XXI - Mon ange

Je suis réveillé par quelque chose qui touche mon front. J'entrouvre les yeux et vois que c'est mon père qui m'embrasse simplement.

– Oh, désolé. Je ne voulais pas te réveiller.

– Il est quelle heure ? je demande d'une petite voix.

– Onze heure vingt.

– Vraiment ? Mais j'ai dormi longtemps.

– Tu en avais besoin.

Je ne réponds pas alors qu'il me sourit.

– Ta mère m'a dit qu'elle viendrait te voir en début d'après-midi.

– Merci.

Il reste un moment silencieux, mais il finit par ajouter :

– Tu ne pourras rien faire avec Oscar, puisque ta mère sera là.

– Papa ! je râle en sentant mes joues prendre une couleur rouge.

– Je dis ça pour t'embêter. Et puis, tu sais, je m'en fiche si tu fais quelque chose avec Oscar ou pas. Tant que vous vous protégez.

– Papa, ça me gène. Et puis...

– Et puis ?

Je rougis et reste silencieux pendant un instant.

– Euh, eh bien... On a déjà... Enfin, tu sais quoi, je lui dis timidement. Mais on s'est protégés ! je m'empresse d'ajouter.

– Nathanaël, tu fais ce que tu veux avec ton copain, m'arrête-t-il.

Je rougis encore plus.

– Je sais, mais...

– Mais quoi ? Tu crois vraiment que je vais t'engueuler d'être amoureux ?

– Non, non !

– Alors il n'y a aucun problème. Tu fais ce que tu veux avec Oscar.

Je ne réponds rien parce que je suis encore un peu gêné.

– D'ailleurs, il a prévu de venir te voir ? me demande-t-il pour changer de sujet.

– Oui, après les cours. Je lui ai dit qu'il était pas obligé de venir, mais il a insisté.

– C'est normal, tu es son petit ami et il veut venir te voir.

– J'ai peur qu'il se sente obligé de venir, je lui avoue.

– Je ne vois pas en quoi il le serait. C'est normal qu'il le fasse.

– Je sais pas... Il doit être fatigué des cours et il trouve quand même le courage de venir me voir.

– Parce qu'il t'aime. Regarde, hier soir j'ai quand même réussi à venir de te voir. Parce que tu es mon fils et que je t'aime.

Je ne réponds rien et vient simplement me blottir contre lui.

Il finit par me relâcher et me sourit. Mon regard s'attarde un instant sous les cernes immenses qu'il a sous les yeux et par son teint un peu plus pâle que d'habitude. Il n'a pas encore dû dormir beaucoup cette nuit. Un peu comme toutes les autres nuits.

– Papa ?

– Oui, mon grand ?

– Tu prends un peu de temps pour toi ? Enfin je veux dire...

J'hésite quelques secondes puis lâche un soupir avant de prendre mon courage à deux mains pour m'exprimer.

– Papa, sérieusement, ça se voit que t'es épuisé. Je sais même pas comment tu fais pour tenir encore debout.

– Je n'ai pas le choix, répond-il simplement.

– Si. Tu prends des congés et tu te reposes. C'est simple, non ?

– Non, Nathanaël, dit-il en riant. Je ne peux pas te laisser à l'hôpital, ni les autres patients. Il faut que je sois là, pour toi comme pour eux.

– Et toi ? Qui est-ce qui est là pour toi ? Qui s'inquiète pour toi ? Qui fait attention à toi ?

Il lâche un soupir. Il sait bien que j'ai raison. J'attrape sa main et la serre contre la mienne.

– Moi je m'inquiète pour toi. T'es toujours là pour tout le monde. J'ai l'impression que maman fait pas attention à toi.

– C'est plutôt toi sa priorité.

– Mais t'es son mari ! Elle est censée être là pour toi !

– Nathanaël, m'arrête-t-il doucement. Ta mère en fait déjà assez pour moi. Et elle s'inquiète déjà pour toi.

– Tu comprends pas ! je dis en m'énervant un peu.

– Explique-toi, alors.

– Je veux juste que tu fasses attention à toi, papa. Vraiment. Tu tiendras pas à dormir quatre heures par nuit grand maximum et à toujours te soucier de tout le monde.

– Je ne pense pas vraiment que tu sois le mieux placer pour me faire des reproches sur mon sommeil.

Je me pince les lèvres et reste silencieux pendant un moment.

– T'aurais dû rentrer à la maison, hier soir.

– Je peux bien rester ici, pour une fois.

– Tu vas pas passer tes journées à l'hôpital à cause de moi !

– Je ne vais pas non plus te laisser tout seul ici.

Je lâche un long soupir, mais n'ajoute rien d'autre. Il me prend dans ses bras et je me laisse faire, en me calmant.

– Je t'aime, papa.

– Je t'aime aussi, Nathanaël.

Il me relâche, jette un coup d'œil à sa montre et soupire.

– Je vais devoir y aller. Je commence dans cinq minutes.

– D'accord. Bon courage, je lui souhaite.

– Je viens te voir dès que je peux.

– Et tu fais attention à toi ?

Il acquiesce et me sourit avant d'embrasser ma joue puis de quitter ma chambre.

Je passe le reste de la matinée à m'occuper comme je le peux en attendant l'après-midi et l'arrivée de ma mère.

◇◇◇

– Coucou, me dit joyeusement Oscar.

Je n'ai même pas le temps de lui répondre qu'il vient m'embrasser en prenant mon visage entre ses mains.

– Bonjour madame, ajoute en Oscar en remarquant ma mère et en rougissant légèrement.

– Bonjour Oscar, répond doucement ma mère en souriant. Je vous laisse tranquille, ajoute-t-elle avant de quitter ma chambre.

– Tu m'as manqué, me dit Oscar en me serrant contre lui.

– Toi aussi tu m'as manqué.

Il me sourit avant de s'asseoir sur mon lit et d'attraper ma main dans la sienne.

– T'as passé une belle journée ? je lui demande.

– Elle aurait été meilleure avec toi, mais c'était plutôt bien.

– J'aurais préféré être avec toi, tu sais. Mais c'est pas grave, on va profiter d'être ensemble.

J'ouvre mes bras et il vient s'y blottir, me faisant directement sourire.

– Je t'aime.

– Moi aussi je t'aime.

On reste un moment à se faire un câlin mais Oscar finit par s'éloigner de moi.

– J'ai une idée, m'annonce-t-il.

– Oui, je t'écoute ?

– Je vais te donner un surnom.

Je souris doucement. Je trouve cette idée mignonne.

– Je suis pas très doué pour les surnoms, par contre, je le préviens.

– Oscar fera l'affaire, me rassure-t-il.

– Je pourrais en dire autant pour moi.

– Non, le dis pas. Je veux te trouver un surnom.

– Et pourquoi vouloir m'en trouver un que maintenant ?

– Aucune idée.

Il me regarde un instant puis vient caresser ma joue du bout de ses doigts.

– Mon ange, finit-il par dire.

– Quoi ?

– Mon ange, répète-t-il. Je vais t'appeler mon ange.

Je sens mon cœur qui se réchauffe doucement et je lui souris.

– Et pourquoi, un ange ?

– Tu ressembles à un ange.

– Tu trouves ?

– Bien sûr ! T'es super beau, m'assure-t-il en souriant.

Je rougis doucement, ce qui l'amuse. Même s'il me fait tout le temps des compliments, je crois que je ne m'y habituerai jamais.

– Merci beaucoup, mon beau Oscar.

– Mon beau Oscar ?

Je rougis encore plus, ne faisant qu'agrandir son sourire.

– Bah t'es beau et t'es mon copain...

Il rit en voyant que je suis gêné et m'arrête en m'embrassant.

– J'aime bien ce surnom.

– Moi aussi. Et puis ça me fait penser à une chanson des Beatles !

Il hausse les sourcils, surpris.

– Michelle ! Tu connais pas ?

Il secoue négativement la tête.

– Michelle, ma belle, sont des mots qui vont très bien ensemble ! Très bien ensemble !

– Ils ont chanté en français, les Beatles ? s'étonne-t-il.

Je lève les yeux au ciel en soupirant. Je pensais qu'ils s'intéressaient plus à eux, étant donné qu'il a chanté une chanson d'eux lorsqu'il était bourré.

– Tu me déçois.

– Mais je peux pas savoir...

– Rassure-moi, tu sais qu'au début de l'une de leur chanson, il y a la Marseillaise ?

– Euh...

– Oscar ! Je croyais que t'aimais bien les Beatles !

– Mais je les aime bien ! Même si je préfère Queen.

– D'autant plus que Freddie Mercury avait un chat qui s'appelait Oscar...

– Je suis sûr que t'es jaloux ! Mais on pourra adopter un chat qui s'appellera Nathanaël, si tu veux.

Je ris alors qu'il se contente de me sourire. Son idée reste tout de même intéressante.

– Et en quoi Oscar te fait penser à Michelle ?

– Michelle, ma belle. Oscar, mon beau.

– J'ai compris !

Je pouffe de rire. Ça a mis du temps à monter dans son cerveau.

– Mais ça va pas ensemble, ça rime pas.

– Je peux t'appeler Oscar, mon cafard. Ça va ensemble.

Il me donne une tape sur la tête alors que j'éclate de rire.

– T'excusera Oscar le cafard, mais j'ai des devoirs à faire, dit-il en prenant son sac, en ramenant la chaise à côté de mon lit et en s'asseyant dessus pour commencer ses devoirs.

– Oscar, rentre chez toi pour les faire tranquillement, je lui propose gentiment.

– T'es en train de me dégager ? me demande-t-il en levant la tête vers moi.

– Mais non ! Je dis juste ça pour toi, enfin... C'est peut-être plus agréable de travailler chez toi plutôt que d'être sur une chaise à côté de ton cancéreux de petit ami ?

– Mon cancéreux de petit ami, comme tu dis si bien, n'a pas intérêt à reparler de lui comme ça sinon je vais m'énerver, répond-il froidement.

– Désolé...

– Non, c'est moi qui m'excuse. Je voulais pas le dire méchamment. C'est juste que ça m'énerve que tu crois que tu me déranges. T'es mon petit ami, tu me dérangera jamais.

Il me sourit et je lui lance aussi un petit sourire.

– Tu veux que je t'aide ? je lui propose.

– Si tu veux.

Il se rapproche encore un peu plus de moi, pour que je puisse voir ce qu'il fait, et je l'aide à faire ses devoirs. Au bout d'un moment il attrape ma main droite, la pose sur son cahier et se met à écrire dessus.

– Qu'est-ce que t'écris ? je lui demande en essayant de m'approcher pour voir, mais il repousse doucement ma tête.

– Tu attends que j'aie fini avant de regarder.

Je le regarde écrire sur ma main encore quelques secondes avant de s'éloigner et de m'autoriser à lire ce qu'il a écrit.

Je t'aime ♡

Je souris et lui fais un bisou dans ses cheveux.

– Attends, je veux écrire un autre truc. Donne-moi ta main.

Je tends de nouveau ma main vers lui. Il l'attrape et dépose un bisou dessus avant de se remettre à écrire quelque chose dessus.

– Oscar le garçon le plus beau de l'univers ? je lis. Sérieusement ?

– Quoi ? Tu me trouves moche ?

– Non, pas du tout ! Mais t'aurais pu écrire autre chose.

– Comme "Oscar le garçon que tu aimes de toute ton âme et qui est incroyablement beau à mourir t'aime ? "

– Incroyablement moche à mourir, oui.

Oscar ouvre la bouche en grand et écarquille les yeux alors que j'éclate de rire.

– Donc je suis moche. D'accord, je retiens.

– Non, mais je rigole. T'es magnifique.

Je prends son visage entre mes mains et l'oblige à me regarder.

– T'es magnifique, je répète.

Je dépose un baiser sur son nez et relâche doucement son visage.

– Je vais peut-être devoir y aller, m'annonce-t-il après quelques petites minutes silencieuses.

– Déjà ?

Il hoche simplement la tête et range ses affaires.

– Oscar, je suis vraiment désolé. Je voulais pas te blesser. Tu sais très bien que je te trouve beau.

– Je suis pas vexé, répond-il froidement.

– Qu'est-ce qui va pas alors ?

Il s'apprête à s'éloigner de mon lit, mais je le retiens en attrapant sa main.

– Oscar, qu'est-ce qui se passe ? je m'inquiète.

Je vois ses yeux se remplir de larmes et mon cœur devient plus lourd. Je déteste voir quand il est sur le point de pleurer. D'autant plus que ça doit être de ma faute.

– Je m'inquiète pour toi, m'explique-t-il d'une voix tremblante. 

– Mais je vais bien, je lui assure.

– Non tu vas pas bien ! Si t'allais bien, tu serais pas là ! J'ai peur pour toi, Nathanaël.

Je m'apprête à lui répondre, mais il ne m'en laisse pas le temps et reprend la parole :

– J'ai juste super peur d'aller en cours le matin, de pas pouvoir être avec toi, de même pas savoir comment tu vas, de pas savoir s'il t'arrive quelque chose. Je fais comment s'il t'arrive quelque chose ?

– Oscar, je vais bien. Il va rien m'arriver.

Il secoue la tête négativement et des larmes roulent sur ses joues.

– J'ai entendu ton père parler avec ta sœur en arrivant, il a dit que c'était dangereux...

Je l'attire contre moi, l'obligeant à s'asseoir sur mon lit, et prends son visage entre mes mains pour qu'il me regarde.

– Évidemment que c'est dangereux. Mais les médecins savent ce qu'ils font. C'est pas la première fois qu'ils opèrent pour retirer une tumeur. Et puis, je pourrais pas toujours vivre avec ça, il faut bien l'enlever.

J'essuie doucement ses larmes avant de l'embrasser sur sa joue.

– Je te promets que ça va bien se passer. Et puis, dis-toi que c'est pour mon bien. Après ça ira mieux, je pourrais retourner en cours et on pourra refaire pleins de trucs ensemble !

Je lui souris alors qu'il essuie les quelques larmes qui coulaient encore sur son joli visage.

– Viens me faire un câlin, je lui demande doucement.

Il vient se blottir contre moi et me serre de toutes ses forces. Je caresse doucement ses cheveux et y dépose de nombreux petits baisers, pour le rassurant et me rassurer aussi.

– Je t'aime, mon beau Oscar, je lui chuchote doucement.

– Je t'aime aussi.

Il finit par me relâcher et me regarde tristement.

– Faut vraiment que j'y aille.

– Vas-y, t'en fais pas. Fais attention à toi.

Il ne me répond rien et s'apprête à partir, mais s'arrête devant la porte. Je le vois hésiter pendant quelques instants, la main sur la poignée, mais je n'ose rien dire.

– Ils sont au courant qu'on sorte ensemble, finit-il par me dire.

Je ne percute pas immédiatement de quoi il parle et m'apprête à le lui demander, mais il anticipe ma question.

– Mes parents. Ils sont au courant pour nous deux.

Il se tourne vers moi et je sens mon cœur voler en éclats lorsque j'aperçois son visage inondé de larmes une nouvelle fois.

– C'est pas à cause de Mahé, il a rien dit. C'est juste qu'ils ont vu les messages qu'on s'envoyait et ils trouvaient ça bizarre que je sorte de plus en plus. Je suis même pas censé être là, d'ailleurs. Mais je m'en fous.

Il marque un temps de pause, mais pas suffisamment long pour que je trouve le courage pour prendre la parole et lui répondre.

– Je les dégoute encore plus. Ils m'ont insulté de tous les noms, ils ont dit que j'étais plus leur fils, que je leur faisais honte, ils m'ont frappé. Ils m'ont frappé, devant Mahé ! Je voulais pas qu'il voit ça. Regarde ce qu'ils m'ont fait !

Il remonte la manche de son pull et je vois son bras qui est recouvert d'hématomes.

– J'en ai partout sur le corps ! crie-t-il.

Il remonte son autre manche et soulève le bas de son pull. Pleins de tâches du ciel sur son corps d'ange.

– Viens, je lui demande doucement en ouvrant les bras.

Il se rapproche de moi et vient dans mes bras en lâchant un sanglot bruyant. Il se met à pleurer et je le serre fort contre moi en caressant doucement ses cheveux.

– J'en peux plus qu'on me rejette tout le temps. J'en ai marre de dégoûter tout le monde, dit-il d'une voix complètement brisée. J'aimerais juste qu'on soit fier de moi et qu'on m'aime comme je suis, au moins une fois.

– Je suis fier de toi, Oscar. Et je t'aime de tout mon cœur.

Il ne répond rien et laisse échapper un autre sanglot, me broyant encore plus le cœur.

– Je me dégoûte, je me déteste. Je fais honte à tout le monde.

– Pas à moi. Je suis vraiment fier de toi et que tu sois mon petit ami.

– Tu devrais pas.

– Oscar, t'as le droit d'aimer qui tu veux. C'est pas quelque chose de mal d'aimer un garçon.

– Alors pourquoi je me fais tout le temps rejeter ?

– C'est pas de ta faute si les gens ne l'acceptent pas.

Je l'entends lâcher un soupir et il essuie quelques-unes des larmes qui inondaient ses jolies joues.

– N'aie plus honte de toi, mon beau.

Il lui faut encore un peu de temps pour qu'il soit complètement calmé. Lorsqu'il l'est il me relâche doucement et me regarde en souriant tristement.

– Je vais vraiment devoir rentrer. Je suis désolé...

– Fais attention à toi, s'il te plaît.

Il lâche un soupir et essuie ses larmes.

– Je t'aime vraiment de tout mon cœur, me dit-il doucement.

–Moi aussi je t'aime de tout mon cœur, Oscar.

– À demain.

– Tu m'envoies un message quand t'es arrivé ?

Il acquiesce d'un mouvement de la tête et m'offre un petit sourire.

– Fais attention à toi, Oscar, je lui demande.

– Promis. Je t'aime.

– Moi aussi, je t'aime.

Je le vois la main posée sur la poignée de la porte, mais il ne l'ouvre pas.

– Oscar ?

Il tourne sa tête vers moi et attends que je continue.

– Je t'aime, je lui dis simplement.

– Je t'aime aussi, me répond-il en souriant.

– Qu'est-ce que t'es beau quand tu souris.

Son sourit s'agrandit encore plus, me faisant plaisir. Nous continuons de nous regarder en souriant tous les deux bêtement pendant un moment, puis il sort de ma chambre.

Je lâche un soupir et envoie un message à ma mère pour lui annoncer qu'elle peut revenir avec moi. Elle revient rapidement avant de finalement m'annoncer qu'elle doit rentrer à la maison.

Lorsque ma mère est partie, je me mets à lire tranquillement – puisque je n'ai pas vraiment autre chose à faire. Au bout d'un moment, mon téléphone vivre à côté de moi et je vois que c'est un message d'Oscar.

Oscar ♡
Je suis rentré. Je me suis fait engueulé, mais pas frappé. :)

Moi
Je suis vraiment désolé... :/

Oscar ♡
C'est pas de ta faute.

Je suis interrompu par mon père qui entre dans ma chambre.

– Coucou ! je lui dis joyeusement.

Moi
Je te laisse, y'a mon père qui est là.
À demain, Oscar le plus beau de l'univers. Je t'aime de tout mon cœur. :)

Oscar ♡
À demain, mon ange. Je t'aime.

Je repose mon téléphone à côté de moi et souris à mon père.

Il s'approche de moi, le visage grave, effaçant mon sourire et m'inquiétant immédiatement.

– Ça va ? je m'inquiète.

Il ne répond pas et essuie ses mains sur son pantalon, sans doute parce qu'elles sont moites. Il fait tout le temps ça quand il est stressé et quand il doit annoncer quelque chose d'important.

– On peut parler ? me demande-t-il.

– Évidemment.

Il vient s'asseoir sur le bord de mon lit et essuie de nouveau ses mains.

– Est-ce que tu pourrais me répondre honnêtement ?

J'acquiesce d'un mouvement de la tête, en m'inquiétant un peu de ce qu'il veut me demander.

– Je veux juste que tu me dises comment tu vas.

– Je vais bien, papa.

– Ce n'est pas ce que m'a dit Oscar.

– Comment ça ? je m'étonne en lui lançant un regard surpris.

– Réponds à ma question, s'il te plaît.

Je lâche un soupir et hésite durant de longues secondes.

– Je suis épuisé.

– Et ? insiste-t-il.

– Et j'avoue que je me sens un peu mal. Enfin, j'ai peur de ne jamais être assez pour Oscar.

Il pose sa main sur la mienne et la caresse doucement.

– Je me sens mal qu'il subisse autant de chose à cause de moi.

Il arrête de caresser ma main.

– Mais sinon ça va. Pourquoi ?

– Mon grand, je suis vraiment désolé que ça soit encore moi qui te dise ça...

– Dire quoi ?

Il se mord la lèvre et essuie une nouvelle fois ses mains sur son pantalon, comme si ça le dérangeait de me dire ce qu'il avait à dire.

– Tu es retombé en dépression, Nathanaël.

– Papa, s'il te plaît, dis-moi que c'est faux.

Il ne répond pas et vient me prendre simplement dans ses bras. Je me mets à trembler et mon père semble le remarquer car il me serre plus fort contre lui. Je comprends mieux pourquoi il m'a demandé comment j'allais, juste avant.

– J'irais jamais mieux, c'est ça ?

– Je te promets qu'un jour ça ira mieux, Nathanaël.

Il dépose un baiser sur ma tête et je le laisse faire, sans ne rien dire. Je crois juste que je n'ai pas encore assimilé l'information. Ça me semble juste... Je ne sais même pas comment le décrire. Je croyais que j'allais bien, parce qu'Oscar m'aide à aller bien.

– Je suis désolé que ça soit encore moi qui te l'ait dit, mais... Désolé. Je suis là, je te promets que je vais rester là pour toi.

– Je vais encore être sous antidépresseurs ?

– Oui, mais elle est moins sévère que la dernière fois alors ça devrait être mieux.

Je lâche un soupir alors que mon père m'embrasse doucement sur la tête.

– Pourquoi tu ne l'as pas dit que ça n'allait pas ?

– Je pensais que c'était pas grave. Enfin, je le sentais que j'allais pas vraiment bien. Je dormais presque pas, je mange plus beaucoup et les seules raisons pour lesquelles je me levais c'est pour vous et pour Oscar. Mais je pensais pas que c'était grave...

– Tu aurais pu nous le dire, tu sais.

– Je suis vraiment désolé... J'ai tellement l'impression d'être... nul.

Il me relâche et vient prendre mon visage entre ses mains, un peu violemment, en m'obligeant à le regarder dans les yeux.

– Je t'interdis de dire ça. Tu n'es pas nul, Nathanaël.

J'évite son regard, alors qu'il me tient toujours le visage.

– Je t'aime, d'accord ? Tu n'es absolument pas nul.

– Tu dis juste ça parce que t'es mon père.

– Non, je t'assure que non. Je le pense sincèrement. Je suis vraiment heureux que tu sois mon fils.

Il m'embrasse sur le front en souriant doucement, mais je ne réagis pas.

– Je t'aime. Je sais que c'est compliqué en ce moment, mais ça va aller. On est là, on ne te laissera pas tout seul.

– Je suis vraiment...

– Ne t'excuse pas. Ce n'est pas de ta faute, mon grand. Et puis, il faut bien que ton vieux père serve à quelque chose, non ?

– Papa ! Tu sers pas à rien !

– Non, tu as raison. Je suis très fort quand il s'agit d'annoncer des mauvaises nouvelles à mon fils.

– C'est pas de ta faute si je vais mal.

– Je sais, mais j'aimerais bien t'annoncer de bonnes nouvelles. Pas des trucs qui te foutent la vie en l'air.

– C'est pas grave, papa.

Il me lâche le visage en soupirant.

– Je te promets que ça va aller, mon grand.

– J'espère...

– Je vais devoir y aller, m'annonce-t-il. Mais si tu as besoin de quelque chose, tu me le dis, d'accord ? Si quelque chose ne va pas ou qu'il y a quoi que ce soit, tu le dis à ta mère ou à moi.

– Promis.

– Je t'aime. Je te promets qu'on va tout faire pour que tu ailles mieux.

– Merci beaucoup.

Il m'embrasse sur le front une nouvelle fois, puis sort de ma chambre.

J'hésite pendant une longue partie de la soirée à envoyer un message à Oscar pour lui annoncer la "nouvelle", mais je finis par me dire que je lui dirais ça demain.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top