7

~Jihoon~

Mes mains se perdaient entre les feuilles volantes sous mes yeux, les cours manqué que les professeurs nous avaient gentiment fourni qui formaient un brouillard parmi mes livres et cahiers toujours strictement rangé et organisé. Un soupir traversa mes lèvres, je n'aimais pas le bordel sous mes yeux, et j'aimais encore moins le fait que mon esprit divaguait au point que je ne parvienne pas à y faire face.
Moi qui pensais que ranger ma chambre m'aiderais à me vider un peu la tête, ça ne l'embrouillait que davantage.

Finalement à bout de nerf, je laissais tomber les feuilles, décidant que je m'y occuperais plus tard, et me tourna vers Joshua.

- Dis, tu en penses quoi ?

Il leva des yeux inquisiteurs vers moi, le nez pourtant toujours plongé dans un livre qui m'étais inconnu. Il y avait marqué dessus "histoire des infrastructures magiques", un sujet ennuyeux qui ne figurait même pas au programme des cours.

- À propos de ? Demanda-t-il.

- Seungcheol.

Ce nom vola depuis mes lèvres sur un timbre tremblant, faisant augmenter l'intérêt curieux de mon ami.

- Qu'est-ce que tu veux que j'en pense ? C'est malheureux, voilà tout.

- Plus que malheureux, tu as vu les tête que tiraient son père et Jeonghan ? Je croyais que Seungcheol était juste un grand passionné de Quidditch, mais il semble en fait avoir forgé sa vie autour de ça... Je n'ose même pas imaginer sa réaction lorsqu'il se réveillera.

- Il sera dévasté, murmura Joshua.

- Hum.

Le silence s'en suivit dans la pièce, après un lourd soupir que nous partagions. Aucun de nous deux n'étaient vraiment proche de Seungcheol mais c'est quelqu'un qu'on appréciait et respectait. Et avec tout le temps que nous avions passé tous ensemble ces dernières semaines son malheur nous affectait plus qu'il ne l'aurait fait autrefois, je me sentais aussi désespéré que si c'était mon rêve à moi qu'on venait de piétiner.

- J'ai l'impression que c'est ma faute, lachais-je.

Cette fois Joshua leva complément le visage du livre, les sourcils si froncé que ses yeux disparaissait presque.

- Pourquoi ça serait ta faute ?

- C'est parce-qu'il a voulu me sauver du Troll qu'il s'est retrouvé dans cet état.

Joshua poussa un soupir et rangea son ouvrage sur la bibliothèque qui commençait à prendre la poussière à côté de son lit. Habituellement notre chambre était toujours plus propre que n'importe quel centimètre du château, parce-que nous prenions bien soin de séjourner dans un environnement parfait et agréable. Mais voilà une semaine que nous n'y avions pas pénétré plus que le temps d'une douche, alors quelque brin de poussière commençaient à s'accumuler, et ni Joshua ni moi n'avions prononcé une formule pour les nettoyer.
Pour notre première nuit depuis une semaine dans cette chambre, on ne ressentait étrangement pas l'envie que tout soit propre et parfait.

- C'est pas de ta faute Jihoon, tu t'es battu de toute tes forces et tu as été très courageux contre les Trolls, tu n'as pas à culpabilisé.

- Mais, quand même...

- Personne ne te vois comme coupable de quoi que ce soit. Seungcheol est venu à ta rescousse de son plein grés, je suis certain qu'il préfère être blessé que de te savoir dévoré par cette créature.

- Hum.

De cela je n'en étais pas certain, c'est tout de même son rêve et la chose qui faisait son bonheur que cette attaque lui avait retiré. Et s'il venait à ne pas se remettre, aussi bien physiquement que mentalement, ne serait-il pas à tout jamais rempli du regret de son geste ? À sa place je ne sais pas comment je me sentirais, je n'ai pas de rêve aussi intense que le sien.

Je laissais mes mains retomber sur le tas de feuilles devant moi, sans l'envie de les ranger mais avec toujours cette impression vorace que tout ira mieux si je mettais un peu d'ordre. Mais est-ce qu'organiser des cours résoudra vraiment mes problèmes ? N'étais-pas dans ma tête que je devrais mettre de l'ordre ? Depuis plusieurs jours, plusieurs semaines, peut-être même plusieurs année ?

La porte de la chambre s'ouvrit et m'arracha de mes pensées dans un virulant sursaut, qui se transforma en frisson de stupeur quand je découvris Wonwoo dans l'entrée.

Plus tôt dans la journée nous avions tous décidé que le moment était venu de quitter l'infirmerie, de reprendre le cours de notre vie d'étudiant en magie. L'annonce de l'état de Seungcheol avait produit comme un électrochoc dans nos esprits placé en état de pause. Notre camarade perdait ses rêves d'avenir et nous nous rappelions soudain que, pour nous, la vie continuait.
Mais lorsque Joshua et moi avions rejoin le dortoir commun des Serdaigle, sans surprise Wonwoo ne nous avait pas suivit. Lui et Jeonghan étaient resté assit auprès de Seungcheol tandis qu'on s'en allait tous, et j'étais persuadé qu'ils passeraient une nuit de plus là-bas.
Pourtant le voilà maintenant à l'entré de notre chambre, figé au pat de la porte et les yeux se baladant mollement sur le tas de feuilles qui s'éparpillaient devant moi.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Demanda Joshua.

- C'est ma chambre autant que la votre.

C'est d'une voix sèche et plate que Wonwoo répondit, avant de s'avancer dans la pièce qu'il étudiait comme s'il la découvrait pour la première fois. À aucun moment son regard ne se posa sur moi ou Joshua, alors que nous ne pouvions pas détacher nos yeux de lui, devenu parfaitement immobile et silencieux en sa présence.
Depuis notre dispute nous ne nous étions pas une seule fois retrouvé seul tout les trois, nous n'avions pas eu une seule fois l'occasion de discuter. Et le voir ainsi se balader dans la chambre, prendre place sur son lit en reajustant pensivement ses lunettes sur son nez, me rappelait à quel point il fallait enfin que je règle tout le bordel dans ma tête

Pas à pas, étape par étape, regarder les problèmes et y faire face. En commençant par ce camarade Serdaigle avec qui j'aurais dû être plus sincère.

- Wonwoo...

- Je suis désolé.

Mes lèvres restèrent ouverte en suspend, pertubé qu'il semble avoir arraché les mots de ma bouche pour les prononcer à ma place. Wonwoo fixait désormais le bout de ses doigts, qu'il tripotait contre les manches de son pull, et laissa quelques secondes planer avant de continuer:

- J'ai... J'aurais pas dû vous faire la tête aussi longtemps, je suis désolé de ne pas vous avoir laisser l'occasion de venir m'expliquer la situation.

Puis il releva la tête et, pour la première fois depuis son arrivé, ancra son regard dans le mien.

- Et merci Jihoon, il paraît que tu m'as sauvé la vie contre le Troll.

Un petit sourire naquit sur ses lèvres, bancal mais sincère, avant qu'il ne détourne de nouveau les yeux, gêné de ses propres paroles. Une nouvelle vague de silence se logea dans la pièce, alourdit par une tension d'embarra qui nous gagnait tout les trois. Je devrais dire quelque-chose, j'en étais bien conscient, mais soudainement ma gorge s'asséchait au point que toute les émotions perdu dans mon crâne ne parvenaient plus à se matérialiser en mot.

Ce n'était pourtant pas si compliqué, "désolé" ce n'était pas si difficile à prononcer. Pourquoi fallait-il que je me retrouve muet quand il s'agissait d'exprimer mes émotions ? Pourquoi fallait-il que je sois incapable de simplement faire savoir que je tenais à quelqu'un ? Cette atroce manière d'enfouir mes ressentits avait déjà brisé ma relation avec Soonyoung, mes erreurs se répétaient et je me trouvais toujours incapable de déterminer les mots qu'ils fallaient que je prononce, ou les gestes qu'il fallait que je fasse.

- Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, j'attend vos excuses, lâcha Wonwoo, qui s'appuyait doucement contre le dossier de son lit, bras croisé sur le torse.

L'aura de timidité qui l'envahissait plus tôt disparaissait peu à peu sous un rictus frustré. Je le sentais perdre petit à petit patience, bientôt il regretterait d'être venu, il s'en irait et ce sera la fin, la vrai fin.
Une fois de plus j'étais en train de briser une relation.

- Désolé Wonwoo, de ne pas t'avoir parlé du livre, de ne même pas avoir réfléchi un seul instant au fait que ça pourrait te blessé de savoir qu'on restait avec toi pour ça. Au final... Je crois que n'y pensais même plus, ça me paraissait tellement naturel qu'on passe nos journées ensemble que je ne pensais plus à la raison pour laquelle on s'était rapproché de toi.

Face au discours de Joshua les traits crispé de notre camarade s'abaissèrent quelque-peu, tandis qu'il hochait la tête. Il ne pronconça pas un mot mais ses bras décroisé avec lenteur démontrèrent qu'il était ouvert au pardon, qu'une certaine satisfaction le gagnait. Ses yeux volèrent de nouveau vers moi, je sentis également ceux de mon meilleur-ami, mais je fus bien incapable de les regarder l'un ou l'autre. Je fixais mes mains déposé sur les tas de feuilles, un fouillis, un mélange, un bordel, le reflet parfait de ce qui se déroulait dans ma poitrine à cet instant.
Pourquoi était-ce si dur ? Pourquoi est-ce je ne parvenais juste pas à parler ? Je n'ai jamais été une personne timide, quand il s'agissait des cours, de conversation à propos de sujet en tout genre ou même pour prendre la parole face à une foule ou a des adultes, je n'avais aucun mal à m'exprimer.

Mais quand il s'agissait d'émotion rien ne me semblait évident, je ne savais pas comment les laisser jaillir autrement que quand mes doigts parcouraient les touches d'un piano.

À cette pensée mon attention se porta sur une partition mêlé à tout le fouillis sous mes yeux, la partition du tout premier morceau de ma composition. "Smile flower", cette chanson dont Soonyoung avait été le premier spectateur, sans savoir que les paroles parlaient de lui. Cette chanson que j'avais joué sur le piano de la salle secrète, devant mes douze camarades.
Cette chanson, dont les notes et les mots m'étaient venu si naturellement.

Et s'il suffisait juste de faire ça ? De ne pas penser, de juste relâcher ce qui bourdonnait en moi, comme quand je fermais les yeux et me laissais transporter d'une mélodie.

Plus facile à dire qu'à faire, oui, mon corps tremblait rien qu'à cette idée. Mais qu'est-ce que je perdrais à essayer ? Si je restais immobile, si je restais silencieux, alors c'était comme annoncer mon échec face à mes propre émotion.
Et s'il y a bien une chose que je détestais par dessus tout, c'est bien de ne pas gagner, même quand mon concurrent n'était autre que moi-même.

Prit d'une pulsion je me leva alors, avança jusqu'à Wonwoo pour ancrer mon regard parfaitement dans le sien. Il leva un sourcil inquisiteur en croisant de nouveau ses bras, mais je le connaissais suffisamment maintenant pour lire dans ses pupilles qu'il était bien moins confiant désormais que nous nous tenions l'un en face de l'autre. Il me semblait soudainement un peu fragile, et je devinais que la vision qu'il avait de moi à cet instant n'étais pas bien différente.

- Tu sais... J'ai plus envie de parler au livre, je m'en fiche de lui parler, je m'en fiche de la mission de Dumbledore. Je... Je veux juste qu'on soit ami.

Par réflexe je tendis ma main vers lui, dans l'espoir d'une poignée qui mettrait fin à la dispute et aux tensions. Mais le regret vient rapidement m'étreindre alors que je constata le bout tremblant de mes doigts, similaire au son de ma voix alors que j'enchainais malgré tout:

- Je suis désolé Wonwoo, vraiment désolé.

De nouveau il abaissa ses bras enroulé pour se donner un air sévère, et s'avança doucement vers moi. Il ne joignit pas sa main à la mienne mais, alors que se traçait sur son visage les courbes de l'inquiétude, ses doigts vinrent se déposer sur ma joue.

- Je ne demandais pas des excuses larmoyante, un simple "pardon" aurait suffit.

Gêné, je détournais le visage et essuya l'humidité qui coulait depuis mes yeux.

- Je ne pleure pas, marmonnais-je.

- On va dire que c'est la pluie qui mouille ton visage alors, même si on est à l'intérieur et qu'il ne pleut absolument pas dehors, rétorqua Joshua.

Après lui l'avoir fusillé d'un coup d'oeil, je termina d'essuyer les petites larmes traîtresse qui débordaient de mes paupières. Wonwoo me fixait maintenant avec un petit sourire amusé, loin d'être moqueur j'y decelais un sentiment complice qui m'avait bien manqué ces derniers temps.

- On est de nouveau ami maintenant, n'est-ce pas ? Lui demandais-je.

- Oui.

- Vraiment ?

- Oui, vraiment.

- Tu ne nous en veux plus ?

- Non.

- Vraiment ?

- Il faut que je te donne une preuve ?

- Oui.

Wonwoo sembla prit au dépourvu par ma réponse, moi-même j'avoue ne pas vraiment savoir ce que j'attendais, ce que je faisais, ce que je voulais. Les émotions me passaient dessus sans que je ne sache comment les exprimer correctement, me rendant si maladroit que, certainement, je devais avoir l'air un peu stupide.
Après tout, ne serait-ce pas à moi de prouver à mon vis à vis que je désirais vraiment être son ami ? N'était-ce pas à moi de la rassurer ? De faire le premier pas ?
Cette scène me rappelait vaguement la discussion que nous avions eu avec Soonyoung dans la pièce secrète, quand nous y étions enfermé. Si mon ami d'enfance n'avait pas calmé la cadence folle de dispute, s'il n'avait pas quémander une conversation calme et sincère, alors nous serions resté en conflit incessant des années et des années encore. Soonyoung avait fait le premier pas vers moi, Wonwoo aujourd'hui aussi en venant nous rejoindre dans la chambre, même Joshua, pourtant aussi renfermé que moi, était celui qui m'avait approché.

À quel point étais-je donc mauvais en terme de relation ?

Alors que l'envie folle de retourner auprès de mon tas de papier me prenait, reprendre le rangement que j'étais incapable de faire en moi-même, un mouvement soudain de la part de Wonwoo me fit chanceler.
Mon camarade venait d'enrouler ses bras autour de mon corps, faisant cadeau d'une étreinte que je n'aurais jamais cru recevoir de sa part. Ce fut bref et bancal, il me serra à peine contre lui, chargé d'une maladresse que son manque de contact humain enclenchait. Une enlaçade peu agréable, mais venant de lui je le ressentais comme le plus immence des efforts.

La plus grand preuve qu'il pouvait apporté, le symbole d'un pardon, d'une amitié qu'il acceptait de laisser naître.

Ma poitrine se soulevait d'émotion, mon coeur battait a chaque seconde comme pour me crier à quel point je pouvais être un idiot. Et alors que Wonwoo se reculait dans son lit, je me raccrocha pour me laisser tomber avec lui. Je lui fis à mon tour cadeau d'une étreinte, plus puissante cette fois, tandis que de multiples sanglots caché et frémissaient dans ma gorge.

- Je te savais pas aussi sentimentale Jihoon, clama Joshua, qui observait la scène depuis la bibliothèque de notre chambre, qu'il n'avait pas quitté un seul instant.

- Ferme-là et viens ici. Tout de suite.

Mon meilleur-ami leva un sourcil dubitatif face à mon ordre, pourtant, sous le poids de mon regard, ne fut capable que d'exprimer un long soupir en s'approchant. Je lui tirais le bras et il se retrouva vite couché avec nous sur le lit de Wonwoo, bien trop petit pour nous accueillir tout les trois. Nous nous retrouvions collé les uns aux autres, gesticulant un instant à l'image de ridicule larve afin de trouver une position qui nous convenait à chacun. Plus aucune allure ne se dégageait du trio habituellement si prestigieux qu'on semblait former, affalé les uns sur les autres comme jamais personne ne l'aurait imaginé venant des trois meilleurs élèves de sixième années aux attitudes silencieuses et, souvent, hautaines.

Un petit rire souleva ma poitrine, bientôt rejoin par ceux de mes deux camarades face au ridicule de notre propre situation. Aucun d'entre nous ne fit pourtant mine de vouloir bouger, et le temps passa sur nous dans un espace de latence muette, animé seulement par l'écho de nos respirations.
La réflexion me vient que je n'avais pas connu un tel moment de tendresse paisible depuis bien longtemps, trop longtemps. La dernière fois que quelqu'un m'avait tenu entre ses bras devait remonter à ma première année à Poudlard, quand Soonyoung et moi étions encore amis. On se calinait souvent quand nous étions enfant, il avait toujours été une personne pleine d'une affection parfois execive. Moi je me laissais peu toucher, même par mes propres parents, mais quand Soonyoung tendait ses bras je n'avais jamais d'autre choix que de les saisir dans une proximité chaleureuse.

En y repensant, ces étreintes venaient à me manquer.

Ce que nous étions autrefois venait à me manquer.

- Dites...Est-ce qu'on peut avoir une conversation sur un sujet embarrassant ?

La question de Wonwoo me tira de ma réflexion et je levais les yeux vers lui. Son visage me paraissait teinté d'une poudre rosé qui n'apparaissait pas habituellement sur sa peau pâle, et ce n'était pas dû à la chaleur puisque, malgré le temps de plus en plus froid dehors, nous n'avions pas encore prit le temps d'allumer un feu dans la cheminée.

- Quel sujet ?

- L'amour.

Ses joues virèrent aux rouge carmin, me faisait exprimer un sourire amusé.

- Tu pense que tu es amoureux ? Demandais-je.

Une question dont je connaissais déjà la réponse, Wonwoo se cachait derrière des masques figé mais une fois qu'on le connaissait un peu il devenait facile de lire en lui comme s'il devenait transparent. Il suffisait de l'observait un peu pour comprendre les émotions qui le traversaient, et dont lui-même peinait à prendre conscience.

- Je ne sais pas vraiment, mais j'ai l'impression que je pourrais l'être, murmura-t-il.

- Alors dis-lui, montre-lui, et chéri-le autant que tu le peux. Hésiter, retarder, croire qu'on pourra le faire plus tard, c'est la meilleure manière de regretter.

Ces mots s'envollèrent d'eux même, prononcé comme l'écho de ma propre histoire, des tourments qui me picoraient encore le coeur et formaient la plus grosse part de bordel dans ma tête. Un conseil que je donnais à Wonwoo mais que j'avais été incapable d'appliquer moi-même, qu'aujourd'hui encore je n'appliquais pas, en sombre idiot que j'étais.

- Mingyu sera fou de joie quand tu lui diras que tu l'aimes aussi, lâcha Joshua, les yeux tournés vers le plafond.

Je ne pensais pas cela possible mais le visage de Wonwoo se colora de plus de rougeur encore, alors qu'il marmonnait:

- J'ai jamais dis que je parlais de lui.

- Pas besoin de le dire, on sait tout les trois que tu parles de lui, retorquais-je.

Il evita mon regard, me faisant doucement rire. Je n'étais pas doué pour exprimer ou comprendre mes propres sentiments mais j'excelais quand il s'agissait de déceler ceux des autres. Si je m'y intéressais un peu plus alors sûrement pourrais-je découvrir de nombreux couples formé ou en devenir dans cette école, même quand il se faisait le plus invisible possible l'amour partagé entre deux personne me sautait aux yeux. Comme avec Jeonghan et Seungcheol, Hansol et Seungkwan, ou encore Junhui et Minghao, des relations évidente à mes yeux mais que tout le monde ne percevait pas. Joshua appelait ça la "sensibilité d'un artiste", et même si cette appellation me faisait grimacer je devais bien avouer qu'elle sonnait vrai.
Sauf dans mon cas, quand j'y pensais pour moi alors toute sensibilité disparaissait. Remplacé par de la panique, surtout quand ça concernait Soonyoung.

Je voyais les autres s'aimer, mais j'avais peur d'aimer moi-même. Parce-qu'il s'agit d'une émotion trop forte, trop instable, sur laquelle je ne pourrais jamais avoir le moindre contrôle.
Et c'est ce que je détestais le plus au monde, perdre le contrôle.

- De toute façon, depuis qu'il m'a embrassé Mingyu ne me parle plus.

À cette déclaration de Wonwoo, Joshua et moi nous redressions dans un même geste si brusque qu'on manqua de chuter du lit trop étroit. Un choc commun nous prenait, croyant presque avoir mal entendu, ou se retrouver face à une blague peu amusante. Mais de la simple pression de ses yeux trop franc notre camarade pouvait affirmer que nous avions bien capté ses paroles, lui et Mingyu s'était embrassé.
Je restais surpris, tandis que Joshua enchaînait de demander quand cela s'était produit et dans quel contexte

- Le lendemain de l'attaque du Troll, quand je le suis réveillé et que vous étiez partit manger. Il m'a embrassé puis il est partit en courant, et depuis il ne m'adresse plus la parole.

- Il... Oh putain, quel idiot, lachais-je.

Je repensais à ce qu'il s'était passé ce jour-là, alors que nous déjeunions et qu'il avait débarqué en trombe dans le réfectoire. "J'ai fait une connerie" avait-il beuglé dans les bras de Junhui. À ces yeux embrasser Wonwoo était une connerie ?
Dans quel sens disait-il cela ? Ça m'étonnerait qu'il revienne sur ses sentiments, mais ne devrait-il pas être heureux d'avoir embrassé l'homme qu'il chérissait depuis si longtemps ?

- Kim Mingyu est un idiot, enchaîna Joshua, qui se recouchait trop brusquement sur le torse de Wonwoo.

- Vous croyez... Que j'aurais dû le rattraper ? Si je l'avais fait peut-être qu'il ne m'ignorerait pas comme ça. Peut-être que ce baiser n'aurait rien changé.

Mon meilleur ami secoua vivement la tête, un soupir faiblement relâché alors qu'il répondait:

- Si tu n'étais pas certain de tes sentiments alors c'est normal de ne pas l'avoir rattrapé, de toute façon plus rien ne sera jamais comme avant entre vous maintenant qu'il t'a embrassé. Parce-que ça ne veut pas juste dire qu'il t'aime, un baiser ça veut dire qu'il t'aime et attende que tu l'aimes en retour.

Même si j'ignorais que Joshua pouvait avoir ce genre de discours sensible, lui qui semblait parfois n'avoir aucun attrait pour les relations, je ne pouvais qu'être d'accord avec lui.

- Ne perd pas de temps à réfléchir, sinon c'est pas juste du temps que tu vas perdre, murmurais-je en me recouchant à mon tour.

- Mais toi Jihoon tu ne fais que ça, perdre du temps.

La réplique de Wonwoo se fit ressentir dans mon corps comme une balle méticuleusement tiré, qui venait heurter un point sensible, trop sensible. Au final, est-ce que moi aussi j'étais transparent dans les émotions qui me hantaient ?

- J'ai besoin... De remettre plein de chose en ordre dans ma tête, je dois réfléchir.

- Fais ce que je te dis mais pas ce que je fais. Vous êtes tous pareil, vous donnez des conseils sans les appliquer à vous-même, clama Wonwoo.

Il fallait bien avouer que cette phrase me représentait très bien, elle représentait tout ce qu'il y avait de plus paradoxale en moi. Je clamais aux autres d'être sincère et honnête avec eux-mêmes, j'agissais avec confiance et prenait la parole sans timidité, je m'accrochais à tout ce qui pouvait être contrôlable avec la plus grande des dextérité. Et je laissais de côté le plus important, ce qu'il y avait de plus instable en moi, en chaque être humain, croyant qu'on pouvait juste ignorer ses sentiments.
Je regardais toujours le moment où je devais les affronter, croyant ainsi que jamais je n'aurais à y faire réellement face. Et ça se voyait, évidement que ça devait se voir, à quel point je restais figé dans un contrôle instable.

Mettre de l'ordre ? Non, c'était juste une nouvelle excuse, je savais déjà exactement ce que je voulais, ce que je ressentais.
Au fond de moi, je l'avais toujours su.

- Soonyoung m'a dit que si autrefois je lui avais dis que je l'aimais alors il serait sorti avec moi, parce-qu'il m'aimait aussi, avouais-je, à voix basse.

Si bas que j'espérais presque que mes deux amis ne l'entendent pas. Mais ils tournèrent vivement leurs têtes vers moi, de faibles sourires sur les lèvres.
Ça semblait leur faire plaisir d'obtenir une confession de ma part.

- Alors t'attend quoi pour sortir avec lui maintenant ? Demanda Joshua.

- Je sais pas.

- Tu l'aimes toujours ? Enchaîna Wonwoo.

Le silence seul lui répondit, j'étais incapable de prononcer moi-même une parole suite à cette question. Mais il suffisait de voir la tendresse avec laquelle leurs sourires s'aggrandissaient pour constater qu'ils n'avaient pas besoin d'entendre un mot de ma part, ils devinaient à travers mon mutisme.

Bien sûr que j'aimais toujours Soonyoung, si ça n'avait pas été le cas je ne me serais pas à ce point attaché à notre relation chaotique durant toute ces années.

- Jeonghan a raison, on est tout les trois nul en matière de relation avec des humains, murmura Wonwoo.

Un rictus agacé me prenait en apprenant que le Serpentard avait affirmé cela, plus virulent encore car je me rendais compte que je ne pouvais pas le contredire.
Mais, si nous étions tout les trois allongé dans ce lit à cet instant, serrez les uns contre les autres, n'était-ce pas la preuve qu'on s'améliorait un peu ?

- Vous devriez les inviter au bal de Noël !

Dans cette exclamation Joshua se redressa de nouveau, faisant face à nos visages confus à Wonwoo et moi.

- Mingyu et Soonyoung. Si vous voulez vraiment mettre les choses au clair avec eux et déterminer si vous en êtes amoureux, alors allez au bal en tant que leur cavalier, puis essayez de comprendre ce que vous ressentez, lâcha-t-il.

Les traits d'une fierté intense lui mangeait le visage, persuadé qu'il tenait l'idée ultime à nos problème de relations. Cette vision ne m'en fit que grimacer davantage, comment pouvait-il lâcher ça comme si tout pouvait se régler avec une ardente facilité ?

- Je pourrais jamais inviter Soonyoung, lachais-je.

- Pareil avec Mingyu, ajouta Wonwoo.

Joshua leva les yeux au ciel, regagné par son attitude prétentieuse qui me faisait souvent grincer des dents, mais n'en perdit pas pour autant la détermination brûlant dans ses yeux.

- Alors faisons un pari. Le dernier qui se trouve un partenaire pour le bal aura un gage.

Cette proposition me rendit plus méfiant encore, je sentais que nous penchions vers quelque-chose qui pourrait bien mal tourner.
Mais, en même temps, la flamme d'une curiosité compétitive vient s'élever en moi

- Quel gage ?

Quelques secondes de latence s'établissent alors que Joshua, yeux ancré dans le vide, semblait réfléchir sérieusement à la question. Tellement sérieusement que j'hésitais à regretter ma question, j'hésitais à rejeter cette idée absurde.
Non, j'étais tout bonnement incapable d'inviter Soonyoung au bal de Noël.

- Boire un filtre de confusion ! Avec cette potion vous n'aurez plus aucune gêne ni réticences à allez leur parler. Si vous la buvez puis courez vous jetez dans leurs bras en criant votre amour alors on aura plus de question à se poser, c'est une solution radicale mais efficace. Même si je suis certain que les inviter au bal sera bien moins humiliant.

Le filtre de confusion, quelques gouttes pouvait pousser le corps du sujet à une euphorie telle qu'il devenait comme ivre, sans perception et sans raison, juste de la témérité à l'état pure. Une perte totale de contrôle, hors de question que j'en boive une seule goutte.

Si cette potion effleurait ma gorge alors sûrement ce que décrivait Joshua se déclencherait, sûrement que je m'en irait me jeter dans les bras de Soonyoung pour lui déverser des flots de sentiment perdu sans même en prendre conscience.
Je ne pouvais pas permettre que ça arrive.

- De toute façon Dumbledore insiste pour qu'on y vienne tous en duo, ça fait d'une pierre deux coups comme on dit, continua Joshua en haussant les épaules.

Hors de question que je boive un filtre de confusion, hors de question d'être plongé dans cette ivresse sans raison, même l'espace de quelques heures, quelques minutes.

Mais qu'est-ce que je ne donnerais pas pour voir l'un des deux garçons face à moi dans cet état. Cette simple idée fit muer ma compétitivité en incendie.

- D'accord, mais toi aussi tu participes Joshua.

L'expression fière de mon meilleur-ami degringola, à aucun instant il ne semblait avoir pensé au fait que le pari s'étendrait jusqu'à lui.

- Hein ? Non, moi je n'ai pas...

- Tu propose donc tu participes, point final. Le dernier de nous trois qui se trouve cavalier pour le bal boit un filtre de confusion.

Je ne laissa à aucun des deux le temps de rétorquer quoi que ce soit que je me recouchait sur le torse de Wonwoo, un sourire amusé et déterminé étirant mon visage.
Certes, il me serait compliqué d'inviter Soonyoung, mais j'étais persuadé que les deux garçons à mes côtés auraient plus de difficulté encore que moi à se trouver un partenaire. Joshua était populaire par sa beauté mais trop intimidant pour que quelqu'un ose l'inviter, et puis il détestait se rabaisser à faire une telle demande par lui-même. Quant à Wonwoo, et bien il ne fallait pas réfléchir bien longtemps pour savoir qu'il aurait toute les peines du monde à inviter Mingyu.

Pour ma part il me suffisait de dire à Soonyoung qu'on pourrait y allez ensemble comme symbole de notre réconciliation, sans ambiguïté, sans arrière pensée. Ce n'était pas bien difficile, n'est ce pas ?

Mon sourire retomba alors que le visage de mon ami d'enfance se dessinait dans mon esprit et que la cadence de mon coeur accéléra, menant avec elle des ondes de panique.

Je commençais doucement à regretter ce pari.

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