11
~Seunghwan~
Plusieurs murmures tapissèrent l'espace autour de nous, sifflant sur notre passage telle un vicieux souffle amer et détestable. Parfois un timbre de voix s'élevait plus haut que les autres, chargé d'une insulte quelconque, mais nous faisions mine de les ignorer.
Chacune de ces paroles me frappaient plus violemment que je ne le laissais paraître, tout les chuchotements m'agressaient les tympans, se glissaient dans mon sang et se frayaient un chemin jusque ma poitrine. Puis ils étouffaient mon cœur et mes poumons, le poid d'une douloureuse haine que je ne cherchais pas à provoquer.
J'aimerais avoir la force de Soonyoung, lui qui avançait la tête haute, lui qui confrontait les regards gras de haine, lui qui paraissait forgé d'une caparace contre ce flot épineux. Il ne laissait rien paraître d'une quelconque part de faiblesse et ne se sombrait pas de tristesse à l'idée que tout le monde le détestait.
Moi je n'étais pas comme ça, chaque regard, chaque murmure, chaque insulte... Tout se gravait dans mon esprit, marqué au fer rouge dans mes pensées, dégradant l'image que je me faisais de moi-même.
J'efforçais régulièrement un sourire à se dessiner sur mes lèvres, mais il masquait bien mal les rides malheureuses de mon visage. Est-ce que les autres pouvaient voir à quel point leurs mots me faisaient mal ? Je n'en sais rien, souvent j'ai l'impression qu'ils sont capable de tout apercevoir de moi, jusqu'à mes plus profondes pensées.
Je me sens nu sous cette tempête de pupilles braquées sur nous, et la présence de Soonyoung ne suffit pas toujours à me conforter.
- Tu as révisé pour l'exam de demain ? Me demande mon ami.
Mes yeux, jusqu'ici perdu sur le sol sombre des couloirs, remontent jusqu'à son visage et j'y trouve un petit sourire. Ses traits paraissent détendu, mais je les devine cachant une ferme crispation.
Lui aussi ne supporte plus les chuchotement et insulte qui fusent sur notre passage, mais il tente de les oublier en discutant.
- Ouais, je pense pouvoir m'en sortir sans catastrophe. Et toi ?
- J'avais oublié, c'est quand la prof en a parlé tout à l'heure que je m'en suis souvenu. Je vais devoir réviser toute la soirée, et peut-être sécher l'entraînement de demain, je suis foutu si je me récolte une énième mauvaise note.
- Seungcheol te tuera si tu manque l'entraînement de Quidditch.
- Je trouverais bien une excuse, des entraînements il en fait tout les jours.
- Ça marchera pas, même si tu étais malade au point de ne pas pouvoir marcher il viendrait te traîner jusqu'au terrain. Passe la nuit à réviser, ça vaut mieux.
Soonyoung poussa un soupir en fourrant les mains dans les poches de son uniforme. Je lachais un rire pour la forme, bien que l'amusement ne soit qu'un point minime sur toute les émotions qui me traversaient.
Heureusement nous n'étions plus très loin des quartiers assigné à Serpentard, bientôt à l'abri de tout les regards qui nous brûlaient dessus.
- Meurtrier ! Vous devriez avoir honte !
Une voix s'éleva plus forte que les autres parmit les différents groupes d'élèves que nous croisions, et Soonyoung stoppa subitement son pas. Dans un réflexe apeuré je lui saisi le bras, craignant ce qu'il pourrait faire à cet imbécile qui venait de nous traiter d'assassin.
Mon ami ne se battait jamais, malgré toute les horribles choses qu'on pouvait lui reprocher, personne ne pourrait jamais affirmer l'avoir vu levé la main sur quiconque. Soonyoung s'enervait rapidement, certes, mais il ne frappait jamais, il se contentait de crier, de hurler, d'attaquer par des mots, mais jamais par les poings.
Mais aujourd'hui je le sentais de très mauvaise humeur, trop pour que cette violente remarque ne l'affecte pas. Mes doigts se crispèrent sur sa peau, je voulais qu'il reste immobile, ou qu'on reprenne notre marche, n'importe quoi plutôt que de le voir répondre à un idiot.
- Qui a dit ça ? Cingla-t-il brusquement.
Son regard furieux se deversait tout autour de nous, fussillait chaque sorciers qui passait dans son rayon de vision. La mâchoire crispé, il avisait les visages qui se baissaient, les yeux qui papillonnaient, les expressions déterminés par la haine et les traits narquois. Personne ne lui répondit, le coupable n'osait pas se révéler.
- Allons-y Soonyoung, ça sert à rien, je murmurais en lui tirant sur le bras.
À mon plus grand malheur il restait parfaitement immobile, les yeux garnit d'une vibration de colère pure. Je le sentis trembler sous mes doigts, et les frissons de peur m'accablèrent également.
On ne devait surtout pas rester là, on devait partir, fuir cette foule au sein de laquelle on ne trouverait aucun allié.
- On y va, allez.
Rassemblant mon courage, je m'efforçais d'avancer en le traînant derrière moi. Heureusement il se laissa faire sans retenu, et je laissais un soupir soulagé siffler depuis mes lèvres.
- C'est ça barrez-vous.
- Sale Mangemort !
- Si vous pouviez vous jeter du haut de l'école tant que vous y êtes, ça nous arrangerait.
Les tremblements de Soonyoung s'intensifièrent et j'employais plus de force à le tirer, craignant qu'il ne fasse demi-tour pour confronter ceux qui faisaient pleuvoir ces paroles. Il resta à me suivre docilement, faisant tomber un souffle rassurant dans ma poitrine.
J'avais envie de pleurer, mais je me retenais.
Personne ne devait me voir pleurer, personne ne devait me voir faible.
Je voulais être fort, comme Soonyoung.
Une démarche rapide et saccadé nous mena jusqu'au quartier des Serpentard, que nous pénétrons sans attendre. Plusieurs de nos camarades levèrent la tête vers nous, certain nous saluant poliment, mais ni Soonyoung ni moi ne leur accordions un regard. Au cours de notre avancé il avait fourré sa main dans la mienne, c'est ainsi accroché et nous tirant mutuellement qu'on rejoignit notre chambre sans une parole pour quiconque.
Ce n'est qu'une fois à l'intérieur qu'on s'autorisa une respiration jusqu'ici recluse, puisqu'enfin l'environnement autour de nous semblait apporter le confort de la sécurité.
Je passais une main que mon visage, les doigts de Soonyoung se derobèrent aux miens et je le vis courir s'enfermer dans la salle de bain. La porte claqua violemment derrière lui, si bien que les meubles en tremblèrent.
- Et bien, j'en connais un qui est de bonne humeur.
Je levais les yeux, jusqu'ici masqué par ma main devenu moite, et croisa le regard amusé de Jeonghan. Ce dernier se tenait affalé sur le ventre de Seungcheol, la tête et les jambes balançant dans le vide des deux parts du lit. Notre capitaine de Quidditch s'allongeait de tout son long sur son matelas, le nez plongé dans un cahier de cours et visiblement peu dérangé par le poid de son meilleur ami sur son ventre. Cette position qu'ils abordaient, à l'image d'une croix parfaite, avait tout d'étrange et d'ambigue. Mais je ne m'en étonna pas, Jeonghan s'amusait souvent à écraser Seungcheol quand l'envie d'une sieste lui prenait. Il affirmait que son ami était bien plus confortable que les rugueux matelas de Poudlard.
Personnellement je les soupçonnais de sortir ensemble en cachette, et de présenter des excuses bidons afin de garder cette relation secrète, mais je n'en étais pas certain.
- Qui a eu l'absurde idée de mettre notre Soonyoung en rogne ? Un Gryffondor inconscient ? Un Serdaigle arrogant ? Un Poufsoufle stupide ? Jihoon ?
- Tout ça à la fois, je crois.
Le sac qui me sciait le dos s'écrasa bien vite sur mon lit, et je m'y laissais tomber ensuite. Étalé en étoile de mer, mon regard se perdit sur le dessous du matelas de Soonyoung, dont le lit surplombait le mien. Les chambres dans cette école n'était pas bien grande, suffisante pour se munir de deux pans de lits superposé, d'une grande armoire à nous partager et d'une grande table au centre servant de bureau. À quatre par chambre nous pouvions être un peu serré, heureusement que, mise à part pour dormir, nous passions peu de temps ici.
- Comment ça ?
Jeonghan se redressa brusquement, le regard luisant de curiosité. Dans son geste sûrement n'avait-il pas prêté attention à l'endroit où il déposait ses coudes, puisqu'il appuya malencontreusement sur Seungcheol à qui il arracha un grognement douloureux.
Néanmoins la souffrance qu'il avait infligé à son meilleur ami ne semblait pas le peiner, il ne lui accorda pas un regard et gardait son attention porté sur ma personne.
Habituellement je discutais peu avec ces deux-là, bien que nous résidions dans la même chambre. Le comportement et les intentions de Jeonghan étaient toujours difficile à saisir, ainsi sa présence me rendait mal à l'aise. Je ne comprenais pas comment Seungcheol faisait pour le supporter à longueur de journée, lui qui pourtant semblait avoir une patience si fébrile.
- Tout les monde est sur les nerfs depuis la mort de Jeon Jungkook, alors ils agissent stupidement et nous traître de meurtrier ou de mangemort à tout va. Ça leur passera bien à un moment.
- Ne parle pas de ça comme si c'était pas important, Soonyoung et toi vous êtes pas les seuls à prendre cher à cause de cette histoire. Toute les autres maisons pensent que Serpentard est rempli de monstres.
Seungcheol se détachait enfin de son cahier et posa un regard brûlant sur ma personne. Au son de sa voix je devinais tout le mépris qu'il projetait sur cette situation qui nous étouffait tous.
Les élèves des autres maisons pouvaient bien se réfugier dans la peur, la haine ou même les insultes à tout va. Il ne se rendait pas compte que, depuis que cet enfer avait commencé, c'est bien nous, les Serpentard, qui en bavait le plus.
Depuis la nuit des temps notre maison sillonait sur le rang de la plus détesté à Poudlard. La faute aux conflits permanent avec les Gryffondor, ou encore à quelques ancêtres bien connu qui l'avaient desservi. Mais depuis le retour de Voldemort, annoncé par la bouche du brave Harry Potter, les regards se tournaient tous sans exception vers le vert émeraude que nous abordions. Tout le monde se méfiait des Serpentard, qu'on pensait allié au seigneur des ténèbres, et les tensions demeuraient plus intense qu'auparavant. Le monde de la magie retenait son souffle, à l'orée d'une guerre à laquelle on se préparait tous, et on nous pensait les premiers traitres à la magie blanche.
Mais depuis le décès d'un jeune Gryffondor, il y a une semaine de cela, l'air était devenu irrespirable. Tout le monde pensait le meurtrier parmi les serpent, tout le monde pensait que nous complotions contre Poudlard, tout le monde nous croyait assoiffé de magie noire.
Et surtout, tout le monde pointait du doigt Soonyoung, persuadé qu'il était l'assassin.
Ainsi leurs regards me decortiquaient également, moi son plus proche ami.
Son seul ami.
- Ça m'énerve, simplement parce que nous sommes des Serpentard nous voilà renié par nos camarades. Je suis persuadé que s'il y a bien un meurtrier dans cette école il n'est même pas chez nous, affirma Seungcheol.
- Toi en tout cas tu peux pas être un mangeMort, tu passes tellement de temps sur ton terrain de Quidditch que t'aurais pas une minute pour concevoir des plans diabolique. C'est à peine si tu as le temps de réviser.
Jeonghan pencha la tête vers son ami en parlant, le visage barré d'une expression faussement innocente au centre de laquelle brillaient des yeux moqueurs.
- Ouais et bah paraît-il que ce n'est pas une excuse suffisante. Quand j'ai dis que Seunghwan s'entraînait avec moi le jour où Jungkook est mort personne n'a voulu me croire, on pense que je suis complice d'un meurtre alors que j'étais parfaitement sincère. J'ai jamais fait de mal à personne et on me pointe du doigt, c'est n'importe quoi.
Un sourire un peu nerveux prit place sur mon visage, désolé que Seungcheol soit ainsi accusé alors qu'il avait cherché à me défendre. Il était le parfait exemple de l'injustice, on le méprisait alors qu'il sillonait aux antipodes du mal.
Je n'étais pas vraiment ami avec lui, nous ne nous fréquentions que durant les entraînements de Quidditch ou une fois le soir dans notre chambre, mais j'avais toujours su voir sur lui l'allure d'un brave garçon.
Si moi, Soonyoung et Jeonghan pouvions prétendre à de nombreux défauts accordé à notre maison, Seungcheol, lui, avait écopé de toute les plus puissantes qualités. Animé d'une grande ambition, d'une détermination sans faille, d'un sens aigu de la fierté et l'attitude assidu d'un meneur rusé, son profil ne semblait pas tâché par la moindre faille. Et de ses qualités, il ne les employait jamais à mal, simplement pour étoffé sa soif de grandeur par un lourd travail auquel il s'attelait. Jamais il n'écraserait les autres pour paraître meilleur, lui ne comptait que sur sa force et son acharnement pour se pousser au plus haut.
- On s'en fiche de ce que les idiots peuvent bien penser, s'ils nous prennent pour des méchants et bien tant pis pour eux, ils ne savent pas ce qu'ils ratent, souffla Jeonghan en battant des pieds dans le vide, comme un tout jeune enfant.
Il passa une main délicate dans les cheveux noirs de son meilleur ami, sûrement dans l'optique d'apaiser l'air ronchon que celui-ci abordait. Puis son regard glissa de nouveau vers moi.
- Toi aussi Seungkwan ignore-les, c'est pas bon de se ronger le sang à cause d'imbéciles. Je suis sur que tu vaux mieux que ça.
Ces paroles sonnaient comme le conseil d'un ami, mais venant de Jeonghan cela paraissait étrange. Je cherchais vainement les traces de moqueries bavant sur ses mots, mais n'y trouva rien sinon une marque de sincérité.
Alors que le silence commençait tout juste à s'étendre dans la pièce, Soonyoung s'extirpa calmement de la salle de bain, les cheveux dégoulinant et vêtu de son pyjama. Il ne clama pas un mot et monta se fourrer sous sa couverture.
Je m'empressais de prendre sa place dans la salle d'eau, envieux d'une bonne douche chaude. Un soupir fébrile se hérissa sur mes lèvres alors que je fermais la porte derrière moi, et fixais mon reflet dans le miroir embué.
"Je suis sur que tu vaux mieux que ça"
Un sourire amer se dessina sur mes traits, et je passais un coup de manche sur la vitre afin d'y voir plus clairement. Mon visage trop bouffi et crispé de stress me donnait la nausée, pourtant mes yeux ne s'en detournèrent pas.
Je commençais à retirer un à un mes vêtements, sans quitter du regard cet autre Seonghwan dans le miroir.
"Toute les autres maisons pensent que Serpentard est rempli de monstre"
À mesure que ma peau se denudait, la peinture répugnante d'un corps tâché se présentait à mes yeux.
Bleuté, rougi, marronné, une jolie palette de couleur qui marquait ma peau.
Je me figeais devant cette pathétique image, ce corps si abîmé qu'il en était dégoûtant.
"Quand je te vois, je me dis que j'aurais préféré ne jamais avoir d'enfant"
Différents souvenirs affublaient dans ma tête, je demeurais immobile, fixais chaque bleu, marque, cicatrice qui se traçait sur ma peau.
Les avais-je mérité ? Je ne saurais pas le dire. Peut-être que oui, peut-être que non, pourtant je ne cherchais jamais à me faire frapper.
Je n'avais rien fait de mal, du moins pas que je me souvienne.
Mais puisqu'on me haïssait, qu'importe l'endroit où je me rendais, c'est que dans un sens je meritais ces marques, non ?
- Je ressemble à un monstre, murmurais-je, les larmes aux yeux.
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