6

~Wonwoo~

Après ce qu'il s'était passé la veille une nuit blanche me semblait inévitable, mais j'étais tout de même parvenu à m'assoupir une heure ou deux. Certainement pas assez pour me sentir reposé, les pauvres heures de sommeil grappillé s'étaient laissé envahir de cauchemars, c'est presque plus fatigué encore que je m'éveillais.
Il était tôt, trop tôt, et pourtant mes camarades de chambre ne se trouvaient déjà plus dans leurs lits. J'entendais la douche couler, et en regardant l'entrée je constata que les chaussure de Joshua ne s'y trouvaient pas. Une brise de frayeur sillonna dans ma poitrine, des centaines d'hypothèses écrasèrent mon crâne au point que j'entendis à peine Jihoon ouvrir la porte de la salle de bain.

- Joshua est parti il y a une heure. Il disait avoir quelque-chose d'important à régler, m'expliqua-t-il, en constatant mon regard sur l'entrée.

- Il n'a pas dit quoi ?

- Non.

Jihoon se laissa tomber sur son matelas, la serviette frotté à ses cheveux humides. Il fixait le lit de notre ami, les sourcils froncés, puis ajouta:

- Je pense que ça concerne la disparition de Kim Taehyung.

L'évocation de notre camarade me fit frissonner. La peur nouait mon estomac, je n'aimais pas tout ce qui était en train de se passer.

- On a pas eu l'occasion d'évoquer le sujet hier soir, mais tu crois qu'ils savent ce qui lui ai arrivé ? Demandais-je.

- Je ne sais pas, il faut qu'on en parle avec eux.

- Je suis certain qu'ils ne l'ont pas tué. Ni lui, ni Jungkook.

- Je pense pareil.

Nos regards se croisèrent, mêlé à des sourires maladroit mais complices. Nous étions soulagé d'être sur la même longueur d'onde concernant cette histoire, ni l'un ni l'autre n'imaginions Joshua, Hansol et Chan capable de s'en prendre à quelqu'un. Ils n'étaient pas des meurtriers, j'en étais intimement persuadé.
Dans un soupir, j'entrepris de rejoindre la salle de bain à mon tour. Je ne pourrais de toute manière pas dormir une minute de plus, et d'ici une demi-heure les premiers petits-déjeuners seraient servit. Autant démarrer ma journée plutôt que de rester à ruminer dans mon lit.

- Comment tu comptes gérer la situation avec Mingyu ? Demanda Jihoon.

Je me figeais, la main sur la porte, parcouru d'un nouveau courant d'air glacial. Je ne pensais pas que mon estomac pouvait se tordre davantage, c'est pourtant ce qu'il fit.
Le regard furieux de mon petit-ami me revient en tête, j'essayais tant bien que mal de le chasser.

- Je sais pas, murmurais-je.

- Hier... Il me faisait presque peur.

Sur cet aveux mon ami se redressa, approchant pour espérer croiser mes yeux.

- À toi aussi n'est-ce pas ? Demanda-t-il.

Je ne répondis pas, le visage brûlant de Mingyu ne voulait pas quitter mon esprit, et pour éviter le regard presque accusateur de Jihoon j'entra dans la salle de bain et claqua la porte derrière moi.
Je ne pu faire un pas de plus, mon dos retomba contre le bois de l'entrée, alors que la voix de mon ami résonnait derrière:

- Wonwoo, tu n'es pas censé avec peur de l'homme dont tu es amoureux.

- La situation est compliqué, c'est pas Mingyu qui me fait peur, c'est tout le reste, murmurais-je.

Je savais que Jihoon m'avait entendu, malgré la porte qui nous séparait, et je me sentis obligé d'ajouter:

- Ne t'inquiète pas pour moi, tout ira bien. Avec tout ce qu'il se passe c'est normal que ce soit difficile pour Mingyu. Il lui faut un peu de temps, je lui parlerais.

"Tout ira bien". Je n'étais même pas sûr de croire en mes propres affirmations.
Je ne perdis pas une seconde avant de faire couler l'eau, puis plonger mon corps sous le jet brûlant. Cette douche me réveillait davantage, ma peau rougissait sous la chaleur et je fixais mon reflet déformé dans le carrelage murale rempli de bué. Doucement je caressais ma poitrine trempé, appuyant sur mon cœur qui battait trop vite.
Je n'avais aucune idée de ce que j'allais dire à Mingyu en le voyant, j'ignorais si je le trouverais triste ou en colère. Dans le premier cas peut-être devrais-je juste le prendre dans mes bras. Dans le second...

Je n'en savais rien.

Je n'avais aucune idée de comment réagir face à mon propre petit-ami.

Jihoon avait raison, hier Mingyu m'avait fait peur.

Je n'avais jamais imaginé qu'une part si sombre de lui puisse exister, jamais je ne l'aurais cru capable d'une telle colère. Je le pensais juste gentil et sensible.

Mais surement était-il trop sensible, justement.

Surement ne supportait-il pas tout ce qu'il se passait.

Mais si c'était déjà dur pour lui, comment vivrait-il la suite ? Pourrait-il garder ses moyens si la guerre se déclanchait à Poudlard ? Serait-il en mesure de se battre ? Où simplement de se défendre ?

Aurais-je dû accepter quand, hier, il m'avait demandé de fuir Poudlard avec lui ?

Les questions qui envahissaient mon crâne ne désemplissaient pas, j'étais presque plus épuisé qu'en me levant. Un mauvais pressentiment contractait ma poitrine, une angoisse qui me suivit lorsque j'éteignis l'eau, me séchait, m'habillais, puis rejoignit Jihoon qui m'attendait pour se rendre au réfectoire.
Durant tout le trajet aucune parole ne fut échangé, tout deux perdu dans la profondeur de nos tourments. Cette peur sans cause précise qui m'habitait, je la sentais aussi émaner de mon ami. Mais je n'osa pas lui demander de me faire part de ses pensées, ce serait plus effrayant encore de confirmer que nous partagions cette même appréhension.

Personne ne croisa notre route, l'école entière semblait assoupi, effondré, ou épuisé. Même dans la salle commune de Serdaigle le silence régnait, pourtant d'habitude on pouvait voir de nombreux élèves matinaux qui étudiaient de part et d'autre du salon paisible de notre maison.
Mais le plus surprenant fut l'absence de tout professeur au réfectoire. J'étais toujours le premier étudiant à m'y rendre le matin, et jamais encore je n'avais vu la table des adultes vides. Dumbledore s'y trouvait toujours dès l'ouverture de la pièce, souvent accompagné de son amie McGonagall, de madame Lee, ou du professeur Rogue. Mais aucun d'entre eux ne séjournait sur la table qui dominait cette pièce immence, laissant flotter une impression de vide plus angoissante encore.
Pourtant l'endroit n'était pas complément silencieux, à la table de Serpentard il y avait déjà cinq élèves qui dejeunaient en chuchotant: Jeonghan, Seungcheol, Soonyoung, Seungkwan et Chan. Je soupçonnais ce dernier de ne pas avoir rejoint le dortoir de sa maison hier soir, quand nous nous étions séparé j'avais eu l'impression de le voir suivre nos camarades vêtus de vert. Surement n'avait-il pas voulu faire le trajet avec Mingyu, se sentant plus en sécurité auprès de Jeonghan et Seungcheol. Et même si ça me brisait le coeur de penser que lui aussi avait eu peur de mon petit-ami, je ne pouvais que le comprendre.

Soonyoung fut le premier à nous apercevoir, il nous offrit un sourire ainsi qu'un signe de main pour nous inviter à les rejoindre. Jihoon s'installa à ses côtés, avant de l'étreindre affectueusement.

Ils ne posèrent pas de question sur l'absence de Joshua, bien que dans leurs yeux brillait une certaine curiosité.

- Bien dormi ? Me demanda Jeonghan, en me tendant une tasse de café.

Je l'acceptais en secouant négativement la tête, faisant apparaitre des sourires dépités sur tout leurs visages.

- Comment dormir après tout ça ? Murmura Seungkwan.

Ce matin il n'avait pas fait l'effort de camoufler la peau de son visage, les ecchymoses brillaient à la lumière des centaines de bougies qui éclairaient la pièce. D'un côté cette vision m'attristait, mais en même temps j'étais soulagé qu'il n'ai pas jugé nécessaire de nous cacher ses blessures.
Chan déposa une main sur son épaule, et Seungkwan la repoussa en levant les yeux au ciel. Ces deux-là commencèrent alors à se chamailler, ce qui me fit sourire davantage, et je constata que mes camarades les regardaient avec cette même douceur. S'ils avaient la force de se disputer c'est qu'ils n'allaient pas si mal, ils pouvaient tout du moins se défouler l'un sur l'autre.

- Si vous vous tapez dessus je paris sur la victoire de Chan.

La voix de Minghao nous fit tous sursauter, nous n'avions même pas remarqué qu'un petit groupe s'était approché de nous. Le Poufsouffle tenait la main de Junhui et tout deux s'installèrent sans avoir besoin d'y être invité. Hansol fit cesser les chamailleries en s'asseyant entre Chan et Seungkwan, laissant ce dernier l'embrasser avant de se caler dans ses bras. Puis Seokmin prit place à mes côtés, nous saluant avec un sourire qui sonnait forcé.
J'observa l'entrée, déçu de constater que personne d'autre n'apparaissait dans la pièce.

- Où est Mingyu ? Demanda Jihoon, qui avait suivit mon regard et constaté l'absence du Gryffondor.

- Il n'avait pas très faim alors il est parti se promener. Il disait avoir besoin de réfléchir un peu, répondit Junhui.

Je baissa les yeux sur ma tasse, l'odeur du café chaud me donnait presque la nausée, je n'avais rien avalé et pourtant l'appétit s'envola. Personne ne mangeait réellement, on grignotait tout au plus, pourtant notre dernier repas remontait au déjeuner de la veille, les évènements nous avaient fait rater le dîner. Nos forces allaient manquer si nous n'étions pas capable d'avaler un peu plus que cela.
Une pression s'exerça sur ma cuisse, je constata que Jeonghan y avait déposé sa main et m'offrait un sourire rassurant auquel je peinais à répondre. À ses côtés Seungcheol, qui semblait s'être fait la même réflexion que moi, incitait la tablé à ne pas sauter le petit-déjeuner.

J'essaya tant bien que mal de boire mon café, mais je ne me sentais pas capable d'avaler autre-chose. De toute façon je n'en aurais pas eu le temps, puisqu'une nouvelle personne fit son apparition dans le réfectoire et se dirigea précipitement dans notre direction.

- Le livre est prêt à parler.

Le ton solennel employé par Dumbledore fit courir un violent courant d'air qui figea chacun de nos gestes. L'incompréhension traversa nos esprits sous son regard brûlant, et le premier à prendre conscience de la situation fut Jihoon, qui se redressa si vite que Soonyoung manqua de se prendre son coude en plein visage.

- Le vieux livre prophétique ? S'exclama-t-il, les yeux brillant d'impatience.

- Oui, il s'est mit à briller ce matin. Je lui ai posé une question et comprit qu'il veut vous parler.

Le sourire de Jihoon se fit plus grand, depuis le temps qu'il attendait de pouvoir éclaircir les mots inscrits sur cet ouvrage. Les respirations de toute la table s'étaient coupé, nous étions tous impatient d'en savoir plus à propos de ce lien que nous avions dû créer.
Par réflexe je caressa la bague solidement serré à mon doigt, puis pris le temps de vérifier que tout les autres les portaient aussi.

- Seulement, je crains qu'il ne veuille pas s'exprimer à vous tous en même temps. Je suis navré Jihoon, je ne vais pas pouvoir tenir ma promesse à ton égard, car tu ne fais pas parti des personnes à qui le livre consent à s'exprimer.

Le bonheur sur le visage de mon ami retomba net, alors que Dumbledore balayait notre groupe du regard. Ses sourcils se froncèrent, constatant sûrement que nous n'étions pas au complet, puis enchaîna :

- Junhui, Soonyoung et Wonwoo, je vais vous demander de me suivre. C'est à vous trois que le livre souhaite parler.

Toute les têtes se tournèrent vers nous, surpris par cette situation. Le directeur se détourna rapidement, prenant la direction de la sortie, nous incitant à le suivre sans réfléchir. Junhui fut le premier à se lever, il embrassa le front de Minghao et se précipita à l'extérieur. Rapidement suivit de Soonyoung, qui avait murmuré à Jihoon qu'il éclaircirait le mystère pour lui. Je me redressais en dernier, secoué par les regards de mes amis qui m'invitaient à me presser. Mes jambes me semblaient faibles, tremblantes, mais je parviens tout de même à courir pour rattraper les autres.

L'angoisse grandissait dans ma poitrine, mon mauvais pressentiment était encore plus fort qu'au réveil, jusqu'à bourdonner sans mon crâne.

- Pourquoi êtes-vous si pressé ? S'exclama Junhui, quand notre marche rattrapa celle du directeur.

- Quand j'ai parlé au livre j'ai senti que je temps pressait. Je ne saurais pas vous dire pourquoi, mais l'air est lourd ce matin.

Les paroles de Dumbledore firent grandir ce début de panique qui me gagnait. Si lui aussi sentait l'ambiance orageuse qui régnait sur le château, alors je ne pouvais plus me permettre de l'ignorer.
Il se passait quelque-chose d'étrange, de mauvais, que je ne parvenais pas encore à identifier.

- Pourquoi le livre veut parler à nous trois seulement ? Demanda Soonyoung.

- Les objets magiques n'en font souvent qu'à leur tête vous savez, personne ne peut parfaitement les contrôler. Nous pouvons seulement suivre leurs indications. Ce livre n'est pas malveillant, c'est seulement un artefact prophétique, nous ne pouvons que suivre ses désirs.

Un regard fut échangé entre nous, je pu lire dans les yeux de mes camarades qu'ils partageaient mon appréhension.

Nous avions tout les trois l'impression que quelque-chose de trop important se jouait maintenant. Et nous étions incapable de comprendre pourquoi c'était seulement à nous de porter ce poids.

- La tour d'astronomie ? Murmura Junhui, tandis que Dumbledore commençait à gravir les marches qui menait dans cet endroit encore chargé des souvenirs de la veille.

- J'ignore pourquoi, mais le livre voulait vous parler là-haut. Peut-être est-ce un lieu important dans votre histoire à tout les treize ?

Aucun d'entre nous ne répondit au directeur, soudainement ça devenait trop clair. Hier c'était dans ce lieu que le lien s'était à la fois renforcé et effrité. Jeonghan l'avait dit, nous avions atteint un tournant dans cette drôle de relation qui se construisait.
Je n'avais pas l'impression que nous nous étions uni pour de bon, l'avenir de notre amitié était encore incertain. Après tout, Mingyu et Joshua n'était pas apparu ce matin, et il restait des non-dits, de vieux conflits enfouis.

Il y en avait un juste sous mes yeux d'ailleurs. Junhui et Soonyoung prenaient soin de ne pas se tenir trop prêt, ni d'échanger le moindre regard.

Je caressais de nouveau ma bague, sous mes doigts elle semblait froide, glacé. Et la boule d'angoisse dans mon ventre grossi encore, écrasant tout mes organes, contactant mes poumons au point que respirer correctement devenait difficile.

Est-ce que le livre n'avait pas décidé de nous convoquer maintenant pour nous faire part de notre échec ? Hier soir, la conversation aurait-elle pu finir autrement ? Plus sereinement ? Avions-nous gâché nos chances de réussir ?

Aurais-je dû agir autrement face à la colère de Mingyu ? Plutôt que de lui crier dessus, aurais-je dû trouver une meilleure solution pour le résonner ?

Quand je toucherais le livre, allait-il me dire que j'étais fautif si le pire venait à arriver ?

Mes réflexions me rendaient fébrile, quand je parviens enfin en haut des marches mes jambes me semblaient si molle que ce fut un miracle qu'elles me maintiennent debout. Le livre se tenait là, au centre de la pièce, déposé sur un pupitre qui n'était pas présent la veille. Le directeur nous invita à approcher. J'échangea un coup d'oeil avec Junhui, puis avec Soonyoung, les deux ne se regardèrent pas, puis on s'approcha de l'objet ancien. Se dégageait de lui une aura écrasante, un amas de magie si puissante qu'aucun d'entre nous ne pouvait y faire face sans rester de marbre. Lorsque ce livre nous avait été présenté en cours nous étions tous à une certaine distance, mise à part Jihoon que la professeure avant invité à approcher, mais déjà nous avions pu sentir l'intensité qui en émanait.
Je ne pouvais pas imaginer le toucher, je ne m'en sentais pas légitime.

- Qu'est-ce qu'on doit lui demander exactement ? Questionna Soonyoung, qui restait à mes côtés, tout aussi rétissant que moi.

- On aurait dû en parler tout le treize un peu plus tôt, établir quelle question nous devrions poser le jour où on aurait l'occasion. On s'est laissé prendre au dépourvu, soupira Junhui.

Dumbledore nous offrit un regard désolé, lui-même n'aurait pas pu savoir à quel moment l'artefact déciderait que nous pouvions le consulter.

- Jihoon n'avait posé aucune question, fis-je remarquer, en me souvenant de ce que notre ami avait dit lorsqu'il partageait sa rapide expérience avec ce livre.

- Tu crois qu'on doit faire pareil ?

Je ne pu qu'hausser les épaules à la question de Junhui, qui poussa un nouveau soupir. Nos regards trouvèrent le directeur, qui nous partagea un petit sourire encourageant.

- Tout ce que je sais, c'est qu'il vous parlera une seule fois à chacun. Vous n'avez que trois chances pour obtenir les réponses que vous souhaitez.

Ses paroles n'étaient absolument pas rassurante, la pression s'alourdissait sur nos épaules, même à distance raisonnable le livre semblait aspirer toute notre énergie.

- Je peux y allez en premier, si cela vous convient, proposa Soonyoung.

Ni moi, ni Junhui n'y voyons de problème, on s'écarta alors que le Serpentard approchait de l'ouvrage. Ses doigts tremblaient, il osait à peine les avancer vers la couverture, et dû prendre une profonde respiration pour s'empêcher de reculer. J'ignorais quelle question il allait poser, si même il poserait une question, mais à peine eut-il effleuré le livre que celui-ci se mit à trembler.

Comme il l'avait fait avec Jihoon.

- Ouvre-le, murmura Dumbledore.

Je m'approcha, Junhui en fit de même, tandis que Soonyoung dévoila la première page de l'ouvrage. Sous nos regards subjugué des mots s'y gravaient doucement. Deux phrases seulement, un petit message qui nous laissa perplexe:

"Le coeur de la magie vous a choisi pour le sauver.
Vous devez être dignes et unis"

- Le coeur de la magie ? Répéta Junhui.

- Quelle question as-tu posé ? Demandais-je.

Soonyoung écarta sa main de l'ouvrage et la phrase s'évapora doucement.

- J'ai demandé ce qui étais attendu de nous treize.

Sauver le coeur de la magie ? Je n'avais pas la moindre idée de ce que ça pouvait signifier. J'allais me tourner vers Dumbledore pour lui demander, mais la voix de Junhui coupa mon geste:

- Qu'arrivera-t-il si nous ne sommes pas "digne" ?

Il avait déposé sa main sur les pages vieillies de l'ouvrage, instantanément des mots se gravèrent:

"Si vous n'êtes pas tout les 13 unis.
Si vous ne vous faite pas confiance. Aujourd'hui, l'un d'entre vous mourra"

Le même sursaut secoua nos poitrine tandis que nous reculions tout les trois. Les doigts du Gryffondor lachèrent l'objet et les phrases s'effacèrent peu à peu. Cela ne nous empêcha pas de les lire, les relire, et suivre l'effritement de chaque lettre.

"Aujourd'hui, l'un d'entre vous mourra"

Par réflexe mes mains s'accrochèrent aux bras de Junhui et Soonyoung, que je sentais tremblant. Je pensais à tout nos amis resté dans le réfectoire, réuni dans une pièce immence et déserte. Ils étaient tous ensemble, rien ne pouvait leur arriver, n'est-ce pas ?

À mon esprit apparurent les visages de Joshua et Mingyu, tout deux isolés on ne sait où dans le château. Des sueurs froides coulèrent dans mon dos, la faiblesse qui tiraillait mes jambes s'étendit à tout mon corps avec cette terreur immence qui me submergeait.
S'il arrivait quelque-chose à l'un des deux, jamais je ne pourrais le supporter.

- Je ne pense pas que toute les paroles du livre concernent le présent.

La voix du directeur nous arracha de cette peur vorace qui nous avait figé, nos trois regards se levèrent vers lui. Contrairement à nous aucune panique ne se lisait sur ses traits, il n'était pas devenu aussi livide, aussi nauséeux sous la frayeur.
Non, Dumbledore regardait juste l'horizon par les vitres qui nous séparaient du balcon. Le soleil se levait, laissant peu à peu des rayons orangés colorer l'espace.

- "Aujourd'hui quelqu'un mourra" , ça c'est présent. Vous devez ne faire qu'un, aujourd'hui vous devez prouver que vous vous faites confiance. Mais j'ai le sentiment que c'est un test. "Le coeur de la magie vous a choisi", et aujourd'hui il veut être certain d'avoir fait le bon choix, annonça-t-il.

Derrière sa longue barbe je devinais ses traits graves, ses yeux plissés sur le ciel, comme accusateur pour la beauté de l'astre qui sortait de son sommeil.
Des pensées que nous ne pouvions pas imaginer semblaient parcourir le crâne de ce vieil homme, des réflexions qui nous échappaient.

- Mais c'est quoi, ou qui, ce "coeur de la magie" ? Demanda Soonyoung, d'une voix si basse qu'on l'entendait à peine.

- Je ne sais pas, soupira Dumbledore

- Qu'attend-t-il de nous ? Enchaîna Junhui, qui ne prenait pas la peine de masquer son ton tremblant.

- Je ne sais pas non plus.

Finalement tout était encore plus flou, encore plus effrayant. Nous avions déjà compris qu'une destiné étrange planait au-dessus de nos têtes, quelque-chose de trop grand pour nous. Mais même Dumbledore semblait dépassé, et ça c'était sûrement le plus terrifiant.

- Il nous reste une question.

Sur ces mots Junhui déposa une main sur mon épaule, tandis que Soonyoung tournait vers moi ses yeux frémissants. Ils avancèrent de nouveau avec moi jusqu'au livre, ce fut au tour de ma main du trouver sa place.
Des centaines de questions traversaient mon esprit, un milliard de demandes, de crainte que je voudrais éclaircir. J'avais peur de ne pas prononcer les bons mots, de gâcher notre dernière chance d'obtenir des réponses.

D'être coupable des malheurs qui pourrait s'abatte sur nous.

- Arrivera-t-on à se sauver tout les treize ? Murmurais-je.

Une phrase, une seule apparue.

Trois petit mots.

Rien de plus, rien de moins.

Je laissais tomber mon bras, n'arrivant pas à déterminer si ma question avait été la bonne, ou s'il y avait vraiment de bonne question.

Je crois, au fond, que le livre n'aurait pas pu donner d'autre réponse.

Je crois, au fond, que nous étions les seuls maîtres de notre destin.

Ce qui allait se passer ensuite, c'est nous et nous seul qui le décideront.

"Mettez vos bagues"

Voilà ce que le livre répondit. Avant de se fermer de lui-même, désirant plonger dans le silence.

Et à peine la couverture de nouveau présenté à nos regards que le sol et les murs se mirent à trembler. Junhui perdit l'équilibre et Soonyoung le rattrapa de justesse, les vielles pierres de la tour frémissaient alors qu'un affreux grondement retentissait dans tout le bâtiment.
Je cru au début que c'était les répercussions de la magie du livre, avant de comprendre que c'est tout Poudlard qui tremblait.

Une explosion venait de retentir.

Quelque-chose, un endroit du château, venait de s'effondrer.

Nos trois regards trouvèrent le directeur, qui semblait tout aussi surpris par cette secousse. Il se précipita vers le balcon, ouvrant la vitre dans un fracas assourdissant, et leva les yeux vers le ciel.

- Non... Pas maintenant, soupira-t-il, sur un ton chargé d'une sombre colère.

Fébrile, on s'apprêta à le rejoindre, mais nos pas se figèrent avant d'avoir pu atteindre le balcon. Nous avions peur de comprendre ce qui était en train de se passer, effrayé à l'idée de confirmer que le mauvais pressentiment qui me hantait depuis se matin se révélait légitime.

Dans le ciel, au dessus du château, planait un immence nuage noir à la forme singulière.

Il semblait prendre la forme d'une ténébreuse tête de mort.

- C'est la marque des Ténèbres.

Cette voix sombre, profonde, résonna derrière nous. Je me retourna vers le garçon que nous n'avions pas entendu pénétrer le haut de la tour, un jeune sorcier au visage pâle, absorbé par l'obscurité.

Un garçon qui levait sa baguette dans notre direction, dévoilant sur ses bras nus une marque similaire à celle qui ternissait le ciel.

- Les Mangemort ont réussi à pénétrer le château, lâcha-t-il, en avançant pas à pas, avec une lenteur menaçante.

J'étais tétanisé, incapable de savoir quoi faire, de comprendre ce qu'il se passait. Le regard du garçon me traversait, glacial, je ne pouvais que me raccrocher à Junhui et Soonyoung, tout aussi figé que moi.

Nous ne voulions pas croire à ce qu'il se passait.

Nous ne voulions pas croire à la seule interprétation qui apparaissait dans cette situation.

- Joshua, qu'est-ce que tu fais ? Demandais-je.

Mon ami ne répondit pas, maintenant sa baguette tendu dans notre direction. Il ne sourcillait pas, ne présentait aucun signe d'hésitation, une colère destructice brillait dans ses yeux, et je n'arrivais pas à croire qu'il nous la destinait.

Parce-que ce n'est pas à nous qu'il la destinait.

Ce n'était pas nous, qu'il menaçait.

- Ça suffit Taehyung, sors de ta cachette.

À peine eut-il lâché ses mots qu'un rire résonna à ma droite. Une exclaffe grave, éprise de folie, qui poussa Junhui à nous tirer, moi et Soonyoung, loin de l'ombre qui se dessinait à côté de nous.
Une cape d'invisibilité tomba sur le sol, révélant un corps masqué par le sort de cet habit. Un garçon souriant cruellement, baguette à la main, prêt à attaquer.

- Tu en as mit du temps à me trouver, Joshua, ria Kim Taehyung.

- Ne bouge pas, je t'interdis de toucher à qui que ce soit.

- Ne me parle pas aussi durement, je ne suis pas là pour tuer. Ce n'est après tout pas à moi qu'on a confié cette mission.

La conversation, les regard échangés par les deux garçons, j'avais l'impression d'avoir pénétré un univers parallèle. Le Taehyung sous mes yeux ne ressemblait pas au garçon que j'avais connu, il n'avait rien du joyeux gamin qui trimballait sa bonne humeur avec ses camarades de maison.
Il était différent, plus pâle, plus sombre, marqué par la cruauté, par la folie.

J'avais peur de comprendre. Je sentais Junhui trembler derrière moi, lui aussi, peu à peu, il comprenait.

Joshua, Hansol et Chan n'étaient pas les seuls Mangemorts de l'école.

Le véritable ennemi se trouvait sous nos yeux depuis le début.

- Alors, Joshua, vas-tu accomplir la volonté de notre maître en tuant Dumbledore ?

Sur cette question Taehyung avança vers notre ami, qui n'avait pas baissé sa baguette, et se plaça si prêt de lui que leurs deux auras menaçantes entraient presque en fusion.

Puis un effrayant sourire abima le visage immaculé de Joshua, alors qu'il deviait son arme vers notre directeur, resté spectateur depuis le bord du balcon.

- Tu croyais que j'allais te laisser cet honneur ? Demanda-t-il, en riant au nez du Gryffondor. J'ai été choisi par Voldemort, je suis plus puissant que tu ne le seras jamais, Kim Taehyung. Alors écarte-toi de mon chemin, et laisse-moi te montrer ce que c'est, d'être un véritable mage noir.

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