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~Jeonghan~
Je peinais à ravaler mon sourire alors que, dans des gestes délicat et expressément lent, je barbouillais la main de Chan de désinfectant. Si la gêne à son apogé devait avoir un visage alors il serait en tout point similaire à sa jeune bouille crispée, si mal à l'aise qu'il ne semblait pas savoir où poser le regard.
Et je m'en félicitais largement, puisque c'était sous mon initiative que Seungcheol et moi l'avions traîné jusqu'à la salle commune de Serpentard, puis mené droit dans notre chambre en ignorant les regards mécontent de nombreux camarades de maison croisé dans le salon. Personne ne s'était aventuré à nous dire quoi que ce soit, Seungcheol et moi pouvions être considéré comme intouchable, jamais quiconque n'osait nous chercher directement des problèmes.
Nous étions évidemment vivement critiqué par derrière, moi pour ma personnalité et mon meilleur-ami car il avait le malheur de me fréquenter de près, mais rarement par des Serpentard. Les autres maisons s'en donnait à cœur joie, bien que nombreux étaient ceux qui nous portaient une admiration malsaine et rêvaient secrètement d'obtenir l'intérêt de l'un de nous deux.
Ça me semblait assez amusant comme situation, la plupart des personnes nous haïssant étaient les mêmes qui se faisaient milles scénarios amoureux à notre propos, bien caché aux fond de leurs pensées.
Les sorciers de cette école avaient tendance à être un peu stupide, voilà pourquoi, en dehors de Seungcheol, je n'en fréquentais aucun.
Il me semblait le seul digne de mon amitié, les autres pouvaient bien me critiquer ou m'aimer secrètement je n'en avais que faire. Je faisais toujours ce que je voulais, personne ne trouvait rien à redire ou les quelques malheureux qui s'aventuraient à me faire des reproches en ressortaient toujours perdant.
- Quelle idée de se griffer ainsi, tu as plein de sang sous les ongles, je soupirais.
Mon coton passait et repassait sans cesse sur les mains de Chan, le troisième puisque les deux premiers s'imbibait tellement de sang humide ou sec qu'ils étaient inutilisable. Cet idiot avait planté si fort ses ongles dans sa peau qu'il y avait quelques petites plaies qui refusaient de stopper leurs écoulement.
Toute ces griffures ne dataient pas d'aujourd'hui, certaines semblaient avoir été réouverte alors que je décelais de nombreuses cicatrices.
C'était bien la première fois que je voyais un sorciers se blesser ainsi. Je connaissais les personnes qui s'auto-mutilaient avec des lames, ou encore qui usaient de sorts pour se blesser eux-même, mais jamais je n'avais vu un garçon serrer ses poings régulièrement pour s'infliger une douleur.
Chan était un idiot, sûrement le plus grand idiot que j'avais croisé dans mon existence.
Un idiot que je sentais digne de mon intérêt.
Mon regard vagua furtivement sur Seungcheol, assit en tailleur sur son matelas et grignotant un pâquet de chips trouvé dans le coin où nous cachions de nombreux snack. Moi et Chan nous tenions au sol, au pied du lit, en face l'un de l'autre pour que je puisse soigner ses mains. J'ancrais un instant mes yeux dans ceux de mon meilleur-ami, et ce dernier m'offrit un mouvement de sourcil dubitatif.
Lui non plus ne semblait pas heureux de voir que j'avais ramené un Gryffondor dans notre chambre, ni même de constater les efforts que j'employais à l'aider.
Certainement était-il jaloux, en six ans je n'avais jamais porté une attention aussi bienveillante à une autre personne que lui.
Cette idée me fit sourire davantage, et ses traits se crispèrent alors que je lui offrais un clin d'œil avant de reporter mon attention sur Chan.
- C'est pas parce-que les gens sont méchant avec toi que tu dois te blesser ainsi. Les griffures paraissaient minime mais il faut faire attention, ça peut être dangereux si ça s'infecte, lachais-je, en commençant à bander ses mains.
- Je ne l'ai pas fait parce-que des gens sont méchant avec moi, souffla-t-il, l'air renfrogné et n'osant même pas me regarder.
- Mais bien sur, et tu vas me faire croire que tu serres tout les jours tes poings trop fort sans faire exprès ? On sait bien que non, de toute évidence tu le fais à cause du harcèlement.
- Je ne suis pas harcelé, c'était un accident.
Un ricanement m'échappa, et j'entendis Seungcheol soupirer. Pour une fois mon ami semblait excédé par une autre personne que moi, je serais presque jaloux.
Chan nous fatiguait visiblement tout les deux, avec son air renfrogné, son ton malpoli et son envie certaine de s'isoler dans son malheur. Clairement rien ne m'obligeait à lui porter secours, je pourrais très bien le laisser croupir dans ses problèmes et continuer ma vie tranquillement. Mais je n'aimais pas laisser des ambitions inachevés, et m'imposer dans la vie de ce gamin était ma grande distraction du moment. Je comptais bien mener ce plan à bien, m'immiscer parfaitement dans le quotidien de Chan et résoudre tout les questionnements qui me tarodaient à son propos.
Ça allait bien plus loin que du simple amusement ou une petite curiosité, je me savais réellement intrigué par lui depuis notre première "conversation" à la bibliothèque.
Ce jour-là j'avais cru percevoir quelque-chose chez lui, ou plutôt sur lui, et je devais en avoir le cœur net.
- Un accident comme pour tes cahiers ? Ceux que tu étendais dans l'herbe il y a deux jours, et qui étaient barbouillé de jolies mots gentils.
Les yeux de Chan se figèrent soudainement dans les miens, brumeux d'un énervement foudroyant. Ses pupilles me paraissaient bien trop sombre pour un garçon de son âge, elles dégageaient trop d'orage et je me sentais presque frissonnant sous cette avalanche de colère.
Je sentais sa main légèrement tremblantes entre les miennes, et y exerçais instinctivement une pression plus forte. Il semblait hésiter entre hurler, me frapper ou alors fondre en sanglot, et je tenais à lui faire comprendre qu'il n'avait pas besoin de me voir comme un ennemi potentiel.
- La haine c'est dur à supporter, mais il ne faut pas laisser leurs idioties t'atteindre, ignore-les et ne te laisse pas écraser par tout les cons qui séjournent dans cette école.
- Parce-que tu crois que je fais quoi ? Je les ignore tous, je ne réplique jamais, et c'est pas pour autant qu'on me laisse tranquille.
- Je m'en doute, mais ce que je veux dire c'est que...
La fin de ma phrase se perdit dans un sursaut alors que la porte de notre chambre s'ouvrait sans prévention. Durant un bref instant je cru être sur le point d'être blâmé par des gars de ma maison pour avoir ramené Chan ici, mais ce n'était que Seungkwan et Soonyoung qui rentraient péniblement de leurs début d'après-midi. Ils étaient vêtu de leurs uniformes de Quidditch, couvert de terre et d'une sueur pestilenciel. Je grimaçais à l'odeur, tout comme mon jeune vis à vis, alors que Seungcheol affichait un sourire fier.
En tant que capitaine de l'équipe il était toujours enchanté de voir ses coéquipiers s'entraîner en dehors des heures prévu pour.
- Depuis quand vous ramenez des Gryffondor ici ? Grogna Soonyoung, en avisant Chan d'un œil mauvais.
Le cinquième année ne se laissa pas intimidé et releva même le menton, défiant habilement le regard du nouveau venu. Je pouffais à cette vision, mais sentit tout de même une pointe d'amertume en pensant que l'arrivé de mes colocataires tombait plutôt mal.
Je parvenais tout juste à obtenir de brèves confidences.
- Nous ne ramenons pas des Gryffondor, simplement Chan.
- C'est contraire au règlement, siffla Seungkwan, qui semblait plus ennuyé que vraiment irrité de la situation.
- Le règlement ne touche pas Jeonghan, vous devriez le savoir depuis le temps. Allez prendre une douche au lieu de nous embêter, vous puez.
Le sourire de Seungcheol n'avait pas fondu durant sa tirade, sûrement jugeait-il la scène face à lui de plus en plus amusante et digne de son attention. Cette optique me ravissait, quel que soit la tournure d'un évènement il jouait toujours dans mon camp, lui qui pourtant affirmait me détester.
J'osais espérer qu'il me porterait son aide pour le défi que représentait Lee Chan, en tant que meilleur ami il devait déjà avoir compris que je ne lâcherais pas l'affaire.
- J'y vais en premier, soupira Seungkwan, le pas déjà orienté vers la salle de bain.
Soonyoung ne trouva rien à redire et s'en alla grimper dans son lit, sans un mot ou une reproche de plus sur mes actions.
- Bref, où en étions-nous ? Ah oui, nous parlions de ton harcèlement.
Je retournais mon regard sur Chan, le visage tiré sous l'expression la plus douce qu'il m'était donné de présenter. Je le devinais crispé par la présence de Soonyoung dans la pièce, ainsi il me fallait bien jouer si je ne voulais pas perdre le peu d'avancé orchestré entre nous.
- Comme je le disais ne te fatigue pas à t'énerver ou à pleurer à cause des cons, c'est une perte de temps, il y a tellement de chose plus importante à faire.
- Je n'ai pas l'impression que tu ais déjà vécu ça, c'est plutôt mal avisé de ta part de me donner des conseils, répliqua Chan, une moue frustré lui striant le visage.
Un rire se souleva dans ma gorge alors que j'échangeais un regard amusé avec Seungcheol. Ce dernier leva la yeux au ciel, avant de s'avancer au bord du lit pour attraper la seconde main de Chan. Il saisi les bandages que je lui tendais et commença à la panser, après avoir rajouter un peu de désinfectant qui fit grimacer le jeune homme.
- C'est assez ironique d'entendre ça de la bouche d'un Gryffondor. As-tu au moins conscience de ce que représente l'existence d'un Serpentard ? Depuis notre premier jour on nous répète que notre maison est la pire de toute, que tout les sorciers qui ont mal tourné était des Serpentard, que nous sommes tous des enfoirés adepte de magie noir et qu'il n'y a pas une seule bonne personne chez nous, affirma mon meilleur ami, en serrant bien trop fort le bandage.
Ayant fini de panser la main que je tenais je restais immobile à fixer les deux garçons, tout en jetant des coups d'œil furtif à Soonyoung que je voyais nous observer curieusement.
Chan regardait Seungcheol en penchant légèrement la tête sur le côté, comme un chiot attentif et un peu perdu. Je le trouvais mignon ainsi, et n'en souriait que davantage.
- Je suis désolé, souffla-t-il, un peu mal à l'aise sous les yeux persant de Seungcheol.
- Tout ce que je viens de dire tu le penses aussi n'est-ce pas ? En tant que Gryffondor tu es considéré comme notre premier concurrent, ta maison est la première à nous critiquer et nous offrir l'étiquette de "méchant". Bien entendu certain Serpentard ne sont pas des plus bienveillant, mais il en va de même des Gryffondor. Pourtant nous sommes discriminé et insulté sans arrêt, et tout le monde trouve ça normal sous prétexte que nombreux de nos ancêtres ont mal tourné. C'est pire encore depuis la mort de Jeon Jungkook, tu sais combien d'entre nous sont traité de tueur à longueur de journée ? Avec comme seul preuve le vert de nos tenues ?
Chan baissa les yeux alors que Seungcheol effectuait une dernière boucle sur le bandage de sa main. Mon meilleur-ami pouvait paraître soudainement bien brusque, mais je ne m'en etonna pas, l'injustice porté envers notre maison avait toujours été un sujet sensible pour lui.
Il détestait les on-dit sur Serpentard, avec toute la dose de préjugé qui en ressortait. Et il me reprochait même souvent de trop m'impliquer à conservé la mauvaise réputation de notre maison.
C'est l'un des plus gros point de divergence entre lui et moi. Je me plaisait à me moquer des clichés sur les maisons, en accentuant chaque descriptif sur les élèves que je côtoyais, tandis que lui combattait gravement ces cases dans lesquelles on nous engrainait. Dans un sens notre combat était le même, puisqu'on trouvait stupide de résumer un élève à son appartenance à une maison, mais nos agissements bien différent.
Cette pensée sur la question me venait d'ailleurs directement de Seungcheol. Avant je portais une grande importance à tout ça et croyais réellement au préjugé de chaque maison, mais mon meilleur-ami m'avait influencé à penser tout autrement.
Certes, nous étions réparti en fonction de nos caractères et capacités, mais au font nous restions tous des sorciers, nous n'étions pas si différent que cela.
- Je suis désolé, répéta Chan, plus bas encore.
Il me semblait réellement affecté par les paroles de Seungcheol, ne s'étant sûrement jamais fait la réflexion sur le vécu des Serpentard dans Poudlard. Sûrement la question tournera longtemps dans sa tête, mais au moins j'étais satisfait de constater qu'il ne restait pas enfoncé dans les clichés qu'on lui répétait depuis son premier jour ici.
Sa condition d'élève harcelé par ses propres camarades de maison devait déjà l'avoir fait réfléchir sur cette situation.
- Si tu veux des conseils pour faire face à la haine tu peux toujours demander à Soonyoung. S'il y avait un vote pour savoir qui est l'élève le plus détester de cette école il serait largement numéro un, je lachais, avec un sourire moqueur pour notre colocataire.
- Je t'emmerde Yoon Jeonghan.
Du haut de son lit Soonyoung laissa sa tête apparaître plus nettement, le visage luissant d'une colère inoffensive face à mon expression amusé. Je détournais rapidement mon regard de lui pour le poser sur le cinquième année, qui me paraissait de plus en plus soucieux.
Mes mains se serrèrent davantage sur la sienne, et j'avançais doucement les doigts jusqu'à son poignet. Il ne remarqua pas tout de suite mon geste, puis sursauta en sentant la pression que j'exerçais désormais sur son avant-bras.
Il plongea son regard dans le mien, l'espace d'une brève seconde j'y lu une franche frayeur, avant de s'éteindre sous une faible lueur paniqué mal caché par le calme qu'il tentait de me présenter.
- Tu sais quel est ton problème Chan ? C'est que tu es tout seul. Soonyoung à Seungkwan, moi et Seungcheol nous nous avons l'un l'autre, mais toi tu n'as personne, c'est pour ça que c'est plus dur à supporter.
Comme si je venais de le bruler, il m'arracha violemment son bras et le plaqua contre son torse, croisé au second, à l'effigie d'un barrage qu'il formait devant son corps. Son regard se fit plus méfiant, presque blessé, alors que je lui offrais un sourire plus grand encore.
- C'est pour ça que je te propose notre amitié. Tu ne penses pas que le quotidien serait plus rassurant auprès d'un type baraqué comme Seungcheol ?
Je désignais mon meilleur-ami du doigts. Sans même le regarder je devinais qu'il levait les yeux au ciel, mais n'intervient pas alors que je venais de l'impliquer dans cette histoire sans même lui demander son avis.
Seungcheol me suivait toujours sans répliquer, quoi que je fasse je le savais sans arrêt à mes côtés, même quand il desaprouvait ouvertement mes actions.
Quoi de plus normal puisque, même s'il ne se l'avouait pas, il débordait d'amour pour moi.
- Je n'ai pas envie de me cacher derrière qui que ce soit, lâcha Chan, l'air renfrogné.
- Si je voulais que tu te caches derrière nous c'est une protection que je t'aurais offerte. Sauf que ni Cheol ni moi ne sommes garde du corps, et on a pas envie de le devenir. Là on parle d'amitié, tu marcheras à côté de nous, pas derrière.
Un sourcillement dubitatif gagna le visage du cinquième année. Son regard vagua vers Seungcheol, puis vers Soonyoung qui nous observait toujours depuis le haut de son perchoir, pour au final se replonger dans le mien.
- Je ne comprend pas, qu'est-ce que tu comptes gagner en devenant mon ami ?
- Ça j'en sais rien, on ne connaît jamais à l'avance les gains ou les pertes que peuvent nous apporter les gens.
- Et bien je peux t'assurer qu'il y a plus à perdre qu'à gagner avec moi.
Chan releva encore le menton en parlant, sa phrase sonna ainsi plus comme une menace qu'une simple affirmation. Je distinguais le regard surpris de Soonyoung, celui dubitatif de Seungcheol, et ignora l'alerte qui hurlait dans mon crâne avant de tendre la main vers mon vis à vis.
- D'accord, on verra bien si tu m'entraîneras dans ta perte, ou si je te porterais du côté des gagnant.
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