5
~Soonyoung~
Seungkwan me parlait des dernières rumeurs qui couraient au sein de notre maison, et je ne l'écoutais que d'une oreille distraite. Pas qu'il ne m'intéressait pas, j'étais au contraire le premier passionné de voir à quel point ce garçon pouvait être bien informé, mais à cette heure-ci mon attention se portait sur une toute autre chose.
Je regardais la vieille montre qui ornait mon poignet et une goûtte de sueur perla dans mon cou.
C'était bientôt l'heure des courriers.
Et je priais, comme toute les fois, pour que ma mère n'ait pas la sordide idée de m'envoyer une lettre.
Car cette future lettre que je lui devinais, si quelqu'un tombait dessus j'étais foutu.
- Tiens, regarde Soonyoung, Kim Mingyu est en train de courir. Ça annonce une nouvelle catastrophe.
Je suivis le regard de mon ami et constata que le plus stupide Gryffondor jamais créé s'élançait effectivement vers la sortie de la grande pièce. Étrangement il ne tomba pas, c'était une première.
- Je suis sur qu'il va rejoindre Jeon Wonwoo, il en pince pour lui, ça se voit comme une pustule au milieu du front d'un troll.
- Tout le monde sait ça Seungkwan, je soupirais, les yeux furtivement tourné vers la fenêtre.
- Je sais, j'aime juste me le rappeler de temps en temps. Je le trouve pathétique, à aimer quelqu'un qui n'en a rien à foutre de lui.
- Ouais, pathétique.
Seungkwan sembla constater mon air absent et perturbé, puisqu'il se rapprocha de moi et zieuta à son tour les vitres élevées.
- Pourquoi tu regardes dehors comme ça ? Tu as vu quelque-chose ?
- Hum, non je... C'est bientôt l'heure du courrier.
- Oh, tu attends une lettre ?
- Ouais, enfin non, mais il va sûrement y en avoir une, j'imagine.
- Je ne comprend pas bien.
- Laisse tomber.
Je baissais les yeux, c'est pas en me stressant ainsi que j'allais arranger ma situation. Il fallait que je pense à autre chose, là tout de suite.
Avec un air lasse j'observais les tables qui me faisaient face, sur lesquelles les élèves de plusieurs maisons et âge terminaient doucement leurs repas. Je captais plusieurs regard posé sur moi, parfois furtif et d'autre plus insistant, et grognais sans vraiment m'en rendre compte.
Tout ces imbéciles n'avaient pas mieux à faire que de m'épier comme ça ? Si je le pouvais je leur arracherais un à un les yeux.
- Toi t'es de mauvais poil aujourd'hui, souffla Seungkwan avec un petit sourire amusé, tout en se servant sans gêne dans mon assiette.
- Non, tu crois ?
Je posais ma question sur un ton sarcastique, bien que je ne sois pas d'humeur à rire. Toute cette histoire ça commençait à m'agacer, tout comme les regards empli de haine qu'on me lançait à longueur de journée.
Depuis ma première année déjà je m'étais forgé une sacrée réputation. Mes premiers amis furent des élèves plus vieux de Serpentard, qui avaient vu en moi un sorcier intéressant grâce à mes antécédents familiaux, et avec qui je faisais les quatre-cent coups, sans me soucier du mal que je pouvais orchestrer autour de moi. Plusieurs élèves en étaient rapidement venu à me détester, alors qu'au sein de ma propre maison c'est avec respect qu'on me regardait.
Un harceleur, voilà l'étiquette qui s'était vite accroché à mon front, m'associant à la réputation de mes amis de l'époque. Aujourd'hui toute cette bande avait été diplômé et je me retrouvais le seul rescapé. En plus de Seungkwan qui, en l'occurrence, ne s'était jamais réellement mêlé à nos conneries d'adolescents. Il restait en arrière et le collait, comme nous partagions la même chambre il s'était rapidement mit en tête de devenir mon ami.
Tout le monde connaissait Kwon Soonyoung comme le cancre cruel de l'école, et nombreux était ceux qui ne me portait pas dans leur cœur.
Bien entendu je m'en fichais pas mal, les gens pouvaient penser ce qu'il voulait ça ne m'atteignait pas. Au moins je faisais partie du camp des forts, pas comme ceux qui se recroquevillaient en me voyant.
Mais voilà que, à cause de la mort d'un certain Gryffondor, ma réputation s'était vu dégrader à un point non imaginable.
À leur yeux j'étais devenu un assassin, même quelques Serpentard, qui auparavant me respectaient, croyaient à cette rumeur infondée.
Mes camarades me prenaient pour un tueur, tout ça parce que mes parents étaient autrefois adeptes de magie noire. Aucune preuve ne m'accablait hormis le fait que, comme l'ensemble des sixièmes années, je ne pouvais prouver mon innocence par l'alibi d'un cours.
Et personne ne pouvait confirmer l'endroit où je me trouvais au moment du meurtre, puisque j'étais seul.
J'affrontais donc les affreux regards plein de rancœur qu'on me lançait, les chuchotements quand je passais, les insultes qui m'aggressaient, et les vicieuses bousculades de temps à autre. C'est avec amertume que je jugeais cette situation comme le sombre revers de la médaille.
Me voilà presque à la place d'un harcelé, n'était-ce pas ironique ?
- Depuis quelques-jours déjà tu es ronchon, puis tout à l'heure j'ai bien cru que tu allais frapper Jihoon. Ça te ressemble pas, des excès de violence comme ça.
- Ah oui ? Pourtant je suis quelqu'un de violent, je suis le grand méchant Soonyoung, tu te souviens ? je répondis en dévisageant Seungkwan.
Les traits de ce dernier se muèrent en un sourire que je jugeais de narquois, vicieux et moqueur. Il haussa les sourcils, alors que j'abaissais les miens d'agacement.
- Ah oui tu es méchant, très méchant, t'es même un con. Mais si il y a bien une chose que tu n'es pas c'est violent, jamais tu ne serais capable de frapper qui que ce soit.
- Qu'est-ce-que tu en sais ? J'allais frapper Jihoon tout à l'heure, je grognais.
- Mais Jihoon c'est différent, je ne serais pas étonné de vous voir vous battre un jour de nouveau. Je parirais sur sa victoire d'ailleurs.
- Hein ? Et après tu oses te dire mon pote ?!
- Je ne suis pas ton pote, moi je...
La fin de ses paroles se perdirent sous l'effroyable jacassement des élèves, dont toute les têtes se tournaient vers les fenêtres que j'epiais plus tôt. Une bonne dizaine de chouette débarquèrent en furie, survolant harmonieusement les tables à la recherche des récepteurs de leurs courriers. Certaines trimballaient des lettres, d'autres des colies plus gros, qu'elles déposaient face à leurs propriétaires.
Jusqu'à la dernière seconde je cru qu'il n'y avait rien pour moi, jusqu'à ce que je reconnaisse Lewis, la petite chouette noire de ma mère. Je soupirais en la voyant déposer un petit colis devant moi, puis s'attarder un instant sur la table à me fixer avec de gros yeux lumineux.
- J'avais espéré qu'elle ne t'envoie pas, je lui dis en lui fourrant un biscuit dans le bec.
Un piallement heureux échappa à l'oiseau, qui ne tarda pas à s'envoler en grignotant sa gourmandise. Je retiens difficilement un sourire en l'observant, puis déposa mon attention sur le paquet.
Entouré d'un petit drap en soie brune, je découvrais une lettre ainsi que deux boîtes beiges.
Un rictus étira le coin de ma lèvre.
Deux boîtes, évidemment.
- C'est quoi ? C'est de tes parents ? C'est de la nourriture ? Des babioles ? Des vêtements ?
Seungkwan se pencha vers mon colis, la main tendu et prête à déballer ce qui m'étais dû. Je le repoussais en pestant, et il lâcha un petit rire.
- C'est des sous-vêtements c'est ça ? Les mamans font tout le temps ça, envoyer des sous-vêtements. C'est bizarre d'ailleurs comme habitude, la mienne le faisait tout le temps av...
- On se revoit en cours, Seungkwan.
Sans laisser à mon ami le soin de terminer sa tirade qui, tel que je le connaissais, s'enchaînerait en une longue et interminable conversation, j'attrapa mon paquet et me leva, direction l'extérieur.
En marchant je captais des regards posé sur moi, des sorciers de toute maison confondu, certains curieux et d'autre toujours haineux ou encore dégoutés. Beaucoup fixaient ce que la chouette venait de me livrer avec un air méfiant, comme si je cachais une arme à l'intérieur.
Quelle bande d'idiot, ils n'ont vraiment rien d'autre à faire ?
Parmi l'assemblé je croisais un regard bien différent de la majorité, associé à un sourire amusé.
Lee Jihoon zieutait mon colis et semblait à deux doigts d'éclater de rire.
Il avait parfaitement deviné de quoi il s'agissait. Il savait pourquoi il y avait deux boîtes.
Une grimace crispa mes traits alors que je quittais cette pièce de malheur. Je longeais rapidement les longs couloirs avec la ferme intention de passer inaperçu jusqu'à un lieu isolé du château.
C'est presque sur un pas de course que j'arrivais à cet endroit, l'espace restreint caché entre deux couloirs, un petit trou que personne ne remarquait mais dans lequel je me faufillait souvent. J'ignorais si quelqu'un d'autre mis à part moi connaissais cette cachette, je m'y rendais rarement, simplement quand l'envie d'être seul devenait vitale et que je n'avais pas le temps de courir dehors.
Quelqu'un avait du creuser cet espace il y a longtemps, puisqu'il était petit, poussiéreux et mal agencé. Mais au moins la solitude y était grande, puisqu'en plus d'être masqué il se trouvait dans une partie peu fréquenté du château.
Enfin, il y avait bien une autre personne qui visitais régulièrement cet endroit. Mais ce n'était ni un élève, ni un professeur, ni même un être humain d'ailleurs.
Miss Teigne, la chatte au pelage gris et aux yeux jaunes globuleux, dont le maître n'était autre que le concierge de Poudlard, Argus Rusard.
Parfaitement installé de tout son long dans l'étroit espace, un regard intéressé posté sur ma personne.
Ma meilleure amie et plus fidèle alliée, aussi répugnante aux yeux de mes camarades que moi je l'étais.
- Salut toi, tu me fais une place ?
La petite chatte me miaula dessus, comme pour me disputer, et j'esquissais un sourire en fouillant ma poche. J'en sorti un petit morceau de jambon, attrapé à la volé sur la table, et elle se mit à ronronner de bonheur en me l'arrachant des mains.
- Petite vorace, allez decale-toi un peu que je puisse m'asseoir.
Je la poussais afin de m'installer, puis elle vient rapidement se glisser sur mes jambes et s'y roula en boule. Mes doigts trouvèrent son pelage serti de poussière et le caressa lentement, tandis que de ma main libre je me saisi de la lettre qui m'avais été envoyé.
Sans surprise j'y reconnu l'écriture de ma mère, et soupirais en découvrant l'étendu de ses mots.
"Mon cœur, j'espère que tu vas bien. J'ai testé une nouvelle recette de biscuit, ton père a adoré, j'espère que tu aimeras aussi. Je t'en ai mis deux boîtes, pour que tu puisses en donner une à Jihoon. Il nous écrit souvent, c'est un gentil garçon, toi tu ne nous écris presque jamais.
Je t'embrasse mon bébé, tu me manques, à ton père aussi, vivement les vacances de Noël pour qu'on puisse te voir.
Je t'aime, maman."
Je chiffonnais la lettre et la jeta dans un coin, la rage brûlant dans mon estomac.
Mon geste réveilla Miss Teigne qui me miaula lourdement dessus, et je laissais ma colère retomber pour lui caresser le poil.
- Ma mère préfère ce minus à moi, elle lui envoi même des biscuits, tu t'en rend compte ? Tout ça parce-qu'il écrit des lettres à mes parents. Moi aussi je pourrais en écrire des lettres, bien meilleure que les siennes.
Miss Teigne miaula encore, les yeux levé sur ma personne dans un air réprobateur. Si un chat pouvait lever les sourcils alors elle l'aurait fait, afin de me faire comprendre qu'elle me trouvait stupide.
Mais son regard parlait pour elle, il semblait me demander: "pourquoi tu le fais pas dans ce cas ? Pourquoi tu laisses Jihoon prendre ta place auprès de tes propres parents ?"
Je soupirais, puis ravalais un instant ma fierté en murmurant:
- Tu sais, moi je suis nul pour me faire apprécier. Dès qu'il s'agit de sentiment je sais pas comment faire, j'ai peur de paraître faible, je sais juste être méchant.
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