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~Jeonghan~
Je n'était quelqu'un qui recherchait l'appréciation des autres, bien au contraire, les gens et leurs avis ne m'inspiraient souvent qu'une pure indifférence. Qu'ils m'observent avec envie, dégoût, haine, désir, mépris ou curiosité, rien ne m'importait réellement, ma simple présence m'était agréable, j'aimais savoir Seungcheol à mes côtés, je n'avais pas besoin de plus. Et encore moins d'obtenir les faveurs de personnes lambda sans importance.
Je me suffisais à moi-même comme on dit, ne pas faire partie d'un groupe, être ignoré ou rejeté, ça ne me faisais ni chaud ni froid.
Faire partie d'une "bande" ne m'avait jamais interressé, l'idée d'être entouré de personne autoproclamé mes amis ne me semblait pas vraiment alléchante. Moi et Seungcheol, voilà ce qui me convenait, on avait pas besoin de plus.
Certes j'aimais m'intéresser aux autres, les embêter et travers la courbe de leurs limites, ma nature curieuse me poussait à plonger toujours plus loin dans ma découverte d'autrui, sans pour autant intégrer qui que ce soit auprès de moi trop longtemps. Récemment j'avais fais une exception pour Chan, au départ il ne m'intéressait que pour satisfaire ma curiosité du genre humain, associé a un élément particulier que je lui avais décelé et qui, dans notre monde actuelle, ne pouvait qu'être symbolique de danger. Mais je devais bien avouer m'attacher de jour en jour à ce petit.
Une exception, d'accord, une seule.
Je n'en voulais pas plus, ça ne me plaisait pas de savoir qu'une personne puisse vouloir percé plus loin en moi. Parce-que c'est ainsi que fonctionnait l'amitié, du donnant donnant, si l'un se livrait alors l'autre aussi, sinon aucun lien ne voyait le jour.
Moi je me plaisait a découvrir la profondeur de ceux qui pouvait m'entourer, j'aimais les pousser dans leurs retranchements, lire en eux et décortiquer jusqu'à la dernière chaire d'émotion enfoui. Mais je refusais que quiconque en fasse de même avec moi, pas que j'ai énormément de chose à caché, mais se livrer revenait presque à se montrer à nu, à murmurer nos faiblesses et à offrir à l'autre la capacité de prendre le dessus.
La pudeur et le refus que quiconque puisse me regarder de haut, voilà ce qui me poussais à ne pas plongé tête baissé sans les méandres des relations.
Je tenais Seungcheol entre mes doigts, de même avec Chan. Mais je ne possédais que deux mains, hors de question de prendre le risque de créer des liens avec une ou plusieurs personnes supplémentaires sur lesquelles je pourrais perdre le contrôle.
Pourtant, ce contrôle, je sentais qu'il me filait déjà sur la peau.
C'est les pensées qui tourbillonnaient dans ma tête alors que la colère chauffait mon visage et que j'envoyais des regards chargé d'éclair en direction d'un groupe d'élèves agglutinés au fond de la bibliothèque. Une harmonieux mélange de rouge, jaune et bleu, accompagné de sourires et de rires se voulant discret, mais qui bourdonnaient désagréablement dans mes oreilles.
Me sentir exclu ça n'étais pas une chose qui me dérangeait, mais aujourd'hui je haïssais cette sensation.
Cette semaine ne pouvais pas plus mal commencer, nous n'étions que lundi matin et je me sentais déjà d'une humeur exécrable. Déjà parce qu'il y avait cette foutu punition qui m'obligeait à me lever tôt, ensuite parce-qu'aujourd'hui tout le monde semblait d'accord pour nettoyer, laissant de côté la salle secrète dans laquelle on passait toujours de bons moments, et ensuite parce qu'il y avait clairement deux camps distinct sans qu'aucune interaction ne vienne à se former.
D'un côté l'ensemble des Gryffondor, des Poufsouffle et des Serdaigle.
De l'autre, les quatre pauvres et misérables Serpentard qu'on ignorait volontier.
Hier déjà j'avais remarqué que tout nos camarades s'étaient décidé à passer la journée ensemble, quitte même à ne pas se présenter à midi et préférant pique-niquer je ne sais où. Au fond tant mieux pour eux s'ils s'entendaient bien, je restais curieux de savoir pourquoi Jihoon, Joshua et Wonwoo s'étaient laissé embarqué par tout les autres, sûrement que Kim Mingyu devait y être pour quelque-chose.
De toute la journée je n'avais pas vu une seule fois Chan, constamment coincé en leur compagnie, ça m'avais quelque-peu déçu, sans beaucoup plus.
Mais désormais je me sentais irrité, agacé, énervé. Toute cette belle équipe travaillait ensemble, discutait ensemble, les Serdaigle semblaient parfaitement intégré à la fameuse bande d'amis bruyante. Joshua levait souvent les yeux au ciel et se chamaillait avec Seokmin, mais à voir le sourire de ce dernier ça ne semblait pas bien sérieux. Jihoon conversait tranquillement avec Minghao et Junhui, des expressions détendu sur leurs traits. Même Wonwoo ne paraissait pas si mal à l'aise parmi eux, bien qu'il suive Mingyu comme une ombre, ou alors c'était Mingyu qui le suivait, allez savoir.
Chan restait en la compagnie de Hansol, tout deux ayant décidé de chasser la poussière sur les étagères en chuchotant entre eux.
Quant à nous autres Serpentard, et bien nous restions dans notre coin, sans réellement travailler d'ailleurs. Seungcheol se tenait assit à côté de moi, le regard porté dans la même direction, les yeux devenu brûlant dès qu'ils se posaient sur Junhui. Ainsi posté en tailleur sur le sol, bras croisé, nous devions avoir l'air de deux enfants bien décidé à bouder.
Peut-être est-ce que nous étions en réalité, moi je boudais de ne pas être intégré par nos camarades qui semblaient si bien s'entendre sans nous, et lui boudait parce-qu'il en voulait au Gryffondor de lui avoir crié dessus sans raison après le match de Quidditch.
Et à côté de nous Seungkwan et Soonyoung paraissaient un peu perdu, les regards sans cesse valser entre nous et les autres, mais sur leurs traits on devinait un sentiment de déception.
Ça le semblait plutôt compréhensible, après tout ces heures de "ménage" que nous passions à nous amuser devaient leur paraître les seuls moments où ils échappait un peu à la haine de toute l'école pour se plonger dans des moments plus agréable.
- J'aimerais que l'un d'entre eux s'étrangle avec son propre rire, murmurais-je.
- J'aimerais que ce soit Junhui, me répondit Seungcheol.
Je lui offris un regard amusé avant de laisser tomber ma tête sur son épaule. Sentir que je ressentais de la jalousie envers leurs sourires me déplaisait, mais j'y pouvais rien si l'humeur se faisait désastreuse en moi. Tout ça à cause des foutus tensions qui n'avaient même pas lieu d'être, d'une dispute ridicule dû à la rivalité entre notre maison et Gryffondor.
Au fond tout découlait de ça. Si Seungcheol et Junhui ne s'étaient pas crié dessus à la suite de la blessure de Mingyu nous n'en serions pas là, les deux clans se formaient juste parce-qu'une tension se créait entre les deux.
Évidement mon meilleur-ami ne s'excuserait jamais, je lui interdisais d'ailleurs de le faire puisqu'il n'était pas en tord. Mais Junhui non plus ne semblait pas envieux s'exprimer un quelconque désolé, c'est à peine s'il nous avait accordé un regard depuis notre arrivé dans la bibliothèque.
Si je le pouvais j'irais lui attraper le bras et le pousserait jusqu'à Seungcheol, avant de lui expliquer point par point en quoi il s'était montré stupide et irrespectueux. Mais je n'étais pas d'humeur à m'engueuler avec qui que ce soit, ni même à affronter la ordre de ses amis qui, à coup sur, se rallieraient pour le défendre.
Moon Junhui n'était tout de même pas assez idiot pour rester campé sur ses idées, il allait bien finir par se rendre compte de ses tords et par venir s'excuser, n'est-ce pas ?
Lui qui était le premier à s'insurger face à l'injustice, ça serait ironique qu'il ne se rende même pas compte de ses propres erreurs.
- Je vais dans la salle caché, soufflais-je, épuisé de cette situation.
- D'accord.
Une petite pointe de déception me gagna en constatant que Seungcheol n'avait même pas émit l'idée de m'accompagner, mais je chassais bien vite cette amertumes qui infectait ma langue. Mon meilleur-ami était déjà bien occupé à fusiller un certain Gryffondor du regard, mais je n'aimais pas quand son attention se trouvait aussi longuement porté par une autre personne que moi-même.
Sans un regard de plus pour lui je pris la direction de l'étagère qui masquait l'espace demeurant un secret tenu par nous seul. Nous ne l'avions pas complètement recollé au mur, afin de ne pas avoir à la déplacer à chaque fois, ainsi un petit espace nous permettait de nous glisser à l'arrière dans une discrétion quasi-complète. Je sentis quelques regards me parvenir, ça devenait si habituel depuis une semaine de se rendre dans cet espace tous ensemble qu'y pénétrer seul provoquait une drôle de sensation en moi.
Je n'aimais pas ça, être seul ici.
D'une pas mollasson je foulais le tapis qui recouvrait le sol de cet endroit, passa mon regard sur les étagères débordante d'objets dont nous n'avions toujours pas compris toute les provenance, passa un doigt sur les touches si lisse du piano blanc. Un petit sourire grignota mes joues à sa vision, même si je ne connaissais même pas les bases pour lire une partitions cet objet me plaisait. Doucement je pressa une touche au hasard, puis observa la bulle rouge qui naquit de mon geste.
C'est ce que j'aimais le plus avec cet instrument, les bulles multicolore qui en découlaient.
- Tu es énervé.
Aucun sursaut ne me traversa à l'entente de cette voix, j'avais bien repéré qu'à mon départ de la bibliothèque un regard s'était fait plus insistant que les autres.
Je commençais à connaître Chan par coeur, il me semblait évident qu'il me suivrait ici.
- Pas vraiment, soufflais-je.
- Si, tu l'es.
Le cinquième année s'avança jusqu'à moi, m'offrit son regard aux nuances juvéniles et réflexive, puis appuya sur une touche à son tour.
Une bulle bleu s'en dégagea, se mêla à la mienne qui continuait de flotter vers le plafond infinie de la pièce.
- Moi je suis triste, je pense que c'est ce que le bleu veut dire. Si j'avais appuyé quelques minutes plus tôt la bulle aurait été jaune ou verte, puisque j'étais joyeux et serein, mais te voir énervé ça me rend triste.
J'observa les deux sphères colorés qui se baladaient dans l'air, traçaient des chemins née du hasard et se croisaient parfois. Une curiosité piqua mon esprit face aux paroles de Chan.
- Les bulles...
- Elles se colorent selon l'émotion de celui qui presse une touche. Je suis souvent venu ici ces derniers temps, tout seul, et le piano m'intriguait. Un jour où j'étais de mauvaise humeur j'ai tenté de jouer un morceau avec l'une des partitions trouvé dans les étagères, les bulles étaient toute rouge, alors j'ai compris qu'il n'y avait aucun hasard dans la répartition des couleurs.
Les traits de mon visages se détendirent quelque-peu et je passais un bras autour des épaules de Chan. Je chassais bien loin en moi toute ma colère et mes frustrations, prit soin de teindre mes traits de leurs courbes narquoises habituelle.
- Tu as donc étudié chaque couleur ? Tu m'en vois impressionné.
- Je ne suis pas encore certain de tout, j'ai fais des recherches dans plusieurs livres à propos du symbolique de chaque couleur. Ici je pense que le rouge c'est la colère, le bleu la tristesse, le jaune la joie, le vert la sérénité, le rose la tendresse, peut-être même l'amour, le violet le sentiment de solitude, le blanc l'émerveillement, mais je ne sais toujours pas comment interprété le noir et le gris.
- C'est déjà pas mal.
- Et donc, pourquoi tu es énervé ? Demanda-t-il, le doigt pointé vers la bulle couleur sang que j'avais fais apparaître.
Cette dernière naviga encore quelques secondes avant d'éclater, une belle résonnance avec la colère qui se taisait petit à petit en moi.
- Je n'aime pas trop ce qu'il se passe, avouais-je.
- À propos ?
- Dans la bibliothèque, on est séparé en deux groupes distincts qui s'ignorent. On avait prit l'habitude de venir ici, de s'amuser où se reposer tous ensemble, mais aujourd'hui c'est à peine si vous nous adressez un regard.
- Oh...
Chan parût quelque-peu peiné, sûrement s'il appuyait sur le piano une autre bulle bleu s'élèverait en l'air. Je me fis la réflexion que peut-être moi aussi, actuellement, je ferais apparaître une bulle bleu.
- Et tout ça parce-que Junhui et Seungcheol se sont disputé, j'aime pas les tension moi, ça m'épuise.
Avec un soupir aussi théâtrale que ceux de Joshua, je me laissa tomber dans le premier canapé venu. Chan observa un instant le piano couleur ivoire, avant de venir s'installer près de moi.
- J'aime pas non plus les tensions, tout se passait bien pourtant entre nous tous, surtout quand on venait ici. En plus Jihoon, Joshua et Wonwoo commencent à s'ouvrir à nous, s'il n'y avait pas cette histoire de dispute nous pourrions nous amuser ensemble sans penser à rien d'autre, lâcha-t-il, la tête posé sur mon épaule.
Par réflexe je lui saisi la main, emmêla ses doigts aux miens et laissa mon crâne se coller au sien. Voir que Chan s'entendait si bien avec tout le monde me rendait fier de lui, mais je me sentais un peu jaloux également. Il ne m'appartiennait pas, évidemment, mais je ressentais un poid sur la poitrine à l'idée que d'autres puissent passer plus de temps que moi avec celui que je commençais à considérer comme un petit frère.
S'ils ne voulaient plus nous parler à cause de Junhui et Seungcheol, soit, je m'en remettrais, mais alors qu'ils me laissent Chan.
- Tu sais Junhui s'en veut beaucoup, hier il n'a fait que me demander des conseils pour s'excuser auprès de Seungcheol. Il veut vraiment de faire pardonner, murmura la cinquième année, qui gésticulait ses doigts contre les miens.
À le voir on pourrait croire qu'il désirait retirer sa main de la mienne, mais je savais qu'en réalité il ne le faisait que pour sentir plus encore le contact de nos peau. Comme si ça le rassurait, qu'il voulait s'assurer que cette proximité amical avec quelq'un ne soit pas l'illusion d'un rêve.
- Pourquoi il n'est pas encore venu alors ? Demandais-je.
- Il a peur, Seungcheol-hyung est effrayant.
Un rire chatouilla ma gorge, imaginer mon meilleur-ami comme un être terrifiant me semblait absurde et grotesque. J'avais bien conscience que de l'extérieur il puisse paraître brusque, mais à mes yeux il restait l'une des personnes les plus généreuse que j'ai rencontré.
- C'est vrai, quand on le connait pas on peut le trouver effrayant.
Je sentis le regard insistant de Chan sur ma personne, je lui devinais les questions qu'il rêvait de mon poser, toute la curiosité qui l'étreignait à propos de ma relation avec Seungcheol. Je n'en parlais même pas avec le principal concerné, alors hors de question de déplier ce sujet bien brouillon.
Je me plaisais juste à savoir ce Serpentard robuste, ambitieux et un peu idiot auprès de moi, le reste on verra plus tard.
- Tu t'entend bien avec tout le monde, faisais-je remarquer, plus pour changer de sujet que pour relancer la conversation.
Du coin de l'oeil j'aperçu le sourire enjoué de Chan, à force de le fréquenter je devinais à quel point il se sentait seul et ressentait le besoin presque vital de s'entourer d'ami.
Je conservais tout de même l'impression que ce n'était pas que des amitiés qu'il recherchait, mais un lien plus puissant et fusionnel.
Je ne connaissais rien de ses parents, si ce n'est que son père croupit actuellement en prison, et il ne possédait aucune fratrie sur laquelle se reposer. Avec nous c'est presque comme s'il recherchait des personnes à qui se raccrocher, plus que de simples amis. similaire à une famille.
Au fond j'avais la même impression pour beaucoup d'élève de ce groupe de ménage, presque comme si Dumbledore s'était enquit à réunir tout les sorciers les plus isolé et malheureux dans un seul et même paisible endroit.
Plus j'y pensais et plus cette hypothèse me paraissait logique, notre farfelu directeur avait la fâcheuse tendance de masquer des plans inimaginable derrière chacune de ses actions, même les plus innocentes.
- Ça me fait du bien, cette impression d'avoir des amis. Parler et rire sans penser à rien d'autre, j'avais pas ressenti ça depuis longtemps, lâcha Chan, au même instant que sa bulle bleu explosait, laissant partir avec elle un éclat de tristesse que se calmait sûrement dans son cœur.
- Je suis content pour toi, vraiment.
Je ne mentais pas, le voir devenir ami avec les autres membres du groupe me réjouissait. Ce que je n'aimais pas c'est les deux clans actuellement formé, et le fait qu'il soit indéniablement penché entre les deux.
Si je voulais maintenir le sourire sur le visage de Chan il faudrait vite régler cette situation. Et d'ailleurs pas seulement pour son sourire à lui, mais celui de tout les autres.
Même si je n'étais pas particulièrement proche de qui que ce soit, par pur décision de ma part, je voyais bien que tout le monde semblait plus heureux quand nous passions nos pénibles heures de ménage tous ensemble, sans contrainte ni réflexion autres que le jeu auquel on s'emploie.
- C'est grâce à toi Hyung, si tu n'étais pas venu me voir jamais j'aurais accepté de parler aux autres. Je serais resté méfiant, parce-que j'avais peur qu'on s'en prenne à moi, clama Chan en se redressant, son expression débordante de bonheur désormais planté sous les yeux.
- Ne me remercie pas, je suis quelqu'un d'exceptionnel de nature.
Il ria et frappa doucement mon épaule, ce qui me poussa à geindre une fausse douleur rien que pour le taquiner. Évidemment il ne me cru pas et se laissa de nouveau tomber contre le dossier du canapé. Plus près encore de moi, la gorge toujours déployé sur sa joie.
- Tant que je reste ton préféré, alors je suis content pour toi, soufflais-je, une fois que nos deux rires furent calmé.
- J'ai jamais dit que t'étais mon préféré.
- Mais je le suis.
Aucune réponse de la part de Chan, je prenais ça comme une confirmation à mes dires. Cette idée me fit sourire davantage, même s'il se trouvait plein de grand-frère parmi les autres je voulais juste resté le plus précieux à ses yeux.
- Et moi, je suis ton préféré ? Demanda-t-il soudainement.
- Oui.
- Même en comptant Seungcheol-hyung ?
- Non.
Son regard me brula de nouveau, mélange d'amusement et d'un air vicieux qu'il semblait avoir arraché à mon visage.
- Il est hors catégorie, n'est-ce pas ?
- On peut dire ça.
- Tu l'aimes ?
Ce fut à mon tour de ne pas répondre, bien conscient que l'air énigmatique qui se peignait sur mes traits ne le laissait que frustré. Il n'allait pas lâcher l'affaire, enquêterait peut-être encore plus intensément, mais je me plaisais à le laisser mijoter ainsi.
Un silence s'installa entre nous, durant lequel mon regard se balada dans la pièce sans rien observer de particulier, à écouter seulement le souffle de nos respirations, ressentir le corps de Chan qui s'affalait de plus en plus contre le mien. Cette ambiance me plaisait, cette pièce et le sentiment de confort qu'il y régnait me plaisait.
Et imaginer le rassemblement de treize garçons ici me plaisait encore plus.
- J'espère que même quand ça sera fini... cette punition, nous pourrons rester ami, murmura Chan.
- Toi et moi ? Ou toi et moi et les autres ?
- Le plus de monde possible, j'ai l'impression qu'on se sent tous bien mieux quand on est ensemble. Encore plus quand c'est dans cette pièce.
C'est comme s'il lisait dans mes pensées, savoir que nous avions les même sentiment à propos de cet endroit et de ce qu'il avait provoqué sur tout le groupe me rendait d'autant plus persuadé que rester ainsi séparé n'était pas une bonne chose.
Nous n'avions pas été réuni au hasard, plus j'y pense et plus je suis persuadé que Dumbledore a quelque-chose en tête nous concernant.
Heureusement, ou malheureusement, j'ai déjà ma petite idée sur une partie de son sombre plan, même plusieurs parties, et je reste conscient que de nombreuses parts obscures vont se dévoiler petit à petit.
Au fil du temps, chacun des garçons avec qui je partage cette "punition" laissera échapper des secrets que je ne peux même pas imaginer.
Qu'au fond, je n'ai même pas envie d'imaginer.
- Pourtant il reste des tensions, soufflais-je.
- On peut toujours arranger ça.
- On ?
- Depuis que j'ai entendu l'histoire de Soonyoung et Jihoon je trouve ça triste qu'ils se détestent autant. J'ai lu dans un livre qu'entre la haine et l'amour il n'y a qu'un pas, je suis sur que c'est parce-qu'ils s'aiment encore énormément qu'ils se détestent à ce point.
- C'est une analyse juste, simple, mais juste.
- Tu l'avais déjà compris ?
- Depuis longtemps.
- Alors on va les aider ?
- On verra. Parfois certaines choses se font toute seule tu sais, personne ne peut rester caché bien longtemps, et les sentiment sont l'un des secret le moins solide qui existe.
Chan se redressa de nouveau suite à ma réponse, mais cette fois aucune pointe amusé ne déformait son visage. Ce n'était plus un jeune homme joyeux qui me faisait face, mais soudainement plus sombre, dont le regard semblait tenter de percer le mien afin de comprendre ce que je sous-entendaits par là.
C'était ce Chan, le garçon caché derrière le masque de sa bonne humeur, qui m'avait poussé à m'intéresser ainsi à lui.
D'un geste le plus tendre possible je le ramena de nouveau vers moi, il resta silencieux mais se laissa faire.
- En fait, tu n'as jamais expliqué pourquoi tu étais puni avec nous, lui fis-je remarquer.
Je le resserrais quelque-peu contre moi, à la fois comme pour le rassurer mais également pour le garder en quelque-sorte prisonnier de mes questions. Ma main glissa doucement de ses doigts jusqu'à son avant bras, et je sentis le frisson que ce geste établit en lui.
- Je sèche souvent les cours, beaucoup de cours, lacha-t-il, la voix plus dure
- À cause de tes camarades ?
- Ouais, en partie.
- Et l'autre partie ?
- J'ai mes raisons.
La curiosité bavait en moi, frémissait au souhait d'en demander plus, d'insister, de presser ce jeune homme jusqu'à l'assécher de toute les informations qui me rendaient si fasciné par lui.
Mais je n'en fis rien, parce-que je n'obtiendrai que de l'échec en le brusquant pour qu'il me révèle son secret.
J'avais une forte hypothèse le concernant, des indices entraperçu au fil du temps, dont le plus important depuis notre toute première rencontre.
- D'accord, j'attendrais que tu m'en parles, murmurais-je.
Ma main se serra contre son avant-bras, et je le remarqua son regard insistant sur mes doigts planté sur le pull qui masquait sa peau. Un regard frémissant, chargé d'une panique qui se trahissait par son souffle, une attitude qui ne laissait plus place au doute.
Les chances que mon hypothèse soit vrai amplifiaient.
Je savais ce que Chan était réellement.
- Jeonghan ?
Il se sépara soudainement de moi, pas réellement pour s'éloigner mais pour permettre à nos regards de me mélanger sans barrière.
Je lisais de la peur dans ses pupilles, il devait lire toute les hypothèses dans les miennes.
Je savais.
Et il se rendait compte que je savais.
- Hum ?
Malgré qu'à travers mes yeux une lecture infinie de mes pensées se laissait déverser je pris soin d'afficher l'air le plus innocent possible. Il ouvrit la bouche, mais les referma dans la seconde avant de laisser un bref souffle lui échapper :
- Non... Oubli.
- Ne dis pas ça, qu'est-ce qu'il y a ?
Comme prit de panique il tenta de se détourner complément, certainement même de s'en allez, mais je le retiens par le bras et le ramenais face moi.
Il fut prit de court, le visage crispé d'hésitation et de panique, tandis que ses lèvres s'ouvraient et se refermaient dans qu'aucune parole sensé ne se souffle.
Un soupir manqua de m'irriter la gorge, le rejeton de l'abandon, mais je le retiens de justesse en voyant les paupières désormais battante de Chan ainsi que ses lèvres infesté de tremblement.
- C'est difficile, murmura-t-il, la voix cassé.
Sur cette seule parole il laissa sa tête retomber vers moi, le visage heurté contre mon épaule.
- Qu'est-ce qui est difficile ?
Il ne répondit pas, mais ses larmes vinrent souiller mon uniforme tandis que sa gorge étouffait des sanglots violent.
Prit d'un manque de souffle et agressé par un coeur douloureux, je l'engloba de mes bras afin de le serrer davantage dans cette étreinte affligeante.
Ça ne me plaisait pas, de le voir souffrir ainsi.
Je n'aimais pas le savoir si fébrile et malheureux.
- D'accord... j'attendrais que tu m'en parles, lachais-je, sur un souffle qui n'était qu'à peine perceptible.
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