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~ Joshua~

- Alors c'est officiel, Junhui et Minghao sont bel et bien un couple.

À travers les mots de Jihoon flottait une satisfaction brûlante, sa propre fierté à l'idée d'avoir vu juste sur la relation qu'entretenait nos camarades.
Même si je peinais à partager sa réjouissance, l'ombre d'un sourire se déposa sur mes lèvres. Nous avions plusieurs fois évoqué le couple de Junhui et Minghao comme une évidence, et désormais nos hypothèses se confirmaient.

Mes pensées allèrent vers Seokmin. Le pauvre m'avait affirmé droit dans les yeux que ses amis ne partageaient aucun sentiment amoureux, il allait tomber des nues en découvrant son erreur de jugement.

- C'est pas vraiment officiel, ils ne veulent pas que ça se sache. Normalement j'avais même pas le droit de vous le dire, mais de toute manière vous en vous doutiez déjà.

Wonwoo lâcha cela en haussant les épaules, visiblement peu enclin aux remords alors qu'il venait de délivrer un secret qui aurait dû en rester un.
Il n'avait fait preuve d'aucune réticence à nous raconter ce qu'il s'était passé la veille, alors qu'il s'était rendu à la bibliothèque avec Mingyu, Minghao et Junhui. Sûrement était-il persuadé que ni moi ni Jihoon n'irons crier cette nouvelle à travers l'école, il nous faisait suffisamment confiance pour savoir que même le couple de chinois ne pourra pas deviner que nous sommes au courant pour eux.

- C'est vrai que c'est pas une surprise, toute l'école se doute pour eux. Ils sont pas discret, affirma Jihoon, dans un petite rire.

- Pas toute l'école, Mingyu n'en avait pas la moindre idée, répliqua Wonwoo.

Mon regard s'éleva vers le plafond, Seokmin n'était donc pas le seul idiot à ne pas deviner l'amour que se portaient Junhui et Minghao.
Comment pouvait-on être aussi aveugle ? Je n'arrivais pas à croire qu'ils n'aient rien remarqué après tant d'années collé les uns aux autres. Et je serais prêt à parier que Hansol rejoignait Mingyu et Seokmin dans cette ignorance presque grotesque.

Comme quoi, plus on était proche d'une personne et plus il était simple de la berner.

- Comment a-t-il réagi ? Demandais-je.

Wonwoo jeta un coup d'oeil vers la porte, comme s'il craignait soudainement que quelqu'un débarque et entende ce qu'il s'apprêtait à raconter. Mais nous n'entendions pas l'ombre d'un pas aux alentours, à l'heure du déjeuner toute l'école se trouvait au réfectoire.

Excepté nous trois, réuni dans la salle des potions après avoir obtenu de Rogue les clés. Habituellement il ne laissait pas les élèves s'y rendre en dehors de sa surveillance, si nous voulions concocter des potions il fallait lui demander les ingrédients puis trouver une salle de classe vide pour s'y atteler.
Mais il faisait une exception pour notre trio, ayant une confiance suffisante pour nous laisser seul dans une pièce rempli d'ingrédients et de flacons pouvant s'avérer dangereux pour tout amateur.

Il nous avait observé étrangement quand nous lui avions expliqué pourquoi nous avions besoin d'entrer ici, puis son si typique sourire sans joie s'était gravé sur ses traits alors qu'il nous confiait la clé.

- Au départ Mingyu s'est figé, expliqua Wonwoo. Puis il leur a demandé si c'était vrai, et quand ils ont dit oui il s'est encore figé. Puis il s'est disputé avec Junhui, et à peine une minute après s'être crié dessus ils étaient dans les bras l'un de l'autre en s'excusant et pleurant. Au final il les a félicité, toujours en pleurant.

- Ils sont vraiment bizarre, soufflais-je.

Wonwoo ne répondit pas, mais un petit sourire amusé éclaira son visage, relié à une tendresse qu'il laissait perdre dans le vide. Sûrement se remémorait-il la scène, et sûrement que la description "bizarre" n'était pas ce qui lui venait à l'esprit.

Mais alors que j'allais profiter du sujet de notre conversation pour lui demander où il en était avec Mingyu, la porte s'ouvrit pour laisser entrer deux élèves que nous attendions depuis une dizaine de minutes.
C'était pour eux que nous nous trouvions dans cette salle aujourd'hui, ayant accepté de leur venir en aide sur la création d'une potion.

Yeri nous gratifia d'un signe de tête qui manquait cruellement de politesse, avant de s'avancer dans la pièce en resserrant autour d'elle son échappe à l'effigie de Serpentard. Chan abordait un air plus sympathique, un sourire éclatant dont lui seul en connaissait le secret.
Mais il ne quitta pas le seuil de la porte, et c'est alors que je distingua une ride d'embarras qui accompagnait ses lèvres étirées.

- Je sais que normalement on aurait dû être juste tout les cinq, mais je n'ai pas pu les empêcher de venir.

Aucun besoin d'en ajouter davantage pour que Jihoon, Wonwoo et moi comprenions ce qu'il entendait par là. Un soupir commun nous gagna, dans le programme nous devions simplement nous réunir ici avec les deux cinquièmes années pour de créer le philtre de confusion servant à leur exposé de l'après-midi. Nous avions convenu un rendez-vous à l'heure du déjeuner afin de ne pas être dérangé par le quotidien mouvementé de Poudlard, ou par une bande d'élèves qui auraient désiré se joindre à nous.

Mais, sans réelle suprise, il nous était désormais impossible d'échapper à cette fameuse bande d'élèves. Fini le temps d'une scolarité tranquille dans ce château, partout où je me rendais j'avais l'impression qu'ils étaient là, qu'ils envahissaient mon quotidien et que même mon corps y voyait le tournant d'une habitude.

Alors je ne m'étonna pas quand Chan dépassa le battant de la porte, et qu'un mélange de garçon habillé des couleurs rouge, jaune et verte le suivirent.

- C'est pas sympa de ne pas nous avoir invité, j'en attendais mieux de la part de mes trois Serdaigle préférés ! Clama Jeonghan, la voix pleine d'éclats amusés qui ne s'associaient pas à la colère transmise par ses paroles.

Derrière lui apparaissait tout le reste de notre groupe de ménage, qui s'éparpillèrent bientôt de droite à gauche de la salle de potion, plongé dans des conversations joyeuses et sans intérêt.
Chan se glissa à mes côtés en s'excusant de les avoir ramené, même si je lisais sur son visage qu'il n'était pas si désolé que ça.

- On s'est dit que le réfectoire sera peut-être fermé quand vous aurez fini, alors on vous a ramené votre déjeuner, annonça Mingyu.

Il était tout fier de nous dévoiler des sandwichs aux divers saveurs qu'ils avaient récolté pour nous, mais sûrement ne se rendait-il pas compte qu'il ne les tendait que vers Wonwoo.

Dans un soupir je me laissa tomber sur une chaise, le regard perdu sur nos autres camarades. Ils investissaient les tables et s'y asseyaient avec une nonchalance qui ferait grimacer le professeur Rogue, amusé de se trouver dans la salle des potions habituellement interdite sans surveillance d'un adulte. Ils parlaient fort, touchaient à tout ce qui leur tombaient sous les yeux et agissaient comme s'ils étaient dans la liberté de leurs chambres.

Ils étaient dérangeant et irritant.

Et pourtant leur présence bruyante entraîna mes muscles à se détendre, poussa mon esprit à se sentir plus à l'aise, et j'avais désormais bien du mal à contenir le sourire qui tirait sur mes lèvres.

- Chan et Yeri, venez par ici. Les autres fermez-là.

Jihoon n'eu pas à hausser la voix pour que son ordre de heurte à tout les corps présent dans la pièce, au point qu'un silence brutal s'installe. Les deux cinquième années approchèrent, Chan avait l'hésitation que le ton autoritaire de mon ami engendrait, Yeri sans paraître le moins du monde pertubé par cet aîné qui écrasait toute la salle d'un regard.
Ils se plaçèrent autour de la table que nous avions préparé, garni par tout les ingrédients nécessaires à la potion. Wonwoo leur tendit à chacun les ustensiles adapté à la préparation, tandis que j'alluma le feu sous le chaudron.

Pendant ce temps Jihoon avança vers nos camarades, tous immobile et silencieux depuis son intervention. Il toisa d'un air désespéré leurs positions peu adapté à une salle de classe, leurs mains posé sur des flacons qui ne leur appartenaient pas, ou encore la manière dont tous le fixait comme de pauvre petits animaux ne comprenant pas ce qu'ils avaient fait de mal.

- On est ici pour travailler, pas pour nous amuser. Si vous voulez rester alors asseyez-vous sagement, je ne veux pas entendre le moindre d'entre vous parler ou vous voir toucher à quoi que ce soit. Le premier qui nous dérange je le jette dehors, déclara-t-il.

- Par dehors ça signifie dans le couloir, ou vraiment dehors ?

À cette question de Mingyu le prequelle d'un rire m'échappa, et je décida de répondre à la place de mon ami:

- Ça signifie qu'il n'aura aucun scrupule à balancer l'un d'entre vous par la fenêtre.

Le visage du Gryffondor devient quelque-peu livide et, après avoir déposé les sandwichs au plus près de nous comme pour obtenir nos faveurs, il se recula derrière Wonwoo.

- Votre amitié est vraiment intéressante. Et par intéressante j'entend bizarre, lâcha Yeri, qui jouait à racler les bords de sa propre baguette avec un couteau.

Jihoon s'empressa de lui retirer l'objet magique des mains et le replaça par un ingrédient, un parchemin vierge qu'il lui demanda de hacher. La jeune fille afficha une moue frustré, avant de s'exécuter à une lenteur qui laissait penser qu'elle serait une bien mauvaise cuisinière.

Malgré les menaces élevées dans la pièce personne ne s'en alla, à ma grande surprise les garçons s'installèrent autour de nous et ne prononcèrent pas un mot. Ils avaient visiblement décidé d'être sage, même Jeonghan ne fit pas la moindre remarque malicieuse et se lova simplement contre Seungcheol.

Ainsi la conception de la potion et les explications que nous donnions à nos cadets se firent dans un calme exemplaire. Tandis que Wonwoo essayait d'aider Yeri à ne pas se couper par mégarde, Chan se montrait très attentif à ce que Jihoon lui disait, et s'appliquait pour l'infusion de poudre de cactus dans le l'eau de rosé. Il suivait les gestes que je lui montrais, soigneux malgré quelques maladresses, et chacun des regards qu'il me lançait faisait naître en moi des étoiles de nostalgie.

Quand nous étions enfants lui et Hansol venaient souvent visiter ma demeure avec leurs parents. Et alors que les adultes s'enfermaient dans des réunions qui nous ennuyaient, nous nous retrouvions souvent avec les autres enfants pour pratiquer les frêles éclats de magie dont nous étions capable à notre âge. Nous étions une dizaine de bambins venu des quatres coins du monde, encore naïf quant à l'obscurité dans laquelle nos parents nous entraînaient, et croyant, à cause de leurs dires, que nous étions supérieur par notre sang pure. Je me souviens que la plupart des gamins que nous fréquentions avaient sur leurs visages cette prétentions méprisante que je voyais parfois en me regardant dans le miroir, à l'époque je les trouvais agaçant par la supériorité qu'il croyait la leur, sans me rendre compte que j'étais comme eux.
Seul deux d'entre nous se démarquaient, Hansol pour son attitude peu bavarde, renfermé et son regard toujours fourré contre ses pieds. Et Chan, car d'entre nous il était le seul à être réellement un enfant.

Je ne saurais toujours pas aujourd'hui pourquoi, d'entre tous, il avait décidé de s'accrocher à moi. Il me suivait et m'admirait avec des étincelles plein les yeux, trainant derrière lui Hansol car sa gentillesse naturelle lui imposait de ne pas le laisser seul. Je ne partageais pas les même opinions qu'eux, puisque contrairement à eux j'essayais de suivre la voie de mes parents, mais ça ne nous empêchait pas d'être proche, suffisamment proche pour veiller les uns sur les autres même quand on parlait peu.

Je les avais vu grandir, j'avais vu la lumière de l'enfance disparaitre dans les yeux de Chan, et cette constatation m'avait affecté plus que je ne le craignais.

Mais aujourd'hui je la voyais réapparaître, je voyais la noirceur de ses yeux se dissoudre derrière des éclats de bonheur. Et plus j'y pensais, plus je me rendais compte que c'était grâce à tout les garçons présent dans cette pièce.

Et je pense que c'est pour cette raison que grandissait en moi une minuscule affection à leur égard.

- Versez le tout et mélangez jusqu'à voir apparaître la couleur voulu.

Sur cette directive de Wonwoo les deux cinquièmes années laissèrent leurs préparation tomber dans le chaudron, puis j'invita Chan à faire tournoyer son ustensile dans le liquide bouillant.

- C'est presque parfait, mais tu devrais faire des gestes plus ample, indiqua Jihoon.

Sous le regard confus du plus jeune il s'enquit à saisir la cuillère en bois et remua le philtre lui-même.

Yeri et Chan admirerent ses gestes appliqué avec une lueur épaté dans le regard. Cette scène pouvait sembler attendrissante, mais je ne pouvais pas m'empêcher de lever les yeux au ciel en decouvrant que la majorité de nos camarades regardait Jihoon avec ce même air émerveillé.

À leur âge eux aussi étaient censé connaître par coeur la préparation de ce philtre, ils devraient être ennuyé plutôt qu'occupé à détailler tout les mouvements opéré dans la conception.

- Tu ferais un excellent professeur de potion Jihoon, lâcha Jeonghan, quand le liquide contenu dans le chaudron se colora d'un jaune similaire aux lumières du ciel.

Pour il fois il ne plaisantait pas, c'était une remarque d'une franchise pleine de douceur. Jihoon ne répondit pas mais je ne pu que constater le petit sourire qui tirait le coin de sa lèvre alors qu'il remplissait un flacon avec le philtre. Il me lança néanmoins un regard sombre quand il me vit faire de même, devinant que je prenais un peu de la mixture en vu du pari qu'il avait perdu.

- C'est pratique d'avoir des amis plus expérimentés, on aura une bonne note grâce à ce philtre, clama Yeri.

Elle tenait désormais le flacon confié par Jihoon et l'observait de si près que la couleur doré se reflétait dans ses yeux pour illuminer son air émerveillé.
Je ne fréquentais pas cette jeune fille, mais le peu de fois où je l'avais aperçu les traits de son visage paraissaient toujours fade et tiré de lassitude. À cet instant elle semblait une toute autre personne, son sourire brisait le masque froid qui accrochait vicieusement sa peau.

- Tu aurais pu demander à tes soeurs de t'aider, elles ont notre âge après tout, fit remarquer Junhui.

À peine ses mots eurent atteint l'oreille de Yeri que son expression s'assombrit, et elle reposa la potion comme si cette dernière lui avait brûlé les doigts.

- Ne leur dîtes pas que vous m'avez aidé à faire ce philtre, encore moins que vous m'avez vu sourire en le regardant, ordonna-t-elle, en reprenant cette attitude détaché qui l'a caractérisait trop bien.

Elle se laissa tomber sur une chaise, les jambes croisées et penché en arrière afin que son menton soit redressé. Si elle n'était pas si petite et coiffée par des couette qui décorait les deux part de son visage, alors peut-être aurait-elle pu paraître intimidante.

- Pourquoi on ne doit pas leur dire ? Insista Junhui.

Je me souviens qu'il avait affirmer bien connaître l'une des soeurs de Yeri, puisqu'elle était de la même maison que lui, et puisqu'il aimait s'immiscer dans les affaires des autres je le devinais à deux doigts de fourrer son nez dans la famille de la jeune Serpentard.
Certain élève de l'école surnommait Junhui comme le "justicier" de Poudlard, toujours prêt à apporter son aide et son soutient à quiconque en aurait besoin. Personnellement je lui trouvais un côté fouineur un peu trop insistant, et j'en viens à me demander si ce n'était pas de ce trait de personnalité que Minghao était tombé amoureux.

Après tout, le Gryffondor l'avait "prit sous son aile" quand il avait débarqué à Poudlard sans parler un seul mot de coréen.

- Parce-que ces deux idiotes vont croire que je m'intéresse soudainement à la magie, ça va leur donner de faux espoirs et elles vont m'embêter avec ça, répondit Yeri.

- Tu n'aimes pas tes soeurs ?

Un sourire réapparu sur le visage de la jeune fille, mais il avait bien plus l'allure d'un rictus amer que d'une réelle représentation de joie.

- Bien sur que si, Seulgi est la gentillesse incarné et Wendy est une boule de bonne humeur, qui ne pourrait pas les aimer ? Le truc c'est qu'elles ne comprennent pas que je ne veux pas être sorcière, elles sont persuadé que c'est une passade et essayent à tout prix de me "réconcilier" avec la magie. Et ça m'énerve, elles ne me comprennent pas et ça fini toujours en dispute.

- J'imagine mal Seulgi ou Wendy se disputer avec quelqu'un, avoua Seokmin.

Sa voix me fit sursauter, je n'avais pas vraiment fait attention à lui depuis que toute la bande avait pénétré la salle, et je n'avais surtout pas remarqué qu'il s'était assit aussi proche de moi.
Nos regard se croisèrent et, alors que j'avais pour habitude de l'intimider, je fus le premier à détourner les yeux.

J'eus envie de me hurler les plus virulentes insultes à cause de ce réflexe.

- C'est pas avec elles que je me dispute, mais avec notre grande soeur.

- Vous êtes quatre soeurs ? Vos parents doivent en voir de toute les couleurs.

À cette remarque de Jihoon un petit rire échappa à Yeri.

- T'inquiète pas pour eux, ils sont décédé quand j'étais petite.

Cette information, lâché par la jeune Serpentard sur le ton le plus détaché qu'il soit, fit tomber un poid d'embarras dans la pièce.
Elle ramena ses jambes contre son torse et y déposa son menton. Sans perdre le sourire qui assombrissait ses lèvres, elle observait l'effet que ces paroles avaient eu sur nous tous. Certain de mes camarades affichaient des traits gênés, d'autres semblaient désolé ou attristé, et je remarqua que Wonwoo baissait les yeux au sol, les pensées sûrement tourné vers son père. Je ne fus d'ailleurs pas le seul à le remarquer, puisque Mingyu posa sa main sur l'épaule du Serdaigle.

- Ne soyez pas triste pour moi, je les ai à peine connu alors ce serait difficile d'affirmer qu'ils me manquent, affirma Yeri, d'une voix qui laissait penser à un beau mensonge. Ils étaient chercheurs en sortilèges, et ils ont été si loin dans leurs essaies que leur propres baguettes les ont tué. Joohyun, l'ainée de mes sœurs, était une adolescente et a prit soin de nous, qui n'étions que des enfants. Mais c'était tellement difficile pour elle, en grandissant je n'arrêtais pas de me dire que si la magie n'avait pas existé alors mes parents seraient encore là, et elle n'aurait pas eu à tout sacrifier pour nous.

Elle ressera ses bras autour de ses jambes, le faux rictus amusé qui habillait son visage disparaissait peu à peu.

Je sentis le corps de Chan qui se rapprochait du mien, et mon regard croisa celui de Hansol. Tout les trois partagions à cette instant ce même froissement sur le coeur, nous étions bien placé pour connaître les ombres que renfermait la magie.

- Mais aucune de mes sœurs ne pensent ainsi, expliqua Yeri. Elles mettent ça que le compte d'un accident et se plaisent tellement dans leurs vies de sorcières qu'elles veulent que j'en sois une aussi. Alors d'accord je peux pratiquer la magie, mais c'est pas pour autant que j'y suis obligé n'est-ce pas ? Beaucoup de sorciers vivent comme des moldus et ça leur convient très bien.

- Ça a quand même beaucoup d'avantages la magie, fit remarquer Junhui, sur un ton quelque-peu hésitant.

En tant que fils de moldus il avait une nette représentation des deux univers distinct, mais la jeune fille lui envoya un regard dubitatif en retorquant:

- Moi je trouve ça effrayant.

Elle passa sur regard sur chacun d'entre nous, une oeillades brûlante pleine de ressentiments. Je vis ses yeux s'attarder une seconde supplémentaire sur la main que Chan avait glissé dans la mienne, mais elle ne fit aucune remarque sur ce fait et enchaîna seulement:

- Bientôt on va entrer en guerre à cause de la magie, peut-être qu'à peine la moitié des personnes présente dans cette pièce survivront à cet événement. Quand on pense ainsi, vous ne trouvez pas ça effrayant ?

Le poids que ses paroles faisaient tomber sur nos corps était plus écrasant que tout ce que nous avions connu. Évidement nous pensions tous chaque jour à cette éventualité, personne n'en parlait haut et fort mais je voyais bien que les éleves de Poudlard posaient des yeux anxieux sur les journaux que les chouettes livraient chaque matin. Ils craignaient que les nouvelles soient terrible, ils craignaient de constater une attaque, le meurtre d'une connaissance, ou une déclaration de guerre clamé par Voldemort lui-même.

Moi je savais mieux que personne à quel point ce moment approchait. À travers leurs lettres mes parents se montraient de plus en plus impatient dans leurs sous-entendus.

- Je pense que c'est encore plus terrifiant qu'on ne l'imagine, mais on vit tous comme si ça ne l'était pas, lachais-je.

Yeri se tourna vers moi, de nouveau son rictus amer sur les lèvres.

- Ça s'appelle du déni, c'est mauvais de vivre ainsi, déclara-t-elle.

- Pas forcément, rétorqua Seokmin.

Il s'était légèrement redressé sur sa chaise, et dans son regard brillait une intensité qu'il dévoilait rarement. Loin du garçon simplet de chez Poufsouffle, quand cette expression recouvrait son visage il avait toute l'allure du fier fils de Madame Lee.

C'était ces mêmes yeux qui s'étaient posé sur moi quand il s'était réveillé après l'attaque de Troll, et qu'il m'avait laissé pleurer dans ses bras.

À cette pensée mon corps voulu faire grandir la distance avec le sien, mais puisque Chan tenait toujours ma main je ne pouvais pas m'éloigner sans qu'il ne se pose de question.

- Si on ne vivait qu'en pensant aux malheurs et à la peur, alors on ne pourrait pas appeler ça une vie, continua Seokmin. Peut-être qu'on va rentrer en guerre, peut-être qu'on y trouvera la mort, mais à mes yeux c'est justement pour ça qu'on doit vivre en ne pensant qu'à ce qui nous rend heureux.

Ces mots poussèrent les épaules de certains de nos camarades à se détendre, je les vis aquiescer à cette positivité, tandis qu'à moi elle me tordait le coeur.

- Je suis d'accord, qui sait ce qu'il se passera demain ? Autant sourire aujourd'hui, au cas où on ne pourrait pas le faire plus tard, ajouta Mingyu, qui nous gratifia effectivement d'un sourire à pleine dent.

Sa douceur ne tarda pas à contaminer la majorité de la pièce, même Jihoon et Wonwoo qui étaient habituellement si peu expressif.
Je crois bien qu'à cet instant je devais être l'un des seuls à ne pas sourire, Chan et Hansol essayaient d'imiter les autres mais je trouvais que leur joie sonnait fausse. Néanmoins eux ils arrivaient presque à faire semblant, moi j'en étais incapable.

Rogue devait avoir raison, je n'étais pas un bon comédien.

Je baissais la tête, espérant ainsi ne pas laisser voir l'obscurité qui devait glisser contre mon visage. Et espérant, surtout, échapper au regard brûlant que Seokmin posait sur moi.

Je ne voulais pas qu'il puisse lire dans mes yeux tout ce qui me hantait.

Je ne voulais pas qu'il comprenne que pendant la guerre on pourrait être, l'un pour l'autre, la personne qui nous offrirait la mort.

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