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~Soonyoung~
- Un éléphant ! Une sauterelle ! Un dragon ! Le professeur Rogue ! Un centaure ! Un...un... Un chien ?
Jeonghan gesticulait dans tout les sens, les bras élevé au-dessus de sa tête et le visage tordu sous une violente grimace. Cette expression prenait-elle part à l'imitation ? Ou était-il en pleine perte de contrôle de son calme légendaire ? La seconde option me semblait plus qu'approprié, malgré son travail acharné aucun de ses coéquipiers ne comprenaient le sens de ses mimes.
Se perdant au milieu de réponses de moins en moins lucide, Seungcheol semblait clamer tout les mots qui lui venaient à l'esprit, sans réellement réfléchir à les accorder aux imitations de son meilleur ami. Quant à Chan, et bien, le pauvre ne paraissait pas grandement intéressé par le jeu, ayant été quelque peu forcé à y participer.
Leur équipe était celle que je craignais le plus au départ de la partie, finalement ils se révélaient extraordinairement nul.
- Mais bon sang c'est un Phoenix ! Comment tu peux être aussi stupide Seungcheol ?! Et toi Chan, met-y un peu du tient s'il te plaît !
Un sourire amusé étira mes lèvres, il fallait en faire beaucoup pour épuiser la patience de Jeonghan, et ses deux coéquipier s'y employaient avec succès.
- Votre temps est écoulé ! S'exclama Seokmin, qui voyait le sablier créé par sa magie épuisé le dernier de ses grains de sable.
Je m'affalais contre l'épaule de Seunghwan, retenant un rire alors que Jeonghan se mettait sans scrupule à frapper notre bon vieux Seungcheol en le traitant d'imbécile. Chan se recula un peu du duo, craignant sûrement de vivre le même sort de la part d'un aîné furax à l'idée de perdre.
- Ça fait 1 pour vous, 7 pour nous et 9 pour l'équipe de Soonyoung, Seunghwan et Hansol, affirma Minghao, qui retranscrivait les points sur un tableau créé de toute pièce par le bout magique de sa baguette.
- Hein ? Non non, nous on a 6 point !
Jeonghan afficha un air offusqué, sans cessé de frapper son meilleur ami qui, certainement par lassitude, ne semblait pas enclin à riposter.
- Les 5 point que tu a obtenu en trichant ne compte pas, je clamais, avec un sourire mauvais pour mon camarade Serpentard.
- Triché ? Moi ? Voyons Soonyoung, on sait tous ici que je suis le plus gentil des anges.
- Permet-moi d'en douter, intervient Seungcheol, en repoussant doucement la main de son coéquipier.
Ce dernier posa sur lui des yeux sombres, plein de reproche, avant de se détourner et glisser vers Chan qui, malheureusement, n'eu pas une réaction assez rapide et se retrouva coincé entre les bras de son aîné.
- C'est à votre tour, siffla Seokmin en direction de notre groupe.
Mes sourcils se issèrent face au sourire sympathique qu'il nous servait, et qui ne semblait pas destiné à Hansol seulement. Ce Poufsouffle était bizarre, avec son visage joyeux et la lueur bienveillante de ses yeux. Pourquoi ne pouvait-il pas juste faire comme ses amis ? Junhui et Minghao, ne posaient sur Seungkwan et moi que des regard luisant de dégoût.
Seokmin me perturbait, son air innocent et gentil cachait un truc, cette idée prenait de plus ne plus de place dans mon esprit.
Le jeu de Jeonghan, il l'avait accepté trop rapidement. Était-il au moins conscient que ses amis n'avaient, au départ, pas la moindre envie de s'amuser avec des Serpentard ? Tandis que Junhui, Minghao, Hansol et Mingyu semblaient réticent, lui s'était extasié avec entrain, comme si la perspective qu'on puisse jouer tous ensemble le rendait incommensurablement heureux.
Enfin, peut-être que je devais me faire des idées. À force de me faire écraser sous les regards haineux et méfiant de mes camarades me voilà devenu parano, même plus capable d'accepter une marque bienveillante.
Seokmin était juste un imbécile heureux, je devais rentrer ça dans mon crâne bouillonnant, l'assimiler parmi mes pensées retournées.
- Va y Soonyoung, c'est à ton tour.
Seungkwan poussa sur mon dos, me forçant à quitter son épaule et, surtout, à me lever pour enchaîner les imitations hasardeuses.
Une crispation gagna mes traits, n'ayant aucune envie de me donner en spectacle devant toute ces personnes.
Encore moins devant Jihoon qui, depuis sa pile de livre à trier, me lançait de furtives oeillades moqueuses.
- Je suis nul en mime, l'un de vous deux devrait le faire, murmurais-je avec un sourire désolé pour mes coéquipiers.
- Hansol et moi on l'a déjà fait, c'est à ton tour de te ridiculiser.
Sans me laisser d'autre voix de protestations, Seunghwan me poussa plus violemment et je n'eu d'autre choix que de me lever en ronchonnant. Mon ami me fixait avec une fierté et un impatience non dissimulé, qui lui valu un sourcillement désagréable de ma part.
Cet idiot semblait joyeux aujourd'hui, aussi étonnant soit-il cette vision faisait grandir une pointe de soulagement en moi.
Depuis quelques-jours je le sentais de plus en plus effacé, de moins en moins enclin à sourire et presque éteint. Je n'étais pas sans savoir que les commentaires que l'on recevait à longueur de journée, nous insultant, nous traitant de mange-mort ou de meurtrier, pesait dur sur son moral.
Seungkwan jouait les petites fouines bavardes et joyeuse, mais il dissimulait bien mal la fragilité qui le hantait. Moi je combattais la haine par la colère, lui se laissait écraser sous le mal-être.
Je n'avais jamais été un bon ami, je n'avais jamais su être prévenant et sympathique, alors le réconforter ne faisait clairement pas partie de mes compétences.
Prit d'un soupir, je devia mon regard sur le second de mes coéquipiers, Vernon Hansol.
En voilà un autre Poufsouffle bizarre, qui s'était volontiers proposé comme membre de notre équipe, malgré les protestations de ses amis. Il l'avait fait dans un sourire poli dans notre direction, une attitude généreuse et en même temps un peu nuageuse.
Hansol, c'était juste un gars étrange et stupide, comme tout les sorciers de sa maison, à qui je ne prêtais pas vraiment attention. Avec un regard vaporeux, un sourires et des réactions faciles, pourtant bien silencieux, un garçon à priori sans intérêt. En 6 ans je ne lui avais jamais adressé la parole et, d'après mes souvenirs, Seungkwan non plus.
Pourtant, mon unique ami et ce coéquipier insoupçonné se complétaient en une plutôt bonne équipe, voir très bonne même, quitte à m'exclure de leur jeu et stratégie commune. Quand l'un mimait, l'autre degainait une bonne réponse, et vice versa, alors que mon cerveau restait à la traîne.
Une impression bien perturbante me gagnait à la vision de ce duo qui, pourtant, ne se parlait même pas. Ils me tenaient l'un à côté de l'autre, observaient le jeu, s'y acclimataient lorsque notre tour venait, mais n'échangeaient pas une seule parole si ce n'est pour dévoiler une réponse.
Et ils m'excluaient, sans vraiment s'en rendre compte, par leur exprit d'équipe complémentaire.
Depuis quand Seungkwan avait-il d'autre ami que moi ? Depuis quand cet autre ami était Hansol ? Depuis quand avaient-ils commencé à se fréquenter ? Se fréquentaient-ils réellement d'ailleurs ?
Ils semblaient deux inconnus, de part leur attitudes et leurs silence, et en même temps des proches connaissance plongé dans une bulle de sentiment communs.
Mes réflexions stagnaient, la situation me semblait étrange et incompréhensible, et personne ne donnait l'impression de partager ma perplexité. Il me fallait questionner Seungkwan, rapidement, très rapidement.
En attendant il me fallait jouer, tout en m'efforcant de ne pas paraître ridicule.
Le regard de mes coéquipiers sur moi se faisait vif et motivé, ainsi je me voyais mal offrir un performance pitoyable qui nous ferais perdre notre petite avance de point. J'offris un signe de tête à Seokmin, pour qu'il enclenche le sablier, et me préparais à miner.
La folie de yeux qui se posaient sur moi me mettait franchement mal à l'aise, surtout quand je savais le peu de bienveillance qu'on me fournissaient.
Et puis il y avait Jihoon qui, dans son coin, avait cessé tout mouvement pour m'observer sans discrétion. Il souriait, bien décidé à se moquer en cas de mouvement gênant.
Me concentrer sur mes coéquipiers, seuls leurs yeux comptaient, personne d'autre ne devait divertir mes pensées.
Surtout pas Lee Jihoon.
- C'est partie !
Incité par l'exclamation de Seokmin, je commençais à gesticuler, les idées d'éléments à faire deviner se bousculant dans ma tête. Je ne réfléchissais pas, imitait juste, expliquait avec des gestes, des expressions faciales, des petites exclamations qui m'échappaient parfois sans prévenir. Hansol et Seungkwan enchaînaient les bonnes réponses, élevant notre nombre de point sous les visages hébété de nos camarades.
Une fierté non dissimulé gagnait mes traits. J'avais bien mentit en prétendant ne pas être doué en mime, quand les mouvements du corps rentraient en question dans un jeu il n'y avait meilleur joueur que Kwon Soonyoung.
Avec cette performance j'assurais la victoire à mon équipe, et tout le monde en prenait conscience. Surtout mes coéquipiers, dont les visages disparaissaient derrière de grands et éblouissants sourires.
Il n'y avait qu'une seule ombre au tableau. Une petite, toute petite, Ombre, qui prenait pourtant de plus en plus de place dans mon esprit.
Qui gonflait par dessus mes pensées, m'empêchait de réfléchir, parasitait ma performance.
Lee Jihoon.
Cet imbécile me fixait toujours, un sourire moqueur sur les lèvres et des lueurs hautaines dans les yeux. Il me dévisageait comme s'il avait face à lui un être parfaitement ridicule, de qui il ne se gênerait pas de rire aux éclat. Je le voyais par moment qui lâchait une parole à Joshua, sûrement une moquerie à mon égard, et mon sang bouillonnait.
Il n'en avait pas marre de faire ça ? De me gâcher la vie qu'importe ou je me trouvais ? Qu'importe ce que je faisais ?
Moi je voulais juste être tranquille, l'ignorer, le haïr seul dans mon coin, souffrir en silence et hors de sa vu. Pourquoi fallait-il qu'il soit aussi collant ?
Pour une personne qui affirmait me détester, je le trouvais bien trop intrusif dans mon existence.
Prit d'une pointe de colère, que je refusais de faire exploser en criant, je décidais de le prendre à son propre jeu.
Il voulait rire ? Très bien, on allait rire. Si se moquer était sa distraction préféré alors elle serait la mienne aussi.
Alors que je me stoppais dans mon élan de mime instantané, surprenant l'assemblé, je tournais ma tête vers lui et afficha un grand sourire.
Il abaissa ses sourcils, comprenant que je m'apprêtais à le provoquer, et commença à se crisper quand je débutais mon imitation.
S'il y avait bien une chose que Jihoon détestait, une chose qui le faisait enragé au point de perdre toute son attitude calme et supérieur, c'est bien qu'on lui fasse remarquer sa taille très peu avantageuse.
Je le savais mieux que quiconque, puisque quand nous étions enfant j'étais le premier à défendre son intérêt lorsque nos camarades de classe se moquaient de lui.
Bien sûr ça remontait à longtemps, bien avant la cassure de notre amitié.
Bien avant que je prenne conscience de la rancœur qui grandissait en moi, et dont il était le seul coupable.
C'était à l'époque des deux gamins inséparable, qui se tenaient par la main, ne possédaient pas le moindre secret l'un pour l'autre, grandissaient et comprenaient le monde ensemble. Deux gamins qui s'aimaient indéniablement, trop peut-être, et ne prenaient pas assez conscience de l'étroitesse de leurs sentiments. Deux gamins qui n'arrivent plus à se regarder avec amour, qui se crachent dessus, se provoquent, s'insultent, ne sont plus capable de voir autre chose que de la rancœur.
Deux gamins qui ont vu leur amitié se briser sous leurs yeux, impuissant.
Ce n'est pas à cause de Poudlard, ni même de notre séparation, de nos maisons différentes, de nos camarades et fréquentations... Ça ce sont seulement les excuses de notre mauvaise foi.
C'est des années de non-dit, d'une tendance aveugle, de remarques ignorées, de comparaisons insensé, d'un piège qui se refermait sur nous... C'est ça qui m'a étouffé, qui a fait grandir ma haine.
C'est moi, Kwon Soonyoung, et lui, Lee Jihoon. C'est nous qui avions tout brisé.
Lui, parce-qu'il m'a enfermé.
Moi, parce-que j'avais peur.
- Tu es mort, Kwon Soonyoung !
Je me fige alors que Jihoon accourt vers moi, rouge de colère et les doigts frémissant sur la baguette dans sa poche. Comme prévu mon mine le faisait enragé, puisque je l'avais imité, lui, en le décrivant comme une toute petite chose. Et il l'avait parfaitement compris, puisque l'un comme l'autre nous nous connaissions toujours sur le bout des doigts.
Ma main se porte automatiquement vers la poche de mon uniforme où se trouve ma baguette, et je déglutis en la sentant absente. Sûrement l'avais-je laissé dans ma cape, enlevé afin d'avoir une meilleure souplesse de jeu. Je fis un pas en arrière, soudainement moins confiant alors que je constatais toute la colère et la déception dans les yeux de mon ancien ami.
Si Jihoon veut me tuer, là, tout de suite, il n'aurait aucun mal à le faire.
Heureusement, avant que le Serdaigle n'ait le temps de dégainer sa baguette pour jeter sur moi un douloureux sort, Seungcheol s'interpose soudainement entre nous deux. Mon camarade Serpentard attrapa Jihoon et bloqua son avancé, sans grand mal en vu de sa carrure musclé.
- Calme-toi Jihoon ! Tu n'as pas envie d'être puni davantage ?!
Autour de nous tout le monde se leva, surpris, déconcerté et confus, ne s'attendant sûrement pas à une telle tournure des événements.
Lee Jihoon qui perd son calme, c'était pas une scène qu'on voyait tout les jours, tout comme l'intervention de Seungcheol, qui habituellement se mêlait peu de ce qui ne le concernait pas directement.
Je reculais encore d'un pas, la poitrine soudainement serré et la mâchoire crispé. Le Serdaigle me fixait toujours, bien qu'il ne soit plus motivé à me sauter dessus. Je décelais plus que de la déception dans son regard, un brouillard d'émotion qui allait au-delà de la colère, plus profond qu'une simple rancœur.
Une pointe de regret picora ma gorge, et je m'insultais intérieurement de ressentir ça.
Jihoon ne valait pas le coup, il n'y a rien que je lui dois, plus une once d'affection pour lui.
Pas une seule.
C'est ce que je dois me répéter, pour éviter de défaillir sous ses yeux chargé de reproche.
- C'est vrai, une bagarre ne fera qu'empirer une punition déjà bien chiante. Jihoon, si tu veux vraiment te venger alors viens jouer avec nous, et met une raclé à Soonyoung.
Cette intervention ne pouvait avoir comme auteur que Jeonghan, dans toute sa splendeur. De tous il était bien le seul dont le visage fleurissait d'un sourire, alors qu'il nous offrait des regard faussement complice, à moi et Jihoon.
Une exclamation grognante se perdit dans ma gorge, puisque je pensais cet idiot en train d'aggraver l'atmosphère déjà asphyxié de tensions. Pourtant, aussi surprenant soit-il, sa proposition fit soudainement pesé un poids de détente sur tout les corps de mes camarades.
Même Jihoon, que Seungcheol relâchait avec précaution, me parut soudainement bien moins virulent. Toute lueur de sentiment négatif qui eu heurté ses pupilles s'éteignit, laissant place à une mine determiné alors qu'il clamait:
- Ramène-toi Joshua, on participe à ce stupide jeu nous aussi.
Le Serdaigle interpellé poussa un soupir théâtrale en lâchant les livres qu'il avait en main, visiblement ennuyé et pourtant enclin à se soustraire au caprice de son ami.
- Il faut être trois par équipe, précisa Jeonghan, d'un sifflement malicieux.
Après un bref haussement de sourcil dédaigneux, Jihoon porta son regard sur les longues silhouettes de Mingyu et Wonwoo. Les deux se tenaient près d'une étagère, qu'ils rangeaient visiblement ensemble, et ne prononcèrent pas un mot alors que tout le monde les fixait désormais, évaluant lequel des deux serait le moins pire des participant.
Entre un grand maladroit qui ne savait pas faire un pas devant l'autre et une plante verte incapable de parler, le choix se révélait complexe.
- Mingyu et Wonwoo compteront comme un seul joueur, j'ose espéré ne pas avoir à expliquer pourquoi ? Finit par annoncé Jihoon.
Effectivement, personne ne trouva rien à redire.
Et alors que mon cerveau n'était plus qu'un bouillon d'incompréhension, la partie s'enchaîna avec désormais 13 participant. Silencieux et perturbé, je reviens m'asseoir auprès de mes coéquipiers, alors que Jihoon motivait les siens à gagner ce jeu coûte que coûte.
Il me jetais de nombreuses oeillades bouillonnante de défis que, dans un premier temps, je penais à lui renvoyer. L'intégralité de mon corps semblait s'être mit en pause, excepté mon cœur, qui bat et bat encore, fort, beaucoup trop fort.
Ça ne va pas.
Perdu face à une situation qui échappait à mon analyse, un retournement qui frayait une mauvaise nausée en moi, je sentis de désagréable fourmillement qui grimpe dans mon estomac.
Ça ne va pas du tout.
La haine grandis, elle est pourtant là depuis longtemps, et je n'arrive pas à la dégager.
Je suis énervé, énervé contre moi-même.
Et j'ai envie de me gifler, de me secouer, de me hurler dessus, alors que je ne parviens plus à quitter Jihoon des yeux.
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