Parce que Tristan et Iseult ils en ont des histoires a raconter, plus que quiconque même.
Dans leurs voix chantantes et rauques il y a des paysages lointains, des mots oubliés, des civilisations englouties la sagesse de la perte et les restes de nébules coincés dans les cils
Et puis aussi raconter la ville et les trottoirs gris sûrement dix fois baignés de pisse, et les tours qui vous écrasent du haut de leur grandeur froide et aveugle, mais aussi qui vous invitent à aller plus haut, à voir les reflets du soleil sur leurs vitres sans teint, à voir des dragons dans les formes des nuages
Et puis aussi l'identité ce qui est je qui parfois bouleverse une vie et détruit des années de certitude le jour ou on pose le mot sur qui l'on est, d'ou l'on vient, ou veut on aller, à l'ombre des chemins, qu'on passe des baskets aux talons, de il a elle, de l'autre a moi, des privilèges aux menaces car une existence ne se mène pas sans combats non évitables et pourtant non nécessaires à pouvoir dire "je" comme tout les autres et retrouver son humanité a nouveau (car le soir, où dorment les bêtes de foire ?)

Tristan et Iseult c'est tout ça a la fois et sûrement tellement de choses encore qui passent de leur estomac à leur cœur, du coeur au cerveau, du cerveau aux mots qui s'échappent de leurs bouches lors de ses moments volés ou ils se tiennent banalement la main cachés dans les toilettes ou à l'ombre des platanes
Il y a une vie dans les mots des marginaux

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Oui Tristan et Iseult ils se racontent tout ça au creux de leurs bouches cimetières de souvenirs, et ils s'aiment pour ça. Ils s'appartiennent l'un à l'autre sans entraves, sans barrières sans rien qui les empêche d'aimer aussi fort que les autres dans cette société qui les oppressent et leurs dit de rentrer dans la conformité et de renier une existence si souvent ressentie subie avant d'être deux pour affronter les foudres de l'ineluctable