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~Soonyoung~
- J'y crois pas... Dis moi que je suis dans un cauchemar, un putain de cauchemar.
Depuis cinq bonnes minutes déjà je regardais Jihoon qui tournoyait dans la pièce ronde, ses cheveux ébouriffés de ses mains et des jurons par milliers évadés depuis ses lèvres. Il devait avoir maudit Minghao et sa descendance sur au moins quinze générations, et malgré tout sa colère ne descendait pas.
Chez moi l'éclat de fureur n'avait duré que quelques secondes, avant d'être remplacé par le dépit le plus total, et une certaine forme de compréhension à l'égard de notre camarade.
Bien entendu je lui en voulais et lui ferais payer son horrible tour, mais je pouvais bien admettre que Jihoon et moi l'avions bien mérité. C'est à cause de nos disputes incessantes qu'on avançait pas dans l'exposé, Minghao finissait toujours par nous crier dessus et je n'étais pas étonné de voir qu'il nous punissait de la pire des façons.
Nous étions coincé dans le pièce secrète, enfermé et dénué de tout moyen d'évasion. Quelque-chose bloquait le passage depuis l'autre côté, de si lourd qu'il nous était impossible de le pousser depuis l'intérieur, et nos baguettes nous avaient été cruellement dérobé. Nous ne pouvions pas compter sur nos cris puisque cet endroit était totalement insonorisé, et personne n'avait encore découvert d'autres passages vers une sortie.
On se retrouvait donc complètement prit au piège, moi et la personne avec qui je m'entendais le moins dans cette école.
Quel genre de vicieux démons avais-je provoqué pour être à ce point doté de malchance ?
Depuis une heure maintenant nous patientons dans cet endroit. Après une bonne demi-heure à se rejeter la faute l'un sur l'autre, puis une autre demi-heure à chercher une solution, toujours accompagné de disputes. Désormais j'avais pris la décision de laisser mon corps dépérir sur un fauteuil en attendant qu'une âme charitable vienne à notre rescousse, tandis que Jihoon maudissait tout ce qu'on pouvait maudire chez une personne.
Dans cette pièce le seul lien avec l'extérieur restait une horloge dont le tic tac incessant ne m'avait jamais paru dérangeant, mais après une heure je ressentais l'envie d'exploser cet objet sur le sol. Minghao avait-il au moins conscience du danger que ça représentait de nous enfermer seul Jihoon et moi ? Au moindre faux pas nous étions capable de nous étrangler mutuellement avec une violence écrasante. Avait-il prévu de nous libérer après une certain temps où comptait-il nous oublier délibérément ? Je trouvais qu'une heure était déjà bien trop, j'avais compris mon erreur, maintenant je voudrais juste lever la tête et voir autre chose que ce plafond trop haut et immaculé.
Tandis que je plaignais désormais mon ventre qui grognait doucement de faim, une note de musique à la gravité foisonnante résonna dans la pièce, accompagné d'une bulle rouge. Jihoon venait de prendre place devant le piano et semblait motivé à défouler ses nerfs dans une sombre mélodie accompagné par des centaines de bulles couleur sang.
Chan nous avaient récemment fait part de la découverte sur la signification de la teinte des bulles, ainsi que ses estimations quant à l'émotion exprimé par chacune. Il soupçonnait le rouge d'être synonyme de fureur, et à voir l'invasion d'éclats similaire à du sang qui envahissaient la pièce je ne pouvais que lui donner raison. Du coin de l'oeil je perçu également quelques bulles d'un noir profond, mais je ne me souvenais plus de la signification de cette couleur.
Mon regard se perdit sur les doigts que Jihoon parcouraient que les touches, toujours aussi fasciné par la rapidité de l'action. Je reconnu la mélodie aux première secondes, une musique intense que son père avait composé il y a longtemps, qu'il appelait "Fearless". Monsieur Lee était un excellent musicien qui maîtrisait de nombreux instruments et se plaisait à créer, une passion qu'il avait transmise à son fils. Il nous jouaient toujours ses morceaux lors de repas de Noël que nos deux familles célébraient ensemble et, quand nous étions plus jeune, Jihoon et moi l'accompagnons. Lui au piano et moi en dansant.
Au souvenir de cette époque un sourire traversa mes lèvres, la mélancolie qui se reflétait sur mes traits. Parfois cette époque me manquait, celle où nous étions insouciant et heureux, deux gamins fusionnels enfermé dans une bulle de bonheur.
Les repas de Noël n'ont plus la même saveur depuis qu'on les passe chacun à un bout de la table, sans échanger ni regard ni parole.
- Tu pourrais jouer un morceau plus joyeux ?
Suite à ma demande Jihoon cessa de performer, tourna vers moi un regard toujours aussi furieux accompagné d'un rictus qui déformait son visage.
Bien sûr, face à moi ne se tenait pas le gamin insouciant et heureux de mon enfance, mais un sorcier fier et luissant de charisme qui me haïssait plus que quiconque.
- Je ne suis pas à tes ordres, cracha-t-il.
- C'était pas une ordre, juste une question.
- Et bien la réponse est non.
- T'es pas obligé d'être aussi méchant.
Sa bouche s'ouvrit pour me servir une nouvelle rangé de critique, le point de départ d'une nouvelle dispute dans laquelle je ne pourrais pas m'empêcher de me plonger. C'est toujours comme sa entre lui et moi, si l'un commençait un conflit alors l'autre sautait dedans sans réfléchir, nous étions incontrôlable.
Au final peut-être étions-nous toujours des gamins ? Je n'aimais pas cette impression, tout comme je haissais la sensation de ne jamais être capable d'ignorer Jihoon, alors même que c'est moi qui avait imposé la distance entre nous.
Étrangement aucune nouvelle reproche ne vient me trouver, j'eu beau attendre mon vis à vis resta silencieux, les lèvres entre-ouverte et les yeux brûlant. À l'intérieur j'y lu qu'un certain dilemme s'imposait à lui, et je ne comprenais pas pourquoi il se taisait soudainement.
Cherchait-il la meilleure des critiques à me sortir ? D'habitude il ne prenait jamais le temps de penser avant de me sortir une méchanceté.
- Désolé.
Même si mon corps resta immobile ce fut comme un sursaut qui souleva l'ensemble de mes organes. L'ensemble de mes pensées soufflaient que j'avais mal entendu. Pourtant il s'était exprimé suffisamment fort pour ne pas laisser place au doute.
- Désolé ? Répétais-je, abasourdi.
Le regard qu'il avait vaguement dévier de ma personne me retrouva, plus sombre encore, mais aussi teinté d'un petit quelque-chose qui m'échappait.
- Quoi ? Soupira-t-il.
- Tu... Tu texcuses de quoi au juste ?
Il soupira encore, passa une main dans ses cheveux et leva les yeux au ciel. Soudainement il ne paraissait plus aussi confiant, comme si sa fierté avait été recouverte par une anxiété qu'on voyait si peu chez lui.
Son coude tomba sur les touches du piano, créant un atroce son, et trois bulles noires s'en échappèrent.
- Je m'excuse d'être méchant.
- Mais pourquoi tu t'excuses ?
Mes questions semblèrent l'agacer, au vu des traits crispés qui se dessinaient sur son visage, mais il ne me regardait plus dans les yeux.
Je n'aimais pas ça, ne pas saisir ce qu'il se passait dans son esprit. J'aurais nettement préféré qu'il me cri dessus, au moins ça aurait été une réaction ordinaire de sa part.
- Pourquoi tu me regardes comme si j'étais louche ? Acceptes juste mes excuses et tais-toi, souffla-t-il.
- Tu t'excuses jamais d'habitude.
- Je t'ai demandé de te tai...
- Pourquoi tu es aussi bizarre ?
J'aurais sûrement dû me taire, effectivement, faire comme si rien n'était arrivé et ignorer sa présence. Mais je n'aimais pas ça, je voulais qu'il s'éloigne de moi, qu'il m'ignore et disparaisse de ma vie, je le voulais à un point que ça faisait exploser la poitrine.
Et en même temps je ne supportais pas le fait qu'on puisse terminer cette discution par un "désolé" pur et dur. Accepter ses excuses ça signifiait mettre un point final à la conversation, peut-être même à nos disputes incessantes.
Mais ces disputes c'est tout ce qu'il nous restaient, sans elles nous n'étions plus que des inconnus.
Je détestais avoir en moi des émotions et envies à ce point paradoxales.
- Pourquoi tu m'as pas laissé mourir ?
Ma question provoqua chez lui un violent sursaut et enfin il me regarda, ses yeux écarquillés d'une horreur qui me surpris.
- Quoi ?
- Pendant le match, pourquoi tu m'as sauvé ? Pourquoi tu y es venu à ce match d'ailleurs ? Wonwoo m'a dit que c'était pour me voir mais je ne peux pas y croire, ou alors tu voulais juste me voir être humilié par la défaite. Mais dans ce cas tu aurais du me laisser tomber, je ne comprend pas pourquoi tu m'as sauvé.
Ses pupilles restaient chargé de sentiment tellement ombragé que mes paroles s'étaient mué de tremblement. Je n'arrivais pas à le comprendre, je n'aimais pas ne pas pouvoir prévoir ses réactions.
- Parce-que tu crois que j'ai eu le temps d'y réfléchir ? Et, même si je l'avais fait, tu crois vraiment que j'aurais pu décider de te laisser mourir ?
Sa voix aussi tremblait, j'ignorais si cela était dû à la colère ou à une autres émotions qu'il m'était impossible de distinguer.
C'est la première fois depuis notre dispute que nous avions une conversation aussi sérieuse, yeux dans les yeux, sans que l'un de nous ne se mette à hurler. Je le sentais tout aussi déstabilisé que moi.
- Pourquoi pas ? Tu me détestes, affirmais-je, les épaules relevé dans un signe de nonchalance qui ne brillait absolument pas en moi.
À contrario ses épaules à lui s'abaissèrent, un dépit marqué qui s'alignait à la grimace désespéré qui lui tordait les traits.
- Soonyoung tu... Bon sang, comment tu peux être aussi idiot ?
- Je ne suis pas idiot !
Je haussa la voix, une vieille habitude lorsque nous "discutions" ensemble lui et moi. Et Jihoon se prit dans mon jeu, puisqu'il s'exclama à son tour:
- Tu es un idiot ! Tu ne comprend absolument rien !
- Mais comprendre quoi ?!
De nouveau ses lèvres s'ouvrirent sans qu'il ne prononce un mot, encore une fois il coupa le débat alors que celui-ci devenait venimeux. C'était la deuxième fois en quelques minutes, d'ordinaire il ne se calmait jamais aussi rapidement quand il était avec moi.
Il se plaça dos à moi, face au piano, et pour seule réponse poussa un lourd soupir en passant une nouvelle fois la main dans ses cheveux. Cette attitude ignorante ne me plaisait pas, je me levais donc pour retourner dans son champ de vision.
- Comprendre quoi ? Jihoon tu n'as pas le droit de te taire comme ça sans m'avoir expliqué ! Qu'est ce que je dois comprendre ? Lâchais-je, bien décider à me montrer plus têtu que jamais.
- Laisse tomber, c'est moi l'idiot.
Le ton de sa voix sonnait plus bas, si bas que le feu de frustration se calma quelque-peu en moi. Soudainement il paraissait s'être défait de toute confiance ou fierté, la tête baissé vers les touches du piano et des soupirs par dizaine au coin des lèvres.
Et mon cœur se serra de le voir ainsi, si faible et minuscule, alors qu'il n'aurait besoin que d'un regard pour faire taire quiconque le dérangeait.
- Pourquoi tu dis ça ?
Les tremblements grimpaient de nouveau de ma gorge, je les maudissais d'être aussi insistant à démontrer mes sentiments embrouillé.
- Je t'ai dit de laisser tomber.
- Non, explique-moi.
- Arrête d'insister ! C'est pas toi qui voulais que je reste loin de toi ? Que je ne t'adresse plus la parole ? Qui ne supportais plus ma compagnie ?
Ses mains frappèrent le piano alors qu'il se levait brusquement, laissant échapper des bulles rouges, noires et bleus. Je le dominais en taille mais son visage se peignait de nouveau de cette expression brûlante qui terrassait tout, si bien que je me sentis minuscule sous le poid de sa colère.
- Jihoon...
- Tu ne peux pas me demander de prendre mes distances pour maintenant vouloir que je me livre à toi ! Tu ne peux pas vouloir que je te parle à cœur ouvert pour expliquer à quel point je suis le plus gros des imbéciles ! Tu voulais que je m'éloigne ? Alors ok, ne nous parlons plus jamais et vivons comme si l'autre n'existait pas, comme on le fait depuis cinq ans, ça me convient très bien comme ça !
Nous nous tenions si proche l'un de l'autre que son souffre s'écrasa sur ma peau pour me heurter de chaque mot, et ses yeux lançaient tellement d'éclair que s'ils étaient magique je serais mort trop rapidement.
Croyant sûrement qu'il avait fait cessé la conversation Jihoon soupira encore, ses paupières fermé comme s'il tentait de retrouver son calme, avant de retourner s'assoir devant le piano.
Je restais debout à côté de lui, de longues secondes étendus dans le silence, les réflexions folles éteintes dans mon esprit et le coeur serré.
Comment en étions-nous arriver là ?
- Tu ne l'as jamais fait, murmurais-je.
- Hein ?
- Vivre comme si je n'existais pas.
Je sentais ses yeux de nouveau sur moi mais je ne le regardais pas en retour, mon regard divaguait sur les longues et hautes étagères abritées par cette pièce secrète.
- Pourquoi est-ce que tu n'as fait que me suivre pendant ces cinq dernières années ? Pourquoi tu ne faisais que venir me voir pour être si méchant alors que je demandais juste... À être tranquille, enchainais-je, la voix trop basse pour qu'elle ne se casse pas.
- Parce-que je suis un idiot.
Sous le poid de son murmure Jihoon pressa une touche du piano, et une bulle bleu s'envola.
- Je ne comprend toujours pas, avouais-je.
- C'est mieux comme ça.
Le bleu c'était la couleur de la tristesse, pas de doute là-dessus, cette bulle flottait en portant sur elle l'émotion la plus présente dans le coeur de son ami d'enfance. Jihoon gardait le visage tourné vers le piano, fermé et pourtant transpirant d'émotion, et quelque-chose dans cette vision me poussa à soupirer à mon tour.
Jusqu'à quand allons-nous continuer à agir comme des imbéciles ?
Sur cette pensée je pris place à côté de lui, appuya à mon tour sur une touche et ne fut pas étonné de constater le bleu qui s'éleva.
- Jihoon, tu ne crois pas qu'on devrait profiter de ce moment pour essayer de se parler ? On a jamais prit le temps de s'expliquer après la dispute mais... Je pense qu'en cinq ans on a tout les deux eu le temps de cogiter.
Il ne répondit pas, ne me regarda pas, et je décida d'ignorer ce manque de réaction. Je concentrais mon attention que nos deux bulles d'une même teinte qui flottaient ensemble, puis décidais de laisser échapper toute les paroles que je n'avais jamais pu prononcer.
- Je suis désolé pour ce que je t'ai dit ce jour-là, j'étais un gamin égoïste qui cherchait une cause à tout ses problèmes mais... Je n'aurais jamais dû te prendre pour cible. Certes, ça me faisait mal d'être toujours comparé à toi, mais tu ne m'as jamais rabaissé. En prenant du recul je me rend même compte que... En fait tu n'as jamais cessé de m'encourager. J'étais stupide et je t'ai blessé... À l'époque je me sentais juste si seul et perdu, je ne supportais plus d'être moi. Mais c'est sur mon reflet que j'aurais du cracher toute ma colère, pas sur toi.
À la suite de mon discours le silence seul se laissa entendre, sur des secondes qui se transformèrent bientôt en minute. Les bulles eurent le temps d'éclater, l'horloge de faire résonner de trop nombeux tic tac que je ne comptais plus, avant qu'un nouveau murmure ne s'élève depuis les lèvres pincés de Jihoon:
- Ma chanson, "Smile flower"... Je l'avais écrite pour toi.
Un battement se laissa oublier dans ma poitrine alors qu'en tête me revinrent la mélodie et les paroles de cette chanson, ainsi que les larmes qui avaient parsemé mon visage la première fois où je l'avais entendu.
Mais je n'eu pas le temps de laisser cours à mes réflexions et aux questions qui s'y accrochaient, que Jihoon enchaînait déjà:
- C'est pour ça que je suis un idiot, j'ai été incapable de rester loin de toi même si je l'aurais voulu. Je culpabilisais tellement, j'ai eu des centaines d'occasions de me déclarer mais je retardais toujours le moment et ça a tout gâché... Je me disais toujours que notre lien était indestructible et que je t'aimais plus que quiconque mais... Au final je n'ai même pas bien pris soin de toi... j'ai tout gâché.
Son timbre brisé me heurta plus profondément encore que sa colère plus tôt, en moi le brouillard se fit discret et ne laissa place qu'à une seule pensée, celle qui se répétait et se répétait en boucle sans que je ne puisse y croire.
- Tu étais...
- J'étais amoureux de toi.
Jihoon avoua avec un tel détachement que je cru mal comprendre, pourtant rien ne laissait penser à une autre possibilité. Son discours, les paroles de sa chanson, notre relation d'autrefois, sa manière d'agir avec moi, qu'il en soit autrement c'est ça qui aurait été étonnant.
Évidemment qu'il m'avait aimé, quand j'y repensais ça paraissait logique, j'étais un imbécile de ne pas l'avoir compris avant.
- Je ne savais pas, avouais-je.
- Bien sur que non, t'as toujours été stupidement aveugle.
Enfin un sourire perça ses lèvres à cette déclaration, la pointe d'une nostalgie moqueur qui réchauffait ma poitrine ébranlé.
- Et tu... M'aimes encore ? Demandais-je, hésitant.
Il vient ancrer son regard dans le mien, toujours accompagné d'une petite pointe moqueuse, mais qui se laissait submergé par la tristesse.
- Je ne sais pas, j'ai l'impression de te détester tellement que... Au final je sais même plus.
Ma tête se hocha par automatisme, avec les années et les disputes incessantes il aurait été surprenant que ses sentiments demeurent intact. Malgré tout je sentais un frisson de déception que je tentais d'ignorer en vain.
Jihoon laissa de nouveau ses doigts parcourir les touches du piano, des bulles bleus s'élevèrent encore, accompagné de violet et de rose. À cet instant j'aimerais plus que tout connaître la signification de ces couleurs, j'aurais dû être plus attentif quand Chan nous faisait part de ses suppositions.
- Soonyoung... si autrefois je m'étais déclaré, tu aurais répondu quoi ?
- J'aurais répondu que moi aussi.
Ma réponse instantané nous surpris tout autant l'un que l'autre, puisque nos regards se croisèrent chargé de lueur étonné. Puis des sourires gênés firent leurs apparitions, accompagné de rires nerveux.
Les bulles bleus et violettes se firent moins nombreuse, laissant place au rose comme couleur dominante.
- En le pensant vraiment ou pour me faire plaisir ? Enchaîna-t-il.
Je pris le temps d'y réfléchir sérieusement, le regard perdu sur cette douce teinte qui envahissait la pièce. On aurait dit que des centaines de barbe à papa dansaient dans l'air, ça m'émerveillait autant que ça réveillait mon ventre affamé.
- Ni l'un ni l'autre... Ça aurait été une réponse instinctive.
- Cette fois c'est à mon tour de ne pas comprendre, avoua Jihoon, toujours accompagné de son rire nerveux.
Les bulles bleus et violettes disparurent pour de bon, et du vert fit son apparition. Cette couleur en l'occurrence je me souvenais de sa signification, elle était synonyme d'un sentiment de sérénité.
- Si tu m'avais dit que tu m'aimais j'aurais répondu que moi aussi, parce que ça m'aurait semblé évident. Je n'y aurai pas réfléchi... à l'époque j'étais persuadé que nous passerions notre vie ensemble, sans que quiconque ne puisse s'y immiscer.
Jihoon hocha la tête, ça nous paraissait aussi évident l'un qu'à l'autre.
- Donc, si je m'étais déclaré on serait sorti ensemble.
- Il semblerait.
- On s'est manqué de peu.
Des sourires dépités brillèrent sur nos deux visages, un si petit élément aurait pu changer tellement de chose. S'il avait trouvé le courage de me dire qu'il m'aimait, ou si j'avais été un peu moins aveugle, alors peut-être que nous n'aurions pas terminé ainsi.
- Il faut croire qu'on est aussi idiot l'un que l'autre.
On aurait dit que tout se terminait ainsi, que nous posions un point final à notre Histoire après avoir discuté comme jamais nous n'avions eu l'occasion de le faire. Notre dispute avait laissé un goût d'inachevé sur chaque langue, désormais que les excuses et sentiments étaient mit au clair nous pouvions chacun continuer notre route sans penser à ce qu'on avait manqué, à cette relation que nous avions gâché.
Mais en même temps une sensation étrange me traversait, comme si quelque-chose de neuf voyait le jour, l'éclat d'un renouveau et, peut-être, de la seconde chance.
À cet instant nous pourrions chacun décider de reprendre notre route, de se séparer dans un sourire et de conserver de notre relation les beaux souvenirs. Mais au final ils me manquaient trop, ces souvenirs, et voir les doigts de Jihoon qui se mouvaient sur les touches du piano poussait mon corps à attraper ce lien que je sentais flottant entre nous.
Je ressentais l'envie folle de me lever, de fermer les yeux, puis laisser mes membres être transporté par la musique. De faire de la danse mon langage, cette vieille amie que je rencontrais trop peu à mon goût et dont chaque cellule de mon corps manquait. Un sourire étira mon visage alors que je m'imaginais tournoyer, encore et encore, porté par la mélodie ainsi que par les yeux de Jihoon, l'auteur de ma compagne musicale.
Autrefois c'est ainsi qu'on fonctionnait, il distribuait les notes et je les saisissais dans une valse, nous revions ensemble d'une vie d'artiste dans laquelle nous pourrions performer sur scène. Des songes de gamins euphoriques, peu réalisable, mais qui berçaient parfois mes pensées. Peut-être que si nous ne nous étions pas disputé alors ce rêve ferait-il encore partie de nos discutions, mais cet écart que nous avions creusé l'etouffait depuis trop longtemps.
Jihoon et moi on s'était, comme il l'avait si bien dit, manqué de peu. Mais peut-être pourrions-nous nous retrouver ? Pas besoin d'être aussi fusionnel qu'auparavant, au moins dans le cadre d'une relation quelque-peu amicale.
Après tout nous savions mieux que quiconque à quel point les sentiments se perdaient dans des rondes changeantes, il n'y avait pas plus étrange créature qu'un humain face à ses émotions.
Sur cette pensée une idée surgit dans mon esprit, et je me tournais si brusquement vers Jihoon qu'il figea ses doigts sur les touches, le regard curieux sur moi.
- Je me disais... Les sorciers ne peuvent-ils pas être considéré comme des créatures magiques intéressantes pour un exposé ?
Les sourcils de mon vis à vis se froncèrent, le signe d'une réflexion qui flirtait avec le mécanisme de ses pensées, avant qu'une lueur épaté ne prenne place sur son visage.
- Sors un cahier et un crayon, on a du travail ! S'exclama-t-il.
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