et la professeure Lee se décidèrent à nous aborder à leur tour. Munit d'expression soucieuses elles nous demandèrent doucement comment nous allions, comment allaient ceux que nous avions laisser dans l'infirmerie puis, après avoir échangé un regard, déclarèrent :

- Nous avons pensé bon que vos parents soient au courant de ce qu'il s'était passé, nous les avons contacté ce matin.

Mon cœur fut prit d'un soubresaut affolé qui crispa ma main sur celle de Junhui, poussant ce dernier à grimacer discrètement.

- Nos parents ? Répétais-je, priant pour avoir mal entendu.

S'il y a bien une chose que je ne voulais surtout pas c'est que mon père et ma mère apprennent ce qu'il s'était passé. Même si je n'étais pas blessé, que je n'avais pas réellement affronté les Trolls, je savais mes parents capable de prendre le premier avion depuis la Chine pour venir s'assurer eux-mêmes que j'allais bien.
Madame Lee devina mes pensées à la simple vu de ma réaction, puisque Seokmin et moi étions proche depuis longtemps elle avait plusieurs fois eut l'occasion de rencontrer mes parents, devenant ainsi consciente de leur soucis constant à mon propos. Elle vient déposer sa main sur mon épaule et me servit un sourire rempli d'une telle tendresse que, à cet instant, elle ressemblait énormément à son fils.

- Ne t'inquiètes pas Minghao, j'ai parlé longtemps avec ta mère pour la convaincre de ne pas faire le déplacement jusqu'ici. Elle me fait confiance et sait que je ne lui mentirais pas sur ton état, elle m'a juste demandé de prendre bien soin de toi. Ta mère m'a d'ailleurs demandé la même chose Junhui, ainsi que celle de Mingyu.

J'acquiesça dans un petit soupir, légèrement rassuré même si je devinais l'affolement qui avait dû saisir mes parents. Déjà qu'ils n'aimaient pas me savoir seul en Corée, que les menaces de guerre les inquiétaient au point qu'ils me fassent "subtilement" comprendre dans leurs lettres qu'ils aimeraient me voir rentrer en Chine, voilà un nouvel argument qui allait rejoindre la liste de "toute les raisons pour lesquelles Minghao devrait rester gentiment auprès de sa chère et tendre maman", comme le disait ma "chère et tendre maman".

- Nous avons tenté de rassurer tout vos parents, ils étaient très inquiet ou d'autres très en colère. Je ne vais pas vous cacher que certains aimeraient vous voir quitter Poudlard sur le champ, mais c'est une décision qui vous revient avant tout. Si vous voulez rentrer chez vous pendant quelques temps nous le comprendrons.

Sur ces mots Macgonnall se mit à fixer Jihoon et Soonyoung, qui ne mirent pas longtemps à comprendre que c'est d'eux dont il était question.

- Je vais envoyer une lettre à mes parents et aux Kwon pour les rassurer et leur dire qu'on va rester à Poudlard. Il reste pas beaucoup de temps avant les vacances de Noël, ils peuvent bien attendre jusque-là avant de nous voir, déclara Jihoon.

Une pointe amusé tira le coin de ma lèvre en constatant qu'il parlait aussi au nom de Soonyoung, sans demander l'avis de ce dernier et sans même que celui-ci ne reagisse.
Finalement, j'avais bien fait de les enfermer dans la salle secrète de la bibliothèque.

- Très bien. Il y a juste un petit problème pour toi Seungkwan, nous ne sommes pas parvenu à contacter tes parents.

Le Serpentard, qui jusqu'ici n'avait pas levé le regard de son assiette, lacha un bref soupir avant de redresser vers nos professeures un sourire qui, de toute évidence, sonnait faux.

- Ne vous en faites pas pour ça, mon père répond jamais quand on l'appelle et ma mère... Enfin, même moi je ne sais pas où elle se trouve alors difficile de la contacter.

Une sensation de malaise envahi la tablé. Même si nous passions de plus en plus de temps tous ensemble, qu'on s'ouvrait sur nos vies et nos perceptives d'avenir durant les heures coincé à la bibliothèque, c'était bien la première fois que j'entendais Seungkwan évoquer sa situation familiale. Il s'était exprimé sur un ton détaché que son sourire crispé rendait étrange, nous poussant à détourner le regard ou, dans le cas de Hansol, à poser sur lui une attention curieuse et peiné.

- Nous réessayerons tout de même d'appeler ton père, affirma Madame Lee, qui retirait sa main de mon épaule pour la poser sur celle du Serpentard.

Ce dernier hocha la tête en plaçant ses yeux sur son assiette, sans pour autant manger. La gène flotta pendant quelques secondes durant lesquelles les deux femmes échangèrent un regard, se demandant sûrement si elles devaient s'en allez maintenant. Mais avant qu'elles n'aient le temps de faire un pas en arrière, Chan se tourna soudainement vers elle et demanda:

- Comment ont réagi les parents de Seungcheol-hyung ?

Évidemment cette question nous titillait tous sans oser la prononcer, et ce fut dans un soupir que madame Lee y répondit.

- Son père tient à venir de lui même voir l'état de son fils. Étant donné la situation nous n'avons pas pu lui refuser, je comprend ce qu'il ressent.

Mon cœur se serra à la tristesse qui flottait dans sa voix, elle-même devait être très inquiète pour Seokmin, une effroyable peur avait brillé dans son regard quand, au moment de l'arrivé des professeurs dans le combat, elle l'avait retrouvé se vident de son sang auprès de Joshua. Nous imaginions bien la panique qui traversait actuellement les parents de Seungcheol, dont le réveil restait incertain et se couvrait du risque de graves séquelles.

- Profitez bien de votre repas et prenez quelques jours pour vous reposer. Vous pourrez retourner en cours quand vous le souhaiterez, déclara finalement Macgonnall, avant que les deux professeures ne se décident enfin à nous laisser.

Si l'ambiance n'était déjà pas fleurissante entre nous la voilà devenu plus morose encore. Nous picorions plus que ne mangions l'afflux de nourriture placé à notre disposition, et de nombreux soupir se laissaient retenir au coin de nos lèvres. Junhui et moi nous tenions toujours la main à l'ombre de nos capes, je serrais fermement mes doigts sur les siens alors qu'il caressait ma peau, soucieux de discrètement apaiser mon cœur étouffé.
Bientôt il ne restait plus que nous dans le réfectoire, tout les professeurs et les élèves s'en étant allez suivre le cours de leur journée. Enfin, il ne restait que nous et une jeune fille sur la table des Serpentard, visiblement décidé à ne pas se rendre en classe ou alors avec un flagrant retard.

Cette jeune fille approcha alors de notre table. Une sorcière que sûrement j'avais déjà croisé dans les couloirs sans la conserver en souvenir, de petite taille, au long cheveux bruns coiffé en nattes, mignonne malgré les traits de son visage tiré de presque aucune émotion.

- Lee Chan.

Le Gryffondor leva la tête et constata la présence de cette fille debout face à lui. Il afficha une mine suprise mais avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, elle demanda:

- L'exposé, c'est bien la semaine prochaine ?

Tout comme sur son visage il n'y avait pas d'émotion dans la voix de cette Serpentard, pas de douceur ou la délicatesse qu'on avait pu constater avec tout ceux qui nous avaient abordé plus tôt. Elle s'exprimait avec le détachement d'une personne ennuyé, trop sèche, comme si elle se fichait pas mal d'être face à plusieurs personnes ayant échappé à la mort sous les poings et les crocs de Trolls ensorcelés.

Mais Chan ne parut pas vraiment surpris du comportement de son interlocutrice, il hocha simplement la tête alors qu'un petit sourire lui traversait les traits.

- Tu as fini de le préparer ? Enchaîna-t-elle.

- Pas totalement, il me reste la conclusion à faire et la potion à préparer. Mais j'aurais fini pour...

- Donne-moi rapidement mon texte pour que je l'apprenne. Et ne t'embête pas avec la conclusion et la potion, je m'en occupe.

- Tu n'es pas obligé, je...

- Je n'ai rien d'autre à faire de toute façon. Je viendrais chercher mon texte après les cours, tu seras dans l'infirmerie ?

Visiblement fatigué d'être coupé dès qu'il essayait de parler, Chan se contenta d'hocher la tête.

- D'accord.

Puis la jeune Serpentard s'en alla, sans une parole, un signe, ni même en faisant l'effort de politesse de savoir comment nous nous portions après l'attaque.

Et même si habituellement ce genre de personne me semblait agaçante, je trouvais aujourd'hui presque agréable de ne pas être fixé avec de la pitié ou des pupilles brillantes de questions mal placé.

- Elle a pas l'air super aimable, d'un autre côté c'est sympa de sa part de vouloir finir l'exposé, mais si j'ai bien compris elle n'a pas fait l'effort de t'aider avant. Du coup je sais pas trop si elle est gentille ou méchante, déclara Junhui, une fois la jeune fille ayant quitté la pièce.

Jeune fille que je présumais donc être la fameuse partenaire d'exposé de Chan, l'anomalie de l'école d'après mes camarades.

- Yeri est toujours comme ça, dans le dortoir des Serpentard elle agit toujours comme si elle se fichait de tout et ne répond généralement pas quand on lui parle. C'est la première fois que j'entend sa voix aussi longtemps, avoua Soonyoung.

- C'est la première fois que je la voix agir gentiment, ajouta Seungkwan.

Nos regards derivèrent sur Chan qui, le nez fourré dans son assiette, haussa simplement les épaules.

- Elle veut juste pas avoir une mauvaise note.

Des airs septiques se figèrent sur tout nos visages, même si je ne connaissais pas vraiment cette Yeri il me sembla évident qu'elle n'avait pas juste dans l'intention d'un bon résultat à l'exposé. Si elle avait proposé, ou plutôt imposé, de terminer les préparatifs c'est bien qu'elle devait s'inquiéter pour Chan et souhaiter le soulager d'efforts supplémentaires après ce qui lui est arrivé.

Et puis son petit jeu ne trompait personne, surtout pas moi. Prendre soin de quelqu'un tout en affichant un air détaché, feignant le désintérêt, c'est exactement comme ça que j'agissais à l'époque de mes sentiments naissant pour Junhui. Quand je n'osais pas encore lui avouer ou m'avouer à moi-même que je tombais amoureux de lui.

- C'est agréable quand il n'y a plus personne. Je crois que je n'aime pas être le centre de l'attention comme ça, lâcha soudainement Jihoon, alors que le silence était retombé sur notre table, et dans la pièce toute entière.

- Wonwoo a déteint sur toi, plaisanta Junhui.

Des petits sourires nous gagnèrent, peut-être pour la première fois depuis notre arrivé dans le réfectoire nous avions enfin tous relevé la tête pour nous regarder, délaissé de toute la gêne écrasante des autres. Finalement peut-être que Wonwoo avait déteint sur nous tous, nos corps s'apaisaient maintenant que la foule s'était dissipé.

- Les gens risque de parler encore un moment de cette attaque de Troll, faudra s'y habituer, soupira Chan, qui laissait tournoyer sa cuillère dans son bol depuis si longtemps que son riz avait désormais l'air d'une grosse bouillie.

- Au moins cette histoire de prophétie est terminé, c'est un soulagement.

L'intervention de Seungkwan me fit presque sursauter, une vague de frissons mettant fin à une paix qui s'était imposé en moi.

- Cette histoire de prophétie ? Répétais-je.

- Le message du livre, ce truc qui devait nous arrivez et qui finirait mal si nous ne nous unissions pas, j'imagine que ça concernait l'attaque des Trolls.

La goût de la nourriture sur ma langue devient soudainement amer, au point où je reposais mes baguettes et crispait ma main dans celle de Junhui.

- Je pense que le livre ne parlait pas des Trolls, murmurais-je alors.

- Pourquoi tu penses ça ?

- Juste... Un pressentiment.

Je me remémorais la vision du garçon chutant dans la vide, ma main tendu et inutile. Le "pire" n'était pas encore arrivé, je sentais... Non, je savais que d'autres événements allaient encore se produire.
Seulement un doute me venait, devrais-je en parler à mes camarades, qui gardaient leurs regards curieux figé sur moi ?

Si je leur en parlais, est-ce que ça permettrait d'éviter qu'une affreuse tragédie ne se produise ? Ou alors me prendrait-on pour un fou ?

Mais alors que ces pensées tournoyaient en moi et que l'envie de faire part du dénouement de mes visions me venait, une personne débarqua dans le réfectoire à une vitesse telle qu'il perdit l'équilibre et s'étala en plein dans l'entrée de la pièce. Ce bruit soudain nous fit tous sursauter et la main de Junhui se déroba soudainement à la mienne, le Gryffondor n'ayant pas perdu une minute pour courir vers un Mingyu qui se redressait en sanglotant.

Je me levais à mon tour, inquiet pour mon ami, et je me penchais à peine vers lui que je le vis tomber dans les bras de Junhui en marmonnant:

- Je crois que j'ai fait une connerie...

J'ignorais ce qu'il avait bien pu faire qui le mette dans un tel état, mais après un bref échange de regard avec Junhui nous décidâmes de ne pas lui demander pour le réconforter avant tout. Mon petit-ami commença doucement à caresser le dos et la tête de Mingyu, comme on le faisait à un enfant malheureux, tandis que je levais moi-même ma main vers lui.
Mais, à peine mes doigts eurent effleuré mon ami qu'une douleur familière se présenta à mon crâne, forçant mes paupières à se crisper dans le noir.

Face à mes yeux le réfectoire disparu pour l'obscurité, avant que plusieurs scènes perdu dans une tempête m'apparaissent en fouillis. Malgré le désagrément et l'afflux d'information qui me donnait envie de m'extirper de cette vision prophétique affolante, je tenta de me concentrer à saisir tout ce qui me semblait important.

Je parviens à apercevoir différentes scènes égaré et sans contexte annoncé, plutôt flou, la seule que je distinguais vraiment fut deux silhouettes courant sous une pluie torrentielles. Alors je me concentrait d'avantage, faisant bourdonner la douleur sur mon crâne et trembler mes membres sertie de frisson. Je sentis ma main qui se crispait sur le bras de Mingyu, et alors quelques visions nettes m'apparurent.

Je le vis, Mingyu, dans diverses situations qui, dans mes souvenirs, ne s'étaient pas encore produite. Une fois en train de hurler et pleurer, comme prit dans l'orage d'une dispute. Sur une autre image il tendait sa main vers quelqu'un, les doigts si tremblant que je devinais sa peau moite. L'une des visions me surpris autant quelle me fit sourire, puisque je le voyais dans sa chambre en compagnie de Wonwoo, ce dernier vêtu d'un pyjama du Gryffondor trop épais pour lui.
Puis mes lèvres s'abaissèrent avec une dernière image, qui provoqua en moi un sursaut tel que je retira ma main de son bras.

Un souffle étouffé gisait dans ma gorge tandis que je sentais sur ma peau des perles abondantes de sueurs. Face à moi la scène n'avait pas changé, Mingyu qui se laissait fondre doucement dans les bras de Junhui, la seule différence est que tout les autres nous avaient rejoin et observaient le nouvel arrivant sans vraiment savoir s'ils devaient eux-aussi s'avancer à le réconforter où non.
Pour ma part je recula, d'abord à même le sol puis debout sur des jambes chancelantes. Je croisais le regard de Hansol qui sembla comprendre que quelque-chose n'allait pas puisqu'il fit un pas vers moi, mais je ne lui laissa pas l'occasion d'approcher et me rendit rapidement vers notre table pour avaler un verre d'eau qui noya presque ma gorge. Je me sentais transpirant et faible, essouflé, mais l'état de mon corps me paraissait la dernière de mes priorités, mon esprit tout entier tentait de comprendre comment une scène que jamais je n'aurais cru possible pourrait se produire.

J'avais vu mon ami, le si gentil et inoffensif Kim Mingyu, lever sa baguette dans une position d'attaque, une flamme de colère si intense dans le regard qu'il en devenait méconnaissable.
Et face à lui, désarmé et l'air désespéré, se dressait Chan, qui ne cherchait visiblement pas à échapper au sort qui pourrait lui tomber dessus.

Puis à leurs pieds, tâchant leurs chaussures et le bout de leur capes, des flaques de sang coulaient sur le sol poussiéreux de Poudlard.