3
~Joshua~
- Je crois bien que c'est la première fois que je vous vois échouer dans la confection d'une potion, monsieur Hong.
Mes yeux se perdirent dans le mélange à l'aspect grisâtre qui me faisait face. Une bouillie informe et puante que personne, pas même le plus sombre des imbéciles, n'oserait boire. À l'intérieur de mon chaudron cette mixture mijotait en silence, n'ayant ni l'envie d'exploser, ni de laissé envoyer dans la pièce des effluves d'une mauvaise magie, comme il arrivait souvent avec des potions ratés.
Non, mon échec restait plat et sans saveur, aussi gris que le ciel, tandis qu'à mes côtés le professeur Rogue soupirait:
- Les coups des Trolls ont visiblement déraillé vos capacité, j'ose espérer que vous vous reprendrez avant que vos résultats scolaire ne deviennent aussi lamentable que ce mélange informe que vous me présentez.
Sans un dernier regard le professeur de potion s'en alla critiquer un autre élève, à coup de plaintes incessantes sur le "niveau pitoyable des sorciers de notre génération".
Je restais immobile, fixant mon chaudron sans un mot, sans une émotion ou même un soupir. Juste vide, gris, aussi bancal que cette potion que j'avais échoué à créé.
- Ça ne va pas ? Me demanda Wonwoo, qui avait approché son siège du mien une fois Rogue partie.
- Je vais bien, murmurais-je.
- Tu en es sur ? Tu n'as jamais raté une potion avant, et celle-ci n'était pas si difficile.
- Je suis juste fatigué.
Mon camarade posa sur moi des yeux plissé, peu convaincu, mais n'insista pas davantage. Seulement une petite moue prit place que ses traits alors qu'il nous observait successivement, moi et Jihoon.
Un flot d'inquiétude se lisait sur ses traits, mais il ignorait comment agir envers nous, comment arranger nos émotions tourmenté dont il ignorait les travers et les origines.
À cette pensée je m'en alla observer Jihoon, qui mélangeait sa potion avec un acharnement tel que je voyais la couleur bleuté attendu se changer peu à peu en un vert aux nuances pleine de laideur. J'ignorais ce qu'il se passait dans la tête de mon ami, mais depuis la veille il agissait de manière bien étrange, tantôt brusque et énervé, tantôt déprimé et silencieux. En tant que personne dont il était le plus proche j'aurais dû tenter de creuser, mais je ne m'en sentais pas capable.
Moi-même je passais par diverses émotions depuis quelques temps. Je me sentais planant, perdu, absent à moi-même.
Triste et en colère à la fois, des sentiments auxquelles se mêlaient une boule vibrante de malaise qui refusait de quitter mon estomac depuis l'attaque des Trolls.
Ni moi ni Jihoon n'étions d'humeur à jouer les bons amis, Wonwoo devait regretter de s'être réconcilié avec nous. Et pourtant il ne faisait aucun commentaire, aucune réflexion, il se contentait de se tenir à nos côtés et de nous demander si nous allions bien. Il prenait nos mensonges et gardait son air soucieux, sans se plaindre.
Il s'en alla d'ailleurs prévenir Jihoon qu'il était en train de gâcher sa potion et l'aida à la sauver, sans même avoir terminé la sienne.
Enfin un soupir parvient à s'échapper d'entre mes lèvres alors que je repoussais mon chaudron, bien peu motivé à effectuer l'exercice une nouvelle fois afin d'obtenir quelque-chose de correct. J'observa un instant mes deux camarades Serdaigle, les plis crispé sur la peau de Jihoon, qui ne le quittait pas depuis ce matin, et son regard qui s'en allait parfois effleurer la silhouette de Soonyoung, quelques tables plus loin. Puis la mine toujours bercé d'inquiétude de Wonwoo, qui lui s'en allait parfois épier Mingyu.
Mon regard ennuyé me mena plus loin, remarquant sans mal que Junhui et Minghao s'étaient assit toute à la droite de la classe tandis que Mingyu et Hansol se tenaient à gauche. C'était bien la première fois que je voyais leur groupe séparé, l'absence de Seokmin ne me parut que plus visible encore.
C'est dingue comme la salle semblait morose quand cet idiot de Poufsouffle n'était pas là, à nous éblouir avec son sourire niait.
À cette pensée je viens observer deux autres places vides, celles de Seungcheol et Jeonghan. Tant que le premier n'avait pas ouvert les yeux, le second refusait catégoriquement de revenir en cours. Il ne voulait pas quitter son ami, il lui était inconcevable de le laisser seul perdu dans l'inconscience. C'était pire encore depuis la visite des parents du Serpentard, depuis que nous avions apprit ce qu'il en était réellement de son état.
Nous étions obligé de nous relayer dans l'infirmerie pour pousser Jeonghan à allez dormir, ou au moins à prendre une douche. Tout les membres du groupe de menage, sans exception, nous nous succedions au chevet de Seungcheol pour convaincre son têtu d'ami de ne pas se laisser doucement dépérir.
- Le cours est fini, nettoyer toute vos cochonneries avant de vous en allez comme des bourrins affamés, clama Rogue, une fois l'horloge ayant annoncé midi.
Des exclamations soulagé se laissèrent entendre dans la pièce, laissant bientôt place au chao général. Tout le monde s'empressa de ranger ses affaires, lancer des sorts de nettoyage dans les chaudrons, avant de courir vers la sortie.
Pour ma part je retarda exprès le moment de m'en allez, Jihoon et Wonwoo ne m'attendirent pas puisque c'était à mon tour d'allez m'occuper de Jeonghan à l'infirmerie aujourd'hui. Je patienta que tout les élèves eurent déserté pour me rapprocher du bureau derrière lequel le professeur Rogue soupirait.
- Monsieur, puis-je vous déranger quelques minutes ?
- C'est à propos du cours ?
- Non.
Il leva un sourcil inquisiteur, soudainement l'air plus interressé par ma présence auprès de lui. Je ne venais pas le voir en tant qu'élève ayant une question et il le devinait bien, il suffisait de lire la lueur curieuse dans son regard.
Ce n'est pas de jeune sorcier à professeur que je l'approchais, mais de jeune Mangemort à Mangemorts aguerrit.
- Est-ce vous qui avez fait entrer les Trolls ? Demandais-je.
Un rictus vient ternir le coin des lèvres de mon vis à vis, une grimace bien habituelle sur son visage qu'on ne voyait presque que crispé.
Il fit tournoyer sa baguette entre ses doigts et j'entendis la porte de la salle se fermer à clé, puisque nous avions là une discussion qui ne devrais jamais être surprise.
- J'ai passé des heures à ratisser les couloirs pour les tuer. Je ne me serais pas fatigué à les faire entrer pour m'inffliger un tel supplice, lâcha-t-il.
Bien que je m'y attendais sa réponse provoqua une pointe de déception en moi. L'ignorance perdurait quand au coupable de l'attaque, si Rogue n'y était pour rien je voyais mal vers qui tourner mes soupçons.
De tout les mages noirs de ma connaissance il était l'un des plus discret, des plus doué également, le seul qui était parvenu à intégrer le camp de Dumbledore sans jamais être démasqué. C'était là une mission que Voldemort lui avait personnellement confié, obtenir la confiance du directeur de Poudlard, et Rogue s'en sortait avec brio.
Même moi, la première fois que je l'avais croisé à une réunion du camp des Ténèbres, je m'étais laissé surprendre par son double-jeu.
- À vrai dire, je pensais au début que vous étiez le coupable, monsieur Hong, souffla Rogue.
Il laissa ses coudes reposer sur la table et se pencha vers moi, ses yeux sombres et cernés me détaillaient de bas en haut avec une telle intensité que j'en frisonnais.
- Parmi vos camarades aucun ne maîtrise mieux la magie noire que vous, continua-t-il. Chan est prometteur mais encore trop jeune et peu investi, et les autre ne sont pas doué.
- Ce n'est pas moi.
- Ça je le sais. D'abord parce-que vous ne m'auriez pas questionner si vous étiez le coupable. Et ensuite parce-que vous n'avez jamais été un bon comédien.
- Un comédien ?
Son rictus se transforma en une crispation que je devinais amusé, pourtant dénué de tout sourire.
- Vous paraissez bien trop abattu par le sort de vos camarades et bien trop énervé contre le responsable pour jouer la comédie. Vous ne savez pas mentir sur vos émotions monsieur Hong, si vous aviez planifié l'attaque des Trolls vous n'auriez jamais pu faire croire que vous étiez malheureux. Or, vous êtes réellement inquiet et triste pour Choi Seungcheol et Lee Seokmin.
- Je me fiche d'eux.
Ma réponse sortit d'elle-même, comme une défense, un bouclier que je crachais devant mon visage.
Le besoin soudainement vitale de ne pas paraître vulnérable.
- Vous n'êtes pas non plus un très bon menteur.
Par réflexe je fis un pas en arrière, ma main s'en allant tripoter le sac qui pendait à mon épaule afin d'évacuer les mauvaises émotions que cette conversation faisait monter.
Je voulais juste confirmer que cet homme n'était pas responsable de l'attaque, comment en entions-nous arriver à parler de moi ?
- La communauté des mages noirs vous voit comme un enfant prometteur, le futur de notre cause, la jeunesse qui peut se tenir à la droite de Voldemort. Mais personnellement j'ai toujours trouvé que vous faisiez un piètre Mangemort.
- Je...
- Je ne vous blâme pas, vous restez doué. Mais je l'ai su, dès l'instant où le Choixpeau vous a placé chez Serdaigle, que vous ne seriez pas le salut que le clan des mages noires attendaient.
Ces mots me heurtèrent la poitrine au point que je me sentis chancelant. Mon sang se mit à bouillir, le sang des Hong, le sang de ma famille, de mes parents qui clamaient sans cesse que je n'avais pas le droit de faiblir devant quiconque.
- Je le serais, je... Je peux être assez puissant pour me tenir à la droite de Voldemort ! Clamais-je, en essayant de redresser le menton.
- Vous n'avez rien à prouver, ni à moi, ni à vos camarades, ni même à votre famille. Le seul que vous essayez de convaincre c'est vous-même.
Rogue se leva subitement, dans un geste aussi assuré qu'ennuyé il contourna la table et vient se poster face à moi. Tout rictus, tout air crispé, se faisait absent de son visage. Je n'y lisais plus qu'un sentiment que je n'avais encore jamais vu chez ce professeur si rude, chez ce Mangemort au double-jeu.
Il me fixait avec bienveillance.
- Joshua, être un comédien ça n'a rien d'amusant, les masques sont lourd et, croyez-moi, vous n'êtes même pas capable d'en poser un seul sur votre visage. Alors, en tant que professeur, laissez-moi vous donnez un conseil.
Pour la première fois depuis longtemps, peut-être pour la première fois tout court, sous le regard de cet homme j'avais l'impression d'être un enfant.
- Agir pour ne pas avoir de regret, il n'y a que ça qui compte.
Un sourire se traça sur les lèvres de Rogue, légèrement bancal, le premier qu'il semblait exprimer depuis longtemps, le premier que je lui voyais. Puis il quitta la pièce, me laissant seul avec mon esprit embrouillé.
Ne pas avoir de regret. Qu'est-ce que ça signifiait au juste ?
Plus j'y pensais, plus je reliais cette phrase avec mon existence, ma situation, plus il me semblait impossible de n'avoir aucun regret.
Quoi qu'il arrive, quel que soit mes décisions, les chemins emprunté, il y aurait toujours des regrets.
J'attrapa mon sac, me rappelant soudainement qu'il me fallait allez à l'infirmerie. Je devais convaincre Jeonghan de rejoindre le réfectoire et surveiller Seungcheol en attendant, cette toute petite mission me permettait au moins d'arrêter de penser à tout ça.
Ou pas, alors que je traversais les longs couloirs en sens inverse de tout les élèves partant déjeuner, mon esprit s'activa encore plus fort. Mes réflexions ne s'étaient jamais faite aussi intense, aussi coriaces et douloureuses, m'écrasant sous un poid qui obstruait jusqu'à ma gorge.
Ne pas avoir de regret, comment ne pas avoir de regret ?
Un souffle erratique vient remplacer ma respiration, la boule dans mon ventre me paraissait grossir à un point nauséeux et mes mains se mirent à trembler contre les lanières de mon sac.
Ne pas avoir de regret. Au fond, je savais mieux que personne ce que ça signifiait.
Je connaissais mieux que personne le poid des décisions, il n'y avait pas plus doué que moi pour prendre les "mauvaise".
Un piètre Mangemort disait Rogue, cette description devrait me remplir de colère, de argne, j'aurais dû avoir l'envie de dégainer ma baguette et de lui prouver par quelques sorts à quel point j'étais puisant.
Mais non, plus je me répétais que j'étais un "piètre Mangemort" et plus mes lèvres fremissaient sous l'envie d'un sourire.
Après tout, depuis ma toute première année je m'efforçais de boycotter ce statut de Mangemort tout en faisant semblant de m'y imprégner.
C'est moi et moi seul qui avait décidé d'être un Serdaigle, à partir de ce simple instant j'avais accrocher un handicap au rang que mes parents rêvaient pour moi.
Ma première mauvaise décision.
Par la suite je n'avais cessé d'en enchainer. Quand je m'étais contenté de la seconde place, quand j'avais décidé de devenir ami avec Jihoon, quand j'étais devenu proche de Hansol et Chan, puis cette année en m'attachant à toute une bande d'élève avec lesquelles je nettoyais une bibliothèque.
Mais la plus grande de mes mauvaises décisions restait celle de maintenir mes mains sur la blessure de Seokmin, empêcher son sang de couler. Je l'avais maintenu en vie alors que le laisser mourir aurait apporté un avantage au camp de la magie noire.
Et à cet instant précis, le pas chancelant mais déterminé vers l'infirmerie, je me dirigeais vers une nouvelle mauvaise décision, peut-être la plus horrible et significative de toute.
La plus belle et essentielle à mes yeux.
- Yoon Jeonghan, les autres t'attendent au réfectoire, clamais-je en pénétrant le lieu.
J'y découvris la même scène que tout les jours, nos deux camarades blessés endormi dans leurs lits et le Serpentard assit au chevet de son meilleur-ami. Ce dernier ne leva pas les yeux vers moi, seul son soupir résonna dans la pièce.
- Je vais rester ici, ne te fatigue pas à t'occuper de moi, lâcha-t-il.
Ce fut à mon tour de soupirer alors que j'avançais dans sa direction. Je n'aimais pas qu'on me fasse perdre mon temps.
- Tu peux pas juste rester ici nuit et jour à te nourrir de nouilles instantanées, si je ne t'envoie pas au réfectoire pour prendre un vrai repas tu peux être certain que les autres vont venir te chercher. Et ils seront bien moins sympa que moi, je fréquente assez Jihoon pour savoir qu'il est capable de te trainer dans les couloirs et de te fourrer de la nourriture dans la bouche.
Sur ces mots j'attrapa le bras de Jeonghan pour le forcer à se lever, il se montra d'ailleurs plus docile que je ne le pensais. Entre mes doigts je sentais presque plus d'os que de chair, combien de kilo cet idiot s'était donc laissé perdre en un peu plus d'une semaine ?
- J'ai encore du mal à croire que tu acceptes de faire ça, murmura-t-il, en s'arrachant de ma poigne.
- De faire quoi ?
- De gaspiller ton précieux temps en me remplaçant au chevet de Seungcheol, tout en sachant que rester nuit et jour à ses côtés ça ne changera absolument rien, que c'est juste un caprice de ma part. Quand Chan a proposé à tout le groupe de se relayer ainsi, j'étais persuadé que tu refuserais.
Il ne m'accordait toujours pas un regard et prit la direction de la sortie, bien conscient que les menaces que j'avais exprimé n'était que bien réelle. Mais avant qu'il n'ai atteint la porte il se figea et se tourna vers moi, ses yeux enfin posé sur mon visage.
Malgré qu'il ne se laisse pas plongé dans le sommeil, qu'il mange trop peu et soit rongé par l'inquiétude pour Seungcheol, Jeonghan ne semblait pas avoir perdu un centimètre de cette beauté féerique qui faisait tourner les têtes. Je trouvais ça un peu injuste, la majorité des personnes ordinaire se voyaient octroyé le physique d'un zombie dès que quelques cernes tachaient leurs regards.
Néanmoins quelques-chose me pertubait sur ses traits, une différence que je ne parvenais pas à indentifier.
- Tu as beaucoup changé, t'es plus le petit Serdaigle prétentieux et innaccesible d'avant. Maintenant tu te soucie des autres, fit-il remarquer.
- Les autres ne m'intéressent pas plus que ça.
Un sourire naquit sur les lèvres de Jeonghan, et enfin je comprenais ce qu'il y avait de si étrange chez lui.
À l'intérieur de cette expression amusé je ne distinguait aucune lueur espiègle qui entachait toujours ses traits. Je me rendais compte que depuis le combat des Trolls je ne l'avais pas une seule fois vu aussi malicieux qu'à l'ordinaire.
Une désagréable vibration fit rebondir ma poitrine. Quand Seungcheol ne vivait pas, alors Jeonghan s'éteignait.
- T'essaye de convaincre qui là ? Toi ou moi ? Demanda-t-il.
Ses paroles faisaient ironiquement écho à celles que m'avaient prononcé le professeur Rogue, rallongeant le rythme de mon calvaire intérieur.
S'étaient-ils tous mit d'accord pour me faire la leçon aujourd'hui ?
- Sache que dans les deux cas ça fonctionne pas.
Sur ces mots Jeonghan partit, me laissant seul dans cette pièce froide à l'ambiance plus silencieuse que jamais. Un frisson me parcouru, la boule de nausée ancré dans mon estomac se mit à grandir considérablement.
Tient, ça faisait bien longtemps que je n'avais pas eu envie de pleurer comme un enfant capricieux.
Je frappa ma joue pour me ressaisir, ce n'était pas le moment de sombrer dans des tourments sans fin. Comme à chaque repas Jeonghan allait sûrement avaler son déjeuné en un rien de temps afin de revenir ici au pas de course.
Chaque seconde comptait, je ne pouvais plus en prendre une seule.
Si je voulais mener a bien cette nouvelle très mauvaise décision, je ne pouvais pas me permettre d'hésiter.
Dans un geste vif je sortit de mon sac un livre intitulé "Histoire des infrastructures magiques ", et tapota ma baguette dessus. Instantanément les lettres se mirent à bouger sur la couverture, formant les mots d'un tout nouveau titre.
"Magie noire et sorts interdits"
J'inspira profondément, mes parents m'avait offert cet ouvrage il y a un an quand ils avaient sentit que j'étais prêt à plonger dans les plus morbides déboires de la magie. Ils attendaient de moi que j'étudie tout les sorts de combat que ce livre contenait et j'avais laisser des flots de sueur en m'y attalant. Mais depuis la mort de Jungkook je n'avais pas eu l'occasion d'y mettre le nez, utiliser de telles formules dans l'école serait bien trop risqué, même en me cachant.
Seulement, je l'avais sortie de la poussière il y a quelques jours, juste après l'attaque du Troll.
Et je le lisais de long en large depuis la visite des parents de Seungcheol.
- On est pas vraiment amis toi et moi, alors je ne sais même pas pourquoi je fais ça, murmurais-je à l'égard du Serpentard inconscient.
"Vivre sans regret". Rogue avait bien raison sur ce point, regretter c'était le meilleur moyen pour ne plus savoir avancer.
Je tourna les pages du livre jusqu'à une formule déniché il y a peu, un sort puissant et dangereux dont je ne connaissais pas l'existence auparavant. Il n'était pas destiné au combat, à la destruction ou la domination, alors mes parents ne me l'avais évidemment pas conseillé.
Il s'agissait d'une magie de sacrifice.
- Tu ne peux pas m'entendre Seungcheol, et j'espère d'ailleurs que tu ne m'entendra pas, parce-que je serais mal si tu racontais ça à quelqu'un. Je suis en train de faire la chose la plus stupide qu'il soit, tout ça parce-que je suis rongé de culpabilité.
La culpabilité de n'avoir rien fait pendant l'attaque des Trolls, alors même que j'avais étudié tant de sort de chaos assez puissant pour terrasser nos ennemis. La peur d'être découvert en tant que Mangemort m'avait empêché d'agir, de sauver mes camarades. Je considérais que si deux d'entre eux fermaient encore leurs yeux dans cette horrible pièce blanche, ce n'était que de ma faute.
Si j'avais terrassé les Trolls, alors Seungcheol n'aurait jamais été détruits au point de resté handicapé à vie.
Si j'avais apprit ne serais-ce qu'un sort de guérison alors sur le coup j'aurais peut-être pu les aider, lui et Seokmin.
Je ne me serais jamais sentit aussi impuissant, alors que le sang du Poufsouffle coulait entre mes doigts.
- Je fais ça pour que tu puisses réaliser ton rêve idiot, alors t'as vraiment intérêt à devenir un joueur de Quidditch reconnu dans le pays.
Après avoir passé une dernière fois mon regard sur la formule, je déposa le livre et leva ma baguette. J'inspira et expira profondément, toujours incapable de croire que j'allais vraiment faire ça.
Que j'allais me sacrifier pour le rêve de ce Serpentard pour lequel je ne ressentais pas une once d'affection.
- Non... En fait t'as intérêt à devenir un joueur reconnu mondialement.
Je plaça le bout de la baguette sur ma paume de main, à l'emplacement de ma ligne de vie, et poussa un soupir.
Depuis la visite des parents de Seungcheol je m'étais laissé rongé par une culpabilité encore plus grande, je me sentais comme le plus pitoyable des hommes, incapable de faire quoi que ce soit. Je savais détruite mais pas guérir, et avec ça j'osais me croire un futur grand sorcier ? Ça ne faisait de moi qu'un être plus misérable encore.
Alors je m'étais cassé la tête à chercher un sort qui pourrait arranger les choses, qui réparerait ce corps endormi face à moi, qui lui permettrait de redevenir cet élève plein d'ambition.
Et à force de recherche je n'avais trouvé qu'une seule formule qui offrirait les résultats nécessaires, la plus puissante des magies de guérison.
Interdite, puisqu'elle imposait à celui qui employait ce sort de sacrifier une chose qu'on ne récupérait jamais: du Temps.
- T'as intérêt à devenir numéro un, Choi Seungcheol.
Puis mes lèvres prononcèrent la formule en même temps que ma baguette trancha la ligne de vie sur ma paume. Du sang émergea de ma peau et coula sur ma main pour rejoindre le visage du Serpentard, un liquide rouge au sein duquel brillait des éclats de magie.
Le sang sembla pénétrer sa joue, et à mesure qu'il glissait depuis ma main je me sentais de plus en plus affaibli. Ce sort épuisait mon énergie mais je le maintenait en état, refusant qu'il soit un échec.
À mesure que Seungcheol guérissait je voyait ma ligne de vie qui rétrécissait un peu. Deux ans ? Cinq ? Dix peut-être ? Qu'importe combien d'années d'existence ce sort me coutait, je voulais à tout prix réparer mon erreur.
Je voulais prouver que je pouvais être un sorcier puissant, et que mes années d'études en magie noire n'étaient pas vaine.
Je voulais me prouver, à moi et rien qu'à moi, que je pouvais être quelqu'un de bien.
Que je pouvais vivre sans regret.
Le sort prit fin, mon sang cessa de couler et le visage de Seungcheol n'en présentait plus une seule goutte. Mais rien ne changeait, il nouvrit pas les yeux, ne fit aucun mouvement, contrairement à moi qui m'effrondra sur le sol.
Est-ce que ça avait marché ? Je ne saurais le dire. Je sentais qu'une guérison avait eu lieu sur son corps mais j'ignorais si ça serait suffisant pour que toute les séquelles du combat disparaissent. Moi je me sentais simplement épuisé, vidé, asséché.
Et heureux comme jamais auparavant je ne l'avais été.
C'est ce sentiment qui me permit de rependre place sur mes jambes et d'avancer vers le lit de Seokmin, à côté duquel je viens m'assoir. Mes doigts vinrent se fourrer dans ses cheveux et je me sentit sourire comme un idiot en observant son visage.
- Tu voulais qu'on aide nos camarades et qu'on les rende heureux... Je donne tout pour cette mission tu sais, beaucoup trop d'ailleurs. À cause de toi je fais des paris stupide pour rapprocher Jihoon avec Soonyoung et Wonwoo avec Mingyu, puis je m'investis à prendre soin de Jeonghan avec tout les autres... Et voilà que maintenant je sacrifie des années de ma vie pour que Seungcheol puisse réaliser son rêve.
Je laissa ma tête retomber en arrière, sur le dossier de ma chaise, épuisé.
- J'espère que t'es fier de moi... Seokmin, murmurais-je.
La lueur d'un sanglot s'en revient titiller ma poitrine, mais je lui refusa tout accès vers la sortie. Depuis ma plus tendre enfance je m'efforçais de ne pas pleurer, je ne pouvais pas craquer aussi facilement.
Je n'avais pas le droit de craquer.
- Joshua ?
Les caresses de mes doigts dans les cheveux du Poufsouffle se figèrent, en même temps que mes yeux soudainement écarquillé vers le plafond. Je crois que mon cœur avait manqué un ou deux battement, devenant douloureux dans mon torse, alors que je baissait la tête vers le lit devant moi.
Seokmin y était toujours allongé, ma main séjournait toujours sur son crâne, mais désormais il me fixait.
Ces yeux grand ouvert plongé au creux des miens eurent don de perturber le bon fonctionnement de ma poitrines. De mon cœur à mes poumons, tout mes organes semblèrent cesser leur fonctionnement.
- De...depuis quand es-tu réveillé ? Murmurais-je, peinant à croire ce que je voyais.
- Maintenant... Que s'est-il passé ?
Sa voix sortait pâteuse et rauque, usé de ne pas avoir été utilisé depuis plusieurs jours.
Je n'arrivais toujours pas à prendre conscience de ce qu'il se passait, je ne parvenais pas à me dire qu'il était éveillé et me regardait dans un mélange fébrile de déboussolement.
- Il s'est passé plein... Trop... de choses.
Ma voix à moi me semblait plus pâteuse et rauque encore que la sienne, et il le remarqua évidemment. Ses yeux se clignèrent, comme pour le forcer à émerger plus vite de cet état de latence qui précédait le réveil, puis il se redressa.
Je tenta de le maintenir allongé, de peur qu'il se blesse, mais mes bras me semblaient soudainement si faible qu'il n'eu aucun mal à transgresser ma demande silencieuse d'immobilité.
- Joshua tu... tu as pleuré ?
Son visage se tenait maintenant proche du mien, bien trop proche, me poussant d'autant plus à me perdre dans ce regard. J'avais l'impression de ne pas l'avoir vu depuis une éternité, j'avais l'impression d'étouffer et de mieux respirer à la fois.
- Non, murmurais-je.
- Tes yeux sont rouge.
- Je n'ai pas pleuré.
Il plissa des yeux, une lueur de tristesse hanta soudainement ses traits.
- Quand j'étais enfant ma mère me disait toujours qu'il n'y avait rien de plus douloureux que de retenir des larmes.
J'avais envie de répéter que je n'avais pas pleuré, que je n'allais pas pleurer, que c'est lui qui devrait lâcher des larmes. Après tout, c'est lui qui me revenait après un passage trop près de la mort.
Pourtant, je fus incapable d'exprimer la moindre colère, d'élever la voix, ou même de reculer pour lui échapper.
- On m'a toujours dit que pleurer c'est être faible, et la faiblesse est la pire des indignation. Si j'osais pleurer, alors mon père me punissait.
Les mots sortaient tout seul, les confessions recluses au creux de ma poitrine depuis qu'on m'avait hurlé dessus et frappé pour que je lève le menton, pour que j'observe le monde comme si je lui étais supérieur.
- Chez moi... Pleurer est interdit, ajoutais-je.
- Mais on est pas chez toi ici.
Seokmin vient déposa sa main sur ma joue, effleurant ma peau dans la délicatesse avec laquelle on touchait du cristal. Comment ses doigts pouvaient-ils être si doux ? Pourquoi, à peine me touchait-il, que mes émotions explosaient ?
Pourquoi les larmes coulaient sans contrôle ?
Pourquoi ma tête tombait contre son torse ? Alors que depuis ma gorge le gémissement des sanglots s'envola comme le hurlement d'un enfant brisé ?
- Tu as le droit de pleurer Joshua, souffla-t-il, en refermant sur moi l'étreinte que personne ne m'avait jamais offerte.
Me perdre dans les bras de Seokmin, au final n'était-ce pas cela la pire de mes mauvaises décisions ?
La plus belle ? La plus essentielle ?
Celle qui me laissait devenir vulnérable, comme jamais je n'avais pu l'être.
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