11
~Seungkwan~
- Prenez un gâteau ! Où une boisson ! Où un bonbon ! Vous êtes fatigué, vous voulez une chaise ? Je peux vous faire un massage. Les épaules ou les pieds ? Les deux ? À moins que...
- Gomi, c'est pas nécessaire je te l'assure. On est là pour travailler, pas pour que vous vous occupiez de nous.
À peine ma phrase terminé que je vis les yeux du petit elfe se couvrir de tristesse. Il avait été, au court de sa vie, tellement habitué à être serviteur qu'il n'arrivait pas à regarder un sorcier effectuer des tâches domestiques sans sentir la culpabilité monter. D'entre toute ces petites créatures magiques employées dans les cuisines de Poudlard, il était le seul qui continuait à vouloir me chouchouter ainsi. Les autres arrivaient presque à me considérer comme un collègue, même si certain réflexes de soumission à mon égard leur restaient.
J'aidais aux cuisines de l'école depuis ma deuxième année, une proposition de Dumbledore pour compléter les frais scolaires qu'il m'était difficile de payer. Il s'agissait d'un secret que je maintenais bien gardé, dont seul Soonyoung était au courant, ainsi que Hansol depuis peu.
Les élèves de Poudlard n'étaient pas toujours bienveillant envers ceux dont les moyens manquaient, les moqueries venu des enfants descendant de lignées riches et reconnus se sifflaient parfois au détour d'un couloir. Je n'étais déjà pas très aimé, alors inutile de rejouter des insultes supplémentaires sur les langues cruelles.
Je n'osais pas non plus en parler à tout mes nouveaux amis, ces garçons du groupe de ménage avec qui je passais la majorité de mes journées. J'avais bien au fond de moi la certitude qu'ils ne me jugeraient pas, mais restait toujours une peur et une impression d'infériorité étouffante.
La majorité d'entre eux venaient de familles modestes qui survenaient sans mal à leurs besoin. Et puis Joshua, Jeonghan et Wonwoo n'avaient jamais caché descendre d'importante lignées de sorciers, leurs habits ainsi que chacune de leur fournitures coûtaient si chère qu'il me faudrait toute une vie pour me les payer. Il n'y avait que Minghao dont les parents n'étaient pas aussi aisés que les autres, et je l'enviais de ne pas en être honteux. Il ne cachait pas que chacune de ses affaires avaient été récupérées et rafistolées par sa mère.
Moi je dépensais mes maigres économis pour payer des capes neuves qui donnaient l'illusion que je me fondais dans la masse d'élève aux moyens suffisants.
- Gomi est mignon, mais je vais vite prendre une dizaine de kilo s'il continu à m'offrir des gâteaux toute les cinq minutes, me murmura Hansol.
Un rire me saisit à la vu de la dizaine de gourmandises qui se trouvait devant lui. Le plan de travail débordait, rendant difficile notre travail consistant à couper des légumes.
Les elfes de maison qui peuplaient les cuisines de Poudlard étaient libre, défait de leur condition d'esclavage du temps où ils servaient des familles de sorciers, mais ils continuaient à se montrer envieux de satisfaire nos moindres besoins en un claquement de doigt. À ma présence ils y étaient habitué, seul Gomi m'offrait toujours ses services. Mais il en était tout autrement pour Hansol.
Depuis qu'il avait apprit que je travaillais dans les cuisines il avait décidé de venir m'y aider. Au départ je refusais sa présence, trouvant injuste qu'il travaille pour que j'encaisse l'argent, mais il insistait tellement que je n'avais pu me résoudre à le rejeter.
Ce lieu devenait alors un espace de rendez-vous peuplé d'une centaine de spectateurs. Nous étions évidement sérieux dans l'avancé de nos tâches, mais ça n'empêchait pas nos mains de se trouver parfois, ça n'empêchait pas des étreintes de nous relier. Les elfes de maison nous regardaient toujours avec des étoiles plein les yeux, ils s'étaient mit en quête de cadeaux réservé aux couples qu'ils pourraient nous offrir, faisant grandir notre gêne.
Mais surtout, puisqu'ils avaient compris qu'ils ne pouvait pas devenir mes serviteurs, ils tentaient avec Hansol. Ils lui glissaient des sucreries par centaine, lui massaient les épaules et essayaient parfois de faire le travail à sa place. Le Poufsouffle parvenait à leur faire comprendre de ne pas agir ainsi, mais il en était tout bonnement incapable avec Gomi.
- Si tu ne refuses pas il continu de t'en donner, soit ferme et dit-lui non, lachais-je.
- J'aimerais bien, mais quand il me regard avec ses grands yeux triste je ne peux pas m'empêcher d'accepter.
Je soupirais, comprenant évidemment ce qu'il entendait par là.
Gomi était un elfes arrivé récemment dans les cuisines. Il était plus jeune que les autres, plus petit, et inexplicablement adorable. Ayant été serviteur d'une famille stricte tout au long de sa vie, il n'arrivait pas à voir les sorciers autrement que comme des maîtres pour lesquelles il devait se plier en quatre.
Chez moi il n'y avait jamais eu d'elfes, aucun serviteur pour répondre à la moindre de mes envies. À un âge très jeune, trop jeune, J'avais compris que je ne pouvais pas non plus compter sur mes parents pour s'occuper de moi. Je m'étais débrouillé seul, sûrement était-ce d'ailleurs pour ça que j'epluchais et coupais si vite les légumes, là où Hansol manquait de se couper les doigts toute les deux secondes.
Certainement n'avait-il jamais eu besoin de cuisiner pour lui-même.
- Il est déjà l'heure du déjeuner, les autres doivent nous attendre, clamais-je, le regard sur l'horloge.
Dans un soupir soulagé, qui dévoilait le peu de plaisir que Hansol prenait au travail, il lâcha le couteau et s'étira comme s'il venait d'effectuer une activité physique difficile. Son comportement m'amusa, et c'est main dans la main sur nous quittions les cuisines.
Évidement sur notre passage il fallut refuser les cadeaux des elfes, et surtout fausser compagnie à l'adorable petit Gomi qui tirait sur ma manche pour m'offrir un biscuit. Pour une fois je n'eu pas le courage de lui dire non, le sourire qui brilla sur son visage fripé valait bien une toute petite entorse à ma règle de refus constant. Hansol se moqua d'ailleurs de moi pour cette faiblesse, mais je lui fis vite remarquer qu'il avait les bras chargés de sucrerie.
- Je vais allez déposé tout ça dans ma chambre, annonça-t-il.
Le dortoir des Poufsouffle se trouvait juste à côté des cuisines, caché derrière des tonneaux sur lesquelles il fallait toquer pour accéder à l'ouverture. Il y avait un rythme particulier avec lequel frapper, si on échouait un flot de vinaigre se déversait sur l'intrus.
Je regarda Hansol effectuer le code d'entrée sans prêter attention à ses gestes, simplement porté par l'habitude. Un tonneaux roula pour laisser apparaître l'entrée et, alors que je comptais attendre mon petit-ami dans le couloir, celui-ci me traina derrière lui.
Un embarras vibrant gonfla ma poitrine à l'idée d'entrer dans la salle commune d'une autre maison, chose impensable pour la grande majorité des élèves. Mais me viens alors la pensée de Chan qui se trouvait plus souvent dans notre chambre que dans la sienne, ainsi que du fait qu'on enfreignait déjà les règles séparant les maisons chaque fois qu'on mangeait tous sur la même table du réfectoire.
Je chassa alors l'impression que je ne devrais pas me trouver là et posa un regard curieux autour de moi.
Le dortoir de Poufsouffle ressemblait à une tanière, les plafond y étaient bas mais la décoration si confortable qu'elle faisait naître l'envie de se poser à n'importe quel endroit pour y rester des heures. Une chaleur douce y régnait, et une vague odeur de nourriture venu des cuisines envahissait l'air.
Un endroit où on se sentait bien, assortit à l'aspect paisible, joyeux et agréable que dégageaient les élèves vêtu de jaune.
- J'aurais aimé être un Poufsouffle, murmurais-je, sans vraiment me rendre compte de ce que je disais.
Hansol tourna des yeux curieux dans ma direction.
- Vraiment ? Pourtant on est pas très populaire. La plupart des élèves des autres maisons pensent que les Poufsouffle sont juste simplet et stupide.
- Et la plupart des élèves pensent que Serpentard est rempli de sombres sorciers adepte de magie noire.
Un vague sourire tira ses lèvres et par réflexe j'observa son avant bras.
Nous évoquions peu le fait qu'il soit relié aux Mangemorts, cette information obscure se glissait parfois dans nos conversations mais jamais avec un ton sérieux.
Autant l'un que l'autre nous nous sentions effrayé et dépassé par tout ça, on préférait en parler sur le ton d'un rire caché dans notre déni.
Alors, toujours munit de son sourire devenu acide, Hansol lâcha:
- Tu veux un fait amusant qui ne l'est pas vraiment ? Aucun Mangemort présent dans l'école n'est un Serpentard.
Ce n'est pas une chose qui portait à rire, le fait même que des mages noirs soient présents dans l'école était grave et dangereux, mais je ne pu m'empêcher de ricaner.
- Certaines personnes tomberaient des nus en apprenant ça. Toi tu es chez Poufsouffle et Chan est à Gryffondor, s'en au presque drôle. Ces deux maisons sont censés être celles des "gentils".
- Au final il n'y a que Serpentard qui ne comporte aucun mage noir, affirma mon petit-ami, qui ouvrait la porte de sa chambre avec son coude.
- Ah, il y en a aussi chez Serdaigle ?
- Oui, mais Josh est...
La phrase se cassa dans un son étranglé alors que Hansol écarquillait les yeux, et la pile de sucrerie lui glissa de bras pour s'étaler sur le sol.
Je restais le fixer, tout aussi figé que lui ne l'était. Ses mots se répétaient en boucle dans mon crâne, essayant de faire sens alors que je ressentais l'effet d'un effondrement dans ma poitrine.
- Josh... Tu veux dire Joshua ? Bafouillais-je, peinant à croire ce ce que j'avais entendu.
Hansol laissa tomber les derniers bonbons qui avaient survécu dans ses mains pour se tourner totalement vers moi et me saisir par les épaules. Son visage était si proche que je lisais sans mal la panique vibrant sur chaque millimètres de sa peau.
J'attendais qu'il me contredire. Il fallait qu'il me contredise. Mais je savais, à l'instant même où son regard avait changé, que j'avais misé juste.
- N'en parle pas, garde le secret comme tu le fais pour Chan et moi, ordonna-t-il.
Ses doigts tremblaient sur mes épaules, ou alors c'était mes épaules qui tremblaient contre ses doigts.
Je ne saurais pas le dire, le visage de notre camarade Serdaigle envahissait mon esprit et mon cerveau cherchait à faire des liens qui auraient dû me sauter aux yeux.
- Joshua est aussi un Mangemort ? Demandais-je.
Hansol hocha la tête, les lèvres pincées et le regard luisant d'une peur trop intense à mon gout.
Il n'avait pas réagi comme ça quand j'avais deviné pour Chan, pourquoi était-il terrorisé à l'idée que je le sache pour Joshua ?
- Et il est... Comme Chan et toi ? Soufflais-je.
Est-ce qu'il a été forcé ? Est-ce qu'il est également contre la magie noire mais n'a d'autre choix que de suivre la voie de ses parents ? C'est les questions qui résonnaient derrière mes mots, et je souhaitais plus que tout voir Hansol hocher vivement la tête.
Mais il baissa juste le regard sur le sol, perdu parmi les bonbons et gâteaux qui y gisaient.
- Pour lui c'est plus compliqué.
- Comment ça ?
- C'est... Compliqué. Mais il ne faut pas que ça change l'opinion que tu as de lui. Joshua n'est pas quelqu'un de mauvais, bien au contraire. Il a toujours prit soin de Chan et moi. Il m'a... Toujours soutenu, alors que les autres me rejetaient car j'étais un loup-garou.
Ses mains se serraient contre mes épaules, presque à m'en faire mal. Mais je ne lui fit pas la remarque, il relevait la tête et ses yeux heurtaient les miens à une telle intensité que je ne pouvais rien sentir d'autre.
- Il est un précieux ami pour moi, si tu me fais confiance alors fais-lui confiance aussi, murmura-t-il.
- D'accord, je te fais confiance, répondis-je, tout aussi bas
Un sourire bancal tira les lèvres de Hansol, puis il eut un geste timide pour se caler dans mes bras. Je lui rendit son étreinte avec la douceur qu'il méritait.
Je n'arrivais pas à enlevé de mon crâne l'image de Joshua en tant que mage noir. En quoi sa situation était-elle plus compliqué ? Était-il en accord avec les valeurs du camp des ténèbres ? Soutenait-il Voldemort ?
Est-ce que c'est lui qui avait tué Jungkook ?
Cette dernière question hantait mon esprit plus que toute les autres, causant de léger tremblement dans mes doigts.
J'y pensa durant tout notre trajet du dortoir de Poufsouffle jusqu'au réfectoire, la main serré à celle de Hansol et le coeur battant si fort que je l'entendais presque résonner dans les couloirs. Mon regard allait par réflexe caresser les coins poussiéreux du plafond, cherchant la présence d'un fantôme que nous seul étions capable de voir. J'avais envie d'observer les traits brumeux de Jungkook, de détailler la traîné de sang qui décorait la moitié de son visage. Juste pour constater sa mort, et me convaincre que Joshua n'aurait jamais pu faire une chose pareille.
Mais, au fond, que savais-je de lui ?
L'esprit de notre camarade défunt n'apparut malheureusement pas à mon regard, sûrement devait-il déambuler entre les murs de l'immence édifice, ou discuter avec ses semblables. Depuis que nous l'avions trouvé nous l'avions peu croisé, il était souvent dans le bureau de Dumbledore, qui cherchait sûrement un moyen de lui rendre sa mémoire, ou se baladait dans les couloirs sans savoir où se rendre. Junhui disait l'apercevoir parfois devant la salle commune de Gryffondor, fixant l'entrée comme s'il savait que cet endroit lui était relié sans vraiment comprendre pourquoi.
Ses souvenirs avaient visiblement bien des difficultés à lui revenir, et même s'il me faisait de la peine je devais bien avouer en être satisfait.
Hansol m'avait confié que tant que ça restait ainsi il n'était pas en danger à Poudlard, mais si Jungkook venait à se rappeler de sa mort alors tout les Mangemorts de l'école devraient fuir avant d'être attrapé.
Hors de question qu'il s'en aille loin de moi, je ne sais pas si je serais capable de faire quoi que ce soit si je ne pouvais plus glisser ma main dans la sienne.
Je ne sais pas si je pourrais supporter d'être de nouveau malheureux.
- Vous en avez mit du temps ! On a tellement faim qu'on aurait pu tout manger sans vous attendre, clama Chan, en nous voyant approcher.
Comme à mon habitude je lui offrit un regard noir, auquel il répondit par ce sourire mesquin plein de provocation.
On prit place sur ce coin de table désormais toujours occupé par nos treize personnes, un rendez-vous quotidien qui devenait une si bonne habitude que la plupart des autres élèves arrêtaient de nous fixer comme des bêtes curieuses.
Je posais mon regard sur l'amas de nourriture qui me faisait face et accepta ce que mes camarades me tendaient. Mais plus mon assiette se remplissait et moins l'appétit me semblait présente. Mes yeux étaient comme attiré par la silhouette de Joshua, assit au milieu de la tablé à discuter tranquillement avec Seokmin.
Il agissait comme d'habitude, rien n'avait changé chez lui depuis la dernière fois où je l'avais aperçu. Et pourtant il me paraissait différent, tellement différent que je ne savais plus quelle image de lui se formait dans mon esprit.
J'alla observer Chan, dans son cas apprendre qu'il était relié aux mages noirs n'avait pas changé ma vision de lui, pourquoi en était-il autrement avec Joshua ?
Peut-être parce que le Serdaigle, avec les traits intimidant de son visage, son port de tête supérieur et sa réputation de garçon prétentieux, dégageait tout les aspects d'un parfait Mangemort.
- Avant que vous n'arrivez on parlait des vacances de Noël, vous faites quelques-chose de particulier ?
La question de Jeonghan me sortit de mes pensées, je détourna la tête de Joshua et essaya de manger.
Mais mon estomac semblait tordu au point de ne vouloir accepter aucune miette, et l'évocation des vacances de Noël me rendait d'autant plus nauséeux.
S'il y avait bien quelque-chose que je voudrais oublier à tout prix, c'est le fait que j'allais rentrer chez moi dans une semaine.
Et que je reverrais mon père.
- Mes parents vont en Amérique pendant les vacances, et cette année je les accompagne, expliqua Hansol.
Tout en mélangeant ma soupe sans la boire, je glissa ma main sous la table pour saisir la sienne. Il mentait, mais personne ne pouvait le savoir.
Il ne partais pas en Amérique, car le soir de Noël se déroulait une importante fête à laquelle sa famille était convié.
Une fête dont les convives n'étaient autre que des sorciers partisans de magie noire, avec comme invité d'honneur Voldemort en personne.
- Et toi Seungkwan ? Demanda Seungcheol.
- Je passe juste les vacances tranquilles chez moi, avec mon père.
Je répondis sans même lever la tête, espérant que personne ne pourrait lire dans mes yeux toute l'amertume qui accompagnait mes mots. "Tranquille" n'était pas le mot adapté pour décrire mes futurs vacances, dire que je plongeait directement en enfer serait plus approprié.
Mais heureusement l'attention se détourna rapidement vers Jihoon et Soonyoung qui expliquèrent qu'ils ne faisaient rien de spécial, que leurs parents se réunissaient simplement pour le réveillon, comme chaque année. Wonwoo quant à lui évoqua une importante soirée chez lui, avec de nombreux sorciers venu de la haute. Sa mère était connu pour accueillir des convives du Ministère les jours de fêtes, les soirée chez la famille Jeon étaient très réputé et il n'y avait pas plus grande honneur que de recevoir une invitation. Le décès récent du père de famille n'empêchait visiblement pas l'une de ces fameuses réceptions d'avoir lieu.
Ensuite la question fut posé à Chan, et à notre grande surprise il répondit:
- Je reste à Poudlard.
Toute l'attention de notre tablé lui tomba dessus, tous conscient qu'il n'y avait que les élèves dont les familles vivaient à l'étranger, ou n'ayant personne pour les accueillir pendant les vacances, qui restaient à l'école durant la période de Noël.
- Comment ça ? Demanda Joshua.
Il avait posé ses baguettes brusquement sur la table et posé sur le cinquième année un regard plus abasourdi encore que nous tous. Mais il se reprit bien vite, devinant sûrement que son comportement poserait questions, et enchaîna avec un ton plus détaché :
- Je veux dire... Tu ne vas pas voir ta mère ?
Chan soupira, un rictus irrité au coin des lèvres. Il gardait les yeux sur son plat qu'il dévorait sans paraître dérangé par les douze regards qui lui brûlaient dessus.
- Ma mère à ses propres projets, ne vous inquietez vraiment pas pour elle, répondit-il.
J'échangeais un regard avec Hansol et devina sans mal ce que Chan entendait par "ses propres projets". Sa mère allait assister à la fameuse réunion de Mangemort, et lui avait décidé de ne pas si rendre.
Pouvait-on échapper à une réunion avec le seigneur des Ténèbres en personne sans devoir affronter de graves conséquences ? Vu les yeux que Joshua avait posé sur le cinquième année, j'en doutais.
Et même si je n'appréciais pas vraiment Chan, je devais bien avouer que cette histoire commençait à m'inquiéter.
- Viens passer les vacances chez moi au lieu de rester seul ici, lâcha Seungcheol.
Surpris par sa proposition, c'est vers lui que toute les têtes se tournèrent, même celle de Chan resté obstinément baissé depuis qu'il avait évoqué qu'il restait à Poudlard.
- Jeonghan s'incruste à mon repas avec ma mère, puis ses parents et mon père dinent ensemble le soir du réveillon. Personne ne verra d'inconvénients à ce que tu sois là, enchaîna le Serpentard.
Chan resta hésitant, avant de supposer que Monsieur et Madame Choi ne seraient sûrement pas très enjoué à l'idée de le revoir.
- Quand tu étais inconscient et que tes parents sont venu, Chan leur a demandé de quitter l'infirmerie parce-qu'ils se disputaient, expliqua Junhui.
Un sourcil de Seungcheol se leva, dans pour autant qu'il ne paraisse vraiment choqué, puis il haussa les épaules en affirmant:
- Ils ont sûrement déjà oublié.
- Je suis pas certain, rétorqua Chan.
- Ne fait pas ton difficile, tu vas voir ça sera sympa, intervient Jeonghan. Mes parents adorent rencontrer de nouvelles personnes, et puis tu as le même âge que le frère de Seungcheol, vous pourrez peut-être vous entendre.
- J'y réfléchirais.
- Je vais envoyé une lettre à mes parents pour leur dire que tu viens, ils seront ravis. Et il faut dire au père de Seungcheol de te préparer un chambre, j'ai déjà hâte !
- J'ai pas encore dit oui.
Jeonghan n'écoutait déjà plus ce que Chan disait, tout enjoué à l'idée de leurs vacances et déjà motivé à établir un programme. Mingyu se mêla à la conversation en expliquant que ses parents invitaient ceux de Junhui, Minghao et Seokmin le jour de Noël, et qu'ils ne seraient pas contre des invités supplémentaires. Ceux qui le pouvaient parlaient alors joyeusement de se retrouver chez les Kim.
J'observa leurs sourires et ma nourriture me sembla devenir tellement amer qu'elle brûlait ma gorge. J'avalais difficilement une bouchée puis reposais mes baguettes.
Me vient à l'esprit l'exemple type de Noël que j'allais passer, sombre et malheureux, loin de la chaleur qui attendait mes camarades aux côtés de leurs familles.
Je pourrais tout donner pour être à leur place, pour vivre des fêtes pleine de joie et de lumière. Dans les bras aimant d'une mère, sous le sourire tendre d'un père.
Une part de moi avait envie de les supplier pour que n'importe qui m'invite, même le temps d'une simple soirée, à goûter à ce bonheur qui les attendait. Je serais même prêt à passer Noël avec Chan s'il le fallait, ça ne serait jamais pire que ce qui m'attendait.
Mais la fierté bloquais ma voix et mes gestes, jamais je ne serais capable de faire ce genre de demande.
Car il faudrait alors laisser entrevoir ma situation, et à mes yeux il n'y avait rien de plus humiliant.
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