13
~Chan~
Habituellement si je parcourais les couloirs à pas de course c'était pour échapper aux regards que je voyais sans cesse converger vers moi, pour éviter les quelques insultes ou menaces qui se clamaient ci et là sur mon passage. Ils étaient nombreux, les élèves qui me haïssaient, et je détestais être baigné de ce mépris qu'ils dégageaient. Qu'attendaient-ils réellement de moi ? Pensaient-ils que se serait en me menant la vie dure qu'ils récupéreraient l'argent que mon père avait volé à leurs familles ?
Je ne l'avais pas cet argent, je croupissais sous une misère plus grande que la leur.
Quels imbéciles.
Aujourd'hui, en l'occurrence, ce n'est pas pour échapper aux brimades que je déambulais vite à travers les couloirs, puisqu'avec le surprenant beau temps que nous offrait le ciel en plein autonme, la majorité des sorciers profitaient de la pause sous les rayons du soleil. Le chateau se trouvait presque vide, à l'exeption de quelques salles d'études ou de la bibliothèque. Moi je ne me dirigeais ni vers l'une ni vers l'autre, je marchais juste, la colère me brûlant le sang et les poings si serrés que mes ongles écorchaient mes paumes.
Je sortais tout juste d'un entraînement de Quidditch, le premier depuis que Jungkook, notre attrapeur, était décédé. J'avais évidemment écopé de son poste, étant le meilleur après lui, et bien entendu ça ne plaisait pas à mes coéquipiers. Au Quidditch les attrapeurs pouvaient facilement devenir les vedettes d'un match si ils parvenaient à s'emparer du vif d'or, puisque cette simple action offrait une victoire écrasante et éclipsait ainsi tout les autres joueurs puisque plus aucun autre point accumulé durant le jeu ne comptaient. Nombreux étaient mes camarades qui désiraient cette place et se frustraient de voir que c'était moi, le si impopulaire Lee Chan, qui l'avait obtenu.
Leur réaction résonnait d'idiotie, le jeu ne devrait-il pas passer avant n'importe quelle rancœur ? Heureusment que notre capitaine partageait cet avis, sinon j'aurais été viré de l'équipe depuis bien longtemps.
Hoseok n'était pas aussi méchant que les autres, mais lui aussi présentait une vile amertume à mon égard. Ça se voyait dans ses yeux, dans son comportement, même s'il essayait de ne rien montrer. La preuve en est qu'il m'avait laissé seul durant tout l'entraînement, en compagnie d'un vif d'or, et m'avait à peine adressé une parole lorsque nous avions quitté le terrain. Il me détestait tout autant que les autres, mais lui au moins prenait soin de m'ignorer un maximum tout en assurant parfaitement son rôle de capitaine. Je lui étais au moins reconnaissant pour ça, même si je le soupçonnais prêt à m'exclure à la moindre erreur de ma part.
Ça mes coéquipiers me l'avaient bien fait comprendre, si je ne leur apportait pas toute les victoires lors de prochain match je pourrais dire adieu à ma place. Ils était aux aguets du moindre échec, alors même qu'ils ignoraient toute les gaffes des autres. Même celles de Kim Mingyu, qui avait tout de même failli tomber de son balais au moins cinq fois et envoyé plusieurs balle dans la mauvaise direction.
Enfin, cet aîné était bien le seul sur lequel je n'avais pas le droit de passer ma colère. Il avait été le seul durant l'entraînement à essayé de m'intégrer parfois et, en voyant l'attitude nocive des autres à mon égard, il ne s'était pas gêné pour m'encourager dans chacune de mes courses derrière le vif d'or. Il était même venu me féliciter à la fin, et j'avais bien capté dans ses yeux qu'il ne faisait pas semblant. Peut-être que Mingyu paraissait un peu idiot, maladroit et presque trop naïf, mais je ne pouvais pas douter de sa gentillesse.
À la pensée de ce camarade de maison mes poings se décrispèrent un peu et mon pas se ralentit. Je recevais tellement de haine ces jours-ci que ce genre d'attention me touchait plus qu'ordinaire, je me remarquais plus sensible aux petites marques de gentillesse et d'intérêt bienveillant à mon égard.
Ça devenait trop rare, depuis les conneries de mon père, mes propres parents sombraient à un point qu'ils ne se montraient même plus affectueux.
Je levais la tête vers le plafond du couloir, respirant l'air froid et poussiéreux qui m'entourait. Le silence régnait en maître, bercé par les quelques cris lointain des sorciers à l'extérieur, et je me sentais plus détendu au fil de ma marche. Il fallait bien ça pour me calmer, puisque je n'étais ni autorisé à crier ou à pleurer, je devais trouver d'autres solutions.
M'essouffler aux entraînements c'était une bonne technique pour évacuer, mais mes camarades gâchaient tout en me frustrant davantage. Alors je marchais longtemps en faisant saigner mes paumes, j'evacuais la rage en enfonçant mes ongles dans une peau désormais pleine de cicatrice.
Bon, mes mains étaient un peu poisseuse et je devrais les faire soigner rapidement, mais au moins je me sentais plus détendu.
- Chan ? Quelle bonne surprise de te croiser ici !
Mon regard, jusqu'ici placé sur le plafond haut et poussiéreux, dévia en face de moi. La personne qui m'avait interpellé se tenait à l'arrière, et j'entendais ses pas vifs qui se rapprochaient.
S'il y avait bien un sorcier que je ne voulait pas croiser maintenant, c'était bien cet aîné trop collant et curieux qu'était Jeonghan.
Sans même me retourner, alors que l'allure de sa marche me semblait de plus en plus accéléré, je serrais une énième fois mes poings imbibés de sang et me mit à courir droit devant moi. Je me savais rapide, grâce aux très nombreuses heures d'entraînement, et devinais donc sans mal que je pourrais semer Jeonghan.
Je voulais être seul, encore pour un long et intense moment, le temps de faire voler toute ma colère en éclat. Mes sentiments étaient encore hors de contrôle, si on me brusquait je pourrais me mettre à crier ou à pleurer sans le décider et je refusais d'en arriver là.
Depuis les brimades qui s'acharnaient sur moi j'étais sans cesse à fleur de peau, hors de question que quiconque me surprenne ainsi.
Surtout pas Yoon Jeonghan, puisque je n'avais toujours aucune idée de ce qu'il attendait de moi. Il agissait avec trop de gentillesse à mon égard, trop de douceur et en même temps s'exprimait avec une certaine forme d'amusement venimeux. Je ne le comprenais pas, sa tendresse glissait sur moi avec l'étrange sentiment d'une étreinte de serpent vicieux.
Il cherchait à me piéger, j'en était persuadé. Pourquoi ? Pour me mener où ? Pour obtenir quel plaisir ? Ça je ne parvenais pas encore à le déterminer.
L'éviter, c'est tout ce qui comptait pour le moment. Je devais courir vite, très vite, afin qu'il ne puisse pas me rattraper.
- Seungcheol rattrape-le !
Tout espoir de fuite s'envola quand mon aîné cria cet ordre, et je devinais ma défaite déjà bien annoncé.
Jeonghan ne pourrait pas me rattraper, mais Seungcheol si, et très largement. Il était bien connu que le capitaine de l'équipe de Quidditch de Serpentard s'acharnait tellement en entraînement qu'il se retrouvait doté d'une forme physique exceptionnelle. Même avec toute l'énergie contenu dans mon corps je ne pourrais pas le semer, déjà j'entendais sa course trop rapide alors que j'empruntais maladroitement un virage.
Il ne fallu pas beaucoup de temps à Seungcheol pour me rattraper, aggriper ma cape et me tirer si violemment en arrière que j'en perdit l'équilibre.
Je tombais chancelant contre son torse, seulement à moitié debout sur mes jambes, alors qu'un Jeonghan essoufflé parvenait enfin à côté de nous.
- Mais enfin... Quel idée de courir comme ça ! Je suis épuisé... Tu es vraiment impoli Chani ! On ne fui pas quand un Hyung nous appelle ! Encore moins quand ce Hyung c'est moi ! Il va falloir revoir tes bonnes manières gamin !
C'est un visage à la mine véritablement frustré que le serpentard me présenta, alors qu'il m'offrait une faible pichenette sur le front. Je me tenais toujours contre Seungcheol, et Jeonghan me faisait face, à eux deux ils semblaient m'enfermer.
- Comment oses-tu t'enfuir comme ça ? Ce matin même nous formions une équipe si belle et soudé, tu me déçois, j'en attendais mieux de toi Chani.
- Je n'ai rien à te prouver, et ne m'appelle pas comme ça !
Les mots s'envolèrent tout seul de ma gorge, soufflé avec toute la rage qui bouillait encore en moi. Comme prévu je n'étais pas parvenu à suffisamment évacuer, ces deux-là tombaient vraiment mal.
Mais une colère telle me submergeait que je n'en avais que faire de leur parler mal, de décevoir je ne sais quelle attente ou même de les blesser. J'avais envie de leur hurler dessus, et surtout d'arracher ce sourire amusé qui vibrait au milieu du visage si tendre de Jeonghan.
- Ah la la, un adolescent en pleine crise c'est vraiment drôle à voir. Tu es adorable Chani.
- Laisse-moi tranquille, je ronchonnais en affrontant le regard vif de mon vis à vis.
D'un geste brusque je me redressais et tentait de les fuir à nouveau, mais Seungcheol maintenait fermement mon bras et Jeonghan me bloquait joyeusement le passage.
- J'en ai pas trop envie. Je vais être très franc avec toi, petit, quand j'ai une cible en vu je ne m'en détache pas à moins d'avoir obtenu ce que je veux d'elle. Et toi tu es ma nouvelle cible, félicitation !
J'entendis Seungcheol qui poussait un lourd soupir alors qu'un frisson herissait mon épiderme. Jeonghan s'était exprimé avec un timbre théâtrale, tout en penchant son visage si près du mien que je sentais son souffle brûler sur mon nez.
Mes pensées se brouillaient, tentait-il de m'intimider ? L'expression de son visage restait si douce, ça me donnait presque envie de rire.
- Vous allez me frapper ? Demandais-je, incrédule.
Le sourire de Jeonghan se fit plus grand, plus amusé encore, alors qu'une drôle de fusion semblait opérer entre nos regards. Comme une sorte de provocation de la part de l'un et l'autre, à voir lequel de nous deux detournerait les yeux en premier.
- Plutôt que des frappes, c'est mon amitié que je compte bien t'offrir, finit-il par lâcher.
Je haussais les sourcils, de plus en plus suspicieux, mais n'eut pas le temps de demander la raison de cette proposition puisque je sentis mon bras subitement tiré par Seungcheol. Ce dernier fixa ma main ensanglanté avant de tourner la paume dans ma direction.
- Pourquoi tu saignes comme ça ? Me demanda-t-il, les doigts fermement serré sur mon poignet.
Jeonghan poussa une exclamation surprise alors que je detournais les yeux en tentant, une fois de plus, de récupérer mon bras fermement maintenu par Seungcheol.
- C'est rien, une égratignure.
- Une égratignure ? Vraiment ?
Les deux Serpentard posèrent leur questionnement sur le même ton exaspéré, et j'eu l'impression d'être un enfant prit en flagrant déli de mensonge.
- J'imagine que tu n'a pas l'intention de te rendre à l'infirmerie ? Soupira Jeonghan.
- Pas besoin, c'est rien, répétais-je.
Je tentais une nouvelle fois de m'éclipser, mais Seungcheol maintenait mon bras avec plus de force encore tandis que Jeonghan saisissait mon autre main.
- Dans ce cas laisse-nous nous occuper de ça.
- J'ai pas besoin de votre aide, je suis bien assez grand pour désinfecter une plaie tout seul. Maintenant Laissez-moi tranquille.
Ma voix sonna moins virulente que prévu, et c'est avec dépit que je constatais m'être légèrement calmé par rapport à plus tôt. Je me sentais toujours bouillant de colère envers mon équipe de Quidditch ou même l'ensemble de mes camarades en général, mais mon envie de crier et pleurer était passé.
Ça me tuait de l'avouer, mais la présence presque paternel de ces deux aînés de chez Serpentard ne me semblait pas si désagréable que ça, j'avais presque la sensation d'être à ma place au milieu de leurs deux corps. Ça m'avait déjà fait le coup durant le jeu de ce matin, dans la bibliothèque, une chaleur heureuse s'était infiltré dans ma poitrine quand Jeonghan avait insisté pour que je soit membre de leur équipe.
C'était assez ironique, un Griffondord qui se sentait bien en compagnie de Serpentard, ça allait contre tout les "interdits" faussement érigé par cette école. Je me trouvais presque pathétique, plus encore en sachant que ce n'étais en rien par bienveillance que Yoon Jeonghan s'intéressait à moi. Il était bien connu pour sa vicieuse personnalité, et je ne faisais pourtant pas grand effort pour le repousser.
Et mes aînés le sentaient bien, puisqu'ils ne mirent pas non plus grand effort à me trainer avec eux a travers le couloir. Je me laissais tirer, jugeant que je n'avais plus grand-chose à perdre.
Malgré mon attitude faussement défensive, je ressentais un besoin d'affection si grand que leurs mains serré contre les miennes ne me procuraient plus qu'un sentiment chaud de soulagement.
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