6

~Wonwoo~

Je ne me souvenais généralement pas de mes rêves, ou alors quelques brides dissimulées par ci par là, des fragments dénué de sens. Mais le rêve de cette nuit-là, en l'occurrence, je m'en souviens du début à la fin, répété en boucle, tellement de fois que je n'arrivais pas à déterminer si ça en était réellement un.

Ce rêve, ou plutôt ce cauchemar, c'est en ouvrant les yeux que je me rendis compte qu'il n'était que la vicieuse tendance de ma mémoire à rejouer une désagréable réalité.
Une attaque, des Trolls, des corps balancé de part et d'autre d'un couloir, des sorts inutiles que je lançais pourtant encore et encore. Puis le poing de cette ignoble créature dirigé vers moi, alors que je me dressais en bouclier de Mingyu, avant d'entrer dans le noir complet.

Que s'était-il passé ensuite ? Je l'ignorais, lorsque j'avais perdu connaissance les Trolls tenaient toujours debout, ce qui n'était déjà plus le cas de certain de mes camarades.
Mes yeux s'ouvrirent sur un plafond aussi blanc que l'écume, une odeur familière effleura mes narines et je ne mis pas bien longtemps à comprendre que je me tenais allongé dans un lit de l'infirmerie. Alors que le combat se rappelait à moi pour la centième fois au moins je me redressais, un geste trop brusque qui amena à mon crâne une vive douleur.

Un petit gémissement éclata sur mes lèvres tandis que je menais ma main à ma tête, découvrant un bandage enroulé autour de mes cheveux. J'avais dû prendre un sacré coup, heureusement pas assez fort pour que mes souvenirs se retrouvent embrouillé. Je me rappelais encore parfaitement de l'attaque jusqu'au choc qui avait fermé mes yeux, mais une bavarde file de questions vient s'entasser dans mon crâne déjà souffrant.
Combien de temps étais-je resté inconscient ? Comment le combat s'était-il terminé ? Mes camarades s'en étaient-ils sorti ?

Après avoir massé le haut de ma tête, cligné plusieurs fois des yeux pour m'accorder une vision nette, je levais les yeux pour confirmer que je me tenais bien dans l'infirmerie. Plusieurs autres lits aux draps dérangé entouraient le mien, vide de tout occupant.
Cinq personnes seulement occupaient la pièce, moi, Mingyu endormi dans le lit à côté du mien, son crâne également recouvert d'un bandage, Seokmin et Seungcheol inconscients un peu plus loin, et Jeonghan parfaitement éveillé au chevet de son meilleur-ami.
Celui-ci d'ailleurs avait tourné sa tête vers moi pour m'offrir un sourire accompagné d'un bref signe de main.

Confus je passais une nouvelle fois les yeux entre les murs, essayant tant bien que mal de deviner ce qu'il avait pu se passer après que je me sois évanoui. Puis la soif se rappela à moi, ainsi que mon estomac qui murmurait son vide, et je décida de me lever prendre une bouteille d'eau. Cette entreprise fut saisi de regret lorsque mon crâne cria plus encore sa souffrance, mais ma gorge fut agréablement satisfaite lorsque l'eau y glissa.

Je passais une nouvelle fois la main sur mon visage et m'en alla croiser le regard de Jeonghan, qui n'avait pas cessé de me fixer depuis que je m'étais redressé.

- On s'est fait attaqué hier, tu t'es évanoui pendant le combat et tu dors depuis... Et bien presque depuis vingt-quatre heures puisqu'il est midi. Les autres sont allez manger, Mingyu voulait veiller sur toi alors il est resté et s'est rendormi, m'expliqua-t-il.

Puis il me fit signe d'approcher en tapotant une place libre que le banc qu'il occupait.

- Viens t'assoir, t'as prit un violent coup sur la tête alors il vaut mieux éviter de faire trop d'effort pour le moment. Maintenant que tu es réveillé madame Pomfresh viendra sûrement pour t'osculter, elle avait peur que tu nous fasses un traumatisme crânien.

Je m'executa à le rejoindre, assit devant le lit d'un Seungcheol que je ne saurais dire endormi ou plongé dans un trop profond coma. À la vu du nombre de ses bandages je ne mis pas bien longtemps à comprendre que, pour lui, la fin du combat avait dû être très rude.

- Pourquoi tu n'es pas allez manger avec les autres ? Demandais-je à un Jeonghan qui coiffait, et recoiffait encore, les cheveux du Serpentard aux yeux clos.

- Parce-que je suis comme Mingyu, effrayé à l'idée de m'absenter quelques secondes et qu'il se passe quelque-chose.

À sa réponse je me contentais de hocher la tête, le regard perdu sur ses gestes délicats dans les cheveux et sur le visage de Seungcheol. Puis je laissa mes yeux voyager jusqu'à Mingyu, étalé sur son matelas, et un bref sourire chauffa mes lèvres. Je n'avais aucun mal à l'imaginer insistant pour demeurer auprès de moi, me bercer sous son attention doucereuse de tendresse, une affection dont lui seul était capable et dont je me nourrissais de plus en plus.

Plus les jours passaient et moins je me passais de ses regards amoureux.

- Comment ça s'est fini ?

Jeonghan poussa un lourd soupir avant de m'expliquer tout ce qui avait pu se passer depuis le moment où j'avais perdu connaissance. Il évoqua le courage de nos camarades à combattre, les blessures qui se dressaient petit à petit sur leurs corps, puis l'arrivé miraculeuse des professeurs alors même que seulement un Troll tenait encore debout. Il évoqua ensuite tout les soins fourni par malade Pomfresh, qui s'était épuisé à guérir tout le monde, puis l'état Seokmin qui n'était pas trop inquiétant. Et pour finir sa voix se mit à trembler alors qu'il évoquait Seungcheol, même s'il ne rentrait pas dans les détails il faudrait être idiot ou aveugle pour ne pas déceler une brûlante appréhension.

- Tu dois être épuisé, si tu as veillé sur lui toute la nuit.

Il haussa les épaules, signifiant que ça ne lui important pas de mettre en péril sa santé, et ses yeux s'en allèrent tristement caresser le visage de son meilleur-ami.

- Dors un peu, je le surveillerais pour toi, proposais-je.

De nouveau il ne répondit pas, pas même par un frêle mouvement de tête. Il semblait hésiter entre la fatigue de son corps et la détermination de son inquiétude, alors, dans un soupir et un peu surpris de mon propre geste, je mena sa tête à mon épaule.
Sans un mot Jeonghan se laissa faire, sûrement trop fatigué pour résister, et malgré son caractère obstiné il ne fallu que quelques minutes à ses paupières pour se fermer.

La pièce redevient silencieuse, bercé par le son de nos cinq souffles, endormi ou éveillé. Ma position n'était pas très confortable mais je pris sur moi pour la supporter, laisser les secondes passer et entrer petit à petit dans les méandres de l'ennui.
Je fixais la trotteuse de l'horloge murale, qui se déplaçait trop lentement à mon goût, et au bout de son treizième tour de cadran du bruit se fit de nouveau entendre. À cause de Jeonghan dont la tête reposait sur mon épaule, je ne pouvais pas me retourner, mais je n'en avais pas besoin pour savoir que Mingyu s'était éveillé et se débattait sûrement avec ses draps pour se lever.

Rapidement le Gryffondor arriva à mes côtés, me faisant cadeau d'un sourire éclatant de bonheur alors que ses lèvres murmurait: "tu es réveillé". Puis son regard tomba sur Jeonghan d'un air quelque-peu surpris, la stupéfaction face à une anomalie, avant qu'il ne prenne place sur le bout du banc, laissant la moitié de son corps pendre dans le vide.
Il me fixait avec cette même émotion dans le regard qui faisait toute sa particularité et monta sa main vers mon visage. Mais ses doigts frémissant se figèrent alors que tout juste ils effleuraient ma joue, il les éloigna brusquement en affichant une expression gêné.

- Comment tu te sens ? Demanda-t-il.

Sa voix tremblait mais je n'y fis pas tout de suite attention, croyant à une conséquence de son réveil récent.

- Bien, un peu mal à la tête mais ça va. Et toi ?

- Pareil, juste un peu mal à la tête.

Mon regard alla trouver son crâne entouré du même bandages que le mien, ainsi nous avions tout les deux l'air un peu stupide, mais étrangement bien assortie. Je sentis le coin de mes lèvres qui se relevait à cette pensée, suivit par une tombé soudaine de ce bref éclat amusé en voyant le visage de mon vis à vis qui s'éteignait peu à peu de sa joie.
Il gardait la bouche ouverte, comme pour ajouter quelque-chose, mais elle devenait de plus en plus tremblante tandis que dans ses yeux clignotait l'arrivé des larmes.
Ce fut à mon tour de lever ma main vers sa joue, n'hésitant qu'à peine à y déposer mes doigts pour cueillir la première perle humide qui traçait une voie de tristesse sur sa peau.

- Mingyu...

- J'ai eu super peur...

Il laissa son front chuter jusqu'à mon épaule, le corps secoué sous les frissons de pleurs qu'il retenait bien mal. Ma position fut alors plus inconfortable encore, parfaitement immobile et supportant les têtes de deux garçons, mais ce n'est pas ce qui me semblait le plus affreux. Non, c'est de voir Mingyu pleurer qui faisait gonfler ma poitrine au point d'y écraser mon cœur.

Plusieurs secondes passèrent durant lesquelles, en idiot pertubé que j'étais, je ne trouvais rien de mieux à faire que caresser son dos. Il sanglota quelques flots de larme, renifla plusieurs fois contre moi, avant de se redresser dans un souffle tressautant.

- Désolé, murmura-t-il en essuyant son visage.

- Ne t'excuse pas, c'est normal d'avoir eu peur.

Il afficha un petit sourire et prit une nouvelle grosse bouffé d'air, retenant ainsi les émotions visiblement intense qui le traversaient.

- C'était... Horrible, je ne veux plus jamais revivre ça. Et j'étais si impuissant, à moitié évanoui je voyais tout sans être capable de faire quoi que ce soit...sans pouvoir aider mes amis.

Sur ses mots son regard passa un instant sur Seungcheol, une grimace affligé tracé sur sa peau, avant de s'en allez observer Seokmin un peu plus loin. Il soupira tristement et, tandis que dans ses yeux de nouvelles larmes brillaient, il ajouta:

- J'ai cru que mon cœur allait s'arrêter lorsque j'ai vu le Troll te frapper, et encore pire lorsqu'il a voulu te manger.

- Il a voulu me manger ?

Son visage revient s'ancrer face au mien, suffisamment proche pour titiller les limites de ce qui devrait être acceptable. Mais je ne recula pas pour autant, d'abord parce-que Jeonghan dormait toujours sur mon épaule, mais aussi car je n'en ressentais pas vraiment l'envie.

- Ah, oui, tu étais inconscient à ce moment là. Jihoon a sauté sur le monstre pour te sauver, je ne l'aurais jamais cru capable de faire ça, dans ma tête c'était plutôt le genre de garçon à rester en retrait et réfléchir plutôt que de se jeter à corps perdu dans un combat. Enfin... Il s'est déjà battu avec Soonyoung, alors peut-être qu'il a le sang chaud finalement.

Imaginer mon camarade Serdaigle se battre contre un Troll pour me sauver me paraissait irréaliste, presque sombrement comique, néanmoins cette pensée ne fut qu'un frêle écho dans mon esprit à cet instant.
Mingyu s'était laissé contaminé par une expression plus agréable en parlant mais cette dernière retombait. Pas sous la tristesse ou l'inquiétude qui le hantait jusqu'ici, mais sous quelque-chose de plus subtile, une émotion vaporeuse qui envahissait subitement ses traits.

Et, sans même comprendre pourquoi et comment l'atmosphère se modifiait, mes joues furent picoré de petites brûlures.

- Je suis content que tu ailles bien. Tu sais Wonwoo, je...

Sa voix tremblait de nouveau, mais pas d'une pulsion de soubresaut peiné qui appelait les sanglots.
Une chose brûlante se mêlait au souffle de ses mots qui jaillissaient jusqu'à mon visage.

- Wonwoo... même si je t'ai fais une déclaration je n'attendrais jamais que tu te sentes obligé d'y répondre... Je veux juste te savoir intacte et heureux, je peux me contenter d'être ton ami, une proche connaissance si tu le souhaite, ça me rend heureux que tu sois là, que tu aille bien. Mais...

Mon cerveau peinait à comprendre pourquoi il parlait soudainement de ça, il peinait même à saisir chacun de ses mots, les vapeurs bouillantes qui s'y dégageaient. Sa main timide trouvait enfin le courage de toucher ma joue et la pression de ses doigts sur ma peau créa un effet si électrique que quelque-chose dans ma poitrine sursauta.

- Mais... est-ce que je peux te le dire encore ?

- Me dire quoi ?

C'est presque d'un ton chuchoté que ma question se posa, éjecté d'elle-même depuis ma gorge serré. Je crois que je savais déjà ce qu'il essayait de me dire, je savais déjà où mènerait cette "conversation".
Et tout mon corps se préparait déjà à acquiescer, tandis que mon cerveau avait depuis longtemps perdu la cadence des événements.

- Mes sentiment pour toi, est-ce que je peux te les dire encore une fois ?

Je ne répondis pas, ma voix de nouveau coincé au fond de ma gorge. Des sueurs froides traversèrent mon corps accompagné de frissons, tandis que mon cœur fracassait ma poitrine en hurlant son envie de fuir.
Je ne répondis pas, mais ma tête se hocha d'elle-même, porte-parole aux pulsions de mon organe vitale qui ne demandait finalement que ça, de l'entendre encore.

- Je t'aime Wonwoo.

Je voulais l'entendre encore et encore.

- Je t'aime, je t'aime tellement.

Je voulais l'entendre jusqu'à ce que la voix de Mingyu en soit usé, déchiré, épuisé.

- Je t'aime...

Je voulais qu'il m'aime, je voulais sentir son regard brûlant qu'il déposait toujours sur moi, m'accrocher à son attache obsessionnelle, voir ses sourires envahi de douceur, être pour toujours le centre de toute ses attentions.

Je voulais qu'il me le dise, encore et encore, au point que mes tympans explosent sous ses cris.

Pourtant il arrêta de parler, cessa ces "je t'aime" murmuré et se contenta de nos regards mêlés. J'avais envie de lui dire de continuer, de ne pas se taire, de me livrer ses sentiments avec toute l'intensité qui l'envahissait. Mais ma voix resta éteinte, coincé, bloqué par ses yeux similaire au plus vorace des brasier.
Des yeux qui, doucement, quittèrent les miens pour glisser sur la peau de mon visage, se figer sur mes lèvres, tremblotant d'une envie qui fit monter en moi l'angoisse oublié dans mon estomac.

Je fus pourtant toujours incapable de parler, incapable de détourner la tête, incapable de dire quoi que ce soit. Lorsqu'il s'avança, lorsqu'il déposa ses lèvres sur les miennes, je ne fis rien pour l'arrêter.

Parce-que l'entendre n'était pas suffisant, je voulais ressentir son amour jusqu'au plus profond de mes entrailles, laisser frisonner dans mon ventre les braises qui étouffaient l'angoisse, les battements d'ailes qui entraînaient mon corps à perdre la raison.

Mingyu avait déposé ses lèvres sur les miennes, Mingyu m'embrassait, Mingyu m'aimait, ces phrases et seulement ces phrases embuaient mon esprit. Des éclats de pensée déjanté que les lèvres du Gryffondor firent taire par un bref et pourtant si profond mouvement embrasé de tendresse.

Et alors que mon corps demandait à répondre, souffler dans ce baiser une participation significative d'un désir qui frémissait sur mon épiderme, il se recula subitement.

- Désolé... Je... Pardon... Je n'aurais pas dû...

Puis il se leva, manqua de tomber, et quitta la pièce à une vitesse telle que je cru pendant un instant avoir rêvé sa présence.

Ma main se leva à mon visage, mes doigts sur des lèvres chaudes et seules, tressaillante, tandis qu'une impression de vide béant se creusait en moi.

Que venait-il de se passer ?

- Ton coeur bat vite, n'est-ce pas ?

Mon corps tout entier s'était plongé dans un état tel de transcendance que la voix de Jeonghan, pourtant si douce et frêle, me ramena à la réalité dans un sursaut qui manqua de me projeter du banc. Je tournais ma tête vers le Serpentard qui s'étais doucement redressé et me servait un petit sourire fatigué.

- Pardon de... t'avoir réveillé, bafouillais-je face à son bâillement.

- Je ne dormais pas, je reposais mes yeux.

Puis il vient s'étirer, avec l'allure d'un chat bancal, en marmonnant :

- Tu devrais lui donner une réponse.

Si mes joues brillaient déjà de rougeurs alors sûrement maintenant venaient-elles de prendre feu.

- À propos de tes sentiments, cru-t-il bon d'ajouter. Son amour pour toi est fort, beau, rare... Mais il tourne à l'obsession, Mingyu va finir par se blesser.

C'est à cet instant que je remarquais mes doigts toujours déposé sur mes lèvres et laissa soudainement retomber ma main. Sur le visage de Jeonghan ne trônait plus aucun sourire, juste des traits d'un marbre sérieux qu'il plaçait face à moi, captant mon regard même si j'essayais de le détourner.
Il soupira, puis continua:

- C'est un mensonge de dire qu'il t'aime et se contente de ça, qu'il ne demande rien en retour. Il te ment et se ment à lui-même, ce genre d'amour va faire mal, très très mal, il va finir par se détruire, alors répond à sa déclaration. Que ce soit pour dire que tu l'aimes ou que tu ne l'aimes pas, quel que soit tes sentiments tu dois les dire, il en a besoin.

- Je ne sais pas quoi lui dire, je ne sais pas si j'ai des sentiments pour lui.

Ces mots échappèrent seul de mes lèvres, alors même que j'aurais préféré seulement les penser. Mais ils n'étaient que vérité, pure vérité, les émotions qui trepignaient dans mon estomac m'étaient si inconnu que j'ignorais à quoi exactement je devrais les associer.

Confier ma confusion à Jeonghan me paraissait étrange et risqué, nous n'étions pas proche lui et moi, et il avait pour réputation d'être plus source de problème que vecteur de solution. Pourtant je ne me sentais étrangement pas si mal à  l'idée de le faire, gêné oui, atrocement, mais il n'y avait pas une once de regret qui me gagnait en pensant à ce à quoi il venait d'assister. Peut-être parce-qu'il m'offrait des paroles sincères et réalistes, plaçait face à mon visage ma responsabilité dans cette histoire à laquelle Mingyu m'impliquait tout en affirmant me laisser à distance.

Ce fut à mon tour de pousser un soupir alors que, d'un air plus attendrie cette fois, Jeonghan déposa sa main sur ma poitrine saisit d'émotion.

- Ton coeur bat fort et vite n'est-ce pas ? Ça veut dire qu'il te fait de l'effet, que son baiser t'a fait ressentir quelque-chose. Ce n'est peut-être pas de l'amour, peut-être même est-ce du dégoût, ou alors juste le plaisir d'être aimé, ou même l'excitation d'un contact charnel , c'est humain de ressentir ce genre d'émotion, et tu es un humain n'est-ce pas ?

- J'imagine.

J'adorais l'idée d'être aimé de Mingyu, sentir ses regards et sa passion, mais est-ce que je l'aimais en retour ?

Il m'étais devenu précieux, je tenais à lui, mais est-ce que je l'aimais comme lui m'aimais ? Aussi étrange que ça puisse paraître, je ne m'étais jamais posé la question avant.

- Alors ne laisse pas ce grand idiot de Gryffondor se briser.

Sur ses mots le Serpentard m'offrit un tape sans grande force, cette fois accompagné d'un air frustré alors qu'il enchaînait :

- Et par Merlin, s'il te plaît réconcilie-toi avec Jihoon et Joshua ! Ils sont tout aussi nul que toi en matière d'expérience avec des êtres humains alors c'est normal qu'ils fassent des erreurs, mais ils t'apprécient beaucoup, ça se voit, tu leur manque.

Tout état volage et flottant dans mon corps retomba à la seconde où il évoqua mes camarades Serdaigle, et je sentis sur mon visage se creuser des rides de frustration.

- Si je leur manquais vraiment il serait venu me le dire, affirmais-je.

Des paroles que je savais chargé d'une lourde amertume, associé à une once de frustration, de colère et de déception. Ni Jihoon ni Joshua n'était venu vers moi depuis la dispute, pas même pour me présenter la moindre excuse. Ils me lançaient des regards insistants, certes, mais ce n'est pas avec ce genre de chose que je leur pardonnerais quoi que ce soit.

S'ils s'en voulaient vraiment alors ils auraient dû venir.

- Je te l'ai dit, ils sont tout aussi nul que toi. Vous formez un beau trio d'idiots, les élèves les plus prestigieux de notre promotion sont en réalité trois garçons qui ne comprennent rien à leurs propres émotions, votre stupidité est paradoxale à vos notes, soupira Jeonghan.

Puis, face à mon air plus renfrogné encore il lâcha un rire et approcha son visage du mien en demandant:

- Tu es vexé ?

- Oui.

Son rire augmenta, ajusté à l'irritation qui me gagnait.

- C'est normal, on est toujours vexé lorsque quelqu'un nous dit des vérités qu'on ne veut pas entendre.

Je ne voyais pas où se trouvait la vérité dans ses paroles. Ou plutôt, je ne voulais pas voir cette vérité.

Ce n'était tout de même pas à moi de faire le premier pas vers mes camarades Serdaigle, ils étaient en faute et me devaient des excuses. Si je leur manquais alors qu'ils viennent, moi ils ne me manquent pas, pas du tout.

Presque pas du tout.

- Wonwoo, je crois qu'il est grand temps pour toi d'arrêter de te contenter de la solitude. Je suis sur que tu le sais mieux que moi, ça te rend plus malheureux qu'autre-chose, tu as besoin de t'ouvrir aux autres.

- Et toi tu as besoin de dormir, et de manger, et de te brosser les dents aussi.

Ma réponse provoqua en lui un rire plus grand encore, une véritable esclaffe comme, je crois, je ne lui avais jamais entendu.

- Ça, tu vois, c'est le genre de paroles qu'on sort à un ami, ça veut dire que tu me considère comme un ami ? C'est amusant, j'aime l'idée d'être le premier vrai ami de Jeon Wonwoo.

- Tu n'es pas mon ami.

- Ça, tu vois, c'est les paroles que Seungcheol me dit tout le temps.

Il ne perdit pas son sourire mais détourna son visage du mien pour plonger son regard sur son meilleur ami. Une lumière de tristesse s'éveilla dans ses pupilles et, même si j'étais la personne la moins doué sur cette planète pour réconforter quelqu'un, je me suis dis qu'une parole stupide valait mieux qu'un silence.

- Il va se réveiller, lachais-je alors.

- Je sais, on parle de Seungcheol là.

- Et il... Je suis certain qu'il ne le pense pas quand il dit que tu n'es pas son ami.

- Tu es nul pour ça Wonwoo.

Jeonghan me jeta un bref coup d'oeil, munit d'un sourire dépité, avant de s'en retourner vers l'endormi. Des telles vapeurs de tristesse émanaient de lui que mon propre corps s'affaissait, contaminé d'une lassitude fatigué.

- Merci quand même d'essayer de me réconforter. Mais je vais te dire un secret, j'ai aucune envie d'être juste l'ami de Seungcheol, murmura le Serpentard, qui laissait doucement sa tête se reposer sur mon épaule.

- Ça c'est pas un secret, lachais-je, tout aussi bas.

- Peut-être.

Nous chuchotions comme craignant d'éveiller Seungcheol et Seokmin, ou comme pour laisser notre conversation n'être qu'une infime complicité caché entre nos voix, discrète à l'oreille des fantômes qui passeraient par là.

- Et tu as dis à Seungcheol que tu voulais être plus que son ami ?

- Non.

- C'est pas toi qui me faisais la morale sur le fait que je dois dire mes sentiments ?

- Effectivement. Fais ce que je te dis mais pas ce que je fais, comme on dit

- J'ai du mal à te comprendre.

- C'est normal, même moi je ne me comprend pas parfois.

Un sourire brisa la ligne fade de mon visage et ma tête, que la douleur laissait petit à petit en paix, se laissa doucement tomber sur celle de Jeonghan.

- Je ressens la même chose, avouais-je.

- Ça ne m'étonne pas.

Plusieurs tours de cadran furent effectué par l'aiguille agité de l'horloge, bien vingts minutes durant lesquelles nous restâmes parfaitement silencieux. Tandis que mes yeux se fermaient je laissais à mon ouï le soin d'apprécier les respirations paisible de Seokmin, Seungcheol et Jeonghan, accompagné du brouhaha lointain dans l'école. Mon esprit cherchait le calme tandis qu'une voix vicieuse au fin fond de mon crâne sifflait question sur question à propos de mes émotions et mes ressentits, ressassait sans cesse le baiser de Mingyu et se demandait où celui-ci avait bien pu courir après s'être laissé tenté par mes lèvres. S'était-il caché dans un coin de l'école, rougissant et honteux ? Ou avait-il rejoin ses amis pour se plonger dans les bras de Junhui et lui déballer tout ce qu'il s'était passé, réclamant conseils et mots rassurants ?

À cette pensée me vient celle qu'il serait agréable pour moi aussi d'avoir ce genre d'ami. Une personne vers laquelle je pourrais courir, qui m'accueillerait auprès d'elle et m'écouterait décrire les sensations tempétueuses qui animaient mon corps pour me laisser confus de mes propres sentiments.

Arrêter de se contenter de la solitude, c'est ce qu'avait dit Jeonghan.

Je n'aimais pas le fait qu'il ai raison.

J'aimais encore moins le fait que, à peine ses mots heurté contre moi, les visages de Jihoon et Joshua m'apparaissaient.

Je n'aimais pas cette envie qui grimpait à l'idée de leur demander ce qu'ils pensaient de ma situation avec Mingyu.

Mais ce qui m'était le plus désagréable à cet instant, c'est cette froide sensation de solitude qui caressait mes lèvres depuis le départ du Gryffondor.

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