2
~Jeonghan~
Ma main toujours accroché à celle inerte de Seungcheol, qui respirait désormais paisiblement dans le lit de l'infirmerie, mon regard brûlait contre les quelques rayons de soleil qui s'en venaient éveiller l'obscurité de la pièce. Le matin se levait, une journée plus lumineuse qui chassait les nuages sombres de la veille. Une pluie torrentielles était tombé pendant la nuit, inondant les jardins du château, mais elle laissait place à un beau temps inespéré en cette période de l'année.
Accompagné de ce soleil qui sortait peu à peu du sommeil j'entendais Poudlard qui érmegeait, les quelques bruits de pas dans les couloirs, les discutions lointaines, tout les élèves qui sortaient enfin des dortoirs maintenant que le danger avait été effacé, prêt à commencer une nouvelle journée de cours.
Huit heure sonnait bientôt, à cet instant nous devrions normalement être en chemin pour la bibliothèque, s'y poser pendant deux tours de cadran sans vraiment s'atteler au ménage. Mais pourtant personne ne faisait mine de bouger, dans cette infirmerie contenant les corps de treize jeunes sorciers je me trouvais le seul éveillé.
Je n'avais pas fermé l'oeil de toute la nuit.
Depuis le combat aucun d'entre nous n'était sortit d'ici, d'après les paroles de madame Lee nous aurions pu rentrer dans nos chambres mais personne ne semblait en présenter l'envie. Peut-être parce-que tous se sentait bien ici, comme protégé dans cette pièce close, seulement entre nous.
Pour ma part ça m'avais semblé invraisemblable de rentrer dans la salle commune de Serpentard sans Seungcheol.
La veille au soir nous avions dîner les nouilles laissé à notre disposition, l'appétit ne m'était pas venu mais Chan et Jihoon avaient insisté pour que j'en avale quelques-unes. Puis le silence était resté prioritaire, les endormis ne s'étaient pas éveillé, les autres s'étaient un à un laissé gagner par le sommeil sur les lits ou fauteuils que contenaient la pièce. Joshua s'était même assoupi sur le sol, c'est Hansol et Minghao qui s'étaient enquit à le porter jusqu'à un matelas décent. Puis la nuit s'était étendu dans un calme obscure, moi seul les yeux ouvert sur la fenêtre qui laissait apercevoir la tempête. Plusieurs fois j'avais sentit ma tête tomber en avant, gagné par les méandres de la fatigue, mais j'avais tenu bon durant les nombreuses heures ou l'astre lunaire régnait sur le soleil. Ma main n'avait qu'une seule fois quitté celle de Seungcheol, le temps d'un bref passage au toilette, je restais accroché obstinément à lui.
Là, sous mes doigts, je voulais sentir les pulsions de sa vie.
Je voulais être la première personne qu'il verrait quand il ouvrirait les yeux.
Je voulais qu'il ouvre les yeux, tout de suite, maintenant, dans les plus bref délais. Je n'en demandais pas plus, juste voir ses paupières se soulever et me sentir respirer à nouveau.
De toute la nuit il n'avait pas une seule fois fait mine de s'éveiller, ce matin non plus rien ne changeait, mais je l'attendrais encore des heures, des jours, des semaines s'il le fallait.
Juste, il n'avait pas le droit de demeurer les paupière close.
Alors qu'un soupir me prenait à la gorge à la vision de l'immobilité de celui que je nommait mon meilleur-ami, l'écho d'un frottement de drap éveilla mon intérêt. Je tourna la tête pour constater que Soonyoung se redressait dans son lit, passait une main confuse sur son visage puis observait la pièce comme s'il ne comprenait pas pourquoi il se trouvait ici. Son regard se figea sur Jihoon, endormi dans un fauteuil entre son lit et celui de Wonwoo. Le Serdaigle avait été le dernier à s'endormir, obstiné à surveiller que tout le monde aille bien avant de se laisser bercer par les bras de Morphée. Son attitude m'avait fait rire, il me ressemblait en un sens même si moi, têtu comme j'étais, je n'avais pas laissé à mes yeux le soin de se fermer.
Après avoir effleuré la joue de Jihoon, puis déposé une couverture sur son corps endormi, Soonyoung sembla sentir mon regard et se tourna dans ma direction. Une poudre rouge se déposa sur ses joues à l'idée que j'avais pu surprendre ses actions affectueuses envers son ami d'enfance, mais j'étais trop fatigué pour le taquiner alors je me contenta de lui murmure un "bonjour" à peine audible.
Le Serpentard passa de nouveau son regard que l'ensemble de la pièce, nos camarades bercé par le sommeil et les ronflements de certain. Une grimace lui vient lorsque ses yeux se posèrent sur Seungcheol, que le visage rempli de pansement rendait presque effrayant, puis s'approcha.
- Bien dormi ? Lui demandais-je.
- Je crois et toi ?
Il s'installa dans le siège à côté du mien dans un profond soupir, le regard un instant figé sur le paysage du jardin de Poudlard au petit matin. Puis, alors que plusieurs secondes s'étaient étendu sans que je ne livre la moindre réponse, il ancra son regard dans la mien et lâcha:
- T'as pas dormi, c'est ça ?
Je secouais la tête, lui faisant de nouveau lâcher un souffle accablé. Puis son regard vacilla sur ma main accroché à celle de Seungcheol, de désespéré ses traits furent infesté d'inquiétude.
- Comment va-t-il ?
- Il est stable, je répondis, mes doigts s'en allant recoiffer les mèches volages de l'endormi.
- Il se réveillera bientôt ?
- Je ne sais pas, madame Pomfresh ne pouvait rien affirmer pour le moment.
Soonyoung afficha un petite moue en détaillant Seungcheol et grimaça plus encore à chaque seconde.
- J'espère qu'il se réveillera vite, et en pleine forme surtout, on a besoin de lui pour gagner les matchs de Quidditch, clama-t-il, les bras croisés sur son torse.
Un sourire filtra sur mes lèvres, le premier depuis la fin du combat contre les Trolls. Oui, Seungcheol avait bien intérêt à me revenir aussi intact que s'il n'avait jamais été battu à mort. Je ne supportais pas de voir toute ces blessures parsemer son corps, et je supporterais encore moins qu'il en garde des séquelles.
Madame Pomfresh m'avait avoué qu'il y avait des chances pour qu'il ne s'en remette jamais complètement, que peut-être les efforts physiques pourraient dans le futur s'avérer difficile. Mais je refusais de croire à une telle éventualité, Seungcheol vivait pour le Quidditch, s'il ne pouvait plus chevaucher un balais ça sera pour lui une tragédie pire que la mort.
Je ne pouvais pas croire que ça puisse arriver, à mes yeux il n'y a pas de personne plus forte que lui. Il est puissant, incassable, indestructible, il n'existe pas un homme sur terre qui pourrait le briser.
À cette pensée me revient en tête le souvenir de son corps balancé et maltraité par le Troll, le sang qui s'écoulait et la violence du monstre. Pas une seule fois Seungcheol n'avait hurlé sa souffrance durant toute l'affreuse torture, n'importe qui aurait crié, pleuré, imploré que les coups cesse, mais pas lui.
Et même quand j'étais parvenu à ses côtés, que je lui avais présenté mon visage horrifié, incapable de prononcer le moindre sort de guérison correctement, tout ce que cet idiot avait trouvé de mieux à faire était de me sourire. Comme pour me rassurer, me faire savoir que tout allait bien, alors même que dans ses yeux brillaient toute sa souffrance.
Encore une fois, alors qu'il ne ressemblait plus qu'à une poupée désarticulé pleine de sang, je l'avais trouvé magnifique. Beau par sa force et son courage.
- Soonyoung, est-ce que tu peux me rendre un service ?
Mon camarade, qui commençait à se rendormir sur place, me fit de nouveau part de son attention pateuse de fatigue. Le pauvre aussi devait être épuisé par les soins qu'il avait reçu, grâce à Madame Pomfresh on devinait à peine que sa jambe fut complément tordu il y a plusieurs heures encore.
- Quoi comme service ? Demanda-t-il, dans un bâillement qui déchirait presque les lèvres.
Un autre sourire me vient, faible et bref, alors que mes doigts se serraient à ceux de Seungcheol. Je caressa du regard son visage endormi, replaça encore ses mèches de cheveux, trop lentement par besoin de sentir la chaleur de sa peau.
- Peux-tu garder un oeil sur lui quelques minutes ? Je serais juste dans le couloir, mais s'il se passe quoi que ce soit peux-tu me prévenir tout de suite ?
- D'accord, mais pourquoi tu vas dans le couloir ?
Désormais totalement réveillé Soonyoung m'offrit un regard où se mêlaient suspicion et curiosité. Mais je me contenta de fourrer la main de mon meilleur-ami dans la sienne
- Surveille juste Seugcheol, s'il te plaît, je te fais confiance.
Puis je me levais, une pointe enfoncé dans ma poitrine à l'idée d'être éloigné de Seungcheol. Mais il y avait quelque-chose de très important que je devais faire, profiter que tout le monde soient endormi et que les couloirs entourant l'infirmerie soient encore désert me semblait préférable
Il me fallait avoir une conversation très importante à l'abris des regards et oreilles indiscrète.
Je m'arrêta auprès d'un des divers lits qui habitaient la pièce et posa un œil désolé que le garçon qui y dormait paisiblement. Le sortir d'un sommeil si profond faisait glisser en moi un sentiment quelque-peu coupable, mais j'ignora tout mauvais regret pour lui secouer l'épaule jusqu'à voir ses paupières s'élever pour dévoiler des yeux brumeux et confus.
- Viens avec moi, on doit parler, murmurais-je.
Chan frotta son visage avant de m'observer plus attentivement, puis passer son regard sur les alentours. Il semblait tout aussi perdu que Soonyoung à son réveil et je ne pu retenir le rictus attendrit qui frémissait sur mes lèvres.
Après plusieurs seconde à émerger il s'enquit enfin à se lever, attraper la main que je lui tendais et me suivit à l'extérieur de la salle sous le regard curieux de Soonyoung.
- Bien dormi ? Demandais-je, une fois seul dans le couloir avec le cinquième année.
Celui-ci haussa les épaules, le poing frotté à ses yeux que la lumière du jour agressait. À cet instant il ressemblait plus que jamais à un enfant, ce qui augmentait mon sentiment coupable pour l'avoir éveillé et traîné dans le but d'une sombre discussion.
- Je vais pas passer par quatre chemins, Chan c'est pas toi qui a fait entrer les Trolls n'est-ce pas ?
Il se figea, la main sur son visage bouffie de fatigue, et ses yeux soudainement écarquillé. C'était comme si mes mots se révélaient un saut d'eau glacé jeté sur son crâne, le heurtant de sa froideur pour éveiller son corps dans un violent sursaut.
- Non... Bien sur que non, j'aurais jamais fais ça.
Sa voix ressortait pâteuse et rauque, si bien qu'il dû se racler la gorge en plein milieu de sa phrase. Ses mains ne touchaient plus son visage, il croisait les bras sur son torse et me fixait comme une petite chose effrayé par les crocs d'un prédateur.
Habituellement je n'étais pas vraiment très intimidant, les gens avait plus tendance à être mal à l'aise par ma présence, me mépriser ou me détailler du coin de l'oeil. Mais je devinais facilement à quel point le sérieux crispait mes traits, à quelle point je devais paraître sec et glacé. Je n'avais pas besoin de me voir dans un miroir pour savoir que dans mes yeux frémissaient des lueurs sauvages comme jamais il n'en brillait en moi.
J'étais en colère, affreusement en colère, comme jamais auparavant.
- Je sais que ce n'est pas toi, mais je suis aussi certain que tu sais qui l'a fait.
Je fis un pas vers lui et il recula, désormais parfaitement éveillé, des tremblements frénétiques sur les lèvres.
- Combien vous êtes dans cette école ? Tu n'es pas le seul Mangemort hein ? Qui sont les autres ? Combien ils sont ? Lequel d'entre eux à fait ça ?
- Hyung...
Le dos de Chan heurta le mur, coincé entre cette masse solide et moi il demeura parfaitement immobile.
C'était la première fois que j'évoquais haut et fort son lieu avec les mages noires, bien que l'ont sache tout les deux ce qu'il en était nous n'en avions jamais discuté. Ça me faisait étrange, le dire de vive voix apportait une certaine réalité à cette vérité que j'aurais secrètement souhaité fausse.
Au fond, j'aurais presque aimé m'être trompé, j'aurais presque aimé que Chan nie mes paroles et m'offre d'autres explications. Mais il ne le fis pas, laissa juste tomber ses bras le long de son corps et, son regard ancré dans le miens, lâcha:
- Je ne peux rien te dire, je ne sais pas qui a fait ça. Les autres Man... Les autres, ils ne sont pas assez puissant pour une telle prouesse de magie noire. Aucun de nous n'aurait pu ensorceler les Trolls.
Alors il y en avait bien d'autres, cette pensée fit accélérer le flux de sang dans mes veines. Dumbledore avait tord, nous n'étions pas en sécurité dans Poudlard, la menace sévissait à l'intérieur même des châteaux.
- Combien vous êtes ? Demandais-je, d'une voix tremblante que je ne retenais pas.
- Je ne peux pas te le dire.
- Combien vous êtes !
- Hyung !
Il plaqua sa main sur ma bouche, le regard vif sur les alentours de crainte que quelqu'un puisse surprendre notre conversation. Mais je le repoussait d'un geste brusque, énervé qu'il se montre aussi peu coopératif.
J'étais en colère, épuisé, effrayé, alors toute mes émotions et mes pensées tournoyaient dans mon esprit dans la plus vive des tempêtes. Je ne supportais pas de savoir Seungcheol placé entre la vie et la mort, je ne supportais pas de savoir que, même s'il se réveillait, son avenir pourrait être compromis, tout ça à cause d'un foutu conflit de sorciers dans lequel on nous impliquait sans notre consentement.
Et je n'aimais pas voir la peur dans les yeux de Chan, sa détresse tourné sur moi, qui me demandais silencieusement de ne pas défouler ma colère sur lui.
Malgré l'attaque des Trolls, malgré sa place de traître pour cette école, je n'avais pas envie de me disputer avec lui. Aussi stupide que cela puisse paraître je lui accordais ma confiance, parce-que mon instinct m'assurait qu'il ne cherchait que de l'aide.
- C'était pas un choix, n'est-ce pas ? Demandais-je, d'une voix plus calme.
- Hein ?
- D'être Mangemorts ?
Sa main vient doucement tripoter son avant-bras, le même où j'avais aperçu la marque des mages noirs le jour de notre première rencontre. C'était pour cette particularité que j'avais décidé de m'intéresser à lui, l'étudiant sans le dénoncer, juste pour comprendre comment un gamin pouvait être impliqué dans de telles méandres d'obscurité. Au final la curiosité était passé, je l'appréciais maintenant, je lui faisais confiance, car jamais auparavant je n'avais croisé un regard si franc et parlant.
Mon instinct ne me trompait jamais.
- Les fidèles de Voldemort marquent leurs enfants dès la naissance... C'est une sorte de "baptême", comme un cadeau pour leur chef, un signe de fidélité, murmura-t-il.
Je hochais la tête, un soupir coincé au bord de lèvres. La colère bouillonnait toujours en moi, la fatigue me rendait irrité, mais ce n'est pas en l'agressant que j'obtiendrais quoi que ce soit.
- Hier on... On aurait pu tous y passer. Seokmin s'est presque fait empalé, Jihoon et Wonwoo ont failli être dévoré, Junhui aurait pu perdre son bras et Seungcheol... Seungcheol... On est pas certain qu'il puisse remarcher correctement un jour.
Le visage du cinquième année sembla fondre petit à petit sous une teinte de douleur, apporté depuis ses yeux pailletés de larmes. En lâchant le soupir qui patientait à l'orée de ma bouche je lui attrapais la main, espérant signifier ainsi que nous étions du même côté.
- Je suis épuisé Chan, énervé, je ne supporte pas ça. J'ai besoin de trouver le coupable et lui faire payer, je déteste qu'on s'en prenne à ce que j'aime.
Il baissa son regard sur les doigts que je mélangeait doucement aux siens resté figé, puis ferma le poing pour nous accroché plus vivement l'un à l'autre.
- Je comprend Hyung, moi aussi je veux protéger ceux à qui je tiens. C'est pour ça que je ne peux rien te dire... Tu seras en danger, souffla-t-il alors.
- J'ai besoin de savoir.
- Et moi j'ai besoin de te protéger.
Une vague de frustration me gagna, faisant naître des frisson de colère sur mon épiderme et, sans même m'en rendre compte, je serra plus fort la main du Gryffondor dans la mienne.
- Tu n'as pas à me protéger ! Je suis assez grand pour me protéger tout seul, je veux pas laisser des enfoirés impunis ! M'exclamais-je.
Je crois que de toute ma vie je n'avais presque jamais eu besoin de crier, ça me surprenait moi-même mais Chan, lui, se rapprocha juste plus de mon visage pour clamer à son tour:
- Non ! Tu ne sais pas à quoi tu t'attaques, tu va mourir si tu t'implique là-dedans !
- J'en ai rien a foutre ok ?! Ces monstres ont failli tué Seungcheol !
- Je refuses que tu finisse comme Jungkook !
L'évocation de notre défunt camarade figea aussi bien ma colère que ma voix, alors que Chan ouvrit des yeux horrifié, comprenant qu'il venait de faire une gaffe.
- Tu sais ce qui lui est vraiment arrivé ?
Il se recula une nouvelle fois contre le mur alors que j'avançais. Des dizaine de nouvelles questions se bouculaient dans mon crâne, de la peur également laissa dégager ses effluves alors que j'enchainais:
- Qu'est ce qu'il s'est passé ? Pourquoi est-il mort ?
- Il s'est mêlé de choses qui ne le regardaient pas, il aurait dû rester à distance mais il n'en a pas été capable, murmura Chan, qui évitait désormais mon regard.
- Qui l'a tué ?
- Je ne peux pas te le dire.
- C'est toi ?
- Non ! Bien sûr que non !
La panique se lisait sur chaque millimètre de ses traits, l'angoisse face aux informations qu'il dissimulait au fond de sa gorge. Je devinais à quel point ça devait peser lourd, à quel point il étouffait de détresse sans pour autant laisser le repos bercer sa poitrine.
À travers ses yeux il y avait de nouveaux appels à l'aide, qu'il m'envoyait et m'envoyait encore sans pour autant me laisser les saisir.
Nous étions tout aussi effrayé et perdu l'un que l'autre.
- Mais tu sais qui c'est, affirmais-je.
Il hocha la tête, faiblement, comme si ce simple geste invoquait les pires tourments à l'embrasser.
- Et tu ne peux pas me le dire.
Cette fois il secoua la tête, plus vivement, en marmonnant :
- C'est dangereux, trop dangereux, et tu en sais déjà trop. Si ils apprennent que tu sais pour moi...
- Qui c'est "ils" ? Demandais-je.
Chan leva enfin les yeux pour les accroché aux miens. L'attitude d'enfant fragile s'envola bientôt de lui alors qu'il redressait les épaules, tentant de paraître plus fort et mature qu'il ne l'était.
Ça me perturbait toujours autant, cette manière qu'il avait de passer d'une allure à une autre en une fraction de seconde. Une preuve que, de toute sa vie, il n'avait jamais vraiment été autorisé à être faible, qu'il s'était entraîné à afficher une attitude confiante et marbré de force même quand il était à deux doigts de s'effondrer.
- Les autres Mangemorts.
- Ils me tueront si ils apprennent que je sais ? Devinais-je.
- Sûrement.
- Alors Jungkook a apprit ce que vous étiez et vous l'avez tué.
La mâchoire de Chan se crispa, rictus amer tandis qu'il répétait:
- Je ne l'ai pas tué.
Soucieux de le rassurer je me mis à caresser le dos de sa main de mes doigts, imitant ainsi les gestes que faisait ma mère lorsque, plus jeune, elle tentait de me réconforter et affirmer sans un mot qu'elle me soutenait.
- Tu ne l'as pas tué, mais les autres Mangemorts de l'école l'ont fait pour conserver leur secret, lachais-je alors.
Le ton plus doux de ma voix sembla le calmer un peu, le pousser à comprendre qu'il n'avait pas à se comporter comme un mur solide en ma compagnie puisque, en poussant un soupir, il laissa retomber ses épaules et murmura:
- Il n'a pas eu le choix...
- Il ? C'est donc une seule personne qui l'a tué ?
- Oui.
- Qui est-ce ?
- Hyung !
Je fis mine de me taire sous son regard accusateur qui me suppliait d'arrêter de poser la question des identités. Ce fut à mon tour de pousser un soupir, tandis qu'il continuait:
- Jungkook avait... Menacé de tout révéler à Dumbledore.
Son regard valsa encore un peu dans les couloirs, anxieux qu'on surprenne nos dire, tandis que ses mots sonnaient si bas que je les entendais tout juste.
- Sur le coup j'ai pensé qu'on allait juste devoir fuir, qu'on quitterait l'ecole avant que le directeur et les professeurs ne viennent nous attraper et nous faire enfermer mais...je ne pensais absolument pas qu'il... Allait le tuer.
Je retiens de justesse de poser de nouvelles questions à propos de ce "il", de peur que l'avancé de notre conversation ne soit brisé.
- Tu as vu Jungkook être tué ?
À ma question la tristesse qui perlait déjà dans ses yeux sembla étinceler davantage, tandis qu'il attrapait mon bras de sa main libre.
- Je refuse qu'il t'arrive la même chose, je vais moi-même découvrir qui a fait rentrer le Troll et régler la situation. Ne t'en mêle pas, s'il te plaît Jeonghan, je ne veux pas que quelqu'un te fasse du mal.
Il y avait dans sa voix tellement de désespoir et de supplication que je ressentais presque l'envie de promettre de ne rien faire, de le laisser tout prendre en main, d'oublier et agir comme si je ne savais rien.
Presque.
- Chan... Je veux bien rester en retrait, être discret et garder ton secret. Mais si jamais Seungcheol ne se rétablit pas complétement alors... Alors je réglerais moi-même son compte à l'enfoiré qui a fait entrer ses monstres, Mangemorts ou pas, danger ou pas, je le trouverais.
Sur ses mots je me détachais de lui, concluant qu'il valait mieux en terminer là une conversation qui, de toute façon, ne mènerait pas beaucoup plus loin. J'avais obtenu les informations que je voulais, pas toute, mais tout de même quelques confirmations. D'autres Mangemorts sévissaient dans l'école, l'un d'entre eux avait tué Jungkook, alors ils auraient très bien pu faire rentrer les Trolls également.
Une question néanmoins restait complète et dérangeante, autre que l'identité de ses personnes, une question qui tournoyait dans mon esprit depuis ma conversation avec Dumbledore.
Notre directeur savait pour Chan, alors il devait bien savoir pour les autres, non ? Mais alors, s'il savait, pourquoi ne faisait-il rien ? Pourquoi nous laissait-il fréquenter le danger ? Pourquoi avait-il laissé un élève mourir des mains d'un Mangemorts ?
Combien d'autres devraient périr pour qu'il se décide à agir ?
C'est la tête lourde de réflexions, la fatigue empêtré dans mes muscles et pourtant persuadé que je ne dormirais pas avant longtemps, que je m'apprêtais à retourner dans l'infirmerie. Mais quand tout juste que je touchais la poignée Chan me rattrapa par le bras, me retourna face à lui et, les joues parsemé de larmes, demanda:
- Hyung, tu... ne me déteste pas, hein ?
Ma main glissa de la poignée, sans l'ouvrir, tandis que j'entendais à l'intérieur quelques voix. Nos camarades s'eveillaient avec le soleil, tout comme le reste de l'école, comme si une journée parfaite et normale s'annonçait.
Et me vient de nouveau la pensée qu'à cette heure-ci nous devrions nous trouver dans la bibliothèque. Qu'est-ce que je ne donnerais pas, d'ailleurs, pour être là-bas, entouré de mes douze collègues de ménage, assit de part et d'autre de notre pièce secrète à discuter du monde et des projets d'avenir.
- Je t'ai déjà dis que j'étais enfant unique ?
Une lueur d'incompréhension flotta sur le visage de Chan face à mes paroles, tandis que je laissais mon regard caresser le ciel bleuté par la fenêtre.
- Je n'ai pas de frères ou de soeurs, plus jeune je n'avais aucun ami à l'école, et mes parents, bien que bienveillant, n'étaient pas beaucoup présent, alors j'ai grandi en étant très seul. Arrivé ici j'ai rencontré Seungcheol mais... Mais il n'est pas comme mon frère, ni même comme mon ami, il est tout autre-chose pour moi.
Je sentais le sourire grandir sur mes lèvres, le flot de souvenirs de mon enfance qui, bien qu'elle ne fut pas très joyeuse, me restait précieuse. Cette enfance qui avait fait de moi le garçon que j'étais aujourd'hui, solitude agencé de tristesse, mais que je surmontais, que j'avais toujours surmonté en redressant le menton.
Ce que la vie ne m'avait pas donné j'allais le chercher, c'était ce que je m'étais toujours répété.
- Et cette année je t'ai rencontré. Toi, en l'occurrence, j'ai envie de dire que tu es comme un petit-frère... Le petit frère que je rêvais d'avoir quand j'étais plus jeune.
Les larmes n'avaient pas cessé de couler sur le visage de Chan, mais elles ne semblaient plus aussi malheureuses que plus tôt. Il y avait du soulagement dans ses pleurs, du bonheur et des éclats d'espoir.
- Moi aussi je suis enfant unique, lacha-t-il alors entre deux reniflements. Je n'ai jamais vraiment eu de famille, mes parents n'ont jamais fait l'effort d'être vraiment là pour moi.... Mais je n'étais pas si seul que ça, parce-qu'ils me trainaient toujours dans des soirées pleine de mages avec les mêmes idéaux qu'eux, et là-bas j'ai rencontré deux garçons qui, comme moi, n'avaient pas choisi d'être là.
Son regard passa de moi à la porte de l'infirmerie, écoutant les voix mal réveillés qu'on percevait venir de l'intérieur, puis s'en revient à mon visage.
- Ces deux hyung et moi on se soutient depuis toujours, ils sont comme mes frères, pour eux la vie est si difficile que je n'arrête pas d'être inquiet. Ce sont des gens biens, même parmi les Mangemorts il y a de bonnes personnes. Je ne veux pas qu'ils soient mit en danger tout comme je ne veux pas que tu le sois, vous m'êtes tous trop précieux. Que je te dise tout ça pourrait mal tourner pour nous tous alors, s'il te plaît, ne fait rien... je veux les protéger et te protéger.
Même si l'envie me brûlait les lèvres je ne demanda pas l'identité des deux garçons qu'il évoquait, sachant bien que ça allait cassé l'aspect désormais un peu apaisé de notre échange.
- Ce que je comprend c'est que dans ta vie la place de grand-frère est donc déjà prise.
Ses yeux s'ecarquillèrent de surprise à ma réponse, faisant naitre la pointe d'un rire au fond de ma gorge.
- Ce n'est pas ce que...
- Chan, est-ce que je compte pour toi ?
Il ne perdit pas une seconde avant de hocher la tête, si frénétiquement que je craignais qu'il se tordre le coup.
- Oui, vraiment ! Je t'aime beaucoup Hyung, vraiment beaucoup.
Satisfait, je lui attrapa de nouveau la main, enferma ses doigts contre les miens et me rapprocha, le dominant de quelques pauvres centimètres de hauteur.
- Dans ce cas je vais prendre la place de tes parents, et réussir là où ils échouent lamentablement.
- Hein ?
- C'est moi qui vais te protéger Chan, comme le ferait une vrai famille.
- Mais...
Ne lui laissant pas le temps de bégayer davantage je saisis son bras et déposait mon index à l'endroit où sa peau était marqué par le plus ignoble des sorciers.
- Je vais te protéger de ça. Si une guerre éclate vraiment alors jamais nous ne leverons nos baguettes l'un contre l'autre, nous serons dans le même camp, même si pour ça il faut que je te retienne de force.
Puis je me tournais vers la porte, abaissa enfin la poignée alors que, derrière moi, Chan marnonnait qu'il avait certainement plus de force que moi.
Mon sourire augmenta tandis que je pénétrais la pièce, faisant tourner vers nous les visages des quelques garçons éveillés.
- Raison de plus pour que Seungcheol se rétablisse complètement, si je t'enferme dans ses bras alors je suis certain que tu ne pourras jamais t'échapper, clamais-je, sous l'incompréhensions générales.
Puis je me dirigea vers mon meilleur-ami inconscient, remercia Soonyoung d'avoir veillé sur lui, puis reprit ma place à ses côtés.
Le sourire qui collait à mon visage demeurait éclatant, le menton relevé et l'air confiant élevait mes épaules.
Mais tout n'était que mensonge, mirage de puissance, camouflage d'une réalité frêle et déboussolé.
Derrières le sourire mes lèvres tremblaient, elles se cassaient, appelaient sans se mouver les sanglots qui trepignaient dans ma poitrine.
Les questions sans réponses déambulaient encore dans mon crâne, accompagné des milles et unes hypothèses, des peurs par centaine, des appréhensions sur le futur qui me donnait envie de plonger sous une couverture pour oublier que le monde devenait de plus en plus effrayant.
- Seungcheol, je serais pas assez fort pour tout affronter si tu es pas là... Je suis déjà incapable de m'endormir si j'imagine me réveiller sans toi, murmurais-je, quand je fus certain que personne ne pouvait m'entendre.
Je replacais une mèche sur son visage. Mes doigts tremblaient, tellement que je m'en alla les cacher sous ma cape.
Mes souhaits n'allaient que vers lui, des centaines de prière pour qu'il ouvre les yeux, m'offre un sourire, attrape ma main et me laisse me lover contre sa poitrine en murmurant que tout allait bien se passer. Parce-que je savais, je sentais, que l'euphorie de nos tourments étaient loin d'être terminé.
J'avais affirmé à Chan que je le protegerais, mais je craignais de surestimé mes capacités.
Moi qui n'étais fort que quant Seungcheol se tenait à mes côtés.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top