Acte final d'une source de tourments
Des chaînes à ses chevilles lassées. Des liens autour de ses poignets serrés. Il est un ange et le voici ici-bas, déchus de ses droits divins qui l'ont conduit à trépas.
Ses cervicales enserrées de ces anneaux de métal qui étranglent ses sens ne le laissent plus exprimer ce que sa gorge nouée se tuait à vociférer tel un mantra.
Il veut vomir, que son essence première sorte de ce corps qui l'a tant trahi depuis sa précédente dégénérescence.
Il veut que sorte de cet être immonde cette bête infâme appelée « soi » ; ce même soi qui se tarit d'éloger ce dieu qui l'a trahit pour un regard.
Une, deux, cinq, vingt. Il ne compte plus les plumes disparates qui jonchent le sol de sa chambre difforme. Ses ailes, elles se sont brûlées à trop vouloir aimer ce dieu ingrat.
Mais peut-être que le ciel, jaloux de ses sentiments probablement trop impies, a décidé de le punir d'un courroux qui lui échappe.
Le reverra-t-il un jour ? Ce dieu qui l'a, un jour d'orage, fait renaître, vulgaire ange des ténèbres. Ô dieu, comme il l'aimait, comme il adulait sa souveraineté inégalée.
Mais, un amour aussi fort que le leur était voué à l'échec. Il le sait à présent, seul dans cette vie ou il l'a jeté. Il vit à présent esseulé de son amour.
L'a-t-il seulement aimé un jour ou n'était-ce que l'écho de sa propre inclinaison qu'il projetais sur lui pour se dévêtir de sa solitude ?
L'a-t-il seulement regardé, s'est-il écœuré à sa simple et misérable vue, aurait-il préféré la concupiscence d'un ancien aliéné ?
Mais il n'est qu'un simple squelette désillusionné de ses crimes passés, un monstre sans âme qui s'est épris d'un monde qui ne devrait être le sien il y a de là des décennies ; et pourtant.
Et pourtant, il se complaisait à fermer à nouveau son unique orbite pour l'imaginer là devant lui, admirant sa déchéance et la chute de l'histoire qui aurait pu être la sienne, l'histoire qui aurait pu être la leur.
Saura-t-il un jour quelle aura été sa douleur d'avoir un jour croisé ton regard bleu à travers une neige que son démon avait teinté d'une folie grenat.
Ô combien il aura pu haïr la main tendue de son dieu, de ce dieu que les païens avait déchus de ses droits qu'il récupéra de sa seule volonté.
L'ange qu'il eut été un jour aurait voulu être trompé de la malice dont été jonché cette unique orbite, il aurait voulu crier jusqu'à son dernier silence, s'élancer dans la valse que proposait l'être divin.
Mais la main qu'il avait été truquée par la partie adverse, son jeu faussé autant que la vie avec laquelle il souhaitait s'envoler, ses cartes désormais éparses au sol comme la vie qui lui avait été volée.
Visiter l'immensité de son monde, hurler aux poumons qu'il n'avait guère de cracher ce qui asphyxie son cœur imaginaire, chercher à mettre des mots sur le mirage qu'était leur complaisant échappatoire.
Croire en lui, croire en ce dieu, croire en ce qui aurait pu être un « nous », ses ailes l'auraient voulu tant est que ses plumes s'y brûlaient à trop espérer de cette vie terne.
Il aurait tant de mal à lui en vouloir, lui-même pour seul coupable ; ces chaînes à son cou témoigneront de cette volonté d'ors et déjà dépassée, trépassées de cette raison affriolante.
Sa voix cassée ne pouvait plus exhaler de son haleine fétide sa tristesse incommensurablement démesurée pour son petit être cassé, fracassé de ces années passées.
Il quémandait tant de simplement revoir son dieu, effleurer du bout des doigts la surface ondulée d'un liquide noirâtre de sa joue. Mais rien de cela ne lui sera à nouveau permis, déchu dans cette petite chambre qui enserre sa prison imaginaire.
Il avait froid car son âme s'était glacée de son départ, fracassé par cette fracture de cette entité nouvelle qu'il pensait avoir construit avec lui au fil de sa captivité.
Il aimerait, ô comme il aimerait si la fin lui avait laissé permissif, revoir son beau visage, ravagé par les tortueux tourments de l'amour qu'il sait maintenant n'avoir que rêver.
C'est désormais en silence qu'il avançait à travers les nuages de cendres de ses désirs fugaces. C'est désormais assailli de cette sourde douleur fictive qu'il se méprend de cette vie déchirée.
Encore une heure, encore un jour à supporter ce que la fatalité a fait de lui, se tarir de ce que le destin avait tracé à son arrivée à ses côtés taillés en dents de scie.
Le regard froid de sa conscience aveuglée de la lumière de son dieu se tue un peu plus chaque moment de sa concurrence à cette danse mortelle qu'était ses sentiments.
Devenues braises puis désormais vestiges d'un temps passé d'ors et déjà bientôt oublié, les flammes qui le consumaient dès leur rencontre ont fondues comme neige au soleil.
Récupéra-t-il un jour sa paire d'ailes pour s'enfuir loin de ce que les grands théoriciens, dont l'intellect dépasse de loin le domaine de ses compétences, appellent « réalité » ?
Cet équilibre si précaire instauré en ces lieux, en cette sphère par l'amour d'un squelette sans âme à un autre n'est désormais plus qu'une légende racontée aux enfants, un mythe affriolé de mille variantes, un conte destiné à affoler les cœurs trop valeureux.
Petit dessin oublié dans un coin d'une pièce ravagée des disputes mutiques d'un être des ténèbres aux reflets d'un temps passé et d'un cadavre surmontant et surplombant de sa superbe la pile de ses compères.
Dans le noir, seul le rouge d'une esquisse déteint de par son absence à l'appel de la négativité. Des amours contrariés naquit la douloureuse folie, subtile et amère en l'âme des perdus.
Un carnet oublié dans les tâches ocres d'un combat aux assises, une simple faute de frappe dans le dossier de l'instruction des accusés.
Des passions qui pâlissent, de la haine un brouillon raté, les promesses effacées en serments délavés, la douleur en leurs âmes qui déteints de leurs actes.
Un ciel sans lueur de lendemain, un dernier éclat fut éteint à la flamme de la négativité environnante pour une aide qui se retrouva fortuite.
Du courage et une détresse pratiquement risible il lui avait fallu pour quitter l'EdenVerse, cherchant en vain la fuyarde qui était partie avec son cœur en paquetage.
De l'audace il lui en avait fallu pour franchir ce portail en abandonnant la statue de pierre qui fut autrefois amant et père bien que ces titres lui furent arrachés pour des gestes et paroles hors d'œuvre.
Portrait en clair obscure qui dessine tel une injure la décadence d'une squelette à la chevelure pomme ; des matins qui dérivent aux nuits sans perspective. Un simple tableau d'un passé qui la ronge au delà des mots mortifiés.
Épinglée sur une croix ou sur des draps en pavane, d'un corps décharné qui remplaça un mort, d'une vie nouvelle au lendemain d'un passif oublié.
Au musée des regrets qui la hante et la plonge dans le noir qui ne voit que du rouge tant sa douleur est vive quand les ombres la suivent.
Le tentaculaire effacera l'outrage par la couleur de sa rage, gardera dans ses serres cette fille qu'il appelle sienne.
Proie du rouge et du noir, il aura suffi qu'elle joue la prudence plutôt que la carte de l'insouciance en présence du dieu de ce conte horrifique. Ne jamais vouloir se trahir, trahir cette âme qu'était la sienne avec la chute du dieu.
Ne pas prendre la place qui lui était destinée dès son émergence. Fallût-il se défaire de cette vérité que reliait les âmes damnées dont la raison avait déserté l'esprit ?
Dors, Sheam dormait. Oublie, elle oubliait comme il le lui était impossible, que ce conte ne fut réel que pour les pions de son échiquier dont elle faisait à nouveau parti bien malgré elle.
Elle rêvait en silence de retrouver cette jumelle à son âme disparate, cette douceur aux os fissurés tant et si bien que de la poussière venait de déposer comme un baiser quand la plus petite effleurait du bout de ses doigts la joue de celle qu'elle avait aimé au-delà du possible.
Sheam essaya difficilement de se relever dans son grand lit froid de la présence de son maître parti il y a des heures de cela pour une traque qui aurait presque amusée la petite tueuse.
Qu'il lui était dur de ne serait-ce que s'assoir tant son coccyx avait de cicatrices recouvertes point la corruption qui couvrait désormais l'entièreté de son petit corps frêle.
Elle avait toujours du mal à coopérer avec cette révision de son ancienne réalité qui l'ai laissé ici bas esseulée, sans celle que son âme réclamait de toute sa noirceur nouvelle.
Elle se jouait de ses tentacules aux reflets de sang dont la noirceur avait asphyxiée celle dont elle avait la garde. La tuer n'avait été qu'une simple disgrâce à la vie qu'elle allait donner.
Bien sûr elle le savait, cet enfant mourra à peine sera-t-il sorti de son être immonde qu'était son ventre de magie. Jamais Naizer ne laissera un insecte se dresser entre lui et celle qui était l'incarnation de son plus vieux amant.
Naizer était conscient qu'il blessera sa fille et conjointe mais il ne pouvait s'empêcher d'anéantir autant mentalement que physiquement tous ceux qui se mettaient en travers de ses plans.
Évidemment, Inao était toujours présent en ces lieux, toujours aussi flou, comme une réminiscence de ce passé qu'enterrait l'interférence de ce rêve d'adieux.
Une simple menace tacite en mémoire de l'enfant aux os fissurés qui ne venait plus au monde depuis que la dualité avait volé sa place auprès de son défunt dieu.
Eskyss ne devait plus venir au monde. La jeune corrompue savait que n'y survivrait pas. La solution lui avait paru d'une simplicité enfantine, comme il sera évident d'entendre un chat miauler et un chien aboyer.
Serrer les dents aux assauts brutaux qui faisaient claquer ses os comme le bruissement d'un papier de verre contre la peau d'un nouveau-né humain.
Muette saltimbanque à la gorge écrasée par le poids de ses mains qui caressaient son petit corps vierge de séquelles en arrivant dans ce qui fut le château de ce dieu à l'ancienne pupille azuréenne.
Elle du sentir pour la première fois un fluide autre que le liquide qui la couvrait désormais emplir son essence pour investir son corps, se logeant entre ses organes magiques pour procréer celui qui ne vivra point.
Elle aurait voulu hurler, jeter des horreurs à la face de ce monde que sa naissance avait fui, rentrer dans son jardin même s'il lui avait fallu y ramper afin d'aller se loger contre la stèle empierrée.
Elle se serait enfin vidée de ses larmes, bien trop taries par les épreuves du conte sans happy ending pour ces pions aux allures de héros désuets.
Ainsi s'achevait le conte horrifique qui n'en était un que pour effrayer les petits enfants. Ainsi s'achevait de paragraphes les mémoires de quelques perdus au détour d'une sphère qui avait pourtant si bien commencer au commencement.
Un début de conte de fée que Eskyss aimait détailler dans ses nombreux récits pour endormir les sens de sa chère fille chérie.
« Il était une fois, dans une très lointaine partie du Multivers, une toute petite sphère à peine naissante de sa turgescente beauté primaire. Il s'agissait, comme tout commencement, d'un point de départ tout similaire à ce qu'on appelle « Original ».
L'unité même de cette habitat de mille variances variées résidait en le respect de ce point de non éloignement de l'axe originel. Tout un chacun, en une même âme, se dirigeait vers ce principe tacite appelé « Vie », souhaitant un glorieux retour à son prédécesseur mais néanmoins compagnon de travail appelé « Mort ».
Vie ordonna à la terre sa fertilité pour permettre la pérennisation de ses premiers enfants-nés. Les premiers peuplant cette terre nouvelle furent appelés les « Perdus », référencement simplifié à leur nature erratique et difforme. Ces êtres aux allures chimériques ne survivant que par écrasement de l'essence vitale d'autres Perdus.
Vie, dont l'amour pour ses enfants fut gâté et entaché de voir ainsi sa progéniture se chercher continuellement querelle, n'eut d'autre choix que cacher au monde ces raclures d'encre, ces déchets dévastateurs qui furent enfermés à même l'essence de la vie.
Une seconde génération d'êtres clamant à la vie s'élevèrent alors et émergea les « êtres vivants » que la sphère déclama comme étant la nouvelle espèce prédominante sur la terre. Ces êtres, jetés çà et là, n'étaient que pâles copies des Perdus dont l'instinct primaire fut diminué pour assurer la survie de ces nouveaux enfants.
La nouvelle génération d'enfant avait une modélisation plus aboutie, des traits affinés par la main de Vie, une conscience de Mort plus terne et pourtant plus aboutie afin de ne pas commettre par deux fois les mêmes erreurs que lors de la dissimulation de l'inconnue devenue variant si effroyable aux nouveau-nés devenus seconds.
Foulant de toute leur superbe la vie primaire qu'était la verte prairie vierge de toute abîme du temps et de la main des Perdus, les Êtres vivants délaissèrent cet idéalisation de l'absinthe des dieux pour une terre plus apte à devenir une prolongation de leur propre besoin tous aussi primaires les uns que les autres.
Déjà, la verdoyante herbe devint grisonnant champ à la bataille des terres promises. La poussière soulevait chaque pas dont les plus puissants jouissaient, écrasant dans un dernier sourire les yeux fermés des Êtres vivants, plus enclin à la liberté d'un collectif qui leur échappait.
Pourtant, déjà las de ces incolores bataillons sans bannières, certains Êtres, dits vivants par la seule volonté de leur mère la plus ancienne, tendaient à se faire siens leurs ascendants qui leur étaient pourtant inconnus mais dont la perdition ne pouvait tenir en un récit que chanté par les claires forêts dont le bavardage jouissait d'une impunité maladive.
Il est raconté que, par pitié pour ses pairs, Vie et Morts, d'un commun accord, décidèrent d'allier implicitement l'âme de certains puissants Êtres afin de calmer des ardeurs très téméraires à la terre de Galilée, dilapidée par trop de torpeurs tourmentées.
De cet étrange procédé maniéré sans l'accord prévalu des dits-concernés, naquit les liens d'âmes et la notion désormais fortuite d'âmes sœurs, liant et ligand des êtres par l'essence vitale qui maintient le pont ouvert entre Vie et Mort. Main dans la main, Vie concéda aux droits de sa consœur de besogne qu'un trépas suivrait celui qui dans sa tombe se languirait de son âme sœur.
L'acte, une fois acté, décidera du sort des uns par la survie des autres. De cette façon, la tragédie qui causa la déchéance des Perdus n'avait pareil déclencheur dans ce qui devint une société douée de conscience propre et collective, avec respect de la bienséance voisine.
Désormais couplés avec des paires en tous points non interchangeables, les uns durent coopérer en des relations plus saines pour que les autres ne les précipitent dans une danse dont Mort était l'unique et terminal cavalier.
Les Êtres vivants décidèrent, conformément à ce lien nouveau qui les unissaient à leur nouveau compère, de se nommer avec des déterminatifs différentiels appelés prénoms et noms. De ce simple énoncé, le tout devint non plus une unité commune mais un déterminent possessif.
De ce fait, l'Être vivant usa du déterminisme pour s'inventer une différenciation avec ses prochains. Chacun des individus devenait son nouveau lui, une nouvelle vie achetée aux frais de sa propre possession. Les prénoms pleuvaient désormais sur la terre et emplissait ces bouches putrides de mots détachés du nom commun.
Des désormais noms naquirent nativement des rôles associés à un équilibre entre les plus puissants Êtres vivants afin de perdurer cette instance de paix entre ceux qui pourraient faire basculer le monde dans le chaos des Perdus.
Vie décida d'accorder à ces éléments d'ordre des caractères plus divins afin qu'ils ne puissent douter de leur légitimité sans avoir à la conquérir par force écrasant les plus nécessiteux de cet équilibre divinatoire.
Mort en accord décida de léguer à son plus fidèle amant son propre don et son nom. Ainsi vint à émerger la Mort dont la temporalité se voulut à nommer Reaper son incarnation. Squelette de sa nature, le concerné se fit dès lors déjà las de la vie son ancienne amie.
Mais, pour soulager ce poids trop lourd aux épaules du nouvellement dieu, son âme sœur se présenta à lui sous la forme de Error, le destructeur de ses confrères et concubin de celui qui les achèverait d'une douceâtre caresse.
Toute cette noirceur et ces ténèbres durent aussitôt trouver un contrebalancé afin que la légèreté puisse adoucir ces vies trop dures. D'une pomme dorée, porteuse et garante des sentiments positifs, naquit un petit être qui en grandira prendra l'ascendant d'un rêve éveillé, Dream de son nom complet.
Le calme chanta des ombres d'amertume et pour sauver l'innocence de l'enfant, l'aube libérée cristallisa un sauver des pensées de solitude. D'une dualité libertine, le lien d'âme crédibilisa une pomme aussi noir que le jais recouvrant le noir corbeau. Des cœurs des âmes de la terre entière, le soleil se coucha pour que, du crépuscule naissant puisse naître la lune porteuse d'un nouveau nom ; et ainsi Nightmare devint vivant.
Aberrante réalité d'une abime au cœur naufragé, la folie ne pouvait revenir à la terre et le miroir des ombres tenta de cacher à sa face éphémère l'être guidé par la vie qui devait équilibrer la destruction.
Un petit squelette à l'âme vierge de ce que chacun avait en son sein, soupirait de voir un jour grandir près de lui une âme toute semblable à la sienne qui l'aurait sans outre mesure attendue depuis sa création.
Mais cet être ne vint jamais et Ink resta d'espérer de sa solitude si meurtrie de l'absence d'un oublié. Si chaque Être vivant avait une âme sœur, lui était bien le seul à sa solitaire contradiction. Et cette obsession tarit ce qui lui restait de sanité pour que d'un jour d'un seul, cet être perdu puisse commettre l'irréparable.
L'inconsidéré inconscient prit de part et d'autre le petit cœur nacré dans sa cage thoracique puis, sans une larme, il tira des côtés opposés. Il ne s'arrêta point pour hurler la douleur incommensurablement insupportable de son être entier ne répondant désormais plus à aucune loi de Vie et Mort.
Perdant toute couleur, le petit squelette perdit en ce jour et son âme et son titre de protecteur. La sphère entière en fut ébranlée par cet acte de pure folie, folie qui attira les êtres à la difformité perdu dans les âges, des légendes d'une autre époque.
Alertés par cet être devenu en tous points semblable à eux, ces chimères maintenues en otage par des forces supérieures se réveillèrent une à une pour le « Variant ». A la manière des ombres que contrôlait la blanche amie de l'abîme des ténèbres, les ombres s'élevèrent et gravitèrent autour de leur sauveur.
Ink devint alors un véritable portail pour les Perdus souhaitant retrouver leur gloire d'antan, glorifier leur revenue dans les reliquats du monde que leur avait volé ces misérables benêts dénudés de leur combativité si spectaculaire.
Ce qui devint un véritable jeu fut si simple que les règles en étaient fortuitement implicites, d'une simplisme manière que chaque Perdu infectait par simple contact sa proie nouvelle par l'intermédiaire du Variant.
Afin de faciliter le transfert de la chose difforme et sans âme du corps du Variant à celui du futur hôte, comme un virus épidémique infecterait la moindre cellule du futur patient, il suffisait à Ink de toucher la proie.
De ce procédé de naguère, le premier à être touché fut l'Être vivant du nom de Nightmare. Ce fut la proie la plus aisée pour le Perdu qui s'y risqua. Le corrompu était déjà bien proche de l'allure d'un Perdu bien qu'il n'en avait l'origine. Le non-vivant s'attaqua à la partie la plus malléable de son hôte, à savoir sa corruption.
Cette dernière muta purement et simplement bien que rien ne fut visiblement auparavant des années. La corruption désormais nouvelle acheva de terminer son œuvre en brisant d'un coup d'un seul le lien d'âme qui unissait son porteur à sa némésis qui se retrouva esseulée de son amant.
En somme, Dream devint une proie très facile pour le prochain Perdu qui se glissa en son âme.
Sans la protection de son âme sœur, il s'infiltra en son âme pour la ronger de tous ses promîtes tourments inavouables faisant de lui celui dont l'esprit se brisa.
S'enchaîna une longue descente aux enfers pour les anciennement Êtres vivants devenus simples marionnettes entre les griffes acérées des Perdus, marionnettes à leurs propres desseins.
Cependant, une infection telle que la leur n'était pas sans réserves et les disgrâces de Vie s'enchaînaient jusqu'à ses représailles contre Mort qu'elle tenait en horreur d'avoir précipités ses enfants nouvellement nés à une abyssale descente, le tenant pour responsable du fiasco de cette seconde génération.
Puisque à jamais leur alliance était souillée de ces mensonges, Vie décida de se venger de la perfide Mort qui, de sa perfide cruauté, avait pris en pitié les premiers nés de son amante. Ne pouvant se résoudre à les rappeler à elle, Mort avait simplement endormi ces chimériques erreurs, que leur coma soit doux pour qu'ils ne soient à jamais seuls dans leur perdition.
Cette clémence fut balayée d'un revers de haine provenant de Vie, excédée et cupide d'avoir de nouveau échouée. Comment diable, Mort ne se sentit-il pas responsable de cet amour qu'il portait à ces chimères ? Vie en aurait presque ri.
Mais l'heure n'était déjà plus à la blague qu'au châtiment divin dont l'accessoire n'était autre que l'incarnation de la divinité mortifiée de s'être ainsi faite dépassée par sa culpabilité. C'est ainsi Vie qui fit céder le lien d'âme sœur entre Reaper et Error, s'adressant au premier en des termes bien trempés.
Error : Comment oses-tu prétendre m'aimer ? Par quelle audace te présentes-tu devant moi, coiffé de cet amour unilatéral que tu me délibères en gémissant ? Tu n'es rien pour moi Reaper. Tu n'auras jamais été qu'une vulgaire substitut à l'objet de mon inclinaison. Le seul que j'aime et que je n'aimerai jamais est Ink, seul être en ce bas-monde qui me mérite. Tu croyais véritablement en ce stupide lien qui nous liait l'un à l'autre ? Mais ouvre les yeux bon sang ! Tu es infâme, le plus infâme des êtres que porte cette terre.
JE-TE-HAIS ! Tu m'exècres de tout mon être. Tu me dégoûtes à parler en des termes que tu ne connais pas. Tu m'aimes ? Mais ce n'est pas parce que je te baise que mon amour pour toi est réel ! Un jouet sexuel me serait bien plus utile que toi qui ne fais que geindre, un jouet saurait au moins où est sa place. Je suis si heureux et soulagé que tu aies perdu le fruit de nos fantasques nuits.
Je porte peut-être le nom de Error mais de nos deux âmes, celle qui n'aurait jamais dû voir la lumière du jour est bien de loin la tienne. Même un être sans âme comme Ink a bien plus de valeur que tes misérables poussières. Et arrête un peu tes pleurs ! Tu penses m'atteindre en chialant comme une gonzesse ? Tu penses que, pour une pitié que tu espères m'inspirer à ta déplaisante vue, je te clamerai monts et merveilles ? Tu veux que je te dise la vérité Reaper ?
Tu es la honte de ce monde, un misérable que j'aurai préféré s'il m'avait été permis ne jamais rencontrer. Tu m'as souillé sale être de misère. Tu m'as sali par ta simple présence et ces sentiments non-bivalent. Qu'espères-tu de moi ? Te réjouis-tu de me voir souffrir loin de Ink ? Que tu dois jouir de le voir dans les bras d'un autre que moi ! Pourquoi ne vois-tu que ton propre malheur ?
Si tu étais un peu moins égocentrique et que ton égoïsme baissait l'espace d'une nanoseconde, tu m'apporterais mon du sur un plateau avant de disparaître de ma vie. Tu continues de me maudire la vie avec des mots d'un amour dont tu n'auras jamais été la proie. Tous ces « je t'aime » étaient faux, tous ces baisers n'étaient qu'écœurement. Je ne vis que dans l'espoir d'avoir Ink à mes côtés, alors va-t'en. Vas mourir comme tu ne le peux.
Reaper aurait voulu crier, que Error s'écarte mais ce visage ne fut qu'un masque. Quelque chose n'allait pas. Enlevant son armure, il hurla à la face du monde désolé que son amour n'était plus, que dans le noir il n'aura été que rempli d'espoir de voir celui qui l'avait tant consolé.
Douceâtre fut le déchirement d'assister, impuissant mage de l'ombre, à l'épuisement de ces êtres corrompus, s'entretuant pour garder à eux le Variant dont la divine essence fut une absinthe à leurs goûts, une ambroisie enivrant les sens de tous Perdus s'approchant.
Dans sa folie vengeresse, d'une vengeance fortuite, Vie ria du malheur de son ancien amant ; se moquant allègrement de la douleur en ses pupilles devenues ternes des excuses pour une faute qu'elle n'avait point commise.
Mort aurait voulu garder ce mariage intact entre leurs natures disparates mais disparue pour mener à bien l'acte final de cette terre de désolation.
Puisque Vie s'évertuait à rendre coupable Mort d'odieux crimes impunis, Mort décida de sauver avec une ancienne amie le fruit d'une étrange dualité. Mélange de bon et mauvais, mélange de joie et de peine, mélange d'une dorure d'un autre temps et d'un mauve ayant longuement été trop souillé par d'autres préjugés, mélange de positivité et de négativité.
Mais là encore, cela ne suffisait à Mort qui choisit de donner à l'un de ses enfants perdus une chance de vivre ce que chacun appelait la vie. Mort intronisa à la corruption une Perdue éprouvant désormais la vie d'un Être vivant, une hybride en somme qui n'aurait comme but que de protéger sa forme éthérée si passive qui fut nommée du sobriquet qu'usait Nightmare pour son amant.
Dray, petite princesse de celui dont elle avait comme nom le surnom, aimait profondément la vie et pour la protéger de celle qui l'incarnait, la corrompue ensommeilla avec une douceur sans fin l'ange qui l'unissait à ce monde dont elle était exclue, recluse dans ce jardin d'Eden.
Jouant allègrement parmi les fleurs, l'ingénue était être de lumière parmi les ténèbres qu'étaient cette sphère corrompue. Elle était en somme une pomme détachée, gâtée par la solitude qui rongeait morceau par morceau son esprit-de-sel.
Ce petit être de lumière sourit en une dernière caresse à ce pommier qu'elle aimait nommer sien et d'un simple éclat de magie pénétra au lieu de sa désormais chute vers ce qu'elle ne savait pas être encore les ténèbres de sa chute aux enfers aux côtés de celui dans l'unique pupille rougeoyait de la haine qu'il éprouvait pour celle qui n'était pas celui qu'il avait tant aimé.
Parce que dieu que Nightmare aimait toujours Dream tout comme Error était épris de Reaper. A qui la faute si Naizer froissait encore une fois le visage d'Inao alors que son âme ne souhaitait que répondre à l'appel de détresse de Broken.
Mais les Perdus avaient une puissance d'un autre temps où la magie s'éveillait à peine entre leurs mains, un temps jadis où leurs esprits surpassaient ceux du savoir.
Mais la légende, aussi belle et fournie soit-elle à ce stade de l'histoire, ne s'arrête point ainsi et la suite est aux frissons la fièvre, la vie ad vitam aeternam.
S'il fallait une fin digne des voltiges de l'amour, à la hauteur des vertiges alentours, à l'heure où le soleil se lève, viendra assassiner les rêves la douleur qui s'élève comme un cri dans les ténèbres.
Comment se taire dans cet enfer ? Faudrait-il crier et supplier le sort, croiser le fer pour s'en défaire encore ? Advienne que pourra, ce nouvel être sera la guerre à perdre la raison, il sera l'enfer qu'il vivra sans plus de prières.
Personne ne sera plus au-dessus de lui, plus personne ne lui dictera quel sera son chemin de croix. Pourquoi se taire quand ils l'enterrent avant même qu'il ne naisse ? Faudra-t-il plier et supplier la mort quand il est amené à dire amen encore ?
Jamais. Ses espoirs qui s'envolent, son histoire poussée vers le fond ; c'est la gloire qu'ils tentent de lui voler. Oseraient-ils l'affront de vouloir salut son nom. Advienne que pourra, il n'y aura plus de prières.
Il avait trop laissé Vie décider de tout et le mettre à genoux. Il avait trop souvent par dépit céder sur tout en tendant l'autre joue. Il était temps qu'il s'éveille, il était temps qu'il essaye. Seule l'audace se paye, non plus rien ne l'effraye. Il était encore temps.
Le regard lui enviait et lui avouait le mépris qu'il lui vouait. Les non-dits qui déniait et qui se jouait de lui, malgré tout il s'en foutait. On disait de lui qu'il était solitaire, même entouré il demeurait seul. Quand on le croisait, il avait l'air ailleurs, d'un autre temps étaient ses quatre pupilles difformes. Et quand on médisait sur sa vie, sa bouche difforme aux dents de scie s'ouvrait en une gueule dévorant l'entièreté de sa face pour éclater d'un rire tonitruant, d'un sadisme à double échelle.
Du mépris, il en avait pour la terre entière. Autant pour les Êtres vivants que pour ses pairs chimériques dont il était issu. Le cœur à la dérive, dans un océan de flammes, il n'avait que faire de leurs mépris. Son âme sombrant peu à peu dans la folie, aimer ne lui était pas permis dans l'abîme de ses larmes. »
Ucita : Je n'aime plus cette légende papa, je voudrais pouvoir d'un coup d'un seul réviser la fin pour que ce petit être ne puisse plus pleurer. Pour enlacer cette âme si pure dont le corps des mortels ne veut pas. Faire oublier à cette indécise envie de tomber dans la perdition, enserrer dans mes tentacules cette délivrance que sera la sienne. Ne point promettre de lendemain à cette âme esseulée pour lui donner un présent d'or et effacer la haine de ce passé qui l'écarte de l'ivresse de sa noblesse.
Il se perd dans ses propres guerres vaillamment quand il y a tant d'amour sous son armure, tant de bravoure sous ses blessures. Il ne suffirait d'un seul regard pour nous séparer. Il y a tant d'ivresse dans sa douleur, tant de noblesse dans ses erreurs. Je veux écrire le jour à sa mémoire qui ne retient que les autres qui ont changé le cours de l'histoire. J'aimerai à sa peine passée, le début de notre idyllique mélodie qui expiera ses frasques.
Eskyss était fort surpris par la beauté de l'âme de sa fille bien qu'il n'en ai jamais un jour douté. Ucita était bien la digne fille de ses parents bien que séparés. Le fils de Naizer et Inao avait depuis longtemps pardonné à Nightmare ses actes passés et ne lui en tenait aucunement rigueur, pas plus qu'au trio de tueurs qui l'avait eux aussi pris dans un coin sombre du château.
Mais l'amant et père aimait à se rappeler qu'il s'agissait d'un passé lointain tant est que de l'eau avait su couler sous les ponts. Les gens avaient évolués depuis lors et le jeune homme pouvait se pavaner d'avoir résister à toutes ces douleurs de la vie commune.
Finissant de plier ses affaires, la petite enfant devenue jeune adulte embrassa la joue de son père en saluant Corruption qui rongeait son frein de voir sa précieuse petite chérie quitter le nid familial pour aller retrouver l'élu de son âme.
Passant le pas de la porte, Ucita envoya un bref message à son second paternel qu'elle ne pouvait que détester pour le mal qu'il avait engendré à celui qui lui avait donné naissance.
Elle ne comprenait guère comment Eskyss pouvait, de sa stupide sagesse, passer outre ces années de séquestration et d'abus si similaire à sa sphère originelle.
Après ces petites insultes purement gratuites, la tentaculaire prit son envol pour rejoindre son petit être perdu dans la forêt, loin du regard de ces bêtes difformes qu'étaient les monstres aux alentours.
S'avançant à pas de loup à travers la petite cabane suspendue, la jeune corrompue sauta sur le petit corps informe de son petit ami pour lui conter sa journée.
Elle lui parlait de ces fleurs qu'elle avait devant la petite stèle de pierre dont le nom avait été enrayé par les âges. Elle ronronnait de lui sortir de son petit panier cette tarte aux pommes qu'elle avait enfin réussi à cuisiner pour lui.
C'est tout sourire qu'elles lui dessinait de ses termes, un monde de mille merveilles toutes plus farfelues les unes que les autres pendant que le petit Perdu tentait vainement de parler, quémandant une parole que Ucita lui refusait à chaque entrevue.
Plus le temps passait, plus les heures s'allongeaient pour paraître des années à leur amour naissant. Mais jamais le Perdu ne pouvait parler, muré dans un silence ordonné, se noyant sans le vouloir dans son désespoir. Le flot de leurs tourments menaient à la dérive leurs âmes sœurs. La folie comme seule amie de leur océan de mensonges qu'ils n'avaient ni l'un ni l'autre choisi.
Sans chercher à faire de mal, l'insolente injure de l'aurore tâchait déjà de sa rose médiocrité la noire nuit qui avait caché au monde le regard de ces deux amants que le réveil lourd séparait à nouveau.
Chacun ouvrit les orbites dans deux lieux différents, dans deux sphères étrangères, de deux vies similaires. Maudissant tous deux la vie qui leur réservait tant de misères à leurs proches âmes liées, tous deux se levèrent comme ils le purent pour tâter des chaînes qui les retenaient loin l'un de l'autre.
Soupirant d'une même exaltation, les deux jeunes adultes allèrent se blottir contre leur plus proche parent qui geint difficilement d'une douleur dénudée de toute peur, défiée de leurs monstres intérieurs.
Celle qui avait autrefois une magnifique chevelure d'un vert pommelé posa avec une infinie douceur son regard orné d'une rougeâtre étoile à sept branches sur le Perdu qu'était son enfant, souriant tendrement à celui qui lui rappelant tant sa chère Eskyss, disparue d'un jour a un lendemain sans pareille.
Simultanément, un jeune squelette au corps féminin effleura de ses délicates phalanges aux mille fissures la joue endeuillée de larmes de sa si précieuse fille qui souilla son visage de trop de malheurs.
Ne pleure pas mon petit car dans leur sommeil ils s'échapperont encore une fois pour retrouver la liberté dont ils sont privés, enchaînés à ces vies d'objets.
Ne pleure pas mon enfant car dans leur folie, ces monstres sont heureux, heureux d'avoir trouvé en leurs rêves éveillés, une nouvelle forme de quiétude dont l'utopie ne fut jamais malheureusement avérée.
Ne pleure pas mon ami car bien qu'ils ne fussent jamais libérés de leurs sorts parallèles, bien qu'ils n'aient jamais quitté le château qui les retient captif, ces âmes n'en sont pas moins vivantes.
Ne pleure pas toi qui comprend cette vérité inavouée, car tes larmes noieraient leurs désespoir de revoir un jour le délice d'un ciel découvert de leurs ombrages.
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