7
~Jihoon~
La pluie avait cessé de tomber il y a dix minutes, mais le ciel restait sombre, très sombre. La nuit de levait sur le château de Poudlard, peu à peu les élèves devaient quitter le réfectoire pour rejoindre leurs chambres, inquiet du couvre-feu. Les professeurs surveillaient les allées et venues des jeunes sorciers plus qu'à l'ordinaire, avec la disparition de Taehyung tout le monde était sur le qui-vive.
Et puis il y avait nous, une bande de treize jeunes hommes, assit en cercle en haut de la tour d'astronomie. Qu'importe les heures qui passaient, le crépuscule qui s'abattait, aucun d'entre nous ne faisait mine de vouloir s'en allez.
Nous ne pouvions pas nous séparer maintenant, nous ne pouvions pas retourner dans nos chambres comme si rien ne s'était passé. Un nuage noir, épais et poisseux, se rependait autour de nous. La tension qui écrasait nos coeurs ne s'en irait pas avant que tout nos tourments ne soient mit au clair.
Un frisson parcourait mon dos, le troisième depuis que le silence s'était installé entre nous tous. Il ne faisait pas vraiment froid, la fenêtre avait été refermé, mais je tremblais comme si l'air était glacé. Soonyoung le sentait, puisqu'il ne cessait de raffermir sa prise sur mes épaules et de me coller à lui. Il me regardait, inquiet, mais moi je ne parvenais pas à détacher les yeux du garçon qui se trouvait face à moi, à l'autre extrémité du cercle que nous formions tout les treize.
Joshua.
Il avait tenté de s'en allez, un peu plus tôt, alors que Minghao et Hansol étaient apparu sain et sauf. Mais Chan l'avait retenu, le cinquième année ne l'avait pas lâché un seul instant, tellement collé à lui que s'en était pertubant: j'ignorais qu'ils puissent être si proche.
J'ignorais finalement beaucoup de chose à propos de celui que je nommais mon meilleur ami.
Un soupir manqua de percer mes lèvres, mais je le retiens de justesse. Je ne voulais pas être le premier à briser le silence, alors je força seulement mes yeux à dévier de Joshua, pour observer le reste de mes camarades. À côté de lui il y avait donc Chan, suivit de Jeonghan et Seungcheol, qui échangeaient parfois des regards comme s'ils discutaient sans paroles. Puis à l'autre extrémité du Serdaigle se trouvaient Seungkwan et Hansol, accroché l'un à l'autre depuis qu'ils s'étaient retrouvé. Je ne comprenais toujours pas ce qu'il s'était vraiment passé, quand nous étions tous arrivé en haut de la tour d'astronomie, guidé par Miss-Teigne, nous avions retrouvé le Serpentard affalé sur le sol, une respiration lourde et des larmes plein les yeux. Seokmin le tenait contre lui, les mains tremblantes contre son habit, le visage déformé par l'horreur. Tandis qu'à leur côté Junhui tombait à genou, une main tendu devant lui, un regard vide et brisé. Nous n'avions pas su comment interpréter cette scène, perdu face à leur détresse, et lorsque Mingyu s'était approché de son meilleur-ami pour quémander une explication, celui-ci s'était soudainement mit à hurler le nom de Minghao. Jamais auparavant je n'avais vu le Gryffondor dans un tel état, il était comme fou, pleurant et hurlant à la fois, se débattant sous les poignes robustes de Mingyu et Wonwoo qui l'empêchaient de se jeter par dessus la rambarde. Ça m'avait semblé duré si longtemps, Seungcheol et Soonyoung s'étaient eux aussi mis à tenir Junhui, qui à lui seul donnait bien des difficultés à quatre garçons, tandis que Jeonghan tentait de faire parler Seokmin et Seungkwan. Le Poufsouffle s'était montré le plus bavard, mais son discours était bafouillé, serti de larmes et de sanglots, tout ce qu'on en comprenait était le nom de Minghao.
Puis ce dernier était apparu, au bout de minutes interminables. Complètement essouflé, ayant gravi les marches de la tour depuis le bas, il avait ouvert la porte dans un claquement si robuste que nous avions tous sursauté. Le temps s'était comme figé, alors qu'il nous observait tous sans comprendre ce que nous faisions là, puis tout était devenu plus incompréhensible encore lorsque Hansol avait émergé derrière lui.
Presque personne n'avait parlé, Hansol et Seungkwan s'accrochaient si fort l'un à l'autre que j'étais certain que rien au monde ne parviendrais plus jamais à les séparer. Et à leur droite Junhui en faisait de même avec Minghao, les sanglots incessant du Gryffondor représentaient le seul bruit qui faisait écho dans la pièce, mêlé au reniflement de Seokmin qui se tenait auprès du couple et serrait la main de Minghao dans la sienne.
Et puis il y avait moi et Soonyoung, toujours perdu, sans explication, de même que Wonwoo et Mingyu à nos côtés. Tout comme moi, ces deux là ne cessaient de fixer Joshua. Mais alors que de l'incertitude brillait dans les yeux du premier, une colère froide ternissait le visage du second.
- Je crois...
La voix de Seungcheol s'éleva, éveillant nos corps figé, faisant lever les têtes à ceux qui les maintenaient baissé.
- Je crois qu'on se doit des explications, lâcha-t-il.
Il nous observa un à un, grave, presque sévère, rares étaient ceux qui parvenaient à soutenir son regard. Son cheminement termina sur Joshua, puis Chan, dont le visage se déforma peu à peu, jusqu'à ouvrir la voie à des larmes qu'il semblait retenir jusqu'ici.
Seungcheol soupira en caressant la nuque du cinquième année, puis enchaîna :
- De toute évidence nous n'avons pas été sincère les uns envers les autres, ce qu'il se passe actuellement... Va au-delà de toute les petites querelles stupides qu'on a pu avoir jusqu'ici. Ça va au-delà de simples histoires d'étudiants. Il faut qu'on en parle, qu'on soit suffisamment sincère pour révéler tout ce que nous cachions jusqu'ici. Autrement nous pourrons dire adieu à l'amitié qui commence à éclore entre nous treize.
- Nous sommes sûrement à un tournant, tout ce que nous avons vécu jusque-là ne pouvait mener qu'ici, ajouta Jeonghan. La prophétie... C'est maintenant ou jamais qu'on doit la réaliser. Il faut qu'on soit certain de pouvoir se faire confiance.
Les mots du vieux livre magique se repetèrent dans mon esprit, sûrement était-ce aussi le cas pour tout les autres.
"Attrape-les avant qu'il ne soit trop tard, Accroche-toi à eux
Prend-leur à tous la main.
Vous pourrez sourire si vous êtes ensemble
Vous pourrez pleurer si vous êtes ensemble.
Si vous vous regardiez tous autrement, plus profondément
Si vous formez une bulle de bonheur tous ensemble
Si vous écriviez une ode à votre amitié.
Alors peut-être que vous pourrez empêcher le pire d'arriver."
Jeonghan avait raison, si se brisait aujourd'hui tout ce que nous avions construit, alors tout serait fini. Les doutes planaient avec les nuages noirs, la peur, la méfiance, l'incompréhension... La confiance s'effritait, nous devions la consolider avant qu'il ne soit trop tard.
Mais pour cela il fallait être sincère. Pour ma part je n'avais rien à cacher à mes camarades, je m'étais déjà battu avec moi-même, j'avais déjà accédé à une certaine plénitude. Mais ce n'était pas le cas de tous, il suffisait de voir les visages tordus de certain pour comprendre tout les maux qui rongeaient leurs cœurs.
Au fond, je ne connaissais pas tant que cela tout ceux qui partageaient mon quotidien. Il y avait des choses, des histoires, qui dépassait mon imagination.
Des douleurs que je n'avais jamais ressentit, et qu'ils supportaient peut-être depuis trop longtemps.
Beaucoup de regards se baissaient, des confessions qui n'osaient se faire, des mots qui peinaient a sortir. J'échangea un coup d'oeil avec Soonyoung, nous étions parmi les rares à ne pas avoir besoin de prendre la parole. Mingyu, Wonwoo, Seungcheol et Jeonghan aussi maintenaient les têtes levés, les autres fixaient le vide.
Est-ce que quelqu'un oserait se lancer ?
Est-ce que nous étions vraiment prêt à la sincérité ?
Nous ne pouvions pas faire autrement, nous ne pouvions pas faire machine arrière. Je sentais Mingyu bouillir à quelques centimètres de moi, si personne ne parlait il allait finir par craquer, il hurlerait sur Joshua.
Et je crois que je ne serais pas de ceux qui tenterait de l'arrêter, je comprenais sa colère, je ressentais cette colère.
Celui que je nommais mon meilleur-ami ne s'était pas une seule fois tourné vers moi, il n'osait pas soutenir mon regard. Allait-il se montrer lâche et demeurer muet ? Il savait pourtant qu'il n'aurait aucune issu, personne ne le laisserait partir sans une explication valable.
Mais finalement ça ne fut pas lui qui s'exprima en premier. Alors que je commençais à croire que personne ne parlerait, que cette conversation ne mènerait à rien, une voix s'éleva soudain:
- Je suis un loup-garou.
L'aveux de Hansol résonna dans toute la piece, jaillissant dans un murmure dont l'écho se répéta plusieurs fois à mes oreilles. Tout l'attention lui tomba dessus, même Joshua s'était subitement redresser pour le dévisager.
La stupéfaction pendait aux lèvres de chacun, des phrases qui peinaient à se former, des bafouillages qui s'envolaient depuis les bouches de ses amis. Mais le Poufsouffle ne laissa personne le devancer, tandis que Seungkwan le serrait plus fort contre lui, il enchaîna:
- J'ai été mordu à la naissance, c'était la punition infligé à mes parents qui avaient... Déçu Voldemort durant la première guerre. Depuis que je suis enfant on m'oblige à le cacher, j'ai pris des cachets pour empêcher ma transformation, que mon père trouvait sur un marché noir. Mais ces "médicaments" ne pouvaient pas me rendre humain, rien ne le peut. Je mourrais à petit feu par leur faute, je préférais ça plutôt que devenir un monstre. Parce-que c'est ainsi que je me suis toujours considéré, c'est ainsi que mon entourage me considérait, même mes parents... Pendant longtemps, Chan et Joshua ont été les seuls qui m'acceptaient malgré ça.
Il se tourna vers les deux garçons, leur offrant un sourire dans lequel brillait toute sa reconnaissance. Chan tenta de lui rendre, mais il pleurait trop fort, et Joshua leur attrapa la main à tout les deux.
Les voir tout les trois me serra le coeur, j'avais beau prétendre être le meilleur-ami de Joshua jamais encore je n'avais lu cet attachement dans ses yeux.
Tout le monde les fixait, choqué, se demandant sûrement jusqu'à quel point ils nous avaient caché la vérité.
- Dumbledore m'a poussé à accepter la transformation, il m'a dit que je pouvais contrôler ma forme de loup. J'ai effectivement réussi, mais ça n'a pas plus à mes parents... Pendant les vacances ils m'ont enfermé, ils ne voulaient me laisser sortir que si j'acceptais de reprendre mes cachets... J'ai réussi à m'enfuir et je suis directement venu ici... Pour tous vous retrouver.
Quand Hansol termina son discours il passa une main dans les cheveux de Seungkwan, qui le regardait avec un amour déchirant. Puis il se tourna vers ses meilleurs-amis, la bouche entre-ouverte pour ajouter quelque-chose, mais Seokmin le devança :
- Tu aurais pu nous en parler, jamais on ne t'aurait rejeté pour ça. On aurait juste... Tout fait pour t'aider.
- C'était trop dur, j'ai toujours vécu en rejetant cette part de moi. J'ai toujours vécu en pensant que j'étais... Un monstre. Pardon de ne pas avoir été sincère avec vous, j'avais tellement peur... De vous perdre, avoua Hansol.
Junhui secoua la tête pour signifier qu'il ne l'abandonnerait pas pour ça, tandis que Minghao s'exrtipait doucement des bras de son petit-ami pour saisir sa main libre.
- Ne t'excuse pas, je comprend à quel point ça a pu être difficile. Et puis... Moi non plus je n'ai pas été tout à fait sincère envers vous, murmura-t-il.
Puis il baissa les yeux vers Seungkwan, avant de se tourner vers nous tous et fournir des aveux à son tour:
- Vous n'êtes pas sans savoir que je suis pris de migraines depuis un moment, c'est assez violent et moi-même je m'en inquiétais au début mais... Au final il s'est avéré que ce n'était pas des maux de tête ordinaire. En réalité j'ai des visions, je vois des scènes qui se produisent réellement, des morceaux du futur. Et depuis le début de cette année une image m'est souvent apparu, celle d'un garçon qui se jettait dans le vide depuis ce balcon.
Il désigna le rebord de la tour, nous faisant tous frissonner en pensant à la hauteur que ça représentait.
- J'en ai parlé à Junhui, nous tentions de trouver celui qui allait sauter de là mais sans succès. Nous n'avions aucune information, si ce n'est l'uniforme des Serpentard que j'avais reconnu dans la vision... Et tout à l'heure quand Seokmin m'a dit que Seungkwan était parti en pleurant vers la tour, j'ai tout de suite compris que ma vision se réalisait.
Les regards retombèrent sur le Serpentard, je sentais Soonyoung se redresser contre moi, choqué d'apprendre que le plus proche de ses amis avait tenté de se donner la mort quelques minutes plus tôt.
Seungkwan, avec un courage formidable, leva la tête. Son regard restait perdu sur le sol et ses lèvres tremblantes, il savait que venait son tour d'expliquer, et aucun d'entre nous n'était capable de dire quoi que ce soit. Nous fixions tous son visage, la pluie avait déferlé dessus un peu plus tôt et désormais je remarquais qu'une couche astronomique de maquillage s'effaçait sur sa peau. Un masque appliqué pour cacher la véritable couleur de ses traits, les marques bleues qui recouvraient son oeil et une joue.
Des ecchymoses qui ne pouvaient avoir été fait sur par des coups.
- Je ne voulais pas vraiment mourir, j'ai... En fait je ne sais pas trop, j'avais l'impression de sombrer et je me suis retrouvé là... J'avais si mal que je me suis dis qu'en tombant ça calmerait la douleur... Pour toujours, bafouilla-t-il.
Un silence suivit son propos, nos coeurs qui se vidaient, nos gorges qui se serraient, puis aucun sentiment ne planait sinon l'horreur de l'imaginer perdre la vie.
- Seungkwan, est-ce que tu es battu chez toi ? Demanda Seungcheol.
Il osait poser la question qui pendait sur toute les lèvres, mais que personne n'avait eu le courage de prononcer. Les larmes se mirent à couler sur les joues de Seungkwan, il n'aurait pas eu besoin de parler pour qu'on comprenne, mais il répondit tout de même:
- Pas battu, je crois pas... Mon père, il lui arrive d'être violent parfois, mais c'est parce-qu'il boit trop... Il boit tout le temps.
Le regard de Seungcheol s'assombrit, et je constata que la mâchoire Jeonghan se crispait. Ces deux là se prenaient parfois pour les parents du groupe, plus que jamais leurs instincts de protection fulminaient.
- Il lui arrive de me frapper, et de dire des choses... Qu'un père ne devrait pas dire à son fils... Qu'on ne devrait pas dire tout court, continuait le Serpentard, qui se perdait dans ses propres mots, ses ressentis, ses retranchements.
S'en était trop à supporter, sans que je m'en rende compte Soonyoung s'était déjà détaché de moi et accourait vers le garçon pour le prendre dans ses bras. Mon petit-ami de mit à pleurer en bredouillant qu'il était désolé, qu'il aurait dû se rendre compte de quelque-chose et l'aider, qu'après tout ce temps à le fréquenter il culpabilisait de n'avoir rien remarqué. Seungkwan lui répéta plus d'une fois que ce n'était pas grave, qu'il n'avait pas à s'en vouloir, mais je connaissais suffisamment Soonyoung pour savoir qu'il ne le lâcherait plus après avoir entendu ça.
J'étais même prêt à parier qu'au prochain départ de Poudlard il interdira à son ami de rentrer chez lui, il le ramènera de force dans notre petit quartier s'il le fallait.
Et je voyais dans les yeux de Seungcheol et Jeonghan qu'ils ne tarderaient pas à prendre la situation en main, ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne parlent à des personnes de confiance pour trouver une solution. Aucun d'entre nous ne laisserait Seungkwan subir ça plus longtemps.
Un nouveau long moment de silence passa, durant lequel nous regardions les deux Serpentard s'enlacer. Hansol s'était doucement levé pour rejoindre Seokmin, qui lui avait quémandé une étreinte. Le vent soufflait dehors, la pluie recommençait peu à peu à tomber, et je commençais à ressentir le froid qui régnait entre les murs de pierre. Je n'osais pas demander l'heure, mais sûrement avions-nous dépassé le couvre-feu, sûrement devrions-nous en finir ici, se séparer pour une nuit de sommeil bien mérité.
Mais il restait encore une personne qui n'avait pas ouvert la bouche, une personne que je m'étais remit à fixer et qui se maintenait immobile, essayant peut-être de se faire oublier.
- Chan, Joshua, c'est à votre tour de parler, lâcha soudainement Mingyu, d'une voix glaciale qui laissait deviner son impatience.
Les deux concernés sursautèrent, de même que presque toute l'assemblé, surpris d'entendre ce doux et gentil Gryffondor aborder un air si sombre. Ses amis surtout étaient stupéfait, même Junhui qui le connaissait depuis longtemps ne l'avait jamais vu ainsi.
Jeonghan attrapa le bras de Chan pour le tirer derrière lui et Seungcheol, inquiet face à l'attitude de notre camarade, et commença:
- Ils ne sont pas des ennemis...
- Je veux qu'ils parlent eux-mêmes, le coupa Mingyu. Et toi aussi Hansol, expliquez-nous ce qui vous lie à la magie noire tout les trois.
Un vent glacial me traversa, même si je comprenais sa colère je n'aimais pas la grave tension qu'imposaient ses mots. J'avais presque envie de me décaler loin de lui, attraper Wonwoo pour la bras et l'éloigner de son petit-ami qu'il regardait avec peur. Mais à contrario je ne voulais pas faire taire la fureur du Gryffondor, plus les secondes passaient et plus le mutisme de Joshua me rendait fou.
J'étais a deux doigts de m'en allez le secouer et hurler pour qu'il s'explique, je ne supportais pas cette incertitude qui broyait mon estomac.
Les regards passaient sur les trois garçons, un à un. Chan masqué derrière Seungcheol, Joshua la tête baissé au sol, et Hansol qui s'enfonçait de plus en plus dans l'étreinte de Seokmin, qui maintenait ses bras autour de lui malgré tout.
Finalement ce fut le plus jeune qui osa s'avancer. S'arrachant de la poigne de Jeonghan qui tentait de le cacher davantage, il vient soutenir le regard de Mingyu et leva sa manche pour dévoiler son avant bras.
Tout le monde reconnu la marque des Ténèbres, et tandis que des hoquets surpris soulevaient le coeur de certain, de la terreur se lisait dans les regards d'autres.
- Mes parents sont des Mangemorts, ceux de Hansol et Joshua aussi, nous avons été marqué à la naissance. Comme des offrandes au camp des Mages noirs, la promesse d'une nouvelle génération qui suivrait Voldemort jusqu'au bout de son combat. On nous a élevé dans ce sens, on nous a apprit à être fort, à user de la magie noire, à surpasser les autres, à les écraser même. Mais il y a une différence entre ce que veulent nos parents et ce que nous voulons. Depuis longtemps je sais que je ne veux pas de cette vie là, je me suis opposé à mes parents, et pendant les vacances j'ai même refusé d'assister à une importante réunion de Mangemort. Hansol non plus n'a jamais voulu être un mage noir, depuis que nous sommes enfants les autres savent que nous sommes différent. Aujourd'hui lui comme moi n'avons plus rien à faire avec eux, on a choisi notre camp et ce n'est pas celui de nos parents. Quant à Joshua...
Chan se tourna vers son aîné, qui évitait toujours de tous nous fixer. Et demanda, plus bas:
- Hyung, montre-leur la cicatrice.
Après quelques secondes d'hésitation, Joshua finit par pousser un long soupir, et révéler la paume de sa main droite.
Des exclamations choqué parcourèrent la pièce, à mes côtés Wonwoo murmura le nom d'une sombre formule magique tandis que je voyais Soonyoung se mettre à trembler à l'autre bout de la pièce.
Sur la peau de Joshua apparaissaient la trace d'une entaille, une cicatrice dont les bords se coloraient de noir. Cette marque était similaire à celle que madame Kwon portait sur la main, le symbole d'un sort interdit qu'elle avait utilisé pour sauver la vie de ma mère.
Le Tempus Vitae.
Soonyoung m'en avait parlé après le repas de Noël chez Mingyu, révélant les effets que ce sort avait, ainsi que les doutes de sa mère concernant le fait que seule cette magie aurait pu venir à bout des graves blessures provoquées par l'attaque des Trolls.
- Il a utilisé un sort de magie noire très puissant pour sauver Seungcheol, il a sacrifié des années de vie pour lui, clama Chan, en désignant cette marque coloré en noir.
Seungcheol poussa doucement de cinquième année afin de se retrouver près de Joshua, à qui il redressa la tête sans hésiter pour ancrer son regard dans le sien.
- Pourquoi tu as fait ça ? Demanda-t-il.
La colère faisait trembler ses bras, lui qui aurait dû être reconnaissant envers le Serdaigle semblait sur le point de le frapper.
Je comprenais Seungcheol, nous le comprenions tous. Il était insupportable de penser que quelqu'un ai pu sacrifier des années de vie pour nous sauver, encore moins une personne qui ne nous devait rien.
Joshua soupira, encore, avant de prendre la parole pour la première fois:
- Comme Chan l'a dit, lui et Hansol ont toujours été différent des autres enfants de Mangemort. Mais moi je suis...
Sa voix cassa, il ferma les yeux et inspira longuement. C'est la première fois que je le voyais aussi désemparé, quelque-chose en moi luttait contre l'envie de lui venir en aide ou de le presser pour faire cesser l'instabilité de cette interminable attente. J'en tremblais presque, j'avais besoin de savoir ce qu'il en était, j'avais besoin d'être certain de ne pas être devenu l'ami d'un ennemi.
J'avais besoin de me rassurer en confirmant qu'il ne s'était pas joué de moi. De nous tous.
- Je suis... Celui sur qui tout les regards du camp des Ténèbres se posent, on s'attend à ce que je sois l'un des meilleurs sorciers de cette génération, que je sois capable de m'opposer a Dumbledore, continua-t-il. Mes parents m'ont entraîné à me battre avec l'aide de la magie noire, je suis suffisamment puissant pour l'utiliser. Et pourtant... Face au Troll je n'ai rien fait. J'avais peur d'être découvert alors je n'ai rien fait. J'aurais pu empêcher tellement de blessures, j'ai été lâche et faible... Quand Seokmin a été blessé je n'ai pu qu'essayer de contenir le sang, j'ai toujours été entraîné à me battre et je ne connaissais pas le moindre sort de guérison. Je me suis sentis... Tellement coupable et impuissant.
Il laissa sa tête tomber contre le mur, et accepta de soutenir tout nos regards.
- Quand Dumbledore a annoncé que Seungcheol ne s'en sortirait pas je ne pouvais pas rester à rien faire, je voulais réparer mon erreur. Le Tempus Vitae est tout ce que j'ai trouvé, alors je l'ai utilisé pour le sauver.
- Tu n'aurais pas dû... Tu n'avais pas à faire ça pour moi, murmura le Serpentard.
Joshua tenta un sourire, qui ressemblait plus à une grimace faite de sentiments abîmés.
- Ça aurait été dommage de priver le Quidditch d'un joueur comme toi, répondit-il
Seungcheol se détourna, sûrement parce-que les larmes lui venaient et qu'il refusait de nous dévoiler ses émotions.
Un petit sourire se coinça au coin de ma lèvre, bien malgré moi tandis que les yeux de Joshua rencontraient les miens. Mais cette petite brise paisible retomba aussitôt que la voix grave de Mingyu s'éleva de nouveau:
- C'est tout ? On va juste accepter ces explications et en rester là ? Ça vous suffit pour leur accorder votre confiance ?
Les visages de tout mes camarades se décomposèrent, alors que le Gryffondor se redressait. Nous avions tous relâché nos épaules mais les siennes restaient tendu, la colère se maintenait sur sa mâchoire crispé.
- S'ils avaient voulu nous faire du mal ils auraient eu des centaines d'occasions de le faire ! S'exclama Wonwoo, qui se levait pour attraper le bras de son petit-ami.
- Des gens sont mort ! Rétorqua Mingyu. Et quand je dis ça je parle pas juste de l'école, à travers le pays les Mangemorts ont déjà commencé à tuer ! On est déjà en guerre ! On doit se méfier de tout le monde !
Joshua perdit son semblant de sourire, Chan se recroquevilla contre Jeonghan et Seungkwan se déplaça doucement devant Hansol. Tous fixaient les deux garçons, dépité de ne pas trouver de réponse à cela, effrayé de constater que cette conversation ne suffisait pas.
Une boule grossissait dans mon estomac, la terreur se mêlait aux mots du vieux livre que je me répétais en boucle.
Il fallait qu'on soit tout les treize, il fallait qu'on se fasse confiance tout les treize. Si un maillon se détachait, l'obscurité nous avalerait.
Nous ne pourrions pas empêcher le pire d'arriver.
- Ce sont nos amis, lâcha Wonwoo.
Il serrait plus fort la manche de Mingyu et celui-ci fronça les sourcils, luttant contre son regard.
Plus je les regardais et plus la nausée montait. Si ces deux-là se disputaient, c'est que nous avions atteint la limite du supportable.
- Je ne suis plus certain de rien, j'ai... Besoin de réfléchir, murmura Mingyu.
Sa voix s'était adoucit, ainsi que l'expression de son visage, passant de colérique à profondément triste. Il tourna les talons et se dirigea vers la porte, mais celle-ci s'ouvrit à la volé avant qu'il ne puisse l'atteindre.
Madame Lee apparut dans l'entrée, complètement essouflé, et manqua presque de tomber lorsqu'elle nous aperçu.
- Par Merlin ! On vous cherche partout depuis une heure ! Qu'est-ce que vous fichez ici après le couvre-feu ! Vous nous avez fait tellement peur ! Bon sang... Ne refaite plus jamais ça...
Sur ces derniers mots elle s'appuya contre le mur, reprenant sa respiration après une course folle dans toute l'école, et une crise de panique qu'on lui devinait tous.
Seokmin se précipita vers elle et lui sauta dans les bras, murmurant en boucle à quel point il était désolé de l'avoir effrayé. Avec ce qu'il se passait dans l'école, notre disparition avait dû inquiéter tout le corps enseignant. Et elle plus que tout, elle ne pouvait pas perdre son unique fils.
Madame Lee nous ordonna à tous de retourner dans nos dortoirs, personne ne s'y opposa. On se sépara avec des regards entendu, des sourires fébriles, des "à demain" maladroit.
Je me retrouva bien vitre seul avec Joshua et Wonwoo sur le chemin de la salle commune de Serdaigle. Le silence accompagnait nos pas vers notre chambre, il se poursuivit pendant que nous nous changions, nous mettions au lit, jusqu'à la plongé de la pièce dans le noir.
La tête reposé sur l'oreiller, je fixais l'obscurité, déjà certain que je ne parviendrais pas a fermer l'oeil de la nuit.
La bague sur mon doigt semblait brûler. Cette journée avait été difficile, mais j'avais la douloureuse impression que demain serait pire encore.
- Jihoon, Wonwoo, je suis désolé, murmura Joshua.
Il avait prononcé ces mots des heures après notre couché, sûrement pensait-il parler à deux corps endormis.
Mais je serais prêt à parier que, tout comme moi, Wonwoo l'avait entendu.
Aucun de nous trois ne dormirait.
Aucun de nous treize.
Et pourtant nous aurions dû. Nous étions bien loin d'imaginer que le lendemain verrait naître le pire des chaos.
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