~Seungkwan~

- Je ne vais pas m'attarder sur un long et fastidieux discours, ni vous ni moi ne ressentons l'envie de nous infliger cela. J'ai conscience que cette réunion vous questionne, puisqu'il est rare que nous convoquions les élèves par le simple comité de leurs années.

Ces mots, je me souvenais de chacun d'entre eux. C'était les mêmes phrases, les mêmes intonations, la même voix fatigué qui les prononçait.

Ces mots, c'était ceux que Dumbledore avait prononcé lors du discours sur la mort de Jungkook, il y a de longs mois maintenant. Tellement de choses s'étaient produite depuis, une bagarre générale, une punition, des groupes de ménage, des liens qui se forgeaient, des combats mené à coup de sentiment ou de magie... Tellement de choses s'étaient produite depuis la mort de Jungkook, et j'avais aujourd'hui la sensation d'être revenu en arrière.

Tout les élèves de sixième année étaient réuni dans cette grande salle, placé en rang face à notre directeur. Il s'exprimait avec gravité, comme la dernière fois, comme s'il allait de nouveau annoncer une mort.
Était-ce le cas ? Je n'en avais aucune idée. Je ne parvenais pas à comprendre ce qu'il se passait.

Tout semblait flou dans mon esprit. Tout me semblait lointain.

Depuis la rentrée, depuis les vacances même, j'avais l'impression d'être absent à moi-même.

J'avais l'impression que quelque-chose dépérissait en moi.

Mon regard caressait la pièce sans vraiment voir ce qu'il s'y trouvait. Je sentais les présences de Soonyoung, Seungcheol et Jeonghan à côté de moi, dans le rang des Serpentard, mais j'entendais à peine les murmures inquiet et déconcerté qu'ils prononçaient. Eux non plus ne comprenaient pourquoi on nous avait tous réuni, c'est tout ce que je parvenais à saisir.
Si je regardais plus attentivement aux alentours j'apercevais vaguement Joshua, Jihoon et Wonwoo au premier rang des Serdaigle. Junhui et Mingyu qui parlaient à voix basse avec certain de leurs camarades Gryffondor. Puis je trouvais Minghao et Seokmin chez Poufsouffle, et mon coeur se serrait.

Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi Hansol n'était pas parmi eux.

Je ne comprenais pas pourquoi il n'était pas revenu à Poudlard.

Pourquoi il n'était pas venu me trouver.

Son silence pendant les vacances et son absence soudaine me déchirait la poitrine. peut-être qu'il avait choisi d'être définitivement un Mangemort et de se détacher de nous ? De moi ?
Je n'y croyais pas. Mais je préférais émettre cette hypothèse plutôt que de penser qu'il lui serait arrivé quelque-chose.

Si jamais nous étions destiné à ne jamais nous revoir, je ne sais pas si j'y survivrais.

Un soupir irrita ma gorge trop sèche, n'ayant pas bu de l'eau depuis... Je ne sais pas combien de temps. Manger et boire me semblait secondaire, je sentais à peine les grognements de mon ventre et la soif de mon corps. C'était donc cela une peine de cœur ? Je me serais attendu à pleurer et crier, pas à me sentir si amorphe.

Pas à me sentir si vide.

Je termina mon inspection des lieux sur deux silhouettes placé un peu à l'écart du groupe, ni vraiment de notre côté, ni vraiment de celui des professeurs.
Chan et Yeri, collé l'un à l'autre, bien conscient qu'ils ne devraient pas se trouver à une réunion entre sixièmes années, bien conscient qu'ils devraient être en cours. Leurs présence laissait l'assemblé plus curieuse encore, et Seungcheol devait retenir Jeonghan par le bras pour que celui-ci n'accourt pas vers notre ami de cinquième année pour lui demander des explications.

- J'aurais aimé ne pas avoir à reproduire un discours comme celui-ci, mais je crains qu'en temps de guerre je ne serais pas épargné de mauvaises nouvelles.

Les mots de Dumbledore tranchèrent toute respiration, causé par la gravité avec laquelle il avait prononcé le mot guerre. Je crois que j'étais le seul dont le souffle se pressait encore dans mes poumons, j'entendais ce discours comme s'il était lointain, à des années lumières de moi.
Tout ce que je ressentais à cet instant était le désagrément du maquillage sur mon œil, qui ne me quittait pas depuis la rentrée. À cause des coups de mon père le contour de mes paupières prenait une désagréable teinte bleu, qui jaunissait petit à petit. Je masquais ça derrière un fond de teint en grosse couche, ne souhaitant pas inquiéter qui que ce soit. Le reste des marques pouvaient être camouflé par mon uniforme, et je faisais l'effort de ne pas grimacer lorsqu'une blessure me tordait douloureusement.

Mon idiot de père avait eu la bonne idée de vider le reste de notre cave la veille de la rentrée, avant de me tabasser sans raison précise, puis de détruire tout ce qui se trouvait dans notre maison.

Mais la souffrance de mon corps n'importait pas, je ne la sentais presque plus. Le silence de Hansol était plus atroce à supporter, c'était le risque de s'attacher trop à quelqu'un, d'aimer sans limite, de croire que j'avais le droit d'être heureux.

- Assez tourné autour de pot. Il y a maintenant deux heures, lors de votre pause à tous, une flaque de sang a été retrouvé par Hoseok et Seulgi dans la salle sur demande, continua le directeur.

Des exclamations horrifié résonnèrent entre les murs de la pièce, tandis que tout les regards se tournaient vers les deux élèves. Hoseok hocha la tête en soupirant, peinant à contenir le tremblement de ses mains, tandis que Seulgi ne fit pas l'effort de retenir ses larmes, attirant vers elle ses deux soeurs, Wendy et Yeri
Et pendant ce temps Dumbledore ne cessait de s'exprimer, toujours avec cette gravité qui écrasait nos corps:

- Nous avons rapidement été prévenu, les lieux sont sécurisé et interdit afin que nous puissions mener une enquête. Aucun corps n'a été trouvé, nous ignorons encore s'il s'agit de sang humain. Lors de ces deux dernières heures les professeurs et moi-même avons fait le compte de tout les élèves présent dans l'école, afin de vérifier qu'il ne manquait personne.

Il fit une pause, inspira lentement. Puis, alors que ses yeux nous détaillaient minutieusement, annonça:

- Malheureusement, il s'est avéré que nous avions une disparition à déplorer. Votre camarade Kim Taehyung, élève chez Gryffondor.

Un cri résonna dans la pièce, suivit du choc d'une paire de genoux qui heurtait le sol. Park Jimin venait de s'effondrer, les mains pressé contre la bouche et les larmes dévalant sans limite. Junhui s'empressa de le prendre dans ses bras, avec une puissance désespéré, tandis que de nombreux Gryffondor se mettaient à pleurer, ne parvenant pas à croire qu'ils perdaient encore l'un des leurs, un ami précieux.
Je vis Mingyu faire quelques pas en arrière, tremblant, le visage marqué par l'horreur, comme s'il voulait échapper à cette situation cauchemardesque. Wonwoo quitta les rang des Serdaigle pour se précipiter à ses côtés, et le laisser pleurer contre son épaule.

- Nous ne pouvons pas encore affirmer qu'il soit mort, peut-être que le sang ne lui appartient pas où qu'il est simplement gravement blessé. Tant que nous ne l'avons pas retrouvé nous ne devons pas céder à la panique, ni émettre des conclusions hâtives.

La voix du directeur semblait de plus en plus lointaine, surpassé par les sanglots des Gryffondor et nos regards impuissants posés sur eux.
Pour ma part je commençais petit à petit à sortir de l'état de trense qui m'englobait depuis la rentrée, et alla observer Chan. Puisque Yeri avait rejoint sa soeur il se tenait seul dans un coin, adossé contre le mur, essayant de maintenir une expression impassible. Mais je voyais ses yeux désespérément tourné vers Joshua, essayant de croiser son regard.
Le Serdaigle, lui, maintenant son visage tourné vers le sol. D'où je me trouvais je ne pouvais pas deviner l'expression de ses traits, mais ses poings serrés suffisaient à faire transparaître ses sentiments.

Étaient-ils au courant de quelque-chose ? Si un second meurtre avait eu lieu ça ne pouvait être que l'œuvre d'un Mangemort. Hors ils en était tout les deux.
Je ne pouvais pas imaginer qu'ils puissent tuer, Hansol m'avait assuré qu'ils ne feraient jamais de mal volontairement. Mais un accident arrive vite, qui sait ce qui se passe dans l'ombre, qui sait ce que préparé le camp des Ténèbres.

Dumbledore l'avait lui-même dit, nous sommes en guerre.

- Vous autres étiez en pause au moment de la disparition, Taehyung a été vu par un professeur lors de votre dernier cours. Nous allons donc vous demander de nous dire, en détail, ce que vous faisiez durant cette pause. Et si vous avez une quelconques informations qui pourrait aider notre enquête je vous prierais de nous le dire. Plus vite nous découvrirons le fin mot de cette histoire, plus vite nous serons soulagé.

Sur ces dernières paroles, sèches et sévère, Dumbledore quitta son pupitre pour se placer face à nous, de même que tout les professeurs qui l'accompagnaient. Ils nous ordonnèrent de nous mettre en rang pour que chacun notre tour nous leur fournissions notre alibi.
Avec les mouvements de foule je fus l'un des premiers à passer sans vraiment le décider. Devant madame Lee j'expliqua m'être entraîné au Quidditch durant la pause, accompagné de Seungcheol et Soonyoung, ainsi que Jeonghan qui nous regardait. Elle hocha la tête et répondit qu'elle attendait de voir ce que dirait mes camarades pour valider mon discours. Puis je fus invité à sortir de la pièce, après qu'on m'est précisé qu'il m'était interdit de quitter l'enceinte du château, pas même pour une balade dans les jardins.

Soonyoung s'était retrouvé en fin de queu, il me fis signe de ne pas l'attendre, tandis que Jeonghan faisait passer entre nous tous le message qu'on se rejoignait dans notre salle secrète après ça.
Je quitta cet interrogatoire avec le coeur lourd, l'atmosphère dans la pièce était devenu pesante, et elle s'étendait peu à peu à tout Poudlard. Comme si l'orage grondait sous les plafonds, comme si les murs s'effritaient, comme si nous retenions notre souffle en attendant une explosion.

"En tant de guerre". Les mots de Dumbledore résonnaient dans mon esprit. Alors nous y venions enfin ? À ce combat contre Voldemort que tout les médias prédisaient depuis des semaines ? J'ignorais ce que je devais ressentir exactement, mon corps me paraissait de nouveau froid et vide.
Comme mort.

Que pouvait bien faire Hansol ? Où était-il ? Est-ce qu'il allait bien ? Si une armée de Mangemort venait attaquer le château le verrais-je parmi eux ? Était-il en danger ? S'était-il fait punir pour ne pas avoir voulu choisir un camp ?
Des centaines d'hypothèse se mélangeaient dans mon esprit, et c'est à cet instant que j'aperçus Joshua qui sortait tout juste de son propre "interrogatoire".

Sans réfléchir je me précipita vers lui. Qu'avais-je à perdre à le questionner ? Je n'avais déjà plus rien.

- Joshua !

Il se tourna vers moi, surpris que je l'interpelle, plus surpris encore que je lui prenne le bras pour le mener à l'écart. Il s'apprêta à me questionner, mais je le devança :

- Je sais pour toi, Chan et Hansol. J'ai promis de ne le dire à personne, je ne compte pas interférer dans vos histoires. Mais j'ai besoin de savoir, où est Hansol ?

Jamais auparavant je n'avais vu Joshua palir à ce point. Son jolie masque de marbre se fissurait, laissant apparaître le chaos sur ses traits. La panique, la peur, je pouvais tout lire de ses émotions.
Ça ne dura qu'une brève seconde, une seconde durant laquelle toute la vulnérabilité de ce garçon m'apparut, créant comme un gouffre de terreur dans ma poitrine. Je n'avais jamais encore eu l'occasion de lui parler seul à seul, ni même de forger une véritable relation complice avec lui. Nous n'étions pas si proche, l'image que j'avais de lui restait celle d'un garçon hautain, impassible, que rien ne pouvait atteindre. Ce minime instant où il laissa voir ses sentiments me donnait l'impression que le monde s'effondrait sous mes pieds. Mais il se reprit rapidement et, en levant le menton, lâcha:

- Si tu ne compte pas interférer dans nos affaire alors ne pose pas cette question.

Sa voix était glaciale, plus ferme encore que celle de Dumbledore pendant son discours. Ce n'était pas la voix d'un ami, ou même d'un simple camarade, mais bien celle d'un Mangemort.

Un hocquet de frayeur tirallait ma gorge, c'est à cet instant que je me souvenais de ce que Hansol m'avait répondit quand je lui avait demandé si Joshua était comme Chan et lui, à savoir contre les mages noirs mais forcé par leurs familles:

"Pour lui c'est plus compliqué" , avait-t-il dit.

Plus compliqué dans quel sens ? J'aurais dû y penser avait de venir questionner le Serdaigle, j'aurais dû réfléchir au fait qu'il y avait bien une raison pour laquelle Hansol ne lui avait pas dit que je savais.
Joshua était-il un fidèle de Voldemort ? Était-il d'accord avec les idées des mages noirs ? Était-il notre ennemi dans cette guerre ?

" Joshua n'est pas quelqu'un de mauvais, bien au contraire. Il a toujours prit soin de Chan et moi. Il m'a... Toujours soutenu, alors que les autres me rejetaient car j'étais un loup-garou"

Les paroles de Hansol m'envahissaient petit à petit, m'embrouillant plus encore.
Joshua ne pouvait pas être un ennemi, je l'avais vu pressé désespérément la plaie de Seokmin lors de notre combat contre les Trolls. S'il n'était pas de notre côté, il l'aurait laissé mourir.

" Il est un précieux ami pour moi, si tu me fais confiance alors fais-lui confiance"

Même si Hansol n'avait répondu à aucun message, même s'il avait disparu, je me fiais encore à lui. Parce-que je l'aimais, même s'il décidait de m'abandonner je l'aimerais toujours.
L'amour ça ne se contrôle pas.

- Je... Je veux juste savoir s'il va bien et... Pourquoi il n'est pas revenu, pourquoi il n'a répondu à aucune de mes lettres pendants les vacances, murmurais-je, en essayant de saisir la main de Joshua.

Une tentative vaine de chercher de la compassion auprès de lui, puisqu'il recula d'un pas.

- Si Hansol n'est pas revenu à Poudlard, c'est qu'il a ses raisons, déclara-t-il.

Il recula encore, menton haut, voix sèches, et regard plus dur encore.

- S'il ne t'a pas contacté, c'est également parce-qu'il à ses raisons. S'il n'a pas répondu à tes lettres c'est qu'il ne le voulait pas.

Je voulais croire en Hansol, croire que Joshua mentait, que jamais il n'aurait pu m'abandonner. Mais chacun de ses mots étaient comme un poignard qui perçait mon coeur, je supportais de moins en moins cette situation.
J'avais envie de hurler, de pleurer, de fermer les yeux à jamais pour ne plus rien voir, de faire exploser mes oreilles pour ne plus rien entendre, de me frapper la tête contre les murs pour oublier. Mais tout ce que je parvenais à faire c'est trembler en retenant mes larmes, et bafouiller:

- Non... Il ne ferait pas ça... Il me l'aurait dit si...

- Tu crois le connaître ? Vous sortez ensemble depuis peu, tu ne lui parle que depuis cette année. Tu ne le connais pas, tu ne sais rien de lui. Alors ne te mêle plus de ça Seungkwan.

Joshua croisa les bras sur son torse, l'air sévère, comme s'il reprimendait un enfant stupide. Puis il me faussa compagnie après avoir dit ces derniers mots:

- Oubli Hansol, oubli tout. Ça vaut mieux pour toi.

Mon camarade disparu rapidement au détour d'un couloir, avec la rapidité d'une ombre. Je me retrouva seul, seul avec mon corps tremblant, mes jambes faibles et les larmes qui dévalaient mes joues, faisant couler le maquillage qui masquait mes blessures. Savoir qu'elles allaient être visible ne me faisait rien, je me fichais soudainement de tout.

J'avais mal, et en même temps j'étais comme un gouffre sans fin dans lequel mes émotions se perdaient.

Dehors la pluie recommença à tomber. Moi je commença à marcher.

Jusqu'où ? Je ne sais pas.

Mes pas et mes sanglots se faisaient étouffé par les intempéries qui frappaient le château, je monta un escalier sans vraiment réfléchir à où il menait. Je voulais juste marcher, oublier, partir.

Me perdre dans le néant, pour ne plus ressentir la douleur de mon corps, et celle de mon coeur qui se déchirait.