12
~Hansol~
Une pointe de nausée traversa mon estomac, et je m'appuyais un instant sur la rambarde de l'escalier afin de soutenir mon corps devenu trop lourd et fébrile. Je deposais une main sur mon ventre, qui grognait de sombre menace, et m'arretais un instant pour respirer. Une brume épaisse semblait s'étirer dans mon cerveau, englobant l'entièreté de mon crâne et engourdissant mon visage. La souffrance était telle que je crus un instant être en plein malaise, malheureusement je restais suffisamment conscient pour ressentir le mal-être qui me parcourait.
Mon état se dégradait, je le voyais, je le sentais.
Et pourtant cela devait rester le plus caché de tout les secrets.
J'avalais ma salive en priant pour ne surtout pas me mettre à vomir, des tremblements se issaient sur ma peau et je les laissais me traverser.
Heureusement le lieu dans lequel je progressait était désert, aucun sorcier ne pouvait me surprendre dans un état aussi déplorable. La nuit commençait doucement à tomber, l'heure du couvre feu se rapprochait, ainsi presque tout le monde se terrait dans sa chambre. Tout le monde sauf moi, qui avait eu la bonne idée de traverser l'école afin de rejoindre le quartier des Gryffondor. J'espérai y trouver Junhui afin de lui emprunter ses cours de défense contre les forces du mal, pour les relire avant le contrôle du lendemain. Je ne retrouvais plus les miens, ceux de Seokmin était toujours trop brouillon et Minghao dessinait constamment entre le lignes, formant un amas de noirceur illisible.
Voilà ce qui arrivait quand on décidait de réviser à la dernière minute, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même.
- Arrête-toi... S'il te plaît... Arrête-toi...
L'escalier sur lequel je me trouvais se mouvait rapidement, n'arrangeant rien à ma nausée grandissante. Mon repas rapidement engloutie ne demandait qu'à remonter, et je refusais cette optique embarrassante. Je n'étais même pas sur d'avoir emprunté les bonnes marches jusqu'à ma destination, les escaliers de cette école se déplaçaient constamment et on avait vite fait de se perdre si on ne se concentrait pas un minimum sur notre chemin.
Or, pour cause d'un épuisement qui s'infiltrait petit à petit entre mes chairs et mon sang, je ne possédais pas une once de concentration.
L'envie de descendre de cet insupportable manège surplombait toute mes autres pensées, et les regards curieux que tout les tableaux posaient sur moi n'arrangeaient rien à ma gêne.
Alors que l'escalier cessait enfin tout mouvement, et que je débarquais sur un sol immobile, je sentis un énième frisson me parcourir. Une sueur épaisse dégoulinait sur mon front et mon souffle trouvait de lourdes teintes irrégulières. Je jetais un regard par la fenêtre, l'extérieur sombre se laissais éclairer par la jolie lumière des étoiles et d'une lune à une pincette d'être pleine.
Un sourire amer se dessina sur mes traits. Je dépérissait peu à peu, de plus en plus vite, c'était déplorable.
Peut-être devrais-je finalement rentrer dans le dortoir des Poufsouffle et abandonner l'idée de réviser ? Serais-je même capable de lire ne serais-ce qu'une seule ligne de cours ?
J'avais progressé avec tant de difficulté, sans même prendre compte de la direction de mes pas et du mouvement de l'escalier. Mes yeux se balladèrent aux alentours, tout les endroits dans ce château se confondait, ainsi je mis un petit instant à analyser l'endroit où je me trouvais.
Un couloir bien sombre, trop sombre, seulement éclairé par quelques torches sur les murs. Je ne mis pas bien longtemps à comprendre que l'escalier m'avait descendu jusqu'à proximité des anciens cachots du château.
Autrement dit bien loin de la salle commune de Gryffondor.
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
Alors que mon corps fut prit d'un violent sursaut, je me retournais avec frayeur vers la personne qui venais de me questionner. Par réflexe je redressais mon dos et essuyais rapidement la sueur sur mon visage, pour que personne ne puisse deviner mon mal-être.
Face à moi se tenait Boo Seungkwan, un Serpentard de ma classe, qui faisait également partie de mon groupe de ménage. Un garçon avec qui je ne discutais jamais, puisque je fréquentais peu les Serpentard.
Il me fixait avec de grand yeux curieux, sourcil abaissé en signe de méfiance et tête légèrement incliné. Ainsi il ressemblait presque à un chiot menaçant, rien de vraiment effrayant en soi, et pourtant je tremblais d'autant plus.
- Je... Dois allez voir Junhui, bafouillais-je en masquant mes mains derrière mon dos, souhaitant à tout pris masquer leur mouvement frémissant.
- Junhui ? Moon Junhui ? Mais c'est un Gryffondor lui, tu ne le trouveras pas ici.
Je levais une nouvelle fois les yeux sur les alentours et constata que l'aile dans laquelle je me trouvais était bien loin d'être celle de mon ami. Je me tenais proche des quartiers de Serpentard, et ne comprenais pas bien comment j'avais pu attterir ici.
Quel idiot je faisais.
- Je sais, je... Me suis perdu.
- Comment peut-on se perdre après cinq années consécutives à séjourner dans cette école ? Tu dois vraiment avoir un sens inouï de l'orientation, ironisa Seungkwan, dont le visage se tordait en un petit sourire amusé.
Je grimaçais davantage, évidemment que cette excuse me faisait d'autant plus passer pour un imbécile. Mais qu'aurais-je pu dire d'autre ? "Je suis en train de dépérir, donc j'ai un peu du mal à me concentré sur le chemin", la vérité semblait pire que n'importe quel mensonge mal prononcé.
La malchance semblait se ruer contre moi, de toute les personnes que j'aurais pu croiser à cet instant il fallait que ça tombe sur Seungkwan. Notre relation ne s'étendait pas plus qu'à celle de simples connaissances, Junhui me mettait bien souvent en garde contre les Serpentard alors je ne les approchais jamais habituellement. Le garçon face à moi faisait partie de ceux que mon ami tenait en horreur, car il avait la réputation de colporter rapidement n'importe quelle mauvaise rumeur.
Dès demain je pouvais être sur que toute l'école sera au courant de ma petite mésaventure.
- L'heure du couvre feu approche, c'est pas vraiment le moment d'allez rendre visite à ton ami, lâche-t-il soudainement, son amusement retombant pour une moue dubitative.
- Je voulais lui emprunter ses cours... Pour le contrôle de demain mais... Je vais rentrer... Il est trop tard.
Un sourire forcé s'étira sur mes lèvres, alors que j'essuyais une énième goutte qui me glissait sur le front. Il fallait que je parte, maintenant, tout de suite, avant de faire un malaise devant un Serpentard. Cette optique serait sûrement la pire choses qui pourrais m'arriver.
Seungkwan me fixait de plus en plus intensément, plus aucune marque amusé ne se reposait sur son visage. Il semblait intrigué, curieux, méfiant, et s'avança d'un pas dans ma direction. Ses yeux sombres brûlaient sur moi, je les sentais me détailler et voyais bien qu'il tentait d'analyser une situation qui lui échappait.
- Tu es très pâle Hansol...
Entendre mon nom, pressé entre son timbre de voix cailleux, fit monter un énième frisson dans mon dos trempé. Je voulais fuir, mais mes jambes semblaient si lourde que je m'effondrerais sûrement si je courais.
- Tu es sur que tout va bien ?
Ma bouche semblait si pâteuse que je fus parfaitement incapable de lui répondre. Mais rester immobile serait pire encore, alors je hochais la tête dans un mouvement bien trop vif.
Ce geste m'arracha un souffle douloureux, que je contiens au mieux au fond de ma gorge.
Seungkwan ne me croyais pas, je le lisais dans ses yeux. Il laissait émaner de lui une attitude perplexe, également soupoudré d'une pointe d'inquiétude.
- Tient, j'étais partie me chercher ça dans les cuisines mais... tu sembles en avoir plus besoin que moi. On dirait que tu vas mourir, ça fait un peu peur.
D'une main hésitante, il tendit vers moi une petite brique de lait à la fraise subtilisé dans les réserves. Je restais un instant figé, ne parvenant pas à réfléchir. Aurais-je l'air étrange si je refusais ? Encore plus si j'acceptais ? Seungkwan irait-il prévenir l'infirmière si je ne prenais pas son présent ?
Je ne savais pas quoi penser de ce geste qui me semblait louche venant d'un Serpentard, trop généreux pour être normal. Mais je décidais finalement d'accepter, un timide merci soufflé au coin des lèvres.
- Et... Attend ici, je reviens.
Seungkwan me contourna et pénétra rapidement la salle commune de Serpentard. Je le regardais faire sans comprendre, la petite brique de lait pressé au creux de ma main tremblante. Allait-il chercher ses copains pour se moquer de moi ? Allait-il prévenir quelqu'un que je semblais au bord de la mort ? J'ignorais ce qui pouvais bien lui passer par la tête, et demeurait étrangement immobile à attendre qu'il revienne.
Ça aurait pourtant été le bon moment pour fuir, je m'étais suffisamment donné en spectacle pour aujourd'hui, pas besoin d'en rajouter. Mais j'étais incapable de partir, ni même d'effectuer le moindre geste.
Et ce n'était pas le mal-être de mon corps qui m'en empêchait, puisque je me sentais étrangement un peu mieux.
Mon camarade de classe ne tarda pas à revenir, une pile de feuille dans la main qu'il tendit dans ma direction.
- Tu n'as plus le temps d'allez chez les Gryffondor, prend mes cours si tu veux. Moi j'ai déjà révisé.
Il me les fourra dans les bras, sans même attendre mon approbation, puis fit volte-face avant de disparaître de nouveau dans le mur qui menait à son dortoir.
Le silence retomba tout autour de moi, un silence sombre et solitaire dand lequel je me plongeais déboussolé. La briquette dans une main, les cours dans l'autre, je restais immobile un long moment à fixer l'entrée par laquelle mon camarade avait disparu. Mes yeux ne parvenaient pas à s'y détacher, comme s'il allait ressortir d'une seconde à l'autre pour de nouveau s'adresser à moi.
Mais rien ne se passa, la porte resta close et, au bout de plusieurs minutes, je fis demis-tours et me traîna jusqu'à mon propre dortoir.
Alors que l'allez m'avait semblé un long et fastidieux périple, le retour ne paraissait pas s'étendre à plus de quelques secondes. Bientôt je penetrais le quartier des Pouffsoufle, y trouvant la quasi-totalité de mes camarades de maison aglutiné dans la salle commune. Ils s'apprêtaient à un jeu, la mafia il me semblait, et je passais invisible à côté de leurs rires et échanges imperturbable. Mes yeux se posèrent un instant sur Seokmin et Minghao, plongé en plein murmure, sûrement dans le but de s'allier. Aucun des deux ne leva la tête dans ma direction, et j'en fut plus que soulagé.
Je ne voulais pas qu'on me regarde, il ne faudrait qu'une seule seconde pour que toute l'assemblé prête des oeillades inquiétés dans ma direction.
D'un pas rapide et furtif, j'acourais presque dans ma chambre et deposais les cours sur mon lit. Mon regard se porta sur la briquette de lait, et je sentis un nouveau frisson qui me parcourait, ainsi qu'une nouvelle monté de nausée.
Je me dirigeais sans attendre dans la salle de bain, que je verouillais à double tour. Le souffle devenu erratique et les mains moites de sueur, je fouillais fébrilement au milieu de ma trousse de toilette afin d'y trouver une plaquette de petite pillule blanche.
Sans même suivre les recommandations de l'emballage, j'en avalais trois d'un coup et laissait leur goût acre me bruler la gorge. Je toussais par la suite dans l'évier, laissant d'épais filet de bave se rependre sur des lèvres devenu si sèche qu'elles tombaient presque en morceau.
Une vague de flamme sembla se rependre sur mon corps et j'etouffais un cri. La torture s'étendit sur une petite dizaine de seconde, avant un relâchement complet de mes muscles et une brève crispation aggripant mon visage, avant une détente qui s'infiltra sur ma peau.
Je ne sentais plus désormais qu'une émotion de planage, la douleur enfermé au plus profond de mon être poussait un cri si lointain que je ne le percevais pas.
Un bref sourire souffla sur mes traits et je posais des yeux embué sur la briquette toute fissuré entre mon poing serré. Le liquide rose se rependait dans l'évier par les nombreuses fissures, et je récupérais à bout de lèvre les quelques gouttes qui se rependaient sur ma peau. Le goût sucré prolongea la sensation de détente, et une chaleur nouvelle serpenta dans ma poitrine.
Je relevais la tête et croisais mon regard dans le miroir. Une brève lueur rougi sillonait mes yeux, et disparu aussi vite que je l'aperçu.
Mon visage faisait peur à voir, aussi blanc qu'un cadavre, tracé de cernes immences, amaigri et luisant de sueur. Une mocheté sans nom, répugnante et nauséeuse, un être monstrueux que je peinais à identifier a moi-même.
Un tremblement nouveau se rua sur mon corps à l'idée que cette chose dans le miroir n'était qu'une pâle copie d'un humain.
- Je suis un monstre, murmurais-je, les larmes aux yeux.
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