11
~Seungkwan~
Hansol
C'est la huitième lettres que je t'écris depuis le début des vacances. La cinquième que je ne t'enverrai pas. J'ai fait voler une chouette jusqu'à toi déjà trop fois, accompagné de mes premières lettres, mais puisque je ne reçois aucune réponse de ta part je préfère ne pas insister. Alors je t'écris, je t'écris seulement, des bouts de papier abîmés qui reposent sur mon bureau et qui, très bientôt, finiront à la corbeille ou brûlé par mes soins.
Ça fait maintenant une semaine et demi que nous ne nous sommes pas vu, une semaine et demi sans nouvelle de ta part. J'espère que tu vas bien, que la chouette s'est perdu en chemin et que tu n'as tout simplement pas reçu mon courrier. Pour ma part, ce serait mentir que de dire que je vais bien, et à quoi ça sert de mentir sur un bout de papier que tu ne recevras jamais ?
J'avais espéré que les vacances de Noël passeraient vite. Que je n'aurais qu'à resté enfermé dans ma chambre à étudier et que je ne verrais pas les heures passer. Mais je les vois, les heures, les minutes, les secondes, elles sont si lente que j'ai parfois envie de fracasser mon horloge sur le sol. Mais je ne le fais pas, parce-que j'ai peur que mon père entende, j'ai peur que le bruit le réveille. Je ne me sens jamais aussi en sécurité que quand il dort, les heures où il est assoupie sont un véritable paradis. Parce-que quand il est absent je sais qu'il se promène de bar en bar, et j'ai toujours peur qu'on m'appelle parce-qu'il pose des problèmes. Il contrôle pas sa colère alors il lui arrive de se battre, de crier, de mettre un bordel monstre partout où il passe. Heureusement il ne peut pas employer la magie, il est interdit de port de baguette depuis deux ans, parce-qu'il à une fois jeté un sort d'attaque sur un moldu.
Si tu lisais ces quelques lignes, alors sûrement que ces informations ne te plairaient pas. Mon père est violent et incontrôlable, il boit jusqu'à perdre connaissance, frappe et casse tout ce qui se trouve sur son chemin, se fait arrêter par la police presque toute les deux nuits, dépense nos maigres économis dans ces conneries, et il ne s'occupe pas de moi.
Mais il n'a pas toujours été comme ça, quand j'étais enfant il était plus calme, plus respectable, il avait un travail stable et faisait toujours de son mieux pour combler nos besoins, à moi et à ma mère. Mais voilà, ma mère est partit et après ça il n'a plus jamais été le même. En soit c'est de sa faute, tu te souviens que j'avais évoqué que ma mère était une loup-garou ? Et bien mon père l'a chassé de la maison quand il l'a découvert. J'étais jeune mais je m'en souviens encore, je ne l'avais jamais vu aussi en colère. Ma mère m'a prise dans ses bras, elle n'a rien dit et est partit, je ne l'ai jamais revu. Pour mon père tout s'est dégradé, il était sans cesse énervé, il a commencé à boire et a perdu son emploi. Il a commencé à mal me regarder, comme si pour lui mon existence devenait insupportable.
Tu sais, je crois qu'il me déteste.
Avant j'essayais de me persuader du contraire, de me dire qu'il vivait juste une mauvaise passe, j'espérais qu'il puisse surmonter et qu'on vivra heureux un jour. Mais ça fait bien longtemps que j'ai abandonné, quand nos regards se croisent je n'y vois que de la haine et du dégoût. Alors je me suis résigné, j'ai accepté le fait qu'il ne m'aime pas, j'ai accepté d'être une personne que les autres n'aiment pas.
Tu sais, j'ai souvent cette impression, celle que personne ne m'aime, que personne ne peut m'aimer. J'ai l'impression de déranger, j'ai l'impression qu'on ne veut pas de ma présence, j'ai l'impression qu'on m'en veut d'exister, j'ai l'impression que...
Une goutte de sang tomba au centre la lettre, emportant certains mots à travers sa teinte rouge. J'avais, sans en prendre conscience, gratté la plaie encore fraîche au coin de ma lèvre. Elle commençait tout juste à se refermer et comme un idiot je la rouvrais, comme si ça ne suffisait pas de sentir mon coeur se déchirer à chaque battement.
Je laissa tomber le crayon et analysa ce que je venais d'écrire, grimaçant face à l'obscurité que je décelais derrière chaque mot.
Le morceau de papier termina bientôt froissé, je n'avais pas envie de continuer cette lettre, il ne fallait pas que je la continue. Car si j'écrivais encore alors les pensées sombres viendraient enfumer mon esprit, la tristesse se perdra sur mon visage et je pourrais faire une connerie.
Ou alors, c'est si je n'écrivais pas que je pourrais faire une connerie ?
Je leva les yeux vers la fenêtre, vers le ciel sombre de ce début de soirée. Dès que je regardais dehors j'espérais voir une chouette planer jusqu'à moi, m'apportant une lettre venu d'Hansol. Mais ça n'arrivait jamais, mon soi-disant petit-ami ne m'avait pas donné de nouvelles de toute les vacances.
On s'était pourtant promis de le faire, d'échanger nuit et jour à travers des courriers qu'on ne perdrait pas une seconde à écrire. Je ne comprenais pas pourquoi je ne recevais rien de sa part, alors que je lui avais déjà envoyé trois lettre. La rentrée n'étais plus que dans quelques jours, qu'attendait-il ?
J'espérais qu'il ne lui soit rien arrivé, mais en même temps je priais pour qu'il ne m'ait pas délibérément ignoré.
Qu'est-ce que je deviendrais si Hansol commençait à m'ignorer ?
Mon regard tomba sur mon reflet dans le miroir, sur la petite ligne de sang qui devalait mon menton depuis le coin de mes lèvres. Mon mère m'avait frappé ce matin, sans raison particulière, et la bague de fiançailles qui orne toujours son doigt malgré le départ de maman m'a abîmé la peau. J'essuya mon visage d'un geste bruque, ne supportant pas la vision de cette blessure. Ce n'est pas la première fois qu'il me frappe, hors habituellement j'arrive toujours à éviter qu'il touche à mon visage. Les bras, les jambes, le ventre, tout ça c'est facile à cacher, les quelques cicatrices qui ne sont jamais partie peuvent être masqué aux yeux des autres. Mais le visage est voyant, les gens sont toujours curieux quand ils voient une blessure. Est-ce mes amis poseraient des questions si, à la rentrée, l'écorchure n'a pas disparue ?
Mes amis...
Je porta mon attention à la lette chiffonné, relu les dernières lignes, puis repris mon crayon.
Depuis cette année ces impressions s'estompent un peu. Parce-que je t'ai rencontré toi Hansol, parce-que j'ai rencontré tout les autres. Avant je n'avais que Soonyoung, il était mon seul ami, même si parfois j'avais le sentiment qu'on trainait ensemble parce-que nous n'avions personne d'autre. On était proche sans vraiment l'être, mais au final c'est grâce à lui que je tenais le coup jusqu'ici, parce-qu'il y avait quelqu'un qui m'attendait à chaque rentré à Poudlard. Mais maintenant Soonyoung a Jihoon, il a aussi beaucoup d'autres nouveaux amis. Je suis heureux de faire partie de ce groupe qu'on forme à treize, mais parfois je me demande si j'y ai vraiment ma place, je me demande si ma présence a vraiment de l'importance. C'est stupide, parce-que je m'entend bien avec tout le monde, et parce-que tu es là Hansol et qu'au fond je sais qu'on s'aime toi et moi. Mais je ne peux pas m'empêcher de douter, je ne peux pas m'empêcher de penser que mon absence ne changerait rien, que je ne manquerais à personnes.
Tu sais, c'est pour ça que je n'aime pas Chan.
Ou plutôt, que je suis jaloux de Chan.
Tout est si simple pour lui, tout le monde fait attention à lui, tout le monde rigole avec lui. Il peut faire n'importe quoi, dire n'importe quoi, que tout le monde serait de son côté.
J'aimerais tellement être comme lui, j'aimerais que pour moi aussi tout soit facile.
Alors oui, je sais qu'à cause de sa famille, de son implication avec les Mangemorts, tout n'est pas aussi simple que je le dis. Mais justement, lui et moi nous sommes pareil dans un sens, nous sommes tout les deux pas à notre place avec nos familles. Mais pourquoi lui il arrive à s'en sortir ? Pourquoi il arrive à sourire et à s'attirer toute les compassions ?
Je suis jaloux, parce-que j'ai toujours l'impression que je ne m'en sortirais pas.
Parfois, je me dis que mourir à l'air tellement plus...
Cette fois ce n'était pas une goutte de sang qui me fit cesser d'écrire, mais l'écho de ma porte d'entrée qui s'ouvre brusquement. Depuis ma chambre je pu entendre les pas chancelant de mon père, ses bafouillages sans sens qui devaient être chargé d'insultes, je pouvais presque sentir l'odeur de l'alcool qui lui collait constamment à la peau. Puis un bruit de choc me fit sursauter, le silence revient envahir la maison et un lourd soupir traversa ma gorge.
Je laissais une nouvelle fois tomber le crayon pour rejoindre le salon, sans surprise je trouva mon père étalé sur le sol, presque étouffé dans son propre vomi.
- Papa, va dormir dans ton lit, murmurais-je, en essayant de le relever.
Ses mains flasques s'accrochaient à mon pull tandis qu'il baragouinait de nouveaux jurons. Difficilement, je parviens à le trainer jusqu'à sa chambre et à le faire assoir sur son lit. Il ne tarda pas à tomber dans les draps sales, j'aurais pu le laisser là et m'en allez mais avec son visage pâle et ses yeux voilés il me faisait de la peine.
Il ressemblait à un véritable déchet, mais il restait mon père.
Donc je lui retira ses chaussures, je pris soin de nettoyer son visage tâché de vomi et tenta de le coucher que le côté pour qu'il ne s'étouffe pas si son estomac décidait de relâcher ce qui pouvait rester à l'intérieur. Mais alors que je m'employais à le retourner il fut saisit d'une vive colère et envoya son poing dans ma direction. Surpris, je n'eu pas le temps de me reculer et le coup percuta mon oeil.
Mon père retomba sur le matelas, épuisé, et mon propre corps bascula sur le sol. La douleur me laissa immobile quelques minutes, ma main pressé à l'endroit de la blessure. Il manquait plus que ça, j'attirerais des regards plus intrigué que jamais si je me ramenais à l'école avec un oeil au beurre noir. Mais j'étais trop fatigué pour utiliser un sort de guérison maintenant, si un bleu venait à se faire voir je le maquillerais.
C'est encore un peu sonné par le coup que je quitta mon père pour nettoyer le carnage qui succédait à son passage. Nettoyer le sol, remettre les objets en place, aérer la pièce malgré le froid glacial. Puis rejoindre ma propre chambre pour m'étaler sur le lit.
Je ne retourna même pas terminer ma lettre, elle ne sera jamais envoyé de toute manière. À quoi bon ? Hansol ne répondrait même pas.
Par la fenêtre toujours aucune chouette ne venait égayer mon quotidien triste et puant, pas la moindre source de bonheur pour me faire oublier. Parfois je pensais à me jeter de cette fameuse fenêtre, mais elle n'était pas assez haute, ou alors je n'étais pas assez courageux pour faire ça.
C'est quand même stupide d'avoir peur de mourir quand la vie ne nous sourit même pas.
Je viens doucement tripoter la bague qui ornait mon doigt, celle décoré par treize nombres, celle que Seokmin nous avait envoyé à tous. Mon coeur s'apaisait un peu, il s'agissait du seul cadeau que j'avais reçu cette année.
Ça change, d'habitude je ne reçois jamais rien à Noël.
C'est sur cette pensée que je m'endormis, la douleur toujours pulsante à travers mon oeil et écrasante sur mon coeur.
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