13
~Chan~
L'ambiance dans la salle commune de Gryffondor sembla vriller en un instant, comme si un vent violent soufflait l'humeur légère qu'il y régnait pour une atmosphère plus lourde, presque orageuse.
Ma présence soudaine fut la raison de ce changement abrupte et venimeux, puisque les joyeuses conversations se turent à l'instant même où je pénétrais la pièce.
J'avais eu une longue et fatiguante journée, de nombreux cours enchaînés au milieu des révisions affolantes pour le contrôle que le professeur Rogue prévoyait de faire en fin de semaine. Je n'étais pas bien doué en potion, alors j'avais passé la quasi-totalité de ma journée dans la bibliothèque pour réviser. Je ne séjournait généralement pas beaucoup dans cet endroit garni de livre, mais la veille, alors que j'astiquais les tables avec les aînés de mon groupe de ménage, je m'étais fait la réflexion qu'il n'y avait pas meilleur lieu d'étude.
Les cours étaient fini pour aujourd'hui, mais mes révisions loin de là. Je ne faisais qu'un rapide passage dans ma chambre afin d'y chercher un cahier, le cœur palpitant, les yeux baissés sur le sol et le menton pourtant bien haut, n'exprimant ainsi pas le moindre signe de soumission.
Les différents dialogues qui avaient pu subvenir se tarrirent sous un écho de chuchotement et de regards tournés dans ma direction. Je les ignorais au mieux et m'empressa, la gorge serré, vers ma chambre. Je ne voulais effectuer qu'un rapide allez retour, ne croiser les yeux de personne, et ne surtout pas entendre les paroles sifflantes qui bourdonnaient tout autour.
Ne pas sentir toute cette haine amer qu'on pressait sur moi.
Heureusement personne ne m'aborda, je pu rejoindre ma chambre sans accros. Une fois à l'intérieur mon calvaire ne finissait pas, puisque deux de mes colocataires présent coupèrent court à leur conversation en me voyant arriver. Je sentis leurs yeux plantés sur ma personne et les ignorait au mieux.
Prendre mon cahier, courir en dehors de la salle commune, puis rejoindre le silence de la bibliothèque. Ma destination devait être la seule pensée présente dans mon esprit.
D'une main tremblente, je fouillais mes affaires placés à côté de mon lit. Mais aucune trace d'un cahier, je constatais également, surpris, que de nombreux livres et feuillets de cours manquaient.
- Tu devrais retourner faire un tour dans la salle commune Chan, tu ne sembles pas avoir été très attentif à ce qu'il s'y passait.
Un frisson d'appréhension se issa dans mon dos alors que je tournais la tête vers le camarade qui venait de parler. Il me souriait mauvaisement, tandis que son ami semblait au bord du fou rire.
Mon sang se glaça, leurs expressions dépeignaient d'une telle cruauté qu'ils auraient sûrement peur s'ils se voyaient dans un miroir. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre qu'ils préparaient un mauvais coup, sûrement avec la complicité de nombreux autres sorciers de notre maison.
Moi qui voulait être tranquille, passer inaperçu, me fondre dans le décor, ça semblait peine perdu.
Je me levais et me dirigeais vers le salon que j'avais traversé plus tôt, dans lequel de nombreux Gryffondor se prelacaient. Mes deux colocataires suivaient, impatient du spectacle qui allait se dérouler. Mes traits se crispaient sous une expression de neutralité complète, mais à l'intérieur de moi chaque molécule semblait hurler. J'étais effrayé, plein d'appréhension et absolument pas prêt à affronter l'énieme mauvaise blague qu'on me réservait.
De nouveau un silence se fit sur mon passage, brisé par quelques chuchotements et ricanements mal conservés. La plupart de mes camarades de maison me fixaient avec des yeux amusé, d'autre plein de dégoût et certain forgé de mépris. Je captais quelques têtes baissés ou lueur de pitié, mais trop peu au centre de la masse.
Rapidement, sans qu'on ait besoin de me désigner quoi que ce soit, je repérais la source de ces comportements.
Au milieu de la pièce, entre les différents canapés, une pile de feuille, cahier et livre séjournait chiffonné et trempé. Il s'agissait des affaires dont j'avais remarqué la disparition, aucun doute là-dessus.
Et bien que cette situation soit déjà dévastatrice, je remarquais, horrifié, que des messages avaient été marqué à l'encre indélébile sur les couvertures de mes livres.
"ordure"
"Voleur"
"Crève"
"Rend l'argent"
La lecture de ces mots me figea l'espace de quelques secondes, et je sentis des tremblements ainsi qu'une vague de sanglots qui traversa mon corps.
"Ne pleure pas... Ne pleure pas Chan... Ne soit pas faible" me répétais-je par pensée.
J'enfermais mes lèvres aux creux de mes dents, espérant ainsi contenir le moindre souffle trahissant les larmes de rage qui quemandaient une sortie. Mes poings se serrèrent pour empêcher leur vibrement incessant, et je me dirigeais sans un mot vers la pile humide.
Du plomb semblait s'être immiscé dans ma poitrine, je sentais mon cœur et mes poumons prient d'une telle lourdeur qu'il me coûtait de respirer convenablement. Toujours silencieux, et ignorant des regards qui se posaient sur moi, je ramassais mes affaires avant de me presser vers la sortie. Des timbres de voix se firent plus intense derrière moi, sûrement me parlait-on, mais je ne les écoutais pas.
Je ne voulais pas voir, pas entendre.
Je voudrais disparaître, là, tout de suite.
Les éclats se tarrirent alors que je quittais les quartiers des Gryffondor, mais je n'étais pas encore sortie d'affaire puisque, à peine avais-je pénétré le couloir, que je percutais le torse d'un garçon.
- Ah ! Excuse-moi ! Je ne regardais pas devant moi !
Je failli bien basculer en arrière, mais une poigne robuste me retient par les épaules. En relevant les yeux je reconnu le visage d'un aîné de ma maison, avec qui je partageais également la tâche du nettoyage de la bibliothèque.
- Tu ne regardes jamais où tu marches Mingyu. Tout va bien ? Mon idiot de meilleur ami ne t'a pas blessé ?
Je reconnu le second garçon, que je n'avais pas remarqué jusqu'à son intervention, comme Moon Junhui, un autre aîné de mon groupe de ménage.
- Ça va, excusez-moi.
Ma voix était sortit sur un timbre presque murmurant, si bien que j'ignorais s'ils l'avaient réellement perçu. Mais je ne m'attarda pas à le vérifier et me défis de la prise de Mingyu, bien décidé à reprendre ma fuite.
J'entendis leurs deux voix qui me rappelaient, mais je détalais à travers le couloir sans leur laisser une chance de me rattraper.
Ce fut en courant que mon corps traversa l'école jusqu'au dehors, tout en évitant stratégiquement les lieux les plus fréquentés. Les sanglots tapaient toujours contre ma gorge, ma poitrine s'obstruait et les larmes taquinaient ma rétine.
"ordure"
"Voleur"
"Crève"
"Rend l'argent"
Ces mots restaient gravé dans mon esprit, s'entremêlant à d'autres insultes qui m'avaient déjà été donné. Je ne pleurais pas, je voulais rester fort, mais ça s'avérait plus difficile que prévu.
Mon corps exprimait une telle tristesse que mon mental s'affaissait bien malgré moi.
J'arrivais rapidement dans les jardins de l'école, et repéra un coin d'herbe désert. La soirée tombait tranquillement, mais le soleil brillait encore. En ce début de mois d'octobre l'automne rafraîchissait l'air, mais le temps restait beau et agréable.
Je m'installais sur le sol et étendis doucement les feuilles et les livres trempés devant moi, espérant qu'ils sèchent sous les rayons de lumière fatigué.
Plusieurs minutes passèrent, une heure peut-être, où je restais assis à contempler le désastre face à moi. L'encre de mes cours avaient bien coulé, plus aucune phrase ne semblait lisible, de même pour mes livres. Il ne suffirait que d'un petit sort pour rendre à l'ensemble un aspect neuf et parfait, mais je n'avais pas le courage de sortir ma baguette.
Je voulais voir ces mots, ces insultes, cette destruction qui reflétait ironiquement ce qui se tramait en moi.
Ce papier chiffonné, trempé, déchiré, tâché, il semblait si similaire à l'état de l'organe battant dans ma poitrine.
Un sourire amer étira mes lèvres.
Tout ça c'était pitoyable, ces gens étaient plus pitoyable que moi. S'ils pensaient que c'est ainsi qu'ils me feraient baisser la tête ils se mettaient le doigt dans l'œil, je n'allais pas pleurer devant eux, je refusais de me montrer faible face au regard de quiconque. Un jour où l'autre je leur prouverait qu'ils ont tord de s'en prendre à moi.
Je leur montrerait à tous que je suis autre-chose que le fils d'un salaud.
- Mon petit Chan ! Quelle bonne surprise !
Un corps se plaça subitement à proximité du mien, m'arrachant une exclamation surprise. J'eu un mouvement de recul en reconnaissant le visage souriant de Jeonghan, un Serpentard qui m'avait abordé hier pendant les heures de ménage.
Mon aîné se laissa tomber sur le sol, trop près à mon goût, et me partageait la même expression enjoué et pleine d'une douceur taquine qu'il m'avait présenté la veille.
- Je suis content de te croiser, comme ça je n'aurais pas à attendre demain pour te parler. Tu n'étais pas très bavard hier, alors j'ai fais des recherches sur toi, c'est intéressant ce que j'ai pu decouvrir.
Comme lors de notre première rencontre il attrapa ma main, m'incitant ainsi à ne tenter aucune fuite.
Je ne parvenais pas bien à cerner ce garçon qui, sous un premier rapport, semblait aussi délicat et tendre qu'un chaton, mais dont le regard brillait à la lueur d'un prédateur. Il me parlait avec un voix pâteuse aux tendresses maternelles, mais je le connaissais de réputation et conservais ainsi une importante méfiance à son propos.
Pourquoi un Serpentard de sixième année s'intéressait-il à moi ? Certainement pour s'occuper, à travers son regard je ne décelais que de l'amusement. C'était ainsi qu'on décrivait Yoon Jeonghan, comme un vicelard aux fourberies multiples à qui personne n'en voulait jamais bien longtemps, puisque son masque d'angelot lui garantissait un pardon. Au cours de mes années à Poudlart je n'avais fait que l'apercevoir de temps à autres, mais il dégageait un charme mesquin qui plaisait à de nombreuses filles de mon année, qui rêvaient secrètement d'attirer le regard de cet élève plus âgé.
Moi je n'en avais que faire de cet aîné, que je ne connaissais que par les rumeurs, il me fatiguait déjà par son envie désagréable de me parler.
- Tu es le fils de ce type, j'ai oublié son nom, celui qui a arnaqué et volé de l'argent à de nombreux sorciers ! Les journaux ne parlaient que de ça il y a un petit moment, je savais que son fils était à Poudlart mais j'ignorais qu'il s'agissait de toi. Il y a tellement de personne avec le nom de famille Lee, et je ne connais pas tout le monde dans cette école !
Une nouvelle vague de froid se deversa en moi, le besoin vif de fuite reprenait le dessus sur toute mes autres pensées.
La seule chose qui m'avait plût avec cet étrange garçon est qu'il semblait ignorer mon identité. Quand il m'avait abordé ce n'était que par pure curiosité, pour tromper son ennui disait-il.
Maintenant il savait qui j'étais, et semblait s'en amuser d'autant plus.
Ma vie allait-elle devenir encore plus catastrophique qu'elle ne l'était déjà ? Déjà la majorité de mes camarades me haïssait, tout ceux qui avaient eut affaire à mon père me portaient une profonde rancune. Et maintenant un élève plus âgé, qu'on pouvait considéré comme populaire, m'avait dans son viseur. Qu'avais-je donc fait pour mériter cela ?
- Enfin bref, ça ne m'explique toujours pas pourquoi tu t'es retrouvé avec des heures de ménage. J'imagine mal Dumbledore te punir à cause des actions de ton paternel, qu'as-tu donc f...
- Pardon, mais je dois y allez.
Ne souhaitant pas enchaîner cet interrogatoire, je me saisi avec empressement de mes cahiers et feuilles volantes encore trop humide. Je devais fuir ce Serpentard, avec un peu de chance il se lassera vite de ma personne et ne m'abordera plus d'ici quelques-jours.
- Ce sont tes cours ? Pourquoi ils sont trempé ? Demanda Jeonghan, qui sembla soudainement repérer l'étalage sur l'herbe.
Je ne fus pas suffisamment rapide à tout rassembler, puisqu'il se saisi d'un cahier encore goûtant et posa dessus un regard suspicieux. Toute lueur d'amusement disparu de ses pupilles.
- Ils sont accidentellement tombé dans l'eau, je répondis sur un ton moins assuré que je l'aurais voulu.
- Un accident ?
Jeonghan haussa les sourcils et accentua ses paroles sur un rythme sarcastique. Il tourna vers moi le cahier qu'il tenait en mains afin de me faire voir le mot "Crève" gravé a l'encre rouge.
- Ça ne ressemble pas à un accident ça.
Une chaleur honteuse se issa sur mes joues et, dans un geste brutal, je lui arracha le cahier des mains.
- Ça ne te regarde pas, laisse-moi tranquille.
Je m'exprima d'une voix si glaciale que moi-même je failli ne pas me reconnaître. Mon aîné haussa plus encore les sourcils, nullement affecté ou effrayé, il me fixait comme s'il n'avait en face de lui qu'un imbécile.
Il pouvait bien penser ce qu'il voulait de moi, je n'en avais que faire. Ayant rassemblé mes affaires decharnés dans mes bras, je lui tourna le dos et m'empressa de nouveau vers l'école. Jeonghan ne me suivit pas, ne chercha même pas à me rappeler ou à quémander plus d'explications.
Au fond ce manque de réaction m'irrita un peu, malgré moi j'aurais bien aimé que quelqu'un montre de l'inquiétude pour ma personne. Mais ce n'était certainement pas auprès de ce Serpentard au caractère méprisant et seulement intéressé par l'idée de s'amuser que je trouverais de l'aide. Peut-être même que cette petite conversation le dissuadera de m'aborder de nouveau, ou même de me jeter le moindre regard.
J'ignorais si cette idée me plaisait ou non, depuis quelques-temps ma vie devenait si désastreuse que je ne me comprenais plus très bien.
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