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~Jeonghan~
Durant un instant, un bref instant, j'eus l'impression d'avoir été transporté ailleurs.
Il n'y avait plus de bruit, plus d'odeur, plus rien à voir où à ressentir. J'étais seul dans un espace qui n'était plus Poudlard, qui n'avait ni sol ni plafond, ni mur ni limite. Le temps n'existait pas, mon coeur avait cessé de battre.
Le vide, ou plutôt le néant.
Et moi, seule présence.
Non, il y avait d'autres présences. Je ne les voyais pas, je ne les sentais pas, mais je savais qu'elles étaient là. Une faille semblait avoir percé la réalité pour nous aspirer, nous couper du monde, et faire naître au creux de nos poitrines une chaleur si intense que mon corps paraissait se décomposer.
Il n'y avait pas la moindre douleur, juste cette intensité profonde, une puissance écrasante et un air irrespirable. Une magie phénoménale crépitait tout autour de moi, m'enlaçait et m'étouffait.
Peu à peu, les autres présences autour de moi disparaissaient. Elle sortait de ce rêve étrange, de cette atmosphère qui n'existait nul par ailleurs, de cette chaleur, de cette lumière, de ce champ de force qui compressait jusqu'au plus infime de mes atomes.
Une présence disparu, puis une deuxième, une troisième, une quatrième. Elles ouvraient les yeux, s'en retournaient à la réalité. Je voulais faire de même, mais quelque-chose m'en empêchait.
Je me mis à marcher, à tendre les bras. Qu'est-ce que je cherchais ? Je ne saurais le dire.
Une cinquième présence disparu, une sixième, septième, huitième.
Le vide accueillait mes mouvements, mes émotions semblaient s'étendre autour de moi sans se connecter à mon cœur. Est-ce elles que je cherchais ? Où était passé ma peur ? Ma colère ? Ma tristesse ?
Une neuvième disparu, une dixième, une onzième...
Ma main se referma sur la douzième
- Jeonghan-Hyung ?
La voix de Chan.
Chan était là, devant moi.
- Jeonghan-Hyung, je suis en train de mourir.
Ses mots me rendirent la tristesse et la souffrance. Ma main se serra plus fort contre la sienne, si fort, et pourtant je le sentais à peine.
- Je crois que je suis entre la vie et la mort, je suis bloqué. Ce sont les bagues qui vous on amené à moi, c'est elles qui m'ont bloqué avant que je m'en aille.
Il disparaissait, mais pas comme les autres.
Les onze présences avaient été transporté ici puis ramené à la réalité en rouvrant les yeux. J'aurais dû faire comme elles, j'aurais pu. Mais il y avait cette drôle d'impression qui m'avait gardé ici, qui m'avait maintenu, qui m'avait poussé à chercher Chan.
- Hyung, tu crois que les bagues ont fait ça pour qu'on puisse se dire adieu ?
Non, il n'y avait pas d'adieu.
Il n'y aurait pas d'adieu.
Je le refusais.
Ma bague brûlait. Elle refusais elle aussi, n'est-ce pas ?
- On rentre, murmurais-je.
- Hyung...
- Ouvre les yeux Chan. On rentre à Poudlard tout les deux, les autres nous attendent.
J'étais là pour ça, j'en était certain. Les bagues et la salle secrète, je ne sais pas quelle genre de magie elles possédaient, quel genre de sortilège nous avions enclenché sans le savoir, mais je sentais une puissance crépiter jusqu'au plus profond de mes entrailles.
"Empêcher le pire d'arriver"
Tout nous menait à ça, à ce moment.
À ma main tenant celle de Chan. À lui qui disparaissait peu à peu entre mes doigts. À moi qui le retenait.
- Je ne sais pas... Je ne peux pas... Tout est si noir, j'ai peur de mourir...
- Tout ira bien, ouvre les yeux, affirmais-je.
- J'ai peur...
- Il n'y a pas de quoi avoir peur, je te tiens la main, je suis avec toi. À trois, on ouvre les yeux ensemble, d'accord ?
Je ne sentais presque plus sa présence, sa voix me semblait lointaine, la peur envahissait l'air et brûlait mes poumons. Mais je souriais, je parlais calmement, avec confiance et certitude.
Si j'y croyais alors ça marcherait.
- Un.
Si j'y croyais alors il vivrait.
- Deux.
Il devait y croire lui aussi.
- Trois.
Si nous étions ensemble, tout les treize, alors rien de mal ne pourrait arriver.
J'ouvris les yeux. la main de Chan disparu. Chan disparu.
J'étais de retour dans la réalité, les bruits et les odeurs me frappèrent, le crépitement de la magie s'évanouit, ma bague cessa de briller.
J'étais de retour dans la bibliothèque, neuf regards m'observaient, mais je ne plongea le mien que dans un seul.
Celui de Seungcheol, dont le visage se tenait à deux centimètres à peine.
- Jeonghan ? Murmura-t-il.
Sa voix tremblait, ses yeux tremblaient, son corps entier tremblait. La pâleur de ses traits m'apparut, la frayeur qui s'evanouissait peu à peu, remplacé par le soulagement électrisant qui succédait une vive angoisse.
- Tu ne revenais pas, j'ai cru que tu... Par Merlin, ne me refait jamais ça.
Ses mains s'accrochèrent aux miennes, en levant les yeux je voyais ce même soulagement chez mes amis. Mes pensées mirent un moment à s'éclaircir, mon esprit me semblait comme une immonde bouilli. J'étais comme à l'éveil d'un rêve, je ne comprenais pas ce qu'il s'était passé mais mon souffle me semblait trop rapide, et mon corps comme affolé.
- Chan...
Ce simple nom, prononcé de ma propre voix, m'arracha de cet état statique. Je me souvenais soudainement de l'endroit où nous étions, je me souvenais de ce qu'il se passait, je me rendais compte que mon moment d'absence n'avait duré que quelques minutes.
- Où est-il ? Demandais-je, en me redressant.
Seungcheol me retient, inquiet que mon état ne soit pas stable et que je puisse retomber net. Mais je me sentais plus en forme que jamais, trop lucide, gagné par une énergie désespéré et enflammé.
Je devais allez trouver Chan, tout de suite.
- Il n'est pas ici, Jeonghan... Il est...
- Je dois allez le chercher. Où est-il ?
Je me levais et commença à prendre la direction de la sortie sans prêter attention au visage triste et inquiet de Seungcheol. Presque tout les autres me regardaient ainsi, sur leurs traits se mêlaient chagrin et incertitude. Taehyung gisait à l'endroit où je l'avais frappé, j'ignorais s'il avait perdu connaissance à cause de mes coups ou pour une autre raison, et je m'en fichais. Je passa par-dessus son corps, bien décidé à trouver le plus jeune membre de notre groupe.
Les autres restèrent à l'arrière, hésitant. Ils ne savaient pas s'ils devaient admettre la mort de Chan ou se laisser gagner par l'espoir. C'était trop effrayant d'y croire, ils craignait que la douleur soit plus grande encore.
Mais moi j'y croyais. Après ce qu'il venait de se passer j'y croyais plus fort que tout.
Chan était vivant.
- Lui, Junhui et Mingyu sont dans la cinquième pièce en partant à droite, déclara Hansol, qui avait repéré nos amis grâce à son flair de loup-garou
Lui et Seungkwan étaient les premiers, et les seuls, à m'avoir rejoint. Nous nous trouvions déjà dans le couloir, le pas pressé. J'entendais vaguement les autres s'activer derrière, mais la peur les rendait lent.
J'échangea un vif regard avec les deux garçons et y lu la même détermination que moi, le même espoir brûlant.
On ne perdit pas une seconde pour courir vers la pièce désigné par Hansol, je crois que je ne m'étais jamais déplacé aussi vite de ma vie. J'enfonça la porte de cette salle de classe qui empestait le sang, faisant sursauter les personnes qui se tenaient à l'intérieur.
Junhui fut le premier à lever la tête vers nous, il se tenait debout, semblait s'être figé alors qu'il faisait les cents pas en s'ebourriffant les cheveux. À ses pieds il y avaient Mingyu et Chan, le plus jeune écrasé dans les bras du premier.
C'est à cet instant que les émotions se rappelèrent à moi. La peur et la colère firent exploser mon coeur, le soulagement inonda ma vision et les sanglots remplacèrent ma respiration.
- Je vous avais dit que cet idiot ne pouvait pas mourir comme ça, clama Seungkwan, qui entrait avec Hansol.
J'avança vers nos trois amis, le visage bientôt noyé par les larmes, et me laissa tomber devant eux. Mingyu ne daignait toujours pas lâcher le plus jeune, il accepta seulement de desserrer un peu sa prise pour que je puisse m'y immiscer.
Aucun mot ne s'échappa de ma gorge, Chan non plus ne parla pas. Il pleurait et souriait en même temps, son regard croisa le mien et il eu l'audace de lâcher un rire nerveux en glissant un bras pour m'étreindre.
- Il était mort... Je suis certain qu'il était mort. Et puis d'un coup les bagues se sont misent à briller et... il s'est réveillé. Je suis pas comment c'est possible, mais il à survécu, bafouilla Junhui.
- Ne fais plus jamais ça... Ne meurt plus jamais, sanglotait Mingyu, qui serrait Chan si fort qu'il pourrait l'étouffer par mégarde, et puisque je trouvais place dans leur étreinte il m'écrasa bientôt avec.
La porte s'ouvrit plus grand encore, les pas du reste de nos amis résonnaient. Je n'avais pas besoin de lever la tête pour deviner qu'ils étaient tous arrivé, le poids qui appuyait mon coeur se deserrait et ça me suffisait pour sentir que nous étions tous enfin réuni.
- C'est les bagues, c'est pour ça que le livre prophétique nous a dit de les porter. Personne n'est mort parce-qu'on les porte, déclara Soonyoung.
Je levais tout juste la tête pour voir le visage de Junhui s'illuminer, tandis que les autres avançaient vers nous. Ils n'avaient pas encore eu l'occasion de nous parler de leur entrevu avec le livre prophétique, mais visiblement ça avait un rapport avec ce qu'il venait de se passer.
- C'est pas seulement parce-qu'on les porte, mais parce que nous nous sommes fait suffisamment confiance pour être digne tout les treize, enchaîna Wonwoo.
Les trois garçons qui avaient pu discuter avec le livre échangèrent un regard entendu et complice, que nous ne pouvions pas comprendre.
Je me recula un petit peu et Mingyu en fit de même, pour permettre aux autres d'approcher Chan. Ce dernier séchait maladroitement ses larmes en reniflant, tandis que Joshua fut le premier à le prendre dans ses bras. Je l'entendis murmurer un faible "désolé", avant que Hansol ne vienne se mêler à cette étreinte. Puis Seungcheol les remplaça. Je resta assit à les regarder, un drôle de sentiment berçait peu à peu ma poitrine.
Minghao sauta dans les bras de Junhui, tout deux poussèrent un soupir, soulagé de se retrouver en un seul morceau. De son côté Wonwoo se penchait vers Mingyu et essuya doucement les larmes qui trempaient son visage. Ils ne parlèrent pas, se regardaient à peine, mais il ne fallut que quelques secondes pour que le Gryffondor laisse sa tête tomber dans ne cou du Serdaigle et se remette à pleurer.
Jihoon, Soonyoung et Seokmin s'étaient dirigé vers le corps de Park Jimin, que j'avais aperçu en arrivant mais n'osait pas regarder plus de quelques secondes. Ils lui fermèrent les yeux avant de le recouvrir par un rideau blanc.
Un mélange d'émotion vibrait en moi, de la tristesse, de la peur et du soulagement, tandis que j'avais soudainement l'impression que nous avions pénétrer un univers de silence infinie.
C'est ainsi que je me rendis compte que les échos de combats ne retentissaient plus, ou alors très lointain, comme si la guerre venait de prendre fin.
Où qu'elle s'était figé pour mieux vraiment démarrer.
- On devrait allez au réfectoire et prendre connaissance de ce qu'il se passe, proposais-je en me redressant.
Tout le monde acquiesça. Malgré la fatigue évidente et les blessures qui ralentissaient la démarche de certain, nous quittâmes cette pièce d'un pas uni. Ma main trouva celle de Seungcheol, les sourires qu'on partagea n'avaient jamais semblé si fébrile. Et pourtant ils regorgeaient de courage, celui qu'on essayait mutuellement de se transmettre.
Le chemin fut désert, aucune trace d'élèves ou d'ennemis. Le silence qui régnait pendant plusieurs mètres s'effaçait peu à peu à mesure que nous approchions du réfectoire. Les portes y étaient grandes ouvertes et des centaines de voix s'élevaient, lorsqu'on entra de nombreux regards vinrent nous trouver. Presque tout Poudlard se réunissait dans cet endroit, élèves comme professeurs, vivant, blessé ou mort. Dumbledore n'était pas là, c'est les professeures Lee et McGonagall qui nous accueillirent.
Seokmin rejoignit les bras de sa mère, dont les traits de visage dur se brisaient sous le soulagement de revoir son fils sain et sauf.
- Les Mangemorts sont dans la cour devant le château, ils crient leur victoire et presse ceux qui veulent encore se battre de sortir maintenant, nous expliqua McGonagall.
Je comprenais mieux l'agitation, tout le monde débattait de la meilleure chose à faire, de s'il restait des chances de l'emporter où non.
- L'Ordre du Phénix arrive, et le Ministère envoi des Aurors pour nous prêter main forte. Ils arriveront au plus vite, en attendant il nous faut gagner du temps en évitant les dégâts supplémentaires, enchaina Madame Lee, qui gardait Seokmin serré contre elle.
- Dumbledore est allé à leur rencontre ? Demandais-je, inquiet sur notre directeur s'y soit rendu seul.
Ma question causa un froid, il y eu comme une fissure dans les regards de nos deux professeures, et soudainement le chagrin qui humidifiait leurs joues me sauta aux yeux.
- Dumbledore est mort, il à été tué sous nos yeux, murmura Junhui.
Mon coeur venait comme de tomber, j'avais l'impression que le poids de tout le château venait de m'écraser. L'information mit plusieurs secondes à s'imprégner dans mon esprit, la terreur que causait cette annonce parcouru notre groupe comme le plus glacial des souffles de tempête.
Albus Dumbledore était mort.
Le plus puissant sorcier de notre camp. Le seul qui pouvait confronter Voldemort. Le seul capable de tous nous protéger.
- Une grande partie des septième années se préparent à y allez, ils comptent se battre jusqu'à l'arrivée des renforts, et nous autres professeurs les y accompagnons. Tout les autres élèves restent ici, déclara madame Lee, qui s'écartait enfin de son fils.
Elle le poussait doucement vers nous, comme pour nous le donner, nous le confier, et peu à peu les yeux de Seokmin s'ecarquillaient d'horreur. Il accrocha plus intensément ses mains autour des bras de sa mère, l'empêchant de se séparer de lui.
- Tu n'y vas pas sans moi, affirma-t-il, la voix, tremblante.
Madame Lee secoua la tête, résigné. Nous savions tous que les professeurs et les élèves plus âgés ne suffiraient pas, la foule qui les attendait dehors était trop grande et puissante. Même si les renforts arrivaient au plus vite le nombre de victime avait le temps de s'agrandir. Ceux qui partait se battre maintenant se sacrifiait pour protéger les plus jeunes, ils voulaient empêcher que les Mangemorts décident de venir tuer plus d'innocent.
Je le lisais dans les yeux de tout nos professeurs. Ils iraient jusqu'à mourir pour sauver les élèves restant.
Était-on vraiment obligé d'en arriver là ? N'y avait-il aucune autre solution ? Aucun autre moyen ? Si nous tardions trop les Mangemorts viendraient d'eux-mêmes nous trouver et nous tuer. La majorité des jeunes sorciers étaient trop inexpérimentés, ce serait du suicide que de leur demander de se battre. Mais si seul les professeurs et les plus âgés s'y rendaient, à peine la moitié survivrait.
Nous devions gagner du temps. Trouver un moyen de retarder les combats jusqu'à l'arrivé des Aurors.
Trouver un moyen de distraire Voldemort et ses Mangemort.
Je me tournais soudainement vers Seungcheol, le coeur battant à la fois de peur et d'une adrénaline vibrante.
- Et si on y allait ? Murmurais-je.
Il leva un sourcil et un désagréable rictus se forma au-dessus de sa lèvre. Une expression qu'il affichait toujours quand il me sentait à deux doigts de prononcer la pire des idées.
- Allez où ? Demanda-t-il.
Je me mis à sourire, ce même sourire qui me venait toujours quand je prononçais la pire des idées:
- Rejoindre le camp de Voldemort.
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