7

~Jihoon~

Lorsqu'une bande de furie pénétra la salle magique, la panique débordant des pupilles et des rides anxieuses sur la peau, je compris que c'est un vrai carnage qu'ils s'attendaient à découvrir. Sûrement pensaient-ils trouver une pièce aux étagères renversés, aux fauteuils éventrés et au pauvre piano brisé, ainsi que deux corps baignés de sang, dont l'un peut-être y ayant laissé la vie.
Voilà donc l'image que chacun avait de moi et Soonyoung, deux garçons qui s'entretueraient si on les laissait seul dans une pièce. Certes, on se disputait avec une facilité déconcertante, mais nous restions tout de même civilisé.

Je fus surpris de découvrir autant de personne se précipitant à notre rescousse, à savoir la totalité de notre groupe de ménage. Ça devenait donc une habitude de se retrouver tous ensemble ? Je ne saurais dire si cette optique m'amusait ou me désespérait. Cette joyeuse bande d'idiot débarqua en donnant l'impression de se préparer à une véritable tsunami, mais aucun n'eu le temps de clamer quoi que ce soit que je les stoppais d'un geste de main, avant de déposer un doigt sur mes lèvres. Leurs expressions stupéfaites me feraient presque rire, ils se tenaient en un tas informe devant le mur d'entrée et paraissait plus que surpris de découvrir une ambiance aussi paisible.

- Ne le réveillez pas, soufflais-je.

Leurs regards à tous se posèrent sur ce que je pointais, un Soonyoung complètement affalé sur le fauteuil qui faisait face au mien, le visage plongé dans son cahier grand ouvert. Durant les nombreuses heures enfermé ici, à savoir l'entièreté de l'après-midi jusqu'au début de soirée, nous avions travaillé sans relâche. Cela ajouté à nos disputes, l'explosion de sentiment qui avait fait office de conversation, il était complètement épuisé. Moi-même j'avais plusieurs fois sentit ma tête pencher vers l'avant, mais l'arrivé soudaine de nos camarades me tenait bien éveillé.

- Jihoon tu... Ça va ? Demanda Joshua.

De tous il semblait celui avec l'expression la plus abasourdie, ce qui me fit lever les yeux au ciel. Le voilà maintenant qui se montrait inquiet, au fil des jours on brisait petit à petit les limites qu'on avait forgé sur notre amitié. Ne pas trop se mêler de la vie de l'autre, ne pas se montrer trop sentimental et toute autre connerie de ce genre.
Je devais bien avouer qu'un sourire me gagnait à cette pensée, j'aimais tout de même constater différentes facettes de Joshua à travers notre relation qui s'approfondissait.

- Bien sur que ça va, à part que je suis terriblement fatigué, affamé, assoiffé et surtout très énervé.

Mon regard parcourait la foule à mesure que je m'exprimais, cherchant la silhouette d'un sorcier maigrelet qui se cachait lâchement derrière le corps plus robuste que Junhui. Un soupir me glissa des lèvres, la colère restait présente mais je n'avais aucune envie de la laisser jaillir maintenant, mes émotions avaient déjà été trop ébranlé, je voulais juste un bon repas puis une longue et reposante nuit de sommeil.

- On reparlera de ça Xu Minghao, je ne compte pas te laisser t'en sortir aussi facilement. Mais pas ce soir, une autre fois.

Je refermais le livre qui reposait sur mes genoux et m'étirais avec paresse puis, sous les regards que je devinais surpris, m'approchais de Soonyoung pour déplacer sa tête avec une douceur que nombreux devait juger d'improbable. J'ignorais au mieux leur attention sur moi pour prendre le cahier de mon camarade, passer mes yeux sur ses notes puis hocher la tête, nous avions effectivement bien optimiser notre temps et l'exposé se mettait déjà en place.

Mes yeux se détournèrent du cahier pour s'aligner au visage de Soonyoung, endormi d'une apparence si paisible qu'ainsi je lui trouvais une ressemblance avec l'ami de mon enfance. J'ignorais quoi penser et ressentir depuis notre discussion, nous l'avions coupé pour travailler, et ainsi laisser notre traité de paix s'établir.
Mais était-ce juste cela ? Une promesse de ne plus se haïr, de ne plus se disputer, de ne plus rejeter sur l'autre nos malheurs ? Mettions-nous ainsi fin à notre relation ? Après l'exposé, après la punition qui nous imposait de se retrouver dans la bibliothèque, allions-nous continuer à nous adresser la parole ? Dans un certain sens nous n'aurons pas le choix, nos parents restaient proche et nous passions la majorité des grandes fêtes ensemble, nous ne pourrions jamais vivre comme si l'autre n'existait pas.

Mais alors, qu'allions-nous devenir ? Qu'étions-nous en ce moment même ?

Je l'ignorais, la réponse à cette question me semblait plus flou que jamais auparavant. Un sentiment d'impuissance et d'égarement tel m'enveloppait que mon épiderme se chargeait de frisson.

Et ça me faisait peur, affreusement peur. Je devrais me sentir soulagé que nous ayons enfin pu mettre les choses au clair, d'avoir enfin pu lui dire tout ce qui patientait en regret sur ma langue, tout le poid qui effritait mon cœur. Mais je ne me sentais que plus lourd encore, effondré de penser que tout se terminerait peut-être ainsi.

Au fond, ça me tuait de me l'avouer, mais avais-je seulement cessé d'aimer Soonyoung ?

Si durant toute ces années je me présentais toujours à lui, pour une reproche ou une provocation, n'était-ce pas justement pour faire perdurer un lien que je n'arrivais pas à lâcher ? Qu'il m'aime ou me haïsse, tout ce que je voulais c'était juste faire partie de sa vie d'une manière ou d'une autre.

Ma gorge fut traversé d'un autre soupir. Effectivement j'étais bien idiot, au lieu de lui avouer mes sentiments je m'étais sans arrêt enfoncé dans de mauvais travers, en croyant tout d'abord que je l'avais pour acquis, en agissant comme si je le détestais par la suite.
Quand je l'avais vu dévaler le ciel lors du match de Quidditch j'avais sentit un tel vent glacé me traverser, comme si je constatais face à moi la fin du monde. J'avais toujours eu l'impression que Soonyoung m'avait abandonné, en réalité la situation et nos émotions incomprises s'étaient retourné contre nous, nous vivions dans un tel monde d'insouciance parfaitement établi qu'on était pas prêt à affronter la réalité.

Une réalité où rien n'était jamais simple, jamais acquis, et où il fallait se battre pour nos désirs.

Dans un geste hors contrôle je m'accroupis devant son visage, observa longuement ses traits endormis. Ce n'était pas le travail qui l'avait autant épuisé, c'était ce "nous" que nous ne savions plus comment nommer.

- Je suis désolé, murmurais-je.

Peut-être que tout pourrait se terminer ainsi, que nous pourrions devenir des connaissances de passage, avec des anecdotes communes qui nous feraient sourire. Nous pourrions chacun s'en allez tracer notre propre route, soulagé et paisible, s'ouvrir à un monde où notre relation représentait un beau souvenir.
En avais-je envie ? Je ne sais pas vraiment, j'ai l'impression que ce n'est pas suffisant. Comment oublier un garçon qu'on avait aimé tout au long de sa vie ?

Et puis, je devais bien avouer être mauvaisement têtu, j'avais toujours eu pour habitude d'obtenir tout ce dont je souhaitais. La défaite ne faisait pas partie de mon palmarès, ne pas avoir été formellement rejeté après une déclaration réveillait une certaine lueur de compétitivité en moi.
Est-ce que je voulais Soonyoung ? D'une certaine manière oui, ce serait mentir que de dire le contraire. Amoureusement ? Ça je n'en savais rien, mais je restais attaché à lui, je ne m'en étais jamais détaché.
Il me fallait réfléchir, prendre du recul et bien poser la situation devant moi. J'étais encore trop ébranlé, trop fatigué et fragile pour y penser maintenant.

Après un dernier regard pour cette bouille insouciante qui bavait sans relâche sur le vieux fauteuil de la pièce, je me redressais et prit la direction de la sortie. Mes camarades restaient immobile au devant, tel des spectateurs externes bien conscient qu'ils n'avaient droit qu'au silence et à l'incompréhension. Je rirais presque de leurs expressions déboussolés, si le sourire satisfait de Jeonghan ne gachait pas tout.

- Vous vous êtes réconcilié ? Demanda-t-il.

Sa voix suave et murmurante m'irrita davantage. Je voulais manger et dormir, rien de plus, pas de question, pas de discutions, par de mots qui me pousserait à stimuler mon esprit déjà si tempétueux.

- Laissez-moi passer.

Heureusement le Serpentard eu l'intelligence de ne pas insister, malheureusement son sourire s'accentua. Il fut néanmoins le premier à se décaler en entraînant Seungcheol et Chan avec lui, bientôt imité par tout les autres. Dans un énième soupir que passait le mur, bien décidé à rejoindre le réfectoire, me nourrir jusqu'à l'explosion, puis courir me plonger sous une couette chaude et faire cessé le flot de pensée par un repos bien mérité.

Tandis que je quittais la bibliothèque d'un rythme décidé j'entendis des pas de course dans ma direction, puis fus bientôt rejoin par deux sorciers aux uniformes bleus.

- Ça va ? Demanda Joshua, une nouvelle fois.

Wonwoo, lui, se contentait de me fixer mais je sentais dans l'intensité de son regard qu'il attendait tout autant une réponse sincère.
Évidemment mon programme je devrais l'exécuter en présence de ses deux là, mais ça ne me dérangeait pas autant que ça aurait dû. Dans un sens je me sentais soulagé de ne pas être seul après un évènement comme celui-là.

Même si notre amitié à tout les trois étaient plus qu'étrange, mal assorti et peu porté sur les sentiments de complicité, au moins ils se tenaient à mes côtés et se souciaient de mon bien-être. Ça ne semblait pas grand-chose, mais pour moi ça représentait beaucoup.

- J'ai déjà dis que oui, ça allait.

- Je sais mais... Ça va vraiment ?

Il était rare de voir Joshua se préoccuper autant de quelqu'un, distinguer sur son visage une lueur inquiète faisait taire le vent irrité en moi. Oui, ce n'était pas grand chose, mais venait de lui il n'y avait pas plus grande preuve de tendresse.
Ce Serdaigle au caractère hautain et à l'attitude méprisante ne se souciait généralement que de lui-même, une personne pourrait bien s'effondrer devant lui qu'il ne lèverait pas le petit doigt pour l'aider, concluant que ce n'était pas son problème. Nous étions devenu ami par notre tendance solitaire commune, nos goûts qui se confondaient, des personnalités adéquates et surtout nos deux statuts de Serdaigle aux résultats parfait. Il n'y avait eu aucune attache affective précise, et pourtant je sentais que depuis récemment nous devenions plus ouvert l'un envers l'autre, un lien plus précieux se forgeait. Et ça me plaisait de devenir quelqu'un dont ce garçon hautain voulait se soucier véritablement.
Dans un sens peut-être que ce rapprochement avait pour cause la venu de Wonwoo qui, malgré son silence et sa discrétion légendaire, était parvenu à plus ou moins bouleverser notre quotidien. La preuve en est que, à cause ou grâce à lui, nous nous étions même ouvert à d'autres élèves, puisque Mingyu et ses amis se collaient à nous plus que les sangsues du lac.

- Joshua, j'ai pas envie d'en parler ce soir, soufflais-je.

- Je m'inquiète juste pour toi.

Son aveux associé à l'expression franche sur ses traits me fit soupirer de nouveau. Alors c'était donc ça posséder un véritable ami, devoir faire face à un être qui ne se contentait pas des apparences et souhaitait s'imposer plus profondément en nous.
Je n'avais pas connu ça depuis Soonyoung, mais avec ce dernier ça m'avait toujours paru naturel de ne rien lui cacher. Lui et moi n'avions pas vécu comme de vrais amis, mais comme si nous ne formions qu'un.

- On a discuté et travaillé, rien de mauvais ne s'est passé, on ne s'est pas tapé dessus si tu veux tout savoir, clamais-je.

Mon envie de paraître ferme et d'en terminer là ne sembla pas satisfaire mes camarades, leurs deux regards perduraient intense sur ma personne. Ma lèvre se coinça entre mes dents, leur curiosités était si forte qu'ils n'avaient même pas besoin de parler pour me l'a faire parvenir, leurs pupilles brillantes suffisaient.

- Et je crois que... En quelque-sorte, nous avons enterré la hache de guerre, ajoutais-je, plus bas.

Mine de rien j'accelérais pas, pressé de rejoindre le réfectoire pour faire cesser la conversation. Les autres devaient toujours se trouver dans la bibliothèque, occupé à questionner un Soonyoung qu'ils auraient réveillé, ou à jaser dans leur coin sur des théories à propos de ce qui aurait pu se passer entre nous. Je les imaginais bien inventer toute sorte d'histoires grotesques, jusqu'à nous prêter des actions et des mots qui ne se seraient jamais déversé.

- C'est une bonne chose, affirma Joshua, un sourire sincère sur les lèvres.

- Je ne sais pas.

Ne pas savoir si ma conversation avec Soonyoung débouchait sur une fin ou un commencement me questionnait toujours, je n'aimais pas cette incertitude qui me hantait depuis mon départ de la bibliothèque.
Oui, le fait que nous ayons pu discuter et relâcher nos émotions était une bonne chose, c'est la suite qui m'effrayait.

- À mon avis on peut relier ça au message du livre prophétique, qui est assez clair à mon avis. Les treize nombres ne peuvent que nous représenter. Alors, dans un sens, c'est sûrement bénéfique que toi et Soonyoung vous fassiez la paix, peut-être que ça aidera à "empêcher le pire d'arriver"

Je hochais doucement la tête, effectivement cette idée m'avait traversé l'esprit durant les nombreuses heures enfermé dans une pièce exigu.

Joshua et moi avions eu quelques fois des discutions à propos du vieux livre, cherchant à déterminer le sens du message qui m'avait été transmis. Treize nombres, comme les membres de notre groupe de ménage, effectivement cette coïncidence ne pouvait qu'être prise en compte. D'après mon ami il s'agissait même là de la piste la plus importante.
Mais la question restait: pourquoi devrions-nous être réuni tout les treize ? Quel était ce "pire" que nous devions éviter ? Je ne possédais que trop peu d'indices et une discussion avec ce vieux livre magique me semblait le seul moyen d'éclaircir la situation.

- J'en saurais plus quand Dumbledore me laissera lui poser des questions.

Joshua acquiesça à son tour mais, avant qu'il ne puisse ajouter quoi que ce soit, Wonwoo s'immisça dans la conversation.

- Excusez-moi mais... De quoi vous parlez ?

Nos deux regards tombèrent sur notre camarade Serdaigle, qui nous fixait avec toute l'incompréhension du monde dans ses yeux. Je me rendis soudainement compte que nous n'avions jamais échangé à propos du livre en sa compagnie, ni même devant lui, il restait parfaitement ignorant de toute cette sombre histoire.

- Durant le cours de divination d'il y a quelques semaines la professeure nous avait présenté un livre qui faisait office d'oracle, j'avais été désigné pour le questionner, tu t'en souviens ?

Wonwoo parût un instant perdu dans ses réflexions, avant de hocher la tête.
Nous marchions désormais plus lentement à travers les couloirs, au grand désarroi de mon estomac qui criait famine.

- "Attrape-les avant qu'il ne soit trop tard, Accroche-toi à eux. Prend-leur à tous la main. Vous pourrez sourire si vous êtes ensemble. Vous pourrez pleurer si vous êtes ensemble. Si vous vous regardiez tous autrement, plus profondément. Si vous formez une bulle de bonheur tous ensemble. Si vous écriviez une ode à votre amitié. Alors peut-être que vous pourrez empêcher le pire d'arriver", et il y avait aussi une ligné numéroté de un à treize, et des tâches de sang. C'est ce qui est apparu sur le livre lorsque je me suis approché, sans même que j'ai posé de questions. Je ne comprends pas encore pourquoi il m'a dit ça, mais avec Joshua on pense que cela a un rapport avec le groupe de ménage, puisque nous sommes treize.

La tête de Wonwoo se mouva encore de haut en bas, les yeux perdu devant lui dans une mine réflexive. Le texte semblait assez transparent dans l'ensemble mais la fin restait mystérieuse, trop vague tout en laissant présager un horrible événement. Si cela nous concernait tout les treize alors cela pouvait signifier qu'un malheurs voudrait s'abattre sur nous, mais, mise à part une guerre qui se laissait entendre par chaque nouvelle attaque de Mangemorts, je ne voyais pas vraiment ce qui pourrait nous arriver.

- Et que dois-tu faire pour que Dumbledore t'autorise à le consulter ?

- Prendre soin de toi.

Ma réponse causa l'arrêt de Wonwoo, nous poussant à l'imiter. Il me fixait désormais sous une expression figé et j'eu brusquement l'impression que quelque-chose retombait dans mon estomac, la sensation d'une émotion négative qui me frappait à la vu de son visage.

Pourquoi avais-je soudainement l'impression atroce d'avoir fait une lourde erreur ?

- Quand le directeur nous a demandé de te "jouer les chaperons", Jihoon s'en est allez lui demander une récompense en échange, moi j'ai même pas pensé à le faire. Mais bref, si Dumbledore est satisfait alors on pourra essayé d'y voir plus clair en...

- Je vois.

La réponse sèche de Wonwoo coupa Joshua dans sa lancé, jamais auparavant je n'avais entendu sa voix être aussi grave et intense, presque tranchante. Ma poitrine se serra, était-ce de la colère que j'avais perçu sur son visage ? De la déception ? Je ne pu l'étudier plus profondément qui détourna le regard, puis commença a diverger vers un autre couloir.

- Wonwoo, c'est pas le réfectoire par là, clamais-je.

Par automatisme mon pas s'était avancé pour le rattraper, mais mes jambes flageolante se refusaient a suivre la cadence. Il avait de nouveau posé ses yeux sur moi, le vent glacial que j'y perçu me traversa avec un violence telle que je me figeais à mon tour.

Je crois que je venais de faire une erreur, une lourde erreur. Je ne m'en rendais compte que maintenant mais Wonwoo, depuis maintenant plusieurs semaines, ignorait parfaitement ce que Joshua et moi pouvions gagner en restant à ses côtés. Il ignorait tour simplement que nous avions quelque-chose à gagner, sûrement même notre trio était devenu si quotidien qu'il en était venu à oublier la raison de sa création.

Je n'avais jamais prit le temps de me plonger dans sa tête, mais ne serais-ce pas humiliant de constater que les personnes avec qui on passait le plus clair de nos journées ne se tenaient en notre compagnie que par pur intérêt personnel ?

Derrière nous, dans le couloir, il me semblait entendre l'éclat d'une conversation, les autres avançaient enfin dans notre direction et une certaine forme de panique me gagna en pensant qu'il pourrait assister à ça.

- Je n'ai pas faim, lâcha-t-il.

- Mais tu dois venir man...

- Pourquoi ? Vous avez peur que Dumbledore soit déçu s'il ne me voit pas à vos côtés ? Qu'il soit insatisfait de constater que vous ne me surveillez pas comme un enfant ?

Jamais auparavant je ne l'avais entendu parler aussi fort, sa voix résonnait dans le couloir à une puissance telle que lui-même en sembla surpris. Il se tourna complètement, ferma un instant les yeux comme pour organiser ses pensée. Pour faire face à cette émotion qui le submergeait et le poussait à cracher des paroles qui, d'habitude, lui demandaient des secondes de réflexion en silence.

Au fond du couloir je ne percevais plus de discutions, mais des pas accélérés, une dizaine de pas. Sûrement notre écho était parvenu jusqu'à eux, la curiosité les poussait à nous rejoindre.

- J'irais lui dire que vous avez fait du bon travail, il sera content et vous pourrez parler au livre, affirma notre camarade, plus bas cette fois.

Je tenta encore de m'avancer vers lui, mais alors que je faisais un pas lui en effectuait un en arrière. La marche précipité de nos camarades me semblait de plus en plus proche, cette bande d'idiot ne pouvait pas rester en dehors de tout ça ?

Je tenta un nouveau pas vers mon camarade, dont le regard voilé de déception serrait plus encore ma poitrine, et tentait de calmer les choses:

- Wonwoo t'es pas obligé de...

- Je le ferais, comme ça vous n'aurez plus à vous fatiguer avec moi, vous pourrez reprendre vos petites vies tranquilles sans avoir à trainer un boulet associal derrière vous.

Je n'aurais pas cru que des mots pouvaient heurter à ce point, m'écraser de faute et d'une culpabilité qui me faisait réaliser que j'avais encore agit dans penser aux sentiments des autres. Je ne m'étais pas une seule seconde demandé si je considérais Wonwoo comme mon ami, si lui nous considérait comme ses amis, et à quel point il pourrait se sentir humilier de comprendre que mes actions envers lui ne visais qu'une récompense à la clé.
Sûrement croyait-il que Joshua et moi l'aurions complètement abandonné une fois le livre consulté, qu'il n'était qu'un moyen utilisable jusqu'à usure.

Il faisait des efforts pour s'ouvrir à nous, mais de notre côté quels efforts avions-nous fourni ? Certes on le surveillait comme demandé par Dumbledore, mais je prenais conscience de mon erreur à ne jamais avoir été sincère avec lui.

- Tu sais Jihoon, j'étais... Réellement inquiet quand tu as disparu, termina-t-il, avant de se détourner complément et de disparaitre on ne sais où.

Je l'observa s'en allez sans bouger, certain que si je tentais de le suivre il se mettrait à courir trop rapidement pour me permettre de le rattraper. Il voulait rester seul, sûrement valait-il mieux lui laisser le temps de réfléchir avant de m'en allez lui présenter des excuses. Et puis j'avais besoin de réfléchir moi aussi, aujourd'hui était une journée trop éprouvante.

- On aurait peut-être dû lui en parler avant, murmura Joshua.

Lui aussi fixait le couloir désormais vide, le visage tordu sous une forme de remords bien rare à constater chez lui.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que vous avez fait pour l'énerver ?

Ce fus la voix de Jeonghan qui nous parvient dans cette question, et je constatais désormais que l'ensemble de nos camarades étaient parvenus jusqu'à nous. Il n'avaient pas assisté à toute la conversation mais suffisamment pour comprendre qu'une certaine forme de dispute avait éclaté. Ni moi ni Joshua ne nous exprimons, des yeux balancé pour moi tandis que mon ami poussait un soupir.
Les autres nous fixaient toujours, sans réel jugement mais visiblement en attente d'une quelconque explication. Puis Mingyu fini par se détacher du groupe pour courir dans la direction par laquelle Wonwoo avait disparu, sans que personne ne cherche à le retenir.

Mon regard croisa celui de Soonyoung, bien réveillé et les pupilles luisantes de question. Si j'avais été un enfant sûrement aurais-je accouru dans ses bras, cherchant une chaleur de réconfort. Mais nous n'avions plus ce genre de relation, je n'étais plus un enfant, tous ici présent me voyait comme un garçon fort, imperturbable, réfléchi et jamais submergé par les émotions.
Alors je me contenta de redresser le menton avant de reprendre la direction du réfectoire, bien décidé à suivre mon plan initial.

Manger et m'en allez dormir. Puis réfléchir, réfléchir et réfléchir.

Faire taire la tempête qui vibrait dans mon esprit, puis tenter de réparer des erreurs qui s'enchainaient.

Au fond, je commençais à comprendre pourquoi le livre m'avait offert ces paroles. Il voulais me cracher en plein visage à quel point je pouvais être égoïste, au point de ne jamais me soucier des sentiments des autres, de ne jamais les comprendre alors même que je me disais si intelligent.
Il voulait me faire voir à quel point j'étais aveugle.

"Si vous vous regardiez tous autrement, plus profondément"

Voilà bien une chose que je n'avais jamais appris à faire, et dont je constatais maintenant les conséquences.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top